8.4. La Suisse : Ici les entrepreneurs sont considérés comme des clients Pensez-vous à la Suisse lorsque vous envisagez de franchir les frontières? La première chose qui saute aux yeux est que ce pays a énormément d’opportunités à offrir. La Suisse est très attirante, surtout pour les PME. Mais même si les possibilités y sont très nombreuses, ce pays peut également se révéler complexe. Nous allons passer en revue quelques faits remarquables dont, en tant que PME belge, il vaut mieux être informé lorsqu’on ambitionne de se tourner vers la Suisse. Tous nos remerciements à Kris Castelein, Représentant économique de Flanders Investment & Trade à Zurich, pour sa collaboration. (M.V.) La Suisse et la crise Contrairement à ce qui se passe dans presque tout le reste de l’Europe, l’économie suisse se porte bien et a peu souffert de la crise économique et financière. On a parlé tout au plus d’un certain ralentissement de la croissance, dû au fait que l’UE et les États-Unis sont les principaux partenaires commerciaux du pays. Les autorités suisses ont pris certaines mesures pour remédier à cela. Ainsi, en 2011, elles ont limité la valeur maximale du taux de change du franc suisse par rapport à l’euro. À l’époque, la valeur à laquelle on l’évaluait était trop élevée, ce qui nuisait à l’exportation. Une autre mesure a été l’introduction de ce qu’on appelle le Kurzarbeit ou réduction temporaire du temps de travail, ce qui permet aux entreprises de se montrer plus flexibles vis-à-vis du travail. En outre, on a également accordé quelques incitants afin de maintenir à niveau la consommation nationale. Bien comprendre la politique La Suisse comprend 26 cantons et quatre communautés linguistiques. Ces cantons disposent d’une grande autonomie, et chacun d’entre eux a sa propre constitution, son gouvernement, ses tribunaux et sa fiscalité. Il n’existe pas de différences fondamentales entre eux, ce qui signifie que les entrepreneurs belges n’ont pas de souci à se faire à ce sujet. Le centre de l’économie de la Suisse germanophone est constitué d’une gigantesque industrie pharmaceutique et chimique à Bâle, de banques et de compagnies d’assurances à Zurich, ainsi que du secteur très prospère de la construction de machines et de l’équipement de précision. La Suisse francophone est également très influente puisque Genève est le quartier général européen des NU et le second plus important centre financier du pays. Les deux communautés linguistiques comportent de nombreux groupements d’entreprises à la pointe de la technologie, surtout dans les régions de Zurich et de Lausanne, qui constituent de gigantesques pôles de croissance. Dans la partie italophone du pays, Lugano est un centre financier à ne pas négliger. Erreurs à éviter... L’une de ces erreurs consiste à considérer la Suisse comme un prolongement de l’Allemagne ou de la France. Bien que l’on mène depuis des années des discussions bilatérales qui ont débouché sur plusieurs traités, la Suisse ne fait pas partie de l’UE, ni d’ailleurs de l’Espace économique européen. Je vous conseille donc vivement de ne pas oublier les droits d’importation. Si vous êtes actif dans le secteur alimentaire, vous devez également tenir compte des règles strictes relatives à l’importation. On ne peut pas non plus considérer la Suisse comme un seul et même marché. Les affaires ne se font pas de la même façon en Suisse germanophone et francophone. Différences culturelles La société suisse est caractérisée par son niveau élevé « d’institutionnalisation ». On crée une fonction pour traiter pratiquement tous les problèmes existants ou éventuels. Dans ce domaine, les exemples sont légion. Autre caractéristique culturelle : la plupart des entreprises sont apparemment des structures ouvertes et transparentes comportant de nombreux groupes de travail et organes de concertation. Il n’est pas inhabituel de voir un directeur visiter régulièrement son département de production et se conduire de façon très détendue et cordiale avec ses collaborateurs. Mais, en dépit de cette culture de la concertation, on ne communique pas directement en cas de conflits. On essaie de les éviter, plutôt que d’attaquer le problème à la racine. On agit donc tout à fait différemment par rapport à ce qui se fait par exemple aux Pays-Bas ou aux États-Unis. Les Suisses appliquent le proverbe qui affirme que la parole est d’argent mais que le silence est d’or. Et, en raison de ce qui précède, les grèves sont pratiquement inexistantes en Suisse IHK-Infos 09/2013 Seite 34 Un climat d’entreprise idéal “Pour une entreprise qui compte aller s’installer en Suisse, je ne vois aucun aspect négatif à ce pays”, affirme Patrick Vergult. En 1999, il a créé curaVer, une entreprise située en Suisse qui assiste les entreprises étrangères souhaitant s’établir dans ce pays. “Depuis 1991, je dirigeais ma propre entreprise de logiciels en Belgique. Depuis que j’ai commencé à me charger de quelques missions ici en Suisse, je me suis toujours davantage tourné vers ce pays. Après un différend avec le fisc belge, dont je suis d’ailleurs sorti victorieux, j’ai décidé de m’installer définitivement ici. J’ai créé curaVer en me basant sur cette expérience. Actuellement, nous nous considérons comme des spécialistes de l’accompagnement d’entreprises étrangères en Suisse.” Quels sont les principaux conseils de ce spécialiste pour les PME belges ayant du potentiel en Suisse ? “Il faut évidemment bien déterminer vos objectifs précis”, répond-il. “Ce n’est pas du tout la même chose d’intégrer le marché suisse dans le but d’y vendre des biens ou des services que d’y transférer votre siège social. Dans le premier cas, il existe tout de même quelques différences culturelles qu’on ne peut pas ignorer. La plus importante d’entre elles ? Les Suisses sont d’un naturel assez renfermé. Ils ont un style très indirect. Si quelque chose se passe mal, ils ne le diront jamais directement. Trop souvent, les entrepreneurs belges pensent qu’on peut les comparer aux Allemands. C’est faux. La différence entre les Suisses et les Allemands ressemble un peu à celle qui existe entre les Belges et les Néerlandais. Dans ce premier cas de figure, un grand avantage est l’impressionnante discipline en matière de paiements. Ils se font d’une manière très correcte et personnellement, je n’ai jusqu’à présent jamais eu de problèmes dans ce domaine.” Il y avait cependant un deuxième scénario, celui de la délocalisation. “On ne peut pas nier que le climat d’entreprise est ici très attractif. Et je ne parle pas uniquement de la pression fiscale. En tant qu’entreprise, les relations que vous entretenez avec les différents services publics sont également idéales. Les services des impôts vous considèrent comme un client, au sens propre du terme.” Climat professionnel En Suisse, le marché de l’emploi est caractérisé par son immense flexibilité. Les employeurs mais aussi les employés peuvent se le permettre grâce au taux de chômage très bas (qui varie suivant les années entre 2,5% et 3%). Le monde des affaires est toujours dominé par les hommes. Cela se traduit par un écart salarial considérable entre les hommes et les femmes, et le plafond de verre y est également une réalité. Il est également très important d’avoir des relations et de connaître des gens influents. Les Suisses sont également chauvins, bien qu’ils n’en donnent pas souvent l’impression. Le fait qu’un produit soit fabriqué en Suisse reste un label de qualité à leurs yeux. Pourtant, « le Suisse » est ouvert aux produits innovants et de bonne qualité, qu’il s’agisse de fournir des biens et des services ou de véritablement établir de nouvelles tendances. Les Suisses ont un pouvoir d’achat qui fait partie des plus élevés au monde, les prix y ont donc moins d’importance. En contrepartie, ils s’attendent à une qualité et un service irréprochables. www.flanderstrade.be www.curaver.com / www.curaver.ch PME KMO Business Magazine – Newsletter PME 22-08-2013 IHK-Infos 09/2013 Seite 35