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mile » reste entier. Pour diluer cette massification et faire en sorte que l’arrière pays puisse la
digérer, il est indispensable de fixer des limites à la taille des navires et de faire en sorte que
les terminaux de transport assument au mieux leur fonction d’interface maritime/terrestre. La
multiplication des entrées de conteneurs de 40 pieds, qui totalisent des actifs importants pour
l’armateur, nécessite le transfert de leur contenu dans des conteneurs domestiques (53 pieds)
pour être ensuite re-insérés dans le réseau et faire en sorte que les matériels soient le plus
rapidement disponibles à l’exportation (40 pieds) ou à l’importation (53 pieds). Les
raccourcissements de délais et les économies de trésorerie que cela implique compenseraient
les coûts supplémentaires de gestion des chaînes d’approvisionnement, sachant que l’armateur
ne paiera qu’une fois que son navire a quitté le terminal de transbordement.
En Amérique du Nord, la banque route dans laquelle se trouvent certains ports
intérieurs (baisse de trafic de 25%) induit un réajustement des effets de la mondialisation. Le
transport intermodal nord américain est en changement, et désormais une gouvernance stricte
dans le contrôle des chaînes d’approvisionnement succède à la déréglementation. Les vastes
aires de marché de l’espace économique se trouvent fagocitées par un maillage de plates
formes et de portes d’entrées portuaires sur lesquels s’insèrent trois systèmes ferroviaires
(Eastern, Western, Canadian) démultipliés en un réseau de sous-systèmes en interaction. Cette
restructuration de l’espace s’accompagne d’une concentration du nombre d’opérateurs
ferroviaires (de 120 dans les années 1970, à 6 en 2007) dont les revenus d’exploitation
s’accroissent considérablement (16 M $ pour l’Union Pacific), mais dont les politiques de
développement respectives impliquent d’investir chaque année 20% de la valeur de leur
capital. Désormais ce sont les décisions privées de ces opérateurs qui statuent sur
l’implantation en grappes, par type de trafic, des ports intérieurs intermodaux et leur
connexion vers un port maritime, mais sans compromettre la concurrence (au moins 2
transporteurs terminaux par desserte). Ce type de gestion est à l’origine d’utilisations inédites
des terminaux où les portiques de manutention sont réservés au chargement des conteneurs
sur les wagons, les camions chargeant seuls leurs conteneurs par des systèmes hydrauliques
individuels. C’est une solution consommatrice d’espace mais qui a l’avantage de favoriser des
gains de temps et de reconvertir des terminaux anciens.
La massification se trouve alors déplacée vers l’intérieur des terres.
J.P.R. fournit quelques exemples :
- A Savannah de nombreux grands distributeurs récemment installés ferment. Un
promoteur immobilier est à l’initiative du complexe logistique d’origine spéculative à 100%
mais dont 75% de la zone demeurent vides. Des zones franches, hors douane, voient le jour :