1° octobre 2009 Prier dans la communion des saints Introduction

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1° octobre 2009
Prier dans la communion des saints
Introduction :
Dans les dix commandements, Dieu dit : « Tu n'auras pas d'autre Dieu que moi. » La prière des saints
semble contredire ce principe, et le catholicisme devient une sorte de polythéisme. Par dessus tout cela,
Thérèse Martin, (sainte Thérèse de Lisieux), nous dit qu'elle passera son Ciel à faire du bien sur la Terre.
Quel culot ! Ou alors, comment comprendre ses paroles ? Et qu'est-ce que la communion des saints ?
I.
Dans l'ancien Testament, intercessions
1. Premier exemple d'intercession, au livre de l'Exode :
Ex, XVII : « 8 Amalec vint attaquer Israël à Raphidim. 9 Et Moïse dit à Josué:
"Choisis-nous des hommes, et va combattre Amalec; demain je me tiendrai sur le
sommet de la colline, le bâton de Dieu dans ma main." 10 Josué fit selon que lui avait dit
Moïse, il combattit Amalec. Et Moïse, Aaron et Hur montèrent au sommet de la colline. 11
Lorsque Moïse tenait sa main levée, Israël était le plus fort, et lorsqu'il laissait tomber sa
main, Amalec était le plus fort. 12 Comme les mains de Moïse étaient fatiguées, ils prirent
une pierre, qu'ils placèrent sous lui, et il s'assit dessus; et Aaron et Hur soutenaient ses
mains, l'un d'un côté, l'autre de l'autre; ainsi ses mains restèrent fermes jusqu'au coucher
du soleil 13 . Et Josué défit Amalec et son peuple à la pointe de l'épée. »
Dans un premier temps, Moïse intercède pour Israël auprès de Dieu, et obtient la victoire. On peut donc
demander à Dieu des biens pour autrui. Ensuite, nous voyons que si Moïse est exaucé, c'est aussi grâce
à Aaron et Hur qui l'aidaient. On peut donc demander à quelqu'un, autre que Dieu, des biens pour autrui,
même si le Seigneur reste celui qui exauce.
2. Deuxième exemple d'intercession, au deuxième livre des Macchabées
2M XII, 45 :« la pensée de prier pour les morts, afin qu'ils soient délivrés de leurs péchés,
est une pensée sainte et pieuse. »
II. La communion des saints
1. Un autre nom de l'Église
La communion des saints réunit l'ensemble des fidèles de l'Eglise. La communion des saints n'a de limite
ni temporelle, ni géograpique. On distingue habituellement l'Eglise militante, composée des fidèles
vivants, l'Eglise souffrante, composée des hommes qui sont morts, mais non encore auprès de Dieu au
Paradis, et l'Eglise triomphante, composée des hommes parvenus auprès de Dieu, pour l'éternité. On les
appelle les saints. Qu'est-ce qu'un saint? Un homme, ami de Dieu, qui est auprès de Dieu au Paradis.
Une autre définition serait : un homme tel que Dieu veut qu'il soit. Donc nous pouvons chacun devenir des
saints.
2. « A la manière d'un corps mystique »
Cette 'masse d'hommes' n'est pas informe, plus précisément, elle forme le Corps du Christ. En effet, saint
Paul nous parle d'un seul corps, dont le Christ est la tête. Et il continue :
« 12 Car, comme le corps est un et a plusieurs membres, et comme tous les membres du
corps, malgré leur nombre, ne forment qu'un seul corps, ainsi en est-il du Christ. 13 Tous,
en effet, nous avons été baptisés dans un seul esprit pour former un seul corps, soit Juifs,
soit Grecs, soit esclaves, soit libres, et nous avons tous été abreuvés d'un seul Esprit. 14
Ainsi le corps n'est pas un seul membre, mais il est formé de plusieurs. 15 Si le pied
disait: " Puisque je ne suis pas main, je ne suis pas du corps, " en serait-il moins du corps
pour cela? 16 Et si l'oreille disait: " Puisque je ne suis pas oeil, je ne suis pas du corps, "
en serait-elle moins du corps pour cela? 17 Si tout le corps était oeil, où serait l'ouïe? S'il
était tout entier ouïe, où serait l'odorat? 18 Mais Dieu a placé chacun des membres dans
le corps, comme il l'a voulu. 19 Si tous étaient un seul et même membre, où serait le
corps? 20 Il y a donc plusieurs membres et un seul corps. 21 L'oeil ne peut pas dire à la
main: " Je n'ai pas besoin de toi; " ni la tête dire aux pieds: " Je n'ai pas besoin de vous. "
22 Au contraire, les membres du corps qui paraissent les plus faibles sont plus
nécessaires; 23 et ceux que nous tenons pour les moins honorables du corps, sont ceux
que nous entourons de plus d'honneur. Ainsi nos membres les moins honnêtes, nous les
traitons avec plus de décence, 24 tandis que nos parties honnêtes n'en ont pas besoin.
Dieu a disposé le corps de manière à donner plus de respect à ce qui est moins digne, 25
afin qu'il n'y ait pas de division dans le corps, mais que les membres aient également soin
les uns des autres. 26 Et si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui; si un
membre est honoré, tous les membres s'en réjouissent avec lui. » I Co, XII, 12-26
3. Le lien de cette communion : la Charité
C'est bien Dieu qui unit cet ensemble un peu hétéroclite.
« ce que nous avons vu et entendu, nous nous l'annonçons, afin que vous aussi vous
soyez en communion avec nous, et que notre communion soit avec le Père et avec son
Fils Jésus-Christ. » I Jean I,3
« Si nous sommes en société avec le Père et le Fils, comment ne le serions-nous pas
avec les saints qui sont non seulement sur la terre mais aussi dans les cieux? Car le
Christ a pacifié par son sang les choses célestes et les choses terrestres, associant ce
qui est terrestre à ce qui est céleste. » Origène, Explanatio Symboli, n°10
4. Communion de biens
Avec la métaphore du corps utilisée par saint Paul, nous pouvons bien comprendre que les membres
agissent pour le corps tout entier, par la tête. Ainsi toutes nos actions se répercutent pour le bien ou le
mal du corps tout entier, qui est l'Eglise. Plus précisément, les secours que nous pouvons apporter aux
autres membres se font de deux manières. Ecoutons s. Thomas d'Aquin :
«
1. En raison de l'unité de la Charité
car tous ceux qui sont dans la charité sont comme un corps unique; en sorte que le bien
de l'un est reversé sur les autres, à la façon dont la main ou tout autre membre est utile à
tout le corps. De cette manière, tout le bien accompli par l'un vaut pour chacun de ceux
qui sont dans la charité, selon le mot du psalmiste : Je suis devenu participant de tous
ceux qui Vous craignent et gardent vos commandements, et plus leur charité sera
grande, plus sera grande la part qu'ils éprouveront de cette réversibilité, qu'ils soient au
paradis, ou au purgatoire, ou encore ici dans le monde;
2. En raison de la direction d'intention
par laquelle je transfère à un autre des actions accomplies par moi, à la façon dont je
peux, par exemple, acquitter la dette d'un autre à sa place et pour qu'il en soit déchargé;
c'est de cette manière que valent les suffrages de l'Eglise pour les défunts, le vivant
s'acquittant alors auprès de Dieu de la satisfaction que devait accomplir celui qui est
mort. » S. Thomas d'Aquin, Quodlibet, II, qu.7, a. 14; VIII, qu. 5, a. 9
III. Raisons de prier les saints
Prier les saints n'est pas nécessaire, puisque c'est Dieu qui exauce. Lui seul a le pouvoir de nous
exaucer, et Il attend que nous le priions pour nous exaucer. Si cette prière des saints n'est pas
nécessaire, elle est tout de même utile, pour plusieurs raisons.
1. Honorer les saints, restés fidèles à Dieu
De la même manière qu'on féliciterait un ami ou un proche pour sa réussite, pourquoi ne pas honorer les
saints, restés fidèles à Dieu?
« Le Christ, nous l’adorons, parce qu’il est le fils de Dieu ; quant aux martyrs, nous les
aimons comme disciples et imitateurs du Seigneur, et c’est juste, à cause de leur
dévotion incomparable envers leur roi et maître ; puissions-nous, nous aussi, être leurs
compagnons et leurs condisciples. » S. Polycarpe, mart. 17
« Il faut prier les anges pour nous, puisqu'ils ont été donnés pour nous garder ; il faut prier les martyrs :
leurs corps nous sont un patronage. Ne craignons pas de réclamer leur intercession dans nos faiblesses,
eux qui, tout en surmontant ces faiblesses, les ont pourtant connues. » S. Ambroise, De viduis, IX, 55
« Il y a autant de différence entre une musique notée et une musique chantée qu'entre l'Evangile et la vie
des saints. » S. François de Sales
2. Ils sont auprès de Dieu
« Apôtres, martyrs, encore vivants, pouvaient prier pour leurs frères. Combien plus après
qu'ils ont remporté la victoire, le triomphe. Auraient-ils moins de puissance depuis qu'ils
sont auprès du Christ ? » S. Jérôme, contre Vigilantius, VI
3. Une façon d'honorer Dieu
« Ô Dieu, c'est vous qui êtes honoré dans les honneurs rendus à vos saints. » Oraison de
l'Eglise
« Sois proclamée bénie de ton Dieu dans toutes les tentes de Jacob! Parmi tous les
peuples qui entendront ton nom, le Dieu d'Israël sera glorifié à cause de toi. » Achior à
Judith, dans Judith XIII, 31
4. Apprendre l'humilité
Prier Dieu par ses saints nous rend humbles, comme devant les personnages importants nous avons
davantage tendance à passer par des intermédiaires.
5. Des lumières sur la route, plus proches
« La vie humaine est un chemin. Vers quelle fin? Comment en trouvons-nous la route?
La vie est comme un voyage sur la mer de l'histoire, souvent obscur et dans l'orage, un
voyage dans lequel nous scrutons les astres qui nous indiquent la route. Les vraies
étoiles de notre vie sont les personnes qui ont su vivre dans la droiture. Elles sont des
lumières d'espérance. Certes, Jésus Christ est la lumière par antonomase, le soleil qui se
lève sur toutes les ténèbres de l'histoire. Mais pour arriver jusqu'à Lui nous avons besoin
aussi de lumières proches – de personnes qui donnent une lumière en la tirant de sa
lumière et qui offrent ainsi une orientation pour notre traversée. » Benoît XVI, Spe Salvi,
§49
Les saints sont proches de nous par leur nature : hommes comme nous, pécheurs comme nous. Chacun
d'entre nous peut reconnaître une partie de sa vie dans celle de tel ou tel saint. Ainsi nous avons bien des
raisons de plus d'espérer arriver nous aussi un jour au Paradis.
6. Renforce la communion des saints
« Nous ne vénérons pas seulement au titre de leur exemple la mémoire des habitants du
ciel ; nous cherchons bien davantage par là à renforcer l’union de toute l’Église dans
l’Esprit grâce à l’exercice de la charité fraternelle. Car tout comme la communion entre les
chrétiens de la terre nous approche de plus près du Christ, ainsi la communauté avec les
saints nous unit au Christ de qui découlent, comme de leur chef, toute grâce et la vie du
Peuple de Dieu lui-même. » Lumen Gentium, §50 (du concile Vatican II)
« Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. » Jn, XIII, 34
7. Nous rend conformes à Jésus
CEC § 2634 « L’intercession est une prière de demande qui nous conforme de près à la
prière de Jésus. C’est Lui l’unique Intercesseur auprès du Père en faveur de tous les
hommes, des pécheurs en particulier (cf. Rm 8, 34 ; 1 Jn 2, 1 ; 1 Tm 2, 5-8). Il est
" capable de sauver de façon définitive ceux qui par lui s’avancent vers Dieu, étant
toujours vivant pour intercéder en leur faveur " (He 7, 25). L’Esprit Saint lui-même
" intercède pour nous... et son intercession pour les saints correspond aux vues de Dieu "
(Rm 8, 26-27) »
CEC § 2635 « Intercéder, demander en faveur d’un autre, est, depuis Abraham, le propre d’un cœur
accordé à la miséricorde de Dieu. Dans le temps de l’Église, l’intercession chrétienne participe à celle du
Christ : elle est l’expression de la communion des saints. Dans l’intercession, celui qui prie ne " recherche
pas ses propres intérêts, mais songe plutôt à ceux des autres " (Ph 2, 4), jusqu’à prier pour ceux qui lui
font du mal (cf. Etienne priant pour ses bourreaux, comme Jésus : cf. Ac 7, 60 ; Lc 23, 28. 34). »
IV. Supplément : la Vierge Marie
1. étapes de sa vie, étapes de notre vie
Annonciation : humilité, accueil de la Parole de Dieu, jusque dans son sein. St Luc, I, 26
« Le sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, du nom
de Nazareth, à une vierge fiancée à un homme du nom de Joseph, de la maison de
David; et le nom de la vierge était Marie. Il entra et lui dit: "Réjouis-toi, comblée de grâce,
le Seigneur est avec toi." A cette parole elle fut toute troublée, et elle se demandait ce
que signifiait cette salutation. Et l'ange lui dit: "Sois sans crainte, Marie; car tu as trouvé
grâce auprès de Dieu. Voici que tu concevras dans ton sein et enfanteras un fils, et tu
l'appelleras du nom de Jésus. Il sera grand, et sera appelé Fils du Très-Haut. Le Seigneur
Dieu lui donnera le trône de David, son père ; il régnera sur la maison de Jacob pour les
siècles et son règne n'aura pas de fin." Mais Marie dit à l'ange: "Comment cela sera-t-il,
puisque je ne connais pas d'homme?" L'ange lui répondit: "L'Esprit Saint viendra sur toi,
et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre; c'est pourquoi l'être saint qui
naîtra sera appelé Fils de Dieu. Et voici qu'Elisabeth, ta parente, vient, elle aussi, de
concevoir un fils dans sa vieillesse, et elle en est à son sixième mois, elle qu'on appelait
la stérile; car rien n'est impossible à Dieu." Marie dit alors: "Je suis la servante du
Seigneur; qu'il m'advienne selon ta parole!" Et l'ange la quitta. »
Visitation : st Luc I,43
« Alors elle poussa un grand cri et dit: "Bénie es-tu entre les femmes, et béni le fruit de
ton sein! Et comment m'est-il donné que vienne à moi la mère de mon Seigneur? Car,
vois-tu, dès l'instant où ta salutation a frappé mes oreilles, l'enfant a tressailli d'allégresse
en mon sein. Oui, bienheureuse celle qui a cru en l'accomplissement de ce qui lui a été
dit de la part du Seigneur!" »
Noces de Cana: Jn 2, 1-11
« Et le troisième jour, il y eut une noce à Cana de Galilée, et la mère de Jésus y
était. Jésus aussi fut invité à la noce, ainsi que ses disciples. Et le vin venant à
manquer, la Mère de Jésus lui dit: "ils n'ont pas de vin."Et Jésus lui dit: "Femme,
qu'y a-t-il entre toi et moi? mon heure n'est pas encore arrivée." Sa mère dit aux
servants: "Faites tout ce qu'il vous dira."Il y avait là six jarres de pierre destinées
aux purifications des Juifs, et contenant chacune deux ou trois mesures. Jésus dit
aux servants: "Remplissez d'eau ces jarres." Et ils les remplirent jusqu'au bord. Et il
leur dit: "Puisez maintenant, et portez-en à l'intendant du festin." Ils en
portèrent.Quand l'intendant eut goûté l'eau devenue du vin (et il ne savait pas d'où
cela venait, mais les servants le savaient, eux qui avaient puisé l'eau), l'intendant
appelle le marié et lui dit: " Tout le monde sert d'abord le bon vin, et quand les
gens sont ivres, le moins bon. Toi, tu as gardé le bon vin jusqu'à présent".Tel fut le
premier des signes de Jésus; il le fit à Cana de Galilée. Et il manifesta sa gloire , et
ses disciples crurent en lui »
Au pied de la Croix : elle devient notre mère
« Jésus donc voyant sa mère et, se tenant près d'elle, le disciple qu'il aimait, dit à sa
mère : "Femme, voici ton fils." Puis il dit au disciple : "Voici ta mère." Dès cette heure-là,
le disciple l'accueillit comme sienne. » Jn, XIX, 26-27
Assomption : espérance d'être auprès de Dieu pour la vie éternelle
« Un signe grandiose apparut au ciel: une Femme! le soleil l'enveloppe, la
lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête; » Ap XII,1
2. son Magnificat St Luc, I, 46-55
« Marie dit alors: "Mon âme exalte le Seigneur, et mon esprit tressaille de joie en Dieu
mon sauveur, parce qu'il a jeté les yeux sur l'abaissement de sa servante. Oui, désormais
toutes les générations me diront bienheureuse, car le Tout-Puissant a fait pour moi de
grandes choses. Saint est son nom, et sa miséricorde s'étend d'âge en âge sur ceux qui
le craignent. Il a déployé la force de son bras, il a dispersé les hommes au cÏur superbe. Il
a renversé les potentats de leurs trônes et élevé les humbles, Il a comblé de biens les
affamés et renvoyé les riches les mains vides.Il est venu en aide à Israël, son serviteur,
se souvenant de sa miséricorde, - selon qu'il l'avait annoncé à nos pères - en faveur
d'Abraham et de sa postérité à jamais!" » St Luc, I, 46-55
Remarque : le culte des saints est une vénération, celui de Dieu une adoration.
Conclusion : Béni soit Dieu, dans ses anges et dans ses saints, Lui qui veut nous transformer en Lui !
Ayons à cœur de prier Dieu à travers ses saints, en qui se manifeste plus particulièrement sa Gloire!
« Sainte Marie, tu appartenais aux âmes humbles et grandes en Israël qui, comme Syméon, attendaient
« la consolation d'Israël » (Lc 2, 25) et qui, comme Anne, attendaient « la délivrance de Jérusalem » (Lc
2, 38). Tu vivais en contact intime avec les Saintes Écritures d'Israël, qui parlaient de l'espérance – de la
promesse faite à Abraham et à sa descendance (cf. Lc 1, 55). Ainsi nous comprenons la sainte crainte qui
t'assaillit quand l'ange du Seigneur entra dans ta maison et te dit que tu mettrais au jour Celui qui était
l'espérance d'Israël et l'attente du monde. Par toi, par ton « oui », l'espérance des millénaires devait
devenir réalité, entrer dans ce monde et dans son histoire. Toi tu t'es inclinée devant la grandeur de cette
mission et tu as dit « oui »: « Voici la servante du Seigneur; que tout se passe pour moi selon ta parole »
(Lc 1, 38). Quand remplie d'une sainte joie tu as traversé en hâte les monts de Judée pour rejoindre ta
parente Élisabeth, tu devins l'image de l'Église à venir qui, dans son sein, porte l'espérance du monde à
travers les monts de l'histoire. Mais à côté de la joie que, dans ton Magnificat, par les paroles et par le
chant tu as répandue dans les siècles, tu connaissais également les affirmations obscures des prophètes
sur la souffrance du serviteur de Dieu en ce monde. Sur la naissance dans l'étable de Bethléem brilla la
splendeur des anges qui portaient la bonne nouvelle aux bergers, mais en même temps on a par trop fait
en ce monde l'expérience de la pauvreté de Dieu. Le vieillard Syméon te parla de l'épée qui transpercerait
ton cœur (cf. Lc 2, 35), du signe de contradiction que ton Fils serait dans ce monde. Quand ensuite
commença l'activité publique de Jésus, tu as dû te mettre à l'écart, afin que puisse grandir la nouvelle
famille, pour la constitution de laquelle Il était venu et qui devait se développer avec l'apport de ceux qui
écouteraient et observeraient sa parole (cf. Lc 11, 27s.). Malgré toute la grandeur et la joie des tout
débuts de l'activité de Jésus, toi, tu as dû faire, déjà dans la synagogue de Nazareth, l'expérience de la
vérité de la parole sur le « signe de contradiction » (cf. Lc 4, 28ss). Ainsi tu as vu le pouvoir grandissant
de l'hostilité et du refus qui progressivement allait s'affirmant autour de Jésus jusqu'à l'heure de la croix,
où tu devais voir le Sauveur du monde, l'héritier de David, le Fils de Dieu mourir comme quelqu'un qui a
échoué, exposé à la risée, parmi les délinquants. Tu as alors accueilli la parole: « Femme, voici ton fils! »
(Jn 19, 26). De la croix tu reçus une nouvelle mission. À partir de la croix tu es devenue mère d'une
manière nouvelle: mère de tous ceux qui veulent croire en ton Fils Jésus et le suivre. L'épée de douleur
transperça ton cœur. L'espérance était-elle morte? Le monde était-il resté définitivement sans lumière, la
vie sans but? À cette heure, probablement, au plus intime de toi-même, tu auras écouté de nouveau la
parole de l'ange, par laquelle il avait répondu à ta crainte au moment de l'Annonciation: « Sois sans
crainte, Marie! » (Lc 1, 30). Que de fois le Seigneur, ton fils, avait dit la même chose à ses disciples:
N'ayez pas peur! Dans la nuit du Golgotha, tu as entendu de nouveau cette parole. À ses disciples, avant
l'heure de la trahison, il avait dit: « Ayez confiance: moi, je suis vainqueur du monde » (Jn 16, 33). « Ne
soyez donc pas bouleversés et effrayés » (Jn 14, 27). « Sois sans crainte, Marie! » À l'heure de Nazareth
l'ange t'avait dit aussi: « Son règne n'aura pas de fin » (Lc 1, 33). Il était peut-être fini avant de
commencer ? Non, près de la croix, sur la base de la parole même de Jésus, tu étais devenue la mère
des croyants. Dans cette foi, qui était aussi, dans l'obscurité du Samedi Saint, certitude de l'espérance, tu
es allée à la rencontre du matin de Pâques. La joie de la résurrection a touché ton cœur et t'a unie de
manière nouvelle aux disciples, appelés à devenir la famille de Jésus par la foi. Ainsi, tu fus au milieu de
la communauté des croyants qui, les jours après l'Ascension, priaient d'un seul cœur pour le don du
Saint-Esprit (cf. Ac 1, 14) et qui le reçurent au jour de la Pentecôte. Le « règne » de Jésus était différent
de ce que les hommes avaient pu imaginer. Ce « règne » commençait à cette heure et n'aurait jamais de
fin. Ainsi tu demeures au milieu des disciples comme leur Mère, comme Mère de l'espérance. Sainte
Marie, Mère de Dieu, notre Mère, enseigne-nous à croire, à espérer et à aimer avec toi. Indique-nous le
chemin vers son règne! Étoile de la mer, brille sur nous et conduis-nous sur notre route! » Benoît XVI
(Spe Salvi, §50)
En très bref :
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Les saints nous apportent par leur exemple, une preuve d'espérance : le Christ nous a ouvert le
Paradis, nous le croyions, maintenant nous pouvons le « sentir ». Ces hommes, parvenus à la Gloire
de Dieu, nous indiquent le chemin, comme des balises placées par Jésus sur notre route vers le Ciel ;
En les honorant, nous honorons Dieu, de qui ils tiennent toute leur gloire.
Dans l'Eglise nous prions les uns pour les autres, comme Moïse pour Josué et les armées d'Israël.
Pourquoi ne pas prier les saints, eux qui sont auprès de Dieu ?
En priant dans la communion des saints, nous renforçons notre charité envers les autres membres,
nous appliquons le commandement de Jésus (« aimez-vous les uns les autres comme je vous ai
aimés »), et nous devenons à notre tour des médiateurs entre Dieu et notre prochain, comme Jésus
qui est le Médiateur par excellence.
Références succintes :
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Cardinal Charles Journet, Théologie de l'Eglise, chapitre l'âme crée de l'Eglise, § III. La communion
de l'Eglise
Père Auguste-Alexis Goupil, Dieu, §102
Catéchisme de l'Eglise catholique
Benoît XVI, encyclique Spe Salvi
La Bible, bien sûr!
Annexe:
Paragraphe 6. MARIE – MERE DU CHRIST, MERE DE L’ÉGLISE
963 Après avoir parlé du rôle de la Vierge Marie dans le mystère du Christ et de l’Esprit, il convient de
considérer maintenant sa place dans le mystère de l’Église. " En effet, la Vierge Marie (...) est reconnue et
honorée comme la véritable Mère de Dieu et du Rédempteur (...). Elle est aussi vraiment ‘Mère des
membres [du Christ] (...) ayant coopéré par sa charité à la naissance dans l’Église des fidèles qui sont les
membres de ce Chef’ (S. Augustin, virg. 6 : PL 40, 399) " (LG 53). " ... Marie Mère du Christ, Mère de
l’Église " (Paul VI, discours 21 novembre 1964).
I. La maternité de Marie envers l’Église
Toute unie à son Fils...
964 Le rôle de Marie envers l’Église est inséparable de son union au Christ, elle en découle directement.
" Cette union de Marie avec son Fils dans l’œuvre du salut est manifeste dès l’heure de la conception
virginale du Christ, jusqu’à sa mort " (LG 57). Elle est particulièrement manifeste à l’heure de sa passion :
La bienheureuse Vierge avança dans son pèlerinage de foi, gardant fidèlement l’union
avec son Fils jusqu’à la Croix où, non sans un dessein divin, elle était debout, souffrant
cruellement avec son Fils unique, associée d’un cœur maternel à son sacrifice, donnant à
l’immolation de la victime, née de sa chair, le consentement de son amour, pour être
enfin, par le même Christ Jésus mourant sur la Croix, donnée comme sa Mère au disciple
par ces mots : " Femme, voici ton fils " (Jn 19, 26-27) (LG 58).
965 Après l’Ascension de son Fils, Marie a " assisté de ses prières l’Église naissante " (LG 69). Réunie
avec les apôtres et quelques femmes, " on voit Marie appelant elle aussi de ses prières le don de l’Esprit
qui, à l’Annonciation, l’avait déjà elle-même prise sous son ombre " (LG 59).
... aussi dans son Assomption...
966 " Enfin la Vierge immaculée, préservée par Dieu de toute atteinte de la faute originelle, ayant
accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire du ciel, et exaltée par le Seigneur
comme la Reine de l’univers, pour être ainsi plus entièrement conforme à son Fils, Seigneur des
seigneurs, victorieux du péché et de la mort " (LG 59 ; cf. la proclamation du dogme de l’Assomption de la
Bienheureuse Vierge Marie par le Pape Pie XII en 1950 : DS 3903). L’Assomption de la Sainte Vierge est
une participation singulière à la Résurrection de son Fils et une anticipation de la résurrection des autres
chrétiens :
Dans ton enfantement tu as gardé la virginité, dans ta dormition tu n’as pas quitté le
monde, ô Mère de Dieu : tu as rejoint la source de la Vie, toi qui conçus le Dieu vivant et
qui, par tes prières, délivreras nos âmes de la mort (Liturgie byzantine, Tropaire de la fête
de la Dormition [15 août]).
... elle est notre Mère dans l’ordre de la grâce
967 Par son adhésion entière à la volonté du Père, à l’œuvre rédemptrice de son Fils, à toute motion de
l’Esprit Saint, la Vierge Marie est pour l’Église le modèle de la foi et de la charité. Par là elle est " membre
suréminent et absolument unique de l’Église " (LG 53), elle constitue même " la réalisation exemplaire ",
typus, de l’Église (LG 63).
968 Mais son rôle par rapport à l’Église et à toute l’humanité va encore plus loin. " Elle a apporté à
l’œuvre du Sauveur une coopération absolument sans pareil par son obéissance, sa foi, son espérance,
son ardente charité, pour que soit rendue aux âmes la vie surnaturelle. C’est pourquoi elle est devenue
pour nous, dans l’ordre de la grâce, notre Mère " (LG 61).
969 " A partir du consentement qu’elle apporta par sa foi au jour de l’Annonciation et qu’elle maintint dans
sa fermeté sous la Croix, cette maternité de Marie dans l’économie de la grâce se continue sans
interruption jusqu’à la consommation définitive de tous les élus. En effet, après son Assomption au ciel,
son rôle dans le salut ne s’interrompt pas : par son intercession répétée elle continue à nous obtenir les
dons qui assurent notre salut éternel. (...) C’est pourquoi la bienheureuse Vierge est invoquée dans
l’Église sous les titres d’avocate, d’auxiliatrice, de secourable, de médiatrice " (LG 62).
970 " Le rôle maternel de Marie à l’égard des hommes n’offusque cependant et ne diminue en rien
l’unique médiation du Christ : il en manifeste au contraire la vertu. Car toute influence salutaire de la part
de la bienheureuse Vierge (...) découle de la surabondance des mérites du Christ ; elle s’appuie sur sa
médiation, dont elle dépend en tout et d’où elle tire toute sa vertu " (LG 60). " Aucune créature en effet ne
peut jamais être mise sur le même plan que le Verbe incarné et rédempteur. Mais tout comme le
sacerdoce du Christ est participé sous formes diverses, tant par les ministres que par le peuple fidèle, et
tout comme l’unique bonté de Dieu se répand réellement sous des formes diverses dans les créatures,
ainsi l’unique médiation du Rédempteur n’exclut pas, mais suscite au contraire une coopération variée de
la part des créatures, en dépendance de l’unique source " (LG 62).
II. Le culte de la Sainte Vierge
971 " Toutes les générations me diront bienheureuse " (Lc 1, 48) : " La piété de l’Église envers la Saint
Vierge est intrinsèque au culte chrétien " (MC 56). La sainte Vierge " est légitimement honorée par l’Église
d’un culte spécial. Et de fait, depuis les temps les plus reculés, la bienheureuse Vierge est honorée sous
le titre de ‘Mère de Dieu’ ; les fidèles se réfugient sous sa protection, l’implorant dans tous leurs dangers
et leurs besoins (...). Ce culte (...) bien que présentant un caractère absolument unique (...) n’en est pas
moins essentiellement différent du culte d’adoration qui est rendu au Verbe incarné ainsi qu’au Père et à
l’Esprit Saint ; il est éminemment apte à le servir " (LG 66) ; il trouve son expression dans les fêtes
liturgiques dédiées à la Mère de Dieu (cf. SC 103) et dans la prière mariale, telle le Saint Rosaire,
" abrégé de tout l’Évangile " (cf. MC 42).
III. Marie – Icône eschatologique de l’Église
972 Après avoir parlé de l’Église, de son origine, de sa mission et de sa destinée, nous ne saurions mieux
conclure qu’en tournant le regard vers Marie pour contempler en elle ce qu’est l’Église dans son mystère,
dans son " pèlerinage de la foi ", et ce qu’elle sera dans la patrie au terme de sa marche, où l’attend,
" dans la gloire de la Très Sainte et indivisible Trinité ", " dans la communion de tous les saints " (LG 69),
celle que l’Église vénère comme la Mère de son Seigneur et comme sa propre Mère :
Tout comme dans le ciel où elle est déjà glorifiée corps et âme, la Mère de Jésus
représente et inaugure l’Église en son achèvement dans le siècle futur, de même sur
terre, en attendant la venue du jour du Seigneur, elle brille déjà comme un signe
d’espérance assurée et de consolation devant le Peuple de Dieu en pèlerinage (LG 68).
EN BREF
973 En prononçant le " fiat " de l’Annonciation et en donnant son consentement au mystère de
l’Incarnation, Marie collabore déjà à toute l’œuvre que doit accomplir son Fils. Elle est mère partout où Il
est Sauveur et Tête du Corps mystique.
974 La Très Sainte Vierge Marie, ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut enlevée corps et âme à
la gloire du ciel, où elle participe déjà à la gloire de la résurrection de son Fils, anticipant la résurrection de
tous les membres de son Corps.
975 " Nous croyons que la Très Sainte Mère de Dieu, nouvelle Eve, Mère de l’Église, continue au ciel son
rôle maternel à l’égard des membres du Christ " (SPF 15).
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