L`épreuve de QRC aux concours »

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Chapitre 1
Méthodologie de l’épreuve de QRC
1. Nature de l’épreuve
L’épreuve de questions à réponse courte (QRC) constitue
l’une des épreuves d’admissibilité du concours d’entrée
aux instituts régionaux d’administration (IRA).
Selon l’arrêté du 27 juillet 2012, elle est « constituée
d’une série de six questions à réponse courte, portant
sur des éléments essentiels du droit public, des questions
européennes, de la gestion des ressources humaines,
des questions sociales, des finances publiques et de
l’économie ».
Chaque question peut être accompagnée d’un ou plusieurs documents en rapport avec la question posée
(et ne constituant pas plus d’une page au total). Depuis
2012, cependant, aucun document n’a été annexé aux
questions posées à cette épreuve.
Par ailleurs, l’arrêté du 27 juillet 2012 apporte une modification importante en valorisant la question de droit
public, qui est notée sur 20 alors que les cinq autres
questions le sont sur 10, ce qui montre une attente
renforcée à l’égard du candidat en ce qui concerne le
droit public.
L’épreuve dure 4 heures et est dotée d’un coefficient 4.
L’épreuve de QRC ne doit pas être confondue avec celle
de QCM, qui offre la possibilité au candidat de choisir
une réponse parmi plusieurs qui lui sont proposées. La
QRC constitue, elle, une épreuve de rédaction alliant
raisonnement et utilisation des connaissances acquises
sur une question.
2. Qualités recherchées
chez le candidat
La réussite à un concours de la fonction publique passe
avant tout par la maîtrise individuelle de chaque épreuve.
Mais les compétences attendues d’un candidat diffèrent
d’une épreuve à une autre.
L’épreuve de QRC cherche à vérifier les connaissances
d’un candidat, son aptitude à dégager, parmi tout son
savoir, les éléments importants sur une question précise et ce, parfois, en lien avec l’actualité. C’est un exercice particulier qui nécessite de larges connaissances
et une capacité à formuler des réponses adaptées en
une vingtaine de lignes (soit 200 à 250 mots).
Il s’agit donc à la fois d’une épreuve de connaissance, de
synthèse et de suivi de l’actualité. Par ailleurs, lorsqu’il
s’agit d’une politique publique, il est essentiel d’en dégager en quelques mots le sens, les objectifs et les effets.
Cette épreuve exige, dans certaines matières comme
l’économie, de présenter des positions théoriques éventuellement opposées et de dégager, de façon argumentée, sa propre position ou des orientations à suivre.
L’épreuve de QRC, souvent jugée difficile par les candidats, s’avère déterminante. En effet, de grands écarts
de niveau y sont régulièrement constatés entre les candidats, plus que dans d’autres épreuves. Elle nécessite
donc une préparation spécifique et une méthode de
travail adaptée aux exigences des correcteurs.
2. Une méthode détaillée
pour réussir l’épreuve
La méthode à suivre pour répondre aux QRC est identique, quelle que soit la matière et quel que soit le sujet
posé. Elle repose sur deux étapes, la réflexion et la
rédaction, la seconde étant le résultat de la première.
En premier lieu, avant même de commencer à réfléchir,
il est nécessaire d’apprendre à gérer son stress. En
effet, lors du concours, il faut travailler vite et efficacement, sans toutefois se précipiter pour répondre aux
questions. Le candidat doit donc admettre :
– de se sentir stressé à la découverte du sujet ;
– d’être plus à l’aise avec certaines questions qu’avec
d’autres ;
– surtout de ne pas revenir en arrière une fois qu’il a
répondu à une question et qu’il l’a relue.
Partie I : Méthodologie de l’épreuve
1. Présentation
de l’épreuve
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Après avoir découvert l’ensemble des questions posées,
respirez profondément pour évacuer le stress et commencez par les questions que vous maîtrisez (grâce
à vos connaissances ou du fait de la problématique).
Après une nouvelle lecture de la question choisie, il
importe de respecter certaines étapes avant de rédiger
la réponse. Toutes ces étapes sont indispensables et
doivent être menées dans l’ordre. Toute précipitation
ne peut qu’aboutir à des hors-sujets, des réponses
trop courtes ou trop longues ou encore des réponses
qui ne correspondent pas aux attentes.
La réponse appelle une définition juridique précise
et commentée.
L’immigration en France.
La réponse à développer doit faire référence à
l’historique des flux migratoires et à un bilan actuel
(ampleur des flux, évolution des origines, forte évolution des motifs).
Politique familiale et redistribution.
Sont compris ici tous les types de redistribution, horizontale ou verticale, et l’expression « politique familiale » conduit à inclure les aspects fiscaux.
Faut-il placer toutes les prestations familiales sous
conditions de ressources ?
1. La réflexion sur le sujet
Le sujet est plus restreint, le débat à mener est
orienté vers une problématique d’équité sociale.
La réflexion à mener se déroule en quatre étapes :
a) cibler le sujet ;
b) rattacher le sujet à ses connaissances ;
c) traiter le sujet en fonction de la matière ;
d) utiliser, sélectionner et trouver des idées-forces et
des mots-clés parmi ses connaissances.
EXEMPLES EN ÉCONOMIE
a) Cibler le sujet
Beaucoup de QRC sont mal traitées car le sujet n’a pas
été analysé correctement. Vous trouverez ci-dessous
quelques éléments de réflexion à respecter impérativement lors de la découverte de votre sujet. Une lecture
attentive du sujet s’avère de toute façon primordiale.
• Étudier chaque mot de la question
La première étape pour bien cibler le sujet consiste à
analyser le contenu de chaque mot de la question et
surtout d’éviter toute précipitation.
Dans quelle mesure assiste-t-on à un retour de l’État
dans la crise actuelle ?
La question vous invite explicitement à présenter une
réponse nuancée, du style « oui… mais ». La crise de
2008 a obligé l’État à relancer l’économie, à sauver
les banques et à durcir les réglementations bancaires
(pour l’aspect positif), mais le relâchement budgétaire n’a été que transitoire et, rapidement, la question de la réduction de la dette publique et donc des
dépenses est redevenue prioritaire.
Les rigidités salariales.
Il faut certes définir ce que sont les rigidités salariales, cependant la réponse ne peut pas en rester là. Il faut également montrer la place qu’occupe
ce concept dans l’analyse économique, en particulier dans l’étude du chômage et des politiques de
l’emploi.
EXEMPLES EN QUESTIONS EUROPÉENNES
Le recours en annulation devant la Cour de justice
de l’Union européenne.
Le recours en manquement devant la Cour de justice de l’Union européenne.
Même si les deux questions portent sur un type de
recours, la réponse s’avère très différente. Une lecture trop rapide du sujet pourrait conduire le candidat
à confondre les types de recours devant la CJUE.
• Réfléchir à votre position personnelle
Dans certains cas, la formulation de la question peut
appeler soit une position plus personnelle, soit une synthèse sur une question technique. L’emploi du singulier
ou du pluriel dans la question constitue également une
piste à ne pas négliger.
L'épreuve de QRC aux concours
EXEMPLES EN GRH
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• Étudier la structure de la question
Après la découverte des termes de la question, le candidat doit étudier sa structure : s’agit-il d’une forme
interrogative ou affirmative, voire d’une expression ou
d’un seul mot ?
EXEMPLES EN QUESTIONS SOCIALES
Qu’est-ce qu’un immigré ?
La carrière des fonctionnaires.
La réponse doit aborder l’organisation des carrières
au sens administratif du terme et la notion de « parcours professionnel » qui émerge aujourd’hui.
La fonction publique de carrière.
Il faut évoquer le choix de principe d’une fonction
publique dont les membres ont vocation à y passer
la totalité de leur vie professionnelle, avec les conséquences juridiques et pratiques de ce choix.
Dans d’autres cas de figure, la réponse à une question
doit être orientée en fonction de l’actualité. Ainsi, deux
questions apparemment similaires peuvent néanmoins
appeler des réponses différentes.
EXEMPLES
Le rôle de la Banque centrale européenne (BCE).
L’évolution de la Banque centrale européenne dans
la crise.
La première question portant sur le rôle de la BCE
est caractéristique de la nécessité d’actualiser ses
connaissances. Avant la crise financière, on pouvait
aisément se contenter de la présentation traditionnelle du rôle de la BCE (première réponse ci-dessous). Depuis la crise, les interventions de la BCE
se sont considérablement élargies et on constate
qu’elle ne se préoccupe plus seulement de la stabilité des prix mais qu’elle joue aussi un rôle majeur
pour assurer la stabilité financière de la zone euro
(seconde question).
Le rôle de la Banque centrale européenne :
réponse classique
La Banque centrale européenne (BCE), instituée
en 1998, est la banque centrale de l’Union économique et monétaire (UEM). Elle est donc l’organe
central du Système européen des banques centrales
(SEBC). Ses principales missions consistent à définir et à mettre en œuvre la politique monétaire de
la zone euro, à conduire la politique de change de
l’euro, à détenir et gérer les réserves en devises des
États membres et à assurer le bon fonctionnement
du système de paiement. Contrairement à la plupart des banques centrales, elle n’est pas chargée
de mettre en œuvre et de faire respecter les règles
prudentielles du système monétaire et bancaire car
ce rôle est dévolu aux banques centrales nationales,
en vertu du principe de subsidiarité. Conformément
à ses statuts, la BCE a reçu comme mission principale de veiller à la stabilité des prix (en dessous
mais à proximité de 2 %). Sous réserve de respecter cet objectif, elle peut contribuer à favoriser la
croissance économique. Dans la pratique, la BCE
s’en est tenue à sa mission principale afin d’assurer
sa crédibilité à long terme, même si elle l’a fait avec
souplesse puisque l’objectif des 2 % d'augmentation a été dépassé plusieurs fois depuis qu’elle est
entrée en fonction.
L’évolution de la Banque centrale européenne
dans la crise : réponse actualisée
La principale mission de la Banque centrale européenne (BCE) est de veiller à la stabilité des prix dans
la zone euro. Elle s’est attachée à respecter le plus
possible cet objectif depuis son institution en 1998.
Elle n’a pas hésité à relever ses taux directeurs en
août 2008 et au printemps 2011 pour juguler les pressions inflationnistes, alors même que les signes de
ralentissement en Europe se multipliaient. Cependant,
dans le même temps, la BCE a su s’affranchir d’une
interprétation trop rigide des traités pour assurer la
stabilité financière de la zone euro en jouant le rôle de
« prêteur en dernier ressort ». L’objectif était d’assurer
la liquidité des banques et de les sauver d’une faillite
certaine. Elle a ainsi accepté de suspendre les règles
concernant le seuil d’éligibilité des titres de caution
lors des opérations de refinancement des banques
(ce qui lui a permis d’acquérir des titres de la dette
grecque). Elle a également lancé, à partir de mai 2010,
un programme d’intervention sur le marché de la dette
publique des États en difficulté (d’abord la Grèce, puis
l’Irlande et le Portugal). Le traité de Maastricht lui interdit certes de financer les États, mais en opérant sur
le marché secondaire elle a habilement contourné les
règles du traité de façon à rassurer les marchés et à
enrayer la hausse des coûts de financement. Depuis
mars 2015, elle a intensifié son action en s’engageant
à acheter 60 milliards de titres de dette publique et
privée par mois jusqu’en septembre 2016 (politique
dite « d’assouplissement quantitatif »).
b) Rattacher le sujet
à ses propres connaissances
Il est important de comprendre que certaines questions
peuvent être abordées sous différents angles qui font
appel aux connaissances acquises par le candidat. Aussi,
il convient de saisir la pertinence de la question au regard
de son intérêt historique, de son rattachement à l’actualité, de son importance dans une matière ou encore
de sa spécificité pour la France ou pour un autre pays.
c) Traiter le sujet en fonction de la matière
Des questions similaires ou très proches peuvent être
posées dans des matières différentes, notamment en
questions sociales, en économie ou en finances publiques.
Le jury attend du candidat une grande ouverture d’esprit.
Il ne faut donc pas hésiter à utiliser des connaissances
économiques en questions sociales et vice-versa.
EXEMPLE EN QUESTIONS SOCIALES
Aider les travailleurs pauvres ?
Les points suivants doivent être abordés :
– en 2009, les pouvoirs publics ont mis en place une
prestation particulière, le RSA activité, pour permettre
aux personnes ayant un emploi discontinu ou à temps
partiel de sortir de la pauvreté. La prestation venait
s’ajouter au revenu d’activité et diminuait en biseau
au fur et à mesure que celui-ci augmentait ;
– par ailleurs, pour les bénéficiaires du RSA socle,
qui a alors remplacé le RMI, un meilleur accompagnement vers l’emploi devait permettre d’éviter les
trappes à inactivité : en valorisant l’insertion par le
travail et le passage au RSA activité, la prestation
visait une prévention de la pauvreté ; le sens général
de la réforme était centré sur l’insertion par le travail,
qui devait être encouragé par l’espoir d’améliorer
son revenu ;
Partie I : Méthodologie de l’épreuve
• Orienter la réponse en fonction de l’actualité
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