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« A travers la création de Souffle en Silence…(2010) j’ai pu identifier ce qui était le plus important
pour moi. Cela m’a permis de poser les fondements et de définir les contours de ma recherche.
« ’ ’ »
- Pierre Soulages -
Pour cette nouvelle création, j’aimerais renouer avec certaines qualités gestuelles présentes dans le
hip-hop dont je m’étais volontairement éloignée. Certaines techniques telles que le smurf, le
popping, le boogaloo ou l’électro basées sur des effets visuels. Leur utilisation me semblait parfois
trop systématique et fabriquée. J’ai eu envie de trouver plus d’authenticité et de profondeur. Il s’agit
désormais d’utiliser une plus large palette de mouvements pour composer une danse, nourrir un
propos. Ici et Là, a servi de prémices à cette recherche que je désir développer dans Fueros.
J’essaie de développer une danse brute, sensible et sans concession. Il s’agit de saisir une émotion,
puis de la laisser s’exprimer sans censure consciente. Le mouvement comme réponse à un état.
J’aimerais qu’on perçoive des gens qui dansent plutôt que des danseurs. Mon objectif lors de la
création est de laisser voir comment l’interprète vit et traverse chaque situation. C’est la quête d’une
authenticité d’interprétation qui me guide, il s’agit de garder la justesse d’interprétation et le rapport
intime au public. Pour cette 4ème pièce la mise à nu concerne le propos et la méthode de travail.
Le contact est un composant important dans mon travail. Il naît de la relation à l’autre et est très axé
sur les qualités de toucher. Le focus n’est pas mis sur le mouvement en lui-même mais sur sa charge
émotionnelle. C’est la façon d’aller vers l’autre, d’être en contact avec lui, qui donne une couleur et
un sens à la relation. Dans cette optique la virtuosité du porté naît de la relation à l’autre, elle n’est
pas un but mais une conséquence de ce qui se passe dans l’instant d’une rencontre. La technicité
réside dans l’attention particulière portée au dessin du corps afin de laisser voir ce qui se passe entre
les personnes. La recherche du contact n’implique pas obligatoirement de toucher l’autre, on peut
être beaucoup plus proche, plus en contact avec quelqu’un en étant à distance. Tout cela sous
entend un important travail d’écoute : de soi, de l’autre, des autres, du couple ou groupe que cela
forme. Travailler avec le regard de l’autre sur soi pour renforcer sa danse.
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Depuis le début de mes recherches je travaille en étroite collaboration avec le compositeur Romain
Serre. Pour Fueros il s’agit d’approfondir cette relation en lui donnant un nouveau sens. Nous irons
plus loin dans l’idée que le musicien est le n-ième interprète. Pour cela Romain Serre utilisera une
MPC (séquenceur) afin d’avoir une plus grande liberté d’action en jeu.
« Pour cette troisième collaboration avec la compagnie Daruma, l'improvisation et le jeu en direct
me sont apparus comme une évidence. Il est ici question d'être au plus près de la vie du plateau,
d'interagir avec elle pour finalement l'intégrer tout à fait.
Cette approche spontanée est vouée toute entière à la cohérence esthétique du propos, en
favorisant l'expression directe des pulsions d'appel et d'adresse entre les territoires sonores et
chorégraphiques. Cette immersion permet d'appuyer mon rôle d'interprète, et de resserrer le corps
musical autour d'une structure plus perméable.
Les moyens techniques -sampleur et platine cd- vont eux aussi dans le sens d'une réactivité
immédiate, tout en préservant la coexistence d'univers organiques, électroniques et concrets. »
[Romain Serre]