D`Îles en Îles... - Fonds Français pour l`Environnement Mondial

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D’Îles en Îles...
Bulletin d’informations de l’Initiative pour les Petites Iles de Méditerranée : PIM N°Spécial/Décembre 09
Initiative pour la promotion et l’assistance à la gestion des petites îles de Méditerranée
ISSN 215-0600
L’ é d i t o d e s î l e s
Si ces Assises méditerranéennes des
Petites Iles ont été basées sur un
contenu et des présentations riches,
elles n’ont pas dérogé à la règle en
suscitant d’encore plus riches débats
dans les couloirs. C’est pourquoi,
plutôt que de rédiger des actes
reprenant, in extenso, l’ensemble des
interventions, il nous a semblé plus
pertinent d’aller plus loin. Nous avons
poursuivi les débats dans ce numéro
spécial «d’îles en îles».
Nous avons proposé donc à l’ensemble
des intervenants de se prêter à un
jeu de questions- réponses. Nombreux
sont ceux qui y ont répondu, nous
permettant ainsi d’avancer un peu
plus dans les échanges.
Pour ceux qui souhaiteraient tout de
même revenir sur les présentations,
vous pourrez toutes les retrouver
sur le site internet des PIM : www.
initiative-pim.org
Bonnes lectures, une excellente année
à vous et que 2010 soit une grande et
belle année pour nous tous, nos îles,
nos côtes, et évidemment pour la
biodiversité.
Fabrice Bernard
SOMMAIRE
-
p.2 à 5 : Les PIM en général
p.6 à 8 : Jour 1, les PIM
p.9 à 17 : Jour 2, Atelier «Espèces invasives»
p.18 à 20 : Jour 3, Atelier «Milieu Marin»
Ont participés à ce numéro spécial:
Sami Ben Haj, Lobna Ben Nakhla, Jacques
Blondel, Pierre Bougeant, Julien Calas,
Georges Clauzon, Céline Damery, Louis
Dutouquet, Sylvain Langer, Josep Lloret,
Frédéric Médail, Michel Pascal, Aurélie
Passetti, Daniel Pavon, Valentin Perez
Mellado, Giovanna Spano, Errol Vela.
Directeur de rédaction: Fabrice Bernard
Rédacteur en chef: Sébastien Renou
Louis-Marie Préau - PIM09
Pour nombre d’entre nous, l’intérêt
majeur d’un séminaire réside plus
dans les rencontres et discussions
informelles que dans les simples
exposés.
Ile Longue et Ratonnière, petites îles de la presqu’île de Giens, dans le Var.
Assises PIM de Six-Fours,
retours d’expériences
L
orsque l’on travaille d’arrache
pied sur un projet, et qui plus est
lorsqu’on organise un évènement
regroupant 180 personnes de 12 pays
de la Méditerranée autour des Petites
îles, il arrive parfois que le stress et les
considérations logistiques et techniques
vous fassent perdre de vue l’essentiel.
Mais il est des rencontres, des mots ou
des émotions, qui vous vont droit au cœur
et vous redonnent la force d’avancer de
nouveau. Car ils touchent justes et vous
confortent dans la pertinence de votre
action.
A la suite de sa présentation sur l’histoire
géologique de la Méditerranée et la
formation des îles, M. Georges Clauzon,
géologue au Centre d’enseignement
et de recherche en géosciences de
l’environnement, nous envoyait quelques
mots de remerciements que nous avons
souhaité partager avec vous. Ces
quelques lignes résument parfaitement
ce qui nous a motivé à créer l’initiative
PIM et nous confortent dans la nécessité
de poursuivre cette aventure. Voici-ci
donc ses quelques mots, en guise de
préambule à ce numéro spécial consacré
à rendre compte de ces Assises PIM :
« Je ne demande qu’à vous croire lorsque
vous dites qu’au cours de ma brève
communication, j’ai pu ensemencer
quelques nouvelles et fécondes idées,
indispensables aux riverains de notre
Méditerranée pour son futur.
En retour, je dois avouer avoir été
gratifié, au cours de cette mémorable
journée du 7 octobre, d’une révélation
– sorte d’épiphanie – qui a totalement
renouvelé ma perception de vos « petites
îles méditerranéennes » : auparavant,
je ne voyais dans ces modestes reliefs
émergents que de gros et plus ou moins
énigmatiques affleurements (pour ne
pas dire « gros cailloux ») dont toutefois
la morphologie sculpturale me plongeait
parfois au rêve esthétique, à l’instar
de l’île Maïre, dont je persiste à croire
qu’elle est issue – telle une divinité
grecque – du ciseau de Michel-Ange.
Grâce aux éclairages croisés dispensés
lors de votre réunion, j’ai honte
rétrospectivement de mes perceptions
de béotien et je suis convaincu que –
pour qui sait observer – chacune d’entre
elle est un trésor. »
Merci encore à chacun d’entre vous
d’avoir participer aux Assises Pim
d’octobre dernier. Merci pour votre
soutien, pour la qualité de vos
présentations, pour la sincérité de votre
engagement à nos côtés et les énergies
positives échangées lors de ces quelques
jours !
S.R.
1
LES PIM EN GENERAL
Assises méditerranéennes des petites îles
Du 07 au 10 Octobre 2009 se sont déroulées les 2èmes Assises Méditerranéennes des Petites Iles,
organisées par le Conservatoire du Littoral en partenariat avec le Centre d’Activités Régionales pour
les Aires spécialement Protégées et la Ville de Six-Fours.
C
d’alimenter
de la SA Paul Ricard) et l’Ile de Porquerolles,
tant du point de vue du grand public
que de celui des spécialistes. Au total,
la réflexion sur la problématique des
gérée depuis 1963 par le Parc National de
espèces invasives, deuxième cause de
Port Cros, ont ainsi permis de comparer
plus de 180 personnes ont participé à cet
perte de biodiversité au niveau mondial,
différents cas de gestion de territoires
évènement méditerranéen, soit 12 pays
et, chose nouvelle pour l’Initiative PIM,
insulaires.
représentés : Maroc, Algérie, Tunisie,
d’adopter une vision « marine » en ayant
Libye, Turquie, Grèce, Monténégro, Malte,
un aperçu de différentes expériences de
On retiendra que l’accent a de nouveau
Italie, Espagne, France, Angleterre.
gestion permettant de concilier usages et
été mis sur la nécessité de renforcer
protection du milieu marin sur différentes
les
aires protégées méditerranéennes.
gestionnaires, qui doivent aujourd’hui
es Assises ont connu un vif succès,
Journées
d’échanges,
de
partage
intervenants
ont
permis
d’expériences et de savoir, renforcement
échanges
entre
scientifiques
et
focaliser leurs efforts sur des espaces
des liens entre les experts des différentes
Les différentes sorties de terrain, portant
insulaires, car, bien qu’elles soient de
thématiques, sorte de trait d’union entre
sur la gestion concertée de l’Ile du
tailles restreintes, les PIM sont de réels
nos îles : autant d’objectifs atteints pour
Grand Rouveau (petite île appartenant
concentrés de biodiversité et constituent
ce premier colloque dans une ambiance à
du Conservatoire du Littoral, gérée par
des sites pilotes idéaux pour les bonnes
la fois studieuse et détendue.
la Commune de Six-Fours), les travaux
pratiques de gestion.
L’ensemble des débats qui se sont tenus
réalisés par l’Institut Océanographique
durant trois jours allié à la qualité des
Paul Ricard sur l’Ile des Embiez (propriété
Céline Damery
Des gestionnaires exemplaires
La cérémonie de clôture a été l’occasion de récompenser et valoriser les actions de
gestion les plus remarquables sur des îles de Méditerranée.
C’est l’Agence de Protection et d’Aménagement du Littoral (Tunisie) qui a remporté
le prix de la meilleure gestion d’une Petite île de Méditerranée, pour le plan de réhabilitation de l’île de la Galite en faveur d’une meilleur gestion environnementale.
Saba GUELLOUZ, responsable de l’unité de gestion, s’est vu décernée une œuvre de
Gilles Suffren et Daphne Corregan associant verre et céramique par Agnès B, Marraine
de l’événement.
Monsieur Jean Sébastien VIALATTE, Député Maire de Six-Fours-Les-Plages, a remis le
prix en faveur de l’accueil du public sur une petite île de Méditerranée au Parc National de Dragonera (Baléares, Espagne), représenté par son Directeur Marti MAYOL,
pour l’organisation d’un tourisme raisonné. Enfin, Monsieur Bernard GERARD, Directeur du Conservatoire du Littoral, a remis Giovanna SPANO, de l’Aire Marine Protégée
de Tavolara-Punta Coda Cavallo (Sardaigne, Italie) le prix « Elephas falconeri » (créé
par L.Malherbe) en faveur de la biodiversité des petites îles de Méditerranée pour
l’action exemplaire de dératisation de l’île de Molara.
Remise des prix PIM en faveur des petites îles de Méditerranée ; (de gauche à droite) Saba Guellouz, Paule Zucconi, Agnès B. / Marti
Mayol, Jean-Sébastien Vialatte / Giovanna Spano, Bernard Gérard.
Initiative des Petites Iles de Méditerranée - Conservatoire du littoral : [email protected] – +33-4-42-91-28-36
2
LES PIM EN GENERAL
Expositions, entre rêverie
et îles d’Auvergne...
Les îles du Frioul, futur site
du Conservatoire du littoral
Le 9 octobre 2009, lors de la dernière
session plénière des Assises PIM, Didier
corniche du Brusc à Six-Fours, a hébergé
Réault, élu de la Ville de Marseille dé-
l’exposition « Fenêtres ouvertes sur les
légué à la mer, au nautisme, aux plages
Petites Iles de Méditerranée ». Au pro-
et au Parc National des Calanques, a an-
gramme : une sélection de 25 magnifiques
noncé que la cession gratuite de 135 ha
La maison du patrimoine lors de l’exposition
photos réalisées par le reporter Louis-Ma-
de l’espace naturel des îles du Frioul au
«Fenêtres ouvertes sur les petites îles de Médi-
rie PREAU lors des campagnes PIM menées
Conservatoire du littoral avait été votée
terranée
en 2008 et 2009, les aquarelles des pein-
au Conseil Municipal pour assurer leur
tres naturalistes Laurence MALHERBE et
protection définitive. Une excellente
Jean-Paul LASSORT embarqués à bord de
nouvelle pour la ville de Marseille, le
Fleur de Lampaul lors des missions PIM sur
Conservatoire du littoral et la protec-
les côtes de Méditerranée. Franck WATEL,
tion des petites îles de Méditerranée.
graphiste et éditeur, nous a fait le plaisir de nous faire découvrir son Carnet de
voyage imaginaire autour des «petites îles
d’Auvergne».
CEEP
Presse - Ville de Six Fours
Franck Watel
La Maison du Patrimoine, située sur la
Le sémaphore du Frioul et le phare de Planier
Les Petites îles aujourd’hui : leurs attraits et enjeux de protection potentiels en tant
que site pilote
Parole à Sami Ben Haj, du cabinet Thétis, consultant pour le Conservatoire du
littoral en Afrique du Nord et coordinateur technique de l’Initiative PIM
L
havres de paix pour certaines populations
difficile et l’éloignement de ces
territoires nécessitent une gestion
animales qui y prospèrent et présentent
des effectifs impressionnants ; parmi les
adaptée, des moyens particuliers sont
exemples les plus prégnants on citera les
nécessaires à la fois pour se rendre sur
populations de pétrels de l’îlot de Filfla
ces territoires et pour les garder, à terre
à Malte, celles des sternes voyageuses
comme en mer. De plus, ces espaces
sur l’îlot de Ghara en Libye et la méta-
étriqués sont parfois, à l’image des très
population de puffins cendrés à Zembra.
emblématiques Galapagos, d’une valeur
Une attention très particulière doit donc
écologique et biologique indéniable :
être accordée aux îles, même les plus
laboratoires du vivant, ils ont permis,
ordinaires en tant que réservoir de la
au cours du temps, et à la faveur de leur
biodiversité mais également en tant que
isolement une évolution de certaines
corridor écologique.
espèces originelles des phénomènes de
Au plan du patrimoine historique, les îles
sous-spéciation voire de spéciation, tant
méditerranéennes abritent de vestiges
Des aspects plus pratiques sont également
et si bien que l’on retrouvera sur un petit
séculaires et de traditions issues du
à prendre en considération notamment
bout de terre des espèces qui lui sont
brassage de l’ensemble des civilisations
pour assurer le développement durable
spécifiques (cas des espèces de Podarcis,
qui se sont succédées ou qui ont coexisté à
de la vie des résidents et des usagers
de la Brassica exclusive des Habibas,
l’intérieur de l’espace méditerranéen. Plus
sur les îles en rapport principalement
aux côtés d’espèces plus «banales» et
qu’un héritage local ou national, ce legs
avec les ressources naturelles disponibles
d’espèces relictuelles qui surexploitées ou
revêt une importance méditerranéenne,
et celles indispensables (eau, énergie,
perturbées sur le continent ont totalement
nécessitant un engagement des Etats mais
alimentation) dont l’usage doit être fait
disparu.
également de l’ensemble de la Communauté
avec parcimonie.
Ces territoires constituent également des
Méditerranéenne pour le préserver.
Louis-Marie Préau - PIM08
e confinement des îles, l’accessibilité
Sami Ben Haj, coordinateur technique de
l’initiative PIM.
Initiative des Petites Iles de Méditerranée - Conservatoire du littoral : [email protected] – +33-4-42-91-28-36
3
LES PIM EN GENERAL
Trois questions à Fabrice Bernard, coordinateur de l’Initiative PIM,
délégué-adjoint de la Délégation Europe et International du Conservatoire du littoral
- FB : Un bilan plus que positif. L’initiative pour les Petites Iles de Méditerranée est née d’un constat simple
du Conservatoire du littoral et du
CEEP, gestionnaire des îles de Marseille. Il existe près de 10 000 îles et
îlots en Méditerranée. Seulement une
quarantaine d’archipels est gérée
dans le bassin occidental. La grande
majorité de ces territoires possédant
quasiment les mêmes problématiques
et les mêmes menaces, il fallait imaginer un programme d’assistance et
de promotion à la gestion des microespaces insulaires.
Depuis sa création, en 2005, l’initiative n’a cessé de grandir, murir, progresser… Elle a permis de mobiliser
plus de 200 experts, sur environ 50
îles et îlots, produisant près de 60
notes naturalistes, accompagnant de
nombreux projets de protection sur
les rives de Tunisie, du Maroc, d’Algérie, de Sardaigne, d’Espagne, de
Malte ou de France. Un bilan positif
donc, mais évidemment largement
perfectible…
- SR : Quelles sont, pour vous, ses
plus belles réussites ?
- FB : Sa plus belle réussite est de
faire se rencontrer des hommes et
des femmes, gestionnaires, naturalistes ou n’ayant rien à voir avec la protection de la nature, qui n’auraient
peut-être
jamais
eu
l’occasion
d’échanger leurs expériences, leurs
savoir-faire, leurs idées ou leurs histoires. C’est de voir cohabiter, lors
d’une même mission sur l’île de Zembra en juillet dernier, Tunisiens, Italiens, Libyens, Marocains, Espagnols,
Algériens et Français, réunis autour
d’un même objectif, partageant les
mêmes convictions, les mêmes repas
et les mêmes émotions. Je pense que
la dimension humaine voire humaniste de cette initiative est primordiale.
C’est elle qui fédère et qui permet de
faire avancer nos projets.
Louis-Marie Préau - PIM09
- SR : Après quatre années d’existence, quel bilan peut-on tirer de
l’Initiative PIM ?
Sur un plan plus technique, une des
plus belles réussites des PIM est la
campagne d’éradication de la population de rat noir de l’île de Zembretta
qui s’est déroulée cet automne en Tunisie. C’est, en soi, une action exemplaire. En effet, elle a regroupé pendant 50 jours plus de 20 personnes,
dans des conditions logistiques et
climatiques parfois difficiles, afin de
réaliser la première éradication d’espèce invasive en milieu insulaire sur
la rive sud de la Méditerranée.
«D’une manière plus générale, c’est l’ensemble du
littoral dont nous souhaitons et espérons la mise en
protection»
On peut aussi évoquer la dynamique
insufflée pour la préservation terrestre et marine autour de l’archipel de
Six Fours dans un contexte de très
forte fréquentation entourant des
territoires privés (SA Ricard) et des
propriétés publiques communales et
publiques du Conservatoire du littoral. Ici, la notion de gestion intégrée
des zones côtières assortie de son
cortège de gouvernance, de prise en
compte des milieux marins et côtiers,
d’enjeux naturalistes et d’usages
prend tout son sens.
Enfin, une autre belle réussite est le
fait que les autorités et les scientifiques marocains aient émis le souhait
que l’archipel d’Essaouira, pourtant
non méditerranéen, intègre l’initiative PIM. C’est le symbole de la capacité de réplication de nos actions...
- FB : L’impact des changements globaux est devenu ces derniers mois
(on le voit bien avec la couverture
médiatique dont bénéficie le sommet
de Copenhague), une préoccupation
majeure des citoyens et des politiques. Il faut cependant faire attention à ne pas occulter les enjeux liés
à la protection de la biodiversité,
des paysages et des cultures locales
dans cette politique de préservation
de l’environnement. L’Union Pour la
Méditerranée pourrait être un formidable levier pour cela.
En mettant l’accent sur les petites
îles de Méditerranée, nous souhaitons
surtout alerter l’opinion et les décideurs à l’urgente nécessité de protéger la biodiversité Méditerranéenne.
Dans ses pendants naturels, culturels
et humains.
L’idée maîtresse est d’arriver à plus
d’espaces naturels protégés, mieux
gérés. Mais d’une manière plus générale, c’est l’ensemble du littoral dont
nous souhaitons et espérons la mise
en protection. La forte mobilisation
lors de ces Assises PIM a pu montrer
la pertinence de cette action. Il faut
continuer à agir sur le terrain pour
convaincre le plus grand nombre et
influer sur les politiques régionales
méditerranéennes, mais surtout pour
prouver concrètement sur le terrain
que c’est possible.
Un nouveau
pour les PIM
partenaire
La cérémonie de clôture a été l’occasion pour la Fondation d’entreprise Crédit Agricole PCA d’apporter son soutien
et sa contribution pour l’installation
d’une station météorologique sur l’île
du Grand Rouveau, désormais site pi-
lote du programme « Iles sentinelles ».
- SR : Comment inscrire l’action de
l’Initiative PIM dans la durée ?
Initiative des Petites Iles de Méditerranée - Conservatoire du littoral : [email protected] – +33-4-42-91-28-36
4
J1 - LES PIM
La flore des petites îles de Méditerranée : approche de
conservation biogéographique
des
végétales
Méditerranée, tant
la
composition
fonctionnement
communautés
insulaires
sur le plan
spécifique
que
refuge biologique, avec la persistance
du
distribution, et endémiques qui ont disparu
de végétaux rares, en limite d’aire de
justifie
ou sont très sévèrement menacés sur le
pleinement leur place dans une stratégie
proche continent. Par ailleurs, la relative
globale de conservation de la biodiversité
simplification des interactions biotiques
littorale.
privilégiés
conduit à des «réactions écosystémiques»
d’observation in situ de l’évolution et de
souvent rapides et spectaculaires, vis-à-
la dynamique de la biodiversité, chaque
vis de nouvelles perturbations (invasions
petite île ou îlot constitue en effet
biologiques, pollutions...). Les petites îles
une entité unique, car les assemblages
de Méditerranée peuvent donc jouer le rôle
d’espèces ne sont pas identiques à
de «sentinelles» des changements globaux,
ceux
en fournissant des signaux écologiques
des
écologique,
jouent fréquemment le rôle de dernier
de
de
Territoires
communautés
végétales
littorales du continent. Ces petites îles
rapides
méditerranéennes possèdent aussi, le plus
possibles, en terme de dérèglements
souvent, une richesse floristique élevée
fonctionnels ou d’érosion de biodiversité.
en regard de leurs faibles superficies :
Trop longtemps négligées, les Petites Iles
par exemple, une quarantaine d’îlots
de Méditerranée forment ainsi un archipel
satellites de la Corse abritent près de
du vivant insoupçonné, et méritent une
22% de la flore vasculaire indigène corse
attention accrue afin d’améliorer les
sur seulement 0,025% de la superficie
connaissances naturalistes et scientifiques
totale de l’île ! De plus, les petites îles
en vue de leur préservation durable.
sur
les
Pr. Frédéric MEDAIL
- Responsable du
Département 1 de l’IMEP (UMR CNRSIRD 6116) - Université d'Aix-Marseille
(Université
Paul
Cézanne),
E-mail
:
[email protected]
A lire : Blondel J. et Médail F., 2009.
Biodiversity and conservation. In: J.C.
Wodward (ed.) The physical geography
of the Mediterranean. oxford University Press, Oxford, pp. 615-650.
dysfonctionnements
3 questions à Frédéric Médail :
Frédéric Médail
L’
originalité
Romulée de Florent, endémique des îles d’Hyères
SR : Vous finissiez votre présentation
SR : En quoi les petites îles peuvent
sur les petites îles de Méditerranée
jouer un rôle de bio-indicateur ?
par une citation d’Armand Guibert qui
se termine par « il n’est pas meilleur
FM : Les écosystèmes rencontrés sur
SR : Est-il raisonnable de concentrer
observatoire pour distinguer l’essen-
les petites îles résultent de processus
autant d’effort pour préserver de si
tiel de ce qui ne l’est pas. » En quoi
complexes, car les caractéristiques
petits espaces ?
cette phrase peut-elle être transposée
environnementales et les régimes des
à la conservation de la biodiversité
perturbations
combinées
FM : Oui, il est important de préserver
méditerranéenne ?
aux traits d’histoire de vie des espè-
ces espaces car avec près de 10000 pe-
ces, ont façonné des systèmes haute-
tites îles en région méditerranéenne,
FM : Les écosystèmes présents sur les
ment spécialisés. Mais ceux-ci ne sont
ces territoires, même exigus, contien-
petites îles méditerranéennes abritent
toutefois pas à l’abri de perturbations
nent bon nombre d’espèces rares ou
des assemblages originaux d’espèces,
exogènes comme les invasions biolo-
très menacées par les impacts humains
qui ont une histoire biogéographique
giques ou les changements globaux.
sur le continent. Les inventaires menés
propre, fruit d’un isolement plus ou
La relative simplification des réseaux
ces dernières années, notamment dans
moins ancien et d’impacts humains
trophiques suggère que les réponses
le cadre des missions PIM, ont ainsi
souvent moins importants que sur les
des écosystèmes insulaires face à ces
permis de déceler la présence de plu-
grandes îles, et, qu’a fortiori, sur les
nouvelles pressions environnementa-
sieurs espèces endémiques ou en limite
côtes du continent. Conserver la bio-
les seront plus rapides qu’en situation
d’aire de distribution sur des îlots peu
diversité méditerranéenne, c’est aussi
continentale, car il y a dans ce cas
prospectés, y compris en Provence.
contribuer au maintien des adaptions
potentiellement plus d’espèces redon-
Avec l’anthropisation croissante des
biologiques qu’ont pu développer les
dantes ou «équivalents écologiques».
côtes, les petites îles de Méditerranée
petites populations végétales ou ani-
En ce sens, la mise en place de suivis
vont jouer de plus en plus le rôle de
males soumises à des conditions extrê-
biologiques et écologiques s’avère hau-
derniers refuges d’une flore littorale,
mes d’isolement et de stress.
tement souhaitable sur les petites îles.
par ailleurs en voie d’extinction.
naturelles,
Initiative des Petites Iles de Méditerranée - Conservatoire du littoral : [email protected] – +33-4-42-91-28-36
5
J1 - LES PIM
Importance de la flore des îles de Méditerranée et intérêt de l’Initiative
PIM pour en améliorer les connaissances
L’exemple des îles de l’Afrique du nord
île de La Galite; Ononis minutissima L.,
famille des Fabaceae, île de La Galite;
Phelipanche rosmarina (Beck) Pomel,
famille des Orobanchaceae, île de La
Galite); d’observer de nombreuses espèces
endémiques à haute valeur patrimoniale.
Les missions PIM ont donc permis une
importante actualisation des données
floristiques,
tant
qualitativement
Louis-Marie Préau - PIM08
que quantitativement, une émulation
Anthemis chrysantha, sur les îles Habibas, en Algérie, lors de la mission PIM 2008
L
scientifique
remarquable
découvertes
floristiques
et
des
importantes,
pour la Tunisie notamment. Il nous reste
encore de nombreuses choses à faire
notamment en ce qui concerne la diffusion
des connaissances accumulées (colloques
à
rapports de mission permettant d’expliciter
et publications). Il faudra également
l’exploration botanique des îlots de
l’Afrique du Nord ont permis de prospecter
les conditions écologiques du milieu,
compléter ces connaissances grâce à des
d’évaluer l’impact de l’homme sur les
prospections
de nombreuses îles et îlots tunisiens et
écosystèmes insulaires, de juger de l’état
programmées par rapport au calendrier
algériens. En Tunisie, l’initiative s’est
de conservation des habitats et espèces,
écologique, et envisager des études
rendue sur Plane, Pilau, Cani, l’archipel
etc.; la réalisation de cartographies de
ciblées (espèces d’intérêt taxonomique
de Zembra et l’archipel de la Galite. En
végétation des îles Habibas, Rechgoune
et biogéographique comme les genres
Algérie, les îles Habibas, Rechgoun et
et
Allium, Brassica et Limonium; suivis
Srigina ont été visitées. Ces îles et îlots se
même temps de former les gardes et les
des
répartissent selon deux pôles bien distincts :
gestionnaires en place aux techniques
patrimonial, les endémiques notamment;
un pôle oriental (Srigina, Galite, Zembra
d’identification et de cartographie, de
suivi de la végétation à long terme, grâce
et les îlots tunisiens de Bizerte) et un pôle
poser les bases d’un suivi floristique à
à des placettes permanentes dans le cadre
occidental (Habibas et Rechgoune).
long terme, etc.; l’actualisation des
du projet Iles sentinelles).
missions
PIM
consacrées
Zembretta,
connaissances
permettant
floristiques,
dans
grâce
un
découvertes et confirmations (aspects
nouvelle dans l’approche de la botanique
taxonomiques).
permis un transfert de compétences et une
Une nouvelle espèce pour la
science ?
multiplication des échanges entre experts
Concernant plus précisément la botanique,
et gestionnaires mais également entre
les explorations des îles et îlots de la côte
les différents experts; une multiplication
nord-africaine nous a permis de trouver une
des observations grâce aux passages de
nouvelle espèce pour la science (Limonium
différents botanistes (regards croisés); un
sp., famille des Plumbaginaceae, sur
apport de nouveautés dans les conceptions
l’archipel de La Galite); de confirmer la
taxonomiques ; une évaluation plus fine des
présence d’une espèce pour l’Afrique du
enjeux locaux; la réalisation de premiers
nord (Allium commutatum Guss., famille
bilans populationnels; l’évaluation de
des Alliaceae, sur les îles Pilau, Cani et
l’état de conservation des habitats et
Fauchelle); de confirmer la présence de
des espèces patrimoniales ; la suggestion
quatre espèces pour la Tunisie (Asplenium
d’orientations de gestion.
marinum L., famille des Aspleniaceae,
est bien souvent difficile. Ainsi, elles ont
populations
d’espèces
mieux
d’intérêt
aux
Les missions PIM ont insufflé une dynamique
de ces secteurs méconnus et dont l’accès
supplémentaires,
Par Daniel PAVON (IMEP) et Errol VÉLA
(CEFE), avec la collaboration de Julie
DELAUGE (CEEP) et Michel MURACCIOLE
(CdL)
Daniel Pavon - PIM09
es
îlot de la Fauchelle dans l’archipel de La
Allium commutatum, espèce confirmée
Parmi les quelques exemples concrets nous
Galite; Asplenium obovatum Viv. subsp.
pour l’Afrique du Nord suite aux missions
pouvons citer la rédaction de nombreux
obovatum,
PIM sur Pilau, Cani et la Galite en Tunisie.
famille
des
Aspleniaceae,
Initiative des Petites Iles de Méditerranée - Conservatoire du littoral : [email protected] – +33-4-42-91-28-36
6
J1 - LES PIM
Rencontre avec les botanistes Errol Vela (CEFE) et Daniel Pavon (IMEP):
SR : Dans le cadre de l’Initiative PIM,
des petits ilots encore non ou trop peu
deux... De plus, cela permet de mieux
quelles sont, selon vous, les îles sur
prospectés comme Cani en Tunisie, di-
connaitre les espèces remarquables
lesquelles les travaux botaniques
vers ilots en Algérie orientale, et sure-
pour en améliorer la conservation dans
doivent se concentrer ?
ment ailleurs car même les pays euro-
le futur.
EV-DP : Les recherches botaniques doi-
péens connaissent mal leurs ilots !
SR : Comment diffuser les connais-
vent se concentrer sur les iles les plus
riches car de ce fait les plus intéres-
SR : Que peut apporter un suivi de la
sances et vers quel public ?
santes et encore les moins connues
végétation à long terme ?
EV-DP : Pour nous, deux types de diffu-
proportionnellement à leur richesse :
EV-DP : Un suivi de la végétation sur le
sions doivent être menées en parallèle.
Habibas, Galite, Zembra pour la Ma-
long terme peut nous permettre d’avoir
Proposer des publications scientifiques
ghreb. Pour les autres pays, le niveau
une vraie connaissance de l’impact des
dans des revues reconnues et de haut
de connaissance est sans doute meilleur
changements d’usages (gestion, etc.)
niveau (revues internationales) et faire
quoique pas toujours suffisant... mais
et climatiques (s’ils ont un impact ) sur
de la vulgarisation pour le grand public
je ne saurais donner un avis.
la végétation, loin des extrapolations
à travers des expositions itinérantes,
aussi fumeuses que récurrentes...
internet, vidéos, télévision, etc… Il ne
SR : Restent-ils des zones non pros-
Cela permet également d’avoir une vi-
faut pas oublier également de sensibi-
pectées ?
sion de la dynamique végétale globale
liser les décideurs et les grandes insti-
EV-DP : Oui, notamment sur les plus
(tendances d’évolution) et de tenter
tutions à ces problématiques..
grandes des petites iles et aussi les
de comprendre si elle est naturelle ou
plus inaccessibles (Galite, Zembra) ou
liée aux activités humaines...ou les
Après avoir brièvement résumé l’histoire
risques d’extinction sont plus élevés que
des extinctions des faunes mammaliennes
sur les continents du fait de l’absence de
insulaires de l’archipel méditerranéen
refuges d’où les populations pourraient
consécutives à l’invasion des grandes îles
repartir en cas de crash démographique.
par les humains, l’intervention a porté sur
Nous avons enfin présenté quelques as-
les spécificités de la vie en milieu insu-
pects de l’endémisme chez les vertébrés,
laire. Nous avons exposé quelques unes
soulignant que cet endémisme est parti-
des composants de ce qu’on appelle le «
culièrement élevé chez les reptiles, mais
syndrome d’insularité » en insistant sur le
beaucoup plus faible chez les oiseaux.
Extrait de la présentation de J.Blondel
Histoire, originalité et endémisme de la faune des
îles méditerranéennes
fait que tous les composants de ce syndrome représentent des adaptations à vi-
Jacques Blondel, CEFE-CNRS Myotragus balearicus. Cette petite chèvre
peuplait les Baléares il y a 5000 ans.
vre dans des espaces clos et limités où les
SR : En quoi l’histoire des peuplements
SR : A vous écouter, un éléphant nain
faunistiques peut nous aider à mieux
peuplait jadis les îles Méditerranéen-
protéger les espèces et leurs habitats
nes. Pouvez-vous nous en dire un petit
aujourd’hui ?
peu plus sur cet étrange pachyderme ?
JB : La connaissance de l’histoire des
JB : Une douzaine d’îles ont été coloni-
peuplements peut nous aider à dévelop-
sées par des éléphants au Pléistocène.
per des programmes de conservation qui
Quand ils sont arrivés (à la nage) sur les
tiennent compte des erreurs qui ont été
îles, ils avaient une taille normale. Puis
faites dans le passé. C’est particulière-
ils ont subi des pressions de sélection qui
ment vrai pour tout ce qui concerne les
les ont «nanifiés». Tous ont été extermi-
ruptures de «fonctionnalité insulaire»
nés par les humains quand ces derniers
que j’ai évoquées et les introduction vo-
ont envahi les îles. C’est une longue,
lontaires ou involontaires.
belle et triste histoire...
Extrait de la présentation de J.Blondel
Questions à Jacques Blondel (CEFE) :
Squelette de l’éléphant nain, Palaeoloxodon
falconeri, qui vivait jadis sur les îles.
Initiative des Petites Iles de Méditerranée - Conservatoire du littoral : [email protected] – +33-4-42-91-28-36
7
J1 - LES PIM
La Méditerranée :
une mer dont l’histoire récente est sans équivalent dans le monde
Quelques précisions par Georges CLAUZON, Centre Européen de Recherches en Géosciences de l’Environnement
ainsi que de rongeurs tandis , qu’en sens
IMPACTS DE LA CRISE
opposé , ce sont des espèces européennes
MESSINIENNE SUR LES PAYSAGES
qui s’implantent en Afrique. Cependant,
Ces impacts sont considérables mais sou-
le point commun de ces migrations croi-
vent difficiles à décrypter.
sées est que , l’une comme l’autre, sont
On a vu que, dans un premier temps (celui
restées précaires - un peu à l’image des
de la chute du plan d’eau méditerranéen),
migrations humaines des deux derniers
c’est l’action ravinante destructrice qui
domine avec sa morphologie extrême,
celle des canyons.
millénaires - elles ne sont pas parvenues
Méditerranéen, dissymétrie des deux rives.
Ventoux. Les
à perdurer sur le long terme.
Les autres exemples concernent les effets
Il s’agit typiquement d’un relief négatif,
depuis Besançon jusqu’au
et qui plus est,souterrain aujourd’hui pour
altitudes relevées à l’apex de ces tribu-
l’essentiel, puisqu’il se trouve inhumé
taires latéraux oscillent entre 400 et 800
sous le remblaiement pliocène postérieur.
mètres. Elles intègrent bien entendu une
Dans le cas du Rhône, il est enfoui - sous
composante néotectonique. Néanmoins,
la Camargue - à des profondeurs compri-
il est évident que le «couloir rhodanien»
ses entre - 1000 m à l’amont (au droit de
entendu au sens large est - topographi-
Tarascon) et 1400 m à l’aval (à la verticale
quement - un héritier de la crise.
du littoral actuel). Ce réseau hydrographi-
Enfin, dans le cas d’un périmètre, exhaus-
que aux interfluves très accusés n’a été
sé au Quaternaire par la néotectonique,
VERS UNE RECURRENCE DE LA CRISE DE
détecté sous la plaine alluviale littorale
c’est l’intégralité de l’appareil (en l’oc-
SALINITE MESSINIENNE
qu’à la faveur des prospections pétroliè-
currence le gilbert delta du Var) qui est
La raison qui a fait capoter le projet AN-
res des années 50 car, en surface, il était
porté à l’affleurement avec ses 3 niveaux
DRA d’un laboratoire souterrain à Marcou-
totalement insoupçonné.
repères observables :
le est précisément l’absence de réponse
de l’insularité , après la remise en eau
pliocène. Ces effets ce sont - en sens opposés l’évolution des populations insulaires : soit vers le gigantisme (phénomène
observé en Sardaigne sur des rongeurs)
soit, à l’inverse, une régression vers le
nanisme dont témoignent les éléphants
pliocènes de Sicile.
On retrouve le même schéma, sur l’autre
- le talveg du Var messinien entre les co-
rive du bassin, avec l’exemple du Nil
tes de 800/900m, en contre-haut du cours
fut posée au départ du projet, dans le
(Barber, 1980, 1981). A l’amont de son
de la Vésubie actuelle,
cadre de la loi Bataille.
delta, sous la ville du Caire, le paléo-Nil
se trouve à - 1500 m sous cette épaisseur
- la transition marin/continental , autour
de 1000 m ,
de plio-quaternaire. Au droit du littoral, à
reconnu à - 1900m.
- et, enfin, la surface d’abandon resti-
Le second temps de la crise, d’âge Pliocè-
tuée de l’appareil vers 1300 m ce qui don-
ne inférieur, correspond à un «high stand
ne la mesure de la surrection tectonique
sea level» (haut niveau eustatique) dési-
quaternaire de l’unité : de l’ordre de 1000
gné TB 3.4 sur la courbe de Vail (1986). La
mètres.
mer remblaie alors tout le périmètre des
Les impacts sur la faune entrent dans la
canyons qu’elle vient de submerger en les
rubrique des migrations animales inter-
métamorphosant en rias. Mais, à l’amont
continentales. L’exemple le plus probant
du dispositif ; en Gilbert delta (dans la
concerne sans doute le seuil de Gibraltar
partie exondée, hors d’eau de l’appa-
qui, lors de la crise a servi
reil) le Rhône construit, en aggradation,
entre ses deux continents riverains. Les
un gigantesque piémont (fait de cônes de
paléontologues de l’équipe de Montpel-
déjection coalescents) de plusieurs cen-
lier ont mis en évidence des flux croisés
taines de mètres d’épaisseur. Ce piémont
méridiens entre l’Ibérie et le Maghreb. Ils
construit enserre ainsi, par ses affluents
constatent en effet :
orientaux, tout le front de l’orogène alpin
lorsqu’elle
Cette récurrence, si elle devait se produire, se voit imputer un temps de retour de
IMPACTS SUR LA FAUNE
la latitude d’Alexandrie, son talveg a été
rassurante à cette question
plusieurs centaines de milliers d’années.
Un, calcul hâtif et , à ce titre, approximatif (et, à cause de cela, non divulgué, était
parvenu à une estimation de 800 000 ans.
de «pont»
-l’arrivée en Europe de grands vertébrés
C'est l'excès du « relief négatif » créé par la
C.S.M. qui provoque la remise en eau de la Méditerranée par suite d'une « capture de l'Atlantique » par érosion régressive d'un tributaire du
plan d'eau évaporitique.
Initiative des Petites Iles de Méditerranée - Conservatoire du littoral : [email protected] – +33-4-42-91-28-36
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J2 - ATELIER ESPECES INVASIVES
Invasions biologiques en milieux insulaires
Définition, histoire, éradications et leurs conséquences
par Michel Pascal, INRA - Rennes, France
les rendent particulièrement vulnérables
aux agressions, tout particulièrement
celles d’origine anthropique telles les
invasions biologiques.
Cette fragilité associée au fait que
les îles sont des entités closes où la
probabilité de succès d’une éradication
et de pérennisation du résultat est plus
élevée que sur les continents explique
Louis-Marie Préau - PIM08
que de telles opérations de gestion y aient
Michel Pascal, surnommé «Ratator», lors d’une mission PIM08 sur la Galite, en Tunisie.
U
été réalisées précocement et en grand
nombre. À titre d’exemple, 344 tentatives
d’éradication de populations insulaires de
Rattus ont été recensées à ce jour, dont
318 ont été couronnées de succès, l’île la
plus vaste de cet ensemble couvrant une
les seuls muridés introduits (le rat noir, le
superficie de 11 300 ha .
Holocène de la faune française de
vertébrés , fondée sur la définition suivante
rat surmulot et la souris grise).
Nous
Les invasions biologiques sont considérées
l’éradication
de l’invasion biologique: « Une invasion
comme l’une des trois principales causes
surmulots, de rats noirs, de mangoustes
biologique survient quand une espèce
de perte de diversité spécifique à l’échelle
de Java et de putois sur 61 îles ou îlots
constitue hors de son aire de répartition
mondiale
leur impact étant estimé de
de 12 archipels sous juridiction française
initiale une ou des populations pérennes
même niveau que celui engendré par
situés en milieu tempéré, méditerranéen
et autonomes dans les milieux naturels
le changement climatique , les deux
ou tropical. Des suivis post-éradications
investis », mentionne le fait documenté
processus pouvant entrer en synergie.
ont mis en évidence l’effet positif de la
que depuis 10 000 ans au moins l’homme
Elles sont à l’origine de plus de 80 % des
disparition de l’espèce cible sur le succès
a introduit des espèces en France. Si son
271 extinctions documentées de vertébrés
reproducteur, le nombre de couple nicheurs
rôle est demeuré modeste jusque dans les
intervenues depuis 1500.
et
ne synthèse portant sur l’évolution
avons
réalisé
de
l’abondance
avec
populations
d’espèces
succès
de
rats
d’oiseaux
autochtones. Ils ont également mis en
depuis, la fréquence de ces introductions
évidence l’effet de cette disparition sur
passant de moins d’une invasion par siècle
entre –9200 et 1600 à 132 pour le demisiècle écoulé. Ce phénomène est confirmé
par les conclusions du projet européen
DAISIE
qui a inventorié l’introduction
sur le continent européen de près de 11
000 espèces végétales et animales entre
1500 et nos jours et établi que l’évolution
Image extraite de la présentation de M.Pascal
années 1600, il n’a cessé de s’accroître
l’abondance de micromammifères et la
destruction de nids de tortues marines .
La démonstration de la faisabilité de
telles opérations et de leurs conséquences
positives pour des espèces autochtones a
engendré un fort engouement pour les
éradications. Cet enthousiasme ne doit
pas masquer que de telles opérations
exponentielle du nombre d’introductions
Sus scrofa, espèce introduite et invasive sur les
îles Cocos, au Costa Rica.
ne manifeste aucun ralentissement.
La grande majorité de ces extinctions sont
destinée, entre autres, à apprécier si la
Outre que les épidémies et épizooties
intervenues sur des îles « vraies », c’est-à-
disparition de l’espèce cible n’aurait pas
parmi les plus sévères ont pour origine des
dire des îles qui n’ont jamais été en contact
d’effets plus pervers que son maintien.
invasions biologiques et que l’émergence
avec une masse continentale ou l’ont été
Ceci implique un inventaire préalable
de maladies vectorielles est au centre des
dans un très lointain passé telles les grandes
rigoureux des espèces allochtones et
préoccupations de l’OMS, Pimentel et al
îles de Méditerranée. Leurs écosystèmes
autochtones présentes sur le site et de
(2005). estiment à 120 milliards de dollars
se caractérisent par une faible diversité
leurs interactions. Par ailleurs, toute
par an l’impact économique produit par les
spécifique, l’absence de représentants
opération d’éradication doit se pourvoir
quelques 50 000 espèces introduites sur le
de certains groupes taxonomiques, des
des moyens permettant d’établir si les
territoire des Etats-Unis et à 18 milliards
chaînes trophiques simplifiées et un fort
effets attendus de son succès sont ou non
de dollars par an les pertes provoquées par
taux d’endémisme. Ces caractéristiques
au rendez-vous.
nécessitent une importante préparation
Initiative des Petites Iles de Méditerranée - Conservatoire du littoral : [email protected] – +33-4-42-91-28-36
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J2 - ATELIER ESPECES INVASIVES
Entretien avec Michel Pascal,
biologiste, chercheur à l’INRA de
Rennes.
Hydrobiologie et Faune Sauvage
Louis-Marie Préau - PIM08
Spécialiste des espèces invasives, notamment en milieu insulaire, Michel Pascal accompagne l’initiative PIM depuis
son début. Il était, durant les Assises PIM, le président modérateur de l’atelier qui leur était consacré.
Entretien...
- SR : Pourquoi et comment un ges-
comment choisir entre une interven-
comme suit : « L’homme a-t-il réalisé
tionnaire doit choisir entre éradica-
tion combinant le piégeage chimique
des invasions biologiques et, à cette
tion et régulation des espèces inva-
et mécanique et la méthode « tout
occasion,
sives ?
chimique » dite Néo-Zélandaise ?
fonctionnement des écosystèmes colo-
- MP : L’avantage d’une éradication sur
- MP : Les matières actives autorisées
une régulation réside dans le fait que,
dans ce cas sont des anticoagulants.
Si l’on se réfère à la définition de l’in-
si la probabilité de réinfestation par
Aux concentrations autorisées, ces an-
vasion biologique que nous avons rete-
l’espèce-cible peut être substantielle-
ticoagulants sont toxiques pour les ver-
nue pour les besoins de notre ouvrage
ment réduite par des mesures appro-
tébrés homéothermes. La présence de
, à savoir, « une invasion biologique
priées, les problèmes posés par sa pré-
tels vertébrés autochtones sur le site
survient quand une espèce constitue
sence sont réglés de façon définitive,
doit donc conduire à limiter, voire in-
hors de son aire de répartition initiale
alors que la régulation impose des opé-
terdire, l’usage de la lutte chimique.
une ou plusieurs populations pérennes
rations récurrentes. Ces opérations ré-
Nous participons à ce principe quand
et autonomes dans les milieux natu-
currentes nécessitent la reconduction
nous utilisons successivement le pié-
rels investis », l’espèce Homo sapiens
de crédits et la mobilisation régulières
geage et la lutte chimique. À l’occa-
a envahi, au cours des quinze derniers
d’équipes compétentes. L’absence de
sion
populations
millénaires, les continents Nord et Sud
reconduction de l’opération une année
insulaires de rats surmulots (Rattus
Américain, au cours des dix derniers
peut réduire à néant d’importants ef-
norvegicus) et de rats noirs (Rattus
millénaires, les principales îles médi-
forts consentis précédemment. À noter
rattus), nous avons montré que le pié-
terranéennes et au cours des cinq der-
que si une opération d’éradication est
geage permettait l’élimination de 90 à
niers millénaires, la quasi-totalité des
en général plus « coûteuse » qu’une
100 % de la population-cible, ce qui ré-
îles de l’Océanie (cet inventaire n’a
opération de gestion, des études éco-
duit dans les mêmes proportions le flux
pas la prétention d’être exhaustif).
nomiques montrent, qu’à un terme
de toxique dans la chaîne trophique.
L’homme a donc réalisé d’importan-
relativement bref (de l’ordre de 3 à 6
À noter l’absence d’observation d’in-
tes invasions au cours d’une période
ans), une opération d’éradication est
toxication directe ou indirecte d’es-
extrêmement courte à l’échelle des
économiquement plus avantageuse que
pèces non-cibles lors des quelques 30
temps géologiques.
des régulations récurrentes.
éradications insulaires que nous avons
Quand cela est techniquement, socio-
réalisées.
L’homme a-t-il profondément modifié
logiquement et financièrement possi-
L’absence d’espèces autochtones sen-
le fonctionnement des écosystèmes
ble, le choix devra donc se porter sur
sibles aux toxiques employés laisse
qu’il a colonisés ? Quand les sociétés
l’éradication plutôt que sur la régula-
ouvert l’emploi du tout chimique qui,
fondatrices ont été de type cueilleurs-
tion, à la condition évidemment que
dans certaines situations, peut se ré-
chasseurs, elles ont exploité les milieux
l’expertise préalable ait clairement
véler la seule méthode applicable (vas-
naturels et, si elles ont été à l’origine
démontré que l’élimination de l’espè-
te superficie, fort relief, site difficile
de disparitions d’espèces sur les conti-
ce-cible n’est pas plus préjudiciable au
d’accès etc.).
nents Nord et Sud Américains, c’est
profondément
modifié
le
nisés ? ».
d’éradications
de
fonctionnement de l’écosystème que
surtout sur les îles que le phénomène
son maintien à basse densité (effet «
- SR : Peut-on considérer l’homme
est à la fois le plus flagrant et le plus
cascade » entre autres).
comme une espèce envahissante ?
important. Cependant, leurs impacts
ont été réduits comparés à ceux géné-
- SR : Lors d’une intervention sur des
- MP : Je ne crois pas trahir le fond
rés par les sociétés d’agriculteurs-éle-
populations allochtones de rongeurs,
de votre question en la reformulant
veurs qui leur ont succédé. Elles ont
suite...
Initiative des Petites Iles de Méditerranée - Conservatoire du littoral : [email protected] – +33-4-42-91-28-36
10
J2 - ATELIER ESPECES INVASIVES
Suite...
profondément modifié les écosystèmes
- SR : Pour la science vient de consa-
et vétérinaire, et de l’environnement
d’accueil pour y développer leurs deux
crer un dossier entier aux espèces in-
au sens large. De percevoir également
principales activités, l’agriculture et
vasives auquel vous avez participé.
l’emballement du processus en cours,
l’élevage. Elles ont été à l’origine de
C’est un sujet à la mode ?
le récent caractère exponentiel pris
nombre d’introductions d’espèces vé-
par l’évolution temporelle du nombre
gétales et animales. Mais c’est pen-
- MP : Les invasions biologiques et leurs
d’invasions. Il est vrai cependant que
dant les cinq derniers siècles et tout
conséquences sont restées longtemps
cette prise de conscience en Europe et
particulièrement depuis le début du
(depuis l’ouvrage fondateur d’Elton
plus particulièrement en France prit
XIX siècle que l’impact de l’homme sur
publié en 1958 ) un sujet de préoccu-
un retard de plus de dix ans. En Fran-
les domaines géographiques conquis
pation de la seule sphère de scientifi-
ce, le ministère de l’environnement ne
depuis une dizaine de millénaires s’est
ques investis en écologie et en archéo-
s’empara du sujet avec timidité qu’en
révélé le plus drastique. Outre l’ex-
zoologie. À la suite de la conférence
2004 avec le lancement du programme
ploitation des ressources naturelles
de Rio (1989) où, pour la première
InvaBio et l’Europe ne manifesta son
et la destruction et fragmentation des
fois, le sujet des invasions biologiques
intérêt qu’en 2005 avec le lancement
habitats, le nombre en croissance ex-
et de leurs conséquences sur le fonc-
de deux programmes dont DAISIE.
ponentielle d’introductions d’espèce a
tionnement des écosystèmes et la bio-
largement contribué à un fort dérègle-
diversité en général a été apporté à un
Si « à la mode » dans le contexte de
ment du fonctionnement des écosys-
large public international, le congrès
l’interrogation signifie parler d’un su-
tèmes et à l’extinction de nombreux
des Etats-Unis commandita un rapport
jet, effectivement, les médias en gé-
taxons animaux et végétaux, tout par-
sur l’impact des invasions biologiques
néral et certaines sphères de décisions
ticulièrement sur les îles.
sur l’économie américaine. Ce rapport
en particulier s’en sont récemment
faisait état d’une perte économique
emparés en France. Mais le terme de
En conclusion, l’espèce Homo sapiens
annuelle d’un milliard de dollars . Si-
mode suggère également un caractère
a bien réalisé d’importantes invasions
multanément des commissions d’après-
éphémère. Continuera t-on à parler
biologiques au cours des quinze der-
Rio étaient mises en place, dont une
d’invasions biologiques en dehors de la
niers millénaires, invasions qui ont in-
spécifiquement dévolue aux invasions
sphère des spécialistes dans un proche
duit d’importantes perturbations aux
biologiques. C’est ainsi que petit à pe-
avenir ? Bien malin qui peut le dire.
écosystèmes d’accueil, en particulier
tit s’est construit de façon rigoureuse
Une chose est cependant certaine : la
ceux des îles. Ces perturbations dis-
un ensemble d’informations permet-
récente et spectaculaire augmentation
crètes à l’origine, se sont amplifiées
tant de mieux percevoir à l’échelle
du nombre d’invasions biologiques ne
au cours du temps, pour devenir parti-
de la planète le rôle joué par les in-
semble pas connaître de ralentisse-
culièrement criantes avec l’avènement
vasions biologiques dans les domaines
ment. Leurs impacts vont croissant. Le
de l’Ere industrielle.
de l’économie, de la santé publique
sujet est donc loin d’être épuisé.
La gestion des îlots bretons
que des résultats de suivi scientifique
Conservatoire du littoral développe un
mettant en avant l’impact des actions
programme de restauration écologique
entreprises sur la faune insulaire. Nous
des îlots bretons. Ce programme, sou-
avons pu par exemple, réaliser 7 opéra-
tenu par la Fondation Total, s’attache
tions d’éradication dont 5 avec succès.
notamment à éliminer les espèces ani-
A la suite de celles-ci, on a pu noter
males introduites (rat noir, rat surmu-
par exemple l’augmentation des effec-
lot, furet domestique) sur ces bouts de
tifs de Grand gravelot et d’Huîtrier pie
terre fragiles et généralement exempts
sur Kéménez ou la découverte de Puf-
de prédateurs. Ma présentation lors des
fins des anglais et l’augmentation des
Assises des Petites Iles de Méditerra-
effectifs d’orvets sur Tomé.
née s’est attachée à rendre compte de
quelques unes de ces opérations ainsi
Louis Dutouquet
Initiative des Petites Iles de Méditerranée - Conservatoire du littoral : [email protected] – +33-4-42-91-28-36
Conservatoire du littoral
Depuis 2001 la délégation Bretagne du
Conservatoire du littoral
Une expérience qui s’exporte même en Méditerranée
11
J2 - ATELIER ESPECES INVASIVES
- SR : Vous avez initié puis encadré la
- SR : La campagne de dératisation
campagne d’éradication du rat noir sur
de Zembretta est une première pour
l’île de Zembretta qui s’est déroulée
l’Afrique du Nord. Pensez-vous qu’elle
cet automne en Tunisie. Travaille-t-on
puisse servir d’exemple en Méditerra-
de la même manière sur les îles bre-
née ?
PIM08
Trois questions à Louis Dutouquet,
chargé de mission « îlots » à la Délégation Bretagne
du Conservatoire du littoral
- LDT : L’expérience acquise en Breta-
tonnes que sur les îles Méditerranéennes ?
gne (5 dératisations et 7 ans de suivis
- LDT : Je pense effectivement que
naturalistes) nous a montrée que l’éli-
cette opération peut servir d’exemple
mination du rat permet l’augmentation
- LDT : On travaille effectivement de la
pour le reste de la Méditerranée, no-
des
même manière en Bretagne qu’en Mé-
tamment par le fait qu’elle a été me-
(abondance x 11), des reptiles (x 17),
diterranée car une opération de déra-
née dans le cadre de l’initiative PIM
des passereaux (effectifs reproduc-
tisation est encadrée par un protocole
dont un des grands axes fondateur est
teurs x entre 2 et 3 selon les espèces).
défini au préalable (piégeage mécani-
l’échange de compétences, de connais-
Sur Zembretta, si cette opération est
que, lutte chimique, poste anti-réin-
sances et de technicité entre les pays
couronnée de succès, il n’en sera que
festation). Suivre ce protocole permet
méditerranéens.
expérience
mieux pour les couples de puffins yelk-
d’intervenir de la même manière sur
peut alors être transposée sur des si-
ouan. Le succès de reproduction de la
n’importe quel site. Par contre, le tra-
tes naturels potentiellement riches ou
colonie de cette espèce endémique de
vail peut être adapté à chaque région
abritant des rats introduits.
Méditerranée devrait ainsi augmenter
Cette
qui dispose de ses propres particulari-
micro-mammifères
autochtones
du fait de la baisse de mortalité due
tés culturelles, sociales, climatiques,
- SR : Que peut-on attendre de l’après-
à la prédation exercée par les rats sur
maritimes et éco-systémiques.
dératisation d’une île ?
les œufs et les poussins.
Rat eradication on Molara, Sardinia : experience feedback
by Augusto Navone and Giovanna Spano (MPA of Tavolara)
(Puffinus yelkouan). The two islands of
Tavolara and Molara are thought to host
one of the biggest colonies of this species.
On the islands of Tavolara and Molara we
found a reproductive success equal to
zero in the years 2006 and 2007 on all the
inspectable nests. To face this problem
we began to look for financial resources to
control/eradicate rats and we decided to
start with Molara because it seemed more
AMP Tavolara - Giovanna Spano
simple to treat than Tavolara. So on 2008
we decided to run an eradication program
on Molara (340 ha). The island hosts 300600 pairs of Yelkouan shearwaters on
nests among fallen boulders of granite. No
other mammals were present on the island
except for free ranging cattle and goats.
Molara island, view from Tavolara island, in the Olbia bay, Sardinia.
Mediterranean vegetation covers almost
he Marine Protected Area Tavolara
lands. During a monitoring program that
the whole island and few suitable paths
Punta Coda Cavallo is situated on
the north-east coast of Sardinia (Italy).
we began in 2005/2006 on three species
are available. So we decided to treat the
of marine birds, we discovered that the
island with aerial bait distribution.
Was established in 1997 and protects
black rat (Rattus rattus) preyed heavily
In
15.000 ha of sea, with 40 km. of coastal
on eggs and chicks of Yelkouan shearwater
Brodifacoum were spread from helicopters,
T
October
rodenticide
pellets
Initiative des Petites Iles de Méditerranée - Conservatoire du littoral : [email protected] – +33-4-42-91-28-36
of
12
along flight lines followed by GPS navigation
evaluated over the next years. At now, we
system, on two sessions (10kg bait/ha for
didn’t find any sign of rat presence and
each distribution), with an interval of 20
in the breeding season 2009 we found a
days. On the coast pellets were delivered
breeding success of 0,7 fledging/pair.
by hand, and on the buffer zones near the
For the yelkouan shearwater, ours has
houses and the livestock fences we baited
been the first significant conservation
with waxed blocks inside bait stations.
action undertaken so far, its value being
The aerial technique, probably new for
enhanced by Molara’s position within the
the Mediterranean context, appears to
specie’s core area. Now we are beginnig
be suitable for lowering monetary costs
to work on the other little islands inside
of restoration projects and actually made
the MPA, trying to protect the result we
the Molara operation possible, as a ground-
probably obtained in Molara. At the same
based bait delivery would have faced huge
time we are working on Tavolara, to
technical and economic constraints.
evaluate the feasibility of an eradication/
Monitoring of the Molara experiment is
control program.
AMP Tavolara - Giovanna Spano
J2 - ATELIER ESPECES INVASIVES
AMP Tavolara - Giovanna Spano
AMP Tavolara - Giovanna Spano
still in progress and the outcomes will be
The team of the MPA Tavolara during the eradication of Molara island,
using rodenticide pellets of Brodifacoum
spread
from
helicopters
.
Trois questions à Giovanna Spano, de l’Aire Marine
Protégée de Tavolara en Sardaigne
- GS : We began monitoring breeding
good way in case of extensive islands,
vous ont poussés à réaliser l’éradica-
success of Yelkouan shearwater, with
with difficult access. The aerial tech-
tion des rats noirs sur l’île de Molara?
and without rat control. Then we moni-
nique appears also to be suitable for
tored abundance index of rats in diffe-
lowering monetary costs of restoration
- GS : First of all, the awareness of the
rent habitats during spring and at the
projects. We are surely interested in
great
impact that rodents had in this
end of summer. And we tested diffe-
sharing our experience with other ma-
archipelago on Yelkouan shearwater,
rent kind of pellets and baits to undes-
nagers.
with the predation on the eggs and on
tand rat’s taste. After deciding to treat
the chicks, and the position of the is-
the island with aerial distribution, we
land too, within the specie’s core area
worked with no poisonous baits to cali-
and quite far from the mainland and
brate the whole equipment.
mable that it would really be possible
- SR : Pensez-vous que cette opération
to protect the potential result. Then
puisse être réplicable sur d’autres
other features of the islands: no wild
îles en Méditerranée et souhaitez-
mammals present, few inhabitants du-
vous partager votre expérience avec
ring the summer, almost no fruition be-
d’autres sites?
cause of the private property all year
round.
- GS : We surely think that this kind
of intervention could be used in other
- SR : Quelles ont été les études réali-
situation if there are the right set of
sées en amont?
conditions. Particularly this would be a
Louis-Marie Préau - PIM09
the other islands, so that it was presu-
Louis-Marie Préau - PIM09
- SR : Quelles sont les éléments qui
Initiative des Petites Iles de Méditerranée - Conservatoire du littoral : [email protected] – +33-4-42-91-28-36
13
J2 - ATELIER ESPECES INVASIVES
Projet de restauration écologique de l’île de Bagaud
suite à la présentation du Protocole d’éradication et de suivi de la Griffe de
sorcière (Carpobrotus sp.) sur l’Ile du Petit Langoustier
les années 2000 l’idée d’une restauration
écologique de l’île de Bagaud qui serait
permise grâce à l’élimination de ces deux
espèces envahissantes. Le classement
récent de cette île en réserve intégrale
offre un cadre particulièrement favorable
à la mise en œuvre d’un tel programme.
Le Parc national de Port-Cros et son
Conseil scientifique souhaitent donc le
Parc National de Port Cros
concrétiser.
L’île de Bagaud, situé dans le Parc National de Port Cros, est propriété du Conservatoire du littoral.
A
La
restauration
île
méditerranéenne
écologique
est
de
cette
possible
et
envisageable grâce à l’implication active
du gestionnaire, le Parc national de PortCros et de son partenaire scientifique
l’IMEP (Institut Méditerranéen d’Ecologie
proximité des côtes provençales, les
la griffe de sorcière (Carpobrotus spp.)
et de Paléoécologie). Soustrait à la
80 îles et îlots de Provence et Côte
d’Azur forment des ensembles de grand
et le rat noir (Rattus rattus) qui mettent
présence du rat noir et de la griffe de
en péril son patrimoine biologique. En
sorcière, le potentiel écologique de l’île
intérêt biologique et biogéographique
effet,
de Bagaud pourrait à nouveau s’exprimer
mais ils subissent de plein fouet des
patrimoniales,
site
et être suivi de manière concise sur le
dysfonctionnements
et faiblement représentées en France
plan scientifique permettant d’acquérir
importants et notamment l’expansion
méditerranéenne
des connaissances et savoirs de premier
d’espèces envahissantes.
rares ou remarquables au niveau local),
L’île de Bagaud, réserve intégrale située au
se trouvent actuellement menacées et
cœur du Parc national de Port-Cros, en est
fragilisées par la présence et l’expansion
AnnieABOUCAYA(Parc National de Port-Cros)
un exemple frappant. Ce site est le siège
de ces espèces.
Aurélie PASSETI (Institut Méditerranéen
de l’invasion de deux espèces exotiques,
Pour ces diverses raisons, est née depuis
d’Ecologie et de Paléoécologie)
écologiques
plusieurs populations d’espèces
présentes
sur
(espèces
ce
protégées,
plan.
- SR : Pouvez-vous nous en dire plus
positifs expérimentaux, réalisation des
sur le projet de restauration écologi-
points zéro) et aux opérations d’éradi-
que de l’île de Bagaud ?
cation. Les sept années suivantes se-
Louis-Marie Préau - PIM09
Aurélie PASSETTI, chargée de mission sur le projet
Bagaud par l’IMEP et le Parc national de Port-Cros
ront consacrées au suivi des différents
- AP : Il est particulièrement impor-
compartiments de l’écosystème et aux
tant de noter le caractère complet de
opérations de contrôle de ré-invasion.
ce projet associant étroitement ges-
Il s’agit d’une opération exemplaire en
tionnaire, scientifiques et bailleurs de
Méditerranée. Peu de projets d’éra-
fond publics et privés. L’originalité de
dication de par le monde et aucun en
ce projet réside dans l’implication for-
Méditerranée n’intègrent autant de vo-
et de suivis. Diverses expérimentations
te et constante de tous les partenaires
lets de suivis écologiques et d’études
seront menées pour déterminer les mo-
sur une période de temps longue. En
scientifiques comme prévu dans cette
dalités de gestion et de restauration
effet, l’opération, de grande ampleur,
opération. En effet, tous les groupes
les plus pertinentes préalablement aux
s’étalera sur une durée de dix ans.
d’êtres vivants, des plus simples aux
éradications. Il sera également associé
Les 3 premières années sont dédiées à
plus évolués (microflore, arthropodes,
à ce programme de recherche une étu-
l’établissement du programme scienti-
reptiles, oiseaux, flore et végétation)
de historique et sociale du site afin de
fique sur le site (mise en place des dis-
feront l’objet d’études scientifiques
retracer l’évolution des usages sur ce
Aurélie Passetti (à gauche), lors de la mission
PIM09 sur les îles de la Presqu’île de Giens, Var.
Initiative des Petites Iles de Méditerranée - Conservatoire du littoral : [email protected] – +33-4-42-91-28-36
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J2 - ATELIER ESPECES INVASIVES
L’association « MedPan » (http://www.
medpan.org/), promulgue la création, la
pérennisation et le fonctionnement d’un
réseau méditerranéen d’aires marines
protégées. Le Parc national de Port-Cros
qui est membre de cette association pour-
Parc National de Port Cros
rait bénéficier des compétences scientifi-
L’île de Bagaud et l’île de Port Cros en arrière plan.
ques pour le suivi des eaux côtières et des
organismes vivants associés (ceintures à
cystoseire et ceinture à lithophyllum) suite à l’éradication des griffes de sorcière
en situation de falaise. Le projet pourrait bénéficier d’une bonne résonnance
au sein du réseau car outre son emprise
territoire et de justifier l’importance de
-SR : Où en êtes-vous aujourd’hui et
terrestre, il se situe également à l’inter-
ce sanctuaire de biodiversité au sein d’un
êtes-vous à la recherche de partenaires
face entre le milieu terrestre et le milieu
archipel très fréquenté.
ou partenariats ?
marin, en raison de l’effet bénéfique qu’il
pourrait engendrer sur la recolonisation
-SR : Quelles sont vos principales atten-
- AP : Plusieurs perspectives d’association
de l’île par les populations d’oiseaux
tes ?
à des programmes de recherche sont déjà
pélagiques (puffin cendré et puffin yelk-
actées ou en cours de réflexion.
ouan). Ce partenariat est donc en cours
- AP : Les objectifs de ce projet de restau-
de réflexion.
ration écologique sont multiples :
Le projet « Iles sentinelles » de l’initiative
- La restauration écologique d’un site
PIM, coordonnée par le Conservatoire du
L’INEE (Institut écologie et environnement
exceptionnellement sanctuarisé par son
littoral, est destinée à suivre les impacts
: Http://www.cnrs.fr/inee/) qui est une
statut de réserve intégrale au sein d’un
des changements globaux sur la biodiver-
des composantes majeures du CNRS et
archipel très fréquenté. En effet, la pré-
sité marine et côtière méditerranéenne.
dont dépend l’IMEP cherche actuellement
servation
est
Cette veille aura aussi pour objet de suivre
à soutenir la mise en œuvre d’outils d’ex-
considérée comme une priorité évidente
et d’évaluer l’efficacité d’actions pilotes
périmentation, d’observation, de mesure
par la majorité des biologistes.
menées concrètement et des approches
et de modélisation visant à mieux étudier
- La réalisation d’une opération exemplai-
qui seront mises en place pour en réduire
le fonctionnement et la dynamique des
re destinée à servir de point de repère à
les effets. C’est à ce titre que l’Initiative
écosystèmes naturels et anthropisés. Cet
de nombreuses autres opérations en Médi-
PIM et le Parc national de Port Cros ont
Institut a fait savoir son vif intérêt pour
terranée.
décidé d’inclure l’île de Port Cros et l’île
le projet de restauration écologique de
- La constitution d’un atelier pour diffé-
de Bagaud dans le réseau des « Iles sen-
l’île de Bagaud et son souhait de l’inté-
rents programmes scientifiques. L’île de
tinelles ». Les modalités opérationnelles
grer dans ses programmes comme un site
Bagaud a déjà amplement prouvé son po-
seront définies dès 2010 en coordination
instrumenté en écologie globale. Une
tentiel exceptionnel en tant que site ate-
entre l’équipe scientifique du PNPC et du
telle plateforme scientifique associée au
lier. En effet, c’est un lieu qui a accueilli
COREGE (COmité de REcherche et de GEs-
projet faciliterait encore le développe-
le siège de nombreux programmes de re-
tion) de l’initiative PIM.
ment et la valorisation de programmes de
d’écosystèmes
naturels
cherche d’envergure nationale et interna-
recherches sur le site-atelier de l’île de
tionale (Invabio, Epidemie, ALIENS, Life,
Les partenaires collaborateurs du Parc na-
etc.)
tional de Port-Cros et l’IMEP participent
- La mise à disposition des éléments de
à des initiatives du même type, notam-
Le lancement de la restauration écologi-
connaissances facilement disponibles. En
ment dans le Pacifique (Polynésie, Nou-
que de l’île de Bagaud permettra donc de
effet, les modalités pratiques de gestion
velle-Calédonie) ou dans l’Océan indien
s’associer à une dynamique scientifique
des espèces végétales envahissantes sont
(îles Eparses). L’opération de restauration
à l’échelle internationale et ainsi de va-
des données très peu archivées et donc
écologique de Bagaud sera donc immédia-
loriser et faire connaître cette opération
difficilement disponibles.
tement associée à de nombreuses initia-
exemplaire en Méditerranée.
-Le partage, la transmission des savoir-fai-
tives et dynamiques déjà engagées dans
re et la sensibilisation des différents ac-
la mesure où l’IMEP est fortement associé
teurs concernés, en particulier les acteurs
aux différents projets.
Bagaud.
locaux mais également le grand public.
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J2 - ATELIER ESPECES INVASIVES
Effets de la dératisation sur les populations de lézards
par Valentin PEREZ-MELLADO (Chercheur à l’Université de Salamanque)
L
es
comme
plus élevés de lézards et marginalement
régénérées dans les zones avec ou sans
prédateurs et/ou concurrents des
lézards, de sorte que leur présence ou
rats
peuvent
agir
significative, ont été observées sur les îles
traitement. Toutefois, les lézards des
qui n’avaient pas subi les programmes de
zones traitées présentaient une charge
leur absence pourrait avoir un effet
dératisation.
parasitaire externe significativement plus
direct sur la densité des P.lilfordi. De
élevée que celle des individus de zones
même, la présence ou l’absence de rats
Sur l’île de Dragonera, en 2008, nous
non traités.
ont un effet sur la répartition du temps
avons étudié deux aires de l’île soumises
En résumé, les lézards de Dragonera ne
au cours de la période d’activité des
à un programme de dératisation et de
présentent pas de faibles densités de
lézards. Le comportement antiprédateur
deux zones à l’extérieur du programme,
population dans les zones dératisées. Nous
est coûteux en énergie, de sorte que nous
à la fois avant et après le contrôle des
n’avons pas détecté d’effet directement
pouvons prévoir une perte de poids chez
rongeurs. Nous avons comparé les densités
imputable au contrôle des rongeurs. Nous
les individus issus des populations avec
de lézards, de la taille du corps et de
avons seulement pu détecter une charge
des rats et d’une augmentation lorsque
l’état corporel (poids), la proportion de
parasitaire supérieure après le contrôle
l’éradication a été faite. En retour, la
queues régénérées, la charge parasitaire
des rongeurs, ce qui pourrait être lié
réduction du poids corporel a un effet
et la répartition du temps au cours de la
à une situation de plus grand stress
direct sur la réponse immunitaire et la
période d’activité.
environnemental dû à la dératisation.
sensibilité aux parasites.
En outre, l’élimination des rats semble
également n’avoir aucun effet significatif
Dans un premier examen de la densité
tout au long de la surface de l’île et
sur les lézards, renforçant les observations
dans pratiquement toutes les populations
en automne une plus forte densité de
précédentes, selon lesquelles le rat noir
de lézard des Baléares (Pérez-Mellado
lézards a été observée, tant à l’intérieur
exerce probablement un faible effet sur
et al., 2008), on a trouvé une densité
qu’à l’extérieur du domaine dératisé. La
les populations du lézard des Baléares.
significativement
les
distribution des tailles est similaire dans
îles avec des rats noirs (Rattus rattus)
plus
basse
sur
tous les domaines étudiés. En Septembre,
introduits. Mais cette différence disparaît
après le contrôle des rongeurs, les lézards
lorsque l’analyse exclut les populations
ont montré un plus faible poids corporel
qui avaient été l’objet de programmes
relatif tant dans les zones dératisées
de contrôle de rongeurs. En outre, une
que dans celles non dératisées. En plus,
comparaison entre les populations avec
nous n’avons observé aucune différence
des rats a indiqué que les densités les
significative de la proportion de queues
Valentin Përez-Mellado
Les densités de lézards sont élevées
Podarcis lilfordi.
- SR : Quelle est la conclusion de votre
détecté une certaine mortalité des lé-
étude sur la relation entre les rats et
zards au cours de quelques programmes
les populations de lézards sur les îles
d’éradication, mais toujours avec des
de Baléares ?
données limitées et sans un suivie sur
Valentin Përez-Mellado
Trois questions à Valentin PEREZ-MELLADO
plusieurs années.
- VPM : Avec les données de seulement
quelques mois après le traitement, on
- SR : Quels sont vos prochains travaux ?
Rattus rattus.
ne détecte aucune interaction entre les
deux espèces.
- VPM : Je travaille toujours sur l’écologie et la biologie des lézards sur les îles.
- SR : Existe-t-il d’autres études sur ce sujet ?
Maintenant, je suis en train de terminer
les populations des lézards de l’île de
velle Zélande dans lesquelles on a vu
Colom, à Minorque. En plus, nous sommes
des effets très clairs des rats d’une
en train de préparer quelques travaux sur
autre espèce (Rattus exulans) sur plu-
l´écologie des interactions des lézards et
sieurs espèces de lézards. En plus, on a
des plantes dans des îles Baléares.
Valentin Përez-Mellado
un travail sur les effets des goélands sur
- VPM : Oui, il y a des études en Nou-
Archipel de Cabrera, Baléares.
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J2 - ATELIER ESPECES INVASIVES
Les activités de transport maritime et introductions d’espèces en
Méditerranée
par Lobna Ben Nakhla, CAR/ASP
Dans la pratique, les mesures de contrôle
de ces vecteurs d’introduction est traduite
par la mise en place, dans plusieurs pays,
y compris certains pays européens, d’une
réglementation nationale sur les systèmes
antifouling. Quant aux eaux de ballast, la
Convention, avant que ces normes entrent
en vigueur (prévu entre 2009-2016),
recommande que des stratégies régionales
Image extraite de la présentation ppt de L.BenNakhla
de gestion axée sur le renouvellement
L
océanique des eaux de ballast soient
élaborées.
Par ailleurs, le CAR/ASP a préparé des
Lignes Directrices pour le contrôle des
vecteurs d’introduction d’espèces nonindigènes et des espèces envahissantes,
afin de promouvoir le développement de
mesures et d’efforts coordonnés à travers
la région méditerranéenne, en vue de
a Méditerranée est vulnérable aux
Afin d’améliorer la gestion des vecteurs
prévenir, contrôler et surveiller les effets
invasions biologiques, en raison
de son emplacement entre les régions
d’introduction des espèces, notamment les
des introductions d’espèces.
atlantique, pontique et érythréenne, du
Maritime Internationale (OMI), l’organisme
trafic maritime chargé et des lagunes
des Nations Unies chargé du transport
et baies envahies de pisciculture et de
maritime, a adopté la Convention sur les
conchyliculture.
systèmes antifouling. Cette Convention
eaux de ballast et le fouling, l’Organisation
s’applique aux navires de tous types
Le transport maritime est considéré
et de toutes dimensions (y compris les
comme
de
plateformes fixes et flottantes, les unités
circulation des espèces marines exotiques
flottantes de stockage FSU et les unités
dans le monde. Il a été impliqué dans la
flottantes de production, de stockage et
propagation
de déchargement FPSO).
le
plus
de
grand
vecteur
nombreux
organismes
néritiques, des protistes et macrophytes
L’OMI a également adopté une Convention
aux poissons. Il est estimé qu’environ
internationale sur le contrôle et la gestion
220.000 navires de plus de 100 tonnes
des eaux et sédiments de ballast des
traversent annuellement la Méditerranée,
navires, en 2004. Une fois la Convention
transportant 30% du volume commercial
ratifiée, les navires devront satisfaire
maritime international et 20% du pétrole
aux normes en matière de gestion des
(Galil, 2006). Avec 2.000 navires de
eaux de ballast, qui comprennent les
commerce qui effectuent la traversée de
normes de performance et les normes
la Méditerranée à tout moment, le risque
de renouvellement des eaux de ballast,
de transport d’espèces exotiques dans les
tel que spécifié dans la Convention, en
eaux de ballast est significatif.
vue de prévenir, de minimiser et enfin
d’éliminer le transfert des organismes et
Comme pour les eaux de ballast, le
des pathogènes aquatiques nuisibles par le
transport des espèces au moyen du fouling
biais du contrôle et de la gestion des eaux
des coques constitue un autre vecteur
et sédiments de ballast.
UNEP/MAP-RAC/SPA. 2008 - Guidelines for
Controlling the Vectors of Introductions
into the Mediterranean of Non-indigenous
Species and Invasive Marine Species, by
Campbell M. L., Galil B., Gollasch S., Occhipinti-Ambrogi A., Ed. RAC/SPA, Tunis.
18 pp.
important d’invasion des espèces.
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J3 - ATELIER MILIEU MARIN
Impact de la pêche de loisir et artisanale sur les espèces côtières du Parc
Naturel de Cap de Creus
de Creus (Méditerranée Nord-occidentale),
pêche artisanale et posent différents défis
avec le soutien du Parc Naturel et du
pour une meilleure gestion des stocks.
projet Interreg IIIC MedPan (coordination
Faut-il
: WWF-France).
socioculturelle de la pêche artisanale ? Le
Nous avons mis en place et réalisé
futur de la pêche traditionnelle est très
des enquêtes sur le terrain (à pied et
incertain alors que les perspectives pour la
sorties en mer) et au port (presque 600
pêche de loisir sont bonnes. Cependant il
pêcheurs de loisir et 34 petits métiers).
est indispensable de noter que la pêche de
Nous nous sommes intéressés aux aspects
loisir doit être aussi prise en considération
socioéconomiques (sexe, age, dépenses,
vis à vis de la gestion des ressources
etc) et biologiques (captures, tailles,
naturelles côtières. Il faut donc considérer
rendements, etc). Les résultats montrent
la possibilité d’interdire à la pêche certaines
une grande diversité d’espèces capturées
espèces vulnérables (inclusion dans les
et prouvent que la biomasse extraite par
conventions internationales comme celle
la pêche de loisir est très proche de celle
de Barcelone, Berne ou Washington).
compte
de
la
valeur
prélevée par la pêche artisanale.
Pêche artisanale au Cap de Creus.
La pêche artisanale cible la majorité des
epuis 2003, nous avons réalisé des
vase et d’invertébrés) alors que la chasse
études pour évaluer les pressions
exercées sur les ressources halieutiques
sous-marine et la pêche artisanale ciblent
par les différents types de pêche de
(surtout la chasse sous-marine, en ce qui
loisir (en embarcation, du bord, chasse
concerne les proportions).
sous-marine) et artisanale (filet, nasse,
Ces
palangre, etc) dans le Parc Naturel de Cap
concurrence entre la pêche de loisir et la
D
tenir
Image extraite de la présentation ppt de J.Lloret
Image extraite de la présentation ppt de J.Lloret
par le Dr. Josep Lloret (Université de Girona), Toni Font & Victoria Riera (Parc Naturel
de Cap de Creus)
espèces (présence d’espèces de fonds, de
un grand nombre d’espèces vulnérables
constats
démontrent
une
forte
Pêche de loisir au Cap de Creus.
3 Questions à J. Lloret, biologiste marin, chercheur de l’Université de Girona
- SR : Pensez-vous que votre méthodo-
- JL : Oui, la pêche de loisir est en aug-
che artisanale ? Avec la diminution des
logie peut s’adapter à d’autres sites
mentation et, pour l’avenir de ce hobby
stocks de poisson, n’est-ce pas une ac-
de Méditerranée, en particulier sur les
et des poissons, il faut limiter l’effort
tivité vouée à disparaître ?
petites îles ?
de pêche, les captures, les tailles des
poissons et les outils de pêche. Dans
- JL : Chaque année, il y a de moins en
- JL :Oui. La méthodologie utilisée pour
les aires marines protégées, nous de-
moins de pêcheurs au petit-métier en
étudier l’impact de la pêche de loisir
vons être encore plus restrictifs, avec
mer. Ils sont en train de disparaitre. Pas
et artisanale sur les ressources halieu-
l’interdiction totale de la pêche ou
seulement à cause de la diminution des
tiques peut être adaptée à d’autres
une limitation plus stricte, comprenant
stocks de poissons côtiers, mais aussi
sites. Quand même, il faut standardi-
l’interdiction de la capture des espèces
pour des raisons socio-économiques. En
ser les unités d’effort de pêche afin de
à forte vulnérabilité (croissante lente,
tant que biologiste marin, je pense que la
pouvoir comparer les résultats entre
longévité élevée, potentiel reproductif
pêche artisanale doit être favorisée vis à
les différents sites. De plus, les parti-
petit) comme la corbine, le mérou, la
vis des autres modes de pêche profession-
cularités des pêcheurs locaux doivent
langouste ou le homard... Autrement,
nelle (comme le chalutage) parce qu’elle
être prises en considération dans cha-
nous risquons de perdre des espèces de
comporte une pression plus faible sur les
que site afin d’obtenir de bonnes don-
poissons, certains ne pourront plus pra-
ressources halieutiques et un effet pres-
nées grâce à leur collaboration.
tiquer leur passion et les artisans pê-
que nul sur leurs habitats. De plus, des
cheurs vont disparaître.
chercheurs en ethnologie maritime pen-
- SR : Doit-on limiter la pêche de loisir
sur certaines zones voire l’interdire ?
sent que la pêche artisanale une valeur
- SR : Faut-il essayer de favoriser la pê-
culturelle et sociale qu’il faut considérer.
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J3 - ATELIER MILIEU MARIN
Revues de quelques expériences d’Aires Marines Protégées tropicales
par Julien Calas, FFEM - AFD
- SR : La création d’Aires Marines Protégées doit-elle être forcément accompagnée par le développement d’un tourisme « vert » ?
- JC : Oui et Non. Oui, il est nécessaire
d’ouvrir les aires marines protégées au
public et aux acteurs pour qu’ils puissent
bénéficier des actions de protection (le
tourisme « vert » pouvant associer certains usages durables des ressources naturelles conservées) mais surtout pour faire
connaître les bénéfices générés par l’aire
protégée et jouer un rôle éducatif du public et des acteurs. Non, car le tourisme
n’est pas une panacée. Il peut avoir des
effets pervers importants (dégradation du
milieu, impacts culturels négatifs sur les
populations locales, forte contribution aux
émissions de gaz à effet de serre). Dans
d’autres cas, il est même parfois impossible à pratiquer pour certaines aires marines très difficile d’accès ou présentant
un faible intérêt « spectaculaire » malgré
une justification biologique majeure.
- SR : N’est-ce pas dangereux ?
- JC : Le danger lié au tourisme vert est
largement dépendant de l’objectif qu’on
lui fixe. On peut ainsi distinguer un gradient entre pays développés et pays en
développement.
Dans les pays en développement, le tou-
- SR : Pouvez-vous nous expliquer plus
risme vert est généralement vécu comme
en détail la valeur de « non usage »
une nécessité et une condition pour la sur-
d’une aire protégée ?
vie de l’AMP. C’est la solution de facilité
tant pour générer des revenus de finance-
- JC : En évaluation économique de l’envi-
ments de l’AMP (droit d’entrée des tou-
ronnement, on distingue plusieurs types de
ristes) que pour générer des revenus pour
valeurs. On différencie les valeurs d’usage
les populations locales. Le risque est alors
et de non-usage. Les valeurs d’usage se
un développement sans limite du tourisme
rapportent à l’ensemble des usages di-
pour générer toujours plus de revenus et
rects et indirects du milieu. Elles com-
de retombées économiques pour les po-
prennent les biens et services marchands
pulations. Certaines AMP (Costa Rica) se
(pêche, tourisme etc..) et les services non
sont dotées d’évaluation de la capacité
marchands (protection des côtes, fixation
de charge du milieu pour mieux répartir le
de carbone, fonction d’épuration, etc.).
flot de touristes et même limiter l’accès à
Certains y ajoutent les valeurs d’option
certains sites. Par ailleurs, de nombreuses
qui représentent le prix à payer pour
opérations pilotes sont en cours à travers
maintenir l’option d’usages futurs et pas
le monde pour générer des revenus pour
toujours connus du milieu (les découver-
l’AMP sans reposer seulement sur le tou-
tes de produits d’origine marine à usages
risme (ce sont des accords avec des en-
médicinaux ou alimentaires par exemple).
treprises privées, des fonds fiduciaires qui
Enfin, on parle de valeurs de non usage
génèrent des revenus à perpétuité pour le
pour :
financement des coûts d’opération, des
• la valeur d’existence qui réside dans les
systèmes de paiement pour services envi-
biens environnementaux du fait de leur
ronnementaux).
existence et indépendamment de tout
Dans les pays développés, l’objectif du
usage actuel ou optionnel (cela recouvre
tourisme est généralement plus axé sur
l’éducation du public et le partage libre
d’une ressource publique. Cet objectif
passe souvent par un autre extrême qui
consiste à donner
un axé libre et sans
paiement de droit d’entrée pour pénétrer
dans l’aire marine protégée, de sorte que
le contrôle de la capacité de charge du
Image extraite de la présentation ppt de J.Calas
Image extraite du ppt de J.Calas
Lors des Assises PIM, Julien Calas a présenté les résultats d’une étude du FFEM en cours de publication
qui fait le bilan de plus de 11 projets de création d’Aires Marines Protégées en zones tropicales. Il a notamment insisté sur l’importance de la participation des usagers de l’espace, de l’importante diversité
des modes de participation des usagers et de l’utilité de l’évaluation économique des AMP pour mieux
dialoguer et débattre avec les acteurs dans le but d’associer usage et conservation. Entretien.
milieu devient souvent quasiment impossible et peut à nouveau générer des effets
pervers.
Le tourisme vert n’est pas dangereux en
lui-même, il le devient s’il est hors de
contrôle et ne s’articule pas avec les objectifs de conservation de l’aire protégée.
.../...
Initiative des Petites Iles de Méditerranée - Conservatoire du littoral : [email protected] – +33-4-42-91-28-36
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J3 - ATELIER MILIEU MARIN
Programme Submed, promouvoir une stratégie
de développement durable du Tourisme
subaquatique en méditerranée
l’importance d’un habitat comme fonction de support de la vie ou les valeurs
culturelles liée à un écosystème),
• la valeur de legs consiste à valoriser notre
volonté à préserver les écosystèmes et leurs
par Sylvain LANGER, Toulon Provence Méditerranée
ressources pour les générations futures.
L’évaluation de ces valeurs de non-usage
- SR : Quels sont les premiers retours
après l’aménagement de mouillages
écologiques sur les côtes varoises ?
est complexe et donc souvent laissée de
coté. La plupart des évaluations économiques que l’on rencontre dans la littérature
se bornent à essayer d’évaluer les valeurs
- SL : Les retours sont excellents,
pour tous les usagers du plan d’eau.
Reste à régler dans le temps les petits
problèmes d’usage entre plaisanciers et
plongeurs qui, comme pour les règles
de conduite sur la route, manquent
parfois de civilité sur site lorsqu’un
bateau support de plongée demande à
un plaisancier de lui laisser priorité sur
le dispositif de mouillage. Comme tout
nouveau procédé, les usages gagnerons
en efficacité avec le temps.
d’usages qui sont plus faciles à estimer.
Or, les quelques experts qui travaillent
sur l’évaluation des valeurs de non-usage
nous laissent entendre que lorsque l’évaluation de ces valeurs est tentée, elles
peuvent représenter jusqu’à 90 % de la
valeur totale de l’aire protégée. En bref,
les valeurs estimées à travers l’exploitation des ressources ou des services rendus
par les écosystèmes ne représenteraient
souvent qu’une portion congrue de la valeur des écosystèmes.
Image extraite de la présentation ppt de S.Langer
Image extraite de la présentation ppt de S.Langer
- SR : Peut-on imaginer développer ce
type de mouillages pour les bateaux
de plaisance ?
Exemples de mouillage écologique.
- SL : Oui bien sûr, et l’Agglomération
TPM en a la compétence à travers le
Contrat de Baie de la Rade de Toulon
et le prochain contrat de baie des Iles
d’HYÈRES au titre de la protection des
biocénoses marines.
Mais ce volet d’aménagement pose
de multiples problèmes, bien plus
complexes que pour l’aménagement
des sites de plongée sous marine. Il y
a plusieurs types de mouillages pour la
plaisance, les permanents dédiés à un
usager, les extensions saisonnières des
capacités portuaires, les mouillages du
type « bivouac » sur les sites les plus
sensibles.
Chacun à sa problématique propre, avec
des usagers différents, des aménageurs
différents, des gestionnaires différents
également.
La question principale reste la même.
Comment peut-on concilier demain,
réduction de l’impact des mouillages
sur les biocénoses marines et maintien
de la liberté de navigation des usagers
sur le plan d’eau.
- SR : Combien peut-on amarrer de
bateaux par bouée ? Y a-t-il une
capacité de charge maximum ?
- SL : En théorie, plusieurs navires
peuvent s’amarrer sur les dispositifs
mis en place, soit à couple, soit l’un
derrière l’autre. La question ne se pose
pas en ces termes en pratique : on
considère qu’un dispositif est capable
d’accueillir au maximum 40 plongeurs
en instantané, c’est la charge maximale
du site qui doit être prise en compte,
pas la capacité technique du dispositif
qui par ailleurs est de 40 tonneaux.
-SR : Existe-t-il d’autres méthodes
pour réduire l’impact de la plongée
de loisir et de la plaisance ?
- SL : Si on considère l’activité de
plongée sous marine comme ayant un
impact sur le milieu, je désirerai obtenir
l’étude scientifique qui le démontre. Au
contraire, les scientifiques interrogés
sur notre territoire (Parc National de
Port Cros, et Institut Océanographique
Paul Ricard) nous apportent tous les
jours des preuves inverses. Il n’y a
jamais eu autant de richesses naturelles
à observer sur les sites qui accueillent
depuis de nombreuses années des
dizaines de milliers de plongées par
an. Il n’y a pas de rapport de cause à
effet entre le nombre de plongeurs et
la diversité biologique, mais il n’y a pas
d’impact négatif non plus.
Bien sûr comme dans toute activité
humaine, il y a chez les plongeurs, les
bons et les mauvais, ceux qui respectent
le milieu et ceux qui ne portent que peu
d’attention à sa dégradation et sont
susceptibles de piller ses richesses.
Mais ce discours n’est pas du tout
représentatif de l’activité.
Je préfère que l’on parle de la réduction
de l’impact des mouillages des bateaux
(plongée ou plaisance). A ce titre, hors
mis l’interdiction formelle de mouiller
(ce qui devrait être le cas depuis bien
des années sur la posidonie), il n’y a pas
d’autres alternatives que de mettre à
disposition des dispositifs de mouillages
écologiques.
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J3 - CONCLUSIONS
Discours de clôture des Assises PIM
par Pierre Bougeant, Délégation Europe et International du Conservatoire du littoral,
Président-modérateur des Assises PIM
Q
ualité des interventions, diversité des
Parmi les problèmes qui se posent à nous, l’un,
domaines, diversité des origines… 12
des 22 riverains étaient représentés lors de
majeur, est celui des espèces invasives. Certes,
Je regrette donc que nous n’ayons pas
ce phénomène a toujours existé… La salade
abordé la question démographique. Elle sera
ces Assises Méditerranéennes des Petites Iles,
niçoise ne serait rien sans ses tomates. Mais,
cependant essentielle. L’homme ne peut-être
certains absents n’ayant pas d’îles. La synthèse
il s’accentue de manière vertigineuse. Le coût
seulement considéré comme un prédateur
est donc difficile.
les années à venir.
économique de cette évolution commence
de l’environnement. Il doit être au cœur de
Une première constatation au cours de ces
même à être calculé. Ainsi, le Sénat Américain
nos préoccupations car l’amélioration de ses
journées est que nous avons tous appris les
l’a fait chiffrer à 100 Milliards de dollars US par
conditions de vie dans l’avenir est, ne l’oublions
uns des autres. Le monde de la science et
an dans les seuls Etats Unis. Prévention et lutte
pas, la plus forte des exigences. Les efforts de
de l’environnement est souvent à juste titre
semblent donc être l’illustration du mythe de
gouvernance collective se multiplient, comme
considéré comme trop cloisonné. Chacun a
Sisyphe du Méditerranéen Albert Camus.
l’Union Pour la Méditerranée par exemple,
tendance à s’isoler dans sa bulle d’expérience
dont le développement durable est l’objectif
ressentons souvent la solitude des acteurs, le
Malgré la volonté collective,
les défis sont énormes !
manque d’échange et la confidentialité des
Aussi, le défi des scientifiques et des
de l’initiative PIM, nous avons constitué
ou de compétence. Et dans nos métiers, nous
informations.
principal.
Pour en revenir plus concrètement à l’avenir
gestionnaires est peut-être de consacrer leurs
un COREGE (Comité de REcherche et de
A travers l’initiative PIM, notre ambition est
efforts sur les Hotspots concentrant, sur de
GEstion) pour assurer un lien permanent entre
d’améliorer le partage de ces expériences
faibles surfaces, un maximum de biodiversité.
scientifiques et acteurs du Nord et du Sud,
et savoir-faire. Notre réunion de Six-Fours
A l’évidence, les petites îles seront au cœur
qui organisera, dans la multidisciplinarité, les
me paraît en cela exemplaire. Les diverses
de l’action. Il ne faut cependant pas se laisser
réflexions et l’adoption de nos actions.
interventions nous ont amenées à avoir une
aller à l’habituelle schizophrénie Terre/Mer qui
La première réunion de ce COREGE lors des
vision plus globale.
a prévalu pendant longtemps dans le domaine
Assises PIM a donc permis de confirmer les trois
scientifique comme dans les
structurations
axes principaux d’intervention de l’initiative
trouvent en rive Nord, 80 % en mer Egée et
institutionnelles. Cette volonté d’interaction
PIM : le programme Terra Cognita pour la
50 % de celles-ci sont inhabitées. L’approche de
entre le terrestre et le marin va tout à fait dans
connaissance, le projet Iles sentinelles pour le
l’histoire géologique montre qu’il y a quelques
le sens du nouveau Protocole de la Convention
suivi des impacts des changements globaux sur
milliers d’années, le détroit de Gibraltar était
de Barcelone sur la Gestion Intégrée des
la biodiversité et l’Atelier des îles pour l’aspect
alors fermé. La Méditerranée s’est alors petit
Zones Côtières signé par 12 pays riverains de
concret, la gestion et la formation.
à petit asséchée, au point d’assurer une quasi
la Méditerranée et la Grande Bretagne il y a
Ce travail, comme celui de chacun d’entre
continuité des espaces. En conséquence, toutes
un an. J’ai d’ailleurs le plaisir d’annoncer sa
vous qui voudra bien s’y associer, permettra
les espèces îliennes sont d’origine continentale
ratification par la Slovénie et le vote par le
d’alimenter notre prochaine réunion plénière
et le phénomène îlien n’est que la conséquence
Parlement français, il y a une semaine, de la loi
dans deux ans, pourquoi pas sur la rive Sud.
de l’invasion brutale des eaux océaniques.
proposant sa ratification.
Ainsi, 90 % des 15000 îles de méditerranée se
L’odyssée îlienne a ainsi commencé, et sur
Mais malgré la volonté collective, les défis
Enfin, en guise de conclusion, je voudrais à
ces micros espaces, par manque de place, le
sont énormes ! Déjà, la conurbation s’étend
nouveau remercier tous les partenaires sans qui
nombre d’espèces a diminué et l’endémisme
(les photos satellites le montrent) et 85%
ces Assises n’auraient pu voir le jour. Je pense
a augmenté.
des peuples riverains vivront sur la côte d’ici
plus particulièrement à la Ville de Six Fours, au
L’agressivité des milieux a permis de développer
2025. Les changements globaux accentuent les
FFEM, à l’Agence de l’eau RMC, au RAC/SPA, au
les capacités de résistance des espèces et c’est
difficultés liées au recul du trait de côte et les
CEEP, à Agnès B, et à tous les acteurs des PIM qui
cette résilience potentielle qui sera peut-être
variations du niveau de la mer engendreront
souvent bénévolement et sur leurs vacances,
essentielle face aux changements globaux.
des transferts de population importants dans
ont permis à l’Initiative PIM d’exister.
Initiative pour les Petites Iles de Méditerranée
Conservatoire du Littoral
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