Enjeux planétaires contemporains : géothermie et

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Séquence 3
Enjeux planétaires
contemporains :
géothermie et propriétés
thermiques de la Terre
Objectifs
L’étude du flux thermique d’origine interne permettra de comprendre le fonctionnement de la
planète Terre mais également de
montrer que la géothermie est
une source d’énergie renouvelable possible.
Sommaire
Chapitre 1. Prérequis
Chapitre 2. Géothermie et propriétés
thermiques de la Terre
Synthèse
Exercices
Séquence 3 – SN02
1
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Chapitre
1
Exercice 1
Prérequis
Exercice 1
Au début du XXe siècle, Alfred Wegener et la théorie de
la dérive des continents
Exercice 2
De la dérive des continents à la tectonique des plaques
Exercice 3
Des alignements volcaniques qui ne sont pas localisés
à des frontières de plaques
Exercice 4
Le moteur de la subduction
Exercice 5
Le modèle de la structure de la Terre et de la dynamique de la lithosphère
Exercice 6
Les séismes, manifestations de la libération de l’énergie interne de la Terre
Exercice 7
La place des énergies renouvelables dans les modes
de production d’énergie
Au début du XXe siècle, Alfred Wegener et la théorie de la dérive
des continents
Wegener, en 1912, émet l’hypothèse que les continents étaient autrefois
réunis et que la place qu’ils occupent actuellement résulte d’un déplacement latéral à la manière de radeaux.
Cependant, ces idées se heurtent au constat d’un état solide de la quasitotalité du globe terrestre établi, à la même époque, par les études sismiques. L’idée de mobilité horizontale est rejetée par l’ensemble de la
communauté scientifique.
Question
Exploiter les documents afin de préciser des arguments sur lesquels
s’est appuyé Wegener.
Aide
Pour chaque document, présenter les observations de Wegener et les interprétations qu’il en a données.
Séquence 3 – SN02
3
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Document 1
Position actuelle des continents
Document 2
La distribution des anciens blocs continentaux
Bouclier ouest-africain
Bouclier
guyanais
Bouclier angolais
Bouclier
tanzanien
Bouclier
brésilien
OCÉAN ATLANTIQUE
Bouclier
rhodésien
La situation géographique actuelle des deux continents montre la distribution des anciens blocs continentaux (boucliers) ayant plus de 2 Ga
(milliards d’années). Autour de ces boucliers, les chaînes de montagnes
plus récentes ont des âges allant de 450 à 650 Ma.
Document 3
Répartition mondiale de quelques espèces animales et végétales
fossiles
Cynognathus : reptile prédateur terrestre ayant vécu il y a 240 Ma.
Mesosaurus : petit reptile de lacs d'eau douce, il y a 260 Ma.
Lystrosaurus : reptile terrestre ayant vécu il y a 240 Ma.
Glossoptéris : plante terrestre d'il y a 240 Ma.
4
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Séquence 3 – SN02
Document 4
Marques de glaciations
Les marques de glaciations datant de –250 Ma indiquent que ces régions
ont été recouvertes par une calotte glaciaire. On a aussi repéré le sens
d’écoulement des glaces qui s’effectue en périphérie de cette dernière.
Sens d'écoulement de la glace
Exercice 2
De la dérive des continents à la tectonique des plaques
Le modèle de la dérive des continents de Wegener ayant été rejeté, de
nouveaux constats en relation avec l’évolution des techniques vont permettre de construire le modèle qui sert actuellement de cadre de raisonnement en géologie.
Questions
Montrer comment la convergence des observations océanographiques
avec les mesures de flux thermique a permis à Hess d’avancer l’hypothèse d’une expansion océanique par accrétion de matériau remontant à l’axe des dorsales, conséquence d’une convection profonde.
En quoi la mise en évidence de bandes d’anomalies magnétiques au
niveau du plancher océanique, corrélables avec les phénomènes d’inversion des pôles magnétiques (connus depuis le début du siècle),
permet-elle d’éprouver cette hypothèse et de calculer des vitesses
d’expansion ?
Présenter les caractéristiques des trois types de frontières de plaques
(géodynamiques, morphologiques, tectoniques (déformations), sismiques, magmatiques).
Document 5
L’hypothèse d’une expansion océanique
Au début des années 1960, des constats nouveaux ont permis d’avancer
l’hypothèse d’une expansion océanique.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, des campagnes d’exploration des fonds sous-marins permettent de mettre en évidence les
reliefs sous-marins :
dorsales
présentant une activité volcanique et sismique constituant
une chaîne montagneuse de près de 65 000 km dominant de 2 000 à
3 000 m des plaines abyssales ;
Séquence 3 – SN02
5
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fosses
océaniques : zones les plus profondes des océans caractérisées
par une intense activité sismique ;
zones de fractures au niveau des dorsales.
On a également montré à cette époque que :
la croûte océanique était de faible épaisseur et composée de roches
basaltiques tandis que les continents sont composés de granite ;
le flux de chaleur océanique est plus élevé au niveau des dorsales et
diminue progressivement en s’éloignant de ces dorsales.
H. Hess (1962) pense que le manteau terrestre est affecté de mouvements de convection. Les dorsales mettent en évidence des mouvements
ascendants et les fosses océaniques des mouvements descendants : la
croûte océanique est continuellement créée par accrétion de matériau
au niveau des dorsales, entraînée ensuite à la surface des cellules de
convection. Elle finit par atteindre les fosses où elle disparaît dans le
manteau.
F. Vine et D. Matthews (1963) mettent en évidence des anomalies magnétiques qui sont symétriques par rapport à l’axe des dorsales océaniques.
L’hypothèse de l’expansion océanique est confirmée et il devient possible de calculer des vitesses d’expansion.
J. Oliver et B. Isacks (1967) interprètent le plan de Benioff-Wadati comme
étant la trace de la lithosphère océanique retournant dans l’asthénosphère. Ces lieux de disparition de la lithosphère océanique seront
appelés par la suite zones de subduction.
Document 6
Un premier modèle global : une lithosphère découpée en plaques
J. Morgan (1967), D. McKenzie (1967) et X. Le Pichon (1968) proposent
que la lithosphère est découpée en plaques rigides, peu déformables
sauf aux frontières, se déplaçant les unes par rapport aux autres sur l’asthénosphère. Les frontières sont déterminées à partir de l’activité tectonique.
Hesse et Vine (1968) utilisent le terme de tectonique des plaques.
Les géologues ont ensuite cherché à expliquer les différentes structures
géologiques de la Terre en raisonnant dans le cadre de ce modèle.
Exercice 3
Des alignements volcaniques qui ne sont pas localisés
à des frontières de plaques
Dans l’océan Pacifique, l’archipel de la Société constitue un alignement
d’îles volcaniques qui s’étend du sud-est au nord-ouest sur plus de
500 km, depuis l’îlot de Mehetia jusqu’à l’atoll de Scilly.
Question
6
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Montrer que les alignements volcaniques des îles de la Société, situés
en domaine océanique, et dont la position ne correspond pas à des frontières de plaques, sont la trace du déplacement de la plaque pacifique
au-dessus d’un point chaud fixe, situé dans le manteau.
Séquence 3 – SN02
Aide
Ne pas oublier de dire comment ces observations s’intègrent dans le
modèle de la tectonique des plaques.
Document 7
Les îles de la Société
Terres émergées
- 1500 m
- 3000 m
- 4000 m
Document 8
Exercice 4
100 km
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
Mehetia
Tahiti iti
Tahiti nui
Moorea
Tetiaroa
Maiao
Huahine
Raiatea
Tahaa
Bora Bora
Tupai
Maupiti
Mopetia
Scilly
Bellinghausen
Datation des formations volcaniques de ces îles, par une méthode
de chronologie absolue
Îles
Distance
à Mehetia (km)
Âge en MA
Mehetia
0
0,2
Tahiti Iti
145
0,4
Tahiti Nui (grande île)
180
1
Moorea
230
1,5
Huahine
368
2,1
Raiatea
400
2,4
Tahaa
425
2,9
Bora bora
458
3,2
Maupiti
495
4,3
Le moteur de la subduction
Question
Présenter en quoi les modifications subies par la lithosphère océanique
à partir de sa formation à l’axe des dorsales et lors de la subduction permettent d’expliquer la subduction et son entretien.
Exercice 5
Le modèle de la structure de la Terre et de la dynamique de la lithosphère
Question
Annoter le document représentant un modèle de la structure du globe
et de la dynamique de la lithosphère en faisant figurer des légendes se
rapportant :
aux enveloppes terrestres : croûte océanique et croûte continentale,
manteau lithosphérique, lithosphères continentale et océanique,
manteau, noyau externe, noyau interne ;
Séquence 3 – SN02
7
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aux grandes discontinuités
: discontinuités de Mohorovicic (Moho), de
Gutenberg (2 900 km) et de Lehman (5 100 km) ;
à la géodynamique : zones de divergence (dorsales, rift continental tel
le rift est africain), zones de convergence (subduction océanique, subduction continentale, collision), point chaud ;
au magmatisme : magmatisme de dorsale, de subduction et de point
chaud.
Figurer les mouvements par des flèches.
Aide
Il est possible de placer un certain nombre de légendes sous la forme de
cartouches afin d’obtenir une production claire.
Document 9
Localisation de la coupe présentée dans le document
Trait de coupe
Dorsales
Zones de
convergences
Mouvements
relatifs
des plaques
Document 10
Modèle de la structure de la Terre et de la dynamique de la lithosphère
L’épaisseur de la lithosphère est très exagérée sur le schéma.
Inde
Tibet
Afrique
Japon
Océan
Atlantique
Amérique du Sud
Exercice 6
Océan
Pacifique
Volcans
Les séismes, manifestations de la libération de l’énergie interne
de la Terre
La Terre est une planète active. Sa lithosphère est l’objet de séismes en
relation avec la dynamique des plaques.
8
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Séquence 3 – SN02
Il s’agit de montrer que les séismes correspondent à des libérations
d’énergie en relation avec la dynamique des plaques lithosphériques.
Questions
Les questions suivantes doivent permettre de répondre à ce problème.
Utiliser le logiciel Tectoglob pour afficher l’ensemble des séismes et
préciser leur répartition en liaison avec les contextes géodynamiques.
Utiliser le logiciel Tectoglob et le document 14 présentant le séisme
de Sendai, afin de montrer qu’il s’est produit dans un contexte géodynamique de subduction (afficher les vecteurs GPS de déplacement
des plaques, effectuer une coupe sur laquelle ce séisme sera reporté
de façon approximative, ne pas oublier de l’annoter).
Annoter le document 11 à l’aide des termes figurés en vert dans le
document 12.
Document 11
Exploiter les documents 12, 13 et 14 afin de donner, sous la forme
d’une séquence fléchée (relation cause–conséquence), les événements qui se sont succédé dans la région de Sendai.
Construire un plan scientifique (introduction posant le problème à
résoudre, paragraphes présentant un titre scientifique, conclusion)
afin de montrer que les séismes correspondent à des libérations
d’énergie en relation avec la dynamique des plaques lithosphériques :
faire correspondre à chaque paragraphe du plan le travail effectué lors
des réponses aux questions précédentes.
Document 12
Les séismes ou tremblements de terre
Un séisme est provoqué par la rupture brutale des roches de la lithosphère en profondeur, en une zone ponctuelle, le foyer situé à la verticale de l’épicentre, projection à la surface de la Terre de la position du
séisme en profondeur.
Devant les contraintes imposées par le mouvement des plaques, les
roches de la lithosphère se déforment de façon élastique jusqu’à un
point de rupture au-delà duquel elles cassent brutalement le long d’une
faille. L’énergie élastique accumulée est alors libérée. Cette rupture au
Séquence 3 – SN02
9
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niveau du foyer du séisme est accompagnée d’un déplacement de deux
compartiments rocheux l’un par rapport à l’autre, de telle sorte qu’il y a
dissipation d’énergie, d’une part sous forme de chaleur obtenue par frottement, et d’autre part sous forme de vibrations, les ondes sismiques,
qui se propagent dans toutes les directions à partir du foyer. Des stations
sismiques situées à la surface de la Terre enregistrent les ondes qui leur
parviennent depuis le foyer sismique.
Les ondes sismiques peuvent entraîner en surface la dégradation ou
la ruine des bâtiments, des décalages de la surface du sol de part et
d’autre de failles, mais peuvent également provoquer des phénomènes
tels que des glissements de terrain, des chutes de blocs, des avalanches
ou des tsunamis.
Autre ressource pour des informations complémentaires : L’École et
observatoire des sciences de la Terre de Strasbourg : taper dans un
moteur de recherche « eost, séismes ».
Document 13
La magnitude d’un séisme
La magnitude (M) est une mesure de l’énergie rayonnée à partir du foyer
du séisme sous forme d’ondes sismiques. L’échelle de Richter est une
échelle de référence qui évalue l’énergie des séismes par la valeur de la
magnitude. Des calculs permettent d’établir une correspondance entre
magnitude d’un séisme et énergie libérée.
Si l’on prend le séisme de magnitude 7 du 12 janvier 2010 à Haïti
(M = 7) comme référence, le séisme du Sichuan de mai 2008 (M = 7,9)
est 22,4 fois plus énergétique, le séisme du 27 février 2010 au Chili
(M = 8,8) l’est 500 fois plus et le séisme « record » de 1960 au Chili
(M = 9,5) 5 600 fois plus.
Document 14
Le séisme de Sendai (Japon) de mars 2011
Localisation de l’épicentre
Foyer
Magnitude
130 km au large de Sendai situé au nord-est de l'île
de Honshu, au Japon (latitude 38°32’ N et longitude
142°36’ E).
30 km de profondeur
9,0
Il est 1000 fois plus énergétique que le séisme d'Haïti
de magnitude 7.
Contexte géodynamique
Plaque pacifique en subduction sous le Japon.
Type de déplacement ayant affecté la litho- Chevauchement : mouvement inverse selon un plan
sphère océanique de la plaque pacifique
présentant une pente faible.
Les dégâts ont été modérés à lourds même sur des structures résistantes, construites suivant les normes parasisDestructions au niveau du Japon
miques en vigueur au Japon. De nombreux immeubles
ne se sont pas effondrés bien qu’ils aient « bougé ».
Il est à l’origine d’une brutale modification de la topoNaissance d’un tsunami
graphie du fond océanique qui a généré un tsunami,
c’est-à-dire une vague qui se propage dans l’océan.
10
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Séquence 3 – SN02
Autre ressource pour des informations complémentaires : le site Planet-Terre, site de ressources géologiques : taper dans un moteur de
recherche « planet terre séisme de Sendai ».
Exercice 7
La place des énergies renouvelables dans les modes
de production d’énergie
Un des enjeux planétaires actuel est l’énergie. Face à la croissance
démographique et aux besoins énergétiques qui l’accompagnent,
il devient urgent d’utiliser des ressources énergétiques rapidement
renouvelables.
Questions
Montrer qu’utiliser l’énergie de la biomasse, des vents, des courants
marins, des barrages hydroélectriques, revient à utiliser indirectement de l’énergie solaire.
Indiquer quelles sont les deux sources à l’origine des énergies renou-
velables.
Visualiser, sous la forme de graphique en secteurs, les parts en pour-
centage des différentes sources d’énergie figurant dans les documents 15 à 18.
Comparer les parts des différentes sources d’énergie du monde et de
la France.
Document 15
Part des différentes sources d’énergie dans la production
d’électricité en France en 2009 (d’après Statistiques de l’énergie
électrique en France, juin 2010)
Source d’énergie
Thermique à flamme (combustibles
fossiles : charbon, pétrole, gaz)
Nucléaire
Énergie renouvelable : hydraulique
Autres énergies renouvelables dont
la géothermie
Part en %
Part en TWh
Évolution
par rapport
à 2008 en %
10,6
54,9
+3,2
75,1
11,9
390
61,8
–6,8
–9
2,4
12,3
+27,2
TWh = Térawattheure : le wattheure est l’unité de mesure d’énergie correspondant à la quantité produite en 1 heure par une machine d’un watt.
Séquence 3 – SN02
11
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Document 16
Document 17
Part des différentes sources d’énergie dans la production d’électricité
dans le monde en 2009 (d’après Observ’ER/EDF 2010, chiffres
de production 2009)
Source d’énergie
Part en %
Part en TWh
Thermique à flamme
Nucléaire
Énergie renouvelable : hydraulique
Autres énergies renouvelables dont
la géothermie
64,4
13,5
16,1
13452
2696
3214
Évolution
par rapport
à 2008 en %
–1,6
–1,3
–0,9
3
596
+12,5
Part des différentes sources d’énergie renouvelables dans la production
d’électricité en France en 2008 (d’après Observ’ER/EDF 2009,
chiffres de production 2008)
Source d’énergie renouvelable
Solaire (panneaux
photovoltaïques)
Hydraulique
Éolien
Énergies marines
Biomasse
Géothermie
Document 18
Solaire
Hydraulique
Éolien
Énergies marines
Biomasse
Géothermie
© Cned - Académie en ligne
Part en TWh
Évolution
par rapport
à 2007 en %
0,1
0,062
+77,1
85,8
7,6
0,7
5,7
0,1
65
5,8
0,51
4,3
0,089
+9,7
+40,3
–1,2
+4,8
–6,3
Part des différentes sources d’énergie renouvelables dans
la production d’électricité dans le monde en 2009
(d’après Observ’ER/EDF 2010, chiffres de production 2009)
Source d’énergie renouvelable
12
Part en %
Séquence 3 – SN02
Part en %
0,6
84,3
7
0,01
6,3
1,7
Évolution
Part en TWh par rapport
à 2007 en %
21,4
+68
3213,9
–0,9
268,2
+22,1
0,52
–4
241,2
4,3
65
–O,9
Chapitre
2
A
Géothermie et propriétés
thermiques de la Terre
Pour débuter
Le globe terrestre reçoit de l’énergie externe, l’énergie solaire, et il est
lui-même une source d’énergie. En effet, les séismes, les éruptions volcaniques et le déplacement des plaques lithosphériques sont des manifestations de la dissipation de l’énergie interne de la Terre.
Document 1
Modèle présentant les principales plaques lithosphériques
et les points chauds
Ce document de référence permettra de localiser les différentes zones
étudiées au cours de la séquence 7.
Fosse des
Fosse des
Aléoutiennes 6.2
Kouriles 8.5
Fosse du
Japon
5.4
9
9.4
10.6
Fosse des
Marianes
12.2
5.7 <HOORZVWRQH
5.7
2
Plaque du
Pacifique
+DZDL
10.3
15.1
16.6
Fosse de 17.1
Tonga
7.2
4.4
Fosse de
Kermadec
6.9
9.9
8.2
6.3
2.1
2.3
8.3 7.4
10.9
Plaque de
l'Australie
1.8
,VODQGH
Plaque de
l'Amérique du
Nord
5.4
Plaque de l'Antartique
6.7
Co
Ca
Plaque de l'Eurasie
2.5
$oRUHV
2.5
2.7
2.5
0.7
1.5
1.9
3.3
5.8
2.5
2
3.7
3.7
Fosse du
3.9 Plaque de
Pérou 9.2
l'Afrique
Plaque de
9.2
3.9
Nazca
Fosse du Plaque de
3.5
6.7 Chili l'Amérique du
3.1
Sud
1.6
1.6
9.1
1.7
Ca
Co
4.1
1.6
1.6
5.1
6.7
7.2
7.5
Plaque des caraïbes
Mouvements relatifs de divergence
Plaque des cocos
Mouvements relatifs de convergence
Les principaux points chauds à l’origine d’un volcanisme intraplaque ou
associé à celui de dorsales ont été figurés en vert.
Ce document doit être mis en relation avec le document 10 « Modèle de
la structure de la Terre et de la dynamique de la lithosphère » du chapitre 1 et son corrigé.
Document 2
Le flux géothermique en mW.m–2 à l’échelle du globe
Le flux géothermique est la quantité de chaleur dégagée en surface du
globe par unité de temps et par unité de surface.
Séquence 3 – SN02
13
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flux géothermique
20
Document 3
50
100
200
2
300 (mW/m )
L’Islande, une île dont plus de 70 % de la consommation d’énergie
proviennent de ses ressources énergétiques hydroélectriques
et géothermiques
Les ressources énergétiques de l’Islande proviennent de deux sources
naturelles principales : les précipitations, pour l’hydroélectricité, et les
sources chaudes liées à l’activité volcanique, pour la géothermie.
L’Islande est une île où on peut observer les effets du fonctionnement
d’une dorsale océanique et ceux d’un panache mantellique (point chaud).
En Islande, plusieurs régions de l’île présentent des manifestations
hydrothermales : geysers, piscines naturelles très chaudes (jusqu’à
80 °C)… et plus de 85 % des habitations de l’île sont chauffées par géothermie. Un cinquième de l’énergie géothermique est utilisé pour les
chauffage des serres de culture, la pisciculture, le déneigement des trottoirs en hiver et les activités de loisirs.
Document 4
L’exploitation géothermique de Bouillante en Guadeloupe
Bouillante est localisée sur la côte ouest de l’île de Basse-Terre.
Montserrat
la Soufrière
Océan
Atlantique
Faille de MontserratMarie Galante
Mer des
Caraïbes
Grande
Basse
Terre
Terre
Bouillante
Marie-Galante
Soufrière
Volcans actifs
Volcans sous-marins
Volcans de la chaîne de
Bouillante
(1 000 000 à récent)
Les Saintes
La région présente en surface de nombreuses sources chaudes. Les
petits volcans de la chaîne de Bouillante (volcanisme de moins de 1 million d’années) sont probablement à l’origine de l’anomalie géothermique observée.
14
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Séquence 3 – SN02
(0.84 Ma)
(0.6 Ma)
(1.12 Ma)
(0.6 Ma)
Baie de
Bouillante Bouillante
Mer des
Caraïbes
Principaux couloirs
de failles
Sources chaudes
non daté
Édifices volcaniques
récents (âge en millions
d'années)
non daté
Des failles sont responsables de la perméabilité et de la circulation de
fluides en profondeur. L’eau de pluie et l’eau de mer s’infiltrent grâce aux
failles et fissures présentes dans les roches et se réchauffent au contact
des roches chaudes jusqu’à 250 °C environ.
Le réservoir géothermique serait situé sous la baie de Bouillante. Seule
une portion du réservoir est exploitée aujourd’hui grâce aux puits forés
dans la zone sud de Bouillante. Les forages (Bo1 à Bo7) recoupent ces
zones de failles et prélèvent le fluide géothermal à température élevée
pour la production de vapeur qui est utilisée dans les turbines afin de
produire de l’électricité.
Pompage
d'eau
chaude
Infiltration
des eaux
de pluie
Infiltration
de l'eau
de mer
Réservoir
fracturé
Questions
250 ƒC
Exploiter les documents afin de montrer :
que
la Terre produit de la chaleur qui est évacuée de façon inégale
en surface ;
qu’il
est possible d’établir ainsi un lien entre cette énergie interne
et des phénomènes, en relation avec la tectonique des plaques,
observables au niveau de la lithosphère.
Séquence 3 – SN02
15
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Aide
Pour chaque document, relever les observations en relation avec la question à résoudre.
La Terre produit de la chaleur
qui est évacuée de façon
inégale en surface.
Établir ainsi un lien entre
cette énergie interne et des
phénomènes, en relation
avec la tectonique des
plaques, observables au
niveau de la lithosphère.
Document 1…
Document 4
Faire un bilan.
Montrer qu’une exploitation géothermique dépend à la fois de l’éner-
gie solaire et de l’énergie thermique de la Terre.
L’observation des manifestations volcaniques et hydrothermales ainsi
que l’utilisation de l’énergie géothermique constituent des faits montrant qu’il existe une chaleur interne.
➥ Quelle est l’origine du flux thermique permanent observé au niveau
de la surface de la Terre ?
➥ Comment s’effectuent les transferts de chaleur à l’intérieur de la
planète ?
➥ Comment ces transferts d’énergie permettent-ils les mouvements
des plaques ?
➥ Comment exploiter cette ressource énergétique renouvelable ?
B
Cours
L’étude du flux thermique d’origine interne doit non seulement permettre de comprendre le fonctionnement global de la planète, mais
aussi montrer que la géothermie est une source d’énergie renouvelable possible.
1. Le flux thermique interne de la Terre
Le volcanisme et l’activité sismique sont des manifestations témoignant
de la libération à la surface de la Terre d’une énergie interne. Cependant,
elles ne représentent à elles seules que 1TW (1 térawatt = 1012 Watts)
alors que les roches de la lithosphère transfèrent de la chaleur qui correspond à un flux thermique dont la puissance est estimée à 43–44 TW.
Cette énergie totale dégagée par la Terre est environ 10 000 fois infé-
16
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Séquence 3 – SN02
rieure à l’énergie solaire incidente, donc totalement négligeable dans le
bilan énergétique global de la planète.
a) Flux et gradient géothermiques
Activité 1
Mettre en relation les variations du flux géothermique en surface
avec celles du gradient géothermique en profondeur
Document 5
Le flux géothermique en mW.m–2
Dans la lithosphère, la chaleur se propage par diffusion à travers les
roches solides, des roches profondes les plus chaudes vers les roches
superficielles les plus froides. Cette diffusion de chaleur qualifiée également de conduction est fonction du gradient de température.
à l’échelle du globe (voir document 2) ;
La planète libère en moyenne 60 mW/m2 (les valeurs sont comprises
entre 20 et 250 mW/m2).
en France.
Flux > 100
60 < Flux < 100
Flux < 60
Flux thermique
(mW/m2)
Document 6
Le gradient géothermique
Le gradient géothermique correspond à la variation de température entre
deux profondeurs. Il mesure par conséquent la variation de température
en fonction de la profondeur.
Document 6a
L’augmentation de la température dans les exploitations minières
souterraines
Dans le fossé rhénan, au niveau de la région de Mulhouse, le minerai
contenant des sels de potassium, appelé potasse d’Alsace, a été exploitée de 1904 à 2002.
Dans ces mines, la température augmente environ de 4 °C tous les
100 m. À 1 000 m de profondeur, la température est de 55 °C au lieu de
35 °C dans d’autres mines.
Séquence 3 – SN02
17
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Document 6b
Le géotherme dans la lithosphère
Lors de forages réalisés dans les premiers kilomètres de la lithosphère,
on peut calculer le gradient géothermique, c’est-à-dire le coefficient
reliant la température et la profondeur. Le gradient géothermique vaut
environ 3 °C pour 100 m (les valeurs sont comprises entre 1 °C pour
100 m et 5 à 10 °C pour 100 m).
Les données sismiques ont permis d’autre part de déterminer que l’isotherme 1300 °C, qui marque la limite lithosphère-asthénosphère, correspond à une profondeur à laquelle les matériaux du manteau supérieur
deviennent ductiles c’est-à-dire déformables tout en restant solides.
Températures (°C)
0
1000
2000
Géotherme de zone
de subduction
2.5
80
5
160
Géotherme
continental moyen
Géotherme
océanique moyen
Géotherme sous une
dorsale
7.5
240
Pression (Gpa)
Géotherme de point
chaud
Profondeur (km)
Le géotherme de zone de subduction correspond aux variations de température en fonction de la profondeur dans la plaque chevauchante.
Document 6c
Le géotherme visualisant la structure thermique de la Terre
On peut représenter la structure thermique de la Terre en établissant la
courbe de la variation de la température moyenne en fonction de la distance au centre de la Terre. Les scientifiques ont calculé cette courbe
idéale appelée géotherme. Cependant, elle n’est pas indépendante du
modèle considéré car, pour l’établir, il faut savoir par quel mécanisme
la chaleur est transportée à l’intérieur de la planète. Le gradient de température calculé est de 0,3 °C.km–1 dans le manteau et de 0,55 °C.km–1
dans le noyau.
Température (° K)
0
1000
2000
3000
100
Profondeur (Km)
670 km
2000
2900 km
4000
5150 km
6000
La température est exprimée en kelvins (K).
18
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Séquence 3 – SN02
4000
5000
Document 7
Méthode de calcul du flux géothermique
D’une part, on évalue la température des roches à différentes profondeurs, ce qui permet de calculer le gradient géothermique. D’autre part,
la conductivité thermique des roches, c’est-à-dire la facilité avec laquelle
une roche transmet la chaleur, est déterminée en laboratoire. On définit
alors le flux géothermique d’un endroit géographique en réalisant le produit suivant :
le flux géothermique d’une région
=
gradient géothermique local w conductivité de la roche
La valeur moyenne du flux géothermique est de 0.06 W.m–² ou J. m–².s–1,
ce qui représente un débit d’énergie, c’est-à-dire une puissance.
Questions
Confronter les données du flux géothermique en France fournies par
les documents 2 et 5.
Rappeler les relations existant entre les variations de la profondeur de
l’isotherme 1300 °C et le contexte géodynamique.
Compléter le graphique du document 6c en nommant les différentes
enveloppes de la Terre.
Comparer le gradient géothermique dans la lithosphère et dans le
manteau (document 6).
Aide
À partir des données du document 6b, effectuer une estimation des différentes valeurs des gradients mesurés au niveau de la lithosphère. Le document 9 peut être utile pour estimer le géotherme de dorsale dans la croûte
en formation.
Mettre en relation les valeurs trouvées avec le contexte géodynamique.
Les comparer avec la valeur qui a été calculée pour le manteau terrestre.
À retenir
Le flux géothermique correspond au flux thermique qui atteint la surface en
provenance des profondeurs de la Terre.
La température croît avec la profondeur : c’est le gradient géothermique.
Le gradient géothermique dans le manteau est plus faible (de l’ordre de
0,3 °C.km–1) que dans la lithosphère (de l’ordre 10 à 30 °C.km–1).
➥ Peut-on établir une relation entre flux géothermique et contexte
géodynamique ?
Séquence 3 – SN02
19
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b) Variations selon le contexte géodynamique
Montrer que le flux et le gradient géothermique varient selon le contexte
géodynamique
Document 8
Flux thermique le long d’une coupe Japon-cordillère des Andes
dont le relief est figuré
Flux de chaleur
(mW/m2)
Activité 2
Flux de chaleur
moyen à la surface
de la Terre
140
100
60
20
JAPON
Île d'arc insulaire
fosse
Île intraocéanique
volcanique reliefs de
dorsale
CORDILLIÈRE
DES ANDES
fosse
NO
Document 9
SE
Des sources hydrothermales de température variable
Des
sources hydrothermales au voisinage des dorsales
Grâce à l’utilisation de submersibles, l’exploration du système de dorsales a permis de découvrir des émissions hydrothermales à très haute
température : certaines ont des températures de l’ordre de 350 °C. Ces
sites hydrothermaux sont entourés d’organismes vivant ainsi à très
grande profondeur dans un environnement sans lumière.
Fumeurs
noirs
H2O
H2O
0
5
CO
600° C
10
800° C
15
100
CM
zone de réactions
hydrothermales
0° C
H2O
Profondeur
(km)
FLUIDE HYDROTHERMAL
EAU de MER
chaud (jusqu'à 350° C)
froide (2° C)
pauvre en métaux (<<ppb) riche en métaux (>ppm)
pas de Mg2+
Mg2+ > 1000 ppm
1300° C
Circulation
hydrothermale
Magma
Fractures
Mg2+,H3O+
Ca2+,métaux
CM : chambre magmatique
CO : croûte océanique
ppm (part per million ou partie par million) : un millionième (10–6) de gramme.
ppb (part per billion ou partie par milliard) : 10–9 gramme.
Des
sources hydrothermales en domaine continental
Le Parc national de Yellowstone aux États Unis (nord-ouest du Wyoming)
est situé au niveau d’un point chaud. Il contient deux tiers des geysers de
la planète et de très nombreuses sources chaudes.
20
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Séquence 3 – SN02
L’Old Faithfull est un geyser qui projette à intervalles très réguliers un jet
brûlant d’eau à plus de 50 m de hauteur.
En France, il existe dans le Massif central des sources d’eaux chaudes
comme celle de Chaudes-Aigues à près de 80 °C.
Document 10
Exemples d’exploitations géothermiques dans le monde en relation
avec le contexte géodynamique
Des
exploitations correspondant à des frontières de plaques :
– au niveau des dorsales, outre l’Islande (49 MW), il en existe également aux Açores (5 MW) et en Californie (2 817 MW) ;
– dans les zones de subduction (70 % de l’énergie géothermique
actuellement exploitée), telles que les Philippines (1 127 MW), le
Japon (414 MW) mais aussi la Guadeloupe, avec la centrale géothermique de Bouillante (15 MW) ;
– dans les zones de collision, telle qu’en Toscane (Italie) où, à la phase
de collision continentale, a succédé la phase de relâchement à l’origine de la formation de nombreuses failles normales liées à l’extension ; il en a résulté un amincissement de la croûte et une remontée
d’asthénosphère responsable d’une anomalie du flux thermique
(plus de 1 000 mW.m–2 à Larderello, où les fluides sont constitués de
vapeur et de gaz, à une température variant entre 150 °C et 260 °C)
et d’un magmatisme crustal.
Des
exploitations correspondant au domaine intraplaque :
– au niveau des points chauds, comme par exemple à Hawaii (25 MW) ;
– au niveau de fossé d’effondrement, où des failles profondes associées à un amincissement de la lithosphère favorisent une anomalie
thermique positive ;
– au niveau des zones stables des plaques, dans des bassins sédimentaires où, parmi les couches géologiques accumulées, certaines
sont perméables et vont jouer le rôle d’aquifères qui peuvent être très
étendus, ce qui rend le stock de chaleur particulièrement important,
comme par exemple en France (337 MW) et aux États-Unis (1874 MW).
Document 11
Quelques données géothermiques de trois domaines géologiques
Domaines
(exemples en France)
Bassins sédimentaires
(Bassin aquitain,
Bassin de Paris)
Fossés d’effondrement
(Fossé rhénan, Limagne)
Zones de subduction
(Guadeloupe) au niveau
de l’arc volcanique
Paramètres
Gradient géothermique Température du fluide
(°C/100 m)
circulant (°C)
1à3
< 100
3 à 10
100 < T < 150
10 à 50
> 150
Séquence 3 – SN02
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Questions
Exploiter les documents 1, 2, 6b et 8 afin de construire un tableau
visualisant les différents contextes géodynamiques et leurs caractéristiques (flux thermique, gradient géothermique, morphologie, magmatisme, frontières de plaques et mouvements associés).
Le document 9 représente les sources hydrothermales au voisinage
des dorsales : expliquer les modifications subies par un gabbro GA
lorsqu’il s’éloigne de la dorsale.
Préciser ce qu’est un aquifère (document 10).
Construire un tableau afin de montrer les relations existant entre le
contexte géodynamique, le flux géothermique, le gradient géothermique et la possibilité d’exploitation géothermique (documents 2,
6b, 8, 9, 10 et 11).
En conclusion, montrer que les exploitations géothermiques ne sont pas
seulement localisées dans des zones où le flux et le gradient géothermique sont importants.
À retenir
Le flux et le gradient géothermiques varient selon le contexte géodynamique.
Le flux est très variable d’une région à l’autre :
important
à l’aplomb des dorsales océaniques (magmatisme) et des
points chauds (magmatisme),
faible
au niveau de la fosse des zones de subduction mais plus élevé au
niveau de la plaque chevauchante (magmatisme),
faible en général au-dessus des masses continentales,
plus élevé au niveau des planchers océaniques et des rifts continentaux..
Ces variations sont en relation avec la plus ou moins grande proximité en
profondeur de matériaux à haute température.
Les exploitations géothermiques actuelles sont le plus souvent associées à des zones au flux thermique important associé au magmatisme
(zones de dorsales, de subduction, de points chauds), mais aussi à des
domaines continentaux présentant des aquifères plus ou moins profonds (bassins sédimentaires, fossé d’effondrement).
Les variations du flux géothermique en relation avec le contexte géodynamique suggèrent l’existence d’une chaleur interne à l’origine de la
dynamique des plaques lithosphériques.
➥ Quelle est l’origine de la chaleur interne de la Terre ?
22
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Séquence 3 – SN02
2. L’origine du flux thermique
Activité 3
Document 12
Préciser la source principale de chaleur interne
Production de chaleur par désintégration des éléments radioactifs
présents dans les roches : 238U, 235U, 232Th, 40K
La plus grande partie de la chaleur interne de la Terre provient de la désintégration naturelle des isotopes radioactifs de certains éléments chimiques
dont sont formées les roches : en particulier 238U, 235U, 232Th, 40K.
Du fait de leurs différences de composition, les roches des différentes
enveloppes de la Terre ne contribuent pas de manière équivalente à la
libération de chaleur par radioactivité. Ainsi, le potentiel énergétique
des granites est 150 fois plus élevé que celui des péridotites et 30 fois
plus élevé que celui des basaltes océaniques.
Document 13
Une observation permettant de visualiser la radioactivité dans
une granodiorite observée au microscope (lumière naturelle w 100)
La granodiorite renferme notamment des cristaux de mica noir (biotite).
On peut observer inclus dans ces micas de petits minéraux, les zircons,
souvent entourés d’une auréole noire due à la désintégration radioactive
de U et Th qu’ils contiennent.
Séquence 3 – SN02
23
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Document 14
Contribution des différentes sources de chaleur de la Terre
à la puissance totale libérée en surface
Source de chaleur
Puissance en
térawatts (TW)
Radioactivité de la croûte continentale
6
Radioactivité du manteau dont le volume est très
important par rapport à celui de la croûte terrestre
20
Radioactivité du noyau
0à1
Chaleur initiale
12,3
Chaleur de différenciation
4,7
Total
43 à 44
La puissance libérée par la croûte océanique est négligée du fait de son
faible volume.
La chaleur initiale correspond à la libération, par suite du refroidissement des matériaux profonds, de l’énergie accumulée lors de la formation de la Terre.
La chaleur de différenciation, quant à elle, est libérée lors de la cristallisation du noyau solide aux dépens du noyau liquide.
Questions
Exploiter les documents 12 et 14 afin d’expliquer les différences
d’énergie libérée par les enveloppes terrestres.
Annoter la microphotographie du document 13 à l’aide des informa-
tions fournies dans le texte.
Effectuer un bilan qui réponde à la question posée : « Quelle est l’ori-
gine de la chaleur interne de la Terre ? »
À retenir
Le flux thermique a pour origine principale la désintégration des substances
radioactives contenues dans les roches. Du fait de son volume, c’est le manteau qui présente la puissance de libération d’énergie la plus importante.
➥ Comment la chaleur est-elle transférée de l’intérieur de la Terre
jusqu’à sa surface ?
3. La convection mantellique, un mode
de dissipation de l’énergie interne
Les études de propagation des ondes sismiques à l’intérieur du globe
montrent que le manteau est totalement solide alors que le noyau
externe, lui, est liquide. Il y a longtemps que les scientifiques considèrent que le manteau peut présenter des courants de convection, car
24
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Séquence 3 – SN02
il y a en surface un flux de chaleur, des mouvements au niveau des
plaques lithosphériques et des sorties ponctuelles de magma au niveau
des points chauds.
Activité 4
Rechercher une relation entre l’existence de zones chaudes et de zones
froides à l’intérieur du manteau et la géodynamique de surface
La structure thermique du manteau est révélée par la tomographie sismique.
Document 15
Carte des anomalies de vitesse de propagation des ondes sismiques
Les tomographies suivantes indiquent les anomalies de vitesse de propagation des ondes sismiques à une profondeur donnée (en pourcentage par rapport à la valeur normale). Les deux échelles ne sont pas identiques mais c’est le principe qui importe.
Document 15a
À 100 km de profondeur
+6%
0
-6%
Document 15b
À 2 850 km de profondeur, à la base du manteau
+ 2.25 %
0
- 2.25 %
Séquence 3 – SN02
25
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Document 16
Profil tomographique de la dorsale est-pacifique à l’Amérique du Sud
Dorsale
Est pacifique
120° long. O.
90° long. O.
Amérique
du Sud
30° long. O.
60° long. O.
400
800
1200
1600
2000
2400
2800
Profondeur
(km)
Questions
Anomalie de vitesse (%)
-1
0
+1
Exploiter le document 15a afin de montrer qu’il existe une forte corré-
lation entre la position des anomalies de vitesse et la géodynamique
en surface (document 1). Ne pas oublier de préciser à quoi correspond dans le manteau la profondeur de 100 km.
Quelles informations apporte le document 15b sur la structure ther-
mique à 2 850 km de profondeur ?
Quelle(s) question(s) peut-on se poser suite à ces deux observations ?
Quels éléments de réponse apporte le document 16.
Activité 5
Préciser les mécanismes qui permettent les transferts de chaleur
à l’intérieur du manteau
Les scientifiques ont établi que le manteau est solide et déformable.
Document 17
Deux modes de dissipation de la chaleur
On pose comme hypothèse de départ que la production de chaleur au
niveau de zones chaudes est compensée par des pertes d’égale valeur à
l’origine de zones froides.
Document 17a
La conduction : un transfert thermique de type diffusif
Dans un corps supposé non déformable, la chaleur se transmet par
conduction-diffusion, c’est-à-dire par propagation de proche en proche
de vibrations des atomes et des molécules, des zones chaudes vers les
zones froides : il n’y a pas de déplacement macroscopique de la matière.
Ce mode de transfert n’est pas envisageable pour l’ensemble du globe :
les roches, comme par exemple celles du manteau, ne sont pas assez
conductrices de la chaleur pour l’intensité du flux observée.
26
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Séquence 3 – SN02
Document 17b
La convection : une forme de transfert thermique dans
les corps déformables
Un modèle analogique de la convection thermique permet de mettre en
évidence un certain nombre de notions. On réalise le montage suivant.
Zone froide (glaçons)
qui absorbe la chaleur
Eau
Paroi isolante
o
Plaque chauffante (40°C)
qui fournit la chaleur
I
Un corps déformable se dilate quand sa température augmente et que sa
masse volumique devient alors plus faible.
Si un corps est chauffé par le bas et refroidi par le haut, la situation est
instable, ce qui entraînera la mise en mouvement macroscopique de la
matière : la matière froide et dense du haut aura tendance à descendre
et la matière chaude et un peu moins dense du bas aura tendance à
monter. C’est la convection thermique.
Les couches limites thermiques sont des couches minces où s’effectuent les échanges par conduction entre une cellule de convection et les
sources chaude et froide.
Document 18
Recherche de modèles de transfert de chaleur par convection
applicables au fonctionnement de la Terre
Le manteau étant considéré comme un corps déformable, plusieurs possibilités où la convection est impliquée sont envisageables.
Possibilité 1
Si un corps est chauffé par le bas et refroidi par le haut (zones denses en
haut, zones peu denses en bas), la situation est instable : il y a convection thermique.
Surface froide
Induction
Convection
Fond chaud
Séquence 3 – SN02
27
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Possibilité 2
Si un corps est refroidi par le haut, mais n’est pas chauffé par le bas, et
qu’il existe un chauffage interne, la matière froide du haut descend de
façon active, mais il existe peu de mouvements de remontée ; ces derniers sont passifs car ils compensent ce qui descend.
Surface froide
Remontée
passive
CHAUFFAGE
INTERNE
Fond isolé
Possibilité 3
Si un corps est refroidi par le haut, un peu chauffé par le bas et qu’il
existe un chauffage interne, la matière froide du haut descend de façon
active, les remontées sont surtout passives, mais il peut y avoir un peu
de remontées actives.
Surface froide
Remontée
passive
CHAUFFAGE
INTERNE
Descente
active
Remontée
active
Fond presque isolé mais chaud
Document 18
Modélisation analogique de la convection thermique dans le cas
d’un point chaud
Il est possible, avec un matériel simple, de réaliser un modèle analogique d’un point chaud.
Protocole à suivre
Verser
50 mL d’huile de colza (ou autre) dans un bécher (il faut un récipient transparent résistant à la chaleur, de type pyrex), puis ajouter et
mélanger 2 g de craie de couleur (verte, rouge…) réduite au préalable
en poudre.
Placer
au réfrigérateur quelque temps : cela facilitera la réalisation de
l’étape suivante.
Verser
délicatement, le long du bord du bécher incliné, 150 à 200 mL
d’huile ; elle doit rester en surface.
Placer
une bougie « chauffe-plat » sous le bécher situé sur un portoir
et l’allumer.
28
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Séquence 3 – SN02
Résultats observés
Au temps t1
Questions
Au temps t2
Au temps t3
Si un corps déformable est refroidi par le bas et chauffé par le haut,
que pourra-t-on observer ?
Compléter le document 17b à l’aide des informations du texte, en
n’oubliant pas de tracer des flèches visualisant les deux mécanismes
de transfert d’énergie. Indiquer en quoi ce modèle analogique présente au moins une différence importante par rapport aux conditions
correspondant à celles du manteau terrestre.
Quelle possibilité présentée dans le document 18 permet de prendre
en compte l’ensemble des données des activités 3, 4 et 5.
À retenir
Le transfert thermique dans la géosphère se fait par conduction essentiellement dans les zones où il y a un changement de la composition chimique
(aux interfaces noyau-manteau, manteau-croûte, croûte-atmosphère ou
hydrosphère).
Les roches étant mauvaises conductrices de la chaleur, la chaleur interne
est aussi dissipée par convection, mécanisme beaucoup plus efficace, qui
correspond à un transfert de chaleur par mouvements de matière au niveau
du manteau.
Les mouvements au sein du manteau solide et déformable sont lents, de
l’ordre de quelques centimètres par an.
➥ Quelle vision globale peut-on présenter actuellement du fonctionnement de la Terre ?
4. La Terre, machine thermique : une vision
actuelle de la tectonique des plaques
La dynamique interne de la Terre étant complexe, les modèles proposés
sont forcément simplificateurs, car ils ne reflètent que notre conception
de son fonctionnement à l’heure actuelle. Ils évolueront en fonction de
la découverte de nouvelles données.
Séquence 3 – SN02
29
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Activité 6
Document 19
Montrer qu’un modèle scientifique est une construction hypothétique
et modifiable dépendant de l’évolution des connaissances
et des techniques
Le modèle proposé par Holmes en 1931
Holmes cherche un mécanisme qui permettrait d’expliquer l’évacuation
de la chaleur interne due aux désintégrations radioactives. Il suggère que
des mouvements de convection animant le manteau terrestre seraient le
moteur de la dérive des continents de Wegener.
Il propose une convection dans le manteau analogue à la circulation
atmosphérique avec des courants ascendants au niveau de l’équateur
et descendants aux pôles.
Noyau
Manteau
Mouvement du
manteau
Document 20
Le modèle proposé par Hess en 1960
Hess attribue la mobilité des fonds marins à l’existence d’un « double
tapis roulant » au niveau des fonds océaniques, les dorsales étant la
manifestation en surface des branches ascendantes de cellules de
convection et les fosses océaniques, les témoins des branches descendantes. Les continents sont donc entraînés passivement à la surface des
cellules de convection.
Dorsale
Manteau
Noyau
Roche
froide
Document 21
Roche
Chaude
Un modèle global actuel
Les modèles actuels de la tectonique des plaques associent les données
fournies par les observations de terrains, des expériences au laboratoire, la tomographie sismique et des modélisations, comme celles de la
convection mantellique et de la subduction.
30
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Séquence 3 – SN02
Document 21a
Profil tomographique du Pacifique à l’Afrique
Les nouveautés des modèles actuels sont principalement déduites des
données de tomographie sismique.
Depth (km)
+
100
200
300
400
500
600
700
800
900
0
Séismes
Document 21b
20
40
60
80
Distance (deg)
100
120
140
—
Profil tomographique au niveau du point chaud d’Hawaï
0°
20°
20°N
670 km
Île d’Hawaii
Kilauea
19°N
156°W
–6 %
Document 21c
155°W
0
+6 %
2900 km
Un modèle prenant en compte les données connues actuellement
Les scientifiques considèrent actuellement que les plaques ne sont pas
entraînées passivement à la surface des cellules de convection mantelliques comme sur des tapis roulants, mais qu’elles prennent une part
active dans la convection.
Le modèle prend en compte un certain nombre de faits qui ne sont pas
tous présentés ici :
La tomographie sismique montre que les dorsales ne sont observables
qu’en surface (il n’y a pas de remontée chaude depuis les profondeurs)
et que les subductions s’enfoncent profondément dans le manteau.
Les
plaques qui subductent ont une vitesse de déplacement rapide
(environ 10 cm.an–1) alors que celles qui ne subductent pas ont une
vitesse lente (environ 1 cm.an–1).
Une
dorsale comme la dorsale est-pacifique, associée à des plaques
qui subductent, est une dorsale dont la vitesse d’expansion est d’environ 6 à 16 cm.an–1, alors que la dorsale atlantique, qui est associée à
des plaques qui ne présentent pas de subduction, a une vitesse d’expansion de l’ordre de 1 à 2 cm.an–1.
Séquence 3 – SN02
31
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Point chaud
Point chaud
Croûte continentale
Dorsale
Croûte océanique
Subduction
Subduction
Manteau lithosphérique
Manteau
Point chaud
ch
na
pa
e
Radioactivité
(source principale
de chaleur interne)
Dorsale
Dorsale
Couche D''
Noyau
interne
(solide)
Noyau
externe
(liquide)
Mouvements de
divergence
Questions
Panache mantellique
Manteau Lithosphère
(solide)
(solide)
Mouvements de
convergence
Volcan de point chaud
Volcan de subduction
Zone de fusion partielle
du manteau
Mouvements assurant
les transferts d'énergie
Relever dans les documents la ou les idées importantes qui ont permis
de faire évoluer le modèle du fonctionnement de la Terre de Holmes
à nos jours.
Aide
Faire un tableau présentant l’évolution des idées.
Ne pas oublier d’exploiter les profils sismiques du
document 21 afin de mettre en relation cette exploitation avec le document 21c.
Indiquer les renseignements
apportés par la tomographie
sismique.
Compléter le schéma de l’exer-
cice 5 du chapitre 1 en prenant
en compte les données du chapitre 2.
À retenir
La Terre se comporte comme une machine thermique, c’est-à-dire comme
un dispositif permettant le passage d’énergie sous forme de chaleur vers
une énergie mécanique : la chaleur terrestre est dissipée par la mise en
mouvement du manteau solide ou convection.
Le modèle actuel insiste sur l’importance des subductions. La lithosphère
océanique, au fur et à mesure qu’elle se refroidit en s’éloignant des dorsales, devient plus dense que l’asthénosphère sous-jacente et elle s’enfonce spontanément dans le manteau au niveau des subductions. C’est
surtout cette descente spontanée qui met les plaques en mouvement et
organise la convection mantellique.
Les plaques lithosphériques constitueraient les branches descendantes
froides de cellules de convection.
Les branches ascendantes pourraient être représentées par l’ascension de
panaches mantelliques sous les points chauds.
Les dorsales correspondent uniquement à des épanchements passifs
superficiels de matière dans un espace laissé libre par la divergence : les
remontées convectives qui ont lieu à l’aplomb des dorsales sont à l’origine
de la formation de magma qui contribue à l’accrétion océanique.
32
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Séquence 3 – SN02
5. Une ressource énergétique possible :
la géothermie
Comme les exemples présentés auparavant dans le chapitre le montrent,
l’énergie géothermique utilisable par l’Homme est variable d’un endroit à
l’autre. Des exploitations géothermiques sont implantées à proximité de
dorsales (Islande), de subductions (Guadeloupe, Japon, Philippines…),
de points chauds (Hawaii).
Toutes ces zones ont en commun un flux thermique important associé au
magmatisme. Cependant, la géothermie a connu ces dernières années
un développement dans d’autres zones où le flux de chaleur est faible.
➥ Comment exploite-t-on actuellement cette ressource énergétique et
quel intérêt présente-t-elle?
Activité 7
Document 22
Préciser les conditions permettant actuellement une exploitation
de l’énergie géothermique
Les différents types de géothermie
La
géothermie très basse énergie (température inférieure à 30 °C)
ayant recours aux pompes à chaleur.
La
géothermie basse énergie (température entre 30 et 150 °C).
La
géothermie moyenne et haute énergie (température supérieure à
150 °C).
Géothermie
basse énergie
Géothermie
très basse énergie
Utilisation directe
de l'eau pour alimenter
un chauffage urbain
collectif
40° C 20° C
1
Profondeur (km)
Utilisation directe
de l'eau pour
alimenter
un chauffage
de serres,
pisciculture ou
piscine
La température
de l'eau est
insuffisante.
Nécessité
d'utiliser une
pompe à chaleur
Géothermie
profonde
La température des
roches chaudes
fracturées permet de
produire de la
vapeur pour
alimenter une
centrale électrique
injection d'eau
froide
prélèvement d'eau
sont la température
est variable
15° C
roche fracturée
(exemple : granite)
2
80° C
3
4
200° C
200° C
roches sédimentaires
(exemple : sables, grès,
calcaire) pouvant jouer le
rôle d'aquifère
5
Séquence 3 – SN02
33
© Cned - Académie en ligne
Document 23
Le cadre géologique des ressources géothermiques en France
Bassins
sédimentaires
Massifs volcaniques
Aquifères superficiels
Aquifères profonds
Aquifères profonds
chauds (>70° C)
Massifs cristallins
Chaînes récentes
Source thermale
25° C < T < 80° C
Les massifs cristallins et les chaînes récentes ont des aquifères superficiels discontinus.
Des sites géothermiques en cours d’étude existent dans le fossé rhénan
à Soultz-sous-Forêts, à la Guadeloupe et à la Martinique ainsi qu’à La
Réunion.
Document 24
La géothermie dans le Bassin de Paris
Le Bassin de Paris est un bassin sédimentaire qui comporte cinq grands
aquifères dont l’aquifère contenu dans les calcaires du Dogger (Jurassique) qui s’étend sur plus de 15 000 km2, avec des températures
variant de 56 à 85 °C. Ce réservoir assure aujourd’hui le fonctionnement
de 34 installations géothermales.
À Paris, la Maison de Radio-France est chauffée et climatisée à partir
d’un prélèvement effectué dans les sables de l’Albien.
ANGERS TOURS
PARIS
ORLEANS MELUN MEAUX REIMS
VERDUN
METZ
OUEST
EST
Profondeur (m)
0
Isotherme
60° C
2000
3000
Document 25
Sables du Crétacé
(dont l'Albien)
1000
Isotherme
100° C
Calcaires du
Jurassique
Grès du Trias
La géothermie du futur : le projet de Soultz-sous-Forêts
Soultz-sous-Forêts est situé à 50 km au nord-ouest de Strasbourg
Le projet de Soultz-sous-Forêts fait partie du projet « roches chaudes fracturées ». La géothermie des roches chaudes sèches est un concept né dans
les années 1970 aux États-Unis. Le principe consiste à fragmenter en profondeur, entre 3 000 et 6 000 m, des roches chaudes par injection d’eau
sous pression et à créer un échangeur thermique profond. Par la suite, une
boucle est établie et l’eau réchauffée au contact des roches chaudes cède
son énergie à une unité de surface produisant de l’électricité.
34
© Cned - Académie en ligne
Séquence 3 – SN02
En théorie, si l’on refroidit linéairement de 20 °C un volume de roche
de l’ordre de 1 km3 par circulation d’eau, cela correspond à l’extraction
d’une quantité de chaleur équivalente à la combustion de 1,275 million
de tonnes de pétrole (environ 15 000 GWh), permettant soit d’alimenter
des réseaux de chauffage urbain, soit de produire environ 13 mW électriques pendant vingt ans sur la base d’un rendement de l’ordre de 13 %
pour une température moyenne de l’ordre de 190 °C.
Document 25a
Le cadre géologique
Les profondeurs du Moho dans la région de Soultz
30
28
29
30
Soultz-sous-Forêts
24
25
26
27 8
2
29
Frontière
Carte géologique simplifiée du fossé rhénan
Couverture
remplissage
tertiaire
du graben du Rhin
Volcanisme
tertiaire
Sédiments
secondaire
antérifts
Massif Rhénan
Franckfort
Mayence
Mannheim
Bassin
de
coupe sud
Lorraine
Soultz-sous-Forêts
Strasbourg
Socle ancien
Vosges
Sédiments
permocarbonifère
Socle
paléozolïque
Colmar
Mulhouse
Forêt
Noire
Bâle
50 km
Un graben est un fossé d’effondrement.
Séquence 3 – SN02
35
© Cned - Académie en ligne
Coupe simplifiée réalisée d’après un profil sismique
faille de Saverne
Profondeur (km)
0
Fossé Rhénan
Sédiments
10
Croûte continentale
20
30
MOHO
Croûte continentale
déformée et
métamorphisée
Manteau
lithosphérique
Document 25b
Carte européenne des températures à –5 000 m de profondeur
< 60°C
60 – 100°C
100 – 120°C
120 – 140°C
140 – 160°C
160 – 200°C
200 – 240°C
Document 25c
Le principe de la géothermie à Soultz sous-Forêts
1. Extraction de l’eau chaude du sous-sol par deux puits de production.
2. En surface, transformation par l’intermédiaire d’un échangeur thermique de l’eau chaude en vapeur pour entraîner une turbine productrice d’électricité.
3. Réinjection d’eau refroidie à 5 000 m de profondeur par le puits central.
4. Circulation d’eau dans les fractures et réchauffement au contact de la
roche chaude (200 °C).
36
© Cned - Académie en ligne
Séquence 3 – SN02
injection d'eau
froide
Profondeur (km)
0
prélèvement d'eau
sont la température
est variable
1
L'eau dans les
fractures
2
Roche fracturée
(exemple : granite)
3
Roches sédimentaires
Document 25d
4
Zones d'extraction de
l'eau chaude
5
Zone d'injection de l'eau
froide
Le principe de la stimulation hydraulique ESG (Enhanced Geothermal
System – Système géothermal amélioré)
La chaleur géothermique exploitée ici a pour principale origine la désintégration radioactive des roches profondes : le sous-sol de la région
est constitué de roches granitiques fracturées, une géologie favorable
à l’exploitation de la chaleur. Le sous-sol du site de Soultz-sous-Forêts
est composé de roches fracturées en profondeur, piégeant l’eau de pluie
qui véhiculent de la chaleur, ce qui constitue un aquifère naturel. En
circulant, l’eau géothermale déplace des particules sédimentaires qui
colmatent plus ou moins les failles existantes (1). Pour transformer ces
roches en échangeur thermique et connecter les puits ou réservoirs, il
faut rouvrir ces fractures. Cette opération est réalisable par injection
d’eau sous pression (2). L’eau fait légèrement coulisser les roches le
long de ces fractures. En relâchant la pression, les fractures ne sont plus
parfaitement imbriquées et laissent l’espace nécessaire pour faire circuler l’eau (3).
Des recherches sont effectuées actuellement dans le monde pour exploiter la chaleur des roches à plus de 3 000 m de profondeur, même s’il
n’y a pas d’aquifère naturel, en injectant de l’eau sous pression afin de
fragmenter en profondeur des roches chaudes
Nombreuses
obturations de
la fracture
1
Eau sous
pression
2
Fracture élargie
3
Séquence 3 – SN02
37
© Cned - Académie en ligne
Document 25e
Des perspectives
Si le dispositif confirme ses potentialités, le calcul montre que la mise en
exploitation géothermique d’une faible part du sous-sol de l’Alsace (3 %
de la surface sur 1 km de hauteur, entre 4,5 et 5,5 km de profondeur)
pourrait assurer une production électrique équivalente à celle d’une
dizaine de tranches nucléaires.
Sur le reste du territoire français, des conditions assez similaires se
retrouvent dans le sillon rhodanien et dans la plaine de Limagne avec
des potentiels équivalents.
Pour des informations complémentaires, il est intéressant de consulter
le site « geothermie-perspectives.fr ».
Questions
Exploiter les documents 4, 8, 9, 10 et ceux de l’activité 7 afin de préci-
ser les conditions nécessaires pour qu’il y ait une ressource géothermique exploitable.
À partir de l’exploitation du document 4 et de ceux de l’activité 7,
compléter le tableau suivant, afin de présenter les différents types de
géothermie en France.
Type de
Caractéristiques Utilisations
géothermie
du réservoir
Exemples
en France
Contexte
géologique
(document 23)
Les questions suivantes portent sur le projet de Soultz-sous-Forêts
(documents 25a, b, c, d et e) :
Indiquer quel est l’intérêt de faire de la géothermie profonde.
Justifier le choix du site alsacien de Soultz-sous-Forêts. Quel(s) autre(s)
site(s) français pourrait-on également exploiter à l’avenir ?
Comment peut-on expliquer l’importance du flux géothermique alsacien ?
Indiquer quel est le principe de la géothermie profonde et la spécifi-
cité du projet de Soultz-sous-Forêts.
Aide
Les documents exploités doivent être clairement identifiés dans le raisonnement.
À retenir
Les différentes formes d’énergie géothermique pourront présenter des
développements variés selon les régions en fonction de la connaissance
géologique de la ressource, de la nature des besoins et du niveau de maîtrise des technologies.
38
© Cned - Académie en ligne
Séquence 3 – SN02
En France métropolitaine, les recherches et les inventaires réalisés à ce
jour montrent que c’est dans le domaine de la production de chaleur pour
l’habitat et le tertiaire que le plus d’énergie peut être produit, au point de
répondre à la quasi-totalité des besoins.
Dans de nombreux pays du monde, en Amérique latine, en Asie du Sud-Est
et en Afrique de l’Est en particulier, c’est en revanche la production d’électricité qui pourrait contribuer de manière significative au bilan énergétique.
Contrairement aux énergies fossiles, la ressource géothermique est considérée comme illimitée et se trouve potentiellement partout puisqu’elle
repose sur le flux thermique terrestre. Le prélèvement éventuel d’énergie
par l’homme ne représente qu’une infime partie de ce qui est dissipé.
Séquence 3 – SN02
39
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Synthèse
Géothermie et propriétés thermiques de la Terre
L’observation des manifestations volcaniques et hydrothermales ainsi
que l’utilisation de l’énergie géothermique constituent des faits montrant qu’il existe une chaleur interne.
Le flux et le gradient géothermiques
L’émission d’énergie interne est mise en évidence par les mesures du
flux de chaleur à la surface de la Terre.
Ce flux thermique ou flux géothermique exprime la quantité de chaleur
évacuée par unité de surface et unité de temps. Il atteint la surface en
provenance des profondeurs de la Terre, il est la manifestation de la dissipation de la chaleur interne de la planète.
Le gradient géothermique mesure l’augmentation de la température
en fonction de la profondeur. Il est plus élevé dans les couches superficielles du globe et plus faible dans le manteau.
Gradients et flux varient selon le contexte géodynamique.
Le flux thermique a pour origine principale la désintégration des substances radioactives contenues dans les roches. Du fait de son volume,
c’est le manteau qui présente la puissance de libération d’énergie la
plus importante.
La convection mantellique : un mode de dissipation de l’énergie interne
La distribution du flux de chaleur n’étant pas homogène, son organisation (zones à flux très élevé et zones à flux faible) induit l’hypothèse d’un
mécanisme dynamique interne à l’origine de la dissipation de chaleur à
l’intérieur de la Terre.
Deux mécanismes de transfert thermique existent dans la Terre : la
conduction et la convection.
Le transfert thermique dans la géosphère se fait par conduction essentiellement dans les zones où il y a un changement de la composition
chimique (aux interfaces noyau-manteau, manteau-croûte, croûteatmosphère ou hydrosphère).
Les roches du manteau, mauvaises conductrices de la chaleur, sont à
l’état solide et ont un comportement plastique (ductile) qui permet
les déplacements de matière. La chaleur interne est ainsi dissipée par
40
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Séquence 3 – SN02
convection, mécanisme beaucoup plus efficace, qui correspond à un
transfert de chaleur par mouvements de matière au niveau du manteau.
Ces mouvements de convection assurent le transport de la chaleur et sa
dissipation en surface.
La Terre, machine thermique
La compréhension du transfert thermique dans la Terre permet de compléter le modèle de tectonique globale en y faisant figurer la convection
mantellique.
À l’échelle globale, le flux fort dans les dorsales est associé à la production de lithosphère nouvelle ; au contraire, les zones de subduction
présentent un flux faible associé au plongement de la lithosphère âgée
devenue froide et dense.
Deux phénomènes visualisés par la tomographie sismique de la Terre
sont de première importance et représentés dans les différents modèles
de convection à l’intérieur du manteau :
la subduction des panneaux plongeants lithosphériques qui soustrait
de la matière de la surface ;
les panaches mantelliques (points chauds) qui ramènent des matériaux profonds vers la surface.
Les déplacements verticaux (subduction et panaches) sont plus importants que les déplacements horizontaux (expansion océanique et collision par exemple). La subduction est donc un phénomène de premier
ordre pour la géodynamique de la Terre.
La Terre se comporte comme une machine thermique, c’est-à-dire comme
un dispositif permettant le passage d’énergie sous forme de chaleur vers
une énergie mécanique.
Une ressource énergétique : la géothermie
L’énergie géothermique utilisable par l’homme est variable d’un endroit
à l’autre. Des exploitations géothermiques sont implantées à proximité
de dorsales (Islande…), de subductions (Guadeloupe, Japon, Philippines…), de points chauds (Hawaii…).
Toutes ces zones ont en commun un flux thermique important associé au
magmatisme. Cependant, la géothermie a connu ces dernières années
un développement dans d’autres zones où le flux de chaleur est plus
faible, tels que des bassins sédimentaires.
Contrairement aux énergies fossiles, la ressource géothermique est considérée comme illimitée et se trouve potentiellement partout puisqu’elle
repose sur le flux thermique terrestre. Le prélèvement éventuel d’énergie
par l’homme ne représente qu’une infime partie de ce qui est dissipé.
Séquence 3 – SN02
41
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Le modèle de la tectonique globale
Radioactivité naturelle
Chaleur initiale
La Terre :
une machine
thermique
Existence de points
chauds
Magmatisme de
point chaud
Énergie thermique = énergie interne de la Terre
Énergie mécanique = convection du manteau
Mouvements de plaques lithosphériques
Flux géothermique
hétérogène de
valeur moyenne
égale à 60 mW/m2
Existence de frontières de plaques avec une activité sismique
En divergence
En convergence
EXPANSION OCÉANIQUE
SUBDUCTION COLLISION
Magmatisme
de dorsale
42
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Séquence 3 – SN02
Magmatisme
de subduction
En coulissage
FAILLES TRANSFORMANTES
Exercices
Les exercices 1, 2, 3 et 4 sont des QCM sans support ou avec un support
documentaire.
Exercice 1
Questions à choix multiples (QCM)
Pour chaque ensemble d’affirmations, relever celles qui sont correctes
et celles qui ne le sont pas. Justifier.
Flux et gradient géothermiques
a) Le gradient géothermique moyen dans la croûte continentale est de
3 °C par kilomètre.
b) Le flux géothermique est faible en général au niveau des dorsales
et plus élevé au niveau des masses continentales.
c) le gradient géothermique est plus faible dans le manteau que dans
la lithosphère.
d) Le gradient géothermique varie suivant le contexte géodynamique.
La Terre est une machine thermique
a) La chaleur interne du globe provient principalement de la désintégration des éléments radioactifs.
b) La croûte continentale, la plus concentrée en radioéléments, produit la majorité de l’énergie libérée.
c) L’énergie interne de la Terre se dissipe essentiellement par conduction.
d) La convection mantellique est un mode de transfert de chaleur qui
correspond à des mouvements de matière au sein du manteau.
e) La tomographie sismique permet de visualiser les variations de
température dans le manteau.
Un modèle actuel du fonctionnement global de la planète Terre
a) Dans la subduction, c’est la lithosphère océanique qui exerce la
force motrice principale.
b) Les points chauds correspondent à des remontées ponctuelles par
convection de magma profond.
c) Les points chauds correspondent à des remontées ponctuelles
par convection de manteau profond subissant une fusion partielle
dans les 100 derniers kilomètres.
Séquence 3 – SN02
43
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La géothermie
a) La géothermie est une énergie renouvelable car la Terre dissipe en
permanence de l’énergie provenant essentiellement du noyau.
b) Les exploitations géothermiques produisent toutes de l’électricité.
c) Une exploitation géothermique nécessite toujours la présence
d’eau circulant dans les roches à une température d’au moins
150 °C.
d) Des recherches sont effectuées actuellement pour exploiter la chaleur des roches à plus de 3 000 m de profondeur, même s’il n’y a
pas d’aquifère naturel.
e) La géothermie est une énergie renouvelable car la Terre dissipe en
permanence de l’énergie provenant en grande partie de la désintégration radioactive des roches du manteau.
Exercice 2
Le contexte géodynamique de l’Islande
Pour chaque ensemble d’affirmations, relever celles qui sont correctes
et celles qui ne le sont pas. Justifier.
L’Islande
est une île où on peut observer les effets du fonctionnement
d’une dorsale océanique et ceux d’un panache mantellique (point
chaud).
On cherche à comprendre le contexte géologique particulier de l’Islande.
Document 1
Tomographie sismique de l’Islande
La vitesse des ondes P augmente avec la rigidité des matériaux traversés. On parle d’anomalies négatives lorsque les ondes P sont ralenties
et d’anomalies positives quand elles sont accélérées. La rigidité est ellemême dépendante de la température des matériaux traversés.
Islande
Ouest
0
5
Est
10 15 20 25 30 35
250
00
0 2
0
)
r (km 0
deu 1000 50
n
o
f
0
Pro
150
Islande
–0,5%
Anomalies
négatives
44
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Séquence 3 – SN02
+0,5%
Anomalies
positives
Document 2
Utiliser le document 21a « Profil tomographique du Pacifique
à l’Afrique » afin de prendre en compte dans le raisonnement
l’anomalie sismique observable au niveau de la dorsale atlantique
en dehors de l’Islande
a) Les anomalies positives de vitesse de propagation des ondes sismiques sont à mettre en relation avec des matériaux traversés dont la
température est plus froide.
b) La tomographie sismique montre une anomalie de vitesse identifiée
jusqu’à environ 2 800 km de profondeur interprétée comme la remontée de manteau profond au niveau de la dorsale.
c) La tomographie sismique montre une anomalie de vitesse identifiée jusqu’à environ 2 800 km de profondeur interprétée comme la
remontée active d’un panache de manteau profond à l’origine du point
chaud islandais.
d) Le panache qui remonte à l’état liquide est plus chaud de quelques
centaines de degrés °C que le manteau environnant.
e) Le panache transfère de l’énergie par convection des zones profondes
du manteau vers la surface de la lithosphère.
Séquence 3 – SN02
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