L’ÉVÉNEMENT
Mercredi 28 septembre 2016
IMPACTÉS PAR LES DÉCLARATIONS DU MINISTRE IRANIEN DU PÉTROLE À L’IEF15
Les cours du baril chutent
3
Par
Reda Cadi
Après avoir amorcé une
hausse lundi dernier, les
prix du pétrole ont chuté
hier en cours d’échanges
européens, impactés par les
déclarations, hier à Alger, du
ministre iranien du Pétrole, qui a
écarté par avance tout accord de
gel de production de l’Organisa-
tion des pays exportateurs de
pétrole (Opep) lors de la réunion
informelle qu’ils tiendront
aujourd’hui à Alger en marge de
la 5eédition du Forum interna-
tional de l’énergie (IEF15),
ouvert hier, au Centre interna-
tional des conférences. Vers 12h
(10h GMT), le baril de Brent de
la mer du Nord pour livraison en
novembre valait 46,73 dollars
sur l’Intercontinental exchange
(ICE) de Londres, en baisse de
62 cents par rapport à la clôture
de lundi denier. Dans les
échanges électroniques sur le
New York mercantile exchange
(Nymex), pour la même
échéance, le baril de Light sweet
crude (WTI), une variation de
pétrole brut faisant office de
standard dans la fixation du
cours du brut et comme matière
première pour les contrats à
terme du pétrole auprès du
Nymex, diminuait de 60 cents à
45,33 dollars.
Le marché pétrolier et les
opérateurs suivaient avec atten-
tion les déclarations en prove-
nance d’Alger, où sont réunis les
ministres du pétrole et de l’é-
nergie des pays producteurs et
consommateurs, et où se tiendra
la réunion informelle de l’Opep,
avec sur la table des discussions
la recherche d’un consensus pour
réduire le sur-approvisionnement
d’or noir qui déprime les prix
depuis plus de deux ans. Mais
bien avant l’ouverture de cette
réunion, l’Iran a prévenu qu’il
n’envisageait pas un accord pour
geler la production de pétrole
lors de cet échange, ce qui a
douché les espoirs que certains
investisseurs pouvaient encore
nourrir. Pourtant, l’Arabie saou-
dite, premier producteur de
l’Opep et élément de blocage de
toute décision de réduction de la
production qu’il conditionne par
celle de l’Iran, s’est départie de
sa position radicale. En effet, le
ministre saoudien de l’Energie,
de l’Industrie et des Ressources
minières, Khaled Al-Faleh, a
affirmé, hier à Alger, en marge
de l’IEF15, que «l’Arabie saou-
dite soutient toute position qui
garantit la stabilité des prix».
Relevant un rapprochement des
vues entre les pays producteurs
Opep et non-Opep, le ministre
saoudien se dira optimiste quant
à la possibilité de rétablir l’équi-
libre du marché qui «connaît une
amélioration de jour en jour».
M. Al-Faleh citera plusieurs fac-
teurs qui confortent l’optimisme,
notamment les prévisions de
hausse de la consommation mon-
diale ainsi que les indicateurs
«positifs» sur le marché améri-
cain au cours des trois dernières
semaines. Quant à la position de
l’Arabie saoudite si des proposi-
tions de limiter l’offre sur le
marché étaient faites, Al-Faleh
dira : «Nous partageons l’avis de
tous les producteurs. Nous
approuvons l’avis qui fera
l’unanimité de tous les
producteurs. Cet avis se déga-
gera des concertations.» Mais
l’Arabie saoudite se joint à l’Iran
pour rappeler que ces discus-
sions n’étaient que consultatives.
Le ministre iranien n’a
d’ailleurs pas écarté la possibilité
ultérieure d’un tel accord, disant
«penser au mois de novembre» -
une réunion formelle de l’Opep
est prévue à Vienne le
30 novembre. Les opérateurs ont
perçu ces déclarations, notam-
ment celle du ministre iranien,
comme un report de toute déci-
sion pour un gel de la produc-
tion, encore moins une
réduction, ce qui a provoqué un
important mouvement de vente
sur le marché pétrolier. Selon
Neil Wilson, analyste chez ETX
Capital, les opérateurs devraient
désormais observer les
manœuvres des différents acteurs
du secteur d’ici à la tenue de
cette réunion formelle, d’autant
plus qu’«un progrès laissant
penser qu’un gel pourrait être
décidé d’ici à la fin de l’année»
est observé à Alger.
Les cours, qui avaient nette-
ment progressé lundi dernier, fai-
saient de surcroît l’objet de
prises de bénéfices hier, notait
Chris Todd, analyste chez Love
Energy. Au-delà de la réunion
d’Alger, «le marché va suivre les
données hebdomadaires sur les
stocks améric
ains, attendues
(aujourd’hui) et qui devr
aient
faire bouger les prix», prévenait-
il. Selon la prévision médiane
des analystes interrogés par
l’agence Bloomberg News, les
réserves de brut devraient s’être
étoffées de 3 millions de barils
lors de la semaine close le
23 septembre. R. C.
LA CROISSANCE
DES ÉCHANGES SERAIT
«LA PLUS LENTE DEPUIS
LA CRISE FINANCIÈRE»,
SELON L’OMC
Fort ralentissement
du commerce mondial
L’ORGANISATION mon-
diale du commerce (OMC) s’est
montrée, hier, pessimiste sur le
dynamisme des échanges mon-
diaux, prévenant que la croissance
du commerce sur la planète en
2016 devrait être «la plus lente
depuis la crise financière».
L’OMC prévoit une hausse de
1,7% alors qu’en avril dernier elle
anticipait une croissance du com-
merce mondial de 2,8% cette
année. «Le ralentissement impres-
sionnant de la croissance du com-
merce est grave et devrait servir
de sonnette d’alarme», s’inquiète
le directeur général de l’OMC,
Roberto Azevedo, cité dans un
communiqué. Selon les écono-
mistes de l’organisation, une
«baisse plus forte que prévu du
volume du commerce des mar-
chandises au premier trimestre
(-1,1% d’un trimestre sur l’autre)
et une reprise plus faible que
prévu au deuxième trimestre
(+0,3%)» sont la cause première et
directe de cet amollissement qui
est la conséquence du ralentisse-
ment de la croissance du produit
intérieur brut (PIB) et du com-
merce dans les économies en déve-
loppement telles que la Chine et le
Brésil, mais aussi en Amérique du
Nord. L’OMC, qui anticipe que le
PIB réel dans le monde devrait
augmenter de 2,2% en 2016, s’in-
quiète aussi de «l’affaiblissement
du rapport entre le commerce et la
croissance du PIB». Dans les
années 1990 et au début des
années 2000, le commerce mon-
dial évoluait deux fois plus vite
que la croissance du PIB. Cette
année, le volume de marchandises
échangées augmentera plus lente-
ment que le PIB mondial. «Nous
devons faire en sorte que (l’hosti-
lité et le rejet croissants à l’égard
de la mondialisation) ne se
traduise pas par des politiques
inconsidérées qui risqueraient
d’aggraver encore plus la situa-
tion», a prévenu M. Azevedo. En
effet, selon l’OMC, la torpeur des
échanges mondiaux pourrait se
prolonger en 2017 puisque l’Orga-
nisation anticipe désormais que la
croissance du commerce mondial
devrait se situer 1,8% et 3,1% au
cours de cette année prochain,
contre les 3,6% prévus auparavant.
«Depuis la publication des prévi-
sions de l’OMC en avril 2016, cer-
tains risques de ralentissement se
sont concrétisés, notamment une
période d’instabilité financière qui
a touché la Chine et d’autres éco-
nomies de marché en développe-
ment au début de l’année, mais qui
s’est apaisée depuis», justifie
l’OMC. Plusieurs signaux pointent
en faveur d’un redressement du
commerce mondial au second
semestre, dont la progression du
trafic des ports à conteneurs ou
l’augmentation des commandes à
l’exportation aux États-Unis. Mais
«plusieurs incertitudes pèsent sur
les perspectives concernant le
reste de l’année et l’année pro-
chaine», relève Le rapport qui cite
«la volatilité financière due aux
changements touchant la politique
monétaire des pays développés» et
«les effets potentiels du vote sur le
Brexit au Royaume-Uni, qui a
accru l’incertitude quant aux
futurs arrangements commerciaux
en Europe». R. C.
Photo : DR
TOUS LES REGARDS SONT BRAQUÉS SUR L’IEF15 ET LA RÉUNION DE L’OPEP
Alger au centre de l’attention des médias étrangers
Par
Adel Boucherguine
OUTRE la presse algérienne,
dans tous ses supports, qui a
consacré ses Unes, ses analyses et
éditoriaux à l’évènement, les
médias étrangers en ont fait autant
sur le 15eForum international de
l’énergie (IEF15) et, surtout, la
réunion informelle des pays
membres de l’Opep qui se tiendra
aujourd’hui, en marge de l’évène-
ment principal. Tous les regards du
monde sont braqués sur Alger. Le
très célèbre journal arabophone El
Qods El Arabi aborde la rencontre
d’Alger et met en avant les décla-
rations ministre saoudien de l’é-
nergie, Khalid Al Falih. «Nous
sommes optimistes sur les fonda-
mentaux. Le marché évolue dans la
bonne direction, plus lentement
que nous ne l’espérions il y a
quelques mois, mais les fondamen-
taux vont dans la bonne direction»,
a-t-il déclaré, rapporte ce journal.
«De ce point de vue, nous sommes
optimistes sur le marché et je
pense que le rééquilibrage est là
mais qu’il intervient plus lentement
que nous ne l’espérions». «Le prix
du baril se stabilise et le monde
scrute la réunion d’Alger», titre
l’autre journal arabophone, très
connu, El Hayat Al Arabiya.
Réputé «voix officieuse» de
l’Arabie saoudite, il fait de même
que son confrère El Qods El Arabi.
Pour sa part, Le Monde titre
«Téhéran douche tout espoir d’ac-
cord à Alger». «Il n’y aura pas
d’accord entre les pays produc-
teurs de pétrole réunis à Alger,
mercredi 28 septembre, pour exa-
miner un plafonnement de la pro-
duction, susceptible de faire
remonter le prix du baril au dessus
de 50 dollars. Et comme à Doha
(Qatar) le 17 avril, la désillusion
est venue de Téhéran. Du moins
pour ceux qui croyaient un tel
accord possible», analyse le
journal français, qui rapporte la
déclaration du ministre iranien du
pétrole, Bijan Namdar Zanganeh,
qui, dès son arrivée à Alger, a
déclaré : «Atteindre un accord en
deux jours ne figure pas sur notre
agenda.» Depuis le début
de l’année, le même scénario
se répète : l’Arabie saoudite, qui
pompe de l’or noir à des niveaux
record (près de 11 millions de
barils par jour), se dit prête à geler
sa production à condition que la
République islamique en fasse
autant. Celle-ci répond qu’elle ne
le fera pas avant d’avoir retrouvé
son niveau d’avant les sanctions
occidentales sur son programme
nucléaire (levées en 2015), de
4 millions de barils. Elle n’en pro-
duit encore que 3,6 à 3,8 millions.
A terme, l’Iran veut même
retrouver sa production d’avant la
Révolution islamique de 1979, de
6 millions de barils, analyse le spé-
cialiste en énergie Bloomberg, rap-
portant dans de longs articles les
appréciations de plusieurs ana-
lystes et ministres de l’énergie et
du pétrole des pays membres de
l’Opep. «Tous les regards tournés
vers Alger», titre lesechos.fr. Dans
son article, le journaliste revient
sur l’importance de la réunion dans
la stabilisation des prix du pétrole,
se montrant toutefois pessimiste
quant à l’issue des travaux. «Un
accord sur la limitation de la pro-
duction semble peu probable»,
écrit-il. Les pays pétroliers réunis
de manière informelle à Alger,
aujourd’hui, en marge du Forum
international de l’énergie, parvien-
dront-ils à s’entendre sur un pla-
fonnement de la production ?,
s’interroge le journal, avant de
répondre que les experts en la
matière restent sceptiques, en dépit
de quelques déclarations de bonnes
intentions. A. B.
Les principaux acteurs énergétiques se doivent
d’aboutir à un accord sur les niveaux de production
Suite de la page 1
Le ministre de l’Energie, Nouredine Bouterfa, a,
quant à lui, mis l’accent sur la nécessité de faire
avancer le dialogue énergétique pour conforter les
cours du pétrole. Il a, à ce titre, appelé les participants
au Forum qu’ils soient producteurs ou consommateurs
à trouver un consensus pour la stabilité des marchés
grâce à une offre stable qui garantisse une juste
demande. Le secrétaire général de l’IEF, Xiansheng
Sun, a souligné, lui, l’importance de ce Forum pour
lancer de nouvelles idées à travers les discussions qui
auront lieu entre les participants.
Pour rappel, après la clôture de l’IEF15,
l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep)
tiendra, aujourd’hui, une réunion informelle pour
tenter de rapprocher les points de vue entre les pays
membres dans l’espoir de rééquilibrer le marché pétro-
lier et de redresser les cours du brut. B. A.