étopia | CHinE : FaCE au dragon | 64 65 | Et lE sort dE « JEn » ?
Des études datant de 2010 ont permis de constater que 11%
d’employés supplémentaires disposaient désormais d’un contrat
écrit et que 6% se trouvaient en cours d’une procédure fondée sur
le nouveau Code du travail. Ce sont en particulier les travailleurs
migrants, qui constituaient la partie la plus vulnérable du marché
de l’emploi, qui bénécient de la nouvelle législation. Une zone
grise subsiste toutefois de manière non négligeable, puisqu’elle
constituerait 16% de la force de travail.
Le marché chinois de l’emploi est particulièrement segmenté:
environ 200 millions de travailleurs paysans ont quitté les provinces
intérieures pour aller travailler dans les provinces côtières. Leur
salaire y est nettement plus élevé que dans les campagnes – mais au
prix d’une lourde exploitation physique, sociale et même culturelle.
Ils ne disposent pas des mêmes droits que les travailleurs urbains et
n’ont pratiquement pas accès aux services sociaux tels que la garde
d’enfants, l’école, les soins de santé, le logement, etc.
Beaucoup en reviennent avec des récits d’horreur. Mais ils se sont
également frottés à la modernité et se sont acquis quelques compétences.
C’est parfois à la campagne même qu’ils montent leur propre aaire.
La politique chinoise de l’enfant unique commence à atteindre son
point de basculement démographique. La population est vieillissante
et l’aux de nouveaux travailleurs sur le marché va diminuant. La
jeune génération issue de la campagne n’est par ailleurs plus prête
à subir le même travail d’esclave que les précédentes. Ils veulent
de la ville, mais ils veulent aussi y rester et proter des avantages
de la modernité. C’est avec les images télévisées de l’Exposition de
Shanghai et des Jeux olympiques de Pékin qu’ils ont grandi.
Pour attirer des travailleurs en susance, certaines villes et provinces
côtières améliorent leurs conditions de séjour. Trente d’entre elles ont
augmenté le salaire minimum en vigueur. Les salaires minimums
Le seul pays au monde dans lequel une démarche similaire
a été menée est le Brésil. Sous la présidence de Lula, les droits
syndicaux ont en effet sensiblement progressé, notamment en
termes de droit d’initiative d’établissement d’un syndicat, de
protection des délégués syndicaux d’entreprise et de contrôle
de l’application de la législation sociale et du travail.
En Chine, c’est une population de plus de 300 millions de travailleurs
qui a désormais sans aucune équivoque droit à un contrat de travail
écrit reprenant le salaire horaire, le nombre d’heures ouvrées hebdoma-
dairement, la tarication des heures supplémentaires, et l’interdiction
des châtiments corporels. C’est donc un marché du travail formel qui
est créé. Un employeur qui ne paierait plus de salaire depuis six mois à
un travailleur migrant venu de la campagne, ne pourra plus prétendre
devant un tribunal qu’il n’a jamais entendu parler de cette personne.
La retenue sur salaire ou le non-paiement de celui-ci sont doréna-
vant considérés comme des vols. Les sanctions arbitraires et physique
sont interdites, le licenciement sans préavis ni indemnité est illégal.
L’application de cette loi a été rapide grâce à la mise en place
d’un système national de comités de médiation individuelle. Ceux-
ci donnent aux travailleurs migrants la possibilité de déposer
gratuitement plainte sans obligation de rester dans la province
où ils travaillent, ni de recourir aux services onéreux d’un avocat
du travail. Les plus de 600 000 plaintes annuelles ont démontré
l’utilité pratique du système.
Le syndicat unique chinois, l’ACFTU (All China Federation of
Trade Unions) a négocié et promu cette loi, mais n’en constitue pas
l’agent actif sur le terrain des entreprises. C’est d’ailleurs, de manière
plus générale, que son impact s’avère supérieur sur le contrôle
réglementaire au plan national que sur les entreprises elles-mêmes.