I - La naissance d`Osiris Nout, la déesse du ciel, et Sibou, le dieu de

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I - La naissance d'Osiris
Nout, la déesse du ciel, et Sibou, le dieu de la Terre, s'étaient mariés et eurent cinq enfants.
Le premier fut Osiris, qui naquit à Thèbes. Il avait un beau visage, un teint mat et foncé, il était grand : sa taille
dépassait cinq mètres. Au moment de sa naissance, on entendit une voix mystérieuse annoncer que le « maître de toutes
les choses était apparu à la lumière ». Des cris de joie s'entendirent sur toute la terre, mais bientôt après on entendit des
pleurs et des lamentations, car la voix continuant à prophétiser, annonçait que de grands malheurs attendaient le
nouveau-né.
Le deuxième jour, ce fut Harveris qui naquit et le troisième jour ce fut Seth. Le quatrième jour, ce fut Isis et le dernier
jour Nephtys. Tous étaient les enfants de Nout et les arrière-petits-enfants de Râ.
Osiris grandit, puis épousa sa sueur Isis, et lorsqu'il devint roi, elle l'aida activement dans toutes ses entreprises.
II - Les œuvres d'Osiris
En ce temps-là, les Egyptiens étaient encore à demi sauvages ; ils se dévoraient les uns les autres, ils vivaient en
mangeant les fruits de la terre quand ils les trouvaient, mais ils ne savaient pas les faire pousser eux-mêmes. A peine
étaient-ils capables de se défendre contre les bêtes fauves.
OSIRIS leur apprit à reconnaître les plantes qui pouvaient les nourrir : le lin, l'orge et la vigne qui jusque-là croissaient
pèle-mêle avec les mauvaises herbes. Il leur enseigna l'art de fabriquer une charrue pour labourer et une houe pour
travailler la terre, et il leur fit chasser le trop-plein d'eau ; il leur montra comment on sème et comment on récolte le blé
et l'orge, comment on taille la vigne. Devant les hommes émerveillés, OSIRIS pressa les grappes et il but la première
coupe de vin ! (...).
Les hommes ne savaient pas non plus que la terre renferme des richesses. OSIRIS leur apprit à reconnaître les métaux
dans leur gangue, et il leur fit travailler l'or et forger l’érain ; ils surent désormais fabriquer des armes pour tuer les bêtes
féroces, des outils pour travailler, et même, plus tard, des statues représentant les dieux.
Car OSIRIS leur apprit encore à respecter les dieux, à leur rendre un culte, il désigna tes offrandes que chacun reçoit
volontiers, régla l'ordre des cérémonies, les paroles qu'il faut prononcer, le ton et la cadence des chants ; il fit construire
les plus beaux temples et on tenta de reproduire l'image des dieux. Enfin il bâtit des villes et probablement reconstruisit
Thèbes où il était né. Avec les dieux, Osiris leur apprit les sciences (mathématiques, astronomie, etc.) et les signes qu'il
avait inventés pour noter les paroles, pour garder mieux qu'avec la mémoire les phrases et les formules auxquelles tout
obéit dans l'univers : l'écriture.
III - La mort d'Osiris
A ses côtés vivait son frère Seth. C'était un violent, de caractère jaloux, sombre et méchant. En l'absence de son frère
Osiris, parti conquérir d'autres peuples, il aurait voulu être le roi et le maître de toute l'Egypte, et Isis ne l'en avait
empêché qu'à grand' peine de se révolter.
Au retour d'Osiris, il y eut à Memphis de grandes réjouissances pour fêter le roi voyageur, juste et pacifique.
SETH saisit cette occasion pour s'emparer du trône. Comme un bon frère, il invita OSIRIS à un grand repas qu'il offrit
en son honneur, assisté de soixante-douze officiers qui lui étaient dévoués, ses complices.
Il avait pris furtivement la mesure de la taille d'OSIRIS et avait fait faire un immense coffre en bois précieux
curieusement travaillé, de la même grandeur. Il donna l'ordre d'apporter cette caisse au moment du banquet dans la salle
où étaient les convives. Tous se récrièrent avec admiration sur la beauté de l'objet.
OSIRIS à son tour s'y coucha. Aussitôt, les conjurés de l'abattre, de l'entourer, de rabattre le couvercle, de le clouer
solidement et de faire couler du plomb fondu sur les bords pour le fermer exactement, et vran ! D'un seul élan, ils le
soulevèrent, le balançèrent et l'envoyèrent dans le Nil où le courant le reçut et l'emporta jusqu'à la mer !
A la nouvelle de ce crime horrible, partout la terreur s'empara des hommes et des dieux. Bien vite, les dieux amis
d’OSIRIS se cachèrent dans des corps d'animaux pour échapper à la méchanceté de SETH qui sans nul doute leur eût
fait subir le même sort qu’à son frère s’il eût pu les atteindre.
IV - La résurrection d'Osiris
Quand elle eut rassemblé tous ces pauvres débris, la déesse ISIS appela à son aide NEPHTHYS, sa sœur et HORUS, son
fils chéri, et THOT, l'ibis, et ANUBIS, le chacal. Et ensemble, eux, les héritiers de la science d'OSIRIS, les confidents de
ses pensées. Ils trouvèrent dans les enseignements mêmes du dieu le secret de le rappeler à une vie nouvelle. Mieux
encore, ISIS inventa le "remède qui donne l'immortalité". Avec NEPHTHYS et HORUS et THOT et ANUBIS, elle
disposa les restes OSIRIS et les embauma et les transforma en une momie impérissable, capable de supporter éternellement
l'âme de ce dieu et ce fut la première des momies.
ISIS avait, au moment de ses retrouvailles, revivifié l'un après l'autre chacun des membres du dieu mutilé. Elle enveloppa
ces membres dans une figure faite de cire et d'aromates, et de terre mélangée de blé, et d'encens, et de pierres précieuses, de
la grandeur d'OSIRIS et faite à sa ressemblance.
Ensuite, elle fit sur cette figure des opérations magiques. Et ISIS et NEPHTHYS lui dirent : "Tu as repris ta tête, tu as
resserré tes chairs, on t'a rendu tes veines, tu as rassemblé tes membres"...
Avec l'aide des dieux Anubis le chacal et Thot l'ibis, celle d'Horus son fils, elle revêtit le corps d'un linceul de lin
bien ajusté, puis d'un autre linceul de lin fixé avec des bandelettes, des figures sacrées et des formules magiques. Ils
tracèrent ensuite sur les planches du cercueil et sur les murs de la chambre mortuaire des scènes de l'existence terrestre et
de la vie d'outre-tombe, en chantant des incantations pour rendre à Osiris l'usage de ses yeux pour voir, de ses oreilles pour
entendre, de sa bouche pour manger et parler, de ses mains pour agir, de ses jambes pour marcher, et ces formules sont
écrites dans le « livre de l'ouverture de la bouche ».
V - Le royaume d'Osiris
Ressuscité, Osiris aurait pu reprendre sa place parmi les Hommes, mais il préféra régner éternellement sur le royaume des
morts. Le soleil et la lune l'éclairent en même temps. Quand il fait chaud au milieu du jour, le vent du nord souffle pour
rafraîchir l'atmosphère, les moissons y sont abondantes et magnifiques. Des remparts épais protègent ce séjour des
tentatives de Seth et des esprits malfaisants. Un palais semblable à celui de pharaon mais mille fois plus beau s'y élève au
milieu de jardins délicieux. Osiris entouré des siens y mène une vie tranquille où abondent les plaisirs de la vie terrestre
sans aucune de ses douleurs.
Les portes de son paradis sont ouvertes aux âmes de ses anciens sujets fidèles, ceux qui sont les suivants d'Horus et qui ont
été bons sur la terre, pour jouir du bonheur éternel auprès du dieu qu'ils ont adoré toute leur vie humaine.
Le mythe d'Osiris, d'après Contes et légendes de l’Egypte ancienne, ed. Pocket junior.
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