L’enregistrement d’une douzaine de
vinyles, des concerts partout dans le
monde et des émissions sur France
Musique… cela ne représente qu’une
partie de son impressionnante carrière.
Fils d’un pianiste amateur hongrois ayant
quitté son pays pour la France en 1924,
André Gorog commence l’apprentissage
du piano à l’âge de six ans, et devient vite
le meilleur élève de l’école parisienne
Marguerite Long. C’est ainsi qu’à l’âge de
vingt ans, il obtient le Premier prix du
conservatoire supérieur national de Paris.
«Je ne pense pas que ce soit une bonne
chose de recevoir un tel prix si tôt dans la
vie… explique pourtant aujourd’hui André
Gorog. Je me suis par la suite rendu compte
que je devais encore énormément travailler
pour être un très bon pianiste et ne surtout
pas rester sur mes acquis.» Suite à ce
succès, il enchaîne les tournées en Europe,
en Afrique du Nord, au Canada et aux
États-Unis, et très vite sa renommée et
son talent lui valent également des invita-
tions à l’Élysée pour jouer durant les cock-
tails du président De Gaulle. Excellent
pédagogue, André Gorog est aussi depuis
plus de 30 ans professeur à l’École
normale de musique, où il transmet sa
passion à de très nombreux élèves, notam-
ment étrangers : «Parmi mes anciens
élèves, beaucoup vivent aujourd’hui de leur
instrument en tant que musicien profes-
sionnel ou professeur. Ils m’invitent réguliè-
rement dans leur pays pour donner des
concerts, c’est à chaque fois un honneur
de m’y rendre.»
Une vie rythmée
Aujourd’hui, André Gorog continue de
s’exercer au piano quotidiennement dans
sa maison du quartier des Coteaux, «pour
progresser encore». «À 76 ans, j’apprends
toujours et je suis sans doute aujourd’hui
meilleur sur certains points qu’auparavant !
J’apprends à mes élèves, mais je suis en
quelque sorte mon propre élève… Pour moi
le piano n’est qu’un objet, un moyen, ce qui
compte c’est la vie que l’on met dans une
œuvre.» Et lorsqu’on lui demande s’il a
une œuvre ou un compositeur favori, sa
réponse ne se fait pas attendre: «Il est
impossible de répondre à cette question !
Je suis en admiration devant tous ces
génies que sont Bach, Chopin, Beethoven,
Brahms… Dans cent ans, on ne se souvien-
dra pas des chanteurs actuels, alors que
Mozart existera toujours.» Mais il n’y a pas
que le piano parmi les passions d’André
Gorog, comme en témoignent les
nombreuses coupes ornant son salon:
«Je joue régulièrement au tennis et suis
même classé, ajoute ce sportif accompli.
C’est important de bouger pour se mainte-
nir en bonne santé, surtout quand on passe
son temps assis devant un piano…» Devant
un tel palmarès, le ton est donné ! n
LE CLAVIER BIEN TEMPÉRÉ
D’ANDRÉ GOROG
Le temps d’un concert donné à l’occasion d’Octobre rose il y a deux mois, le pianiste
clodoaldien a su enchanter le public du conservatoire. Rencontre avec un musicien
international et professeur émérite à l’École normale de musique de Paris.
J’apprends à mes élèves,
mais je suis en quelque
sorte mon propre élève !
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