Le rapport phosphocalcique ou rapport Ca/P de l'alimentation est primordial. Il
correspond à la proportion de calcium par rapport au phosphore. Plus ce rapport est
élevé, plus la teneur en calcium de l'aliment est élevée par rapport au phosphore.
Chez les tortues herbivores, ce rapport Ca/P de l'alimentation doit être compris entre
1,5 et 4, pour d'une part, assurer une bonne croissance squelettique et une bonne
rigidité de la carapace, et d'autre part, maintenir constantes la calcémie et la
phosphorémie sanguines. Ceci signifie que les aliments distribués doivent contenir
environ 2 à 4 fois plus de calcium que de phosphore. Or, de très nombreux végétaux
et fruits ont un rapport Ca/P inférieur à 1 (cf. tableau 1). C'est le cas, par exemple de
la laitue, de la tomate, de la carotte, de la courgette, du concombre et de la pomme,
aliment que l'on a coutume de donner en grande quantité aux tortues !
Il convient de leur distribuer plutôt des végétaux et des fruits dont le rapport
phosphocalcique est supérieur à 1,5 (cf. tableau 2). Une alimentation trop riche en
phosphore et carencée en calcium aboutit rapidement à une maladie osseuse très
grave appelée ostéofibrose nutritionnelle, et à des troubles de la reproduction.
Un apport suffisant de vitamine A (rétinol) dans la ration est également à prendre en
considération, même si les tortues terrestres semblent moins sensibles que les
tortues aquatiques à l'hypovitaminose A. Or, il s'avère que les aliments préconisés
dans le tableau 2 sont des végétaux très riches en vitamine A. Ils présentent donc un
double avantage : celui d'être riches en calcium et celui d'être riches en vitamine A !
Une carence en vitamine A se manifeste chez les tortues herbivores par l'apparition
de problèmes cutanés, oculaires, gingivaux, hépatiques, rénaux et respiratoires.
Plusieurs études tendent à prouver que l'hypovitaminose A pourrait être un des
facteurs prédisposants du syndrome de rhinite infectieuse ("runny nose syndrome"),
malheureusement bien connu des chéloniophiles.
Alimentation à fournir en captivité
A la lumière des différents besoins nutritionnels envisagés précédemment et après
lecture des tableaux 1 et 2, il apparaît que les principaux aliments devant être
distribués en quantité prépondérante dans la ration sont les suivants : Feuilles et
fleurs de pissenlit, endives, romaine, cresson, luzerne, feuilles et fleurs de
trèfle, chou (feuilles vertes plutôt que blanches), épinards, kiwi, mangue,
papaye, figue fraîche, orange, céleri en branches, blettes, feuilles de betterave,
feuilles de brocoli (éviter les fleurs), feuilles de navet, feuilles et fleurs
d'hibiscus, feuilles de mûrier, cactées et plantes grasses.
Attention !
Ces aliments naturellement riches en calcium, ne favorisent une croissance optimale
des juvéniles et une bonne calcification de la carapace que si les tortues bénéficient
régulièrement d'exposition à des rayons ultraviolets B (lumière naturelle en
enclos extérieur ou tubes lumineux spécifiques à spectre UVB en terrarium). Ces
ultraviolets leur permettent de synthétiser de la vitamine D3, indispensable à
l'absorption intestinale du calcium.
Quant aux végétaux, fruits et invertébrés énumérés ci-dessous (pauvres en calcium),
ils ne sont pas à proscrire de l'alimentation bien entendu, mais ils doivent seulement
compléter une ration établie à partir d'un mélange des aliments de la liste précédente