On peut définir la normalité d'un phénomène comme un effet mécaniquement nécessaire de sa condition ou comme un moyen permettant aux organisme de s'y adapter. Aussi,
cette définition est nécessaire car elle permet de mieux reconnaitre dans quels cas il convient de les modifier en les appliquant et dans quels sens. Elle devient également
nécessaire dans les périodes de transition, c'est-à-dire quand toute l'espèce évolue sans se dirriger vers une nouvelle forme fixée.
D'autre part, il est nécessaire de classer les faits en normaux et anormaux afin de pouvoir déterminer le domaine de la physiologie et celui de la pathologie. Ensuite, c'est par
rapport au type normal qu'un fait doit être trouvé utile ou nécessaire pour pouvoir être lui-même qualifié de normal. Sinon, il serait possible de confondre maladie et santé
puiqu'elle dérive de l'organisme qui en est atteint. Aussi, il faut que tout ce qui est utile soit normal.
On peut retenir les trois règles suivantes:
1°) Un fait social est normal pour un type social déterminé, considéré à une phase déterminée de son développement, quand il se produit dans la moyenne des sociétés de cette
espèce, considérées à la phase correspondante de son évolution.
2°) On peut vérifier les résultats de la méthode précédente en faisant voir que la généralité du phénomène tient aux conditions générales de la vie collective dans le type social
considéré.
3°) Cette vérification est nécessaire, quand ce fait se rapporte à une espèce sociale qui n'a pas encore accompli son évolution intégrale.
III)
Certains phénomènes sociaux peuvent être considérés normaux en sociologie alors que l'on serait plutôt tenté de les catégorier de pathologique (le crime, par exemple). Ceci
révèle une fois encore que la sociologie nécessite de se couper de toute idée préconçue et de retourner à l'observation des faits mêmes. En effet, comme on le voit dans le cas
du crime, un fait social qu'on aurait tendance à juger pathologique se retrouve parfois dans toutes les sociétés. Apparaissant étroitement liée aux condition de toute vie
collective, le crime ne peut être caractérisé de pathologique sauf dans le cas où il atteint un taux exagéré qui traduirait plus la morbidité que la normalité. Classer le crime
comme fait social normal permet de reconnaitre son caractère inévitable mais aussi d'affirmer qu'il est un facteur de la santé publique, une partie nécessaire à toute société
saine.
Chapitre IV: Règles relatives à la construction des types sociaux:
Un fait social ne pouvant être qualifié de normal ou d'anormal que par rapport à une espèce sociale déterminée, il est nécessaire qu'une partie de la sociologie soit consacrée à
la constitution de ces espèces et à leur classification. La notion d'espèce social trouve le juste milieu entre le nominalisme de l'historien et le réalisme extrème des philosophe,
et permet ainsi de s'abroger de toute représentation idéologique, abstraite.
I)
Il est impossible de déterminer tout les caractères propres à un individus car infinis. Or, pour comparer chaque société, il faut comparer les espèces sociales qui ne sont en fait
que le résummé des individus. Ainsi, il apparait allors que toute classification est impossible. De plus, même si elle l'était, elle ne rendrait pas les services qui en sont sa raison
d'être. En effet, elle doit abbréger le travail scientifique en substituant la multiplicité indéfinie des individus à un nombre restreint de types. Mais pour constituer ces types, il a
été nécessaire de passer tous les individus en revue. Ainsi, elle ne ferait que résumer les recherches déjà faites. Aussi, cette classification ne peut être utile que si elle donne
des cadres pour les études des faits futures. Et donc, pour cela, elle doit être faite non à partir d'un inventaire complet de tous les caractères individuels mais à partir de
quelques uns bien définis.
Aussi, on pourrait appeler morphologie sociale la partie de la sociologie qui a pour tâche de constituer et de classer des types sociaux puisqu'ils sont d'ordre morphologique.
II)
Une société simple désigne toute société qui n'en renferme pas d'autres, plus simples qu'elle et que l'on pourrait qualifier de “horde”. C'est un agrégat social qui ne comprendet
n'a jamais compris quelqu'autre agrégat plus élémentaire.
Principe de classification: “On commencera par classer les sociétés d'après le degré de composition qu'elles présentent, en prenant pour base la société parfaitement simple ou
à sens unique; à l'intérieur de ces classes, on distinguera des variétés différentes suivant qu'il se produit ou non une coalescence complète des segments initiaux.”.
III)
Les sociétés ne sont donc que des combinaisons d'une société originelle. Aussi, ces combinaisons possibles existent en nombre fini et donc, par la suite, elles doivent se
répéter. Cela justifie donc l'existence des espèces sociales.
Chapitre V: Règles relatives à l'explication des faits sociaux:
I)
En expliquant la formation de la société par les avantages qui résultent de la coopération, l'institution du gouvernement par l'utilité qu'il y a à régulariser la coopération
militaire, les transformation par lesquelles a passé la famille par le besoin de concilier de plus en plus parfaitement les intérêts des parents, des enfants et de la société, M.
Spencer confond faire voir à quoi un fait est utile et expliquer comment il est ce qu'il est. En effet, si les propriétés qui le caractérisent permettent ses emplois, elles ne le créent
pas. Aussi, un fait peut exister sans servir à rien. L'organe est indépendant de la fonction, ce qui signifie que les causes qui le définissent sont indépendantes des fins
auxquelles il sert.
Les vtendances, les besoins, les désirs des hommes ont une certaine influence, reconnue par tous, dans l'évolution sociale. Aussi, celles-ci se déterminent indépendamment de
notre volonté. Ainsi, elle ne peut générer de phénomènes nouveaux que si elle-même est nouvelle.
Si l'on peut penser dans un premier qu'il existe une infinité de faits sociaux et une diversité de comportements chez les individus et dans la société, en vérité, dans la pratique
des faits sociaux, on peut observer une certaine régularité. Ils sont même représentatifs d'un certain état social. Aussi, cette généralité des formes collectives ne pourrait être
expliquée si l'on accordaient aux causes finales en sociologie un état prépondérant.
Ainsi, quand on entreprend d'expliquer un phénomène social, il faut trouver et différencier la cause efficiente qui le produit et la fonction qu'il remplit et de la traiter après la
cause efficiente, afin d'y faire correspondre l'odre réel et de les traiter plus facilement. Aussi, il est nécessaire de déterminer la présence ou non d'une correspondance entre le
fait considéré et les besoins généraux de l'organisme social et la consistance de cette correspondance sans se préoccuper de savoir si elle a été intentionnelle ou non. Aussi, ces
question ayant une certain subjectivité ne peuvent être traitées scientifiquement.
Un fait, pour se maintenir, doit être utile, sinon, la vie sociale serait impossible car elle coûterait plus aux individus qu'elle ne leur rapporte.
II)
La méthode d'explication sociologique est finaliste et souvent psychologique.Ces deux tendances sont souvent complémentaires. Si la société n'est qu'un système de moyens
institués par les hommes en vue de certaines fins, celles-ci ne peuvent être qu'individuelles puisque, sans la société, reste l'individu.Cette dernière repose donc sur lui. Aussi,
les lois sociologiques ne pourront être qu'un corrolaire des lois plus générale de la psychologie laissant transparaitre les consciences individuelles dans la société. Si la
psychologie ne peut suffire comme prémisses au raisonnement sociologique, elle permet seulement d'éprouver la validité des propositions inductivement établies, comme le
développe Auguste Comte et M. Spencer.
Cependant, cette méthode dénature les phénomènes sociologiques. En effet, si, comme M. Spencer le développe, leur caractéristique essentielle consiste dans le pouvoir qu'ils
ont d'exercer, du dehors, une pression sur les consciences individuelles, c'est qu'ils n'en dérivent pas et donc la sociologie ne peut découler de la psychologie. L'individu ne
découle donc pas des conscience individuelles. Aussi, c'est dans la nature-même de la société qu'il faut expliquer la vie sociale. Elle dépasse l'individu dans le temps et dans
l'espace, elle est donc capable de lui imposer les manières d'agir et de penser. Cette pression est d'ailleurs le signe distinctif des faits sociaux.
La société n'est pas une simple somme d'individus mais un système résultant de leur association représentant une réalité spécifique qui a ses caractères propres. La vie sociale
résulte de la combinaison des consciences individuelles. Le groupe pense, sent et agit tout autrement que ne le feraient ses membres isolément. Ainsi, psychologie et
sociologie ont deux substrats différents. Ainsi, toutes les fois qu'un phénomène social est directement expliqué par un phénomène psychique, on peut être assuré que
l'explication est fausse.
Toutes les sociétés découlent d'une société. Ainsi, dans tout le cours de l'évolution sociale, il n'y a jamais eu de débat sur l'existence et le choix de la vie collective. La
sociologie ne fait cependant pas abstraction de l'homme et de ses facultés qui contribuent à l'élaboration de la vie sociale.
Il est impossible d'affirmer une tendance à la sociabilité comme instinct congénital des individus. En effet, elle résulte de la vie sociale.