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I
REPÈRES Collections de ressources biologiques humaines
Les collections, grands instruments
de la recherche biomédicale
Rassembler des objets pour leur valeur documentaire est
une pratique scientifique ancienne. En recherche médicale,
l’approche globale du malade s’est enrichie d’une étude
plus focalisée sur ses tissus et ses cellules. Il faut pour cela
disposer d’éléments détachés du corps humain. Vont ainsi
se constituer des collections de matériel biologique humain
rare et précieux. Le défi est d’associer des échantillons
biologiques de faible volume au grand nombre d’informa-
tions décrivant l’état de santé du donneur, informations
sans lesquelles le matériel biologique est de peu d’intérêt.
De plus ces collections doivent s’inscrire dans la durée et
être accessibles aux scientifiques pour permettre leur
valorisation.
De la collecte de données à la collection
d’échantillons biologiques…
À l’origine, des collections ont été constituées notamment
par les épidémiologistes, les anatomopathologistes et les
généticiens des populations.
Les bases de l’épidémiologie descriptive, jetées à l’aube du
XX
e
siècle, avec notamment la création de premiers registres
recensant les cas de maladies par zone géographique,
préfigurent les grands registres actuels (cancer…). Après-
guerre apparaissent les premières études de cohortes,telles
que celle conduite auprès de 5 000 résidents de la ville
de Framingham (États-Unis) dans le domaine cardio-
vasculaire. Les participants à cette cohorte se prêtent à un
questionnaire, à un examen clinique détaillé, à un électro-
cardiogramme… Mais également à un prélèvement de sang,
collecté pour des mesures de paramètres tels que le taux de
cholestérol sanguin.C’est le début,pour les épidémiologistes,
des collections d’éléments biologiques à grande échelle.
Par ailleurs, depuis longtemps, les anatomopathologistes
réservaient des pièces opératoires pour affiner le diagnostic
et participer à des recherches médicales.Avec les progrès de
la biologie, l’étude des marqueurs biologiques devient
une étape majeure. Elle répond à de nombreux besoins,
qu’il s’agisse de caractériser une pathologie, de repérer
ses signes précoces, d’évaluer l’exposition à des facteurs
environnementaux ou alimentaires, de rechercher des
facteurs de susceptibilité, en particulier génétiques…
La mise en place d’une collection qui associe échantillons
biologiques (sang, tissus, urine, ADN...) à une description
clinique des personnes prélevées se révèle un instrument
puissant pour comparer les statuts biologiques avant et après
la déclaration d’une pathologie, analyser les évolutions des
différents paramètres ou tester des hypothèses nouvelles
sur des prélèvements anciens.
L’essor des collections dans un contexte
d’avancées scientifiques
Ces dernières années,les activités de stockage d’échantillons
biologiques se sont beaucoup amplifiées grâce à deux
évolutions majeures pour la recherche biomédicale : les
formidables développements de l’informatique (puissance
de calcul, capacité de stockage) et les nouvelles techniques
de biologie moléculaire. Ainsi l’amplification par PCR
(Polymerase Chain Reaction) de l’ADN présent dans les
échantillons permet de compenser la petite taille de
l’échantillon pour détecter des mutations.
La qualité des études dépend largement des données
associées aux échantillons : informations personnelles (âge,
Au fil de l’histoire, les collections de ressources biologiques humaines se
sont affirmées comme des outils incontournables en recherche biomédicale…
Plus récemment, un changement d’échelle et une professionnalisation des
collections se sont amorcés avec les avancées de la génétique et de la bio-
informatique. Cette mutation dans les outils mis à disposition de la recherche
biomédicale suscite une vaste réflexion éthique et juridique…
INSERM U508, U558, U258
PRIME EN BANQUE ET INFARCTUS
Les centres français de Lille, Strasbourg, Toulouse, puis Paris,
impliqués dans le programme européen Monica de surveillance
des maladies cardiovasculaires, mené sous l’égide de l’Organisation
mondiale de la santé, se sont associés au centre de Belfast (Irlande
du Nord) pour une étude prospective sur l’infarctus du myocarde :
l’étude Prime. Une cohorte de 10000 hommes âgés de 50 à 59 ans,
a priori sains, a été constituée de 1991 à 1993. Coordonnée à Lille par
l’équipe de Philippe Amouyel (U508 Inserm, Institut Pasteur), la banque
comporte 240000 échantillons de plasma et de sérum, l’ADN ayant
été extrait sur une partie de la banque. Différents paramètres sont
analysés en liaison avec les événements cardiovasculaires : fractions
lipidiques, facteurs de coagulation, interleukines, marqueurs génétiques,
antioxydants et vitamines, hormones, paramètres de la glycémie.
Le suivi sur cinq ans a confirmé le rôle de l’inflammation dans les
maladies coronaires. L’analyse sur dix ans devait être validée fin 2004.
ÉPIDÉMIOLOGIE
Analyse quantitative des
circonstances d’apparition
de pathologies dans
des groupes de population;
étude des facteurs
qui interviennent
dans leur incidence,
leur distribution et
leur évolution, et mise
en œuvre de ce savoir
dans la prévention et
dans la prise en charge.
REGISTRE
Recueil continu, exhaustif,
des cas standardisés
d’une maladie dans une
ère géographique définie.
COHORTE
Ensemble de personnes
incluses en même temps
dans une étude et qui
vont être suivies pendant
plusieurs années.
Étude prospective,
programmée dans le
temps qui vise à évaluer
l’évolution de l’état de
santé d’une population
par le suivi de paramètres
cliniques ou biologiques,
avec ou sans intervention,
avant et après l’apparition
de pathologies.