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ECOLE POLYTECHNIQUE – ´
ECOLES NORMALES SUP´
ERIEURES
SUJET ZERO — NOUVEAUX PROGRAMMES FILI`
ERE MP OPTION INFO
COMPOSITION D’INFORMATIQUE – A – (XULCR)
(Dur´ee : 4 heures)
L’utilisation des calculatrices n’est pas autoris´ee pour cette ´epreuve.
Le langage de programmation est Caml Light.
? ? ?
Commentaire. Ce sujet n’a pas vocation `a tomber au concours. Il s’agit d’un “sujet z´ero” dont
l’objectif est d’illustrer les programmes entrant en vigueur en classe de math´ematiques sp´eciales
`a la rentr´ee 2014. `
A ce titre, l’accent a ´et´e mis sur les aspects les plus nouveaux du programme, `a
savoir la th´eorie des graphes en informatique, et incidemment les probabilit´es en math´ematiques.
On insiste sur le fait que ce sujet est significativement plus long et moins progressif qu’un sujet
susceptible de tomber au concours.
Arbres couvrants de poids minimum
L’objet de ce sujet est l’´etude du probl`eme de l’arbre couvrant de poids minimum, un
probl`eme fondamental d’optimisation combinatoire apparaissant dans de multiples contextes,
en particulier dans l’´etude et la r´ealisation de r´eseaux.
Voici un exemple d’application qui donne une id´ee des probl`emes concern´es. On souhaite
relier les villes de Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Paris, et Toulouse par un nouveau type de
fibre optique. Les nouveaux cables ne peuvent ˆetre enterr´es que dans des tranch´ees d´ej`a creus´ees
entre les diff´erentes villes (voir Figure 1, o`u les nombres sur les arˆetes repr´esentent la longueur
des tranch´ees en kilom`etres). Le probl`eme est de d´eterminer dans quelles tranch´ees enterrer
les cables de mani`ere `a ce que toutes les villes soient reli´ees, tout en minimisant le coˆut de
l’installation (qui d´epend lin´eairement de la longueur de cable utilis´ee). Le r´eseau des tranch´ees
d´ej`a creus´ees se moelise naturellement par un graphe non-oriene avec des poids sur les arˆetes
(´egaux `a la longueur des tranch´ees). L’objet que l’on recherche est un sous-graphe connexe dont
le poids (´egal `a la somme des poids des arˆetes) est minimum.
???
La complexit´e, ou le coˆut, d’un programme P(fonction ou proedure) est le nombre
1
220
Lille
Lyon
Marseille
Toulouse
Bordeaux
691
405
Paris
677
463
314
539
246
583
Figure 1: Les liaisons possibles entre les diff´erentes villes.
d’op´erations ´el´ementaires (addition, soustraction, multiplication, division, affectation, compara-
ison, etc...) ecessaires `a l’ex´ecution de P. Lorsque cette complexit´e d´epend d’un param`etre n,
on dira que Pa une complexit´e en O(f(n)), s’il existe K > 0 tel que la complexit´e de P
est au plus Kf(n), pour tout n. Lorsqu’il est demand´e de garantir une certaine complexit´e, le
candidat devra justifier cette derni`ere.
Les parties peuvent ˆetre trait´ees ind´ependamment. N´eanmoins, chaque partie utilise des
notations et des fonctions introduites dans les parties pr´ec´edentes.
Partie I. Impl´ementation des graphes
Quand Vest un ensemble, on note V
2l’ensemble de tous les sous-ensembles de Vde
cardinal 2. Formellement, V
2={{x, y} | x, y Vet x6=y}. Un graphe (non-orient´e) est une
paire G= (V, E) telle que Vest un ensemble fini d’´el´ements appel´es sommets de G, et E
est un sous-ensemble de V
2. Les ´el´ements de Esont appel´es arˆetes de G. Pour all´eger les
notations, on notera xy au lieu de {x, y}.
Dans ce sujet, on consid`ere qu’`a chaque arˆete est associ´e un poids entier strictement posi-
tif. En Caml, on prendra comme ensemble de sommets {0,1, . . . , n 1}, o`u n=|V|, et on
repr´esentera le graphe sous la forme de sa matrice d’adjacence, dans laquelle la case i, j contient
0 si iet jne sont pas adjacents, et le poids de l’arˆete ij sinon. Voici par exemple le graphe
de la Figure 1 sous cette forme (apr`es renommage de Lille, Paris, Lyon, Bordeaux, Toulouse, et
Marseille en 0, 1, 2, 3, 4, et 5, respectivement).
let grapheEx=
[|[|0;220;691;0;0;0|];
[|220;0;463;583;677;0|];
[|691;463;0;0;458;314|];
[|0;583;0;0;246;0|];
[|0;677;458;246;0;405|];
[|0;0;314;0;405;0|]|];;
Il sera ´egalement pratique de consid´erer chaque arˆete ij d’un graphe pond´er´e comme un
triplet (i, j, pij ), o`u pij est le poids de l’arˆete ij. Voici la liste des arˆetes du graphe de la Figure 1
sous cette forme.
2
[ (0, 1, 220); (3, 4, 246); (2, 5, 314); (4, 5, 405);
(2, 4, 458); (1, 2, 463); (1, 3, 583); (1, 4, 677); (0, 2, 691) ];
Question 1 Impl´ementer en Caml une fonction qui prend un graphe pond´er´e sous forme
matricielle, et renvoie la liste de ses arˆetes sous forme de triplets (i, j, pij ), o`u iet jsont deux
sommets adjacents et pij est le poids de l’arˆete ij.
(* Caml *) liste_aretes : int vect vect -> (int * int * int) list
Solution `a la question 1.
let liste_aretes g=
let l=ref [] in
for i=0 to vect_length g-1 do
for j=i+1 to vect_length g-1 do
if g.(i).(j) <> 0 then l:=(i,j,g.(i).(j))::(!l) done done;
!l;;
Question 2 En utilisant le tri fusion, impl´ementer en Caml une fonction qui prend un graphe
pond´er´e sous forme matricielle, et renvoie la liste de ses arˆetes (sous la mˆeme forme que dans la
question pr´ec´edente) tri´ees par ordre croissant de poids.
(* Caml *) liste_aretes_triees : int vect vect -> (int * int * int) list
Solution `a la question 2. C’est une question de cours. Il faut juste faire attention `a ce que
la comparaison entre deux triplets se fasse en regardant le troisi`eme ´el´ement de chaque triplet
(i.e. le poids de l’arˆete correspondante).
let rec division=function
| [] -> [],[];
| [x] -> [x],[];
| x::y::l -> let (a,b)=division l in (x::a),(y::b);;
let rec fusion=function
| [], l -> l;
| l, [] -> l;
| (x::l1), (y::l2) -> let (_,_,p)=x and (_,_,q)=y in
if p < q then x::(fusion (l1, (y::l2)))
3
else y::(fusion ((x::l1), l2));;
let rec tri_fusion=function
| [] -> [];
| [x] -> [x];
| l -> let (l1,l2)=division l in fusion (tri_fusion l1,tri_fusion l2);;
let liste_aretes_triees g=
tri_fusion (liste_aretes g);;
Partie II. Pr´eliminaires sur les arbres
Un graphe G0= (V0, E0) est un sous-graphe de G= (V, E) si V0Vet E0E. Quand
xy E, on dit que xet ysont adjacents. Pour k1, un chemin de Gest une suite de
sommets deux `a deux distincts x1. . . xktelle que pour tout 1 i < k on a xixi+1 E. Les
sommets x1et xksont appel´es les extr´emit´es du chemin. On dit que le chemin relie x1`a xk.
Le chemin passe par les sommets x1, . . . , xk, et par les arˆetes x1x2, . . . , xk1xk.
Pour k2, un cycle de Gest une suite de k+ 1 sommets x1. . . xkxk+1 telle que x1=xk+1,
les sommets x1, . . . , xksont deux `a deux distincts, pour tout 1 i<kon a xixi+1 Eet
x1xkE. Le cycle passe par les sommets x1, . . . , xk, et par les arˆetes x1x2, . . . , xk1xk,xkx1.
Un graphe G= (V, E) est connexe si pour toute paire de sommets x, y de G, il existe
un chemin reliant x`a y. Un sous-ensemble Xde Vest une composante connexe de Gsi le
sous-graphe
(X, {xy |x, y Xet xy E})
est connexe, et si Xest maximal pour l’inclusion avec cette propri´et´e. On rappelle un r´esultat
classique : pour tout graphe G= (V, E), les composantes connexes de Gforment une partition de
V. En effet, chaque composante connexe est une classe d’´equivalence de la relation d’´equivalence
d´efinie par : uvsi et seulement s’il existe un chemin de u`a vdans G.
On appelle arbre au sens des graphes tout graphe connexe qui ne contient aucun cycle.
Nous attirons l’attention sur le fait que dans un arbre au sens des graphes, aucun sommet n’est
privil´egi´e : il n’y a pas de racine, ou de notion d’ancˆetre, de p`ere, de fils, etc. Dans la suite du
sujet, on ´ecrira simplement arbre par souci de bri`evet´e.
Commentaire. Les notations en th´eorie des graphes ne sont pas toujours aussi standardis´ees
que dans d’autres domaines des math´ematiques, surtout en fran¸cais. Plusieurs ouvrages utilisent
“chaˆıne ´el´ementaire” l`a o`u nous disons “chemin” et “graphe partiel” l`a o`u nous disons “sous-
graphe” par exemple.
Le vocabulaire pr´esent´e ici et la d´efinition pr´ecise des graphes donn´ee ici, n’ont pas vocation `a
ˆetre standards. Il est attendu des candidats qu’ils s’adaptent rapidement aux notations convenant
au probl`eme particulier ´etudi´e dans le sujet.
4
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Etant donn´e un graphe G= (V, E), et deux sommets u, v non adjacents dans G, on note
G+uv le graphe G0= (V, E ∪ {uv}), c’est-`a-dire le graphe obtenu `a partir de Gen ajoutant
une arˆete entre uet v. De mani`ere similaire, si uet vsont adjacents dans G, on note Guv
le graphe G0= (V, E \ {uv}), c’est-`a-dire le graphe obtenu `a partir de Gen supprimant l’arˆete
entre uet v.
Question 3 Soit Gun graphe, et u6=vdeux sommets non adjacents de G. Montrer que l’un
et seulement l’un des deux cas suivants se produit :
(i) uet vsont dans deux composantes connexes distinctes de G,G+uv poss`ede une composante
connexe de moins que G, et aucun cycle de G+uv ne passe par l’arˆete uv.
(ii) uet vsont dans la mˆeme composante connexe de G,G+uv et Gont le mˆeme nombre de
composantes connexes, et G+uv poss`ede un cycle qui passe par l’arˆete uv.
Solution `a la question 3. Soient C1, . . . , Ckles composantes connexes de G. Supposons
que uet vsont dans deux composantes connexes distinctes Ciet Cj, alors, `a cause de l’arˆete
uv,CiCjest une composante connexe de G+uv. En effet, soient xet ydeux sommets de
CiCj. Si x, y Cialors, comme Ciest une composante connexe, il existe un chemin reliant
x`a y. De mˆeme si x, y Cj. Pour le cas o`u xCiet yCjalors il existe, dans G+uv un
chemin de x`a yqui passe de x`a u(car Ciest une composant connexe de G) puis de u`a vvia
la nouvelle arˆete uv puis de v`a y(car Cjest une composant connexe de G). Pour prouver que
CiCjest une composante connexe de G+uv il reste donc `a prouver sa maximalit´e pour la
relation d’inclusion. Pour cela on raisonne par l’absurde et on suppose qu’il existe un sommet
dans V\(CiCj) qui est dans la mˆeme composante connexe que CiCjdans G+uv. Alors
en particulier il existe un sommet zV\(CiCj) qui est adjacent `a un sommet de CiCj
dans G+uv. Cela implique que zest adjacent `a un sommet de CiCjdans Get contredit
la maximalit´e de Ciet Cj. Comme pour tout i0∈ {1, . . . , k}distinct de iet j,Ci0est une
composante connexe de G+uv, le nombre de composantes connexes de G+uv est le nombre de
composantes de Gdiminu´e de 1. En revanche si uet vsont dans la mˆeme composante connexe
Cide G, alors les composantes connexes de Gsont les mˆemes que celles de G+uv.
Il reste `a remarquer qu’un cycle de G+uv passe par l’arˆete uv si et seulement s’il existe un
chemin entre uet vdans G. C’est ´equivalent au fait que les sommets uet vsont dans la mˆeme
composante connexe de G.
Question 4 Soit G= (V, E) un graphe `a nsommets. Montrer que les six conditions suivantes
sont ´equivalentes (indication : il est conseile de consid´erer les marˆetes e1, . . . , emde G, puis de
construire G`a partir du graphe G0= (V, )en posant pour tout i∈ {1, . . . , m},Gi=Gi1+ei
et en posant G=Gm).
(i) Gest un arbre (autrement dit, Gest connexe et sans cycle).
(ii) Gest sans cycle et poss`ede n1 arˆetes.
(iii) Gest connexe et poss`ede n1 arˆetes.
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