Juin 2011 | Numéro 31 | Bureau de dépôt: Bruxelles X Dossier R.O.I. Radio Overall Impact Les tablets PC, une opportunité pour les magazines ? Les atouts du Pre-Roll ou comment conjuguer exposition et mémorisation Télévision numérique : appuyez sur PAUSE Backstage | Numéro 31 | Juin 2011 1 Sommaire Dossier R.O.I. Radio Overall Impact La communication média est un investissement ! L’annonceur en veut pour son argent et réfléchit en termes de « R.O.I. » ; il veut pouvoir mesurer les effets de sa campagne. L’efficacité est donc au centre de toutes les préoccupations, en radio comme dans les autres médias. Mais l’impact publicitaire ne se limite pas à l’évaluation des scores de rappel ou de reconnaissance : il se décline dans les chiffres de vente, mais également dans notre inconscient et nos émotions qui conditionnent nos décisions d’achat. Quand les FMCG font de la radio, le mélange est en général savoureux et efficace. La pratique démontre des résultats positifs, pour le plus grand plaisir des annonceurs du secteur qui ont fait le choix d’une campagne radio. C’est ce que nous prouvent en tout cas le RAB en Grande-Bretagne et, chez nous, le cas Chokotoff. Focus Les tablets PC, une opportunité pour les magazines ? 10 Les atouts du Pre-Roll ou comment conjuguer exposition et mémorisation 12 The Silent Click : la force d’une marque intégrée dans un contenu qui se démarque 13 Télévision numérique : appuyez sur PAUSE 15 Pink Lady ou l’itinéraire d’une commodity brandée 18 Prototype d’une campagne TV en 2010 20 iloveradioadvertising.be : nouvelles fonctionnalités 24 Book : Marketing 3.0 : En phase avec le client 25 Philip Kotler, Hermawan Kartajaya et Iwan Setiawan Editeur responsable Freddy Tacheny Rédaction Rédacteur en chef Marco Marini Réalisation Isabelle Joris Contributions Anne Borgers Céline Branders Martin Delaby Nathalie Dumont Sophie Hoornaert François Lambert Vanessa Maresceau Laetitia Mary Noëlle Stevens Sylvie Van Hecke Traduction Communication Wise URSUS (Ine Van Dongen) Illustrations Corbis iStockPhoto Lay-out Boone-Roosens n.v. Contact [email protected] Tél : 02 337 63 91 IP Avenue Jacques Georgin, 2 1030 Bruxelles www.ipb.be «Aucune partie du présent ouvrage ne peut être reproduite et/ou rendue publique sans autorisation écrite préalable de l’éditeur». Backstage | Numéro 31 | Juin 2011 3 © iStock Dossier R.O.I. Radio Overall Impact La communication média est un investissement ! L’annonceur en veut pour son argent et réfléchit en termes de « R.O.I. » ; il veut pouvoir mesurer les effets de sa campagne. L’efficacité est donc au centre de toutes les préoccupations, en radio comme dans les autres médias. Mais l’impact publicitaire ne se limite pas à l’évaluation des scores de rappel ou de reconnaissance : il se décline dans les chiffres de vente, mais également dans notre inconscient et nos émotions qui conditionnent nos décisions d’achat. Quand les FMCG font de la radio, le mélange est en général savoureux et efficace. La pratique démontre des résultats positifs, pour le plus grand plaisir des annonceurs du secteur qui ont fait le choix d’une campagne radio. C’est ce que nous prouvent en tout cas le RAB en Grande-Bretagne et, chez nous, le cas Chokotoff. 1 2 Le FMCG et la radio : l’efficacité prouvée La radio continue de prouver son efficacité auprès des marques de grande consommation. Le RAB (Radio Advertising Bureau), en Grande-Bretagne, a compilé les résultats de campagnes FMCG dont l’efficacité a été mesurée à l’aide de l’outil Radio Gauge. Les enseignements sont convaincants et soulignent les effets de la radio sur la notoriété et l’image de la marque. En moyenne, pour les 18 annonceurs mesurés, la notoriété parmi les auditeurs des radios commerciales est 44% plus importante qu’auprès des non-auditeurs1. De même, l’appréciation de la marque et sa perception positive, en moyenne 34% plus élevées auprès des auditeurs, peuvent également être influencées par le média2. Essayer la radio, c’est l’adopter. Chez nous, Chokotoff en a fait l’expérience. Chokotoff prend goût à la radio Un produit innovant, un concept créatif original et surtout la radio comme unique moyen de communication : tous les ingrédients du succès sont réunis. Les nouveaux Chokotoff sont innovants : leur cœur caramel est enrobé de chocolat blanc Côte d’Or. Le mélange est surprenant et séduit les consommateurs. A l’origine de ce nouveau produit : la crise, qui frappe l’ensemble des marchés en 2009. Le géant Kraft n’est pas épargné et doit réagir pour booster ses ventes. Au niveau local, l’entreprise décide alors de ré-activer Chokotoff, une icône belge qui trouve sa place dans les guides touristiques aux côtés des speculoos et des cuberdons. La marque existe depuis 1934 et est largement appréciée dans notre pays. Pourtant, depuis plusieurs années, elle subissait une érosion des ventes avec une perte de volumes qui avait atteint près de 40% en 15 ans. Les investissements marketing connaissaient la même tendance et plus aucun support n’avait été apporté à la marque les cinq dernières années. Un potentiel important, mais un peu oublié, sur lequel l’annonceur mise pour sortir de la crise. Le but est de redynamiser et rajeunir la marque. C’est alors qu’il imagine les Chokotoff blancs, qui sortiront fin de l’été 2010 en édition limitée. Pour faire parler de la marque et de sa nouveauté, l’agence créative Euro RSCG fait le choix d’une saga. Une série publicitaire qui rapporte aux informations la présence inexpliquée de Chokotoff blancs dans les rayons. La campagne publicitaire prend ainsi des allures de conférence de presse et suscite la curiosité chez le consommateur. En termes de communication, la radio s’est rapidement imposée. Au-delà des forces qui lui sont généralement attribuées, le média présente plusieurs atouts qui ont séduit l’annonceur et Source : RAB RadioGauge, avr 09 : Augmentation de la notoriété générée par la publicité radio – moyenne de 18 marques FMCG Source : RAB RadioGauge, avr 09 : Amélioration de l’appréciation / perception positive de la marque générée par la publicité radio – moyenne de 18 marques FMCG 4 Backstage | Numéro 31 | Juin 2011 Dossier son agence Mindshare. La radio permet par exemple de laisser libre court à l’imagination des auditeurs. Ces derniers voient ce qu’ils entendent, ils créent leur propre image du produit ; une image bien plus attrayante que tout ce que l’on pourrait montrer. Egalement, le cadre de la radio se prête particulièrement bien au concept créatif : un format de 45 secondes, la possibilité de simuler un flash spécial et le faible coût de production qui permet de créer une saga de plusieurs spots. Enfin, la radio offre à l’annonceur un territoire à investir : peu de concurrence et donc un « share of voice » important et surtout, la possibilité de se démarquer de la marque mère Côte d’Or, présente avec une image forte en TV. Ainsi, en septembre et octobre 2010, Chokotoff se fait entendre sur les ondes FM avec deux vagues de présence radio sur les principaux émetteurs du pays. Une campagne mono-média qui soutient le lancement d’un nouveau produit : le cas intéresse le Radio Group, qui rassemble les quatre principales régies radio du pays. Celles-ci décident d’accompagner l’annonceur dans sa démarche avec l’idée de pouvoir mesurer et démontrer les effets de la campagne publicitaire. Elles mettent ainsi en place une étude online qui sonde un échantillon représentatif et se compose d’un pré- et d’un post-test. Avec pour résultat une image de type « avant-après » et la possibilité d’observer l’évolution des performances de la marque suite à la communication radio. La campagne est un succès, elle a marqué les auditeurs. Plus de 25% des répondants se souviennent spontanément avoir entendu un spot publicitaire de l’annonceur3. Quand on sait que le plan radio obtenait une couverture de 70%, cela veut dire que près d’un tiers des personnes qui ont été en contact avec la campagne s’en souviennent spontanément. De manière aidée, les performances sont doubles : près de 50% des répondants, ou deux tiers des auditeurs exposés [ Les auditeurs créent leur propre image du produit ; une image bien plus attrayante que tout ce que l’on pourrait montrer. ] 1. Notoriété « Top of Mind » et spontanée de Chokotoff en % Source : Ivox - Etude Chokotoff - Post-test 2 versus Pré-test Pré-test Post-test 2 50 +17% 45 48 40 +15% 35 30 41 38 33 25 20 Top of Mind à la campagne, se souviennent d’un des spots de la saga4. Et parmi ceux-ci, 9/10 attribue correctement la communication à l’annonceur5. Un niveau de performances élevé mais en ligne avec celui réalisé généralement par les marques FMCG dans d’autres benchmarks d’impact. Les résultats sont immédiats : la marque a renforcé sa notoriété TOM et spontanée avec une évolution respectivement de 15% et de 17%6. La campagne radio jointe aux actions de promotion a ainsi fait du bruit puisque 58% des répondants disent avoir entendu parler de Chokotoff blanc7. L’effet est également positif sur l’image de la marque. On constate, surtout auprès des jeunes, un rajeunissement de cette dernière. Le pari est donc réussi. Plus importants encore sont les chiffres de vente qui viennent confirmer le succès de la campagne. Dès la première vague de présence radio, Chokotoff enregistre des records : les stocks de blancs sont épuisés en quelques jours seulement et les ventes de noirs progressent significativement. La communication publicitaire a ainsi permis de gommer l’érosion annuelle qui était de l’ordre de 8 à 9% avant la diffusion de la saga8. « Autrement dit, deux vagues radio de deux semaines ont suffi pour enrayer un recul de plusieurs années. Pendant la campagne, Chokotoff a battu tous ses records de vente, avec jusqu’à Spontanée 64% de progression par rapport à la même période en 2009. Grâce à la campagne, le Chokotoff a signé un retour magistral » commente Luc Van Wichelen, Media Manager chez Kraft Benelux. Le bilan de la campagne est plus que positif et prouve « noir sur blanc » que la radio fonctionne. L’annonceur a pris goût au média : en 2011, il renouvelle l’expérience et annonce en radio le lancement de la nouvelle pâte à tartiner Chokotoff. Une belle preuve d’efficacité. s N.D. FACTS • En Grande Bretagne, RAB a compilé les résultats de 18 campagnes FMCG testées dans son baromètre d’impact et met ainsi en évidence l’efficacité de la radio. • Chez nous, Chokotoff annonce en radio la présence en édition limitée dans les rayons de Chokotoff blancs. Le Radio Group accompagne l’annonceur dans sa démarche et mesure les effets de la campagne. • Celle-ci est un succès : elle a permis de renforcer la notoriété de la marque et de rajeunir son image. • Les effets positifs se traduisent dans les chiffres de vente : les Chokotoff blancs sont rapidement en rupture de stock et les Chokotoff noirs sont en progression. Source : Etude Chokotoff post-test 2 – « Pour quelles marques de toffee ou bonbons chocolatés vous souvenez-vous avoir entendu de la publicité à la radio récemment ? » n=901 Réponses de Chokotoff, Chokotoff Blanc, Côte d’Or 4 Source : Etude Chokotoff post-test 2 – « Vous souvenez-vous avoir entendu ce spot ? » n=849 5 Source : Etude Chokotoff post-test 2 – « Si oui, pour quelle marque était-ce ?» n=401 Attribution à Chokotoff, Chokotoff Blanc, Côte d’Or 6 Source : Etude Chokotoff pré-test et post-test 2 - « Quelles marques de bonbons ou toffee chocolatés connaissez-vous, ne fût-ce que de nom et même si vous ne les avez encore jamais essayées ?» n=1000 7 Source : Etude Chokotoff post-test 2 - « Connaissez-vous ou avez-vous entendu parler des Chokotoff blancs ? » n=1000 8 Source : Nielsen 3 Backstage | Numéro 31 | Juin 2011 5 L’inconscient capte la publicité : l’efficacité implicite 95% de l’activité cérébrale pourrait être inconsciente. La neuropsychologie a démontré que l’incroyable machine qu’est notre cerveau humain est capable de traiter simultanément et de manière inconsciente plusieurs millions d’informations. Des performances étonnantes qui ne nous laissent que peu de choix : pour comprendre l’efficacité du média radio dans sa globalité, nous devons explorer les effets inconscients ou implicites d’une campagne publicitaire. Les modèles de mesure d’efficacité classiques reposent sur une logique hiérarchique. Le consommateur passe d’abord par la connaissance du produit ou de la marque (phase cognitive) pour pouvoir ensuite la préférer (phase affective) et enfin avoir l’intention de l’acheter (phase comportementale). Cette dynamique suppose donc l’attention (phase cognitive) comme préalable à l’efficacité publicitaire. Cette attention est-elle suffisante à la radio, qui est avant tout un est un média d’accompagnement ? On écoute la radio en s’apprêtant à la salle de bain, en déjeunant à la cuisine, en conduisant dans la voiture ou encore en travaillant au bureau. On vit avec le média, on apprécie sa présence mais y prête-t-on toujours une oreille attentive ? La radio est-elle pour autant moins efficace ? L’expérience et les études nous démontrent le contraire : il est assez peu question d’attention dans l’explication de l’efficacité impressionnante de la radio. 6 Backstage | Numéro 31 | Juin 2011 L’apport de la neuropsychologie au marketing et aux études du consommateur a donné lieu à plusieurs recherches mettant en évidence l’influence inconsciente de la publicité en général. Plus particulièrement, la régie allemande AS&S (ARD-Werbung & Services), en collaboration [ Ce sont principalement les éléments émotionnels qui conditionnent le processus inconscient d’achat, et on comprend mieux l’efficacité de la radio à ce niveau. ] avec Radio Zentrale, a étudié les effets implicites de la radio. Le design de l’étude mise en place interroge sur un PC 185 individus. Pendant l’administration du questionnaire, un programme radio est diffusé dans la pièce. Les participants doivent répondre à des questions « distractives » en tout genre afin qu’ils ne puissent y prêter attention. Les données des participants qui prennent trop de temps pour répondre aux questions ou qui commettent trop d’erreurs ne sont pas reprises dans l’analyse de l’étude. L’émission radio se compose de deux séquences musicales entrecoupées d’un écran publicitaire de 4 spots et se décline en deux versions qui diffèrent selon les annonceurs. Au total donc, 8 publicités issues du secteur food sont testées, chaque répondant étant considéré comme auditeur de 4 d’entre elles et non-auditeur de 4 autres. Afin de mesurer les effets implicites du média, le questionnaire se termine par des questions d’intention d’achat et d’appréciation des 8 2. Design de l’étude Source : Etude Per Autopilot in den Einkaufskorb de AS&S Radio et Radiozentrale (2009) Groupe 2 Groupe 1 1 2 3 4 Musique Ecran : Spots 1-4 Non auditeur spots 5-8 Musique Mesure effets implicities (8 spots) 1 2 3 4 Musique Ecran : Spots 5-8 Non auditeur spots 5-8 Musique Mesure effets implicities (8 spots) Tâches distractives [ L’impact du média radio dépasse les frontières de la conscience, et l’influence publicitaire se développe même en l’absence de souvenir des messages. ] Dans le champ de l’inconscient, ce sont les bénéfices d’un produit qui font la différence et qui influencent les décisions. Les freins rationnels sont levés et laissent place aux satisfactions qu’offre l’annonceur. Les calories de cette tablette de chocolat ne sont plus importantes, ne comptent que les plaisirs que cette dernière suscite. Ce sont ainsi principalement les éléments émotionnels qui conditionnent le processus inconscient d’achat, et on comprend mieux l’efficacité de la radio à ce niveau. Tâches distractives L’impact du média radio dépasse les frontières de la conscience, et l’influence publicitaire se développe même en l’absence de souvenir des messages. C’est ce que l’on appelle les effets implicites de la publicité. Les achats impulsifs, qui échappent à tout raisonnement conscient du consommateur, en sont un bel exemple. Nous l’admettrons facilement : tout acte d’achat n’est pas le résultat d’une analyse consciente du produit et de la publicité. On peut apprendre à connaître une marque et même l’apprécier de façon inconsciente, sans pour autant se souvenir d’avoir été exposé au message de l’annonceur. Dossier 3. Impact implicite de la pub radio sur les intentions d’achat Source : Etude Per Autopilot in den Einkaufskorb de AS&S Radio et Radiozentrale (2009) Base : Total (N = 185), “j’achète” en % Non-auditeur Auditeur 70 +14% 60 64 +24% 50 40 -8% +8% +11% 56 52 52 53 55 44 40 +18% 30 55 +10% 47 42 63 60 57 -13% 32 27 20 10 0 Actimel Frischebonbon Gaggli Fiensburger TK-pizza Bratmaxe Tuc Löwensenf [ En moyenne, les intentions d’achat sont augmentées de 8% lorsque le répondant a été soumis à la publicité radio. ] Inversément, deux des huit spots radio n’ont a priori pas démontré d’effets positifs. Mais un zoom sur le sous-ensemble des consommateurs des produits démontre une évolution de 13% et de 10%.9 annonceurs testés. Ici encore, les répondants doivent répondre rapidement aux questions, dans un délai de maximum deux secondes. Sans nous en rendre compte donc, notre inconscient capte la publicité radio et nous influence dans nos décisions d’achat. L’impact du média va bien au-delà des limites conscientes du consommateur. s N.D. L’étude nous livre des résultats intéressants. Elle démontre la capacité de la radio à influencer, même inconsciemment, l’image de marque des annonceurs testés. Egalement, il apparaît que les intentions d’achat de 6 des marques testées sont plus importantes auprès des répondants qui ont été en contact avec le spot. En moyenne, les intentions d’achat sont augmentées de 8% lorsque le répondant a été soumis à la publicité radio. Ces performances peuvent, comme par exemple dans le cas d’Actimel, atteindre les 24% et sont en général plus importantes auprès de la catégorie des consommateurs des produits. Soulignons le cas de Gaggli, marque locale de pâtes principalement distribuée dans le sudouest de l’Allemagne, pour laquelle on peut supposer qu’il n’y a pas eu de contact préalable avec les participants. Les résultats démontrent l’efficacité de la radio, même pour les marques nouvelles : une seule exposition permettrait d’augmenter les intentions d’achat de 18%. 9 Facts • 95% de l’activité cérébrale est inconsciente, ce qui induit que la plupart des décisions d’achat le sont aussi. • L’évaluation des scores de rappel et de reconnaissance, sur laquelle se base la plupart des modèles d’efficacité publicitaire, ne suffit donc plus. • L’apport de la neuropsychologie dans l’étude du consommateur a mis en évidence l’influence implicite de la publicité. • AS&S et Radio Zentrale en Allemagne ont étudié les effets inconscients de la radio. L’étude démontre que la simple exposition au message, sans qu’il y en ait spécialement le souvenir, influence favorablement l’image de la marque et les intentions d’achat. Source : Etude Per Autopilot in den Einkaufskorb de AS&S Radio et Radiozentrale (2009) Backstage | Numéro 31 | Juin 2011 7 Les plus de l’audiobranding : l’efficacité émotionnelle Les émotions occupent une place des plus importantes dans la relation marque – consommateur. Il est donc primordial de comprendre et de maîtriser les émotions transmises à travers un message publicitaire. IP a développé en 2009 l’étude Audiobranding, permettant de définir le positionnement émotionnel d’un spot radio. Aujourd’hui, l’étude intègre deux nouveaux concepts permettant d’aller plus loin et de prévoir une attitude d’adoption ou de rejet du message, ainsi que son impact mémoriel. Cela, en fonction des émotions ressenties à l’écoute du message. Emotion et achat intimement liés L’émotion est un élément indispensable pour parvenir à faire émerger sa marque mais également pour soutenir un argument de vente. Le concept selon lequel chaque produit possède des qualités uniques qui permettent de faire la différence n’est plus d’actualité. Aujourd’hui, de nombreux produits disposent des mêmes propriétés, des mêmes avantages, et cela pour un prix comparable. C’est donc le lien émotionnel à la marque qui permet de se distinguer. Celui-ci peut devenir l’argument de vente en tant que tel, voire l’identité même de la marque. Deux concepts essentiels : la valence et l’intensité10 renforcer le souvenir. Si on utilise des émotions négatives dans un message, on essaiera de contrebalancer leurs effets par des émotions positives, l’idéal étant de parvenir à un bilan positif à la fin du spot. L’émotion transmise peut être analysée sur base de la valence et l’intensité, qui permettent de déterminer le bilan émotionnel du message. Les plus pour l’audiobranding L’intensité émotionnelle transmise dans un message peut varier et s’avérer plus ou moins importante. En réalité, plus l’intensité des émotions est grande, plus l’impact mémoriel est élevé. Si l’émotion devient essentielle, ses effets sont loin d’être identiques selon que cette émotion est ressentie de manière positive ou négative. En effet, une valence positive suscitera un comportement d’approche ou d’adoption vis-à-vis du produit, alors qu’une valence négative générera plutôt un comportement d’évitement, l’envie de se distancer du produit. Il va de soi qu’une valence négative apparaît comme non constructive pour la marque, même si elle permet de [ Plus l’intensité des émotions est grande, plus l’impact mémoriel est élevé. ] L’audiobranding d’IP permettait déjà de déterminer le « Mood Territory » d’un message et donc de guider l’annonceur par rapport à son positionnement émotionnel. Audiobranding intègre désormais les notions de valence et d’intensité, permettant donc d’envisager une situation de rejet ou d’adoption probable et de déterminer l’impact mémoriel en fonction des émotions transmises. Pour intégrer la notion de valence, IP a évalué les émotions déjà utilisées dans l’étude (pour définir la « Mood Map ») sur une échelle allant de -5 à 5 auprès d’un échantillon représentatif de la population belge. La notion d’intensité est quant à elle calculée à partir de la sélectivité positive d’une émotion dans un message. Un même message peut contenir des émotions diverses et contraires, aux intensités variées, en fonction notamment de la diversité des vecteurs existant (la musique, la voix, l’ambiance,…). 4. Performances émotionnelles de spots radio par secteur - valence et intensité Source : IP-Audiobranding 2009-2010, valence et intensité FMCG Auto + Banques Dans un spot radio, les vecteurs de l’émotion sont multiples : elle se manifeste à la fois par la musique, le contenu du message, la voix, l’ambiance mais aussi par la valorisation liée intrinsèquement au produit. C’est donc via ces différents canaux que l’émotion sera transmise à l’auditeur. 10 8 Impact Mémoire, institut-conseil en efficacité publicitaire Backstage | Numéro 31 | Juin 2011 Distribution Intensité L’émotion permet également de renforcer la fixation du souvenir. Elle devient alors une information associée au produit, stockée en mémoire parmi d’autres informations. Elle influencera ensuite le comportement du consommateur en jouant un rôle dans les processus de raisonnement et de décision d’achat. - Valence + Dossier [ Une valence positive suscitera un comportement d’approche ou d’adoption vis-à-vis du produit, alors qu’une valence négative générera plutôt un comportement d’évitement. ] Il peut donc contenir à la fois des émotions positives et négatives mais pour peu que les émotions positives soient plus nombreuses ou plus intenses, il en résultera une valence positive. Il arrive également que certains spots transmettent des émotions avec une intensité insuffisante. Il en ressort alors un bilan émotionnel nul par rapport au benchmark de l’étude. L’idéal est, bien entendu, de parvenir à un bilan émotionnel comportant à la fois une intensité élevée pour favoriser l’impact mémoriel et une valence des plus positives afin d’entraîner un comportement d’acceptation ou d’adoption. Observons les performances émotionnelles de quelques spots, bien qu’il soit difficile d’intégrer les résultats sans matériel audio. Nous pouvons, par exemple, évaluer le spot d’Amnesty, dénonçant la violence contre les femmes, spot a priori assez marquant, avec en fond sonore les cris d’une femme battue. L’ensemble des émotions transmises à travers ce spot permettent d’atteindre une intensité très importante et donc un impact mémoriel d’envergure. La valence générale de ce spot, elle, est clairement négative et suscite donc une attitude de rejet face au message. En effet, il va de soi que la violence contre les femmes est quelque chose que l’on ne peut accepter et c’est bien le message que tente de faire passer Amnesty. Les annonceurs souhaitent généralement transmettre un message favorisant l’adoption et tendant dès lors vers une valence positive. L’utilisation d’une valence négative s’avère exceptionnelle. Elle se justifie dans ce cas précis, le but d’Amnesty n’étant pas de vendre un produit, mais de faire prendre conscience d’un problème de société. Le même constat pourrait être fait pour des spots voulant faire prendre conscience des dangers en matière de sécurité routière, ou d’autres messages d’utilité publique dont le but premier est de « choquer » pour mieux éduquer. Le spot de Coca Cola qui nous fait entendre le « pshht » d’ouverture d’une bouteille suivi du tintement joyeux des glaçons dans un verre, est également chargé en émotions. En effet, il fait ressentir une série d’émotions aux valences positives et cela avec une intensité élevée. Il n’y a aucun doute : à la fin de ce spot, l’auditeur a envie de se rafraîchir avec un grand verre de Coca Cola. L’audiobranding montre également que les émotions ne sont pas utilisées de la même façon d’un secteur à l’autre. Ainsi les spots du secteur bancaire sont généralement d’une intensité bien plus faible que la moyenne. Par ailleurs, l’utilisation des émotions en publicité mène, dans la majorité des cas, à une valence positive. Cependant, certains spots affichent une valence presque nulle, ce qui les prive d’un effet positif lié aux émotions. s C.B. Facts • L’émotion d’un message influence le processus de décision du consommateur. • La valence positive suscite une attitude d’adoption alors qu’une valence négative engendre un comportement de rejet. • L’intensité émotionnelle affecte l’impact mémoriel du message. • Les émotions transmises à travers un spot radio sont multiples et diverses. • L’audiobranding permet d’établir le bilan émotionnel d’un message en définissant sa valence et son intensité. Backstage | Numéro 31 | Juin 2011 9 © Corbis Focus Les tablets PC, une opportunité pour les magazines ? Les tablets PC L’iPad, lancé aux États-Unis en avril 2010, a tout de suite rencontré un succès inespéré. Des « tablets » similaires étaient en effet déjà disponibles sur le marché depuis quelques années, mais beaucoup plus chères, plus lourdes et moins conviviales. Elles possédaient également une technologie inadaptée à l’utilisation d’un écran tactile. Apple a donc ajouté une dimension totalement nouvelle, tout en créant un battage médiatique autour du produit. La marque à la pomme a en effet le don de fabriquer un « must-have » au départ d’un produit que personne n’attendait réellement. Avant le lancement, des rumeurs suggéraient déjà depuis longtemps l’arrivée imminente d’une tablet PC révolutionnaire, ce qui n’a pas manqué d’entraîner une véritable ruée des consommateurs dès sa commercialisation. Les stocks présents dans les magasins ont rapidement été épuisés et il a fallu avoir recours à des listes d’attente. Une stratégie de vente astucieuse de la part d’Apple pour stimuler la demande ? Environ 15 millions d’iPads ont été vendus en 2010 dans le monde entier. Aucun produit technologique n’avait connu une pénétration aussi rapide auprès des consommateurs (à titre de comparaison, il aura fallu 5 ans au lecteur DVD pour obtenir un résultat similaire). Face à cet énorme succès, les fabricants de matériel informatique et de logiciels n’ont pas hésité à 10 Backstage | Numéro 31 | Juin 2011 prendre le train en marche pour lancer le plus vite possible leur propre version de l’iPad. Diverses tablets concurrentes sont d’ores et déjà disponibles sur le marché : le Samsung Galaxy Tab, le Folio 100 de Toshiba, le Dell Streak, le Blackberry Playbook, le Motorola Xoom… En début d’année, le Consumer Electronics Show de Las Vegas accueillait la présentation de quelque 70 nouveaux modèles. Mais les prochains mois ne devraient pas seulement être marqués par le lancement de nouvelles tablets : l’iPad 2 a été mis sur le marché en mars 2011 (moins d’un an après le lancement de l’iPad), Samsung commercialisera prochainement son Galaxy Tab 2 et des rumeurs circulent déjà à propos de l’arrivée d’un iPad 3 dès l’automne ! Alors qu’au départ, le principal groupe d’acheteurs était composé des « Early Adopters » de 35 à 44 ans, un rapport Nielsen Company de décembre 2010 a révélé que la majorité des propriétaires d’iPads se situaient aujourd’hui dans la tranche d’âge 25-34 ans. Au vu du rythme des ventes et du nombre de nouveaux produits qui devraient faire leur apparition sur le marché, les tablets PC devraient toutefois être rapidement accessibles au grand public. Les « apps » Avec son AppStore pour l’iPhone, Apple disposait d’une plateforme existante pour le téléchar- gement d’applications ou « apps » pour l’iPad. Plus de 60 000 applications iPad sont aujourd’hui disponibles dans l’AppStore. D’après The Nielsen Company, presque tous les utilisateurs d’iPads ont déjà téléchargé au moins une application. Mieux encore : ils sont prêts à payer pour les obtenir ! Au total, 63% des propriétaires d’iPads qui ont déjà téléchargé une application, ont accepté de payer pour le faire. D’après une étude menée par Distimo, au niveau du top 300 de l’AppStore, le nombre d’applications payantes progresserait même 30% plus vite que le nombre d’applications gratuites. Gartner prévoit que le chiffre d’affaires de la vente d’applications pourrait grimper jusqu’à 15 milliards de dollars en 2011. La différence est de taille par rapport au média internet, où tout est disponible gratuitement (les « paywalls » sont encore loin d’avoir prouvé leur rentabilité)… C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles les magazines se sont intéressés à ce nouveau support de diffusion. Une opportunité pour les magazines ? Évidemment, les éditeurs de magazines se sont tout d’abord intéressés aux tablets PC dans la [ Les propriétaires d’iPads consacrent 50% de temps en plus à la lecture de magazines sur leur tablet. ] Focus mesure où ce média totalement nouveau leur permettait de diffuser leur marque. Pour la première fois, ils ont pu numériser leurs magazines sous toutes leurs facettes, tout en y ajoutant une dimension supplémentaire grâce à l’interactivité. Les tablets sont parfaitement adaptées à la lecture de magazines et s’y prêtent idéalement, notamment grâce à la taille de leur écran, à leur facilité d’utilisation et à leur qualité d’image. Sur ce plan, elles surpassent les smartphones, plus adaptés à la lecture d’actualités brèves. Elles possèdent en outre une propriété particulière : les tablets induisent une sensation de contrôle car les applications (de magazines) sont associées à une notion de début et de fin, alors que sur Internet, l’internaute sait où il commence mais il peut vite se sentir perdu dans la multiplicité des informations disponibles. Une application de magazine se manipule également comme un vrai magazine et se feuillette de la même manière. Le fait de pouvoir toucher le magazine et d’entrer ainsi en contact avec l’information crée un lien émotionnel, comme avec une version imprimée. Et contrairement à un ordinateur portable ou de bureau, qui reste étroitement associé au monde du travail, la tablet est un objet personnel qui s’utilise chez soi, pendant le temps libre. Comme pour une version imprimée, la lecture d’un magazine sur tablet est une sorte de « prime time » personnel. D’après une enquête de Sanoma Pays-Bas, les propriétaires d’iPads consacrent 50% de temps en plus à la lecture de magazines sur leur tablet. Par ailleurs, il existe un chevauchement évident entre l’utilisation de l’iPad et de la télévision, puisque les heures de pointe se situent entre 20h et 22h dans les deux cas. Les éditeurs ont aussi identifié de nombreuses autres possibilités : rien ne les oblige à lancer une réplique exacte de la version imprimée de leurs magazines sur iPad… Par exemple, il est possible d’expérimenter une nouvelle fréquence de parution, de proposer différentes applications (de magazines) dérivées sous le même nom de marque, etc. À l’heure actuelle, le lancement ou le maintien d’un magazine est sans aucun doute une activité coûteuse (rédaction, prix du papier, impression, coûts de distribution…). Il est aujourd’hui possible d’arrêter une version papier pour la remplacer par une application pour tablet. Des magazines déjà supprimés peuvent être relan- cés, mais les éditeurs peuvent aussi créer de nouvelles publications exclusivement disponibles sur ce média (The Project). Un nouveau type de « magazine » est même en train de voir le jour : il s’agit des applications sur mesure telles que Flipboard ou Zite, qui se basent sur les réseaux sociaux et les intérêts personnels de l’utilisateur pour composer un magazine entièrement personnalisé. Il est cependant essentiel de ne pas décevoir le lecteur en lui proposant une application dépourvue de valeur ajoutée. Les applications déjà disponibles peuvent être subdivisées en 3 grands groupes : les applications PDF, les applications « améliorées » et les applications de type « site web ». Les applications PDF peuvent amener à s’interroger sur la valeur ajoutée pour le lecteur, dans la mesure où elles ne sont que des copies conformes de la version imprimée du magazine, sans aucune forme d’interaction possible. À l’autre extrémité du spectre, les applications de type « site web » ressemblent fortement à un site web et restent donc très éloignées du magazine proprement dit. Les applications « améliorées », qui offrent une solution intermédiaire, se basent sur le concept du magazine mais ajoutent les modalités de l’interaction et de l’expérience multimédia. Le feed-back des lecteurs montre que ce genre d’applications répond davantage à leurs attentes, en grande partie parce que le produit de base (la tablet) s’y prête parfaitement. Du côté de la vente des applications de magazines, le secteur a toutes les raisons de se montrer optimiste. Les chiffres de vente, par exemple ceux de Wired, étaient évidemment beaucoup plus élevés lors du lancement (si +/- 100 000 applications ont été vendues pour le premier numéro, les ventes se stabilisent aujourd’hui autour des 25 000 exemplaires en version numérique) mais Mashable.com explique que la même tendance peut être observée lors du lancement de la version papier d’un magazine. De plus, d’après Zinio, il n’y aurait pas (encore) de cannibalisation entre les versions imprimées et les applications. En d’autres termes, les applications pour tablets permettent aux magazines de conquérir de nouveaux lecteurs, ce qui génère une diffusion payante cumulée et donc des revenus supplémentaires pour les éditeurs. En Belgique, ce sont surtout les journaux qui se sont lancés directement dans l’aventure. Ils étaient les premiers médias présents sur iPad et certains disposent même déjà d’une version pour Android. Aujourd’hui, seuls Het Laatste Nieuws et les anciens journaux régionaux Het Belang van Limburg, Gazet van Antwerpen et Sud Presse ne proposent pas encore d’application propre. Du côté des magazines belges déjà disponibles sur iPad, l’évolution est plus lente que pour les journaux. L’AppStore contient (exception faite des répliques en PDF sur Zinio) une dizaine de magazines offrant des applications propres, dont la plupart restent encore extrêmement simples. D’après plusieurs développeurs, de nombreuses applications médias (parmi lesquelles des applications de magazines) sont actuellement en cours de développement. Différentes applications de magazines devraient donc être lancées dans les prochains mois ! L’avenir Tous les analystes s’accordent sur l’avenir prometteur des tablets PC : selon Gartner, quelque 208 millions d’unités devraient être vendus en 2014. Les ventes de tablets PC devraient cannibaliser les ventes d’ordinateurs d’après Research Group Forrester, qui prévoit que les tablets grignoteront une part de marché de 25% sur les ordinateurs d’ici à 2015. Autrement dit, 1 PC vendu sur 4 devrait être une tablet (un effet d’ailleurs déjà perceptible sur les ventes de miniordinateurs portables). En ce qui concerne la lecture sur support numérique, des prévisions privées laissent entendre que 20 à 25% des lecteurs de versions imprimées devraient passer à la lecture sur tablet dans les 5 ans à venir. L’avenir nous dira si les tablets et les applications de magazines confirmeront les pronostics. Mais une chose est sûre : la tendance est lancée et nous ne reviendrons pas en arrière ! s V.M. Facts [ Les applications pour tablets permettent aux magazines de conquérir de nouveaux lecteurs. ] • En 2015 : 1 PC sur 4 = tablet • Les tablets sont parfaitement adaptées à la lecture de magazines • Dans les 5 ans : 1 lecteur sur 4 lira des publications en version numérique sur tablet Backstage | Numéro 31 | Juin 2011 11 © Corbis Les atouts du Pre-Roll ou comment conjuguer exposition et mémorisation Comme le dit l’introduction au rapport comScore The 2010 European Digital Year in Review, le boom des réseaux sociaux, la mise à disposition de contenus vidéo et la consommation média mobile en plein essor ont fondamentalement modifié la boîte à outils des marketeers et créé des opportunités uniques pour engager le dialogue avec les consommateurs. L’étude Temporis Digital #1 de Canal+ Régie vient étayer la force de la vidéo en ligne sur des points aussi essentiels que l’exposition et la mémorisation. Une nouvelle fois, la politique Pre-Roll d’IP et de RTL prouve toute sa pertinence. Le rapport comScore détaille entre autres la croissance de la vidéo en Europe et met en exergue le fait que 2010 a été une année faste pour les sites TV. La pénétration en Europe a augmenté de 7.5 points à 47.4% de tous les internautes européens en décembre 2010. Tous les mois, un visiteur moyen passe 28 minutes à visiter les sites web TV. Globalement, la croissance de l’audience vidéo sur site TV est plus significative que celle de l’audience vidéo en ligne. Le rapport indique aussi que l’avenir de la vidéo en ligne est tributaire d’un glissement vers des contenus d’une durée plus longue. Ainsi, la durée moyenne de vidéos visionnées au 12 Backstage | Numéro 31 | Juin 2011 Royaume-Uni, en France et en Allemagne, a augmenté de 13% à 5.6 minutes. C’est là qu’intervient l’étude de Canal+, réalisée en collaboration avec MediaMento et Alenty. Comme le dit aussi l’article sur l’étude Silent Click d’OPA dans ce même Backstage (lire p. 13), il est nécessaire de développer et identifier de nouveaux instruments et indicateurs pour mesurer les performances d’impact du branding en ligne, au-delà du taux de clic (CTR). Avec l’aide technique d’Alenty pour la durée d’exposition aux banners et vidéos testés et de MediaMento pour leur mémorisation (marque, message, création), Canal+ a su mesurer des « traces de mémoire très fines » générées par la publicité à laquelle les utilisateurs ont de fait été exposés. Plus l’exposition cumulée est grande, plus la « trace » globale, soit l’impact à longue durée, sera importante. Cela étant dit, l’efficacité semble être à son comble après 4 contacts. Reste toutefois qu’au-delà de l’OTS, la qualité du contact est essentielle. Parvenir à capter l’attention de l’internaute pendant plus de trois quarts de la création, entre autres en créant un contexte de qualité, c’est assurer d’excellentes « traces » à la marque qui annonce. Voilà pourquoi IP ne laisse pas la possibilité de « sauter » les publicités. L’effet du format est édifiant. Non seulement le Pre-Roll vidéo permet de générer chez les internautes une amélioration de la trace globale de 23% par rapport à ceux qui n’ont pas été exposés au web, mais en plus, de tous ceux qui ont été analysés, c’est le format qui contribue clairement le plus à la trace de mémoire. Mieux encore, avec le Pre-Roll, la mémorisation est 2 x plus grande... avec 4 x moins d’OTS que les formats Flash. En d’autres mots, le Pre-Roll vidéo est un outil hyper économique. Bien sûr, une campagne est d’autant plus performante si elle est relayée sur le site d’une marque forte off-line également. Le contexte de l’impact dans lequel est par exemple intégré un Pre-Roll vidéo s’étend donc au-delà des frontières virtuelles. s N.S. FACTS • • • • • Les cinq enseignements clés mis en exergue par l’étude Temporis Digital #1 : la contribution d’Internet : au total, une exposition aux campagnes sur le web améliore la trace globale de 15%. la répétition : 4 contacts semblent constituer un niveau de répétition optimal. la durée d’exposition : au-delà de la répétition, le taux d’achèvement (completion rate) est crucial pour l’efficacité. les formats : le format Pre-Roll vidéo est particulièrement efficace. Il génère +23 % d’amélioration de la trace globale. les sites : choisir et planifier les sites web les plus performants reste un élément clé de l’efficacité des campagnes. © Corbis Focus The Silent Click : la force d’une marque intégrée dans un contenu qui se démarque Lorsqu’il s’agit de promouvoir un produit ou service et d’attirer des visiteurs via de la publicité en ligne, on ne peut suffisamment souligner l’importance de la marque. C’est ce que révèle une étude d’OPA Europe en collaboration avec comScore. Le contexte dans lequel la publicité est intégrée est lui aussi primordial. Plutôt positif pour le site d’information par excellence qu’est RTL.be... L’Online Publishers Association Belgium, dont fait aussi partie RTL Belgium, est une association de onze groupes de médias, lancée le 1er septembre 2010. Elle souhaite partager les connaissances et promouvoir les qualités et les avantages des sites web de médias professionnels proposant des contenus rédactionnels. Au niveau européen, OPA Europe ne cesse de prendre le pouls du marché afin de réaliser cette mission. Ainsi, l’étude The Silent Click : Building Brands Online in Europe, menée pour OPA Europe par comScore1, mesure l’impact sur les utilisateurs 1 européens après avoir été exposés à de la publicité de marque en ligne, notamment sur les recherches liées aux marques d’annonceurs et les visites à leurs sites web. Au centre du débat se trouvent les « click-through rates » (CTR), qui en tant qu’instrument de « direct response » sont incomplets pour évaluer l’impact et l’efficacité de la publicité de marque en ligne à long terme. En effet, le CTR ne mesure pas la totalité de l’impact puisqu’il ne prend en compte que les actions directes (clicks). Or, une exposition donne lieu à des actions moins directes comme par exemple des recherches sur la marque via les moteurs de recherche. Si l’on compare les résultats mesurés entre les internautes exposés à de la publicité de marque avec ceux du visiteur moyen du site de la marque, toutes catégories confondues, il en ressort que les « exposés » sont deux fois plus engagés. En effet, ils investissent plus de temps et visitent plus de pages. Le contexte joue également un rôle important, particulièrement les sites « News/Information », sur lesquels l’exposition à la publicité de marque en ligne atteint un impact considérable sur l’engagement envers les annonceurs. s N.S. Facts • Les publics exposés à de la publicité display sont plus engagés, restent plus longtemps sur le site et consultent donc plus de pages. • Annoncer sur les sites membres de l’OPA renforce l’engagement avec la marque de l’annonceur et stimule les visites de sites d’annonceurs. En effet, un tiers des internautes exposés à de la publicité display part à la recherche des marques en question. • Le contexte rédactionnel est essentiel : il existe des différences substantielles entre les internautes exposés à de la publicité display sur différents types de sites de contenu. • Les internautes exposés à des publicités sur des sites de contenu d’actualité et d’information passent clairement plus de temps sur le site de l’annonceur que le visiteur moyen. • Il existe des moyens plus pertinents que le simple CTR pour mesurer l’efficacité de campagnes publicitaires online : à plus long terme, il est essentiel de mesurer le comportement de visite du site des personnes exposées à une campagne online (display ou autre) et les mots-clés de recherche. Etude menée en avril 2010, basée sur le panel en ligne de comScore, qui retrace le comportement en ligne de plus de 400 000 internautes européens. Backstage | Numéro 31 | Juin 2011 13 1. Engagement moyen d’un Annonceur, en Allemagne, France, Italie, Espagne, Suisse et Turquie Source : The Silent Click : Building Brands Online in Europe, comScore / OPA, avril 2010 UV = Unique Visitors UV = Unique Visitors Les personnes exposées à de la publicité de marque sont plus engagées, passent plus de temps et visitent plus de pages sur le site de l’annonceur que le visiteur moyen 231 +104% 113 +96% 53 27 Moyenne Min./VU Moyenne Pages/VU Tous les VU sur le site de l’Annonceur VU exposés à de la publicité de marque 2. News/Information Engagement envers le site de l’annonceur Source : The Silent Click : Building Brands Online in Europe, comScore / OPA, avril 2010 UV = Unique Visitors UV = Unique Visitors Sites non membres d’OPA Europe +102% 83 166 +110% Moyenne Min./VU Moyenne Pages/VU Backstage | Numéro 31 | Juin 2011 +275% 77 27 Tous les VU sur le site de l’Annonceur 14 +185% 79 41 150 Sites membres d’OPA Europe Moyenne Min./VU VU exposés à de la publicité de marque 40 Moyenne Pages/VU © Corbis Focus Télévision numérique : appuyez sur PAUSE Pour comprendre les résultats d’audience de la télévision numérique, il faut comprendre les individus qui se cachent derrière les chiffres et plus particulièrement comment ils vivent et consomment le média. Les dernières données de l’équipement numérique des ménages sont désormais disponibles. Avec elles, nous allons faire le point sur les foyers digitaux et la pénétration des différents opérateurs. L’impact de la numérisation et de l’enregistreur sur le comportement de vision sera également analysé puisque la mesure de la vision différée est disponible depuis un an déjà. Le rôle central de la télévision au sein des foyers En Belgique, un ménage classique est composé en moyenne de 2.4 personnes et… d’une télévision1. 1 2 Les statistiques nous apprennent que les ménages disposent en moyenne de 1.5 téléviseurs. Dans 99% des cas, le principal poste de télévision est situé dans le salon; les autres téléviseurs du ménage se retrouvent principalement dans la chambre des parents, mais également dans celles des enfants ou dans la cuisine. Le téléviseur principal est dans 41% des cas un flat screen (écran plat) selon le CIM PMP, dont le terrain a été réalisé de juin 2009 à mai 2010. Mais selon Gfk, la pénétration par ménage du flat screen atteindrait déjà 85% fin 2010. Un équipement télévisuel en perpétuel renouvellement pour un maximum de plaisir… C’est ce que prouve Mapping of German living rooms, puisque le téléspectateur apprécie encore davantage la télévision sur un écran plat2. Le point sur la télévision numérique en Belgique Si la qualité et la taille de l’écran améliorent le confort de vision, la réception numérique y joue également un rôle. Fin 2010, 47% des foyers TV belges possèdent un abonnement à la télévision numérique, soit 10% de plus que l’année précédente (36% de pénétration en fin 2009). Le Sud ne rattrape pas son retard, seulement 41% des foyers y sont numériques par rapport à 51% au Nord. L’opérateur le plus présent en Belgique est Telenet, avec une pénétration de 23% auprès des foyers TV en Belgique. Cet opérateur concentre toutefois ses activités dans le nord du pays, où il atteint une pénétration de 38%. Pour rappel, la carte de la pénétration par opérateur est très différente au nord par rapport au sud de la Belgique; Belgacom, le challenger de Telenet au Nord, est clairement leader au Sud. Parmi les opérateurs en plus forte progression, notons VOO (qui dépasse la barre des 14% de pénétration au Sud) et Belgacom TV, qui progresse au Nord comme au Sud par rapport à fin 2009. [ Fin 2010, 47% des foyers TV belges possèdent un abonnement à la télévision numérique, soit 10% de plus que l’année précédente. ] Source : CIM PMP 09-10, 98% des ménages belges possèdent la télévision. Source : Mapping of German living rooms TNS Emnid 2010 / Personnes de 18 à 64 ans habitant dans un ménage possédant une télévision / n=1.186 Backstage | Numéro 31 | Juin 2011 15 1. Estimations des foyers résidentiels numériques Source : CIM Radio / Ménages possesseurs TV Ménages (X 1000) 1200 [ Au Nord comme au Sud, le fait de regarder le programme en « live » reste largement dominant. ] Telenet (+indi) 1000 Belgacom TV VOO + Be Tv 800 Numéricable 600 400 200 0 % TV Digitale sept-déc 2008 27% sept-déc 2009 36% sept-déc 2010 47% Pénétration par Sud opérateur (sept-déc 2010) Nord Belgique Telenet 2% 38% 23% Belgacom TV 23% 12% 16% VOO (+ Be Tv) 14% 0% 6% Numéricable 1% 0% 1% Total TV digitale 41% 51% 47% La mesure de la vision différée en Belgique, un an déjà ! 2. Construction de l’audience sur 7 jours - 4 + hôtes Source : CIM TV 2010, All Day, Total TV 2006 TSV = Time-Shifted Viewing, Vosdal = Viewing on Same Day As Live 100% 90% 80% 70% 60% Belgique Sud Belgique Nord TSV = 1,6% TSV = 2,9% 4,3% 4,3% 5,2% 7,6% Jour 6 Jour 5 10,4% 3,4% 3,9% 4,9% 6,6% 10,5% Jour 4 23,8% 50% Jour 3 25,4% Jour 2 40% 30% Jour 1 44,4% 20% Vosdal 45,4% 10% 0% Vision différée Consommation TV Sud-Nord : live-vision différée % live Belgique Sud 4+ hôtes 98.4% 18-54 ans 98.1% 15-34 ans 97.8% Belgique Nord 4+ hôtes 97.1% 18-54 ans 95.7% 15-34 ans 94.8% Source : CIM TV 2010, All Day, Total TV 16 La pénétration de la télévision digitale et du « PVR » (disque dur, intégré ou non à un décodeur numérique) au sein de la population joue un rôle non négligeable dans l’utilisation de la vision en différé des programmes de télévision. Or, si les différences Nord / Sud existent pour la pénétration de la télévision numérique, elles se lissent pour celle de l’enregistreur numérique : le « PVR » est maintenant plus présent dans les foyers TV au sud (23%) qu’au nord du pays (20%). Backstage | Numéro 31 | Juin 2011 Depuis le 1er janvier 2010, la vision en différé (« Time-Shifted Viewing »), qui tient compte de l’audience des programmes vus jusqu’à 6 jours après leur diffusion en « live », est la mesure officielle en Belgique. Au Nord comme au Sud, le fait de regarder le programme au moment même de sa diffusion (« live ») reste cependant largement dominant (98.4% au Sud et 97.1% au Nord sur la cible 4 ans et plus en 2010). En zoomant sur la cible des 18-54 ans ou sur les 15-34 ans (cibles au sein desquelles la pénétration du PVR est plus importante), on observe une utilisation de la vision différée plus élevée que la moyenne de la population; la part de la vision différée atteint 1.9% au Sud et 4.3% au Nord sur les 18-54 ans (2.2% et 5.2% sur les 15-34 ans). Mais il faut bien le reconnaître, même auprès de cibles plus propices à la vision différée, le « live » domine largement. L’écart entre les deux régions s’accentue légèrement. Vision différée % vision différée (TSV) 1.6% 1.9% 2.2% 2.9% 4.3% 5.2% Pour une technologie nouvelle, un zoom mensuel s’impose également : la part de la vision différée est en progression au fil des mois, elle atteint 2.1% en moyenne en fin d’année au Sud et 3.6% au Nord. Un délai de vision de 2 à 3 heures Dans 45% des cas, la vision d’un programme enregistré se fait le jour de sa diffusion en « live » (44% au sud et 45% au nord du pays). L’enregistreur numérique est alors utilisé en rattrapage des programmes du jour. Le jour qui suit le « live » constitue également une part Focus relativement importante du « Time-Shifted Viewing » (24% au Sud et 25% au Nord). Les jours suivants apportent de moins en moins de téléspectateurs à l’audience du programme. pas en cause la hiérarchie des chaînes, mais cette technologie permet aux téléspectateurs de jongler un peu mieux entre ses contraintes horaires et ses préférences de programmation. s S.V.H. et M.D. [ L’enregistreur numérique est utilisé en rattrapage des programmes du jour. ] Le délai entre la diffusion « live » et la vision du programme enregistré le même jour est en moyenne de 02h45 au Sud et de 02h03 au Nord sur le total de la journée. De manière générale, sur les programmes de soirée, cet écart est plus faible, l’enregistreur numérique étant utilisé avant tout pour son atout indiscutable : la simple mise sur pause de la télévision (59 minutes au Sud et 1h11 au Nord). Conclusion L’évolution technologique que connaît aujourd’hui le monde audiovisuel est bénéfique pour les chaînes de télévision. Le confort de vision est en augmentation et le téléspectateur en redemande. La vision en différé des chaînes de télévision permet de récupérer une durée d’écoute quotidienne de 3 minutes au Sud et de 5 minutes au Nord. Cela ne remet absolument Facts • La pénétration de la télévision est de 98% en Belgique. Le Belge aime se divertir en regardant la TV et n’hésite pas à se rééquiper en permanence. • 47% des foyers TV sont équipés de la télévision numérique et 21% de l’enregistreur numérique. • Le « Time-Shifted Viewing » (TSV) est intégré dans la mesure officielle en Belgique depuis le 1er janvier 2010 (« live » + TSV à 6 jours). • La vision de la télévision en « live » reste le mode de consommation majoritaire de la télévision, la vision différée demeure marginale. • Le sud du pays affiche un pourcentage de vision en différé encore inférieur à celui du nord du pays. • Dans 45% des cas, un programme enregistré est regardé le jour de sa diffusion « live ». Chaque jour qui passe ensuite apporte de moins en moins de téléspectateurs au programme. Backstage | Numéro 31 | Juin 2011 17 Vous avez dit commodity ? Dans le jargon marketing en effet, une pomme s’apparente à une « commodity » (commodité en français), c’est-à-dire un produit fort semblable aux autres produits de sa catégorie, qui n’offre que très peu (voire pas) de différences par rapport à ses concurrents : en d’autres mots un produit facilement interchangeable. Le consommateur a dès lors tendance à se baser essentiellement sur des prix attractifs dans sa démarche d’achat. En réaction, les producteurs ont le réflexe de jouer sur ces prix attractifs ou de tenter de faire baisser les coûts de production. D’un autre côté, et pour tout type de produit, on constate une recrudescence des stratégies marketing consistant à construire des marques fortes ces dernières années, et ce pour plusieurs raisons. La concurrence croissante ainsi que la possibilité pour le consommateur de comparer rapidement et facilement différents produits entre eux a en effet mis une pression grandissante sur les annonceurs, les forçant à renforcer leur position et rechercher sans cesse de nouveaux moyens de plaire à leurs clients. Une marque forte permet de sortir du cercle vicieux des réductions des prix de vente et des coûts de production. En d’autres mots, on découvre qu’on 18 Backstage | Numéro 31 | Juin 2011 peut se mesurer à ses concurrents autrement qu’en termes de prix et de volume mais en créant une marque, c’est à dire une promesse. On va éveiller un désir, et quoi de plus puissant que le désir ? Nous sommes des êtres égoïstes et avides : nous voulons. Les plus grandes marques l’ont très bien compris et exploitent à fond ce trait de notre caractère. [ Une marque forte permet de sortir du cercle vicieux des réductions des prix. ] Il n’est peut-être pas évident de prime abord de convaincre le consommateur de modifier son comportement d’achat basé jusque-là sur le prix. A l’annonceur de lui montrer la plus-value de son produit qui justifie qu’il sera disposé à dépenser plus pour l’avoir dans son caddie… Car ce produit n’est plus une commodité, c’est une part de rêve associée à quelque chose qui est vécu comme étant positif ! Plutôt que d’attirer le chaland à coup de promotions, on lui demande de donner sa confiance. Comme certains gourous du marketing le scandent haut et fort : les promos sont la cocaïne du marketing. Plus on dépend des promos, plus faible devient la marque, plus on devient dépendant des promos… CQFD. Alors comment faire de notre pomme dans son plus simple appareil une marque digne de ce nom ? Xavier Terlet, président de XTC World Innovation, constate que la période de « préhistoire » marketing du fruit est appelée à disparaître tout comme ce fut le cas pour la viande ou le poisson. Le consommateur attend des repères, demande des produits mieux calibrés et conditionnés. Même pour les fruits et légumes ? Même pour les fruits et légumes… Nul n’ignore les bananes Chiquita, les kiwis Zespri, les légumes Flandria, les salades Florette… tous plus chers que leurs congénères anonymes. Qu’en est-il de notre pomme ? L’histoire de la Pink Lady démarre dans les années ’90, quand quelques producteurs français visitent l’Australie et découvrent la Cripps © Corbis Pink Lady ou l’itinéraire d’une commodity brandée Focus Pink, une variété de pomme nouvelle, de couleur rose et au goût sucré. Ils déposent la variété et la commercialisent sous le nom de Pink Lady en se basant sur une caractéristique unique de ce produit : sa robe rose. C’est ce qui la différencie visiblement des autres pommes et la différence est essentielle pour construire une marque. Son habit unique la désigne d’emblée [ La publicité est un partenaire incontournable dans une offensive de charme. ] comme la pomme de l’amour et sa promesse c’est ça : séduction, glamour, féminité ! On est bien loin des prix réduits pour attirer le consommateur… Démarre alors une véritable campagne de séduction où on fait fi des campagnes fades et banales du style « une pomme par jour éloigne le médecin ». La publicité sera un partenaire incontournable dans cette offensive de charme. La fête de la Saint-Valentin est devenue un événement auquel la pomme rose s’associe tout naturellement. Pink Lady affiche son logo en forme de cœur, assume ses codes visuels autour du rose et du kitsch romantique. Cette pommelà se veut féminine, sexy, décalée, craquante, étourdissante, rafraîchissante, irrésistible, ... La Pink Lady est devenue leader de son segment. 107 500 tonnes ont été vendues durant la campagne 2009-2010, la production a augmenté de 32% en moyenne. Il s’agit de la pomme la plus (re)connue en Europe et la Belgique se positionne en leader avec 64% de la population qui connaît la dame rose. Pink Lady joue la carte de la créativité pour se démarquer En Belgique, on saluera l’audace de la Pink Lady, et son goût pour l’aventure puisque la fameuse pomme d’origine australienne ne s’est pas contentée du spot classique, elle a joué la carte de la créativité pour se démarquer. C’est ainsi qu’on a pu la voir s’associer à la série Desperate Housewives sous forme de billboards et d’annonces programmes sponsorisées (Pink Lady, la pomme préférée des Desperate Housewives), embrayant à merveille sur le visuel propre à la série : les Desperate Housewives et la pomme. Pour la petite histoire, le générique démarre avec une œuvre d’art signée Lucas Cranash, Adam et Eve. Eve cueille une pomme et voilà le pauvre Adam immédiatement assommé par une pomme géante qui lui tombe sur la tête… Après le passage en revue La télévision a joué un rôle capital dans la construction de la marque et de la notoriété de notre « pommodité ». Les campagnes TV 20092010 menées dans 5 pays européens (Allemagne, France, Italie, Espagne, Belgique) ont permis de générer 225 millions de contacts. La campagne pour la Saint- Valentin, menée dans 11 pays : 210 millions de contacts. Et la campagne de printemps, dans 4 pays : 150 millions de contacts. Ces trois campagnes sont passées par notre plat pays… En Europe, 72% des consommateurs associent la Pink Lady à la séduction et à l’amour. Le spot TV est particulièrement apprécié (91% des personnes interrogées y sont favorables) alors que 84% d’entre elles se sont déclarées enclines à acheter la fameuse pomme. d’autres œuvres d’art mettant en scène la condition de la femme au travers de l’histoire, le générique se termine avec un retour vers le pommier, les Desperate Housewives en-dessous, une pomme à la main et le sourire aux lèvres… La pomme c’est la féminité et la séduction, cela semble indiscutable ! Pink Lady s’est également associée à la SaintValentin sous forme de Daydicace ainsi qu’à Un dîner presque parfait sous la forme d’un concours (recettes à base de Pink Lady à envoyer). En conclusion, de la commodity, une pomme, à la marque, Pink Lady, il y a un itinéraire qui passe incontestablement par la pub et par la télé. « Pink Lady : so much more than an apple ». On n’aurait pas trouvé mieux ! s S.H. FACTS • Une « commodity » est un produit facilement interchangeable, il n’offre que très peu voire pas de différences par rapport à ses concurrents. Seul le prix influencera la décision d’achat. • Pink Lady utilise la télévision pour mettre en avant ses différences (une pomme de couleur rose et au goût sucré) et faire d’une commodity une marque forte. • Les campagnes sont décalées et jouent sur la séduction. • La télévision est utilisée de manière classique ou plus créative (spot, sponsoring, daydicace ou encore concours). Sources : Pink Lady Dave Dolak, How to brand and market a commodity Andy Rutledge, Of Brands and Commodities Marketing Practice, Marketing Strategy : how to brand a commodity Branding Strategy Insider, From commodity to brand and back again Jean-Laurent Cassely, Les fruits deviennent des marques déposées Backstage | Numéro 31 | Juin 2011 19 © Corbis Prototype d’une campagne TV en 2010 Bénéficiant d’une présence quotidienne et d’une pénétration unique auprès des Belges, la télévision jouit d’une force exceptionnelle. La combinaison du son et de l’image lui confère un dynamisme et une puissance indiscutables. La publicité véhiculée par ce média tire bien évidemment profit de ces atouts. Nous avons voulu savoir comment se définit concrètement une campagne en télévision en 2010. Quels sont les standards en termes de GRP ou de format ? Existe-t-il des particularités créatives propres aux différents secteurs ? Qui annonce en télévision ? La télévision au sud du pays représente aujourd’hui 36% des investissements média, contre 33% en 2008. Certaines catégories sectorielles allouent la grande majorité de leur budget média à la télévision, comme l’Alimentation : d’une manière générale, les produits FMCG (Entretien de la maison ou du bureau, Beauté - Hygiène, …) privilégient ce média. Même si tous les produits méritent d’être promotionnés via la télévision, 20 Backstage | Numéro 31 | Juin 2011 certains se montrent plus frileux que d’autres : la Distribution, les Services (Banques, Crédits, Assurances, Intérims…) et les Transports lui préfèrent parfois d’autres médias (part attribuée à la télévision inférieure à la moyenne des autres produits). Une campagne « classique » en chiffres Par opposition au sponsoring et autres produits « déformatés », une campagne dite « classique » se situera dans les écrans publicitaires proposés par les chaînes de télévision. Un écran est une succession de spots encadrés par un « jingle » de début et de fin. Les écrans publicitaires repré- sentent 94% des recettes publicitaires brutes déclarées. Concentrés de pure efficacité, les spots - véritables petits films de 20 à 30 secondes - sont généralement appréciés par le consommateur qui les juge informatifs, créatifs, convaincants mais surtout très divertissants, comme le démontre l’étude de perception des médias et de la publicité réalisée en mai 2010 par l’institut TNS à la demande d’IP TV. Demandez à un acheteur média ce que représente une campagne TV en termes de performance moyenne, il vous répondra que rien n’est Top 10 des catégories sectorielles présentes en TV Investissements bruts en télévision ALIMENTATION 119,4 M€ CULTURE, TOURISME, LOISIRS, SP 106,4 M€ BEAUTE - HYGIENE 71,0 M€ TELECOM 32,6 M€ ENTRETIEN MAISON - BUREAU 28,7 M€ SERVICES 27,2 M€ TRANSPORT 26,7 M€ DISTRIBUTION 22,2 M€ SANTE - BIEN ETRE 19,0 M€ EQUIPEMENT MAISON - BUREAU 10,5 M€ ENERGIE - COMBUSTIBLES 3,5 M€ Total général 473,1 M€ Source : CIM MDB Sud 2010 part TV dans les investissements médias 69% 34% 74% 40% 92% 16% 19% 11% 71% 19% 25% 36% Focus 1. Publicité TV, la formule efficace Source : TNS Média - mai 2010 - Cible: Francophone de 15 à 64 ans / n = 530 Dans quel média trouve-t-on, selon vous, la publicité la plus ... ? Télévision Folders Internet Magazines Informative Convaincante Radio Quotidiens 28 Cinéma 14 40 Aucun de son média / Ne sait pas 15 21 Divertissante Créative Affiches 13 64 39 Efficace (si vous êtes industriel) plus faux qu’une moyenne et qu’il y a énormément de paramètres à prendre en compte dans la stratégie média (l’objectif de campagne, la situation concurrentielle, l’image du produit, …). Toutefois, une norme théorique parle de 80 à 100 GRP par semaine sur 2.5 semaines, pour une couverture de 60-65%. Cet ordre de grandeur se retrouve dans les faits lorsqu’on analyse les bilans de campagne FMCG de 2010 sur la cible des PRA 18-54 par exemple (270 GRP en moyenne pour une couverture de 63%) ou pour des secteurs plus masculins (235 GRP Hommes 18-54 ans pour 55% de couverture). Les investissements restent traditionnellement concentrés sur la tranche horaire allant de 17 à 23 heures; on y comptabilise 84% des budgets pubs TV. Rien d’étonnant puisque c’est également là que se concentre la majorité de la consommation de la télévision. A noter que le secteur de l’Automobile rassemble sur le 17h23h près de 90% de ses investissements, alors que les secteurs des Services (incluant les services bancaires, immobiliers ou encore l’intérim) et de la Santé les répartissent un peu plus sur la journée, en adoptant également la tranche horaire du midi. [ Une norme théorique parle de 80 à 100 GRP par semaine sur 2.5 semaines, pour une couverture de 60-65%. ] 15 53 4 3 3 3 2 9 7 11 5 11 6 12 18 5 4 2 11 12 9 7 7 11 14 8 8 5 5 7 9 4 3 Les spots classiques : versions, durée, stratégie, modes créatifs Les versions Nous avons dénombré 6 300 visuels différents diffusés en 2010 au sud du pays pour la publicité classique; toutefois, nombre de ces visuels sont de simples versions d’un autre spot (durée réduite, adaptation du packshot, etc). Il existe 3.4 visuels différents pour un produit en moyenne. Le groupe des Télécoms affiche une moyenne plus élevée de 5.7 visuels, et la Distribution, de 5.6. Ces catégories sectorielles utilisent de manière continue la télévision, dans une stratégie promotionnelle. Les offres, se modifiant au cours des saisons et de la concurrence, nécessitent une adaptation (parfois limitée) du produit, prix ou remise cité en fin de spot. Citons par exemple Media Markt, qui totalise pas moins de 73 visuels sur 2010. Les Télécoms construisent généralement leur image via des spots feuilletonants pour capter l’attention des téléspectateurs et éviter que ce dernier ne se lasse. Plusieurs visuels sont alors créés, comme l’a fait VOO en 2010 ou Belgacom auparavant. Dans un secteur comme la Santé et le Bien-être, on constate une plus grande stabilité, certains visuels restant parfaitement identiques sur plusieurs années. Les produits vendus en pharmacie basent généralement leur stratégie sur une campagne très descriptive, dont le message est d’ailleurs contrôlé légalement. La stratégie de l’image privilégiée Un spot durera généralement entre 15 et 35 secondes. En 2010, la moyenne des spots diffusés tournait autour des 24 secondes. Dans cette abondance publicitaire, les marques doivent se différencier pour survivre. Elles doivent dépasser la première fonction de « vente » de la publicité, et favoriser la création d’une émotion. Dans le secteur Automobile, l’image est généralement la stratégie de communication principale. Pour être correctement véhiculée, un spot long est souvent indispensable. Dans son spot de nouvel an, Renault n’hésite pas à détailler ses valeurs en 90 secondes; c’était également le cas de H&M pour sa campagne Lanvin Loves H&M (60 secondes), de La Loterie Nationale en guise de remerciement (90 secondes) ou encore de Nike où Cristiano Ronaldo conseille d’écrire le futur en 3 minutes. Si la stratégie de l’image est attendue dans un secteur aussi impliquant que l’Industrie Automobile, nombre de spots dans l’Alimentation se construisent également un univers qui leur est propre et les différencie (les alcools bien évidemment mais également les pâtes et plus étrange encore les fruits « Pink Lady », qui font l’objet d’un article dans ce Backstage p. 18). La stratégie de l’image est également très répandue dans le secteur de l’Energie. Parmi les critères de séduction, l’écologie tient une place importante dans les Transports et l’Energie. Cet argument est également utilisé aujourd’hui par certaines marques de lessive. Les modes créatifs La joie, la peur, la surprise, le bonheur, la honte, la haine, la passion… peuvent être employés pour générer de l’émotion. Cependant, certains modes créatifs sont plus utilisés et plus efficaces que d’autres. L’humour est un outil de communication très sollicité; c’est un moyen efficace de créer une complicité avec le téléspectateur. Toutefois, il n’est pas le même selon la perception qu’il en a, son sens de l’humour, et son effet varie selon l’éducation reçue, sa personnalité, sa culture, son style de vie, son expérience… S’il est très présent en publicité, il est bon de noter que l’usage de l’humour peut parfois nuire à la compréhension du message. Il s’agit de ne pas focaliser l’attention et la mémoire du consommateur sur l’humour et le comique mais bien sur le fond du message. De plus, ce qui fait rire les uns ne fait pas forcément rire les autres. Si l’humour peut parfois nuire à la compréhen- [ Pour que l’image soit correctement véhiculée, un spot long est souvent indispensable. ] Backstage | Numéro 31 | Juin 2011 21 sion, il facilite la persuasion et la mémorisation : un ou plusieurs jeux de mots drôles, pertinents et légitimes sont facilement retenus. Le rire est rassembleur, lorsque l’annonceur et le consommateur rient des mêmes choses, le second est déjà, en partie, conquis. Les produits de cosmétiques, les shampoings, les médicaments, et, surtout, les produits de luxe en général, ont tendance à se passer de l’humour et du comique. Dans les publicités du secteur bancaire et assurances, la tendance semble s’inverser depuis peu, pour des raisons liées à la crise, au désamour pour le secteur etc. En 2010, BNP Paribas Fortis s’y essaie dans un spot d’humour plutôt provoquant pour la planification de la pension. Pour vendre, l’annonceur fait parfois appel à un ambassadeur : le fait qu’une célébrité vante les mérites d’un produit permet au consommateur de s’identifier à son idole en consommant le même produit que celle-ci. La célébrité devient donc une motivation de consommation pour l’acheteur. Les people sont sollicités pour tous types de produits (voiture, rasoir, assurance, parfum ou boisson) même si on les retrouve un peu plus dans l’Alimentaire et la Beauté Hygiène en Belgique en 2010. Par leur diversité et l’évolution de leurs caractéristiques, elles peuvent mener à des choix et des modes d’utilisation différents. Les people peuvent être classifiés en deux ordres : - Les stars internationales : l’Oréal base depuis des années déjà sa communication sur le glamour grâce à des stars comme Claudia Schiffer et plus récemment Eva Longoria. Le fameux « What else ?» de Georges Clooney est maintenant parfaitement associé à la célèbre marque de café Nespresso. [ Le rire est rassembleur, lorsque l’annonceur et le consommateur rient des mêmes choses, le second est déjà, en partie, conquis. ] 22 Backstage | Numéro 31 | Juin 2011 - Les stars locales : sportifs, comédiens ou encore vedettes du petit écran comme Sandrine Corman, ambassadrice de la marque de vêtements JBC. Le côté belge apporte une dimension de proximité entre le produit et le consommateur ; dans le cas de Martini, les animateurs de RTL font un clin d’œil humoristique à la version internationale originale du spot. Enfin, le spot Becel avec Sabine Appelmans joue sur la proximité mais aussi le dynamisme et la crédibilité d’une sportive reconnue. Notons que dans cette année marquée par la crise économique, seulement 5% de l’ensemble des spots diffusés contenaient une promotion; il s’agissait pour la plupart de spots du secteur de l’Alimentation, de la Beauté - Hygiène ou de l’Automobile. Les formats moins classiques Le crawl est un format de 3 secondes qui permet d’intégrer le logo ou le visuel du produit au sein du programme sponsorisé. Il prend place dans le bas de l’écran lors de l’annonce du redémarrage du programme après l’entracte publicitaire. Combiné aux billboards, le crawl permet au parrain de s’approprier davantage le contexte sponsorisé en augmentant la répétition du parrainage au sein du programme. Le daydicace consiste en l’association de l’annonceur et de la chaîne par le biais d’un message clin d’œil à un événement (+/- 10 secondes). Chaque jour de l’année est un bon prétexte pour s’associer à un message sympathique, humoristique, informatif, voire ludique,... Sans être exhaustif, citons par exemple la Fête des Pères, la Fête des Mères, la Saint-Valentin, la Fête des Secrétaires, la Journée Mondiale de la Femme, le 1er avril, Halloween, le changement d’heure, le changement de saison, la Saint-Nicolas, la Journée Mondiale sans tabac, ... Pour les annonceurs soucieux de développer une communication plus exclusive, diverses formes de déformatages interactifs et personnalisés sont possibles en télévision. Ce fut le choix de 226 marques qui ont parrainé au moins un programme TV entre le 1er janvier et le 31 décembre 2010 sur les principales chaînes belges francophones. Certains des formats présentés ci-dessous échappent aux statistiques : seuls les billboards, les bumpers et les daydicaces se retrouvent répertoriés dans la pige publicitaire. Le placement de produit permet à un annonceur d’intégrer son produit et/ou sa marque Le billboard est un message de 7 secondes associant, par une voix « off » et/ou lien visuel, le parrain au programme ou contexte sponsorisé. La créativité et la pertinence de l’association entre le sponsor et le programme conditionneront directement l’impact, la perception et la mémorisation du message. Citons par exemple l’association du chocolat Zéro, à manger glacé, avec la météo ou de Bru avec l’émission culinaire Un dîner presque parfait ou encore un concept plus original qui met en parallèle les cheveux resplendissants des Desperate Housewives et les produits capillaires de la marque Syoss. [ La créativité et la pertinence de l’association entre le sponsor et le programme conditionneront directement l’impact, la perception et la mémorisation du message. ] Le bumper consiste en l’association d’un spot de l’annonceur aux jingles d’ouverture d’écrans publicitaires. Il peut notamment se révéler très intéressant en cas de lancement de produit ou toute campagne nécessitant une forte répétition sur une courte période. L’Alimentation et les Loisirs en sont particulièrement friands puisque 2 tiers des bumpers proviennent de ces secteurs. Focus dans un programme qu’il sponsorise. Cette intégration contextuelle permet de développer un lien émotionnel fort entre le programme et le produit. Les deux conditions indispensables et préalables à ce type de sponsoring sont l’adéquation et la pertinence du produit à placer par rapport au programme parrainé. Depuis décembre 2010, la mention « PP » doit être diffusée pendant 10 secondes avant et pendant l’émission. Enfin, des séquences de courte durée abordant divers thèmes peuvent être mises en place en étroite collaboration entre l’annonceur et la chaîne de télévision : la décoration, les informations financières, les sorties cinéma, un agenda des spectacles, l’internet, l’environnement, des conseils santé ou beauté, le tourisme,... Les possibilités sont nombreuses et variées. Ces programmes courts sont de véritables programmes produits par la chaîne de télévision mais ils permettent à un annonceur de créer un univers et un contexte unique pour sa marque. Pour terminer, en ce début de 2011, comment ne pas aborder les avancées technologiques permettant une nouvelle forme d’interactivité entre le consommateur et la marque ? La télévision numérique est aujourd’hui présente dans près d’un ménage sur deux (source CIM Radio Vague 21). Le consommateur peut accéder directement depuis l’écran de son téléviseur à une série d’informations supplémentaires sur la marque, présentées dans un espace dédié à l’an- nonceur (DAL). Ces DAL peuvent donner des détails techniques du produit, exposer les promotions du moment, offrir un catalogue interactif des produits de l’annonceur ou indiquer les coordonnées des revendeurs les plus proches par exemple. Le téléspectateur accède à cette information, soit en cliquant sur les bannières interactives affichées dans les pages de contenus de l’iZone (information, météo, sport, etc.), soit en appuyant directement sur le bouton rouge de sa télécommande lors d’une campagne interactive. s S.V.H. Facts • La télévision représente 36% des investissements médias au sud du pays. • Le secteur le plus friand de pub télé est celui des FMCG. • 94% de la publicité à la télévision est véhiculée au sein des écrans publicitaires, mais de nombreux autres formats existent (billboard, crawl, ou encore product placement). • Une campagne classique équivaut à ± 80-100 GRP par semaine et dure en moyenne 2.5 semaines, soit 60 à 65% de couverture 1+. • La télévision est appréciée en tant que messager publicitaire : la pub à la télé est vécue comme divertissante, convaincante, créative et surtout, on l’associe à un excellent taux de mémorisation ! • Humour, créativité, émotions sont d’autres atouts essentiels de la télévision. Campagnes prises en compte dans les secteurs ou sous-secteurs : Industrie Automobile, Télécom, Banques - Assurance, Combustible, FMCG ou Equipement Maison-Bureau à tendance masculine 1 Backstage | Numéro 31 | Juin 2011 23 iloveradioadvertising.be : nouvelles fonctionnalités Vitrine incontournable de la créativité radio belge et internationale, le site iloveradioadvertising.be n’a cessé, depuis son apparition en novembre 2009, d’élargir ses fonctionnalités et la richesse de son contenu. Ultraspot Ce début d’année a été marqué par le retour en force du concours Ultraspot au sein même d’ iloveradioadvertising.be. Après le grand public pendant près de trois ans, c’est au tour des professionnels du marché publicitaire de participer à l’Ultraspot, « Le classement ou les pubs sont des tubes ». En votant pour l’« l’Ultraspot du mois » parmi une sélection de spots, ils épinglent au fil du temps le meilleur de la création publicitaire et dégagent ainsi les préférences du marché. Au terme de cette année, le titre d’Ultraspot de la saison 2011 sera décerné. Nouvelles ressources et nouveaux services La qualité des spots radio est au centre des préoccupations d’IP depuis de nombreuses 24 Backstage | Numéro 31 | Juin 2011 années. Une meilleure compréhension des mécanismes de communication sonore, des repères qualitatifs sur la production radio d’ici et d’ailleurs et une bonne connaissance de la culture de la pub radio sont autant d’atouts pour augmenter l’efficacité et la qualité des messages publicitaires. • Nouvelle recherche par thèmes (Vintage, Ultraspot, Best of…) offrant d’autres clés de recherche de spots • Possibilité de créer un hyperlien vers l’ensemble des spots d’une « playlist ». Pour partager des spots de manière simple et conviviale. Pour partager cette expertise du média radio, iloveradioadvertising.be s’est enrichi de nouvelles ressources et de nouveaux services : iloveradioadvertising.be offre donc bien plus qu’une base de données de spots radio… Le site s’inscrit comme une véritable plateforme de partage de la culture de la radio ! A consommer sans modération. s F.L. • Interviews vidéo des différents protagonistes de la création radio. Producteurs radio, comédiens, annonceurs… partageront leur expérience passionnée et passionnante du média. • Séquences « Vintage » retraçant les balbutiements de la publicité radio. Des capsules interactives permettent de mieux comprendre les origines et l’évolution de la publicité radiophonique, des années ’20 jusqu’à nos jours. • Aperçu mensuel de la pub radio internationale, qui permet de situer la créativité belge par rapport à celle proposée à l’étranger. Focus Book Marketing 3.0 : En phase avec le client Philip Kotler, Hermawan Kartajaya et Iwan Setiawan Philip Kotler, aujourd’hui âgé de 80 ans, est une légende vivante du marketing. Ce visionnaire de la première heure, qui s’est très tôt efforcé de décrire la notion abstraite de marketing, fait partie des créateurs du concept actuel et est célèbre pour sa « règle des 4 P ». Il a écrit plusieurs bestsellers dans le domaine, parmi lesquels l’ouvrage spécialisé le plus influent de tous les temps, Marketing Management. Hermawan Kartajaya est le fondateur et CEO du bureau MarkPlus, Inc. et a été élu pour faire partie des « 50 Gurus Who Have Shaped the Future of Marketing » par le Chartered Institute of Marketing au Royaume-Uni. Iwan Setiawan est expert en stratégie marketing et occupe le poste de senior consultant chez MarkPlus, Inc. Il fut un temps où il n’était pas encore question de « versions » du marketing : c’était le temps des « 4 P » du marketing mix (Product, Price, Place, Promotion), qui ont jeté les premières bases. La version 1.0 désigne le marketing initial, essentiellement orienté vers le produit. Avec l’arrivée des techniques informatiques et d’internet, à partir de 1985 environ, le marketing a évolué (version 2.0) pour adopter une approche orientée vers le client. Philip Kotler est resté actif pendant toute cette période. En collaboration avec Hermawan Kartajaya et Iwan Setiawan, il a écrit Marketing 3.0, qui se distingue par une approche innovante du marketing résolument axée sur les valeurs et qui présente (surtout dans la dernière partie) des applications concrètes pour un marketing éthique, à la mesure des économies émergentes. Entré dans une phase adulte, le marketing se détache de toutes les idées reçues. Du produit aux valeurs, d’une relation verticale à une relation horizontale Les marques et les clients évoluent rapidement vers une relation horizontale, au sein de laquelle les valeurs occupent une place plus importante que jamais. Une marque, un produit ou un service fort conquiert l’esprit et le cœur, mais aussi l’âme du consommateur. La mission, les valeurs et la vision sont les pierres angulaires d’une stratégie crédible. Dans le marketing du futur, la relation entre le producteur et le consommateur sera horizontale. Elle cessera de correspondre à l’approche verticale « top-down » privilégiée par le marketing orienté vers le produit ou le client. Dans les formes précédentes, le fabricant devait « pousser » le produit vers le client ou « (at)tirer » le client vers le produit. Dans le marketing 3.0, le client participe au processus, de la conception du produit à la mise en place de la promotion : publicité de bouche à oreille, évaluations sur des sites web comparatifs, etc. D’après les auteurs, cette évolution résulte de la méfiance que les individus ont développée à la suite de la transformation rapide de la société et d’une série de crises, qui ont ébranlé leur confiance à l’égard des entreprises et des marques établies. À l’heure actuelle, les consommateurs se fient davantage aux relations horizontales que verticales. Ils ont plus tendance à croire leurs pairs (même sans les connaître personnellement) que les entreprises. La pyramide de Maslow inversée Dans la pyramide de Maslow classique, la base est constituée des besoins les plus élémentaires, à savoir la survie (alimentation), suivie par la sécurité (logement), les aspects sociaux (appartenance au groupe) et l’estime (ego). Le niveau supérieur, au sommet de la pyramide, est l’accomplissement personnel (sens et signification). En réalité, le vrai besoin de base de l’homme se Backstage | Numéro 31 | Juin 2011 25 situe pourtant à ce dernier niveau, qui concerne les aspects non matériels de la vie, les valeurs et la durabilité. Ce sont précisément ces éléments que le marketing 3.0 met à l’honneur. La collaboration et la créativité sont les fondements de ce type de marketing nouveau et innovant, dont les principales composantes seront la co-création, les communautés et le caractère. Co-création et communautés Dans le cadre de la co-création, le client exerce un impact de plus en plus important sur l’élaboration du produit final. Parfois parce que le produit peut être personnalisé, parfois parce que le fabricant a appris à se mettre à l’écoute des besoins réels de son client. L’influence croissante du client remplace la règle classique des « 4 P » du marketing mix, qui étaient définis par le producteur. Les communautés remplacent les modalités classiques de segmentation, de ciblage et de positionnement, qui étaient également définies par le producteur. Selon le marketing 3.0, les communautés d’utilisateurs vont déterminer de plus en plus les produits qui les touchent, les produits et les valeurs auxquels elles s’identifient et même pour quelles marques elles vont prendre des décisions radicales, se substituant ainsi au producteur. Le livre propose une série d’exemples parlants pour illustrer cette tendance et fait régulièrement référence à d’autres textes récents de la littérature du management. Caractère L’élément le plus fondamental du marketing 3.0 est probablement le caractère authentique de la marque ou du produit. C’est à lui que le client s’identifie, sur la base des valeurs sociales auxquelles il croit. Dans cette optique, la durabilité et le respect de l’environnement sont peut-être les valeurs les plus évidentes ou les plus « trendy » en ce moment. Au moyen d’une série d’exemples, les auteurs montrent que la puissance de toutes les marques fortes se ramène invariablement aux valeurs élémentaires qu’elles partagent avec leurs clients fidèles. Le modèle « 3 i » S’inspirant de Steven Covey, les auteurs reprennent le concept de l’« homme complet », selon 26 Backstage | Numéro 31 | Juin 2011 lequel l’individu ne possède pas seulement une tête (niveau rationnel), mais aussi un cœur (niveau émotionnel) et une âme (niveau social et valeurs). Ils intègrent ce concept dans un modèle complexe, pour les besoins duquel ils représentent l’Identité, l’Intégrité et l’Image de la marque (les « 3 i ») comme les trois côtés d’un triangle. Le positionnement du produit, la différenciation avec la concurrence et le caractère de la marque sont situés aux trois angles. Selon le marketing 3.0, un concept efficace approche l’individu à chaque niveau : • L’identité de la marque touche l’esprit (sur le mode rationnel), au moyen d’arguments concrets et des caractéristiques objectives du produit ou du service. Elle permet au consommateur de « savoir » et d’expliquer pourquoi il décide de choisir le produit ou le service. L’identité de la marque doit être unique. • L’intégrité de la marque touche l’âme du consommateur (de manière inconsciente, sur la base de valeurs plus profondes). Elle est à la base de la confiance et du sentiment d’authenticité, qui font que le consommateur reste fidèle à sa marque envers et contre tout, à une seule condition : que la marque reste, elle aussi, fidèle à ces valeurs, en toute honnêteté et authenticité. C’est au niveau de l’intégrité que se situent les valeurs marketing « supérieures » (l’écologie, le développement durable, l’engagement social, l’amélioration du monde…) et les entreprises qui se concentrent spécifiquement sur leur mission. Les bénéfices ne sont qu’une conséquence, et leurs clients le sentent et l’apprécient. • L’image de la marque touche le cœur du consommateur (sur le mode émotionnel), sur la base de la perception subjective du produit ou du service, à la fois au moment de l’achat et au cours de l’utilisation. Mission, valeurs et vision En substance, la « mission » est issue de l’essence des « 3 i » pour le consommateur/client et décrit donc ce que la marque ou l’entreprise offre à sa clientèle. La mission de la plupart des marques innovantes contient des éléments tels que « business as UNusual », « story-telling » et « consumer empowerment », que le livre illustre une nouvelle fois à l’aide d’exemples clairs. Les « valeurs » décrivent les principes défendus par l’entreprise à l’attention des collaborateurs et des partenaires dans la chaîne. Elles constituent donc la base de l’intégrité de la marque. Une entreprise se trahit gravement lorsque ses valeurs ne sont que des mots sur le papier et ne sont pas respectées par chaque collaborateur ou partenaire de chaîne de manière permanente et tangible. Les partenaires de chaîne sont des distributeurs ou des entreprises apparentées qui assurent par exemple le service après-vente. Aux yeux des utilisateurs, ils sont souvent plus importants que le fournisseur lui-même. Philip Kotler insiste vivement sur la nécessité, pour le fournisseur, de rallier ses partenaires de chaîne aux valeurs qu’il veut garantir à ses clients. Ils sont littéralement ses ambassadeurs. Dans sa relation avec ses partenaires de chaîne et avec ses utilisateurs finaux, le fournisseur a donc intérêt à respecter les valeurs sur lesquelles il base sa stratégie. La « vision » désigne les projets d’avenir et d’évolution de l’entreprise ou de la marque, en priorité vis-à-vis des actionnaires ou des parties prenantes. Transformation socioculturelle Si la mission et les valeurs concernent essentiellement le présent, la vision est orientée vers l’avenir. Sous sa forme la plus approfondie, elle implique que l’entreprise cible la réalisation de transformations socioculturelles. Dans ce contexte, l’entreprise vise à changer et à améliorer fondamentalement la société en relevant un défi socioculturel, en mobilisant des acteurs désireux de contribuer à la transformation et en proposant des solutions adaptées pour la mettre en œuvre. s A.B. Marketing 3.0 : En phase avec le client, Philip Kotler, Hermawan Kartajaya et Iwan Setiawan, Sdu Uitgevers bv, 2010.