Zoologie et Eglise catholique dans la France du

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Zoologie et Eglise catholique
dans la France du XVIIIe siècle
(1670-1840) :
une science au service de Die u
Eric BARATAY (*)
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ècle, de nombreux
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tournent
vers
autres. sciences, comme la paléontologie, sources nouvelles de débats philo sophid'ques
MOTS-CLÉS.
Eglise ; zoologie. — Histoire naturelle ; apologétique ; bestiaire; classification ;
terest
SUMMARY.
—theln1670s
the 18th
century
many vschol
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ogy.entFrom
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new
turned
to
point of departure forNatural
philosophi
c
al
debate.
History ; apologetics; bestiary ; classification ;Church ;
—
ZoolKEYWORDS.
ogy.
A partir des années 1660 environ, les sciences naturelles, notamment la zoologie, prennent un nouveau visage. Avec les travaux
de Malpighi (1661), Hooke (1665), Swammerdam (1669), Leeuwenhoek (1673), le microscope révèle un monde vivant jusque-là inconnu
(insectes, animalcules, cellules, etc.). Sous l'impulsion de savants
tels que Claude Perrault (1671 à 1676) ou Edward Tyson (1680
et 1689), de très précises monographies d'espèces sont publiées .
UniversitéBP
Jean0638,
Moul.in-Lyon69239
III, Faculté desCedex
let res et civilisati02
ons,
(*)
Eric Baratay,
74, rue
Pasteur,
Rev. Hist. Sci., 1995, XLVII /3, 241-265
242
Redi (1668) et de Malpighi (1684 )
Les
observations
relancent
le débatdesurFrancesco
la procréation des animaux en mettant à
mal
la
vieille
croyance
en
la
génération
. Au XVIIIe
sièclen,
Linné fonde la zoologie systématiquespontanée
(1735), tandis
que Buffo
les sciences naturelles (1749-1779) . En
fait entrerdécennies
l ' histoire dans
quelques
(1660-1740), ces travaux fondent la zoologi e
moderne. Ils obtiennent un écho certain auprès
du public
cultivés
: journaux
scientifique
grâce au soutien de nouvelles
institutions
en
1665),
jardins
botaniques
et
zoologique
s
(Journal
(Jardin dudesroiSavants
en 1626) académies des sciences (Paris en 1666) .
Dès les débuts du XVIIIe siècle, l'histoire naturelle est à la mode
dans les salons aristocratiques et bourgeois (1) .
Or, l 'observation de la nature suscite un intérêt semblable dan s
le clergé français à partir des années 1670, ce qui donne naissanc es
à toute une génération de clercs. Lenaturalistes
dont leslesplus
célèbre
premier multiplie
expériences
sont les abbés Nollet et Pluche
. Le second publie en 1734 Le Spectacle
mondaines surdontl'électricité
succès auprès du public dépasse celui de l'Hisde la nature dele Buffon
(2) . L'engouement persiste jusqu 'aux
toire naturelle. Derrière la simple
anecdote, il révèle une évolutio n
années
profonde1840des mentalités cléricales, une conception nouvelle de l a
nature, notamment du monde animal, et constitue l'un des épisodes les plus marquants de la relation agitée que l'Eglise entr
.
etinavcls (3)
Cet intérêt est un phénomène nouveau, car les clercs des générations
années
1600-1670
regar-.
daient précédentes,
peu la naturecelles
et ledes
monde
animal
de leursnotamment,
propres yeux
François de Sales, par exemple, émaille son Introduction à la vie
dévote (1609-1619) de nombreuses descriptions d'animaux, mai s
75 % d 'entre elles proviennent de sources littéraires antérieures :
la Bible, les oeuvres des Pères de l'Eglise et surtout celles d'Aristote et de Pline l'Ancien (64 % de ces mentions) . Seulement 2 5%
stoire,s voi: Sevpen,
r J. Ehrard,
ID.déeMornet
de nat, Lesure enScieFrance
éti
du (1)
XVIIIeSur sicetèclteehi(Pari
(Pari
1963);J.L'Roger,
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s
:
Col
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n
,
1911);
Les
Sci
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nces
de
l
a
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f
r
ançaiColsien,du1963).
XVIIIe siècle : La génération des animaux de Descartes à l'Encyclopédie (PariseauXVIsiècl
Torla1987);
is, Un physi
ècle des lumièop.
res: L'acit.
bbé Nol. leint, 1700-1770
(Jonas:
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l'aJ.Suruteur,
sure, voiPlciruechelna ausynt: SihMornet,
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1,(Pari
8-9s
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E
gl
i
s
e
et
l
a
sci
e
nce
Fayard, 1990-1991).
243
des textes semblent donc
strictement personnels, mais ils évoquent
de parfaites évidences : les oiseaux chantent et volent, l'abeille s e
pose sur les fleurs, le loup dévore les moutons, etc . (4). Autrement
dit, lorsque l'évêque de Genève entend faire une description précise ,
ilbêtes
recourtlessystématiquement
aux sources
plus proches comme
le cerf oulittéraires,
l'abeillemême
. pour le s
Une attitude qui n'a rien d'original, qui se rencontre aussi chez
les prédicateurs, les moralistes, les théologiens . Deux exemples sont
significatifs . Lorsque le jésuite Etienne Binet publie son Essai des
merveilles de nature en 1621, dans le but de donner des connaissances précises aux jeunes prédicateurs pour bâtir leurs sermons ,
tout
ce qu'il leécrit
paon, le chant
du espèces
rossignol,delapoisson
société
des abeilles,
nid sur
des lehirondelles,
certaines
est tiré de Pline l'Ancien. Voulant décrire la nature, il ne sait qus, e
se plonger dans les livres . Le cas de Louis Gruau montre à quel
point ce réflexe est profondément enraciné dans les mentalités ,
puisque ce curé de campagne des débuts du XVIIe siècle pratique
la chasse aux loups, invente des techniques de chasse, écrit u n
livre pour les vulgariser en l'émaillant de remarques personnelles .
Mais, lorsqu'il veut décrire les mœurs de l'animal, il ne peut s'empêcherLadeconséquence
reprendre tout
qu'dil a' lu chez les anciens (5) . x
de cecepeu
observations
est la croyancedeause
animaux fantastiques : le phénix qui
renaît périodiquement
cendres, le griffon, le nycticorax qui ne vole que la nuit, le farouch se
ichneumon, les sirènes, l' "harpye" qui porte une haine farouch e
à l'homme et se roule dans le sang de celui qu 'elle tue, la licorne ,
les satyres, les dragons (6) . Autre conséquence : le libre cours au x
affirmations contestables . A la suite de Pline et de Virgile, le cur é
(4)
(Pari
1910),
Bibl145..
e ; 209.. pour. . pourles lment
es Pères
17, 20, l69,es 279..
pourAri
stotes,; éd.59,: de114.
. . pour260.Pl.in. e;pour52,la123,
ions ;personnel
1567-1622,
évêque
)
de
Genève
enurelle1602.
(5)
Respect
i
v
ement
.
:chap.
VI, 2,VIII,20 .IX,29,XI33,et L.XVXI-c.
tirés4 deà 23l'Hi(Bistoinetre:nat1569de(jFrançois éPlsuiine,te
L.en IX-c
.
7,
8,
10,
18,
59,
L.X-c.
1
639,
prédi:cat?,eur),curé L.deGruau,
ion de chasse (Paris, éd. de 1888), chap.3
et 1590,
4(6)
(Gruau
Saullgees), Nouvel
. le deInvent
Lephéni
x
:
P.
de
Bérul
Oeuvres
pi
é
t
é (Paris, éd.t. de1, 1644),
Le griffonL:
L.P. Baide lBesse,
, La Théol
ogieioafnsfectthéol
ive:o(Pari
s, éd.(Paride s1643-1644),
1hneumon,
.1,1084.enyctiorax587.
Concept
gi
q
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,
1606),
650.
L'
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c
l
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harpye"
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DeniLejesune,de lLea Mère
de Direeu,de Homél
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s (Pari1662),
s, 1618),
597,a siaLe480,
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licornein,:: J.Des
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s
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(Toul
o
t.
2,
461.
yres (Paris,(Paris,
1627). Le dragon
: S. Martit.n, Les2,Nouvel
les Fl149.
eurssatdesyer
vies des satsaints
1653),
col.
244
Eric Baratay
244
Gruau croît que les loups
d 'Italie ont les yeux pleins de poison
et que leurs haleines rendent muet . Le curé Louis Bail reprend
les dires d'Aristote à propos de la scolopendre de mer
qui rejette
. Jean-Pierr
ses
entrailles
pourdeseBelley,
défaireécrit
desque
hameçons
Camus,
évêque
le pélicanavalés
s'ouvre le ventr ee
pour ressusciter ses petits avec son sang (7) .
Il ne faut cependant pas exagérer la dépendance des clercs d e
ce temps vis-à-vis des sources littéraires . Certains savent regarder
le monde animal lors de quelques occasions précises, tels le jésuit e
Binet à propos du cheval de course ou le jésuite Richeome pour
les bêtes de chasse (8). Ce sont justement les descriptions de chevau x
et les traités de chasse qui livrent le plus d'observations personnel
les centrées,
queld'qéuestonnant
bêtes dans
(chevaux,
chiens, oioùseaux
cerfs,
lièvres), cedequifait,n'sura rien
une société
l'élit e,
cultivée, y compris cléricale, pratique la chasse et l'équitation. Il
reste que dans les sermons, les traités de théologie, les manuel s
d'édification, et pour les autres bêtes, inconnues ou mal connues,
la référence aux ouvrages anciens est systématique .
le contexte
l'époque,
comprend
pour
lesDans
animaux
exotiquesdeque
l'on necepeutrecours
étudiersesur
place, mai
il pose problème pour ceux de l'environnement immédiat . Sanss
doute, la formation des clercs, notamment des théologiens et de s
prédicateurs, entièrement basée sur le livre, ne peut que les conduir e
à une telle pratique . Mais, en fait, les ecclésiastiques s'inscrivent
dans une tendance générale . Rééditées et largement diffusées à partir
des débuts du XVIIe siècle, les oeuvres des anciens, notamment celles
de
Pline etqued'Apersonne,
ristote, sontdeconsidérées
des références
gatoires
l'humaniste comme
au naturaliste,
n ' obli. Prisonniers d'une conception de la création où l'âogesed'contr
or s edir e
situe en arrière, les contemporains ne peuvent se détacher de ce s
auteurs qui ont tout dit et l'ont bien dit (9) . D'où les répétitions
et compilations des savoirs antérieurs, les gloses interminables à
(7)
Gruau,
19-20;
Bail, op.J.-cit. P.inCamus,
n. 6, t. 1,Homél
1.1, i585
(Bainl ic:al1610-1669
docteur
en théol36op.o(Camus
giciet., curé: de5,1584-1652,
Montmartre);
es domi
es (Lyon,,
éd. (8)
de 1625),
évêque
de
Belley
.
en
1609)
E.t.Bi2net,: LeEssai
l es de(Parinature
, éd. 295,
de 1625),
Oeuvres,
Pèledesrin demervei
Lorette
s, éd.(Paride s1628),
314, 348569;
(LouiL.sRiRiccheome,
heome
.
: (9)
1544-1625,
jésuite
en
1565)
P.
Del
a
unay,
La
Zool
o
gi
e
au
XVIe
si
è
cl
e
(Pari
s
Hermann,
1962),
93-96.
Voi
r
aussi
E. Callot, La Renaissance des sciences de la vie au XVIe siècle (Paris : PUF, 1951).
245
leur propos, l 'absence de réelle vérification . Dans un monde où
l'information circule peu, mal, lentement, où les déplacements sont
assez rares et encore difficiles (10), tout paraît possible et le vra i
se distingue mal du faux . Tous croient en une nature, et par derrière elle en un Dieu, agissant dans tous les sens, créant des animau x
fantastiques, des monstres, des peuples bizarres . Le Traité des monsde Fortunio Liceti, par exemple, édité en 1616, connaît u n
viftressuccès et est réimprimé en 1634, 1665, 1668, 1708 (11) .
A cela s'ajoute, pour les clercs, un manque évident de curioAinsi, il ne semble pas que les naturalistes de la Renaissance,
silesté.Rondelet,
Belon, Gesner ou Aldrovandi, soient utilisés, puisqu'il s
même, les animaux découverts par le s
ne
sont
jamais
citésun. Desiècle
explorateurs depuis
et enregistrés par les naturalistes précédemment nommés ne sont jamais signalés . En cette premièr es
moitéduXVIesiècle, af uneaméricane 'existe ouj rspa
dans l'imaginaire clérical! Ce désintérêt s'explique essentiellemen t
parlerôlequejouel'animaldanslareligon .Jugétrèsembla
e
à l'homme par la structure de son corps, ses mouvements, la pré-r
sence d'une âme, mais aussi différent et, en fait, inférieur pa
la nature même de cette âme, par ses facultés instinctives, par sa
destinée toute terrestre, placé juste en dessous de lui dans une création où tout est lié, il participe au drame divin, c'est-à-dire à l a
lutte de Dieu et de Satan, au combat de l 'homme pour gagner
le salut. II remplit l'office d'un véritable missionnaire guidant, so
utena,corglshmeàpnrDiutsesdan
. A ce titre, il intervient dans les vies des saints ,
ladans
bonne
cellesvoiedes simples chrétiens en tant qu'intermédiaire entre le
ciel et les hommes, agent de Dieu ou du démon . Il est aussi parti-u
culièrement employé dans la pastorale comme symbole (tels l'agnea e
christique, la colombe du Saint-Esprit) ou. Ainsi,
commedansexemple
d
son Introconduite pour enseigner et édifier les fidèles
duction à la vie dévote, François de Sales multiplie les compara
isonaveclmdi,évoquantprexml,udibonderie des éléphants pour inciter les chrétiens à plus de chas nz
et(Paricri(10)tsiq:PUF,1968)53-70ueE.àLabr.,éedfltuVaXisIrnbcèhpA ousse, Le paradoxe de.l'érudit cartésien Pier e Bayle, inReligon,érudt
s
et de(1 )c:M.ioJRH1nFV,s3-t2gr4epdLhu ses .:(dSPéyrofsa,1u9ti)
246
Eric Baratay
246Bridoul (13) publie, en 1672, un livr e
. Le jésuite Toussaint
teté
(12)
intitulé L'Ecole eucharistique établie sur les respects et devoirs miraculeux que les animaux, oiseaux et insectes ont rendus en diverse s
occurrences au Saint-Sacrement de l'autel pour montrer que les
bêtes sont plus respectueuses du saint sacrement que les protes- e
tants.
Ce recours
incessant
monde animal
pour définir laà natur
de l'homme,
sa place
dans aula création,
le comportement
suivre
dans la religion, est bien l'aspect le plus original de cette époque ,
celui qui la distingue le plus de la suivante (1670-1840) . Issu d'un
fort sentiment de proximité entre les deux créatures, il transform e
une faune encore abondante, foisonnante, véritable épaisseur vivant e
autour des hommes, en un incessant point de repère . Plongé dans
la nature, très proche de l'animal par son régime démographique e,
par son mode et ses conditions de vie enracinés dans le rural, mêms
dans
lesbiologiquement
villes, l'homme duet XVIIe
siècle se sert depour
cet seautre
le pluse
proche,
géographiquement,
juger,
mesurer.
C'est pourquoi la valeur des histoires et descriptions d'animau x
est plus liée à leur capacité d'enseigner la religion qu 'à leur véracité. Utilisé dans le seul but de situer l'homme et de le guider,
vers
son des
salut,justifications
l'animal doitattendues
démontrer
intimes
apporter
sur des
troiscertitudes
thèmes fondamen: la supériorité de l'homme, l'existence et les caractéristiques
taux
du monde céleste, la nécessité de se conduire suivant les ordre s
de Dieu. Dès lors, la réalité compte moins que cette espérance .
La vision religieuse du pélican offrant son sang à ses petits (imag e
évidente du Sauveur), par exemple, est plus importante qu 'une' que
. Même s'ils étonnent, les gestes de l animallconqueréait t
ne peuvent être analysés que
par les'prisme
rassurant
de l'instinc
. Même
ils peuvent
être quelquefois
qui
postule
son
infériorité
douteux, les animaux fantastiques riches de significations symboliques, presque créés pour cela, restent en faveur : François de Sales ,
par exemple, signale bien qu'Aristote est très réservé sur ce sujet,
mais continue de les évoquer ; Louis Bail se sert du phénix et d u
t. in n.si4,ècl279.e à Surnosl'ujotiurslisatienonFrance
religieuse
del'aniunimalv. :deE. Barat
"1991
L'E(12)
gl(Pari
isF.e setde: SalEd.
l'anies,malop.duciXVIIe
", thèse,
LyonayIII,,
(13)
1595-1672,dujésuiCerf,
te on1996),
1614 .chap. 4-5.
247
griffon
dont
le
caractère
fabuleux
est
pourtant
souligné
par
Pline (14) .
,
Dans la seconde
moitié du (15),
XVIIeestsiècle,
cetteenmentalité
permanente
depuis l'Antiquité
remise
question cléricale
au profit
d'une volonté d'observer directement la nature en se délivrant d e
la tutelle réductrice et déformante des auteurs anciens. Ce rejet
des autorités commence vers 1660 à propos des questions d e
physique et de philosophie, notamment celle de l'âme des animaux ,
etmoment
intervient
sciences
au début
où l'dans
intérêtlesdes
clercs naturelles
(et du public
lettré) duse XVIIIe
déplacesiècle,
de
sciences abstraites, les mathématiques et la physique, vers les science ss
empiristes, concrètes, notamment l'histoire naturelle (16) . Intitulant, en 1702, « Sur le refus de suivre les anciens », l 'un des chapitres de son Histoire critique des pratiques superstitieuses ,
l'oratorien Le Brun soutient que l'Histoire des animaux d'Aristot e
etqu'l'Histoire
de Pline ne doivent plus être utilisées parc e
elles sontnaturelle
peu crédibles
. Le premier
« tombe
souvent
dans de s
erreurs grossières », notamment
en ce qui
concerne
la génératio
des animaux à partir de la pourriture, tandis que le second esnt
« peu soigneux de vérifier les faits » qu'il rapporte (17).
En réalité, le détachement s'effectue progressivement . Dans l e
premier tiers du XVIIIe siècle, ceux qui se réfèrent à Pline ou Aristote sontBougeant
encore nombreux
le s
jésuites
et Regnault: enle bénédictin
1719 et 1737,Calmet
l' en 1713,
Grozelier en 1726, etc. (18). Bougeant écrit que l'histoireoratorien
des animau
est celle « où l'étude et les recherches des Anciens ont été les plu xs
ec.s,2op.et ci49.t. in n. 4, 211; Bail, op. cit. in n. 6, t. 1 1 . 1. 587; Pline, Histoire
natu(14)
relleF.El, lL.edeestX,Salprésent
(15)
auteursMoyen
du HautAgeMoyen
anithèse,
male desuniv.
auteursde
chréte chez
ieToulouse,
ns dules. Haut
occid1990
entAgeal : :HériJ. tVoi
agessenet,
et ori"gL'inialmiageri
tés e",
(16)
P. Chaunu,
La CiHivilsistoiatrioencridetiql'Eueurope
desiqluuesmièsuperst
res (Pariitieuses,
s : Arthaud,
rre Le Brun,
desprat
rééd.1971),
(Pari262-263
s, 1732).,
t. 1,(17)
16-23PiA e. (1661-1729,
oratori
e
n
en
1678)
.
(18)
met, Comment
aire lit éralensur...
lespsaumes
(Pari, sObservati
, 1713), t.o2,ns706curi(1672-1757
bénédilectsinparti
enCal1689,
abbéphyside qSénones
G. Bougeant
uses dsur,e
toutes
ueCaen,(PariNevers,
s, 1729)
1719),Pari;(1690-1749,
jésuiierte(1692-1728,
en 1724, proforateesseur
bel1710)les-lestet resl'auteur
auxes decoldullaèges
de
s
)
;
N.
Grozel
o
eetnieensn
tomes
2 et 3 des, édce.derni
er ouvrage
; N.jéRegnaul
t1702,
, LesprofEnterirsseu
physi
q
ues
d'
A
ri
s
te
et
d'
E
udoxe(Pari
de
1737),
(1683-1762,
sui
t
e
en
r
de sciences au collège de Paris) .
24 8
Eric Baratay
248et plusieurs autres après eux ont fai t
heureuses . Aristote et Pline
sur cette matière tant de belles observations, qu'ils semblent l'avoir
épuisée A. Mais, et cela illustre bien l'évolution des mentalités, c e
recours est de moins en moins exclusif . Voulant évoquer les nouvelles espèces connues, Bougeant utilise des sources plus récentes ,
telles que l'oeuvre de Rondelet, qui date tout de même d u
XVle
(!), celle
mpanzé, ainsi que les recherches desiècle
l'Académi
e desdesciTyson
encessur(19)le.chiGrozel
Regnauldes
t seSavant
basen t
en priorité sur des faits contemporains tirés iduer etJournal
et des Mémoires de Trévoux. Ce moindre emploi se change ens
véritable désaffection à partir des années 1730. L'abbé Pluche, en
1732-1746, et l'abbé Ray, en 1788, ne se servent plus que des travau x
des savants modernes (20) .
rejetenquices'domaine,
accompagne
d'une épuration du bestiaire . Encore
en Un
pointe
l' oratorien
Le Brunétérefuse
en
ces animaux fantastiques qui n'ont jamais
vus (21)de croire
. Mais la
plupart des clercs naturalistes des années 1700-1730 soutiennen
encore l'existence de la salamandre, de serpents monstrueux, d te
veaux couverts d'écailles, etc . (22). Cependant, avec le développ
emntdl'spricque,atonliésduem.tplin
Le bénédictin Calmet, qui utilise encore Pline en 1713, critiqu e
la croyance de certains Pères de I'Eglise concernant l'éducatio n
des petits corbeaux. L'abbé Pluche, qui garde les récits des voyageurs
au sujet
de l'ichneumon
pénètrequi
dansn'elest qu'
crocodile
et l e
fait mourir
de douleur,
refuse le qui
merveilleux
un mélang
de mensonge et traite la licorne d 'animal chimérique (23). Cet esprite
critique devient la norme après 1730 et les histoires fabuleuses di
. Un rejet compensé par l 'intro-sparientdouvgsrliex
duction de nouvelles espèces. Bougeant, par exemple, évoque l e
carcajou, le serpent à sonnette, la couleuvre du Brésil, les écrevisses et le castor, l'animal le plus souvent mentionné, qui symbo(19)
Bougeant
op. ciLet. Spectacl
in n. 18, 429lpour
la citation,s,439,éd. 442,
445 pour
sourceessur.
(20)
N.-A. Pl,uche,
a nature
deetc.1754),
t. 1, ls'esadoctppui
Réaumur,
lehsumani
Mémoitéress deetedelde'Académi
eque,des(Pari
scinecinces,
(1688-1761,
eur en
tteur
héoloàgiPari
e, profGoedart,
e
sseur
d'
rhét
o
ri
pri
p
al
du
colelèsurge Bufde foLaon,
préceps
);
P.
Ray,
Zool
o
gi
e
uni
v
ersel
l
e
(Pari
s
,
1788),
s'
a
ppui
n,
Réaumur
Bonnet,
etc.. Cependant il utilise encore Rondelet pour l'étude des poissons qui restent,
mal connusLeBrun,
op.Grozelcit.ier,in op.n. 17cit.(Pariin n.s, 18,
éd. de 1732), t.451,1, 71,460,78.463 et I. 3, 527.
(21)
(22)
Exempl
(23)
Calmete, :op.cit.
in n. 18, t. 2, 706; Pluche,t. 2,op.448,
cit. in n. 20, t. 1, 121, 404, 408.
249
lise à lui tout seul l'ouverture des esprits, leur volonté d'observer
la création
. existait déjà chez quelques-uns à l 'époque précéCe sentiment
dente, mais il se généralise à partir de la seconde moitié du
XVIIe siècle, ce qui explique l'intégration assez rapide des nouveaux
outils, comme le microscope, et des thèses récentes, celles de Tyson ,
de Linné, de Buffon (24) . Si certains, tels Fénelon, Bougeant o u
même Pluche, en restent encore à effectuer de simples compilations,
si leur goût
l'observation
semble quelquefois
s'arrête
à leur volonté
de s'adeppuyer
sur des ouvrages
récents, d'autres
fon rt
preuve d'un penchant prononcé pour l'expérience personnelle . Dans
Entretien sur les sciences de 1683, Bernard Lamy écri
son
« rechercher les faits de la nature, c 'est faire des expériences,tque pa r
exemple des dissections sur les animaux, sur les plantes, sur le s
poissons, pour ouvrir la nature qui nous a été fermée jusqu'à
présent (25) ". Une conception concrètement appliquée par l'ora- s
torien
Malebranche
qui possède
de savant
contemporains,
s'intéresse
à tousdelesnombreux
genres, ouvrages
des examens
microscopiques au problème de la circulation du sang, et tient à fair e
lui-même des observations (26). II donne des descriptions précise s
de nombreux insectes tels que la larve du fourmi-lion, qui creus e
un trou dans le sable pour attirer ses proies et leur sucer le sang .
Un animal qu'il élève dans une boite remplie de sable en l'observant sans cesse et en la montrant fièrement à ses amis . Mais, il
expérimente aussi . A la suite de Francesco Redi, il recouvre des
viandes d'un voile de gaze pour vérifier que les vers ne peuven t
apparaître
Reprenantplusieurs
les travaux
sur lesDaniel
oeuf s
de poules,(27)
il en. dissèque
commedeleMalpighi
note le jésuite
en 1670 : « Il a présentement un fourneau où il met couver des
oeufs et [ ...] en a déjà ouvert dans lesquels il a vu le cœur form é
et battant avec quelques artères (28) ."
es : F.35Fénel
on, Œuvres,
t. 1 :inTrain.t18,
é del439,'exis455;
tenceRay,
etdesop.attcit.
ributsinden.Di20e u.
(Pari(24)
s, éd.Exempl
de 1820),
;parBougeant
,balop., cit.
(25)
P.
276-277,
ci
t
é
F
.
Gi
r
Bernard
Lamy
(Pari
s
:
PUF,
1964),
79
(1640-1715,
oratorien
en 1658,
professeur
deebranche
mathématiques
et de. 66-68
philosophie)
(26)
H.
Gouhi
e
r,
La
Vocati
o
n
de
Mal
(Pari
s
:
Vri
n
,
1926),
(1638-1715
,
oratori
en en 1660,citmembre
honorai
rephidelosophe
l'Académi
e des
scicolaesnces
.en 1699)
IXe
(27)
entretien
é
par
Y.
Séméri
a
,
Le
et
l
'
i
n
sect
e
.
Ni
Mal
e
branche
(1638.
1715)(28)
ou l'enttr.eomolau père
ogiste desson
Dieu,BulletinH.mensuel
Sociiéntén.li26,nnéenne
de Lyon,jésui(1985
),I- te en
Gouhi
eéolr,deoop.gilae).cit.
68 (?-1728,
1667, profLeteude
sseurdedeMalrhétPoieobranche
rique,ciphitéelopar:sophi
e
et
t
h
Sur
l
e
s
travaux
sci
e
nti
f
i
q
ues
Roger, op. cit. in n. 1, 212, 335-337.
tl'ai e
250
Eric Baratay
250
est pas
un cas isolé . A l'autre bout de la période,
Malebranche
n'
en 1763, l'abbé Boissier de Sauvages entend favoriser l'élevage de s
vers à soie . Pour cela, il rejette les anciens qui débitent " des fables »
et n'est guère plus tendre avec les modernes qui n'ont fait que
compiler les premiers ou n 'ont effectué que peu d 'expériences " sur
quelques douzaines de vers à soie élevés sur la tablette de leu r
cheminée » . Seules des analyses réitérées peuvent donner des connais sances sûres. Aussi visite-t-il les ateliers du voisinage afin d ee
connaître
de production,
éleveurs,l'influenc
prendr e
des notes les
pourlieux
essayer
chez lui etquestionner
vérifier, parlesexemple,
de la chaleur sur le développement des bestioles (29) .
bien ce goût pour l'observation qui suscite la publicatio n
C'estgrands
de ces
tableaux d 'histoire naturelle qui jalonnent le siècl e
et lui donnent son caractère particulier : le Traité de l 'existence
et des attributs de Dieu de Fénelon (1712) le Spectacle de la nature
de l'abbé Pluche (1732), la Zoologie universelle de l'abbé Rayde(1788),
l'Histoire naturelle des oiseaux,
des reptiles et des poissons l'abbé
Bourassé (1840) (30), etc .
Reste à expliquer les raisons d'un tel changement de mentalité.
La plus immédiate est l'adhésion du clergé à un esprit critique,
une rationalité qui dégagent le regard, le laissent libre de tout magistère des anciens et permettent d'adhérer à la science moderne. Un
processus qui se retrouve,: épuration
au même moment,
d'autreslutte
domaicontre
ne s
du culte dans
des saints,
de
l'
h
istoire
de
l'Egl
i
s
e
les superstitions populaires, critique du satanisme et de la sorcellerie, etc. (31). Mais, il s'installe lentement . Dans la seconde moitié
du XVIIe siècle, l'initiative revient assez souvent à des oratoriens,
des jansénistes pressés de rejeter l'aristotélisme pour bâtir u n
nouveau système de pensée adapté aux connaissances nouvelles e t
capable de soustraire l'Eglise aux critiques des libertins ou de s
milieux scientifiques . Par contre, les jésuites et les docteurs de l'Université, attachés à la tradition scolastique, sont en majorité rétiPierre BoissierXI-XII,
Mémoi32-33
res sur l'éducation des vers à soie (Nîmes, 1763),
p. (29)
III-VI,
.de Sauvages,
(30)
Bourassé,
1813-1872,
chanoi
n
e
de
Tours,
esseur de zoologie au petit séminair e
de Tours,
hirsJ.toriLeen.Goff, R. Rémond (dir.), Histoirprof
(31)
Voi
e
de
la France religieuse (Paris : Seuil ,
1988), t. 2.
Zoologie et Eglise catholique
251
cents . Mais, l'ensemble 251
du clergé adhère progressivement à ces exigences
nouvelles
danss'inscrit
les années
(32)plus
. ample, celu i
En fait,
tout cela
dans1690-1730
un contexte
de la société cultivée où s 'effectue une profonde mutation des mentalités à partir des années 1670 . Déjà mise en cause par les médecins de la première moitié du XVIIe siècle, l'autorité des anciens,
notamment d'Aristote, est, là aussi, peu à peu rejetée . Répétition ,
compilation des savoirs, érudition sont condamnées au profit d'une
rationalité nouvelle faite d'esprit critique et de recherche de la vérité.
Proposées autrefois par les Mersenne, Descartes ou Gassendi, ce s
nouvelles
valeursà sont
les savants fondateurs de l a
zoologie moderne
partiradoptées
des annéespar1670
. Leurs
travaux se histoire
dépouillent des récits et des mythes pour devenir
de véritables
naturelles. Mais, l'évolution est progressive . Si le rejet des ancienss
conduit à vouloir recueillir des faits réels et contemporains, tâch e
à laquelle s'emploient les nouveaux journaux scientifiques, l a
croyance aux relations extraordinaires, aux monstres et animau x
fantastiques perdure, là aussi, jusqu 'aux années 1730. A ce moment ,
lamitéconception
qui met en avant l'unifordes lois demécaniste
la nature,dedoncl'univers,
l ' impossibilité
des fantaisies,
prodiges et merveilles, et la volonté de contrôler
les dire
populaires (Réaumur) mettent à bas les vieilles croyances (33) . s
Pourtant, si la rupture vécue par les clercs s 'inscrit dans celle
du monde intellectuel, elle est aussi la résultante d 'une évolutio n
particulière . A partir des années 1670 environ (1650-1690 suivan t
les
différents
l'animal connaît une véritable dégradatio n
de son
statut aspects),
. Le succès progressif de la théorie cartésienne d e
l'animal-machine le réduit à l'état d'une simple mécanique sans
âme,
de ressorts, rouages et fluides divers, totalemen t
ravaléeconstituée
dans la matière
. Une dévalorisation
qui dereprésente
boutissement d'une vaste entreprise
de mécanisation
la créationl'acommencée par les cieux sous l 'impulsion de Galilée et étendue à l a
biologie par Descartes. En mécanisant les plantes, l'animal et mêm e
le corps de l'homme, elle vise à ce qu'Alexandre Koyré a appel é
une " géométrisation à outrance " , une " mathématisation du réel » ,
c'est-à-dire une réduction du vivant aux lois de la mécanique e t
des mathématiques, ces nouveaux instruments de lecture de
(32)
Barat
(33)
Roger,ay,op.op.citon.. ininn.n.1, 12,92, chap.
155-163,6-10.187-192, 207-217, 224 .
252
Eric Baratay
252 de l'automatisme des bêtes sont
l'univers (34) . Si les adversaires
à cette déprénombreux, au moins jusque vers 1730, ilsdeparticipent
ciation en assimilant, eux aussi, le corps l'animal à une machine
et en lui adjoignant une âme purement matérielle (35) .
Or, au même moment, le monde animal perd l'essentiel de son
rôle religieux . Le bestiaire symbolique est fortement contesté, surtoutt
dans les écrits. Le rôle d'agent de Dieu ou du démon est largemen
mis sous le boisseau dans l'hagiographie et dans la vie quotidienne.
L'animal modèle, destiné à enseigner les fidèles, n'est plus évoqu é
que par des marginaux de moins en moins nombreux. Tout ceci
s'accompagne d 'une véritable méfiance vis-à-vis des animaux,
puisqu'à partir de la seconde moitié du XVIIe siècle, une série ed
mesures visent à éviter tout contact physique avec les ecclésiastiques. La pratique cléricale de la chasse et du négoce des troupeaux
fait l'objet d'interdictions sans cesse répétées de la part d'une hiéoublient là les devoirs de leurs
rarchie qui craint que les clercs
bref qu'ils s'enfouissent
charges, les affaires dudétournent
ciel, les fidèles,
marche vers le spiritue l
dans le profane et se prière, ded'éleur
tude,
de travail . Ces interdits
en abandonnant l'esprit de
s'inscrivent dans le contexte de la Réforme catholiqueduqui exalte,
le clergé, le met à part (port de la soutane, respect célibat
de la clôture, etc.), au-dessus des simples laïcs, près des anges .
Ils mettent en place une hiérarchie (clercs, laïcs, animaux) où les
premiers, centrés sur le spirituel, doivent se garder de relations
trop étroites avec les seconds, qui baignent quotidiennement dans
le monde matériel, et avec les bêtes qui symbolisent la matière .
C'est pourquoi, la représentation de celles-ci, traditionnelle autr e
dans la statuaire, la peinture religieuse, la décoration des églises ,
fois
est fortement contestée . De même, leur présence physique, habi,
tuelle auparavant dans les processions,
les églises, les cimetières
dénifait l'objet de vives mesures de refoulement . Dévalorisation,
proche,
touché,
grement, bannissement : le monde animal, autrefois
Koyré, Gassendi.1955),
et la science de son177
temps, in Tricentenaire de Pierre Gassendi
(Pari(34)
s :A.Descar
PUF,
(35)
t
e
s
n'
e
st
pas
l
'
i
n
vent
e
ur,
mai
s
l
e
t
h
éoriay,op.
cien, d'cit.uneinthn.éori12,e quichap.6-7;H.
apparaît partBusson
ou t,
àLalaRelfoiisg.ioSurn desle cart
ésiqauesnisme(1660-1685)
dans l'Eglis(Pari
e : sBarat: PUF,
cl
a
ssi
1948);
H.
Gouhi
e
r,
Cart
é
si
a
ni
s
me
augustinisme au XVIIe siècle (Paris : Vrin, 1978).et
Zoologie et Eglise catholique
253
utilisé, médité, devient un253
univers lointain, simplement regardé (36) .
Mais, l'adhésion à la rationalité et le changement de statut d
l'animal ne peuvent pas totalement expliquer l'intérêt des clerc es
pour la zoologie. La façon dont celle-ci est utilisée révèle le s
attentes : il ne s'agit pas d'une pure curiosité scientifique et encor e
moins d'un amour des animaux, mais plutôt de retrouver les grande s
vérités chrétiennes . S'ils ne sont pas tous cartésiens, les clercs adhèrent tout de même à une mentalité commune aux lettrés de ce
temps
considérantcréées
le monde
leusesenmécaniques
par unet les
Dieucréatures
horlogercomme delesmerveilérige,
au rang de preuves concrètes de Son existence, de. CeSaquipuissance
de Sa sagesse.
Les observations de Malebranche ont bien cette finalité . A
propos des insectes, il écrit : « ... je n'ai jamais rien étudié qui
m'ait donné une plus grande idée de la sagesse de Dieu (37) . »
Ses
la putréfaction
viandeslavisent
à réfuter
l'idé e
d'uneexpériences
générationsurspontanée
conçuedescomme
volonté
d'accorde
à la nature le pouvoir de donner la vie, donc de l'ôter au Dieur
créateur. Les dissections d 'oeufs de poules doivent prouver la validité de la théorie de la préexistence et de la préformation des germe s
contre celle de l'épigenèse (ou développement autonome des vivants)
considérée comme tout aussi négatrice des pouvoirs de Dieu (38) .
Les préoccupations
identiquesquechez
Fénelonnombre
: « Qu'dey républia-t-il d e
plus
beau et de plussont
magnifique
ce grand
ques d'animaux si bien policées, et dont chaque espèce est d'une
construction différente des autres? Tout montre combien la faço n
de l'ouvrier surpasse la vile matière qu 'il a mise en oeuvre . » Le s
corps, dotés de mouvements « exécutés selon les plus fines règle s
de la mécanique », montrent l'art et la sagesse de l'ouvrier . Les
processus d 'alimentation et de digestion soulèvent son admiration :
« Qu'y a-t-il de plus beau qu'une machine qui se répare et se renouvelle sans cesse elle-même (39)? » Même chose chez l'abbé Pluch e
qui voit des preuves de l'existence de Dieu dans la répartition des
pertormee durôlpostetrelridientgieiux,ne enla déval
orisatd'aioprès
n : Barat
;
ay, op. cit. inden. vi12,siteschap.past8-10oD.ralesJul(36)
ia,SurLalaréfetrési
France
lestàprocès-verbaux
:ordres
s
t
a
nces,
i
n
La
soci
e
ta
rel
i
g
i
o
sa
moderna (Naples : Guida, 1973) ,
311-(37)
397 .Cité, sans références, par A. Chaumeix, Lenel3el'ecentenai
re1938),
de Malebranche,132
Revue
. (juillet
des(38)
Deux
XLVI
SurOp. cescit. tMondes,
hinéorin.24,
es : Roger,
.
ci
t
.
i
n
n
op
.
1,
119,
325
et
sui
v
.
(39)
t. 1, 34-48.
25 4
Eric Baratay
254
familles animales : " Vous
ne pouvez pas faire un pas, écrit-il ,
sans
nouveaux
Sagesse
qui estqueaussi
inépui-e t
sabletrouver
dans ladediversité
destraits
plansd'udeneses
ouvrages,
féconde
libre et sûre dans l'exécution », mais aussi dans l'organisation des
: " On trouve Dieu dans la structure de la patte d'un e
animaux
mouche . » L'étude minutieuse de tel ou tel animal et la recherch e
de la « destination » de ses divers organes ne peuvent que conduir e"
à l'admirer et à en glorifier Dieu » . Les modes de reproduction ,
d'laéprésence
ducation, d'lesunemigrations,
les moindres
faitstoutet gestes
Sagesse qui
a tout prévu,
organiséprouven
et veillet
sur tout (40) .
Cette conception est partagée par tous les clercs jusqu'au premier
tiers du XIXe siècle (41). Elle est reprise par les écrivains catholi-e
ques, tels Bernardin de Saint-Pierre dans ses Etudes de ladeNatur
de 1784 ou Chateaubriand dans son Génie du christianisme 1802e.
Mais,
en fait,
dansetlesnotamment
années 1670-1740,
elle est. Profondémen
celle de tout t
la société
cultivée
des scientifiques
chrétiens, interprétant eux aussi la nature comme une grand e
machine, ceux-ci considèrent la science comme le moyen de connaîtr e
les choses et d'admirer la sagesse de Dieu. Tel est, par exemple ,
le but de Réaumur dans ses Mémoires pour servir à l 'histoire dess
insectes (1734-1742). Cette conviction est renforcée par le succèu
et l'influence des scientifiques anglais de la première moitié d r
XVIIIe
siècle qui développent
une théologie
de la nature
fondée sud e
les découvertes
du microscope
et la gravitation
universelle
retrouve donc logiqu
Newton . Cette « science sermonneuse » se: Dulart
écrit un poèmeemntdaslopretnfaçis
sur La Grandeur de Dieu dans les Merveilles de la Nature en 1749 ,
Bullet publie L'Existence de Dieu démontrée par les Merveilles de
la Nature en 1768 (42).
Paradoxalement, l'attention à l'animal preuve de Dieu est bie n
une conséquence de la défiance cléricale envers cette créature quei
s'comme
installeunà piège
partir àdeéviter,
la seconde
moitiéplusdu mener
XVIIe siècle
Consin d'est
éré
ne pouvant
à Dieu,. elle
plus qu'une preuve de Son existence, ce qui la rend encor
. Mais, on le voit bien, il ne s'agit plus de la visionergadbl francis(40)
IbiJ:-J.
d., p.Bourassé,
IV, 43, 152,
176,
282, (Tours,
327. 1842).
(41)
EsquiMornet,
sse ent261,
omolci271,
o.giinques
(42)
L'
e
xpressi
o
n
est
de
op.
t
n.
1,
Sur la 241-245
théologi.e protestante, voir
les pages 31-32. Voir aussi Roger, op. cit. in n. 1, 31.229-235,
255
Zoologie et Eglise catholique
255
caine, autrefois illustrée
par un Bérulle et, encore à la fin d u
XVIIe siècle, par un Grignion de Montfort (43) . Une conception qui
s'estompe progressivement. Il ne s'agit plus, non plus, d 'une visio n
poétique, mystique de la création, telle celle d'un François de Sales,
mais d'un regard froid, scientifique et rationnel qui admire la mécanique
et la des
précision
(44) . Il s'effectue un e
nouvelleanimale
répartition
tâchesde: l'laouvrier
nature
faitexistence
connaître(que
Dieu,
apporte uniquement la preuve matérielle
de Son
le
athées, qui rejettent la validité des textes sacrés, devront biens
accepter), tandis que l'esprit humain est désormais l'unique voi e
pour monter à Lui, par la prière et la méditation .
Cette évolution, concomitante au déclin de la mystique dans
l'changement
Eglise et designificatif
la poésiedans
dansle l'bestiaire.
ensembleL'de la société, induit un
animal
fantastique,
c'est-l
à-dire l'animal imaginaire et imaginé, l 'animal
transparent
sur leque
les clercs plaquaient un symbolisme religieux, disparaît, Mais, d e
la même manière, les oiseaux et les agneaux, ceux de Françoi s
d'Assise ou de Grignion de Montfort, qui suscitaient de véritable s
envolées
sont moins évoqués
et se voientmystiques
remplacéschez
par lecess inhommes
sectes . LedecasDieu,
de
Malebranche
illustr e
bien cette évolution . Ce cartésien ne veut pas se laisser distrair
par les bêtes et ne leur porte pas des sentiments d ' affection trèse
développés . Pourtant, il ressent le besoin d'étudier cette créatio n
animale parce qu'elle lui apporte la preuve de la grandeur de Dieu.
Aussi, faisant la synthèse de ces mouvements contradictoires, choisit il les insectes, les animaux les plus bas, les plus terrestres, les plu s
matériels, les plus adaptés à la doctrine de l'animal-machine, don c
les plus éloignés de l'homme . Il n'est pas question de s 'élever à
Dieu
leur entremise,
mais de s'apercevoir simplement qu'il exist e
et de par
comprendre
Sa nature
instar
castor,nesautre
animal
fétiche du temps, ces animaux. Car,
sont deà l'véri
tabldues machi
à creuser
enfouir, couper, inévitablement créées par un Dieu horloger . Voilà,
pourquoi ils ont véritablement la faveur des clercs naturalistes .
L'abbé Pluche écrit que « leur petitesse semble d 'abord autoriser
lel' mépris qu'on en fait ; mais elle est une nouvelle raison d'admire r
art et le mécanisme de leur structure [ ... et] des yeux attentifs
(43)
1673-1716, missideonnai
l'idéeredeennatBret
ureagne: R.. Lenoble, Esqui
sse d'unehistoire de l'idée
de (44)
natureSur(Paril'évols uti:on Albin
Michel,
1968).
Eric Baratay
256
256
yunaperçoivent
une Sagesse
de les de
négliger,
a pri sr
soin tout particulier
de lesqui,
vêtir,biende loin
les armer,
les pourvoi
de tous les instruments nécessaires à leur état (45) » . Un enthousiasme qui n'est pas propre aux clercs, que le monde savant de s
années 1670-1740 partage amplement à la suite de la découverte
de l'infiniment petit grâce au microscope (46) .
Mais, l'observation attentive du monde animal a une autre fina-r
lité. Il s'agit de sehomme,
persuaderroique
mondeterrestre,
fut créé par
Dieu despou
du cemonde
seigneur
servir et aider
l
'
il doit commander et dominer (47). Pour cela, les clercs
animaux
dressentqude' grands inventaires où s'exprime un anthropofinalisme
extrême allant se loger dans les moindres descriptions anatomique s
ou psychologiques . Fénelon, par exemple, pense, en 1712, que ler
chien
pourbêtes
caresser
l'homme,
pourensuite
garder àsesl'homme,
biens, pou
attraperestd'néautres
" et pour
les laisser
san s
. Le cheval, lui, est né " pour porter, pour marcher ,
en
rien
retenir
»
pour soulager l'homme dans sa faiblesse » . Quant aux moutons,
ils " ont dans leur toison un superflu qui n'est pas pour eux, e t
qui se renouvelle pour inviter l'homme à les tondre toutes le s
années (48) ». L'abbé Pluche tient le même raisonnement en 1732 e.
Les
domestiques
ont été leur
créésdocilité,
spécialement
pour le àservic
de l'animaux
homme comme
le montrent
leur aptitude
bea
' " ils nous aidentucoptravile nmgtpuelfaiq
naturellement, et nous viennent présenter d'eux-mêmes leurs différents services, puisqu 'ils ne s'éloignent jamais de nous » . C'est vra
. Les animauximentl'"udspbaxréent»dDiu
sauvages, par contre, se retirent d 'eux-mêmes au loin pour ne pas
nous déranger . " Les baleines, les marsouins et tous les grand s
poissons, dont la vue alarmerait et ferait fuir ceux qui nous nour-u
rissent, cherchent la haute mer [...]. Toutes les autres espèces a
t. in n.à 20,unet.époque
1, 7-8 . oùMailessilévêques
est aussisuppri
signimficentatif une
que grande
ces insectes
soichômées,
e(45)
nt miOp.soùencileavant
partilesetravai
desloso-fêl etesurs
s
moi
n
es
cont
e
mpl
a
t
i
f
s
sont
consi
d
érés
comme
des
f
a
i
n
éant
s
,
où
phi
phes
font lpeut
'apologie de l'agronomi
et devagabonds
l'industrie et. Cedesmonde,
travai
oieseaux
bêtes imquiagilnoaiuereslesquivertus
portendut
plus(46)
àl,lneaRoger,
rêverieseop.qu'contenter
acitd'. ainctin.odes
n1,. 183.
n . 20, t. 5, 64
Exemples Voir
: Fénelon, op. cit. i.n n. 24, 31-331-26,
; Pluche, op . cit . in et
et(47)
suiv.
(48)
Fénelon, op. cit. in Genèse
n. 24, 31-32 (1651-1715, archevêque28
de Cambrai en9-7
1695).
257
contraire viennent se ranger sur nos côtes . Les uns sont
toujour
. » L'expres-s
avec
nous
.
D'
a
utres
viennent
tous
les
ans
par
caravanes
sion du finalisme culmine avec la description du cheval. Pluche
donné le titre de roi des animaux au lion,
regrette
l 'usage aitalors
ce tyranque
sanguinaire,
que le cheval est pacifique, noble e t
« encore plus aimable par ses inclinations . II n'en a, pour ainsi
dire, qu'une, qui est de servir son maître " . L'abbé délaisse une
classification basée sur la comparaison des animaux, le lion es t
roi parce qu'il est le plus fort, pour un ordre déduit de l'utilit é
anthropocentrique
.
Ce finalisme n'e(49)
st cependant
pas propre aux clercs . Le succès
des auteurs anglais, qui véhiculent une conception identique, e t
l'incapacité de penser à une action du milieu sur les vivants l e
rendent très présent parmi les savants au moins jusqu'aux année s
1740. Mais, certains écrivains le reprennent à leur compte à un e
époque
tardive,
tel Bernardin
écrivant
que le.
melon estplusdivisé
en segments
afin d'deêtreSaint-Pierre
plus aisément
découpé
Il représente la traduction chrétienne d 'une vision anthropocentrique de la création partagée par tous . Bien qu 'il refuse ce providentialisme naïf, Buffon, par exemple, part de l'homme, rapporte
tout à lui et couronne aussi le cheval (50) .
S'il ne concerne pas seulement l 'animal, Fénelon écrivant que
les arbres ont une ombre pour
rafraîchir l'homme l'été (51), l e
finalisme l'affecte en priorité . L'abbé Pluche tient à commencer
son tableau de la nature par « les premiers objets.(sic)
se tro uventaords»,àvileanmux(52) ,
C'estquipourquoi
e
les
générations
cléricales
de
la
seconde
moitié
du
XVIIIe
siècle
se contentent plus des traditionnelles bénédictions de troupeauxn
destinées à solliciter la protection de Dieu et des saints, mais veulen t
participer concrètement aux progrès de l 'élevage (don de Dieu, celuici doit être amélioré pour qu'il profite pleinement aux hommes )
(49)
che, op.humai
cit. nine n.(1700-1750)
20, t. 1, 338-343
. SurePlu: che,
r R. 1960),
Mercie306
r, LaRéhabi
tilaonpromoti
de laPluonature
(Viauxl emonbl
LadBaliquevoiance,
et suioureau,
v. liSurtan
du
l
i
o
n
comme
roi
des
ani
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l
'
h
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médi
é
val
e
:
M.Past
nouseLe Monde
mal etouse-l
ses représent
ns. au Mayen
Quel
estet XVe
le roisides
Ag ,
(XIe(50)
èclens)am
(Toul
UniDivc.tideoaninnaiToul
ees-Mifrançai
raialt,iso1985),
133-135
l
e
t
r
es,
l
e
di
x
-hui
t
i
è
Sur
Bernardi
de
Sai
n
t
Pi
e
rre,
r
e
des
'
h
omm
siauèclSieè(Pans
: Fayard,
1960),
t.:2,Payot,
509 ; 1972),
sur Buff299;
on : Roger,
G. Gusdorfop., Dicit.eu, inla nature,
l 541m. ee
cl
e
des
l
u
mi
è
res
(Pari
s
n.
1,
245,
(51)
LetPlutche,
res (Pans,
(52)
op. cit.éd.in n.de 1718),
20, t. 171,
1, VI.173-174 .
258
Eric Baratay
258
en observant attentivement
les espèces domestiquées, en diffusan t
les connaissances et les bonnes méthodes . L'abbé Boissier de Sauvages publie, en 1763, les Mémoires sur l'éducation des vers à
soie qui présentent les causes des diverses maladies et les meilleures méthodes pour accélérer l'élevage . La même année, l'abb é
Carlier publie l'Instruction sur la manière d'élever et de perfectionner
la bonne
espèce des bêtesde àlalaine
de Flandre
dans d'leubut
de favoriser
le développement
production
française
ne
laine de bonne qualité en conseillant l'élevage du mouton des Flandres, la création d 'une école de bergers, le parcage des bêtes en
plein champ,
l'aération
diverses
maladies
(53) abondante des bergeries pour éviter le s
A l'inverse, le même. sentiment anthropocentrique conduit à
s'interroger sur le rôle exact de certaines espèces sauvages qui semblent aller à l'encontre du schéma finaliste de la création (54) . S'ils
se rallient à l'idée que les insectes sont des preuves vivantes d e
l'existence de Dieu, Fénelon et Pluche laissent tout de même percer
un réel embarras, le premier avouant qu'il est possible de croire
que ces animaux sont « inutiles » . Quelques années plus tard, e n
l'abbé Joannet
présence
et1770,
se contente
d'écrirene: sait
« Cepasn'ecomment
st point àexpliquer
nous deleur
pénétrer
le
vues du Créateur (55). » Des interrogations qui créent une contr s
dans le discours (56) et montrent bien que, derrière un regar adicton d
qui se veut plus exact, la conception de l'animal change avec la
finalité à promouvoir .
Nous l'avons aperçu au fur et à mesure, un accord évident
s'installe entre l'Eglise et la science des années 1670-1740 . Les clercs
Boisèsireerd'deéleSauvages,op.
cit.oinner
n n. 29,la bonne
IX-XIII,espèce
32-33;desClaudebêtesCarlàilear,ineInstructi
sur(Pari(53)
las,mani
ver 125,
et de135.
perfecti
de Flaondrne
1763)
2,
8,
70,
(54)
Sans
r du cont
l'époque où,apparai
en périssentodebideencroigênant
ssances. démographi
qu e, ,
lL'eHs omme
ours,
loupset parl
etloeautre
. . bêterxtéaleedude: LiGévaudan
VoirAniD m. Bernard
l
e
up
(Mont
b
re
expressi
o
n,
1982);
R.
Del
o
rt
,
Les
aux
une(55)
histoiFénel
re (Pari
s Seui
li,n1984),
259-262.Pluche, op. in n . 20, t. 1, 340 ; Jean Joannetont,
o
n,op.
ci
t
.
n.
24,
32-34;
Les
Bêtes mieesuxdeconnues
(Pariet Nancy)
s, 1770),. At.noter
1, 176que
(Joannet
: m1716-1789,
prêtre,
des
académi
Besançon
A. Cal
et, op. cient. écri
in n.vant18,membr
t e. 2,l ese
340,
pose
aussi
l
a
quest
i
o
n
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l
'
u
t
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l
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t
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des
mont
a
gnes
à
l
a
quel
l
e
ilrépond
qu'
.
recuei
l ent lreadis cbêtes
sauvages.
un vérile cltabl
e utilitarismel'apolenogétcascade
tion lrésol
XIXeOnsièclnuiae,lsàloibrsque
la zool(56)
ogiCont
e et adopte
'idéeudue aucaractère
le de certaiergénesabandonne
espèces . ique pour
259
adoptent aisément ses méthodes (l'empirisme), ses instruments (l ne
microscope), ses centres d'intérêt et ses conceptions (la génératio e
spontanée...), parce que tout cela débouche
une vision
commun
. Cettesursituation
explique
leu r
de
Dieu et pour
de la lafinalité
du monde
sympathie
zoologie
qu'ils utilisent comme une nouvelle
de la société cultivée
apologétique
en profitant
l 'engouement
du XVIIIe siècle.
C'est biendepourquoi
nombre des naturalistes de
l'époque, et surtout les vulgarisateurs, sont des clercs .
Cette adéquation se fait plus difficile dans la seconde moiti é
du XVIIIe
siècle. Sinaturelles
les ecclésiastiques
gardent
mêmes parconceples sciences
sont désormais
pluslesincarnées
des
tions,
philosophes qui se piquent de science (Benoît de Maillet, Diderot,à
Maupertuis...) que par des savants philosophes, contrairement ,
l'époque précédente . Ces nouveaux venus abandonnent l'empirisme s
cherchent plus à expliquer qu'à décrire, renouent avec les grand ,
systèmes du monde (oubliés depuis l'échec de la biologie cartésienne)e
teintent leurs écrits, pour une partie d'entre eux, de matérialism
et d'athéisme (57).
. La théologie de la création
Ce qui aux
provoque
des controverses
se heurte
conceptions
de ces philosophes qui considèrent l a
nature comme l'unique source de tous les êtres et à celles de certains savants qui entendent dégager leur science de touteeprétention apologétique. En 1756, l'oratorien Lelarge de Lignac s' mporte
contre Buffon qui considère que les espèces supérieures sont uni-e
quement
celles qui
les plusdeproches
qui dépréci
les plus basses
en sont
les taxant
nuisibles,dequil'homme,
ne dit rien
de Die u
et ne veut pas entendre parler d'une théologie des abeilles : " Tout
.
Il
faut
avoir
une
indifférenc
e
prêche
dans la nature
qui aillenéanmoins
jusqu'à l'insensibilité
pour ne pas voir l'empreinte du Tout Puissant dans les insectes (58)."
Une autre polémique s'installe à propos des critères de la supériorité de l'homme qui ne fait aucun doute pour personne . Adeptese
du thomisme, les ecclésiastiques
de la première
moitié dudans
XVIIela siècl
intellective
et cherchaient
taill e
lui
attribuaient
une âme
droite,
la possession
de la main, du langage, la capacité d'inventer ,
etc ., des preuves concrètes de sa prééminence sur des animaux seu (57)
Roger,
n.gnac,1, 458Sui. tes des lettres à un amériquain, (Hambourg, 1756),
Joseph(Lelop.
Lelargeacit.
rgededeLiingLinac
: 1710-1762)
. SuroBuffon
thi. s4,t(58)
118-132
n, 1977),: M.189.Duchet, Anthropologie et
oire au Siècle des lumières (Pari
s : Flammari
2 60
Eric Baratay
260
lement guidés par une âme sensitive et l'instinct (59) . En réaction
à la poussée de libertinage des années 1610-1660, une partie de s
clercs, notamment des oratoriens, des jansénistes, adopte progressivement le cartésianisme, à partir des années 1660 . Une philosophie radicale qui semble sauver la position particulière de l'homm e
à l'état de machine
et l'existence de Dieu en réduisant l 'animal
et en n'accordant une âme qu'à l'homme . Une âme de natur e s
spirituelle (la seule possible désormais), .source
Il n'est deplustoutes
d'ordrele
facultés
(60)
.
Le
débat
change
alors
de
forme
empirique, mais uniquement théologique et philosophique . L'originalité humaine ne se situe plus au niveau des activités, mais exclusivement dans une différence fondamentale de substance, dans l a
possession d'une âme .
De 1660 à 1730 environ, cette question reste au stade d 'une
simple discussion. Dans l'Eglise, le cartésianisme rencontre l'oppofidèle s
sition des jésuites
et d 'une partie des théologiens qui restent
cette théori e
au thomisme . Le monde cultivé hésite lui aussi entre
et d'autres philosophies, comme le gassendisme . D'ailleurs, sonr
attachement au christianisme et à l'empirisme
méthodologique (pou
les savants) limite les dangers du débat . Mais à partir des année s
1730, la philosophie sensualiste de Locke est reprise, et souven t
transformée dans un sens matérialiste, par les philosophes de s
lumières, tels Voltaire (1734), La Mettrie (1745), Helvétius (1758),
d'Holbach (1770). Leurs thèses ne mettent plus que des différence s
de degré entre l'homme et l'animal, affirment l'origine commune
de leurs facultés, ne fondent la supériorité du premier que su r
une sensibilité, une intelligence, un pouvoir d'invention et d'adaptation plus poussés . De son côté, Buffon oppose simplement la
perfectibilité de l'homme à l'automatisme de l 'animal (61).
Face à ce qui leur apparaît comme une véritable confusion de s
créatures, les clercs réagissent avec vigueur en adhérant au cartéune manière plus unanime qu'autrefois . Mais, cette
sianisme
conversiond'intervient au moment où la société cultivée délaisse cett e
op .301,
s :P.tde. 1,Besse,
cit . in575,
n. 6, t.2642,; Y.9, de238,
Paris, 271,
La Théol
(Pari(59)
s, éd.Exempl
deDil ye1640),
297,
379,
. ogit.e natN.4,urelMal22l ee(60)
A.
,
L'
A
me
des
bêt
e
s
(Pari
s
,
1676),
28-33,
66-71,
143,
171,
210-211;
branche,
De.la recherche
a véri1, té135et(Parisuisv, .1674-1675),
VI-IV op. cit. in n. 50,
(61)
Ehrard,
op. cit. in n.de l1,t.
, t. 2, 683-688; Gusdorf,
317-319.
philosophie, qu'elle juge dépassée, au profit d'autres systèmes (62) .
Ce décalage empêche les clercs de souscrire totalement au cartésianisme (notamment à l'idée de l'animal-machine dont l'inadéquation avec la réalité est relevée par les contemporains) sous pein e
de se voir déconsidérés . Bien qu'abondamment utilisé pour critiquer officielle
et rejeter(63)
les .autres
thèses,à cette
il ne peut
pas bloquée
faire office
de doc-e
En réaction
situation
où aucun
trine
théorie n'arrive à s'imposer, les clercs zoologistes préfèrent laisse r
ce débat stérile aux théologiens et s'en tenir à un solide empirisme .
Dans son Spectacle de la Nature, l'abbé Pluche écrit, en 1732 ,
qu'il n'est pas nécessaire d'ouvrir la salle des machines pour étudier
les
animauxde. Ilsleursontprincipe
bien décrits
des mécaniques,
la question
moteurcomme
ne l'intéresse
pas . Seul mai s
.
Dans
Zoolprobl
ogiscomptenlg,seréactionlefu unièmever-s
selle de 1788, l'abbé Ray se préoccupe essentiel ementsades
de description, de comportement, de classification des différente s
espèces (64).
Car, en cetteest-à-dire
secondepour
moitié
XVIIIe d'siècle,
l'intérêt pourd ual
les du
systèmes
ordonnancement
systématique,
vivant, l'emportec ' nettement sur les pures observations, sur la microscopie et l'entomologie qui passent de mode (65) . Ce qui provoque
un autre débat, puisque l'un des problèmes majeurs est celui d e
la nature exacte de ces singes anthropomorphes encore mal connus ,
mais étrangement semblables à l'homme, silencieux, velus
. Cette,marchntpeu-êsdxi,fuyantlcvso question prend forme hors de France lorsque l'Anglais Edward Tyso n
publie, en 1699, une monographie, Orang-outang sive homo sylve
consacrée au chimpanzé où la remarquable ressemblance ana-stri,
tomique avec l'homme est fortement soulignée . Plus tard, dan s
son Systema Naturae de 1735, Linné range ce dernier parmiSimia,
le s
animaux
faisant figurer
le genre Homodansà côté
desdes
genres
Lemur etenVespertilio
(chauves-souris)
l'ordre
primates,
classe des mammifères. Dans la dixième édition de 1759, il accentu e
(62)
prèsqEhrard,
op.
. in n.bêtes
1, t. 1.(Pari, 681-682,
hèse du pastuneeur âme
DavidspiBoulre itluelier l,
Essai
phieD'lure
oasophi
ueanisurmaux,
l'âmecitest
des
sobtient
, 1728),la taccordant
inféri
aux
celle
qui
l'
é
cho
le
.
plus
important
op . 121
Exempl
es:t. Joannet,
cit. .inSurn. tout
55; M.celdea, Baratay,
Polignac, op.
Anti-Lucrèce
(Pari
s, 1749)6,.
nota(63)
mment
2,
66,
78,
80,
98,
cit.
n.
12, chap.
(64)
Pl
u
che,
op.
ci
t
.
i
n
n.
20,
t.
1,
X;
Ray,
op.
cit.
i
n
n.20,
560
.
(65)
Roger, op. cit. in n. 1, 749-750 .
262
Eric Baratay
262
cette proximité de l'homme
et des singes anthropoïdes en divisan t
le genre Homo en deux espèces : Homo sapiens et Homo svlvestris
(l'orang-outang) (66) . Ce sentiment de parenté est repris en Franc e
par les philosophes des lumières : Robinet pense que l 'orang-outang
estagitun deintermédiaire
entre l'leétat
singedeetpure
l'homme
dans
nature; Rousseau
(67). croit qu'i l
s' Les clel'rcshomme
s'opposent farouchement à ces tendances. Le jésuit e
Regnault voit dans l'orang-outang un simple singe, car la ressemblance anatomique avec l'homme ne lui paraît pas une preuve suffisante pour l'intégrer à l'humanité, d'autres animaux étant dans
le même cas, tels les sirènes ou le paresseux d 'Amérique « qui
par le museau ressemble fort au visage de l'homme " . L'abbé Ray
ne
pasrien,
non ne
plusparle
ce quipas,pourrait
rapprocher
de signes,
l'hommee :
il n'voit
invente
même leavec
de simples
quant à l'intelligence, le castor ou l 'éléphant font mieux . Rejetantt
cette propension à rapprocher les êtres selon leur aspect physiqu e
et à construire des espèces intermédiaires, il écrit : " La seule anatomie le rapproche de nous [ ...], mais qu'en conclure, sinon qu'u n
animal peut être construit comme nous sans nous ressembler davantage
par les
la nature
d'unfacultés
être (68)et par la réunion de tout ce qui constitu e
Cette position n'est pas." innocente . Elle vise à centrer le débat
uniquement sur les facultés spirituelles des créatures qui représentent les véritables critères de différenciation pour des clercs qu i
dénient toute âme spirituelle et tout type de raison aux animau x
en les réservant aux hommes. Il s'agit de barrer la route aux idées
nouvelles, de combattre la thèse d'une série continue des êtres vivants
où
l'anatomie
révéleraitenladegré
progression
des facultés,
varieraient
simplement
d'une créature
à l'autre,oùoùcelles-c
l'homm i
ne serait donc que l'étage supérieur de l'édifice et non cet êtr ee
(66)
F.etTibêtnleas:nd,EntL'irnetterpel
'hommesousdesla dilurmi. deèresL.parPolli'ahkov
omme(Parisauvage,
ion,n
Hommes
iens surla(ditiolern.),racideHislme,
s : Mout
1975),
186,
189
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M
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Daumas
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Gal
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1957),
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Liêtnrné,es :quiGusdorf
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370.situSurationTyson
La: G.RévolL.utioThéodori
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1969),
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zoolodegielades
origiXVIIe
nes àetLinXVIIIe
né (Pari
ses,: Hermann,
1962)
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(67)
E.
Guyénot
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si
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cl
l
'
i
d
ée
d'
é
vol
u
t
i
o
(Pari(68)
s : AlRegnaul
bin Mit, cop.hel,ci1941),
387 ; M . Duchet, op. cit . in n. 58, 192, 230-232
.
l'orang-outang
et le goritl.ein. n. 18, t. 4, 33-36; Ray, op. cit. in n. 20, 560-563. Ray confon d
zoologie et Eglise catholique
à part, créé directement263
par Dieu, image de Dieu, preuve évident
de Son existence et de la nécessité de la religion . Ce n'est donce
pas un hasard si l'abbé Ray oppose aux tenants de la sous-humanit é
de l'orang-outang l 'intelligence du castor ou celle de l'éléphan t
leur chaîne des créatures est ainsi brisée . De même, nombre de
clercs renvoient les Pygmées dans le monde des singes (69) . Sans
doute,
ces hommes
petits,Leur
sombres,
mall'connus,
tro p
ressembler
à ces animaux.
accorder
humanitéparaissent
sur de simple
critères physiques serait permettre l 'accession des primates à unes
sous-humanité et laisser se mettre en place une suite allant du singe
à l'homme, en passant par le Pygmée et le sauvage .
Dans la première moitié du XIXe siècle, la réaction cléricale se
fait encore plus forte. Les nouvelles générations ont l'impressio n
que
précédentes
n'ont paslessuconceptions
combattre efficacement
adversaireslesdont
elles analysent
par ce qu'eleurs
lles jugen
être leurs conséquences : le matérialisme, la révolution, la déchris-t
tianisation. Dès lors, si dans la question des singes anthropomorphes, ils combattent avec les mêmes arguments que leur s
prédécesseurs (70), ils tiennent à porter la contradiction jusqu'aux
fondements mêmes du débat. Ils refusent totalement d'intégre r
l'homme dans cette classification zoologique acceptée par l'immense
majorité des scientifiques, tels Cabanis ou Broussais qui rejetten t
toute
et sedebasent
sur laquparenté
anatomiplusqueévolué
et physique
ologiquenotion
pourd'âme
ne faire
l 'homme
'un animal
les autres (71) . Ainsi, soucieux d 'assurer la reconquête religieuse
par la diffusion d'une saine philosophie et tenant à combattr e
" l'influence matérialiste du XVIIIe siècle », Pierre Debreynne, religieux de la Grande Trappe, propose, en 1838, une nouvelle classification des êtres : au " règne MINÉRALOGIQUE », puis au « règne
PHYTOLOGIQUE,
qui croît
succèdent le " règne ZOOLOGIQUE ,
qui croît, vit et sent
», puiset levit"»,règne
ANTHROPOLOGIQUE, qui croit ,
vit, sent et pense » . L'homme est totalement
l'écart des
vivants. La présence d 'une âme immortelle, l'aàbsence
d ' autre s
diaires entre lui et l'animal sont des preuves irréfutables deinlaterméjustesse de ses vues . En 1851, Mgr Maupied affirme avec force que
(69)
Exempl
es : Bougeant
n. 18,seaux,
cit. lien desoi
439; Pldesuche,reptilopes. ciett desin npoi. s20,sonst. (Tours
1, 325.,
J.-J .Bourassé,
Histoi,reop.naturel
éd. (70)
de(71)
1843),
119.
Daumas (dir .),op. cit. in n. 66. 1365.
Eric Baratay
264
l'homme n'est point un264
animal . Il ne forme pas plusieurs espèces
comme les bêtes. Lors de la création, Dieu " le sépare [ ...] des
animaux d 'une manière. Il bien
plusnature,
énergique
il n'a séparé
par
un êtrequ'sociable
et formeles,
ani
» est,
à luimaux
toutdes
seul,végétaux
un univers
à part, " le règne social » (72) . En refusant la science de ce temps, il s 'agit bien, comme l'écrit l'abbé
Ray, d'affirmer l'existence d'un " intervalle immense, [ ...] infini ,
ou du moins incommensurable », accepté par tous ceux " qui on t
une plus noble idée de l'espèce humaine » (73).
Ainsi, mise d'autorité au service de la religion, la zoologie doi t
fournir une preuve de l 'existence de Dieu, la confirmation de l a
place particulière de l'homme
et la certitude
la création
es t
marqué
durant lesqueannées
1670-1840
entièrement
faitepour
pourcette
lui . Très
environ, l'intérêt
science s 'estompe rapidement ensuite
sous l'effet d'un profond changement de mentalité . En effet, le
nouveau clergé d 'après la Révolution, qui se met en place à partir
des années 1830 environ, abandonne la vision de la nature de celu i
qui l'a précédé, c 'est-à-dire le Dieu horloger, le monde immense
mécanique, l'animal-machine. Retrouvant l'idéal franciscain, reprenant
à sonavec
compte
mouvement
poque
et s e,
promenant
plaisirledans
les jardins,romantique
les bois, ledelongl'édes
océans
il reconsidère la nature comme une voie menant à Dieu, renouant
ainsi avec une vision plus poétique, plus mystique qui supplant e
le regard scientifique de l'époque précédente . Au même moment ,
de nouveau doté d'une âme, replacé juste en dessous de l'homme,
l'animal retrouve une grande partie de son rôle religieux d 'agent,
de
modèle,trèsdesensible,
symbole,par
oublié
à partirdans
des années
. Un d'phénomène
exemple,
les écrits1670
du curé
Ars
ou de Thérèse de Lisieux (74), que le mouvement concomitant de
retour au Moyen Age amplifie fortement .
Debreynne,
,;
(72)
croyantnecatpratholiqiue,quepui(Pari
s,néd.e à dela Grande
1840), 34-35
(1786-1867
eur enPed,.médeci
nle,'homme
profPensées
esseur
ded'unmédeci
s moi121,
Trappe,
Orne)
Mgrdoct
Maupi
Di
e
u,
et
l
e
monde
(Pari
s
,
1851),
t.
1,
466,
t.
2,
7
(1814-?,
prof
e
sseur de théologi:eMinois,
à la Sorbonne, prélop.at decit.
la mais. oninde San.Sai3,
nteté)t.. Sur2,cechap.
combat contIV
re la
science
3)
Ray,
op.
ci
t
.i
n
n.
20,
560.
Le
ref
u
s
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mai
lparTrembl
ons de la chaîey,nene. 1740,
Ainsi,consiRay,déréibidpar., 469,
classecomme
parmi lelesmaianiml oauxn intleermédi
polypeairdécouvert
etaétntuldi- ée
beaucoup
e
ent
r
e
l
a
pl
et l'a(74)nimJean-Mari
al. e Vianney [curé d'Ars], Sermons(Paris, éd. de 1893), t . 2, 27, 420 ; T. de
Lin.s12,ieux,Hi
re d'.une âme (Paris : Cerf, 1979), 132-133. Sur tout cela : Baratay, op. cit . in
chaps.toi13-14
265
A tout cela, s'ajoute. La
un déplacement
progressif
de
l'
i
ntérêt
clépar Buffon de La Théorie
rical pour les sciences publication
Epoques de la nature en 1779 avait
de
terrecontroverse
en 1749, puisurs ladesvalidité
crééla une
de la thèse mosaïque et attir é
l'attention sur les questions de géologie et d'évolution de la créa-u
tion. Si un compromis s'installe dans la première moitié d
XIXe siècle grâce aux efforts de Mgr Frayssinous qui, reprenanst
l'deidée
de Buffon,
assimileet laisse
les jours
la Genèse
à des époque
durées
indéterminées
toutedeliberté
aux scientifiques
(75) ,
1860à
propos
des
origines
l'homme
lecette
débat
rebondit
à partir
de par les philosophes desdelumières
fois-ci
. Posée
en filigrane
,
relancée par Lamarck, cette question ne suscitait jusqu 'alors quet
des réactions méprisantes de la part des clercs. Enquilalaplaçant
considéraien
définiticomme une pure spéculation philosophique
vement sur le terrain plus dangereux de la science, en lui donnantr
une certaine optique antireligieuse, Darwin les oblige à délaisse
les
classification,
de description
zoolo-e
giquetravaux
pour s'd'entomologie,
investir dans la de
paléontologie
et construire
une scienc
catholique de combat (76). Une autre époque commence...
1765-1841,
sulpiiscienen1822,
en 1788,
sémiet denailr'IenstdeructPari
sen ion
(75)
1800,
évêque
d'H.ermopol
mincatisprofesseur
threoldes
Afffaaceideresàthéol
eccl
éosigiaoestgiauieques
publ
i
q
ue
en
1824
Voi
r
G
.
Laurent
,
Les
i
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ues
l
a
géol
et
à
l
a
pal
é
ont
o
l
o
gi e
de (76)
1800R.àLadous,
1880, iAdam,
n Chrisletiasiningesmeet leetprêtre
science
(Parison des: Vrin,
1989),
. de l77-100
.
La
questi
ori
g
i
n
es
et
'
é
vol
u
biologique de l'homme dans les catéchismes français (1850-1950), ibid ., 101-145 . tio n
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