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2) «profond désarroi» (‘grosse seelische Belastung’):
= Circonstance atténuante spéciale
- état d’émotion (donc: état psychologique particulier, sans
origine pathologique),
- qui mûrit pendant une longue période, progressivement ou
couve pendant longtemps,
- jusqu’à ce que l’auteur soit complètement désespéré et ne voie
plus d’autre issue que l’homicide.
3) Emotion violente ou profond désarroi que «les circonstances
rendaient excusables»:
- Les circonstances doivent être telles, qu’au moment même de
l’acte elles entraînent un état (émotion violente ou profond
désarroi) qui altère la faculté de jugement et/ou la capacité de
l’auteur de se maîtriser, rendant ainsi excusable cet état
(d’émotion violente ou de profond désarroi) et non le
comportement lui-même, qui est homicide et donc illégal.
- Les circonstances doivent être indépendantes de la volonté de
l'auteur. Ni l’émotion violente, ni le profond désarroi ne doit
être du à une faute de l’auteur ou provoqué par lui.
Exemple ATF 118 IV 233: l’état d’émotion violente dans lequel se trouvait
l’auteur était principalement dû aux brutalités qu’il commettait à l’égard de
son épouse; par son comportement, il a lui-même provoqué son état
d’excitation.
La situation peut être différente avec le profond désarroi, puisqu’il s’agit
d’un état qui a évolué et mûri parfois longuement. SCHULTZ (1980) donnait
l’exemple d’une personne qui, par accident, a rendu invalide un de ses
proches, le soigne ensuite avec affection pendant de nombreuses années,
puis, ne supportant plus de le voir souffrir, se résout à le tuer... Ce profond
désarroi est ici lié, de façon lointaine ou médiate, à une faute de l’auteur,
mais devrait être admis dans le cadre de l’art. 113 CPS.
NB: Si l’émotion violente ou le profond désarroi est tel qu’il
entraîne un sérieux trouble de la conscience, le concours de 113
CPS (circonstance atténuante spéciale) avec l’art. 11 CPS (ou 19
al. 2 nCPS, comme circonstance atténuante générale) est possible
et admis. Pour les mêmes raisons, l’art. 66bis CPS peut aussi être
appliqué complémentairement, selon les circonstances du cas.