(2) L’approche « intégrée » se réfère aux outils
s’appuyant sur une paire d’algorithmes intimement liés
effectuant la simulation globale et utilisant des outils
de simulation mixte. Certains blocs seront alors
simulés au niveau transistors tandis que d’autres
utiliseront des modèles comportementaux afin de
réduire le temps de simulation. Bien que ces outils
soient adaptés aux simulations mixtes, ils ne permettent
pas la validation de circuits complets, le temps de
simulation étant beaucoup trop grand. Notons enfin que
leur mise en œuvre peut s’avérer assez fastidieuse.
(3) Enfin, l’approche « augmentée » consiste à
utiliser un seul type de simulateur pour valider
l’ensemble du circuit. Dans cette approche, les blocs
analogiques et numériques sont simulés dans le même
environnement avec les mêmes outils. C’est cette
approche qui est développée dans l’article. Elle
consiste à utiliser un simulateur et un environnement
purement digital (NC-Sim /Cadence ou
MODELSIM/Mentor Graphics) pour valider
l’ensemble du circuit. Les blocs analogiques sont alors
modélisés en VHDL et/ou en Verilog. En utilisant des
commandes spécifiques, on peut facilement, à partir
d’un schéma, obtenir une netlist, c'est-à-dire une
représentation des interconnections en VHDL ou en
Verilog, et simuler ensuite cette netlist dans cet
environnement purement digital. Cette approche
permet, d’une part, des temps de simulation
relativement courts et, d’autre part, de s’affranchir des
problèmes de convergence couramment rencontrés.
Cette approche, qui vient en complément des méthodes
de validation traditionnelles, nécessite de disposer des
modèles des blocs analogiques, l’architecture de ces
modèles étant fonction de ce que l’on souhaite valider.
Le langage utilisé pour la description
comportementale des blocs analogiques varie selon les
connaissances et les sensibilités de chacun. Ainsi, aux
Etats-Unis on aura plutôt tendance à utiliser du Verilog
tandis qu’en Europe on utilisera plutôt du VHDL.
L’intérêt du VHDL est multiple : (i) ce langage dispose
de packages mathématiques permettant de manier des
nombres et des fonctions dans les domaines réels et
complexes (math_real et math_complex) ; (ii) il permet
également de manipuler des types spécifiques définis
par l’utilisateur et des types enregistrement permettant
d’avoir sur un même signal un ensemble
d’informations (fréquence, tension, …).
L’approche « augmentée » avec simulateur
numérique repose sur une discrétisation temporelle des
phénomènes analogiques. Elle permet donc de
détourner l’utilisation classique du VHDL et de
l’étendre à la simulation de blocs analogiques pour
lesquels des modèles comportementaux sont
développés, modèles généralement non synthétisables.
L’avantage direct de la simulation numérique,
purement événementielle, est un gain de temps de
simulation important. Ce gain peut encore être accru
dans certains cas par une modélisation ad-hoc du
système se focalisant sur les événements réellement
liés au fonctionnement du circuit (c’est le cas dans
l’exemple développé dans cet article). Elle sous-entend
alors un effort de modélisation pour rendre
correctement compte du fonctionnement analogique
des blocs concernés. Le second avantage, lié à la
robustesse des simulateurs numériques, est l’absence
de problème de convergence des simulations.
Si cette approche permet une validation
fonctionnelle des circuits mixtes complexes, elle ne
prétend pas valider les performances du circuit. Ainsi,
les performances en terme de bruit ou de linéarité par
exemple, non modélisées, ne sont pas accessibles. Ce
type d’analyse demeure le domaine réservé d’outils de
simulation mixte ou purement analogiques.
Notons enfin que dans le milieu industriel, cette
approche commence à s’imposer après une dizaine
d’années de développement et d’améliorations dans le
monde de la recherche [2-5].
D’un point de vue pédagogique, cette approche peut
présenter plusieurs intérêts. Le premier est la
manipulation du langage VHDL et d’outils de
simulation numérique. Le second est la sensibilisation
à une approche haut-niveau des circuits électroniques
et à une réflexion en termes de systèmes intégrés
complets avec blocs analogiques et numériques
communicant entre eux. Le temps de simulation réduit
est alors un avantage indéniable en TP ou en projet.
Pour résumer, contrairement aux méthodes de
simulation classiques analogiques (SPICE, ADS,
Spectre/Cadence) ou mixtes (AMS/Cadence) cette
approche purement numérique permet des temps de
simulation réduits sans problème de convergence. En
complément des méthodes de simulation
traditionnelles, le concepteur dispose alors d’un outil
lui permettant de valider un circuit dans sa globalité
avec notamment ses interfaces, les algorithmes
embarqués… .
La suite de l’article développe cette approche
« augmentée » de façon détaillée à travers un exemple
concret : un synthétiseur de fréquence.
Après une présentation générale des synthétiseurs de
fréquence et de leurs applications, la démarche de
modélisation comportementale haut-niveau en VHDL
est décrite à travers la description des différents blocs.
Le rappel de quelques notions de programmation
VHDL est présenté avec notamment l’utilisation et
l’intérêt des types enregistrement. Enfin, les résultats
de simulations permettent d’appréhender à sa juste
valeur la puissance de cette approche.
L’intégralité des codes est disponible sur le site [6].