Nowadays, pain seems to be measured, an object that is both recognized and treated
by physicians and all the people who take care of patients at the hospital. Likewise,
psychological suffering seems to be better recognized than it was in the past, treated by
psychologists, psychoanalysts, and psychiatrists. But can moral suffering be reduced to
psychological suffering? Does illness cause existential questions, new but inescapable issues,
especially when the patient must choose a treatment? What do we want? How far do we want
to go? What are our ethic, and what do they imply? If today, narrative can be considered as a
mean of treatment of moral suffering by physicians, can narrative be written and studied by
philosophers to understand how decisions are made? Can't this new interest in the patient's
autonomy be considered as another way of taking care of him ?
This work can be considered as an introduction to Richard Zaner’s thought. The
intention was not to encourage France to imitate the United States, but to highlight a possible
new relation between philosophy, narrative, decision-making and moral suffering.
Nous pouvons considérer que la douleur des patients, mesurée et objectivée, est
désormais bien prise en charge à l’hôpital. La souffrance psychologique semble aussi mieux
reconnue que par le passé, et prise en charge par les psychologues, les psychanalystes et les
psychiatres. Mais la souffrance morale du malade se réduit-elle à cette souffrance
psychologique ? La maladie ne provoque t-elle pas un questionnement existentiel inédit, et
pourtant incontournable, notamment lorsqu’il s’agit de se décider quant à ses traitements ?
Que voulons-nous ? Jusqu’où voulons-nous aller ? Quelles sont nos options morales
habituelles et vers quoi nous conduisent-elles ? Si la narration peut-être envisagée comme un
outil de prise en charge de cette souffrance morale utilisable par les médecins eux-mêmes, le
récit ne peut-il pas aussi être écrit et/ ou exploité par le philosophe pour accompagner une
meilleure compréhension du processus de décision ? A titre de conséquence, cette autre
attention portée à l’autonomie du patient ne peut-elle pas constituer une nouvelle prise en
charge de la souffrance morale ?
A partir des écrits du philosophe américain Richard Zaner, ce travail ne cherche pas à
élaborer une imitation à la française du modèle américain, mais il tente d’éclairer une
nouvelle relation qui pourrait se tisser entre la philosophie, la narration, la prise de décision et
la souffrance morale.