Fignolés main est un programme conçu
par les Archives françaises du film du CNC (www.cnc-aff.fr),
à partir de leurs collections de films restaurés
et en collaboration avec L’AFCA (Association française
du cinéma d’animation) et de la CITIA.
Programmation réalisée pour le compte de la Cinémathèque
québécoise dans le cadre des 9ème Sommets du cinéma
d’animation (www.cinematheque.qc.ca)
Nous souhaitons remercier
pour leur aide et leurs aimables autorisations :
L’AFCA (Denis Walgenwitz, Juliette Crochu)
Svetlana Alexeieff-Rockwell
ANTITUBE à Québec (Guillaume Lafleur)
CITIA (Laurent Million)
CINEDOC (Dominique Willoughby, Constance Williencourt)
Cinémathèque Québécoise
(Marco de Blois et toute l’équipe de la Cinémathèque)
Jeannine et Christiane Clerfeuille
Consulat général de France à Montréal
service culturel (Bérangère Duchesne)
Brigitte Delpech
Claude Fusée
Films Paul Grimault (Henri & Paulette Grimault)
Jean-Pierre Ganancia
Caroline Mineur
Véronique Mourlan
Marc-Antoine Payen
Fignolés main
Une histoire du film publicitaire en France 1910-1970
En France, la réclame ou le film publicitaire1– appelé aussi à ses débuts
film d’entracte – fut associé très tôt au cinéma d’animation.
Dès les années 1910, ces bandes d’une trentaine de mètres furent réalisées
en dessin animé, technique plus universelle et conviviale que la prise
de vue réelle, offrant une plus grande netteté durant leur projection
dans une salle à moitié éclairée pendant l’entracte. Ce genre fit également
ses preuves pour les films «anti-boches» de la Première Guerre mondiale
et les films de propagande hygiéniste des années 1920.
Le film publicitaire permit à bon nombre d’artistes, tout au long
du XXesiècle, de générer une source de revenus régulière à laquelle
pouvait se greffer une activité artistique d’auteur, mais souvent
moins rémunératrice.
Des années 1910 aux années 1930, ces films étaient généralement réalisés
par des auteurs déjà installés dans la profession – Robert Lortac,
O’Galop, Emile Cohl, Albert Mourlan – diversifiant ainsi leur activité2.
A partir des années 1930, les jeunes nouveaux - Paul Grimault,
Alexandre Alexeieff, Jean Aurenche, Etienne Raïk, Omer Boucquey,
Jean Mineur et beaucoup d’autres - apparaissent dans le monde
du cinéma publicitaire, qui est désormais sonore. Ils redoublent
d’inventivité dans l’approche scénaristique et esthétique des produits
ainsi présentés dans de véritables écrins, où l’humour le dispute
à l’absurde. « La publicité cinématographique, parent pauvre de l’écran,
allait devenir un spectacle. »3
De la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’aux années 1970,
la publicité se développe considérablement. A cela, deux raisons :
d’une part, les productions américaines de retour sur le marché français
après la Libération laminent le film d’auteur, détournant bon nombre
de structures vers la production de films publicitaires qui apparaît
désormais comme un refuge. Certains se recyclent quasiment à 100%
dans cette discipline, comme Omer Boucquey, d’autres, comme Grimault
ou Alexeïeff, utilisent la publicité comme centre d’essais à de nouvelles
techniques ou de laboratoire de recherche :
«C’est la conjonction du parlant et de la couleur qui aura donné naissance
au nouvel état du film publicitaire, quand il s’est trouvé quelques esprits
hardis, entre autres Alexeïeff, pour concevoir qu’on puisse entrer dans
une ère nouvelle.»4
D’autre part, ce marché interne, imperméable aux productions étrangères
– car répondant à des sociétés et des marques françaises – ne fut pas
« colonisé» par les productions étrangères, offrant ainsi un domaine
d’activité protégé au niveau national. La pérennité des commandes de films
fut garantie à partir de 1950, grâce à la naissance et à l’organisation
dans l’industrie cinématographique, d’un secteur de la publicité,
avec la création de maisons de production dédiées, telles que :
Les Cinéastes Associés, La Comète, Cinéma Nouveau, Les Films Etienne
Raïk, etc.
A l’image des années 1910-1930, réalisateurs de longs métrages
mais aussi compositeurs de musique de renom (Alain Duhamel,
François de Roubaix, Georges Delerue) trouvèrent dans ce format réduit
un moyen d’expression à part entière et une source complémentaire
de revenus.
L’industrie du film publicitaire était née, organisée et regroupée
en sociétés de production, régies publicitaires, distributeurs et surtout
auteurs de films aujourd’hui injustement oubliés, qui, pour la beauté
du geste, savaient concevoir des films «Fignolés main ».
Jean-Baptiste Garnero
1 Néologisme datant de 1918.
2 Robert Collard dit Lortac crée en 1916 son propre Atelier, premier studio d’animation du genre,
réalisant notamment des films pour Pathé et Publi-Ciné. Emile Cohl réalise parallèlement
à ses productions pour Gaumont et Pathé de nombreux films publicitaires.
Albert Mourlan dispose d’un atelier dans sa maison de Montfermeil dès 1919, lui permettant ainsi
de réaliser un bon nombre de films image par image.
3 Raymond Chalmandrier «Le film publicitaire», Publicité 1938 –
Art & métiers graphiques, Paris 1938.
4 Ibid
Fignolés main
Une histoire du film publicitaire
en France 1910-1970
Fignolés main est un programme conçu
par les Archives françaises du film du CNC (www.cnc-aff.fr),
à partir de leurs collections de films restaurés
et en collaboration avec L’AFCA (Association française
du cinéma d’animation) et de la CITIA.
Programmation réalisée pour le compte de la Cinémathèque
québécoise dans le cadre des 9ème Sommets du cinéma
d’animation (www.cinematheque.qc.ca)
Nous souhaitons remercier
pour leur aide et leurs aimables autorisations :
L’AFCA (Denis Walgenwitz, Juliette Crochu)
Svetlana Alexeieff-Rockwell
ANTITUBE à Québec (Guillaume Lafleur)
CITIA (Laurent Million)
CINEDOC (Dominique Willoughby, Constance Williencourt)
Cinémathèque Québécoise
(Marco de Blois et toute l’équipe de la Cinémathèque)
Jeannine et Christiane Clerfeuille
Consulat général de France à Montréal
service culturel (Bérangère Duchesne)
Brigitte Delpech
Claude Fusée
Films Paul Grimault (Henri & Paulette Grimault)
Jean-Pierre Ganancia
Caroline Mineur
Véronique Mourlan
Marc-Antoine Payen
Fignolés main
Une histoire du film publicitaire en France 1910-1970
En France, la réclame ou le film publicitaire1– appelé aussi à ses débuts
film d’entracte – fut associé très tôt au cinéma d’animation.
Dès les années 1910, ces bandes d’une trentaine de mètres furent réalisées
en dessin animé, technique plus universelle et conviviale que la prise
de vue réelle, offrant une plus grande netteté durant leur projection
dans une salle à moitié éclairée pendant l’entracte. Ce genre fit également
ses preuves pour les films «anti-boches» de la Première Guerre mondiale
et les films de propagande hygiéniste des années 1920.
Le film publicitaire permit à bon nombre d’artistes, tout au long
du XXesiècle, de générer une source de revenus régulière à laquelle
pouvait se greffer une activité artistique d’auteur, mais souvent
moins rémunératrice.
Des années 1910 aux années 1930, ces films étaient généralement réalisés
par des auteurs déjà installés dans la profession – Robert Lortac,
O’Galop, Emile Cohl, Albert Mourlan – diversifiant ainsi leur activité2.
A partir des années 1930, les jeunes nouveaux - Paul Grimault,
Alexandre Alexeieff, Jean Aurenche, Etienne Raïk, Omer Boucquey,
Jean Mineur et beaucoup d’autres - apparaissent dans le monde
du cinéma publicitaire, qui est désormais sonore. Ils redoublent
d’inventivité dans l’approche scénaristique et esthétique des produits
ainsi présentés dans de véritables écrins, où l’humour le dispute
à l’absurde. « La publicité cinématographique, parent pauvre de l’écran,
allait devenir un spectacle. »3
De la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’aux années 1970,
la publicité se développe considérablement. A cela, deux raisons :
d’une part, les productions américaines de retour sur le marché français
après la Libération laminent le film d’auteur, détournant bon nombre
de structures vers la production de films publicitaires qui apparaît
désormais comme un refuge. Certains se recyclent quasiment à 100%
dans cette discipline, comme Omer Boucquey, d’autres, comme Grimault
ou Alexeïeff, utilisent la publicité comme centre d’essais à de nouvelles
techniques ou de laboratoire de recherche :
«C’est la conjonction du parlant et de la couleur qui aura donné naissance
au nouvel état du film publicitaire, quand il s’est trouvé quelques esprits
hardis, entre autres Alexeïeff, pour concevoir qu’on puisse entrer dans
une ère nouvelle.»4
D’autre part, ce marché interne, imperméable aux productions étrangères
– car répondant à des sociétés et des marques françaises – ne fut pas
« colonisé» par les productions étrangères, offrant ainsi un domaine
d’activité protégé au niveau national. La pérennité des commandes de films
fut garantie à partir de 1950, grâce à la naissance et à l’organisation
dans l’industrie cinématographique, d’un secteur de la publicité,
avec la création de maisons de production dédiées, telles que :
Les Cinéastes Associés, La Comète, Cinéma Nouveau, Les Films Etienne
Raïk, etc.
A l’image des années 1910-1930, réalisateurs de longs métrages
mais aussi compositeurs de musique de renom (Alain Duhamel,
François de Roubaix, Georges Delerue) trouvèrent dans ce format réduit
un moyen d’expression à part entière et une source complémentaire
de revenus.
L’industrie du film publicitaire était née, organisée et regroupée
en sociétés de production, régies publicitaires, distributeurs et surtout
auteurs de films aujourd’hui injustement oubliés, qui, pour la beauté
du geste, savaient concevoir des films «Fignolés main ».
Jean-Baptiste Garnero
1 Néologisme datant de 1918.
2 Robert Collard dit Lortac crée en 1916 son propre Atelier, premier studio d’animation du genre,
réalisant notamment des films pour Pathé et Publi-Ciné. Emile Cohl réalise parallèlement
à ses productions pour Gaumont et Pathé de nombreux films publicitaires.
Albert Mourlan dispose d’un atelier dans sa maison de Montfermeil dès 1919, lui permettant ainsi
de réaliser un bon nombre de films image par image.
3 Raymond Chalmandrier «Le film publicitaire», Publicité 1938 –
Art & métiers graphiques, Paris 1938.
4 Ibid
Fignolés main
Une histoire du film publicitaire
en France 1910-1970
Toto s’instruit
Anonyme, 1931, 1 min
Berlingots
Etienne Raik, 1969 ?, 1 min
Brosse, peigne et…
Etienne Raik, 1965 ?, 1 min
Constance
Alexandre Alexeieff, 1957, 1 min
Prestige
Etienne Raik, 1965 ?, 1 min
Marks a lot!
Etienne Raik, 1970 ?, 1 min
Prenez-en de la graine
Antoine Payen, 1950, 2 min
La Révolte des betteraves
Albert Mourlan, 1925, 7 min, muet
Jeu d’Eclipse
Etienne Raik, 1950, 1 min
Elle court, elle court
Etienne Raik, 1965, 2 min
Messager de la lumière
Paul Grimault, 1938, 2 min
Qui perd... gagne !
Paul Grimault, 1938, 1 min
Chiffres,
Jeannine & Christianne Clerfeuille, 1966,
1min
Le Bœuf
Jeannine & Christianne Clerfeuille,
1958, 1min
100%
Alexandre Alexeieff, 1957, 2 min
14 juillet à Nutsville
Etienne Raik, 1965, 2 min
Opéra Bœuf
Bernard Lemoine & Henri Colpi, 1957, 1 min
Frrr…!
Etienne Raik,1969 ?, 1 min
Histoire céleste
Raymond Peynet, 1948, 2 min
Symboles
Etienne Raik, 1947, 1 min
Complot contre les Nationales!
Albert Mourlan, 1925, 6 min, muet
Les Allumettes fantaisistes
Emile Cohl, 1912, 4 min, muet
Rock a ballet
Etienne Raik, 1965, 2 min
Automation
Alexandre Alexeieff, 1958, 1 min
Renault
Albert Champeaux & Pierre Watrin, 1960,
1 min
L’Entraîneuse
Anonyme, 1925, 1 min, muet
Panne de pneu
Robert Lortac & Mallet, 1920, 2 min, muet
La plus belle conquête de la femme…
Robert Lortac & Mallet, 1920, 1 min, muet
J’en veux une!
Robert Lortac & Mallet, 1920, 1 min, muet
Une Histoire crevante
Robert Lortac & Mallet, 1920, 1 min, muet
L’Amoureux
Dimka, 1963, 1 min
Le Joueur
Dimka, 1963, 1 min
Le Coléreux
Dimka, 1963, 1 min
La Sève de la Terre
Alexandre Alexeieff, 1965, 2 min
Cravates, chaussettes, bas nylon…
Etienne Raik, 1969 ?, 1 min
Exercice de style : Lignes
Etienne Raik, 1965 ?, 1 min
Exercice de style : Styles
Etienne Raik, 1965 ?, 1 min
Exercice de style : Formes
Etienne Raik, 1965 ?, 1 min
Quatre temps
Alexandre Alexeieff, 1955, 1 min
Cette nuit là
Avec Paul Grimault, 1935, 1 min
Célamine
Etienne Raik, 1969 ?, 1 min
Lumière & reflet
Etienne Raik, 1970?, 1 min
Eau chaude 61
Jeannine & Christianne Clerfeuille,
1961, 1min
Sièges
Etienne Raik, 1970 ?, 2 min
Arphone téléviseurs
Anonyme, 1967, 2 min
Quelques mots sur…
Alexandre Alexeieff (1901-1982)
Alexeïeff (Kazan, Russie, 1902- Paris 1982) arrive
à Paris en 1920 et travaille comme costumier
et décorateur pour Louis Jouvet, Georges Pitoëff,
les Ballets Russes et les Ballets Suédois. Puis illustre
les œuvres de Gogol, Pouchkine, Dostoïevsky, Poe,
Baudelaire, Malraux, Maurois. Il décide d’inventer
« La gravure animée» et met au point en 1931
avec Claire Parker « l’écran d’épingles» sur lequel
ils réalisent Nuit sur le Mont Chauve (1933), En passant
(1943), Le Nez (1963), Tableaux d’une exposition
(1972), Trois thèmes (1980), et le prologue du film
d’Orson Welles Le procès (1962). Pour financer
ses recherches il réalise de très nombreux films
publicitaires de 1935 à 1964, comportant
de nombreuses innovations techniques.
Claire Parker (Boston 1906- Paris 1981) rencontre
Alexeïeff à la fin des années 20 et lui apporte
un soutien et une collaboration décisive pour
la création de l’écran d’épingle. Coréalisatrice de tous
les « films de spectacles » d’Alexeïeff qu’elle signe
avec lui, elle coréalise également la plupart des films
publicitaires d’Alexeïeff avec qui elle s’est mariée
en 1941.
Dominique Willoughby (www.cinedoc.org)
Jeanine & Christianne Clerfeuille (1927)
Jumelles dans la vie et parfaites duettistes au cinéma,
ces deux élèves des beaux-arts s’orientent un peu
malgré elles vers le cinéma d’animation.
Commençant d’abord chez Grimault, avant de créer
leur propre atelier en plein centre de Paris.
Ces deux Triplettes de Belleville (qui en valent trois
à elles deux) réalisent et supervisent des films –
personnels, avant-gardistes et parfois loufoques –
dès les années 1950 pour les structures publicitaires
telles que, les Cinéastes associés (80 films),
Cinéma Nouveau (45 films), Jean Mineur (30 films).
Rares femmes dans un univers professionnel peuplé
d’hommes, elles signeront presque 200 films
publicitaires entre 1954 et 1975. Auteurs de plusieurs
courts-métrages pour Pierre Braunberger (1880
(1963), Le Renard et le corbeau (1971), La Tortue
et le renard (1970), elles participeront également
à l’animation de quelques personnages du film
de René Goscinny et Albert Uderzo, Les Douzes
travaux d’Astérix (1976).
Jean-Baptiste Garnero
Paul Grimault (1905-1994)
Formé à l’Ecole Germain-Pilon (devenue l’Ecole
des arts appliqués), Paul Grimault travaille dès l’âge
de 17 ans comme dessinateur de meubles à l’atelier
d’art Pomone des magasins du Bon-Marché.
Il y dessine des maquettes de meubles et y agence
des vitrines. Après son service militaire, il entre
au début des années 1930 dans la société de publicité
Damour et fait la connaissance de Jean Anouilh,
de Jean Aurenche et de Jacques Prévert.
Proche du groupe Octobre, il y fait ses premières
armes, apprenant son métier dans ce lieu de passage,
de rencontres avec la presse, le cinéma, la publicité
et le graphisme. Paul Grimault participe alors
à diverses activités dans le domaine du cinéma
expérimental et publicitaire (notamment pour
les meubles Lévitan), et il interprète quelques rôles
aux côtés de Jacques-Bernard Brunius (cinéaste,
écrivain et comédien, proche des surréalistes),
de Marcel Carné, de Max Ernst, de Roger Blin
ou de Denise Bellon. Sur le conseil de Pierre Prévert,
Grimault fonde en 1936 avec André Sarrut la société
de production Les Gémeaux et se spécialise
dans le dessin animé publicitaire de commande. (…)
Les premiers films des Gémeaux, bien que réalisés
avec peu de moyens, font éclore un cinéma d’équipe
dans lequel chacun trouve sa place, partage les tâches
et les réussites. Nous sommes à une époque
de liberté, avant la naissance du Front populaire,
et déjà le cinéma de Grimault s’inspire des luttes
sociales et politiques des années 1930, met en scène
dominateurs et dominés avec une écriture qui lui est
propre. Passant du film joué au film dessiné,
Grimault met à profit son univers poétique chargé
de valeurs humanistes, aux couleurs traitées image
par image (…)
Eric Le Roy, in Du Praxinoscope au cellulo,
un demi-siècle de cinéma d’animation en France,
éd. CNC, Paris 2007
Lortac (Robert Collard) 1884-1973
Lortac fut peintre, créateur, animateur, producteur
et réalisateur de plus d’une centaine de dessins
animés. Il débute des études de peinture
aux Beaux-arts, puis de 1906 à 1914, croque
des comédiens de théâtre, illustre les comptes
rendus des pièces. Début 1914, Lortac réalise
son premier film, Le Savant Microbus et son automate,
une courte bande comique, en prises de vues réelles,
dans la lignée traditionnelle du cinéma muet
des années 1910.
La guerre éclate, il part au front. Blessé en mai 1915,
puis réformé, il se tourne vers le dessin animé.
Il fait ses premiers pas avec des films de pantins
pour inciter les Français à acheter des bons
de la Défense nationale. Ce sont des bandes
de quarante secondes, insérées dans les actualités
de l’Eclair-Journal. A cette occasion, il rencontre
Emile Cohl. Le cabinet Clemenceau le charge
de collecter des fonds pour la guerre et l’envoie un an
aux Etats-Unis, présenter une exposition itinérante
d’œuvres d’artistes français mobilisés.
De retour en France en 1919, imprégné de ses
découvertes américaines comme les bandes dessi-
nées de Winsor McCay (Little Nemo) ou ses visites
des studios de dessins animés, Lortac fonde à Mon-
trouge sa propre firme. Son atelier grouille d’activi-
tés et une quinzaine de personnes et cinq caméras
mettent en œuvre diverses techniques comme le
banc-titre, les poupées animées, la prise de vues
réelles… Parmi ses collaborateurs et amis les plus
fidèles, on relève Cavé, Landelle et Cheval, Rigal et
Payen, dont les noms s’imposeront comme des
références du cinéma d’animation dans les années
1940 et 1950 mais aussi Louis, Mallet, Maleva, Qué-
sada, le futur affichiste Savignac (…) Ces courts
films d’animation commentent avec humour les
événements récents et prennent place parmi les
actualités hebdomadaires Pathé. En 1923, il réalise
toute une séquence avec Cavé et Rigal pour le film
de Pière Colombier, Les Etrennes à travers les âges,
produit par Gaumont. Malgré ces fictions, docu-
mentaires et actualités, Lortac a du mal à faire fruc-
tifier son affaire.
Il relance sa production avec l’idée géniale du des-
sin animé publicitaire, qu’il eut dès 1918, avant tout
le monde. Il a déjà réalisé en 1919 une publicité
pour une poudre antimite La Mite au logis, pour un
produit parapharmaceutique, le Globéol (Titre
oblige…), pour un livre pour enfants (Petit poisson
deviendra grand), pour le parfum Arys (Comment
l’amour s’empare des cœurs, 1920). Il met ses com-
pétences artistiques au service de la maison Coin-
treau, produit à la demande de Citroën une série de
réclames, ainsi qu’une publicité pour les bougies
Eyquem, (L’Entraîneuse, 1920).
Entre 1923 et 1930, sous l’emblème de Publi-Ciné
fondé en 1925 par Lortac, l’entreprise prospère. La
production s’enrichit de nombreux films publici-
taires. Dix-sept films sont commandités par les vins
Nicolas, quasiment tous réalisés en collaboration
avec l’un de ses dessinateurs amis: Rigal, Cheval,
Ragonneau, Payen, Louis ou encore Mallet (…)
Pierrette Lemoigne, Du Praxinoscope au cellulo,
un demi-siècle de cinéma d’animation en France,
éd. CNC, Paris 2007
Etienne Raik (1904-1976)
Originaire de Baja en Hongrie, Etienne Rajk, dit Raïk,
arrive à Paris en 1924, après avoir suivi des études à
l’école des Arts décoratifs de Munich.
Il commence sa carrière comme décorateur pour
des théâtres parisiens et devient l’assistant
d’Alexandre Alexeieff, notamment pour les décors
des spectacles de Georges Pitoëff. Il aborde le
cinéma, toujours grâce à Alexeieff, dans les années
1930, pour des productions de films publicitaires en
couleurs. La guerre disperse cette équipe et Raïk
est incorporé à Alger où il réalise son premier film
en marionnettes en 1943. C’est en 1947 que sa
vocation de cinéaste dédié aux films publicitaires
commence, et ne cessera que 30 ans plus tard.
Sa carrière prend un essor considérable dans
les années 1950, et Raïk réalisera de nombreux
films publicitaires pour Les Cinéastes Associés,
Jean Mineur, Cinéma Nouveau et pour sa propre
structure, Les Films Etienne Raïk. En dépit
de la reconnaissance de la profession aussi bien
en France qu’à l’étranger, au regard de son travail
d’orfèvre et de sa filmographie estimée à plus de 200
titres, Etienne Raïk reste aujourd’hui, contrairement
à Alexeieff, un cinéaste injustement oublié.
Jean-Baptiste Garnero
Albert Mourlan (1887-1946)
Dans le parcours d’Albert Mourlan, la réalisation
de films d’animation n’intervint qu’à la suite
de ses expériences de peintre et de créateur
de bandes dessinées. Après l’obtention
de son baccalauréat, un deuxième prix de Rome
en peinture sanctionna ses études artistiques.
Il livra alors régulièrement à l’Epatant, dont il dessina
la première couverture en 1908, et à Cri-Cri
des planches signées «A. Lanmour». (…) Il passa
deux ans à Verdun et deux ans sur le front
de la Somme où il photographia et croqua de temps
à autre son quotidien.
En 1919, il publie plusieurs albums en couleurs
pour enfants (…) cette réussite éditoriale lui permet
d’acheter en 1919 une propriété à Montfermeil,
qui resta son port d’attache professionnel et familial
puisqu’il y installe le studio où il travailla, entouré
des siens, jusqu’à la fin de sa vie.
Potiron, son premier personnage de dessin animé,
jovial et tout en rondeur – certainement à l’image
de son créateur –, apparaît sur les écrans en 1921.
Mais malgré un accueil des plus chaleureux,
le succès n’est pas au rendez-vous, et Mourlan vend,
avec profit cette fois, les quatre films de sa série
aux Etats-Unis, où l’on perd définitivement leur trace.
Il consacre ensuite treize mois à une adaptation
des Voyages de Gulliver de Jonathan Swift, Gulliver
chez les Lilliputiens où, avec Raymond Villette, il anime
pantins de bois de 50 cm de haut, mannequins
et personnages réels. La séquence du naufrage est
tournée à Lorient, alors que le départ de l’« Homme-
Montagne» vers l’Angleterre est réalisé à Fécamp.
Ces quelques plans sont les seuls filmés en plein
air, alors que l’animation est élaborée dans le studio
de Montfermeil (…)
Béatrice de Pastre, in Du Praxinoscope au cellulo,
un demi-siècle de cinéma d’animation en France,
éd. CNC, Paris 2007.
Fignolés main
Une Histoire du film publicitaire en France 1910-1970
Toto s’instruit
Anonyme, 1931, 1 min
Berlingots
Etienne Raik, 1969 ?, 1 min
Brosse, peigne et…
Etienne Raik, 1965 ?, 1 min
Constance
Alexandre Alexeieff, 1957, 1 min
Prestige
Etienne Raik, 1965 ?, 1 min
Marks a lot!
Etienne Raik, 1970 ?, 1 min
Prenez-en de la graine
Antoine Payen, 1950, 2 min
La Révolte des betteraves
Albert Mourlan, 1925, 7 min, muet
Jeu d’Eclipse
Etienne Raik, 1950, 1 min
Elle court, elle court
Etienne Raik, 1965, 2 min
Messager de la lumière
Paul Grimault, 1938, 2 min
Qui perd... gagne !
Paul Grimault, 1938, 1 min
Chiffres,
Jeannine & Christianne Clerfeuille, 1966,
1min
Le Bœuf
Jeannine & Christianne Clerfeuille,
1958, 1min
100%
Alexandre Alexeieff, 1957, 2 min
14 juillet à Nutsville
Etienne Raik, 1965, 2 min
Opéra Bœuf
Bernard Lemoine & Henri Colpi, 1957, 1 min
Frrr…!
Etienne Raik,1969 ?, 1 min
Histoire céleste
Raymond Peynet, 1948, 2 min
Symboles
Etienne Raik, 1947, 1 min
Complot contre les Nationales!
Albert Mourlan, 1925, 6 min, muet
Les Allumettes fantaisistes
Emile Cohl, 1912, 4 min, muet
Rock a ballet
Etienne Raik, 1965, 2 min
Automation
Alexandre Alexeieff, 1958, 1 min
Renault
Albert Champeaux & Pierre Watrin, 1960,
1 min
L’Entraîneuse
Anonyme, 1925, 1 min, muet
Panne de pneu
Robert Lortac & Mallet, 1920, 2 min, muet
La plus belle conquête de la femme…
Robert Lortac & Mallet, 1920, 1 min, muet
J’en veux une!
Robert Lortac & Mallet, 1920, 1 min, muet
Une Histoire crevante
Robert Lortac & Mallet, 1920, 1 min, muet
L’Amoureux
Dimka, 1963, 1 min
Le Joueur
Dimka, 1963, 1 min
Le Coléreux
Dimka, 1963, 1 min
La Sève de la Terre
Alexandre Alexeieff, 1965, 2 min
Cravates, chaussettes, bas nylon…
Etienne Raik, 1969 ?, 1 min
Exercice de style : Lignes
Etienne Raik, 1965 ?, 1 min
Exercice de style : Styles
Etienne Raik, 1965 ?, 1 min
Exercice de style : Formes
Etienne Raik, 1965 ?, 1 min
Quatre temps
Alexandre Alexeieff, 1955, 1 min
Cette nuit là
Avec Paul Grimault, 1935, 1 min
Célamine
Etienne Raik, 1969 ?, 1 min
Lumière & reflet
Etienne Raik, 1970?, 1 min
Eau chaude 61
Jeannine & Christianne Clerfeuille,
1961, 1min
Sièges
Etienne Raik, 1970 ?, 2 min
Arphone téléviseurs
Anonyme, 1967, 2 min
Quelques mots sur…
Alexandre Alexeieff (1901-1982)
Alexeïeff (Kazan, Russie, 1902- Paris 1982) arrive
à Paris en 1920 et travaille comme costumier
et décorateur pour Louis Jouvet, Georges Pitoëff,
les Ballets Russes et les Ballets Suédois. Puis illustre
les œuvres de Gogol, Pouchkine, Dostoïevsky, Poe,
Baudelaire, Malraux, Maurois. Il décide d’inventer
« La gravure animée» et met au point en 1931
avec Claire Parker « l’écran d’épingles » sur lequel
ils réalisent Nuit sur le Mont Chauve (1933), En passant
(1943), Le Nez (1963), Tableaux d’une exposition
(1972), Trois thèmes (1980), et le prologue du film
d’Orson Welles Le procès (1962). Pour financer
ses recherches il réalise de très nombreux films
publicitaires de 1935 à 1964, comportant
de nombreuses innovations techniques.
Claire Parker (Boston 1906- Paris 1981) rencontre
Alexeïeff à la fin des années 20 et lui apporte
un soutien et une collaboration décisive pour
la création de l’écran d’épingle. Coréalisatrice de tous
les « films de spectacles » d’Alexeïeff qu’elle signe
avec lui, elle coréalise également la plupart des films
publicitaires d’Alexeïeff avec qui elle s’est mariée
en 1941.
Dominique Willoughby (www.cinedoc.org)
Jeanine & Christianne Clerfeuille (1927)
Jumelles dans la vie et parfaites duettistes au cinéma,
ces deux élèves des beaux-arts s’orientent un peu
malgré elles vers le cinéma d’animation.
Commençant d’abord chez Grimault, avant de créer
leur propre atelier en plein centre de Paris.
Ces deux Triplettes de Belleville (qui en valent trois
à elles deux) réalisent et supervisent des films –
personnels, avant-gardistes et parfois loufoques –
dès les années 1950 pour les structures publicitaires
telles que, les Cinéastes associés (80 films),
Cinéma Nouveau (45 films), Jean Mineur (30 films).
Rares femmes dans un univers professionnel peuplé
d’hommes, elles signeront presque 200 films
publicitaires entre 1954 et 1975. Auteurs de plusieurs
courts-métrages pour Pierre Braunberger (1880
(1963), Le Renard et le corbeau (1971), La Tortue
et le renard (1970), elles participeront également
à l’animation de quelques personnages du film
de René Goscinny et Albert Uderzo, Les Douzes
travaux d’Astérix (1976).
Jean-Baptiste Garnero
Paul Grimault (1905-1994)
Formé à l’Ecole Germain-Pilon (devenue l’Ecole
des arts appliqués), Paul Grimault travaille dès l’âge
de 17 ans comme dessinateur de meubles à l’atelier
d’art Pomone des magasins du Bon-Marché.
Il y dessine des maquettes de meubles et y agence
des vitrines. Après son service militaire, il entre
au début des années 1930 dans la société de publicité
Damour et fait la connaissance de Jean Anouilh,
de Jean Aurenche et de Jacques Prévert.
Proche du groupe Octobre, il y fait ses premières
armes, apprenant son métier dans ce lieu de passage,
de rencontres avec la presse, le cinéma, la publicité
et le graphisme. Paul Grimault participe alors
à diverses activités dans le domaine du cinéma
expérimental et publicitaire (notamment pour
les meubles Lévitan), et il interprète quelques rôles
aux côtés de Jacques-Bernard Brunius (cinéaste,
écrivain et comédien, proche des surréalistes),
de Marcel Carné, de Max Ernst, de Roger Blin
ou de Denise Bellon. Sur le conseil de Pierre Prévert,
Grimault fonde en 1936 avec André Sarrut la société
de production Les Gémeaux et se spécialise
dans le dessin animé publicitaire de commande. (…)
Les premiers films des Gémeaux, bien que réalisés
avec peu de moyens, font éclore un cinéma d’équipe
dans lequel chacun trouve sa place, partage les tâches
et les réussites. Nous sommes à une époque
de liberté, avant la naissance du Front populaire,
et déjà le cinéma de Grimault s’inspire des luttes
sociales et politiques des années 1930, met en scène
dominateurs et dominés avec une écriture qui lui est
propre. Passant du film joué au film dessiné,
Grimault met à profit son univers poétique chargé
de valeurs humanistes, aux couleurs traitées image
par image (…)
Eric Le Roy, in Du Praxinoscope au cellulo,
un demi-siècle de cinéma d’animation en France,
éd. CNC, Paris 2007
Lortac (Robert Collard) 1884-1973
Lortac fut peintre, créateur, animateur, producteur
et réalisateur de plus d’une centaine de dessins
animés. Il débute des études de peinture
aux Beaux-arts, puis de 1906 à 1914, croque
des comédiens de théâtre, illustre les comptes
rendus des pièces. Début 1914, Lortac réalise
son premier film, Le Savant Microbus et son automate,
une courte bande comique, en prises de vues réelles,
dans la lignée traditionnelle du cinéma muet
des années 1910.
La guerre éclate, il part au front. Blessé en mai 1915,
puis réformé, il se tourne vers le dessin animé.
Il fait ses premiers pas avec des films de pantins
pour inciter les Français à acheter des bons
de la Défense nationale. Ce sont des bandes
de quarante secondes, insérées dans les actualités
de l’Eclair-Journal. A cette occasion, il rencontre
Emile Cohl. Le cabinet Clemenceau le charge
de collecter des fonds pour la guerre et l’envoie un an
aux Etats-Unis, présenter une exposition itinérante
d’œuvres d’artistes français mobilisés.
De retour en France en 1919, imprégné de ses
découvertes américaines comme les bandes dessi-
nées de Winsor McCay (Little Nemo) ou ses visites
des studios de dessins animés, Lortac fonde à Mon-
trouge sa propre firme. Son atelier grouille d’activi-
tés et une quinzaine de personnes et cinq caméras
mettent en œuvre diverses techniques comme le
banc-titre, les poupées animées, la prise de vues
réelles… Parmi ses collaborateurs et amis les plus
fidèles, on relève Cavé, Landelle et Cheval, Rigal et
Payen, dont les noms s’imposeront comme des
références du cinéma d’animation dans les années
1940 et 1950 mais aussi Louis, Mallet, Maleva, Qué-
sada, le futur affichiste Savignac (…) Ces courts
films d’animation commentent avec humour les
événements récents et prennent place parmi les
actualités hebdomadaires Pathé. En 1923, il réalise
toute une séquence avec Cavé et Rigal pour le film
de Pière Colombier, Les Etrennes à travers les âges,
produit par Gaumont. Malgré ces fictions, docu-
mentaires et actualités, Lortac a du mal à faire fruc-
tifier son affaire.
Il relance sa production avec l’idée géniale du des-
sin animé publicitaire, qu’il eut dès 1918, avant tout
le monde. Il a déjà réalisé en 1919 une publicité
pour une poudre antimite La Mite au logis, pour un
produit parapharmaceutique, le Globéol (Titre
oblige…), pour un livre pour enfants (Petit poisson
deviendra grand), pour le parfum Arys (Comment
l’amour s’empare des cœurs, 1920). Il met ses com-
pétences artistiques au service de la maison Coin-
treau, produit à la demande de Citroën une série de
réclames, ainsi qu’une publicité pour les bougies
Eyquem, (L’Entraîneuse, 1920).
Entre 1923 et 1930, sous l’emblème de Publi-Ciné
fondé en 1925 par Lortac, l’entreprise prospère. La
production s’enrichit de nombreux films publici-
taires. Dix-sept films sont commandités par les vins
Nicolas, quasiment tous réalisés en collaboration
avec l’un de ses dessinateurs amis: Rigal, Cheval,
Ragonneau, Payen, Louis ou encore Mallet (…)
Pierrette Lemoigne, Du Praxinoscope au cellulo,
un demi-siècle de cinéma d’animation en France,
éd. CNC, Paris 2007
Etienne Raik (1904-1976)
Originaire de Baja en Hongrie, Etienne Rajk, dit Raïk,
arrive à Paris en 1924, après avoir suivi des études à
l’école des Arts décoratifs de Munich.
Il commence sa carrière comme décorateur pour
des théâtres parisiens et devient l’assistant
d’Alexandre Alexeieff, notamment pour les décors
des spectacles de Georges Pitoëff. Il aborde le
cinéma, toujours grâce à Alexeieff, dans les années
1930, pour des productions de films publicitaires en
couleurs. La guerre disperse cette équipe et Raïk
est incorporé à Alger où il réalise son premier film
en marionnettes en 1943. C’est en 1947 que sa
vocation de cinéaste dédié aux films publicitaires
commence, et ne cessera que 30 ans plus tard.
Sa carrière prend un essor considérable dans
les années 1950, et Raïk réalisera de nombreux
films publicitaires pour Les Cinéastes Associés,
Jean Mineur, Cinéma Nouveau et pour sa propre
structure, Les Films Etienne Raïk. En dépit
de la reconnaissance de la profession aussi bien
en France qu’à l’étranger, au regard de son travail
d’orfèvre et de sa filmographie estimée à plus de 200
titres, Etienne Raïk reste aujourd’hui, contrairement
à Alexeieff, un cinéaste injustement oublié.
Jean-Baptiste Garnero
Albert Mourlan (1887-1946)
Dans le parcours d’Albert Mourlan, la réalisation
de films d’animation n’intervint qu’à la suite
de ses expériences de peintre et de créateur
de bandes dessinées. Après l’obtention
de son baccalauréat, un deuxième prix de Rome
en peinture sanctionna ses études artistiques.
Il livra alors régulièrement à l’Epatant, dont il dessina
la première couverture en 1908, et à Cri-Cri
des planches signées «A. Lanmour». (…) Il passa
deux ans à Verdun et deux ans sur le front
de la Somme où il photographia et croqua de temps
à autre son quotidien.
En 1919, il publie plusieurs albums en couleurs
pour enfants (…) cette réussite éditoriale lui permet
d’acheter en 1919 une propriété à Montfermeil,
qui resta son port d’attache professionnel et familial
puisqu’il y installe le studio où il travailla, entouré
des siens, jusqu’à la fin de sa vie.
Potiron, son premier personnage de dessin animé,
jovial et tout en rondeur – certainement à l’image
de son créateur –, apparaît sur les écrans en 1921.
Mais malgré un accueil des plus chaleureux,
le succès n’est pas au rendez-vous, et Mourlan vend,
avec profit cette fois, les quatre films de sa série
aux Etats-Unis, où l’on perd définitivement leur trace.
Il consacre ensuite treize mois à une adaptation
des Voyages de Gulliver de Jonathan Swift, Gulliver
chez les Lilliputiens où, avec Raymond Villette, il anime
pantins de bois de 50 cm de haut, mannequins
et personnages réels. La séquence du naufrage est
tournée à Lorient, alors que le départ de l’« Homme-
Montagne» vers l’Angleterre est réalisé à Fécamp.
Ces quelques plans sont les seuls filmés en plein
air, alors que l’animation est élaborée dans le studio
de Montfermeil (…)
Béatrice de Pastre, in Du Praxinoscope au cellulo,
un demi-siècle de cinéma d’animation en France,
éd. CNC, Paris 2007.
Fignolés main
Une Histoire du film publicitaire en France 1910-1970
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