la Tradition judéo-chrétienne

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la Tradition judéo-chrétienne
par François LEBRUN
professeur émérite à l'Université de Rennes II
(Belin, 1981)
la Bible et Israël
Vers 1900, il existe des minorités
juives dans tous les pays d'Europe.
C'est là théoriquement le résultat
d'une dispersion (ou diaspora) qui a
e
commencé dès avant le 8 siècle
avant J.-C. et s'est poursuivie tout au
cours de l'histoire. Ces minorités sont
souvent en butte à l'hostilité des
populations au milieu desquelles elles
vivent. La tradition hébraïque est une
composante
essentielle
de
la
civilisation européenne, cependant
que la religion juive, dont sont issus le
Christianisme et l'Islam, reste l'une
des religions monothéistes du monde.
L'ANCIEN TESTAMENT
La Bible* est le livre saint des Juifs
et des Chrétiens. Comme le montre
l'histoire même de son nom, c'est une
collection d'écrits qui a fini par être
considérée comme un ouvrage
unique et le Livre par excellence
parce que la Parole de Dieu était
réputée y être contenue. La Bible est
divisée en deux recueils principaux.
Le premier est l'Ancien Testament ou
livre de l'Ancienne Alliance. C'est
l'apport proprement juif d'Israël à la
Bible. L'autre recueil, le Nouveau
Testament ou livre de la Nouvelle
Alliance est, lui aussi, à une exception
près, l'œuvre d'auteurs juifs écrivant
en grec, mais il représente à certains
égards une interprétation particulière
de l'Ancien : il est l'expression propre
du. Christianisme.
Pour les Juifs, la Bible se limite à la
Bible
hébraïque
soit
l'Ancien
Testament. Ils la désignent sous le
nom de Tanakh*.
Textes canoniques et
littérature judaïque
Chacun des livres ou des groupes
de livres de l'Ancien Testament, sans
qu'aucune décision officielle ait été
nécessaire,
a
progressivement
conquis la vénération des hommes
qui l'ont considéré comme faisant
autorité, ayant un caractère sacré et
un texte devant rester immuable.
Cette canonicité a été atteinte par le
e
Pentateuque avant la fin du 4 siècle
les Hébreux
1200
Les Juges en Canaan
LE ROYAUME UNI
1030-1010 Saül.
1010-970 David roi de Juda, puis de Juda et d'Israël.
970-931
Salomon roi de Juda et d'Israël.
er
966
1 Temple de Jérusalem.
931
Israël se sépare du royaume de Juda
JUDA
ISRAËL
12 rois
9 dynasties
870
750
722
le prophète Élie
Constitution du recueil "E".
Prise de Samarie par
Sargon II roi d'Assyrie.
Fin du royaume d'Israël
JUDA SEUL : 7 ROIS DE 715 À 587
715-687
les prophètes Isaïe et Michée.
700
Constitution du recueil "JE" par fusion de J et E
621-587
le prophète Jérémie.
587
Prise de Jérusalem, destruction de la ville et du
Temple par Nabuchodonosor, roi de Babylone.
Déportation.
les Juifs
1. L'ÉPOQUE PERSE
587-538
Captivité à Babylone.
538
Édit de Cyrus : retour des captifs.
540-538
le Second Isaïe.
nd
520-515
Construction du 2 Temple par Zorobabel.
458
Repeuplement de Jérusalem par Esdras.
442-332
Recueil du Pentateuque.
2. L'ÉPOQUE HÉLLÉNISTIQUE ET ROMAINE
332
Alexandre le grand en Palestine.
312-140
les Séleucides dominent en Palestine.
200
Début de la traduction de la "Septante".
175-163
Antiochus IV Épiphane proscrit le judaïsme en
Palestine.
167-140
la révolte des Maccabées.
160
le livre de Daniel.
140
Rome reconnaît l'indépendance de la Judée.
135-37
Règne des descendants des Maccabées ou
Hasmonéens.
37-4
Hérode-le-Grand
supplante
la
dynastie
hasmonéenne. Il embellit le Temple.
3. ÈRE CHRÉTIENNE
6
la Judée sous la tutelle des procurateurs
romains.
66-74
Grande guerre des Juifs contre les Romains.
70
Incendie du Temple.
74
Siège de Massada.
132-135
Deuxième guerre des Juifs contre les Romains
sous la conduite de de Bar-Kochba.
134
Jérusalem prend le nom de Aelia Capitolina.
135
Chute de Bethar, la dernière forteresse juive, et
fin de l'État national juif.
Constitution du
recueil "J".
le prophète Isaïe
-1-
La Bible hébraïque
LA TORAH : LA LOI
LA GENÈSE décrit la création du
monde et rapporte l'histoire primitive
du
peuple
d'Israël,
descendant
d'Abraham "père des croyants", dans la
perspective héroïque et fabuleuse de
l'histoire universelle.
L'EXODE, récit de la sortie des
Israélites d'Égypte sous la conduite de
Moise, et de leur marche vers la Terre
promise.
LE LÉVlTIQUE contient les règles
rituelles intéressant les lévites ou
prêtres.
LES NOMBRES racontent le séjour au
désert et les dénombrements d'Israël
qui y furent pratiqués, c'est-à-dire les
recensements.
LE DEUTÉRONOME est une suite de
discours moraux que Moise est censé
adresser, peu avant sa mort, aux
Israélites qui vont entrer dans la Terre
promise.
La première partie de l'Ancien Testament
est constituée par la Torah ou
Pentateuque, c'est-à-dire les cinq livres de
Moïse. Les appellations de ces livres sont
constituées, en hébreu, par le premier
vocable du texte de chacun d'eux. Plus
familiers sont les noms qui proviennent de
la traduction grecque.. Chacun d'eux
désigne l'événement dominant du livre
auquel il s'applique. Selon la Tradition,
Moïse aurait été le rédacteur du
Pentateuque. Les ordonnances religieuses
lui auraient été révélées soit sur le mont
Sinaï (ainsi les Dix Commandements ou
Décalogue) soit dans la tente où il se
rendait pour entendre la voix de Dieu.
L'ensemble de la Torah est d'ailleurs
considéré comme dicté par Dieu.
Aujourd'hui encore, comme au temps de
Jésus, la Torah calligraphiée sur le
parchemin des rouleaux de la Loi est lue
publiquement dans les synagogues.
Mais la recherche historique explique la
constitution du Pentateuque par un
étalement sur plusieurs siècles, entre le
milieu du 9e et le milieu du 5e siècle avant
notre ère.
LES LIVRES PROPHÉTIQUES
PROPHÈTES ANTÉRIEURS
Josué - Juges - Samuel I et II
Rois I et II
PROPHÈTES POSTÉRIEURS
Isaïe, Jérémie, Ézéchiel
LES DOUZE
Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas,
Michée, Nahum, Habacuc, Sophonie,
Aggée, Zacharie, Malachie.
Les Livres prophétiques, deuxième des
trois parties de l'Ancien Testament, sont
eux-mêmes divisés en deux séries.
Les Prophètes antérieurs : livres où est
retracée l'histoire d'Israël depuis l'installation en Terre promise jusqu'à la prise de
Jérusalem par Nabuchodonosor, en 587
avant notre ère. Ces ouvrages sont parfois
appelés "livres historiques" en raison de
leur caractère narratif, du sujet qu'ils
traitent et des documents incontestables
qu'ils renferment. Soucieux de rapporter
les événements historiques, les prophètes
le sont plus encore d'en déterminer la
signification religieuse. Ils proclament des
principes au nom desquels ils portent un
jugement sur les épisodes qu'ils mettent
en scène, ainsi que sur les hommes qui en
ont été les acteurs.
On s'accorde à situer ces textes entre la
fin du 7e siècle et la fin du 5e siècle avant
notre ère.
Les livres des Prophètes postérieurs nous
transmettent les messages des trois
grands prophètes et des douze petits
prophètes, ainsi nommés d'après l'étendue
des livres qui portent leur nom.
Ce sont des messagers inspirés que Dieu
dépêche vers le peuple ou vers son roi
pour leur signifier le jugement qu'il porte
sur certaines situations sociales, politiques
et religieuses et leur annoncer les
conséquences qui en seront la sanction.
Les grands prophètes dont on rapporte la
biographie et dont on conserve les oracles
sont Isaïe, Jérémie et Ezéchiel. Le Livre
d'Isaïe réunit les prophéties de plusieurs
inspirés. Les deux principaux sont le
Premier Isaïe qui exerça son ministère à
Jérusalem dans la seconde moitié du
8csiècle avant notre ère et le Second
Isaïe, qui consola les déportés d'Israël
durant l'exil à Babylone, au 6e siècle avant
notre ère. Jérémie prophétisa lui aussi à
Jérusalem au début du 6e siècle, lors des
événements qui aboutirent à la ruine de
Jérusalem et à la fin du Royaume de Juda.
L'activité d'Ézéchiel se déroula au 6e
siècle auprès des exilés de Babylonie. Il
les consola de la catastrophe nationale
qu'il avait prédite et justifiée et leur fit
espérer la régénération et presque la
transfiguration d'Israël et de son pays. Le
livre des Douze groupe des textes
prophétiques datant du 8e au 4e siècle
avant notre ère.
-2-
LES ÉCRITS SACRÉS
1. LIVRES POÉTIQUES
Les Psaumes, collection de 150
poèmes répartis en cinq livres,
probablement
à
l'imitation
du
Pentateuque. Le Psautier, qui regroupe
des compositions poétiques souvent
anciennes, représente l'expression
lyrique de la foi d'Israël.
Le livre de Job, un débat poétique sur
les souffrances du Juste.
Le Livre des Proverbes, textes de
sagesse de provenances et de
caractères divers qui énoncent les
règles, enseignées par l'expérience,
d'une vie conforme à la volonté de Dieu
et, pour cette raison, heureuse.
2. LES "CINQ ROULEAUX"
Le Cantique des Cantiques, une suite
de chants d'amour ;
Ruth, court récit situé à l'époque des
Juges ;
Les
Lamentations,
cinq
poèmes
déplorant la ruine de Jérusalem et, pour
cette raison, faussement attribués au
prophète Jérémie ;
L'Ecclésiaste proclame la vanité de
toutes choses, à l'exception d'une vie
conforme à la volonté de Dieu ;
Le Livre d'Esther, récit, de caractère
non historique, racontant comment une
jeune femme juive, Esther, devenue
l'épouse du roi de Perse Assuerus,
réussit à empêcher le massacre de tous
les Juifs de l'Empire.
3. DANIEL
4. ESDRAS – NÉHÉMIE
CHRONIQUES 1 ET II
Les Écrits sacrés ou Hagiographes
forment la troisième et dernière partie de
l'Ancien Testament, dont la composition
s'échelonne entre la fin du 5e et le début
du 2e siècle avant notre ère. Le livre de
Daniel remonte à une époque de peu
postérieure à la persécution d'Antiochus
Épiphane, au 2e siècle avant notre ère.
Après un bref résumé généalogique des
générations qui séparent Adam de Saül,
les Chroniques retracent l'histoire de Juda,
de David à l'édit de Cyrus autorisant la
reconstrUction du Temple de Jérusalem.
Les livres d'Esdras et de Néhémie, qui
précèdent aujourd'hui les Chroniques, en
constituaient, à l'origine, la suite
immédiate. Ils racontent le retour à
Jérusalem d'une partie des exilés
babyloniens avec la reconstrUction du
Temple, le repeuplement de la Ville, la
réfection des murailles de Jérusalem.
avant notre ère. Celle des Prophètes est acquise vers 200 avant J.-C. Celle des Hagiographes est
constituée vers 100 avant l'ère actuelle. Toutefois, certains livres continueront à être discutés jusqu'au
e
2 siècle de l'ère chrétienne. La constitution progressive du Canon* des, Écritures explique la manière
dont le texte de l'Ecriture a été transmis.
Les éditions modernes de la Bible hébraïque ne reposent pas sur un texte original, mais sur des
manuscrits qui en dérivent. Les manuscrits les plus anciens qui nous soient parvenus ne datent que
du haut Moyen Age. Ils
contiennent un texte de
l'Écriture
qui,
unifié
au
préalable par les Scribes des
alentours de l'ère chrétienne, a
été pourvu de voyelles et de
ponctuation par des savants
juifs appelés Massorètes ou
transmetteurs. Le texte qu'ils
ont ainsi établi est désigné du
nom de texte massorétique.
Cependant on a découvert en
1947, à Qumrân, sur les bords
de la mer Morte, des rouleaux
contenant le livre complet
Fragment d'un manuscrit biblique de la
d'Isaïe et des fragments de
mer Morte, écrit au calame (sorte de
stylet) sur rouleau de cuir (début de l'ère
presque tous les livres de la
chrétienne).
Bible hébraïque dans un texte
Musée Bible et Terre Sainte
antérieur à celui qu'avaient
(Institut catholique de Paris).
arrêté les Scribes.
A côté des livres canoniques qui forment la Bible hébraïque, existe une importante littérature dont
l'autorité ne fut pas reconnue par le Judaïsme. Sa transmission a été l'œuvre du Christianisme. Voilà
pourquoi nous possédons ces ouvrages presque essentiellement en traduction grecque*. L'Église
catholique leur reconnaît un caractère canonique certain quoique inférieur à celui des livres du canon
juif ; elle les dénomme pour cette
raison les "livres canoniques du
second rang". Les protestants au
contraire ne leur reconnais-sent
qu'un caractère édifiant, utile pour
la foi ; ils les désignent du nom
d'Apocryphes*, "livres tenus cachés", non authentiques par rapport
au Canon. Ces livres figurent dans
les éditions catholiques de la Bible.
Il faut mentionner, en outre, une
immense littérature de caractère
assez analogue, inspirée par
l'Écriture, mais toujours nettement
extérieure à Elle. Ces ouvrages
représentent des intermédiaires
entre l'Ancien et le Nouveau Testament. C'est pour cela qu'on les
désigne souvent du nom de
littérature intertestamentaire. Ainsi
les manuscrits de la mer Morte qui,
appartenant vraisemblablement à la
communauté des Esséniens*, nous
éclairent sur l'état intellectuel et
spirituel de certaines sectes juives
à la veille de l'ère chrétienne.
Passages de la Genèse, extraits de la
"Bible arc-en-ciel" éditée à Leipzig par
Paul Haupt (1896). Les documents dont a
été composé le texte sont distingués par
des couleurs différentes.
-3-
LES APPORTS HÉBRAÏQUES
La conception centrale est celle du monothéisme ou croyance en un Dieu unique et personnel,
c'est-à-dire en un être vivant intelligent, accessible aux prières, sanctionnant le bien et le mal. Le
monothéisme est l'apport majeur d'Israël à la civilisation universelle. On ne trouve rien qui lui soit
réellement comparable dans la religion d'aucun autre peuple de l'Antiquité.
La découverte du monothéisme est inséparable des vicissitudes de l'histoire d'Israël. Il a fallu
beaucoup de temps aux Israélites pour concevoir que leur Dieu existait seul, à l'exclusion de tous les
autres. C'est parce qu'ils admettaient l'existence d'autres dieux à côté du leur, auquel ils rendaient
pourtant un culte exclusif, que des figures comme Moïse ou David ne sauraient être considérées
comme des monothéistes au sens strict du terme. La lutte contre les Philistins qui menaçaient
e
e
l'indépendance des Israélites, au 10 et au 9 siècle avant notre ère, conduit les Prophètes, âme de la
résistance nationale et religieuse, à exalter la puissance de leur Dieu et à affirmer son monopole en
terre d'Israël. Cette prédication s'accompagne d'une dépréciation systématique des autres dieux dont
on nie d'abord le pouvoir, puis tout simplement l'existence. Cette évolution parvient à son stade ultime
e
à l'époque de la Captivité de Babylone, au 6 siècle avant notre ère. On la trouve clairement et
nettement accomplie chez le Second Isaïe dans des proclamations telles que celles-ci : "Je suis le
premier et je suis le dernier, hormis moi, pas de Dieu" (44, 6) ; "Je suis Yahvé sans égal, moi excepté,
il n'y a pas de Dieu... qu'on sache du Levant au Couchant, tout est néant hormis moi" (45, 5-6).
Dieu vivant, le Dieu d'Israël est aussi un Dieu spirituel qui échappe à l'appréhension sensible et aux
prises de l'intelligence. Aucune réalité naturelle ne saurait lui être comparée et toute représentation
figurée le rabaisserait.
Les poètes hébraïques se heurtent à sa présence dans tous les recoins de l'univers, mais Dieu qui
emplit tout ne se trouve réellement nulle part. Un abîme le sépare de tout ce qu'il a créé. Il est, selon
la formule d'un historien des religions, le Tout Autre, le Dieu terrible et saint en face duquel tout
l'univers n'est qu'un néant de cendre et de poussière.
La sainteté n'est en effet qu'une désignation de la toute-puissance et de la majesté redoutables de la
divinité, qui colorent de crainte la ferveur du culte qu'on lui rend. Mais, dès les origines, Dieu est
considéré non seulement comme le Tout-Puissant, mais aussi comme un dieu sage, juste, bon et
véridique, sur lequel l'homme est sommé de se régler, le modèle suprême de toute pureté, de telle
sorte que la sainteté devient un idéal humain : "Vous serez saints puisque Je suis saint" (Lévitique,
11, 45 ; 19, 2).
Le Royaume de Dieu.
Le contrôle exercé par Dieu sur les hommes culmine dans l'idée que la divinité dirige l'histoire de
l'humanité d'après un plan préétabli. L'histoire a un sens. Elle ne se déroule pas au hasard ni selon les
lois d'une aveugle nécessité, mais en conformité avec la providence divine et par rapport au peuple
d'Israël que Dieu s'est choisi pour en faire un "Royaume de Prêtres" et le porteur de sa vérité.
La prospérité ou les désastres nationaux sanctionnent la fidélité ou l'apostasie* d'Israël dont les
souffrances dépassent cependant les exigences de la. justice.
Le Second Isaïe explique ces excès de malheur en présentant le "petit reste" d'Israël, purifié par les
souffrances de l'exil. Homme des douleurs, honni et persécuté, il porte les maladies de tous les
hommes et expie pour leurs péchés. Sa mission est de régénérer tout Israël, de porter jusqu'aux
extrémités de la terre l'annonce du salut de Dieu, d'être la lumière des nations. En effet, l'histoire des
hommes, obéissant à un canevas établi par Dieu, tend à une conclusion : après la succession des
grands empires à prétentions universelles - incarnant le mal et symbolisés par des bêtes féroces - au
cours de laquelle les ténèbres auront semblé ne faire que s'épaissir sur l'humanité, le pouvoir sera
donné à jamais à un "fils d'homme".
Cette expression désigne tout d'abord l'empire des Saints, c'est-à-dire Israël régénéré et rétabli dans
son pouvoir temporel, religieux et politique, un empire humain et non plus bestial comme les empires
précédents. L'univers connaîtra alors un véritable âge d'or. L'injustice, la douleur auront disparu de la
terre, le voile de la mort ne sera plus suspendu sur l'humanité. La guerre aura cessé même dans le
règne animal.
"Le loup habite avec l'agneau, la panthère se couche près du chevreau, veau et lionceau paissent
ensemble sous la conduite d'un petit garçon.
La vache et l'ourse lient amitié, leurs petits gîtent ensemble.
Le lion mange de la paille comme le bœuf.
Le nourrisson s'amuse sur le trou du cobra, sur le repaire de la vipère l'enfant met la main.
On ne fait plus de mal ni de ravages sur toute ma sainte montagne, car le pays est rempli de la
connaissance de Yahvé comme les eaux comblent la mer."
Isaïe, Il, 6-9
-4-
Verre doré juif du 4e siècle ap. J.-C. Dans la moitié supérieure du fond
décoré, une arche de la Loi, où sont disposés 9 rouleaux en 3 rangées. De
chaque c6té, un oiseau perché sur un globe monte la garde. Dans
la partie inférieure, un chandelier à sept branches (ménorah) allumé, flanqué
de deux lions. (Rome, Catacombes juives)
Le Temple de Jérusalem rebâti sera une maison
de prière pour tous les peuples. Toutes les
nations se seront en effet converties à la religion
du Dieu d'Israël. Ce sera le Règne ou le
Royaume de Dieu, véritable et seul roi légitime
d'Israël. Selon la plupart des traditions juives, le
pouvoir royal divin s'exercera sur Israël et
l'humanité par l'intermédiaire d'un roi idéalisé, le
Messie, conçu le plus souvent comme un
"descendant de David". Comme Moïse, il sera
roi, prophète, grand prêtre. Selon les
représentations les plus répandues, l'instauration
du Royaume de Dieu sera précédée par une
période d'accablante détresse, par les malheurs
les plus grands, voire par des cataclysmes
cosmiques ou la fin du monde actuel, misérable
et impie.
Toutes ces notions se retrouvent transposées dans la pensée chrétienne. L'Église n'est tout d'abord
que la communauté des Israélites sauvés par la foi en Jésus et groupés dans l'attente de la
manifestation imminente du Royaume. Le Christianisme a reconnu en Jésus le roi idéal et libérateur
d'Israël, roi, prophète et grand prêtre, Messie ou Christ, c'est-à-dire oint par Dieu en vue de la mission
dont il l'avait chargé.
Bible : le mot vient de Biblia, neutre pluriel, signifiant en grec les livres et devenu féminin singulier
dans le latin tardif, le Livre.
Tanakh : sigle formé des consonnes initiales des mots hébreux désignant les trois grandes parties
de la Bible hébraïque : Torah, la Loi ou l'enseignement de Moïse ; Nebiim, les Prophètes ; Ketoubim,
les Écrits sacrés ou hagiographes.
Canon : le mot signifie proprement règle, modèle, il désigne ici le catalogue des livres réputés
sacrés.
Traduction grecque de la Bible, dite des Septante, parce que la légende l'attribue à soixante-douze
e
traducteurs. Commencée à Alexandrie d'Égypte, au 3 siècle avant notre ère, adoptée par l'Église, la
Septante a été la Bible du Christianisme et a, de ce fait, exercé une influence considérable. C'est à
partir du texte des Septante que saint Jérôme établit la Bible en latin, dite Vulgate.
Apocryphes ou Deutérocanoniques : ce sont les additions grecques à Esther et à Daniel ; Judith ;
Tobie 1 et II ; Maccabées ; la Sagesse de Salomon ; la Sagesse de Ben Sirach ou l'Ecclésiastique ;
Baruch ; la lettre de Jérémie.
Esséniens : un des ordres réformateurs, ou sectes, du Judaïsme antique, avec les Sadducéens, les
Pharisiens, et la "quatrième philosophie" qui sera la matrice des mouvements de résistance aux
Romains, dont les Sicaires et les Zélotes.
Apostasie : abandon d'une religion pour une autre.
-5-
Évangile et Églises chrétiennes
A la veille de 1914, de Moscou à Madrid, de Londres à Rome, de Paris à Vienne, le Christianisme,
sous sa forme catholique, orthodoxe ou protestante, imprègne profondément les mentalités et les
comportements des masses populaires comme des classes dirigeantes. Partout, les croix qui
culminent aux clochers des églises, qui surplombent les tombes des cimetières ou qui jalonnent les
routes et les chemins de campagne, marquent l'empreinte du Christianisme sur les paysages
européens.
4
LA CROIX ET LA
RÉSURRECTION
Naissance de Jésus
ÈRE CHRÉTIENNE
14
Mort de Jésus
Avènement de Tibère
Mort de Pierre et Paul
Persécutions antichrétiennes sous
Dioclétien
330 Fondation de
Édit de tolérance
Constantinople
476
Concile de Nicée
Fin de l'Empire
Mort d'Augustin
d'Occident
523 Avènement de
Mort de Benoît de
Justinien, Empereur
Nursie
de Byzance
800 Couronnement de
Mort de Cyrille
Charlemagne
Christianisation de la
Scandinavie
1099 Prise de Jérusalem
Schisme de Michel
Cérulaire
par les Croisés
Débuts de l'Inquisition 1209 Croisade contre les
Somme théologique
Albigeois
de Thomas d'Aquin
1492 Christophe découvre
l'Amérique
Excommunication de
Luther
Calvin, Institution
chrétienne
1560 Début des guerres de
Fin du Concile de
religion en France
1598 Édit de Nantes
Trente
1685 Révocation de l'Édit
de Nantes
1801 Concordat entre
Pie VII et
er
Concile de Vatican I
Napoléon I
30
La croix est en effet le signe de la 62-64
religion chrétienne, car elle rappelle la
303
mort de son fondateur, Jésus, Juif de
Galilée, exécuté à Jérusalem la dixhuitième année du règne de
311
l'empereur Tibère. Ce Juif, né quelque
trente-trois ans plus tôt d'une jeune
325
fille nommée Marie, reçoit d'abord le
430
baptême de Jean, prophète juif qui
prêchait alors un baptême de
547
purification en vue du Royaume
imminent. En effet, les Juifs de ce
temps attendaient le Messie (oint ou
roi, en grec Christos) qui devait
869
délivrer Israël de la domination
1000
étrangère et restaurer le Royaume de
Dieu sur la terre. Le message de
1054
Jésus semble répondre à cette
attente : Les temps sont accomplis, le
Royaume de Dieu est proche, 1233
repentez-vous et croyez en, la bonne 1267
nouvelle (en grec, euaggelion, :
évangile).
Il indique dans son enseignement
les conditions concrètes pour accéder 1520
au Royaume et s'adresse en priorité
aux Juifs les plus déshérités de son 1541
temps (les paysans des campagnes
de Galilée), mais aussi aux païens. Il 1563
appuie ses propos par une série de
miracles et choisit parmi les disciples
qui se pressent autour de lui douze
hommes appelés bientôt apôtres,
avec Pierre à leur tête, qu'il associe à
son action et qui prendront sa place
après sa mort. Venu à Jérusalem 1870
pour la Pâque*, il partage avec eux le
repas de la fête peu de temps avant d'être arrêté par les autorités juives comme blasphémateur et
livré au gouverneur romain Ponce Pilate qui fait exécuter la sentence : crucifié comme un esclave,
Jésus meurt juste avant les fêtes de la Pâque, vers l'année 30, et son corps est mis au tombeau. Il
ressuscite le troisième jour, d'après ses disciples auxquels il apparaît, avant de les quitter
définitivement quarante jours plus tard. Les apôtres, réconfortés et confiants, se mettent alors à
prêcher le message de Jésus mort et ressuscité et son retour prochain.
La vie et l'enseignement de Jésus sont connus par les récits, dits évangiles, écrits par quatre
disciples, Matthieu, Marc, Luc et Jean*, à des dates tardives et incertaines qui s'échelonnent sans
-6-
doute entre 65 et 100. Vers 70, Luc s'est également fait le chroniqueur, dans les Actes des Apôtres,
des premières étapes de l'évangélisation du monde romain, cependant que quelques disciples,
auxquels s'est joint Paul, Juif converti en 37, ont laissé des lettres, ou épîtres, écrites aux premières
communautés chrétiennes du bassin oriental de la Méditerranée. Évangiles, Actes des apôtres,
Épîtres (surtout de Paul) constituent avec l'Apocalypse* de saint Jean ce qu'on appellera le Nouveau
Testament et contiennent le message prêché par les premiers apôtres.
Le Jardin spirituel, image populaire. Bien que datée de 1824, cette image est une gravure sur bois du 17e siècle reprise
sans changement par l'imprimeur toulousain Abadie jusqu'au milieu du 19e, preuve de la permanence de certaines
formes de la piété populaire. Sous le titre Le Jardin spirituel, elle illustre les différentes étapes de la Passion du Christ ;
la prière de Jésus au Jardin des Oliviers, la flagellation, le couronnement d'épines, le portement de croix, la
crucifixion ; à chaque étape, est représentée une "âme dévote" guidée par son Ange gardien.
Encadrant l'image, les couplets d'un "Cantique sur la Passion de N.-S. Jésus-Christ".
Le salut, la foi, l'amour
Ce message, cette "bonne nouvelle", ne prétend nullement abolir la loi de Moïse, mais l'accomplir
en la dépassant. Jésus, puis ses disciples, promettent le salut à ceux qui croiront en lui et suivront le
commandement : "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes
forces et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même." Paul résume ainsi l'essentiel du
message chrétien : "Si de ta bouche tu confesses que Jésus est Seigneur et si dans ton cœur tu crois
que Dieu l'a ressuscité des morts, tu seras sauvé."
Le Christianisme est une religion de foi et de salut : foi dans le Christ incarné, mort et ressuscité
pour sauver tous les hommes, c'est-à-dire les libérer des puissances du mal (hommes et démons) qui
asservissent le monde présent, et y restaurer le Royaume de Dieu fait de justice, d'amour et de
liberté. Paul, vers l'an 56, écrit aux chrétiens de Corinthe :
"Je vous rappelle, frères, l'évangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu, auquel vous restez
attachés et par lequel vous serez sauvés, si vous le retenez tel que je vous l'ai annoncé ; autrement
vous auriez cru en vain. Je vous ai transmis en premier lieu ce que j'avais reçu moi-même : Christ est
mort pour nos péchés, selon les Écritures. Il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour (…). Si
Christ n'est pas ressuscité, notre prédication est vide et vide aussi notre foi."
1. Cor. XV, 1-4, 14
Le Christianisme est aussi une religion d'amour : amour de Dieu, amour des hommes, de tous les
hommes, Juifs et Grecs, esclaves et hommes libres, hommes et femmes, précise Paul, avec une
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prédilection pour les plus faibles, les plus déshérités, tous ceux qui sont rejetés par l'ordre politique,
social et religieux établi. Ce commandement d'amour résume tout l'enseignement du Christ, tel qu'il
s'exprime notamment dans le Sermon sur la montagne et dans de nombreuses paraboles. L'apôtre
Jean insistera plus tard dans sa première épître :
"Mes bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, car l'amour vient de Dieu, et quiconque aime est né
de Dieu et parvient à la connaissance de Dieu. Qui n'aime pas n'a pas découvert Dieu, puisque Dieu
est amour. Voici comment s'est manifesté l'amour de Dieu au milieu de nous : Dieu a envoyé son Fils
unique dans le monde, afin que nous vivions par lui. Mes bien-aimés, si Dieu nous a aimés ainsi, nous
devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres."
Jean IV, 7-9, 11
L'Église
Avant de quitter ses apôtres, Jésus leur avait donné comme consigne : "Allez par le monde entier
proclamer l'évangile à toutes les créatures." De fait, en dépit des obstacles rencontrés de la part des
Juifs, le Christianisme se répand peu à peu dans l'Empire romain, à Rome, à Alexandrie, à Antioche,
en Asie mineure, puis en Gaule (Lyon) et en Afrique (Carthage), sous la forme de petites
communautés ou églises (du grec ekklesia, assemblée). Les membres de ces communautés,
hommes et femmes, se recrutent en priorité dans. le petit peuple des villes méditerranéennes,
esclaves, affranchis, artisans, particulièrement attirés par le message de fraternité universelle, avant
de gagner toutes les couches de la société. Les diverses églises locales constituent l'Église
chrétienne.
Après avoir attendu le retour imminent du Christ justicier, l'Église s'installe et développe ses
institutions : des diacres sont chargés de la vie matérielle et de l'assistance ; des prêtres, des
er
fonctions liturgiques et spirituelles. Puis, à partir de la fin du 1 siècle, l'évêque (en grec episcopos,
surveillant), assisté des prêtres et des diacres, dirige la communauté.
La structure hiérarchique de l'Église catholique* est alors en place: elle est épiscopale, et les
e
évêques, qui se réunissent en synodes ou conciles provinciaux ou régionaux dès la fin du 2 siècle,
détiennent l'autorité et définissent l'orthodoxie, c'est-à-dire ce qui est conforme à la doctrine de l'Église
(du grec orthos, droit, doxa, opinion).
Mais le refus de l'Église de toute compromission avec le monde païen, ajouté à son intransigeance
monothéiste, la font apparaître d'emblée aux païens comme un corps étranger, et à la longue comme
e
une menace pour l'Empire. C'est là l'origine des persécutions du 3 siècle. La dernière, celle de
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Dioclétien, au tout début du 4 siècle, cherche à éliminer le Christianisme du monde romain (3000 à
3500 victimes dites martyrs*). Après l'échec de cette politique, le nouvel empereur, Constantin,
reconnaît l'existence de l'Église, dont il se fait une alliée, avant que le Christianisme ne devienne,
e
avec l'empereur Théodose, la religion officielle de l'Empire à la fin du 4 siècle. C'est là une étape
essentielle dans l'histoire de l'Église, jusque-là communauté persécutée, maintenant, et pour des
siècles, puissance établie, liée au pouvoir temporel, bien que distincte de lui.
Du fait de cette évolution, les conversions se multiplient et avec elles un certain relâchement
spirituel. C'est alors que des chrétiens épris de perfection totale quittent le monde et fuient au désert
pour y trouver Dieu dans la contemplation et la solitude : le monachisme* se substitue ainsi au
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martyre et d'Égypte gagne le reste de l'Orient, puis l'Occident où Augustin au début du 5 siècle, puis
e
Benoît de Nursie au début du 6 rédigent des règlements, ou règles, de vie monastique.
HÉRÉSIES ET SCHISME
En même temps, la doctrine se précise, face aux dangers de déviations. En effet, malgré la prière
de Jésus la veille de sa mort (Père, qu'ils soient un comme nous sommes un), les chrétiens ne
réussissent pas à préserver leur unité. Dès les premiers siècles, les luttes doctrinales aboutissent à la
condamnation de diverses hérésies (du grec hairein, choisir), c'est-à-dire d'opinions contraires à la foi
e
catholique officiellement définie. Au début du 4 siècle, un prêtre d'Alexandrie, Arius, remet en cause
la divinité du Christ : il affirme que seul le Père est vraiment Dieu, son fils Jésus, créé par lui, lui étant
subordonné et inférieur. L'arianisme est condamné en 325 par le concile de Nicée qui rédige un credo
(du latin credo, je crois) affirmant la divinité une en trois personnes :
"Nous croyons en un seul Dieu, Père tout-puissant, créateur de toutes choses, visibles et invisibles ;
et en un seul Seigneur Jésus-Christ, le Fils de Dieu, unique, engendré du Père, c'est-à-dire de
l'essence du Père, Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré, non point créé,
consubstantiel au Père, par qui tout a été créé, ce qui est au ciel et ce qui est sur la terre, qui, pour
nous les hommes, et pour notre salut, est descendu et s'est incarné et s'est fait homme, a souffert et
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est ressuscité le troisième jour, est monté aux cieux et viendra juger les vivants et les morts. Et au
Saint-Esprit."
Les données de ce credo étant indémontrables, les accepter est un acte de foi qui ne peut être
qu'un don de la grâce de Dieu. Cela ne signifie pas pour autant que l'homme, bien que corrompu par
le péché originel*, ne puisse coopérer à son propre salut. D'une part, la grâce est indispensable, mais
l'homme est libre de l'accueillir ou de la refuser. D'autre part, cette grâce sera inefficace si l'homme
n'en use pas pour pratiquer librement le bien.
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C'est dans ces perspectives que s'inscrit, tout au long du 4 siècle, l'œuvre de grands théologiens
appelés Pères de l'Église. Leurs écrits, parfois influencés par la pensée grecque, surtout celle de
Platon, sont les éléments essentiels de la Tradition qui, s'ajoutant aux Écritures (c'est-à-dire Ancien et
Nouveau Testament), constitue avec elles la doctrine officielle de l'Église : Écritures et Tradition sont
considérées comme ayant été inspirées à leurs auteurs par l'Esprit-Saint et sont donc la Révélation
par laquelle Dieu se fait connaître aux hommes. Plus que quiconque, Augustin, évêque d'Hippone*
mort en 430, contribue par ses multiples traités doctrinaux à cette défense et illustration de la foi
chrétienne, notamment face au moine Pélage qui nie le péché originel et exalte la liberté de l'homme.
Toute la pensée d'Augustin est centrée sur deux problèmes essentiellement liés, la grandeur de Dieu
et le destin de l'homme perdu par le péché, sauvé par la grâce. Dieu est amour et c'est l'amour seul
qui sauve. Ainsi le pessimisme augustinien concernant la nature humaine est compensé par une
confiance absolue dans l'amour de Dieu qui éclate dans cet extrait des Soliloques :
"Dieu, de qui on ne se détourne que pour choir, vers qui se tourner c'est se lever de nouveau, et en
qui demeurer c'est trouver un solide appui ; sortir de toi c'est mourir, revenir à toi c'est revivre, habiter
en toi c'est vivre ; Dieu que nul ne perd s'il n'est trompé, que nul ne cherche sans appel préalable, que
nul ne trouve s'il ne s'est purifié d'abord ; Dieu, dont l'abandon équivaut à la mort, la recherche à
l'amour, la vie à l'entière possession ; Dieu, vers qui la foi nous pousse, vers qui l'espérance nous
dresse, à qui la charité nous unit ; Dieu, par qui nous triomphons de l'ennemi, c'est à Toi que j'adresse
ma prière !
I,1. (Trad. de Labriolle)
Les Églises orthodoxes
Un autre danger menace l'unité de l'Église, le schisme (du grec skhisma, division). Alors que
l'hérésie est une dissidence doctrinale, le schisme est une séparation causée par une opposition à
l'autorité de l'Église. Le plus grave par ses conséquences est le schisme d'Orient. Il a pour origine la
conjonction de deux phénomènes: les invasions barbares qui bouleversent la partie occidentale de
e
l'Empire romain à partir de la fin du 4 siècle, et la rupture progressive de l'unité culturelle entre pays
de langue grecque et pays de langue latine, jusque-là unis en une civilisation commune. Ainsi
s'explique l'évolution divergente de deux mondes qui ne se comprennent plus (Orient byzantin et
e
Occident barbare), de deux Églises qu'agitent, à partir du 5 siècle, des problèmes doctrinaux
spécifiques et qui s'opposent en tout dans le style de vie chrétienne qu'elles proposent.
A partir de 451, le titre de patriarche est donné, en
Occident, à l'évêque de Rome, successeur de Pierre; en
Orient, aux évêques d'Alexandrie, d'Antioche, de
Constantinople et de Jérusalem. La situation de fait acquise
par l'évêque de Constantinople depuis la fondation de la
capitale de l'Orient par Constantin (330) est ainsi reconnue
comme un privilège de droit. L'évêque de Rome Léon le
Grand (440-461), puis ses successeurs, se refusent à
reconnaître ce privilège, d'autant plus que Constantinople
l'étend peu à peu sur tout l'Orient. Un concile réuni, en 691,
dans la capitale de l'Empire byzantin, proclame que le
patriarche de Constantinople a les mêmes droits que
l'évêque, ou pape, de Rome. De plus, le concile se
démarque nettement des coutumes latines en admettant
notamment que des hommes mariés puissent devenir
prêtres. La liturgie* byzantine diffère peu à peu de la liturgie
romaine. L'unité elle-même est rompue et rétablie à
plusieurs reprises, mais à mesure que le temps passe
l'incompréhension s'aggrave.
La Cène, peinture, manuscrit arménien, 14e siècle. Autour d'une table
ronde, symbole d'unité et de communion, les 11 apôtres (le 12e, Judas,
le traitre, s'est exclu de lui-même) se disposent à partager le corps et le
sang du Christ sous la forme du pain et du vin. Cette- 9image,
très
différente des figurations de la Cène dans l'art chrétien occidental,
illustre par là même l'universalité du message évangélique.
Enfin, en 1054, le patriarche de Constantinople, Michel Cérulaire, rompt avec le pape Léon IX et
entraîne avec lui l'évêque de Kiev, patriarche de Russie*. Cette fois, l'unité ne sera pas rétablie. En
1453, la prise de Constantinople par les Turcs aboutit à la division de l'Église d'Orient en deux
grandes zones géographiques : d'un côté, la Russie, avec le patriarcat de Moscou; de l'autre,
Roumains, Bulgares, Serbes, Grecs, qui conservent leur liberté religieuse sous la domination turque.
On aboutit ainsi peu à peu au morcellement de l'Église d'Orient en Églises autonomes, dites
autocéphales. Elles continuent de partager, avec l'Église romaine la même foi chrétienne et sont dites,
de ce fait, orthodoxes (c'est-à-dire conformes à la doctrine de l'Église) ; mais elles s'en séparent
essentiellement sur le problème de la prééminence de l'évêque de Rome. Elles accepteraient de lui
reconnaître une primauté d'honneur, mais refusent la conception du pouvoir papal, tel surtout qu'il
e
s'affirme en Occident à partir de Grégoire VII (fin du 2 siècle), à savoir un pouvoir monarchique
comportant notamment le droit de nommer les évêques.
Par ailleurs, les pratiques des deux Églises, ayant évolué de façon séparée, diffèrent sur bien des
points. La liturgie byzantine, sous l'influence du faste de la cour de Byzance, est devenue
somptueuse, alors que la liturgie romaine est restée beaucoup plus sobre. Le monachisme oriental est
resté fidèle à l'idéal monastique primitif, c'est-à-dire le refus du siècle*, alors qu'en Occident les
moines ont assumé très tôt un rôle essentiel au sein de la société paysanne. La théologie elle-même
a pris en Orient une tonalité originale avec l'accent mis sur le dogme de la Trinité et la personne du
Saint-Esprit.
LES RÉFORMES DU 16e SIÈCLE
e
e
Aux 14 et 15 siècles, l'Occident traverse une crise matérielle exceptionnellement grave (guerres,
pestes, famines). De plus, deux, puis trois papes se disputent le trône pontifical, cependant que des
mouvements hérétiques se développent en Angleterre avec John Wycliff et en Bohême avec Jean
Hus qui, l'un et l'autre, dénoncent l'autoritarisme et la cupidité du clergé et préconisent un retour à la
pureté de l'Église primitive, telle du moins que l'évoquent certains passages des Actes des Apôtres :
"La multitude de ceux qui étaient devenus croyants n'avait qu'un cœur et qu'une âme et nul ne
considérait comme sa propriété l'un quelconque de ses biens ; au contraire, ils mettaient tout en
commun. Une grande puissance marquait le témoignage rendu par les apôtres à la résurrection du
Seigneur Jésus et une grande grâce était à l'œuvre chez eux tous. Nul parmi eux n'était indigent: en
effet, ceux qui se trouvaient possesseurs de terrains ou de maisons les vendaient, apportaient le prix
des biens qu'ils avaient cédés et le déposaient aux pieds des apôtres. Chacun en recevait une part
selon ses besoins."
Act. IV, 32-35
Partout se font jour une profonde inquiétude religieuse et un grand désir de réformer l'Église. Pour
e
mettre fin au schisme et promouvoir les réformes souhaitées, plusieurs conciles se réunissent au 15
siècle. Ils rétablissent l'unité sous l'autorité d'un pape unique. Par contre, ni les conciles, ni le pape ne
e
réussissent à opérer la réforme de l'Église. Or, au début du 16 siècle, celle-ci apparaît de plus en
plus nécessaire. On reproche aux papes leur luxe et les impôts très lourds qu'ils font peser sur toute la
Chrétienté, aux évêques leur absentéisme trop fréquent, aux membres du bas-clergé l'ignorance de la
majorité d'entre eux. Surtout, ce que réclament les meilleurs des chrétiens, tels Érasme, Lefèvre
d'Étaples, Martin Luther, c'est un clergé dont les membres ne soient pas seulement des dispensateurs
des sacrements*, mais des hommes capables d'enseigner la Parole de Dieu et de répondre ainsi aux
inquiétudes et aux préoccupations du temps.
Le luthéranisme
Martin Luther (1483-1546), moine du couvent allemand de Wittenberg, acquiert la conviction, à la
lecture de certains écrits de Paul et d'Augustin, que les œuvres humaines (et à plus forte raison les
indulgences*) ne jouent aucun rôle dans le salut individuel : seule la foi en Dieu peut rendre l'homme
juste et le sauver. Il répond ainsi à l'attente de beaucoup de ses contemporains :
"Consciences troublées, âmes inquiètes, qui portez le poids de votre péché, allez au seul remède de
votre misère. Croyez d'une foi invincible au pardon gratuit, à la grâce imméritée qui se trouve ici. Sans
cette foi, nulle œuvre, nul travail n'apaisera votre conscience. La paix se trouve dans la foi seule; il n'y
a plus de trouble et d'angoisse que pour l'incrédulité."
De même il estime que tous les chrétiens sont égaux par le baptême et sont donc tous prêtres
(c'est le sacerdoce* universel). Il récuse ainsi la supériorité spirituelle du pape, des évêques et du
clergé en général. Enfin, tout en reconnaissant une certaine valeur à la Tradition, il affirme que la
Révélation est contenue tout entière dans la Bible. En conséquence de ces principes qui lui valent
- 10 -
d'être excommunié* par le pape en 1520, Luther rejette le rôle du clergé : les pasteurs, qui ne sont
pas astreints au célibat, sont de simples fidèles dont la fonction est d'enseigner la Parole de Dieu. Il
nie le rôle d'intercesseurs reconnu à la Vierge et aux saints. Enfin, il ne conserve que trois
sacrements, simples rites extérieurs sans effet par eux-mêmes : le baptême, la pénitence et
l'eucharistie (il admet la présence réelle, mais non la transsubstantiation*).
Les Saintes Femmes au tombeau, peinture sur bois de Duccio (1260-1319), Musée de la cathédrale, Sienne. Selon le
récit concordant des quatre évangélistes, trois pieuses femmes sont venues se recueillir devant le tombeau vide, un
Ange du Seigneur : "Il avait l'aspect de l'éclair et son vêtement était blanc comme neige. Il prit la parole et dit aux
femmes : Soyez sans crainte. Je sais que vous cherchez Jésus le crucifié. Il n'est pas ici, car il est ressuscité comme il
l'avait dit. Venez voir l'endroit où il gisait." (Matthieu, 28. 1-1)
Ses idées sont formulées de façon systématique en 1530 par l'un de ses disciples, Melanchton,
dans la Confession d'Augsbourg, credo des luthériens. Le luthéranisme se répand en Allemagne
grâce à l'appui d'un certain nombre de princes, ce qui amène Luther à leur reconnaître des droits très
étendus qui en font, en quelque sorte les chefs spirituels de leur État. Hors d'Allemagne, la réforme
luthérienne gagne les pays scandinaves.
Le calvinisme et l'anglicanisme
Quelques années après la Confession d'Augsbourg, le Français Jean Calvin (1509-1564) publie
d'abord en latin (1536), puis en français (1541) l'Institution de la religion chrétienne où il expose
l'essentiel de la doctrine qu'il a peu à peu élaborée sous l'influence des idées de Luther. Comme celuici, il fonde la religion chrétienne sur la justification par la foi, le sacerdoce universel et l'autorité de la
seule Bible, mais en poussant plus loin les conséquences de ces trois principes. Pour lui, la
justification par la foi postule la prédestination, c'est-à-dire "le conseil éternel de Dieu par lequel il a
déterminé ce qu'il voulait faire d'un chacun homme". Pour autant, cette façon de voir ne débouche pas
sur la désespérance, car, pour Calvin, le seul fait de recevoir la Parole de Dieu et de suivre ses
commandements est un signe certain que l'on est élu. Bien plus, certains calvinistes en viennent à
penser que la réussite matérielle ici-bas, fruit d'un travail honnête et acharné, est un signe d'élection,
- 11 -
ce qui peut contribuer à expliquer le dynamisme économique de certains pays calvinistes.
Par ailleurs, la Bible seule constitue le dépôt de la Révélation et chaque fidèle doit pouvoir y
accéder par une lecture directe et quotidienne. Enfin, Calvin, esprit précis et rigoureux, organise
fortement chaque Église locale. S'il n'y a pas de sacerdoce particulier, il y a des ministères, c'est-àdire des fonctions diverses dévolues à divers ministres*. Le culte des saints est rejeté et le nombre
des sacrements ramené à deux, baptême et cène (avec présence réelle, mais dans un sens purement
spirituel). De Genève, où Calvin s'est installé et dont il a fait la "Rome du protestantisme", le
calvinisme se répand en Allemagne, en Europe centrale, en Angleterre, en Écosse et en France où sa
diffusion se heurte à une violente répression qui dégénère en guerre de religion.
A la différence du luthéranisme et du calvinisme, la réforme en Angleterre est avant tout l'œuvre
des souverains. En 1531, le roi Henri VIII rompt avec Rome et se fait reconnaître comme chef
re
suprême de l'Église d'Angleterre. Les choses vont plus loin avec Édouard VI et surtout Élisabeth 1 :
l'anglicanisme devient un compromis entre le catholicisme et le calvinisme. Sous la seule autorité du
roi, l'Église d'Angleterre conserve, à peu de choses près, la hiérarchie et la liturgie catholiques (tout en
rejetant le célibat ecclésiastique et le latin comme langue liturgique), mais elle adopte un dogme en 39
Articles (1563) d'inspiration calviniste : justification par la foi et autorité de la seule Bible.
L'Adoration des bergers, peinture de Van der Goes (1435-1482), musée des Offices, Florence. C'est la partie centrale
d'un tryptique dit Portinari, du nom de Tomaso Portinari, agent des Médicis à Bruges, qui l'a commandé au peintre
flamand Van der Goes pour l'offrir à sa paroisse de Florence, Santa Maria Novella. Au centre, la Vierge et l'Enfant, avec
à gauche saint Joseph, à droite les trois bergers, paysans flamands peints avec réalisme. L'évangéliste Luc nous
raconte (II, 8-18) comment, au moment de la naissance du Christ, un ange est apparu à des bergers qui se trouvaient à
proximité pour leur dire : "Il vous est né aujourd'hui un sauveur qui est le Christ Seigneur, et voici le signe qui vous est
donné : vous trouverez un nouveau né emmailloté et couché dans une mangeoire."
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Le concile de Trente
En dépit des aspirations des fidèles et de quelques réussites isolées, l'Église romaine s'est révélée
incapable de promouvoir et d'opérer elle-même la profonde réforme religieuse tant souhaitée : celle-ci
s'est faite en dehors d'elle et contre elle. Pourtant, Rome se décide enfin à réagir à partir de 1540
environ. De ce fait, l'œuvre entreprise est à la fois contre-réforme et réforme catholique : contreréforme, c'est-à-dire réaction de défense (non seulement doctrinale, mais souvent violente) face aux
positions adoptées par ceux que l'on appelle depuis 1530 les protestants ; réforme catholique, c'est-àdire réponse originale apportée à l'attente des fidèles et comparable en cela aux diverses réformes
protestantes.
En dehors de la création de la Compagnie de Jésus*, l'œuvre essentielle est accomplie par le
concile de Trente, réuni en 1545 à l'initiative du pape Paul III. Le concile, qui tient sa dernière session
en 1563, après plusieurs interruptions et reprises, définit beaucoup plus clairement qu'auparavant les
points du dogme mis en cause par les protestants, en condamnant ceux-ci sans équivoque. Il
réaffirme le rôle des œuvres dans le salut, la place de la Tradition comme élément de la Révélation, le
caractère sacré des membres du clergé, l'existence de sept sacrements, la valeur du culte des saints
(notamment celui de la Vierge). En matière de discipline, il condamne les abus comme la nonrésidence des évêques ou le cumul de plusieurs évêchés, maintient le célibat ecclésiastique et le latin
comme langue liturgique, et surtout recommande la fondation d'un séminaire dans chaque diocèse
pour la formation morale, intellectuelle et religieuse des futurs clercs.
Les divisions de la chrétienté
La condamnation sans appel du protestantisme prononcée par le concile et l'autorité accrue que
retire la papauté du succès de celui-ci, achèvent de consacrer la division de la chrétienté occidentale :
vers 1600, à une Europe restée catholique s'oppose - outre une Europe orthodoxe à l'Est - une
Europe protestante sous la forme soit luthérienne, soit calviniste, soit anglicane. Cette division se
maintient aux siècles suivants, en dépit des tentatives de réunion, et va marquer profondément la
sensibilité collective des peuples européens selon qu'ils sont catholiques ou protestants : le protestant
est l'homme du contact direct avec Dieu par la lecture personnelle de la Bible, sûr de sa foi et de son
élection ; le catholique est soumis à un clergé qui, sous l'autorité du pape, encadre étroitement le
"peuple chrétien", notamment dans les grandes pratiques collectives. Pourtant, ces différences
profondes n'empêchent pas d'importantes convergences entre les Églises issues des différentes
e
réformes du 16 siècle : d'abord, une foi commune en l'Évangile et en la divinité du Christ ; ensuite, un
même souci pastoral de mieux transmettre cette foi par le catéchisme et la prédication, et par là
même de mieux christianiser des fidèles qui ne l'étaient souvent que superficiellement.
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Pâque : fête juive la plus importante, commémorant la sortie d'Égypte. Elle commençait par un
repas. Ce rituel prend avec Jésus une signification nouvelle : l'eucharistie (en grec, action de grâces,
remerciements) devient le rite qui va permettre à ses fidèles de continuer son œuvre avec l'appui de
sa présence invisible. A ce dernier repas (en latin cena, cène), "prenant du pain et rendant grâces, il
le rompit et le leur donna en disant : Ceci est mon corps qui va être donné pour vous ; faites ceci en
mémoire de moi. Il fit de même pour la coupe après le repas disant : Cette coupe est la nouvelle
alliance en mon sang qui va être versé pour vous."
(Luc, XXII, 19-20)
Jean : il ne faut pas confondre Jean le prophète juif, dit le Baptiste, et Jean l'apôtre de Jésus, dit
l'Évangéliste.
Apocalypse : le mot est la transcription d'un terme grec qui signifie "révélation". L'Apocalypse de
saint Jean, dernier texte du Nouveau Testament, est une série de visions qui décrit la fin des Temps.
e
Catholique : du grec katholikos, universel ; en se qualifiant, dès le 2 siècle, de catholique, l'Église
e
du Christ exprime sa vocation à l'universalité; à partir du 16 siècle, le terme désignera l'Église
romaine par opposition aux Églises issues de la Réforme protestante.
Martyr : du grec martus, témoin, celui qui souffre la mort pour sa foi.
Monachisme : du grec monachos, celui qui vit seul. Les premiers moines étaient des anachorètes,
c'est-à-dire des gens qui "prenaient le désert" comme on "prend le maquis", tel le paysan égyptien
Antoine. Une autre forme de monachisme fut le cénobitisme, ou la vie en commun dans un
monastère.
Péché originel : depuis la faute d'Adam, tout homme est corrompu par nature et naît pécheur, c'està-dire enclin au mal.
Hippone : en Afrique du Nord ; l'actuelle ville d'Annaba (Bône) en Algérie est à proximité de l'ancien
site d'Hippone.
Liturgie : ensemble des cérémonies et des prières organisées en l'honneur de la divinité.
e
Russie : la christianisation de la Russie a commencé au 10 siècle à l'initiative des continuateurs des
e
Grecs Cyrille (827-869) et son frère Méthode qui avaient entrepris, au 9 siècle, la conversion des
Slaves dalmates et des Hongrois ; ils avaient traduit la Bible et la liturgie grecque en langue slave.
Siècle : dans la langue ecclésiastique, le mot désigne le monde profane dans lequel le chrétien, aux
prises avec les tentations, a du mal à faire son salut.
Sacrements : signes sensibles institués par Jésus-Christ pour produire la grâce divine et sanctifier
les âmes; les sacrements sont sept : baptême, confirmation, pénitence (ou confession), eucharistie
(ou communion), extrême-onction (ou sacrement des malades), ordre, mariage.
Indulgences : rémission, totale ou partielle, de la peine de purgatoire due pour les péchés
pardonnés ; pour gagner les indulgences, le fidèle doit accomplir les œuvres prescrites (prières
spéciales, confession, communion).
Sacerdoce : fonction du prêtre dans toutes les religions.
Excommunié : l'excommunication est une sentence prononcée par l'autorité ecclésiastique (pape ou
évêque) et qui retranche le coupable de la communauté, ou communion, de l'Église.
Transsubstantiation : changement de la substance du pain et du vin en la substance du corps et du
sang du Christ.
Ministres : ce terme employé par les calvinistes est synonyme de pasteurs chez les luthériens.
Compagnie de Jésus : fondée par l'Espagnol Ignace de Loyola (1491-1556), la Compagnie de
Jésus est un ordre religieux de type nouveau, sorte "d'armée de la foi" au service du pape pour aller
partout où son action serait nécessaire (prédication, enseignement, missions lointaines, etc.).
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