Le Hadjdj - Museum With No Frontiers

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Le Hadjdj : Le pèlerinage en islam
par Nazmi al-Jubeh
Panneau de carreaux de céramique
Représente la Kaaba à La Mecque
Période ottomane, 1087/1676
Musée d’art islamique
Le Caire, Égypte
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Découvrir l’art islamique
en Méditerranée
Le Hadjdj : Le pèlerinage en islam
Le Hadjdj, l’un des cinq piliers de l’islam, constitue l’une des voies les plus directes
pour se rapprocher de Dieu. On ne sait pas exactement quand il a commencé, mais
il est certain que ses origines remontent à bien avant l’arrivée de l’islam et datent
de ce que les musulmans appellent la période d’ignorance ou Djahiliyya.
Une des rares villes existant dans le Hedjaz avant l’islam, La Mecque occupait
une position centrale qui lui permettait de contrôler les principales routes
commerciales reliant les marchés d’Afrique, d’Inde, du Moyen-Orient et de la
Méditerranée occidentale. Les Qouraych – la tribu du Prophète – avaient ainsi pu
s’enrichir considérablement grâce au commerce. Les marchands de La Mecque
voyageaient en deux grandes caravanes, la première partant vers le nord en été,
la seconde vers le sud en hiver. À leur tour, des marchands venus de toute la
péninsule Arabique et au-delà convergeaient vers La Mecque, en particulier lors
de la saison du pèlerinage annuel où l’on rendait hommage à diverses idoles
locales regroupées dans la Kaaba.
Clé de la Kaaba
Mamelouke, 765/1363
Musée d’art islamique
Le Caire, Égypte
Selon la foi musulmane, la Kaaba a été édifiée à l’origine par Abraham,
prophète de Dieu, sur le site même où Adam avait jadis construit la “première
maison” dans laquelle il rendait grâce au Seigneur. Abraham avait exilé son
épouse Agar et son fils Ismaïl (Ismaël), dans “la vallée où rien ne pousse”
Vue topographique de La Mecque
Pour l’orientation des pèlerins
pendant le hadjdj
Période ottomane, début XIIe/XVIIIe s.
Bibliothèque de l’Université d’Uppsala
Uppsala, Suède
Le Hadjdj :
Le pèlerinage en islam
Assiette d’orientation
Permet de déterminer la direction
de la Kaaba (qibla)
Période ottomane, 918-926/1512-1520
Musée national
Damas, Syrie
Al-Haram al-Charif
Le “Noble Sanctuaire”, où se trouvent
le Dôme du Rocher et la mosquée
al-Aqsa ; béni par Dieu dans le Coran,
ce fut la première qibla des
musulmans
Construction commencée en 15/637 ; travaux
jusqu’en 1336/1917
Jérusalem
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Découvrir l’art islamique
en Méditerranée
(wadi ghair dhi zara) à La Mecque. Agar se hâtait entre les buttes d’al-Saafa et
d’al-Marwah pour trouver de l’eau pour son fils lorsque, brusquement, le précieux
liquide jaillit d’entre les pieds du nourrisson. Pour remercier Dieu, Abraham
édifia la Kaaba, la lui consacra et lui offrit des sacrifices. Dieu lui ordonna alors
de marcher sept fois autour de la Kaaba pour l’honorer et l’adorer.
Au cours de la période de la Djahiliyya, la Kaaba fut longtemps un lieu où l’on
venait adorer des idoles. À cette époque, le mausolée et une grande partie des
activités commerciales de La Mecque étaient contrôlés par la puissante tribu des
Qouraych. Ce fut dans une branche pauvre de cette tribu que naquit Muhammad,
Gourde de pèlerin
le prophète de l’islam, en 570. Il devint à son tour marchand, mais se lassa
Mamelouke, 742-746/1341-1345
Musée national
Damas, Syrie
bientôt de l’âpreté au gain et des excès polythéistes de ses contemporains. Selon
la tradition islamique, il fut choisi par Allah pour être le dernier messager de la
vraie foi ; il consacra son existence à faire connaître la volonté divine au peuple et
à lui apprendre à vivre selon la loi de Dieu. Le pèlerinage annuel fut l’une des
coutumes ancestrales conservées mais modifiées selon la volonté d’Allah.
L’islam et les directives contenues dans le Coran tel que révélé au Prophète ont
ainsi transformé le Hadjdj en un devoir que chaque musulman se doit de remplir
au moins une fois dans sa vie, s’il en est capable physiquement et financièrement.
La Mecque et sa Kaaba perdirent ainsi leur sens païen et devinrent, sous deux
aspects, le lieu d’attraction d’une communauté musulmane en pleine croissance.
Tout d’abord Allah fit savoir au Prophète que tous les fidèles devaient prier
tournés vers La Mecque et la Kaaba, alors qu’ils le faisaient jusque-là en
regardant vers Jérusalem. Puis la ville devint le centre du pèlerinage du Hadjdj
qui se déroule une fois par an au cours du mois islamique du dhou al-Hidjdjah.
Morceau de la kiswa (couverture)
de la Kaaba
Renouvelée chaque année avant
le pèlerinage
Période ottomane, XIIIe/XIXe s.
Musée islamique et bibliothèque al-Aqsa
Jérusalem
Le Hadjdj :
Le pèlerinage en islam
Certificat de pèlerinage par
procuration
Les croyants qui, faute de moyens,
faisaient accomplir le pèlerinage
par un tiers recevaient un certificat
de ce type prouvant que tous les
rituels avaient été dûment
respectés
Ayyoubide, 602/1206
Musée des arts turcs et islamiques
Istanbul, Turquie
Borne
Indique la distance entre deux
étapes sur les routes de pèlerinage
ou de commerce
Omeyyade, 66-86/685-705
Musée des arts turcs et islamiques
Istanbul, Turquie
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Découvrir l’art islamique
en Méditerranée
En termes de rituel, le Prophète conserva de nombreuses coutumes
préislamiques associées à l’ancien pèlerinage, mais abandonna la pratique de la
circumambulation sans vêtements autour de la Kaaba. Il demanda au contraire
que les pèlerins se couvrent d’un léger vêtement blanc. Ce ihram est porté par
tous ceux qui entament les rituels du pèlerinage en suppliant Dieu de leur
accorder son pardon et en l’invoquant : “Ici je réponds à ton appel, ô Allah, tu
n’as point d’associé.”
Le Hadjdj réunit un complexe ensemble de rituels qui culmine, sur le mont
Arafat, par une halte (station) après laquelle se déroule l’offrande sacrificielle au
Dieu tout-puissant qui marque le début de l’Aïd al-Adha (fête du sacrifice), la plus
importante fête musulmane. En prolongement du pèlerinage, les musulmans
visitent également la tombe du Prophète, sa mosquée à Médine et d’autres
mausolées et sites, dont le plus important est la ville sainte de Jérusalem.
Au cours des dernières décennies a été organisé l’Omra, ou “petit pèlerinage”,
qui reprend les rituels du Hadjdj (à l’exception de la visite du mont Arafat) mais
qui peut se dérouler à tout moment de l’année. Ce “petit pèlerinage” a pris une
importance grandissante car le Hadjdj, dont la durée est limitée dans le temps,
n’est plus en mesure de recevoir les immenses foules de musulmans qui veulent y
participer. Le gouvernement saoudien a restreint le nombre de pèlerins autorisés
à effectuer le Hadjdj pendant le dhou al-Hidjdjah, l’Omra offrant une alternative
à ceux qui aspirent néanmoins à se rendre à La Mecque.
À travers la prise en charge des villes saintes et l’organisation du pèlerinage,
le gouvernement saoudien poursuit une tradition séculaire selon laquelle les
souverains musulmans mettaient un point d’honneur à non seulement assurer le
bon déroulement des rituels annuels de La Mecque, mais aussi à organiser le
voyage des pèlerins venus de toutes les régions du monde musulman, même les
plus éloignées. Assurer ces services n’était pas seulement un devoir politique et
administratif, mais aussi la source de leur légitimité politique et, plus important
encore, un geste qui méritait les récompenses et les bénédictions divines. Un
Panneau de carreaux de céramique
réseau de routes fut spécialement tracé pour les caravanes du Hadjdj (darb
Période ottomane, 1087/1676
Musée d’art islamique
Le Caire, Égypte
al-Hadjdj), le long desquelles les autorités firent construire les installations
nécessaires au confort des voyageurs. Un système d’auberges et de lieux de
repos bordait ces voies destinées aux caravanes toujours plus longues qui
regroupaient non seulement des pèlerins, mais aussi des marchands, le personnel
d’organisation et – si un calife ou un sultan y participait – une importante suite
officielle, des soldats et des musiciens.
Les mots du Hadjdj
Aïd al-Adha : La plus importante fête musulmane se tenant le dixième jour du dhou al-Hidjdja ; on
l’appelle également Jour de l’Immolation, Grand Aïd, Fête de l’Aïd ou Fête du Sacrifice. L’origine de
ce sacrifice remonte à Abraham. La Fête de l’Aïd marque la fin des rituels du Hadjdj.
Al-Safaa et al-Marwah : Lieux de La Mecque entre lesquels Agar courut désespérément à la
recherche d’eau pour son fils qui souffrait de l’extrême chaleur.
Hadjdj : Le cinquième pilier de l’islam. Chaque musulman doit au moins une fois dans sa vie
accomplir le Hadjdj si sa santé et ses ressources le lui permettent.
CI-CONTRE :
Couverture de tombe
Période ottomane, XIe/XVIIe s.
Royal Museum, Musées nationaux d’Écosse
Édimbourg, Royaume-Uni
Kaaba : Terme signifiant “cube”. Édifice de forme rectangulaire, presque cubique, c’est le plus saint
de tous les lieux historiques et symboliques musulmans, et c’est dans sa direction que prient tous les
fidèles. Les pèlerins font sept fois le tour de la Kaaba dès leur arrivée à La Mecque par le tawaf
al-Qoudoum (circuit d’arrivée). Ils en refont sept fois le tour avant de quitter la ville par le tawaf
al-Wada (circuit du bon voyage). De nombreuses tribus arabes préislamiques possédaient des kaaba.
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Découvrir l’art islamique
en Méditerranée
L’arrivée de l’islam les élimine, la Kaaba de La Mecque ou Kaaba des Qouraych étant reconnue dans
sa singularité.
Wadi ghair dhi zara (la vallée où rien ne pousse) : Expression coranique décrivant la vallée aride
dans laquelle se trouve La Mecque.
Les rituels du Hadjdj
L’intention : Le musulman fait connaître son intention d’accomplir le devoir religieux du Hadjdj et,
à son départ, prend la direction de La Mecque.
Al-Ihram (la sacralisation) : Ce concept comporte deux aspects. Il s’agit tout d’abord d’un acte
physique qui consiste à enlever tous ses vêtements et à les remplacer par un tissu de coton blanc.
Par ailleurs, le pèlerin se rase ou se raccourcit les cheveux. Ce rituel présente également une
dimension spirituelle puisqu’il est un engagement à renoncer à tout geste, comme tuer ou chasser,
qui pourrait annuler la valeur du Hadjdj.
Al-Tawaf : La circumambulation de la Kaaba en sept tours effectués par le pèlerin à son arrivée et à
son départ.
Al-Sayi (la course) : Marche rituelle entre al-Saafa et al-Marwah.
Waqouf (station) au mont Arafat : Tous les pèlerins se retrouvent au sommet d’une montagne des
environs de La Mecque, le mont Arafat.
La lapidation : Elle consiste à jeter des pierres sur des symboles du mal (le diable) à l’aide de petits
cailloux, pour s’en détacher.
Zemzem : Puits de La Mecque, source alimentée en permanence. Selon la tradition islamique, elle
est apparue par la volonté de Dieu lorsque, assoiffé, le nourrisson Ismaël frappa le sol de ses pieds
pendant que sa mère cherchait de l’eau. Cette eau est considérée comme sainte et bénie par les
pèlerins qui la rapportent en quantité pour l’offrir à leur famille ou à leurs amis.
Le départ des pèlerins : Cette manifestation populaire a été transformée en jour de fête nationale.
Des chants particuliers, différents d’un pays à l’autre, y sont chantés. Les représentants officiels du
gouvernement assistent généralement au départ de la caravane du Hadjdj et à la réception des
pèlerins à leur retour. Dans le passé, elle était accueillie aux frontières de chaque province.
La route du Hadjdj (darb al-Hadjdj) : Cette route, dont le tracé a pu changer à certaines époques,
était empruntée par les pèlerins venus de tous les territoires islamiques. Généralement, tous les
services nécessaires étaient fournis par les administrations le long de cet itinéraire, en particulier la
sécurité. Les caravanes se rejoignaient à un moment donné dans des lieux désignés. Par exemple,
celle venue de Turquie retrouvait la caravane d’al-Cham avant de fusionner avec celles de Jordanie
et de Palestine.
Visite de Jérusalem : Dans les premiers temps de l’islam, il était courant de considérer la visite de
Jérusalem (al-Qods) comme le pèlerinage de ceux qui ne pouvaient se rendre à La Mecque pour des
raisons physiques ou financières. Jérusalem, première des deux qibla et troisième ville sainte de
l’islam, fait partie du triangle sacré. Généralement, la visite à Jérusalem se déroulait lors du voyage
de retour, pratique très répandue en particulier chez les pèlerins d’al-Andalus et du Maghreb.
Plaque d’impression
Donne la liste des lieux saints de
Palestine
Omra : Du fait du nombre croissant de musulmans qui souhaitent faire le Hadjdj, il est devenu
impossible de loger tous les pèlerins (plus de trois millions) à La Mecque. L’Omra propose
pratiquement les mêmes rituels que le Hadjdj mais se déroule en dehors de sa saison. Il comprend
la visite de tous les lieux saints et des mausolées religieux.
Période ottomane, XIIIe/XIXe s.
Musée islamique et bibliothèque al-Aqsa
Jérusalem
La Pierre noire : La pierre noire ou rocher serait la première pierre de la Kaaba. Elle est entourée
d’un cadre de protection en argent. De nombreux pèlerins s’y rendent pour l’embrasser, comme
l’avait fait le prophète Muhammad.
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