John Horne: Perspectives pour un centenaire: 11/01/2014
puissance, la difficulté pour l’infanterie qui manoeuvrait comme au temps de Napoléon à
avancer contre des positions protégées par l’artillerie lourde, par les mitrailleuses, par
les tranchées. On avait vu tout cela sans réellement le comprendre.
On était resté
convaincu que la guerre fût toujours un instrument politique, qu’elle serait terrible mais
courte, et que l’on pourrait s’en servir sans que le monde lui-même en soit transformé.
Ce que l’on découvre, bien sûr, c’est tout le contraire, et cela très vite. En effet, à
l’automne de 1914 la guerre à l’échelle de l’homme du 19e siècle bascule dans la guerre
mécanique du 20e siècle, et ce, de surcroît, avec la défensive en position de force.
Opposer l’homme à la puissance du feu industrielle, c’est inviter le massacre. Ceci
explique pourquoi les pertes les plus élevées sont celles du début, de 1914, qui sont
bien plus élevées que celles de Verdun ou de la Somme, batailles iconiques de 1916.
Les tranchées sont la réponse logique à cette réalité militaire quasiment insoupçonnée
avant 1914. Elles sont une façon de se protéger. Il en résulte une guerre de siège de
type nouveau, où chaque camp assiège l’autre et cela sur tous les fronts - à l’ouest, à
l’est, en Italie, dans les Balkans. L’Europe devient un continent sous siège mutuel.
Comment rompre cette siège, comment restaurer l’avantage militaire à
l’offensive, restera un problème sans solution. Il y en a dans l’histoire, des problèmes
sans solution - ce qui veut dire qu’il y en a aussi dans notre présent. La difficulté, c’est
de les reconnaître. Les généraux pendant la Grande Guerre, qui n’étaient pas moins
intelligents que nous, cherchaient en vain une solution militaire par moyen d’offensives
renouvelées et soutenues par les armes industrielles (artillerie, aviation, chars), sans
jamais trouver le cheval de bois de leur guerre de Troie moderne. A la longue, la