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Observatoire des Programmes
et des Manuels scolaires
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Les débuts du christianisme dans les manuels scolaires de 6ème
Françoise Ladoues, septembre 2010
1 - CE QU’EN DIT LE PROGRAMME
Le programme d’histoire de 6ème traite du judaïsme et du christianisme dans la même partie
puisque l’intitulé de la partie 4 est : "Les débuts du judaïsme et du christianisme". Il considère donc
que l’ensemble des deux thèmes forme un tout sans justifier cette prise de parti. Simplement, le
christianisme est présenté comme "issu du judaïsme" sans qu’aucun des termes de "judaïsme" et
de "christianisme" ne soit défini avec précision. Dans la formulation des connaissances et des
démarches, les deux mouvements sont abordés successivement, présentés comme deux "thèmes"
étudiés chacun selon sa spécificité.
En ce qui concerne le christianisme dont nous nous occupons ici, le programme insiste sur le
contexte de sa naissance, dans le monde grec et romain.
Deux éléments à noter :
Jamais le terme de "religion" n’est employé à son sujet, ce qui est satisfaisant pour la période
traitée. Nous verrons que les manuels n’adoptent pas la même attitude…
Le premier mot employé par le programme est le mot de "chrétiens" - ce qui semble correct pour
parler des origines du christianisme- en lien avec leurs textes de référence. L’insistance est réelle
sur l’étude de "Jésus" dont la place par rapport aux chrétiens est supposée connue. Le
programme évoque aussi les "grands écrits de la tradition" qui "sont étudiés comme
"fondements du christianisme".
2 - LES MANUELS
Nous concentrerons notre observation sur quatre manuels : collections Belin, Bordas, Hatier et
Nathan.
Les quatre manuels citent intégralement le programme officiel. Nathan se contente de citer les
capacités à développer alors que les autres notent connaissances, démarches et capacités.
2.1 Les titres
Tous les manuels reprennent en grand titre de chapitre le libellé du programme : Les débuts du
christianisme.
Belin ajoute un sous-titre : "Comment est née et s’est diffusée la religion chrétienne dans
l’Antiquité ?", formulation qui ne correspond pas ou programme et qui en outre laisse croire qu’il y a
coïncidence absolue entre religion chrétienne et christianisme.
2.2 Comment est introduit le mot "christianisme" ?
Nathan dans la partie "découvrir" parle du Messie attendu par les juifs, puis nomme Jésus dont on
dit que ses disciples l’appelaient Christ (p.132). Ensuite apparaît le mot de chrétiens (p.134). Dans
la "leçon à retenir", la logique est la même (p.136). On explique que christos est la traduction
grecque du mot hébreu messie. Les auteurs n’abordent pas la question de l’évolution du sens et
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de la portée du mot "messie" une fois traduit en grec. Il est vrai que cette question est sans doute
difficile à aborder avec des élèves de 6ème.
Hatier utilise la même logique mais dit simplement que christos est le mot grec qui traduit messie.
Belin ne dit pas d’où vient le mot de christ. Il parle de Jésus. Il faut deviner qu’il y a un rapport entre
les deux. Ce rapport n’est explicite que dans le document 4 (épître de Paul). Il faut que le
professeur aille le chercher.
Bordas introduit la partie "mythes et récits" en employant dans la même phrase Jésus et Jésus
Christ sans que l’élève ait aucun outil pour repérer la distinction. La phrase en elle-même est
toutefois acceptable : "… Ces textes, écrits par les premiers disciples de Jésus, après sa mort, au
cours du 1er siècle, racontent la vie et l’enseignement de Jésus Christ". La seule critique que l’on
peut faire est donc que le manuel ne donne pas aux élèves les outils de compréhension. Dans la
leçon (p.136) le mot de christ n’est pas prononcé sauf dans le vocabulaire où l’on dit qu’il traduit
messie.
Note : Tous les livres emploient le mot de religion pour parler du christianisme dès l’origine.
2.3 Date du début du christianisme
C’est une question peu évoquée par les manuels.
Belin parle (p. 134) de la naissance des premières communautés chrétiennes et des croyances
des chrétiens qui se distinguent de plus en plus du judaïsme (pas de date précise).
Hatier aborde la question du passage du judaïsme au christianisme (p.13) comme le passage
d’une religion à une autre.
Bordas et Nathan : rien
2.4 Le personnage de Jésus
Il est traité partout de façon détaillée, comme le stipule le programme. Le temps employé est le
présent (historique) sauf pour Belin qui parle au conditionnel (Jésus serait né…). Les quatre
manuels précisent largement et correctement que Jésus est juif. Ensuite les insistances sont
différentes.
Nathan : juif, envoyé de Dieu, ne rejette pas la bible, inquiète les autorités juives (ne ressemble
pas au messie attendu).
Bordas : guérisseur et prédicateur juif.
Hatier : prédicateur juif, ne rejette pas la religion juive mais heurte les prêtres juifs du Temple alors
que les Romains le considèrent comme un agitateur.
Belin : juif considéré comme imposteur par les autorités religieuses juives et comme un agitateur
par les Romains.
2.5 Les textes proposés
Comme le demande le programme, il y a des sources romaines et des textes du Nouveau
Testament. Les manuels ajoutent d’eux-mêmes les sources juives les plus célèbres (Flavius
Josèphe).
Nathan les propose l’ensemble des documents dans la rubrique "découvrir", Belin dans la rubrique
"dossier", Hatier dans la rubrique "études", alors que Bordas utilise la rubrique "découverte" pour
les sources juive (Flavius Josèphe) et grecque (Celse) ainsi que pour les lettres de Paul ou les
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Actes des Apôtres. Les extraits des Evangiles1 en revanche sont situés dans la rubrique "mythes et
récits", sous le titre "La vie de Jésus dans les Evangiles". Cette vie est présentée de façon
ambigüe : "Sa vie (de Jésus) nous est connue grâce aux récits des historiens juifs et romains et
grâce aux évangiles". Le rôle spécifique des évangiles (comme récit émanant de croyants) n’est
pas abordé. Par contre le manuel semble faire une hiérarchie non explicite de l’historicité des
sources, puisqu’une question posée aux élèves est : "Où est né Jésus selon Luc ? Selon les
historiens ?" Ce traitement affirme clairement que Luc n’est pas historien et manifeste une double
erreur. D’une part il nie l’histoire dans son évolution de l’Antiquité à nos jours. Luc est le plus
"historien" des évangélistes, encore faut-il expliquer ce mot. Ensuite il ne fait pas droit au statut
réel des Evangiles qui ne visent pas à raconter la vie de Jésus.
2.6 Textes choisis
Tous les manuels sauf Belin citent Flavius Josèphe.
2.7 Les Evangiles
Le respect des programmes explique sans doute le nombre important d’extraits proposés.
Le terme d’Evangile est expliqué dans tous les manuels. Aucun ne donne une définition complète.
Belin : les Evangiles sont les plus anciens récits de la vie et de l’enseignement de Jésus. Ils
constituent la première partie du nouveau testament. Formulation acceptable mais très partielle.
Bordas : la vie de Jésus nous est connue grâce aux récits… et grâce aux évangiles. Ces textes,
écrits par les premiers disciples de Jésus après sa mort au cours du 1er siècle, racontent la vie et
l’enseignement de Jésus Christ. Nous avons déjà abordé l’ambigté de ce manuel sur ce sujet.
Hatier : textes religieux rédigés par des disciples de Jésus après sa mort. Exposent la vie et
l’enseignement de Jésus christ. On peut se demander ce qu’est un texte religieux !
Nathan : le Nouveau Testament écrit au premier siècle comprend 4 évangiles rédigés par les
apôtres après la mort de Jésus. Formulation elle aussi fort incomplète…
Bordas et Belin donnent un extrait des évangiles de l’enfance (Belin : la venue des rois mages
dans l’évangile de Matthieu, Bordas : la naissance de Jésus chez Luc). Les deux associent le
baptême de Jésus à l’enfance ! Hatier donne aussi la naissance de Jésus chez Luc mais ne parle
pas de son baptême.…
Tous les manuels évoquent la résurrection de Jésus (extraits d’Evangile pour Bordas, Hatier et
Nathan, iconographie pour Belin).
Nathan se limite à l’épisode du bon samaritain bon samaritain et au récit de la résurrection puis
passe à Pentecôte (il faut ajouter une image de la Cène). Ce qui semble répondre au programme.
Les autres manuels insistent sur les miracles (Bordas et Belin), et l’enseignement de Jésus (Belin,
Hatier). On trouve la crucifixion chez Belin et Bordas.
Nulle part la notion de miracle n’est expliquée ni contextualisée.
3 - QUELQUES CONCLUSIONS
Le christianisme est toujours présenté comme apparu après la mort de Jésus.
Il est appelé religion sans précision de date.
1 Le programme parle "des" Evangiles avec un E majuscule.
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L’expression de Christ est peu (parfois pas) introduite. Le christianisme est relié plus à Jésus qu’à
Jésus Christ (la nuance n’est jamais faite explicitement même si l’emploi du mot est à peu près
irréprochable).
Les évangiles sont très (sur)représentés dans les documents, en particulier par rapport aux autres
sources néotestamentaires. (Le programme est assez flou sur ce point. Le mot Evangile est
employé deux fois. ) Ainsi la vie, la pensée et la parole de Jésus sont plus développées que la
naissance historique avec les premières communautés chrétiennes (même si tous les manuels,
dans leurs explications, font bien naître le phénomène chrétien dans les communautés).
Françoise Ladouès, ISPRA Bordeaux
FORMIRIS
OPM
Septembre 2010
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