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Projet islam – Texte de l’exposition qui rend compte de l’édition Automne 2016 du projet
VIVRE-ENSEMBLE – EXPOSITION DU PROJET ISLAM
Le Collège de Maisonneuve vous propose cette exposition sur le Projet islam né dans le cadre du
projet Vivre-ensemble. Initié à l’automne 2016 par Jean-Félix Chénier, professeur de science
politique, ce projet s’apparente à un séminaire autour du thème de l’islam auquel toute la
population étudiante était invitée.
Une vingtaine d’étudiants autant musulmans que non-musulmans participent aux réunions
hebdomadaires du projet. Tous sont soucieux de partager leur conception de la foi avec d’autres
et veulent en savoir plus sur l’islam, ses différents courants de pensée, ses différentes pratiques.
Ce projet leur permet d’aborder le sujet de l’islam de différentes manières, soit par la rencontre de
conférenciers spécialistes ou par des discussions avec des Québécois musulmans qui expliquent
comment ils concilient leur pratique dans une société, le Québec, qui a largement construit sa
modernité en repoussant le référent religieux.
Ce que vous allez lire dans cette exposition a été abordé soit par un étudiant, un conférencier ou
encore par le professeur qui pilote le projet et qui a fourni un dossier aux participants. Nous
n’avons pas vu tous les angles à partir desquels approfondir le sujet. Et comme pour n’importe
quel sujet complexe, vous ne devriez pas vous contenter de ces quelques passages pour juger de
ce qui s’est passé ou dit lors des réunions du Projet islam. Par contre, nous vous invitons à lire
certaines idées qui ont parcouru nos diverses rencontres.
Pour plus d’information : Contactez Jean-Félix Chénier, professeur de science politique au
Collège de Maisonneuve. M. Chénier enseigne dans le réseau collégial depuis 2001. Il s’intéresse
depuis toujours au monde arabo-musulman. Il a séjourné en Turquie, en Égypte, en Palestine, au
Maroc et en Tunisie. Pour accompagner M. Chénier dans la programmation, les activités et
publications du Projet islam, celui-ci s’est entouré d’un comité scientifique composé d’une
dizaine de professeurs et de chercheurs des milieux universitaire et collégial.
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Projet islam – Texte de l’exposition qui rend compte de l’édition Automne 2016 du projet
2- La manipulation des textes religieux est courante. Toute religion peut être instrumentalisée
pour favoriser une idéologie politique. Lorsque c’est le cas, le texte religieux est interprété à la
lettre et seuls les passages qui conviennent à l’idéologie choisie sont cités. Le Projet islam a été
créé pour démontrer la diversité de l’islam, mieux comprendre l’histoire de cette religion et ses
différents courants. Ainsi, la réelle diversité de l’islam nous permet de mieux lutter contre
l’islamisme, une idéologie qui fait la promotion d’un islam superficiel et homogène.
3- Islam veut dire, pour plusieurs, « soumission à la paix ». D’autres disent qu’il signifie «
soumission à Dieu ». L’idée de la soumission peut être associée au premier pilier de l’islam qui
demande que le musulman proclame qu’il n’y a qu’un Dieu (Allah) et que Mohammed est son
Prophète.
4- On peut comprendre que le mot « islam » veut dire entrer en paix avec Dieu, comme une sorte
de recherche personnelle, comme Abraham qui approfondit sa quête du Divin et qui découvre son
amour pour un Dieu unique.
5- Le Coran est composé de plus de 6 236 versets révélés à Mohammed, le Prophète de tous les
musulmans, dans des lieux différents et des situations historiques différentes. Il importe donc de
contextualiser les différents versets et différentes sourates du Coran, de même qu’il convient de
réfléchir aux Hadiths, qui sont des propos philosophiques, des commentaires sur des épisodes de
la vie de Mohammed qui expliquent le contexte des révélations coraniques.
6- Une fois sur 6 dans le Coran, il y a un appel à la raison individuelle. Comme si le Prophète
nous disait qu’il faut mijoter chacune des paroles de la révélation, qu’il ne faut pas s’attacher de
manière superficielle à la parole divine, mais user de sa raison pour en faire ressortir toute la
sagesse et la grandeur.
7- Quelques passages du Coran :
- Sourate CIX, verset 6 : « À vous votre religion, à moi la mienne. »
- Sourate XXVIII, verset 56 : « Ce n'est pas toi qui guideras qui tu veux, c'est Dieu qui guide qui
il veut. »
Ces passages pourraient être contextualisés. Par exemple, le dernier extrait souligne que l' islam
privilégie une relation individuelle avec Allah et que celui ou celle qui se donne le droit de
donner des ordres aux autres au nom de Dieu commet un péché d'orgueil.
8- Il faut distinguer l’islam de l’islamisme. L’islam est la religion de tous les musulmans.
L’islamisme est une idéologie politique essentiellement récente (Hassan Al Bana fonde les Frères
musulmans en Égypte en 1928). L’islamisme comme idéologie politique a aujourd’hui des
franges salafistes (al salaf - qui privilégient un retour aux « anciens », aux premiers siècles
l’islam, donc qui refuse certains principes de la modernité, comme l’égalité homme-femme et la
tolérance religieuse) et intégristes qui ont toutes deux détourné le sens du mot Jihad, qui ne veut
pas dire « guerre sainte », mais qui veut d’abord dire un « effort » que l’on doit faire sur soi pour
ne pas être détourné du message du Prophète.
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Projet islam – Texte de l’exposition qui rend compte de l’édition Automne 2016 du projet
9- L’islamisme comme idéologie politique s’est construit sur l’échec des nationalismes arabes.
Après la mort de Gamal Abdel Nasser en 1970, l’islamisme a gagné du terrain en Égypte (avec
les Frères musulmans), en Arabie Saoudite (avec le wahhabisme, la forme puritaine radicale de
l’islam sunnite, devenue conception officielle du pays, alimentée et diffusée par la rente
pétrolière) et avec la révolution de 1979 en Iran, révolution qui ouvrira la voie à une véritable
concurrence entre l’Iran (chiite) et l’Arabie saoudite (sunnite) et donc à des tensions régionales
entretenues par ces deux géants, les USA et leurs alliés respectifs.
10- Il est problématique de chercher des réponses précises à certaines des questions que l’on se
pose sur l’islam ou sur ce que dit ou ne dit pas le Coran, car il n’y a pas de réponses clairement
consignées dans le texte du Coran : plusieurs passages sont évocateurs d’idées et suggèrent
certaines choses, mais il y a place à diverses interprétations, ce qui a d’ailleurs donné naissance
au Tasfir (la science de l’interprétation) et à une multitude d’écoles (Madhahib), voire à des
champs philosophiques nombreux et diversifiés (la Falsafa)…
11- Rien n’est simple en islam et le discours médiatique ambiant ne nous aide pas à penser cette
religion et ses diverses ramifications, car le temps médiatique est rapide alors que penser l’islam
exige du temps… À l’image d’ailleurs des divers rituels qui parsèment la vie d’un croyant
musulman, il faut savoir s’arrêter et se pencher sur le sujet… (Jeu de mots imagé).
12- L’islamisme comme idéologie politique promeut une conception superficielle de la pratique
religieuse. Un islamiste (le partisan de l’islamisme) insiste sur les rituels visibles : le voile pour la
femme, la barbe pour l’homme, les 5 prières quotidiennes, le ramadan, la nourriture halal, etc.
L’islamiste traite de mécréants ceux et celles qui ne respectent pas sa conception de ce qu’est
l’islam. L’islamisme insiste sur le paraître au détriment de la véritable spiritualité.
13- L’islam est la dernière en date des religions monothéistes. De cette façon, l’islam considère
comme prophètes des personnages du judaïsme et du christianisme comme Abraham (« figure »
commune aux trois religions monothéistes), Moïse et Jésus (reconnus comme prophètes au sein
de l’islam).
14- Sourate II, verset 256 : «Point de contrainte en religion »
L’islam est flexible. Il est capable de s’adapter à toutes les sociétés qui accueillent ses adeptes.
D’ailleurs, l’histoire de la religion musulmane et de son expansion – de l’Arabie jusqu’au
Maghreb, de l’Asie centrale jusqu’à l’Indonésie – démontre que c’est une religion qui s’est
ajustée aux contextes culturels des peuples et pays dans lesquels l’islam s’est implanté.
15- Une participante pose la question suivante à une autre: « Quelle est ta relation avec Allah ou
avec le Prophète? ». Elle répond : « Avec Lui, je ne suis jamais seule ».
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Projet islam – Texte de l’exposition qui rend compte de l’édition Automne 2016 du projet
16- Les Hadiths sont les écrits qui racontent les faits et gestes du Prophète dans un contexte de
dilemmes moraux et éthiques, ce qui permet de tirer des enseignements et des normes morales
(voire un droit islamique - le Fiqh) inspirées de ces leçons de la vie du Prophète (elle-même
l’objet d’une science en soi, la Sîra).
« Du berceau jusqu'à la tombe, mets-toi en quête du savoir, car qui aspire au savoir adore
Dieu. »
« L'étude de la science a la valeur du jeûne, l'enseignement de la science, celle d'une
prière. »
On voit bien ici que la quête du savoir et de la science sont aussi importantes que les piliers de
l'islam...
17- À la question : « Quelle est votre perception de la femme musulmane ? » Une personne
participant au Projet islam a répondu :
En tant que femme musulmane au Québec, je me suis toujours sentie bien accueillie et en
sécurité. Mais depuis ces deux dernières années, la vision que donnent les médias sur l’islam est
vraiment triste. Et malheureusement, les gens qui ne connaissent rien sur l’islam, reçoivent u ne
vision négative et y croient.
18- À la question : « Quelle est votre perception de la femme musulmane ? » Une personne a
répondu :
Une religion qui peut être autoritaire et brutale, mais aussi pleine de sagesse et de connaissances.
Des femmes en niqab mariées jeunes aux femmes voilées qui semblent plus libres que moi, il y a
beaucoup de façons d’appliquer l’islam à la condition de la femme.
Des préjugés des Occidentaux envers les musulmans aux préjugés des musulmans envers les
Occidentaux, qui empêchent le partage de connaissances et propagent la peur et la haine.
De la représentation des musulmans dans les médias comme étant la seule représentation qu’ils
ont (et qui est représentative des extrémistes).
19- À la question : « Quelle est votre perception de la femme musulmane ? » Une personne a
répondu :
Une des femmes les plus fortes que je connais est de confession musulmane. J’admire sa force de
caractère, mais surtout le respect et la tolérance dont elle fait preuve. Je ne crois pas que la
religion est une règle et que toutes les femmes musulmanes qui soient agissent de la même façon.
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Projet islam – Texte de l’exposition qui rend compte de l’édition Automne 2016 du projet
20- À la question : « Quelle est votre perception de la femme musulmane ? » Une personne a
répondu :
La plus grande question qui est au fond de moi est : la femme musulmane l’est-elle vraiment
parce qu’elle l’a choisie entièrement librement dans son cœur ou plutôt parce qu’on lui a enseigné
que c’était ça la vérité ultime et les autres religions ou choix ne sont pas bons ou sont faux ?...
La vérité, je crois que certaines femmes le font vraiment par choix volontaire de leur cœur et
qu’elles sont heureuses et bien avec ce choix, mais je crois aussi que ce n’est vraiment pas le cas
de la majorité des femmes musulmanes. Et aussi que la plupart d’entre elles ne sont pas vraiment
heureuses, car elles ne se sentent pas vraiment libres d’être tout ce qu’elles auraient envie d’être
et de faire sans se faire juger sévèrement par les autres musulmans (ex. : leur famille).
N.B. Je les aime beaucoup les femmes musulmanes et Dieu infiniment!
21- À la question : « Quelle est votre perception de la femme musulmane ? » Une personne a
répondu :
Je pense que, de façon générale, la femme musulmane n’est pas plus ou moins libre qu’une
femme non musulmane placée dans le même contexte.
L’idée qu’une musulmane ne puisse pas être libre est un préjugé qui vient sans doute de la
condition de la femme dans des pays comme l’Arabie saoudite, bien qu’en réalité, ces réalités ne
s’appliquent pas à toutes les musulmanes, mais plutôt à toutes les femmes musulmanes ou non,
vivant en Arabie saoudite (par exemple).
Par ailleurs, la société québécoise juge les femmes voilées comme étant opprimées, mais en
réalité, si elles ne portaient pas le voile pour plaire à la société, ça serait de l’oppression.
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