morale pose comme existant absolument Or,
la valeur
d’une chose (ce qui
l’institue objet de désir) réside-t-elle dans la chose ou dans le regard que l’on
porte sur elle? Il faut, en effet, distinguer l’événement de l’idée que l’on s’en
fait. Etre philosophe, c’est chercher à comprendre pourquoi les choses arrivent
ainsi et non pas autrement (“
connaissance de l’ordre des choses
”), tandis que
l’insensé ne réfléchit pas et se désespère de ce que l’ordre du monde ne
s’accorde pas à ses désirs. La réflexion - et la pratique - permettent la
maîtrise
intérieure
des choses et des événements extérieurs.... Il s’agit donc de “
régler
les passions”
, sentiments violents qui déforment notre regard, troublent notre
jugement et notre comportement (colère, amour, haine, orgueil..). Savoir
relativiser nos passions accroît notre puissance ; à l’inverse, s’adonner aux
passions accroît notre impuissance. CQFD
2. Quel rapport Alain établit-il entre connaissance de soi et connaissance
des choses?
a. « Connais-toi toi-même »
On le sait, philosopher consiste à s’interroger sur soi-même et sur le monde
afin de tracer un chemin de vie digne d’être vécue. Socrate fut le premier des
philosophes à introduire la notion de souci de soi. Mais lorsqu’il adopte la
devise inscrite au fronton du temple de Delphes : «
Connais-toi toi-même
»,
Socrate ne désigne pas un genre d’
introspection psychologique
, mais comme
exhortation morale
. Pour lui, il ne s’agit pas, comme nous le croyons à tort, de
chercher à découvrir les secrets de son âme, les traits de son caractère, les
qualités et les défauts, bref de tout ce qui fait de chacun de nous un
être
singulier, différent des autres
. A l’inverse, pour Socrate, l’introspection
consiste en une
exhortation morale
, démarche intérieure qui consiste à
examiner sa conscience, son contenu, ses idées ses connaissances, ses
sentiments, ses désirs afin de les comprendre et de les juger afin de devenir
plus sages dans notre conduite. C’est pourquoi l’injonction ne se contente pas
de dire «
Connais-toi »,
mais elle redouble le prénom personnel « toi » par un
pronom réfléchi : «toi-même ». Ce redoublement peut avoir deux significations :
il est nécessaire de nous consacrer à un type de connaissance dirigé vers soi-
même et non vers le monde extérieur ou vers les autres. De plus, cette
connaissance doit se faire par soi-même et pour soi-même et non à l’aide des
autres ni suivant leurs opinions. Il s’agit avant tout de penser sa vie et de vivre
sa pensée. Or, à l’évidence, la connaissance de soi et celle du monde sont
inséparables.
b. Critique de la superstition.
Sur ce point, l’exemple de la superstition utilisé par Alain en est très
significatif. La superstition, tendance irrationnelle à croire qu’une réalité du
monde naturel renverrait à une réalité surnaturelle voire divine (exemple: un
chat noir porte malheur...) ne peut pas être considérée comme recevable par
le philosophe, et il refuse de se laisser émouvoir par de pareilles chimères ; il
refuse de s’en laisser conter. Le philosophe veut soumettre de telles croyances
à
un examen rationnel
; il veut savoir ce que pourraient être ces forces