sions importantes et leur faible réso-
lution, typiquement d’un ordre de
grandeur plus élevé que l’énergie
thermique des ions du plasma, en
proscrivent l’utilisation pour l’étude
détaillée de phénomènes où la dyna-
mique des ions intervient. C’est le
cas notamment des gaines ou des on-
des de chocs ioniques.
La fluorescence induite par laser
(FIL) résolue en temps fournit un
outil d’analyse inégalé grâce aux re-
marquables résolutions spatiale, tem-
porelle et énergétique qu’elle auto-
rise. Nous illustrerons ses possibilités
sur deux mesures réalisées dans une
expérience de laboratoire conçue
pour accueillir ce diagnostic. La pre-
mière concerne la mesure de la dis-
tribution de vitesse des ions au voi-
sinage d’une électrode conductrice
plane au potentiel flottant dans un
plasma. La seconde concerne l’évo-
lution de la distribution de vitesse
des ions induite par la propagation
d’un choc dans le plasma. Ces mesu-
res stimulent de nouveaux dévelop-
pements dans la compréhension de
mécanismes non linéaires fondamen-
taux qui interviennent hors du
contexte du laboratoire. La dynami-
que de la gaine est importante pour le
contrôle des plasmas utilisés dans les
techniques de gravure et de dépôt en
génie des procédés plasma alors que
des chocs non collisionnels se pro-
duisent lorsque le vent solaire ren-
contre la magnétosphère terrestre.
LE DISPOSITIF EXPÉRIMENTAL
Depuis leur mise au point dans les
années 1970, les machines à plasma
à confinement multipolaire se sont
imposées pour les études qui néces-
sitent un plasma stationnaire, de
grande dimension, facilement acces-
sible, non magnétisé, non collision-
nel et peu bruyant. Elles consistent
en une enceinte cylindrique entourée
de barres d’aimants permanents à po-
larité alternée (figure 1a). Dans cette
chambre, on réalise un vide initial
poussé (10
–7
mbar). Le plasma sta-
tionnaire est créé par décharge ther-
moionique entre une cathode chaude
(qui peut être constituée de un ou
plusieurs filaments chauffés par le
passage d’un courant) et une anode
(généralement les parois reliées à la
terre) dans un gaz en écoulement (gé-
néralement de l’argon) dont la pres-
sion est inférieure à 10
–3
mbar. Il ré-
sulte des collisions ionisantes entre
atomes neutres et électrons « primai-
res » émis par les filaments et accé-
lérés par la différence de potentiel de
décharge qui se forme entre anode et
cathode. Le plasma est composé des
particules suivantes : les ions créés
par ionisation des atomes du gaz à la
température de l’enceinte, les élec-
trons « secondaires » qui résultent
des collisions ionisantes et forment
les électrons du corps du plasma avec
une distribution de vitesses maxwel-
lienne et une température de quel-
ques eV, les électrons minoritaires
plus chauds qui proviennent de la po-
pulation des primaires « refroidis »
par les collisions ionisantes avec une
distribution en énergie non maxwel-
lienne qui s’étend jusqu’à l’énergie
correspondant au potentiel de dé-
charge (typiquement quelques dizai-
nes de volts), et enfin les atomes du
gaz neutre qui n’est que partiellement
ionisé (le taux d’ionisation est de
l’ordre de 10
–4
). Le champ magnéti-
que multipolaire confine essentielle-
ment les électrons primaires et ne
s’étend pas à plus de 10 cm du pour-
tour du plasma. Il augmente la pro-
babilité d’ionisation des électrons pri-
maires et, par conséquent, la densité
du plasma qui vaut typiquement
10
15
m
–3
. Au cœur du plasma, la
neutralité électrique est assurée et la
densité des ions équilibre la densité
électronique. Dans ces conditions de
densité et de température, les libres
parcours moyens des particules sont
supérieurs aux dimensions de la ma-
chine : le plasma est non collisionnel.
Comme schématisé sur la figure 1a,
la machine dont nous disposons,
d’une longueur de 80 cm et d’un dia-
mètre 40 cm, est dotée de hublots
axiaux et longitudinaux pour implan-
ter le diagnostic FIL et explorer lon-
gitudinalement et transversalement le
plasma le long de l’axe de la ma-
chine. Plus classiquement, des sondes
de Langmuir, mobiles axialement et
radialement, déterminent les paramè-
tres caractéristiques du plasma et per-
mettent de mesurer les fluctuations
de densité.
LA FLUORESCENCE INDUITE PAR
LASER
Ce diagnostic, fondé sur l’effet
Doppler, fournit la distribution de vi-
tesse des ions du plasma dans la di-
rection du faisceau laser (voir enca-
dré). On accède à la distribution en
mesurant la FIL lorsqu’on balaye la
fréquence du laser. On utilise un la-
ser monomode accordable continu
constitué d’un laser à colorant en an-
neau pompé par un laser à argon. Le
faisceau laser peut être injecté le long
de l’axe de la machine ou selon un
rayon du dispositif, et on mesure la
fonction de distribution des vitesses
axiales ou radiales des ions. La réso-
lution en vitesse du diagnostic est
excellente puisque l’élargissement
Doppler qui résulte de l’agitation
thermique des ions est de l’ordre de
1.5 GHz (vitesse thermique ionique
v
ith
~ 600 m/s) alors que la largeur
naturelle de la transition excitée par
le laser est égale à 20 MHz (corres-
pondant à un écart en vitesse
δv ~ 10 m/s). Une faible fraction du
faisceau laser traverse une cellule à
iode dont l’absorption donne un éta-
lonnage absolu de la fréquence
d’émission du laser. Le volume dia-
gnostiqué correspond à l’intersection
du faisceau laser avec le champ de
visée de l’optique collectant la lu-
mière de fluorescence et correspond
typiquement à un cylindre de quel-
ques mm
3
. Un moteur positionne si-
multanément la monture du miroir de
renvoi du faisceau laser radial et
du système de collection de la
fluorescence pour obtenir une explo-
ration complète le long de l’axe du
dispositif.
EXPLORATION D’UNE GAINE
ÉLECTROSTATIQUE
Au cours de l’ionisation des ato-
mes neutres, on ne sélectionne pas
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