Anesthésie locorégionale 263
2.1.2. ÉVALUATION
Après la description initiale [10], ce bloc a été évalué dans plusieurs études publiées
[12, 13, 14, 15]. Le taux de succès est très élevé, compris suivant les études entre 90
et 100 %. La nature de la réponse motrice obtenue en neurostimulation ne semble pas
inuer sur la qualité du bloc et une seule stimulation semble sufsante [14]. Des volumes
d’anesthésiques locaux de l’ordre de 10 à 15 mL permettraient un bloc efcace, et 20 mL
semble être un volume sufsant.
2.1.3. AVANTAGES
L’identication des repères osseux est habituellement (très) facile, même chez
les patients dont l’anatomie est peu favorable pour l’anesthésiste. La construction
géométrique est simple. Seule la distance xe de 60 mm peut théoriquement poser pro-
blème en fonction de la taille des patients. Placer le point de ponction à la jonction du
1/3 supérieur-2/3 inférieurs de la ligne permet de corriger ce petit problème (modication
de l'auteur). Ce bloc réalise un vrai bloc plexique du plexus sacré comme en témoigne les
opacications. Le faible volume nécessaire pour un bloc efcace, 15 à 20 mL, constitue
un argument de choix lors de la réalisation d’un bi-bloc fémoro-sciatique.
Par ailleurs, il était évoqué que, en raison du niveau de ponction, cette voie d’abord
permettait une extension de l’anesthésie au nerf obturateur (93 %) [13]. L’étude de
Jochum et coll. montre, avec une méthodologie précise d’évaluation du bloc moteur des
adducteurs que cette hypothèse est improbable [16]. Il s’agissait en réalité d’une erreur
d’analyse sémiologique oubliant le fait que le nerf sciatique est en partie responsable de
l’adduction de la cuisse, et que la diminution de l’adduction observée ne traduisait que
la réalité du bloc sciatique.
Un cathéter pour analgésie prolongée est facilement mis en place par cette voie, à
condition d’une légère modication de la technique [17, 18, 19]. En effet, l’aiguille doit
adopter une direction légèrement céphalique pour faciliter l’introduction du cathéter. Le
risque de déplacement secondaire semble faible.
Par ailleurs ce bloc est facile à enseigner et à maîtriser. La réalisation est habituellement
rapide, une seule réponse en neurostimulation semble sufsante pour un bloc efcace.
L’acceptation par les patients semble bonne, la technique étant peu douloureuse.
2.1.4. INCONVÉNIENTS
Avec cette technique sans limite osseuse de profondeur, il est théoriquement possible
de dépasser le plan du nerf sciatique et de faire pénétrer l’aiguille dans le pelvis, avec un
risque de ponction des vaisseaux iliaques internes, de l’uretère et du rectum. Il semble
cependant que cette angoisse anatomique reste purement théorique, en effet aucune
complication de cette nature n’a jamais été rapporté malgré semble-t-il une diffusion
large et rapide de cette technique.
2.1.5. INDICATIONS
L’intérêt de ce bloc réside dans la facilité d’identication des repères, la facilité de
la ponction et la qualité du bloc obtenu avec une injection unique et un volume réduit
d’anesthésique local. À ce jour aucune complication n’a été rapportée, mais il est souhai-
table cependant, avant de préconiser cet abord de première intention, de rester prudent,
en raison des risques théoriques. Envisager la voie classique de Labat-Winnie [2, 3] de
première intention, entre autres, est une attitude probablement plus sûre. En dehors de la
chirurgie de la hanche, pour laquelle la voie parasacrale de Mansour [10] offre un bloc
plus adapté en raison de l’extension du bloc aux branches les plus proximales du plexus
sacral (nerf de l’obturateur interne, nerfs glutéaux supérieur et inférieur, nerf du carré
fémoral et surtout la branche articulaire), l’abord de Labat-Winnie offre dans tous les
autres cas un bloc équivalent.