La Néologie Et Ses Mécanismes De Création Lexicale
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l’adjonction d’un affixe (termes / mots dérivés) ou d’un autre lexème, en général
non autonome et d’origine gréco-latine (termes/mots confixés). Cela veut dire que
néologismes signifient également mots formés à l’intérieur d’une même langue à
partir de mots existants. L’innovation est donc inhérente à chaque langue et elle
représente un aspect sur lequel les linguistes ont mis moins l’accent.
2.1.1. La dérivation
Les termes/mots dérivés sont préfixés, suffixés ou parasynthétiques
(dérivation multiple). La dérivation est un processus très productif en roumain, qui
dispose de nombreux affixes (suffixes et préfixes), ce qui explique la raison pour
laquelle le roumain fait partie de la famille des «langues de type dérivatif» (Sala
2001: 153).
Pour illustrer cette richesse dérivationnelle du roumain, on peut citer le cas
de beaucoup de verbes formés par dérivation préfixale à partir d’un nom emprunté
à d’autres langues ou hérité du latin. Par exemple, le verbe a îndoctrina qui
combine un affixe, le préfixe în + doctrină, même s’il y a un terme semblable en
français, endoctriner, que le roumain aurait pu emprunter. Le roumain avance sur
la même ligne de la dérivation flexionnellee et propose deux autres mots de la
même famille lexicale, formés, cette fois-ci, par dérivation multiple:
în+doctrin+are et în+doctrin+at. Un autre exemple qui développe tout un
paradigme flexionnel à partir d’une base nominale: a încurajá (în+curaj), d’après
le fr. encourager, încurajare (în+curaj+are), încurajat (în+curaj+at), încurajator
(în+curaja+tor).
Mais il existe aussi des cas où la dérivation est remplacée par un autre
procédé, d’ailleurs très productif en roumain, l’emprunt à d’autres langues. Par
exemple, toute la famille lexicale (nom, verbe, adjectif) est entrée en roumain par
filière française: a inventa, invenŃie, inventiv (inventer, invention, inventif), a
ilustra, ilustraŃie (illustrer, illustration) (ilustrat et ilustrativ sont des mots dérivés
sur le verbe roumain a ilustra), a infecta, infecŃie (infecter, infection) ou toute la
serie a aplica, aplicaŃie, aplicabilitate, aplicativ (appliquer, application,
applicabilité, applicatif).
Un autre exemple qui vient illustrer ce mélange entre les procédés internes et
externes de formation des néologismes nous est fourni par le formant anti- , qui
exprime l’opposition. En roumain, le préfixe anti- est soit un élément de dérivation
néologique (antiaccident, antiartistic, antiatom, antibacterian, antobronşitic,
anticanonic, anticar), soit, dans beaucoup d’autres cas, un élément de formation
interne: antibiotic, anticameră, anticiclon, anticlerical, anticolonialist,
anticonstituŃional, etc.
Un trait qui distingue ces mots dans les deux langues (français et roumain)
est leur orthographe. Anti- a une double orthographe en français: il est soudé au
nom (antibasculement, antidébordement, antidérapant, antiasphyxiant,
antidiffusant, antinucléaire, antigiratoire, antidétonant) ou bien il garde encore le
signe de la composition (anti-corrosif, anti-aérien, anti-atomique, anti-éblouissant,
anti-gluant, anti-oxydant, anti-sous-marin). Par rapport au français, le roumain
présente une seule orthographe, la forme soudée du formant anti-.