quelque chose. Idéalement, il y a communauté et partage des valeurs, idéaux et/ou
intérêts. Voilà un défi! La francophonie est très diverse. Et quand on parle de diversité,
on parle de différence culturelle. Comme le dit E.T. Hall (1966), les « …individus
appartenant à des cultures différentes habitent des mondes sensoriels différents » (in
Abdallah-Pretceille;1999;p.11). Ainsi, il peut y avoir clivage entre ces diverses
composantes de la francophonie. La diversité et/ou ce clivage culturel peut soulever des
inquiétudes en ce qui concerne la cohésion sociale. Ainsi s’imposent les questions
suivantes : la francophonie est-elle une communauté? Y a-t-il une communauté de
valeurs, idéaux, intérêts?
Par exemple, en Ontario, « les lieux de vie française sont de plus en plus diversifiés, à
l’image des populations qui les animent. …Les ruptures culturelles en Ontario français
ont fait couler beaucoup d’encre » (Gilbert;1999;p.11, 13). Il y a des différences et
clivages culturels entre les francophones venant d’ailleurs et ceux qui, présume-t-on,
constituent la communauté d’accueil. Cette situation se traduit souvent en conflit de
valeurs. Et les valeurs d’ailleurs ne prévalent pas. Doit-on les changer ou s’y accrocher?
Ces deux options s’accompagnent d’un certain risque d’aliénation. Quand on se sent
aliéné quelque part, ce quelque part n’a plus de sens pour nous. Peut-on être aliéné et
(bon) citoyen contribuant à la vitalité de la communauté? Ardu. La citoyenneté comme la
liberté se réalise dans la communauté. En d’autres mots, la communauté permet à
l’individu d’aller outre la simple existence. Elle lui permet de se réaliser, d’actualiser ses
valeurs, idéaux et aspirations.
Qui doit s‘adapter? L’individu ou la communauté? Si on accepte la métaphore de la
communauté comme organisme vivant, l’adaptation devrait se faire tant au niveau de la
communauté (organisme) qu’au niveau de l’individu (cellule). On peut se reférer la
notion d’adaptation proposée par le psychologue Jean Piaget. Cette dernière comprend
deux concepts fondamentaux : assimmilation et accommodation. Piaget définit
l’assimilation comme une réaction un changement qui se résume à un reflexe ou une
habitude existante. En l’accommodation, Piaget voit la capacité de « …transformer des
schèmes existants, c’est à dire des modèles de comportement ou de façon d’organiser la
connaissance dans le but d’inclure de nouveaux faits » (Rathus;1991;p.285). « La
capacité de s’accommoder à une situation nouvelle se développe grace à la maturation et
à l’apprentissage, autrement dit grace à l’expérience » (Rathus1991;p.285). C’est ici que
l’éducation joue un rôle essentiel. Elle dote l’élève des outils nécessaires à
l’accommodation. Ainsi, « … l’école est le moyen qu’a la société vivante pour se
perpétuer consciemment » (Vienne;1995). Comme un organisme vivant qui, « …à travers
l’activité de ses cellules, apprend à maintenir son équilibre en dépit des fluctuations
causées par les changements » la communauté apprend par le biais de ses citoyens à
s’adapter aux changements.
L’école devient le lieu privilégié de l’éducation à la citoyenneté. En l’éducation, Platon
voit le fondement le fondement de la cité. Pour Paolo Freire, l’éducation est un acte
politique et le pouvoir du citoyen réside en grande partie dans les outils dont il dispose.
Elle doit promouvoir la « conscience critique » qui est une arme contre la mythification
(Martineau;2005;p.37). Cependant, l’école peut être, comme la communauté, un espace