Il arrive qu’au Québec, le phragmite utilisé pour ces aménagements est une espèce
exotique (phénotype européen) très envahissante. Facilement identifiable, le phragmite
s’est imposé rapidement au cours des dernières décennies et continue de le faire le long
des routes et sur les terres agricoles. On a longtemps pensé que cette plante se
propageait uniquement par rhizomes, mais il a été démontré scientifiquement que ses
semences sont fertiles. Ainsi, le phragmite poursuit lentement mais sûrement sa
progression. Extrêmement difficile et coûteux à éradiquer, il inquiète sérieusement les
gestionnaires du territoire. Alors, comment concilier la protection de la flore locale
indigène et les nouvelles technologies vertes d’assainissement des eaux ? Un paradoxe
écologique qui fait réfléchir! À cet effet, les chercheurs et les entrepreneurs devront
rapidement investiguer sur l’utilisation d’autres plantes. C’est ce qu’a débuté l’équipe de
Jacques Brisson de l’Institut de recherche en biologie végétale, qui mène des
recherches sur la quenouille et le roseau commun indigène, qui lui, n’est pas
envahissant. Les réponses… dans quelques années!
En attendant que les spécialistes des végétaux et les phyto-ingénieurs suggèrent des
espèces « alternatives » qui n’interfèrent pas avec les écosystèmes naturels, il est tout
indiqué d’éviter de planter le phragmite à l’extérieur des zones déjà fortement envahies
(Montérégie, Laval, Lanaudière, sud des Laurentides et Estrie) (Lavoie 2007). Il faut
savoir que certaines régions du Québec sont encore ou presque exemptes de roseau
commun (phénotype européen). Dans ces lieux et dans le cas d’épuration domestique,
un choix écologique consisterait, par exemple, à opter pour une technologie
environnementale utilisant d’autres procédés que les phytofiltres.
L’utilisation de plantes exotiques envahissantes dans les marais artificiels est
particulièrement problématique parce que les milieux humides sont vulnérables aux
envahissements. Jolies et performantes, quelques espèces exotiques potentiellement
envahissantes sont encore utilisées dans ces types d’aménagements et risquent de se
disperser facilement dans les milieux naturels. En plus du phragmite commun
(Phragmites australis), on retrouve parfois le butome à ombelle (Butomus umbellatus), la
salicaire commune (Lythrum salicaria), l’hydrocharide grenouillette (Hydrocharis morsus-
ranae), le phalaris roseau (Phalaris arundinacea), le myriophylle à épi (Myriophyllum
spicatum), la châtaigne d’eau (Trapa natans) et la renouée japonaise (Fallopia japonica).
Résistez! Car que ce soit en zone résidentielle ou naturelle, les plantes exotiques
envahissantes demeurent une menace à la santé de nos écosystèmes.
Pour d’information loin :
1. Claude Lavoie. 2007. Le roseau commun au Québec: enquête sur une invasion. Naturaliste
canadien, 131 (2), p. 5-9
2. Jacques Brisson. Institut de recherche en biologie végétale.
www.irbv.umontreal.ca/francais/personnel/brisson.htm
3. Robert Lapalme. 2006. Protéger et restaurer les lacs. Boucherville Qc. Bertrand Dumont éditeur.
4. Robert Lapalme et al. 2008. Algues bleues: des solutions pratiques. Boucherville (Québec).
Bertrand Dumont éditeur.
En partenariat avec Nature-Action Québec, Union Saint-Laurent Grands Lacs mène une campagne
d’éducation sur les plantes exotiques envahissantes via le projet Les horticulteurs en actions ! Le
Programme de partenariat sur les espèces exotiques envahissantes; une initiative parrainée par le
gouvernement du Canada, a assuré en partie le financement de ce projet ainsi que la Fondation Hydro-
Québec pour l’environnement.