Un premier pas
vers une saine gestion
de la SST
Perspectives
l’efficacité globale des entreprises. Ainsi,
lorsque nos inspecteurs découvrent une
situation dangereuse ou non conforme,
non seulement exigent-ils des correc-
tifs, mais ils demandent aussi que l’en-
treprise démontre par quels moyens
elle entend s’assurer que ces mesures
de prévention restent en place et de-
meurent efficaces. En fait, on se base
sur les principes des systèmes de ges-
tion en santé et sécurité du travail,
comme par exemple l’OHSAS 18001, ou
CSA Z1000, qui sont bâtis sur le modèle
des systèmes de gestion ISO 9001 et
ISO 14001 en matière de qualité et de
protection de l’environnement. Il y a de
plus en plus d’entreprises qui adoptent
ces systèmes de gestion de la SST, au
Québec et partout dans le monde.
[Jocelyn Roy]
Mais on n’en de-
mande pas tant ! On reprend juste le
principe de l’amélioration continue que
renferment ces normes. Il y a des cho-
ses très simples et efficaces qu’on peut
mettre en place dans les entreprises. Un
inspecteur qui demande cinq ou six
correctifs, va aussi demander à l’en-
treprise de trouver un moyen de faire
un suivi de ces correctifs. Par exemple,
l’employeur pourrait intégrer certaines
vérifications à son inspection mensuelle
de la machinerie, ou aviser ses mécani-
ciens que, chaque fois qu’ils vont faire
le graissage et le changement de cour-
roie d’une machine, ils ont la respon-
sabilité de remettre le protecteur de la
machine en place.
[PT]
Pouvez-vous nous donner
un exemple précis, pour illustrer
le principe ?
[Guylaine Bourque]
Je vais vous
parler d’un cas réel en le décortiquant
au moyen de la roue de Deming. Un
opérateur de presse remarque un jour
qu’une des presses est bourrée. Il ouvre
le protecteur latéral et constate une
accumulation de pièces à l’intérieur de
la machine. Il introduit alors la main
entre les deux parties du moule pour
retirer les pièces. Le moule remonte et
lui sectionne la main droite. Dans le
passé, ce travailleur avait déjà neutra-
lisé le système qui signale à la presse
l’ouverture du protecteur latéral. La
presse a fonctionné pendant une se-
maine sans son protecteur avant que
quelqu’un d’autre s’en aperçoive. Or,
identifier un danger et analyser les
risques, c’est le quadrant 1 de la roue
de Deming, qui consiste à Planifier. Par
la suite, cette personne a réinstallé le
protecteur, ce qui correspond au qua-
drant 2 – Faire. Mais comme cela se
produit trop souvent, l’intervention s’est
arrêtée là. Si on veut la permanence
des correctifs, si on veut des solutions
du
rables et une gestion saine de la
SST dans une entreprise, la roue doit
tourner. Si l’employeur s’était posé
la question du quadrant 3 – Vérifier,
afin de déterminer pourquoi le dispo-
sitif d’interverrouillage du protecteur
était désactivé, il aurait pu Agir – qua-
drant 4 – de façon à s’assurer que le
protecteur demeure toujours en place
et fonctionnel. Pour y arriver, retour
aux quadrants 1 et 2 : soit l’impor-
tance d’analyser les risques pour faire
modifier les dispositifs de protection
de la presse afin qu’ils soient mieux
adaptés au travail des opérateurs et
tiennent compte du danger relié à un
protecteur neutralisé. C’est ça, la per-
manence des correctifs !
[PT]
Mais c’est là que la roue
bloque, et les entreprises ne
savent pas toujours comment s’y
prendre…
[GB]
Voilà, on veut démystifier tout
ça. Ça n’a pas à être compliqué. Des
petits gestes, mais structurés et intégrés
à la gestion globale de l’entreprise,
peuvent faire une grande différence.
Par exemple, l’entreprise aurait pu
rappeler aux travailleurs et aux contre-
maîtres, à l’occasion des réunions de
46
Prévention au travail Été 2009
En 2004-2005,
la CSST intégrait
le concept de
« permanence des
correctifs » au cadre
d’intervention
de ses inspecteurs.
Qu’est-ce que les
employeurs doivent
faire au juste
pour se conformer
à cette exigence ?
Guylaine Bourque et
Jocelyn Roy, de la
Direction générale
de la prévention-
inspection et
du parte
nariat
de la CSST, en ont
fait l’objet de
leur conférence
présentée au Forum
santé et sécurité
du travail, tenu
le 30 avril dernier,
à Québec. En voici
les faits saillants.
[Prévention au travail]
La
permanence des correctifs, concrè-
tement, cela veut dire quoi ?
[Guylaine Bourque]
L’appli-
cation du concept s’accorde parfaite-
ment avec l’esprit de la Loi sur la santé
et la sécurité du travail ainsi qu’avec le
contexte socio-économique, qui ap-
pellent tous deux l’émergence de so-
lutions durables et l’amélioration de
La permanence des correctifs