5 minutes pour les affaires
Navigation dans la tempête - Comment faire face à la volatilité de l’environnement mondial
Par : Mark Wiseman, président et chef de la direction
de l’Office d’investissement du Régime de pensions
du Canada
Je suis particulièrement honoré d’être le premier
rédacteur-invité de la Chambre de commerce du
Canada à commettre 5 minutes pour les affaires.
Bien que le Canada ne compte que pour environ 3 %
de l’économie mondiale, le pays peut se targuer
d’avoir une riche palette d’entreprises de classe
mondiale. Les secteurs bancaire, minier, pétrolier et
gazier ont tendance à monopoliser les feux de la
rampe, mais les Canadiens et les Canadiennes font
également des percées remarquées dans divers
domaines, dont la robotique, le commerce de détail et
les produits pharmaceutiques (sans oublier, bien sûr, la
gestion des fonds de retraite). Nos gens d’affaires
m’inspirent une grande fierté, et je prends donc un
grand plaisir de m’adresser à vous ici, dans ces lignes.
En dépit de nos réussites collectives, notre économie
traverse sans aucun doute une période plutôt difficile.
L’exercice financier de l’Office d’investissement du
Régime de pensions du Canada (OIRPC) se termine le
31 mars. Ce jour-là, j’en ai profité pour faire le point et
réfléchir aux douze mois qui venaient de s’écouler. Les
cours pétroliers se sont rétrécis comme peau de
chagrin et le parquet de Toronto était en baisse de
6,6 % par rapport à la marque établie douze mois
auparavant. Mais nous ne sommes pas les seuls à
connaître un tel repli des cours, loin de là : en outre, ils
ont chuté de 5,3 % au Royaume-Uni, de 11,1 % au
Japon, et les actions de catégorie A cotées en Chine ont
perdu près de 20 % de leur valeur au cours des douze
derniers mois (après une remontée de courte durée de
39 % entre mars et juin 2015). Les États-Unis ont
toutefois réussi à tirer leur épingle du jeu, affichant un
faible gain de 1,8 %.
Je me remémorais notamment ma visite à nos bureaux
au Brésil, en septembre dernier. Le jour de mon retour,
au moment même de l’embarquement, la maison de
notation S&P rétrogradait les obligations
gouvernementales de ce pays au rang de titres de
pacotille, après une dégringolade de près de 40 % des
cours des titres brésiliens sur une période de neuf mois
consécutifs. Peu après, je me trouvais en Asie, où des
journalistes de la presse spécialisée me demandaient
pourquoi nous cherchions encore à investir en Chine
alors que ses cours boursiers s’effondraient. Certes, il
n’est pas difficile de trouver de quoi s’inquiéter
lorsqu’on est un investisseur sur les marchés
mondiaux de la taille de l’Office — après tout, nous
avons pignon sur rue dans sept pays et détenons un
portefeuille d’investissements mondiaux de quelque
280 milliards de dollars. On me demande constamment
comment nous arrivons à composer avec un tel
environnement.
En vérité, cela est attribuable à notre situation tout à
fait unique. L’horizon de placement particulièrement
long des fonds investis par l’Office conjugué à son
modèle de financement nous permet de mieux
encaisser la volatilité des cours que les autres régimes
de retraite. D’autres facteurs, dont la certitude
inhérente à l’actif que nous gérons, font de nous un
investisseur patient, en règle générale. Partant, en
veillant à faire fructifier la caisse du Régime de
pensions du Canada, et ce, non seulement au bénéfice
des cotisants actuels mais aussi des générations à
venir, la prudence veut que nous soyons bien avisés
d’accepter un niveau de risque un peu plus élevé que
les autres régimes de retraite. Nous sommes en mesure
de subir des pertes à l’occasion, voire des pertes
substantielles, dans notre quête d’encaisser des
rendements plus élevés à plus long terme.
Ceci étant, alors que les répercussions des bas cours
pétroliers font tache d’huile et que l’économie du Brésil
demeure plombée par un revers de fortune aussi
puissant qu’inattendu, l’OIRPC peut poursuivre la
chasse aux occasions alléchantes sur ce type de