chapitre i. l`environnement physique et hydroclimatique de la zee

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CHAPITRE I
L’ENVIRONNEMENT PHYSIQUE ET HYDROCLIMATIQUE
DE LA ZEE GUINÉENNE
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Introduction
Ce chapitre fait l'objet d'une synthèse de nombreuses observations effectuées par différents
auteurs qui ont travaillé en général dans l'Atlantique ouest africain et en particulier dans la
zone guinéenne. Nous allons décrire dans la première partie de ce chapitre les caractéristiques
du littoral et du plateau continental guinéen en précisant la couverture sédimentaire et la
natures des différents fonds sur lesquels vivent les espèces que nous nous proposons
d'étudier. L'environnement hydroclimatique particulier de la ZEE guinéenne sera présenté
dans une seconde partie avec l'importance des précipitations et leur effet sur les saisons
marines observées en Guinée. Les cycles annuels et les principales tendances des paramètres
marquant l'hydro-climat seront présentés ainsi que leurs impacts sur la productivité
biologique.
Enfin, dans une troisième partie, nous résumerons les connaissances récentes concernant les
premiers maillons de la chaîne trophique (productions primaires et secondaires) qui
conditionnent la production des ressources halieutiques en Guinée en relation avec cet
environnement physique et hydroclimatique.
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1. Environnement physique
1.1. Le littoral
Le littoral guinéen est un immense complexe deltaïque constitué par un ensemble de plaines
côtières pouvant atteindre 30 km de large et limitées vers l’intérieur par des falaises de
plateaux gréseux qui constituent les premiers contreforts du Fouta Djalon. Il se caractérise par
une frange saumâtre étendue, des apports terrigènes importants, une forte amplitude
marégraphique et une côte à faible énergie du fait d’une position géographique intermédiaire
entre les domaines d’action des houles de l’Atlantique nord et sud (Guilcher, 1954).
Les plaines sont constituées principalement par des vasières sillonnées de cordons sableux et
découpées par les estuaires de nombreux cours d’eau (Domain & Bah, 1993 dans Domain et
al., 2000), dont les principaux sont du Nord au Sud : le Komponi, le Nunez, le Kapatchez, le
Fatala, le Konkouré, le Soumba, le Forécariah, le Mellacoré. La conjonction de tous ces
facteurs crée ainsi les conditions favorables au développement d’une mangrove surtout à
Rhizophoras (Snedaker & Snedaker, 1984) qui, en remontant à plus de 50 km à l’intérieur le
long des fleuves, couvre une superficie d’environ 270 000 ha, (CCE-SECA, 1990 dans Baran,
1995) et fait de la mangrove guinéenne une des plus étendues du continent africain, après
celles du Nigeria et du Sénégal (d’après Saenger et Hegerl, 1981). En Guinée, cette mangrove
constitue un biotope particulier. Elle ralentit les courants de marée et offre aux juvéniles à la
fois abri et source d’alimentation (Thayer et al., 1988 ; Sasekumar et al., 1992 ; Baran, 1995).
1.2. Le plateau continental
Décrit pour la première fois par Postel en 1955, le plateau continental guinéen, par son
étendue est considéré comme la plus grande surface continentale submergée de toute
l’Afrique atlantique. Il présente une longueur de côte qui atteint environ 350 km avec une
superficie, jusqu’aux profondeurs de 200 mètres, estimée à 43 000 km2. La distance du littoral
à l’isobathe de 200 mètres, qui marque la limite de ce plateau continental, augmente
régulièrement du sud vers le nord : elle est d’environ 87 milles dans la partie sud et de 104
milles dans la partie nord. A titre de comparaison, la largeur maximum du plateau continental
sénégalais n’est que de 54 milles (Chabanne, 1987).
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La Zone Economique Exclusive (ZEE) de la Guinée est délimitée par un polygone compris
entre 12°50’ et 17°00’ de longitude ouest et 9°03’ et 10°50’ de latitude nord. La frontière
maritime guinéenne, avec la Guinée Bissau au nord, est perpendiculaire à la ligne de côte
alors que celle avec la Sierra Leone suit un parallèle. La surface du plateau est fortement
limitée par ces deux lignes qui convergent rapidement vers le large (Figure 1).
Figure 1: Situation géographique et bathymétrie de la ZEE guinéenne.
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Cette surface est aussi inégalement répartie en fonction de la profondeur et les fonds de 20 à
40 mètres sont les plus étendus (Tableau 1). La pente est très peu accentuée jusqu’à l’ isobathe
de 60 mètres. Elle est de entre 0 et 20 m, et de entre 20 et 60 m de profondeur. Elle
devient nettement plus accusée ensuite avec 6° entre 60 et 180 mètres de profondeur
(Tableau 2).
Tableau 1 : Superficie du plateau continental guinéen ventilée par strate de profondeur
(d'après Fontana (éd.) 1995).
FONDS 0-10 10-20 20-40 40-100 100-200 TOTAL
SURFACE (KM2) 5339 6498 18134 10679 2267 42917
% 12 15 42 25 5 100
Tableau 2 : Largeurs et pentes moyennes caractéristiques des fonds du plateau continental
guinéen (Domain et al., 2000).
1.3. Couverture sédimentaire
Une description détaillée de la couverture dimentaire a été effectuée par plusieurs auteurs
(Longhurst, 1958 ; McMaster & Lachance, 1969 ; Emilianov & Sakho, 1985 ; Emilianov et
al., 1988 ; Domain & Bah, 1993). Le plateau continental guinéen est recouvert de sédiments
principalement constitués de sables moyens et grossiers à teneur généralement faible ou nulle
en carbonates de calcium. La vase se rencontre essentiellement dans la zone littorale. Deux
groupes de faciès caractérisent la couverture sédimentaire :
PROFONDEUR PENTE MOYENNE LARGEUR
0-20 M
20-60 M
60-180 M
20 A 90 KM
40 A 100 KM
30 KM
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- Les faciès à dominante terrigène : Ils sont alimentés essentiellement par les apports
continentaux dus aux cours d’ eau, et par la désagrégation de la roche en place.
Il peut accessoirement exister des apports éoliens provenant du Sahara occidental (Emilianov
et al., 1988). Ces faciès terrigènes occupent la majeure partie du plateau continental. Ils
peuvent être constitués soit de sables quartzeux avec présence fréquente de graviers
latéritiques, soit simplement de vases. Ces vases, d’ origine terrigène, et riches en matière
organique assurent la fertilisation biologique des eaux côtières et contribuent à la grande
richesse halieutique dans cette zone.
- Les faciès à dominante organogène : Ce sont des sédiments dont la fraction
grossière contient une proportion plus ou moins variable de carbonates de calcium (CaCO3)
sous la forme de débris coquilliers ou de squelettes d’algues calcaires.
Ce type de faciès est peu répandu. Il se rencontre d’une part surtout sur la partie est et sud-est
du plateau continental sous le forme d’ îlots isolés qui séparent les paléovallées, d’ autre part
au sommet de la pente continentale à partir de 80 mètres de profondeur. Les teneurs en
CaCO3 sont rarement supérieures à 50%.
1.4. Nature des fonds
Une certaine hétérogénéité de la nature des fonds caractérise le plateau continental guinéen.
Cependant, la répartition des éléments constituant le sédiment permet de distinguer
schématiquement trois grandes zones (Postel, 1955 ; Domain, 1989 ; Domain & Bah, 1993).
Ces zones, d’ importances inégales, se différencient par leur relief, leur profondeur et par la
particularité lithologique des dépôts accumulés.
1.4.1. Fonds de 0 à 20 mètres (zone de la proche bande côtière)
Avec une largeur de 20 à 90 km, cette zone représente la partie interne du plateau continental.
Elle est fortement soumise à l’ influence de la dynamique estuarienne et à l’action des courants
de marée. C’est une zone caractérisée par une sédimentation active de particules fines et de
limons d’ origine fluviatile enrichis en matière organique par les mangroves qui s’ étendent sur
l’ essentiel du littoral. Les fonds y sont constitués de vasières à l’ exception de quelques zones
de faibles extension au voisinage du Cap-Verga, de la presqu’ île de Kaloum et des Îles de
Loos où les fonds deviennent rocheux avec présence de gravier et de sable.
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