1
R. P. Nathan
La lecture juive de la bible
1995. 1996
2
De la mort de Jésus à la destruction du temple de Jérusalem
Destruction du temple de Jérusalem
Docteurs de la loi et pharisiens
Gamaliel
Hillel et Schamm
Infaillibilité
Inspiration de l’Esprit Saint
Johannan-ben-Zakaï
Jonathan-ben-Uziel
Nacis d’Israël
Rabbi Akiba
Rabbi Juda
Phénomènes numériques
Sauts de lettres
Talmud, Mischna et Ghemara
Trois règles d’interprétation (école de Hillel)
Règle de sainteté
Règle de tendresse et de détresse
Règle d’unité d’inspiration
Zohar
Dynamique d’entrée dans l’esprit de l’Ecriture
Quatre sens de l’Ecriture
Pshat, Rémèz, Drash, Sod
Pshat, Rémèz, Drash, Sod
Dynamique en sept moments :
Mickaël, Targum, Haggadah, Mashal, Midrash, Halaka, Cabala( les genres littéraires)
Pratique théologique de la connaissance : Théologie
Alefbet hébreu (Tome 2)
Annexes :
Codes secrets. Kabbalah et infaillibilité . Exégèse phénoménologique de Jean Paul II sur la
Genèse. S’approcher du « O », (cercle parfait de la Révélation). Alefbet et les 21 manières de prier.
Alefbeit et Création de Dieu. Tableaux récapitulatifs de l’alefbeit . LEXIQUE : mots et noms principaux.
3
La lecture juive de la Bible
Introduction aux secrets du paradis
qui est caché dans chacune des lettres de l’alphabet
de même qu’il est caché dans l’ensemble de la Bible
Nous allons commencer l’année de nos thèmes de formation biblique.
Il va s’agir d’apprendre les secrets (c’est un bien grand mot, mais quand même, c’est le mot) les secrets, les
arcanes, les clés de la lecture de l’Ecriture sainte, de la bible.
Comment lit-on la bible d’après la tradition judéo-chrétienne ?
La Bible ne se lit pas n’importe comment, on apprend à lire la Bible.
La Bible ne s’interprète pas n’importe comment, il y a des raisons formelles de lecture.
Nous disons que l’Esprit Saint est l’auteur premier des Ecritures. Cela fait partie de la doctrine catholique, c’est un
élément de foi chrétienne et juive. Une certitude de la foi que certaines recherches d’ordre scientifique ou
informatique viennent confirmer (voir Annexe : Recherches sur les sauts de lettres équidistants).
Nous constatons que le Seigneur a bien voulu une coopération de l’intelligence humaine pour prouver que le
phénomène des Stes Ecritures relève d’une intervention qui dépasse largement les capacités humaines : elles
relèvent du surnaturel, sans pour autant que l’on puisse prouver le fond même du dogme. Le résultat tout à fait
inattendu et étonnant de ces analyses informatiques ne prouve absolument pas que l’Esprit Saint est l’auteur
premier des Ecritures, il ne prouve absolument pas le fond du dogme de l’inspiration littérale des Ecritures.
L’Exégèse rabbinique ou littérale ira donc beaucoup plus loin que toutes les curiosités impossibles de ces travaux,
pour nourrir une Science de Dieu se dévoilant Lui-même par Révélation écrite, pour vivifier divinement une foi
lumineuse qui relève de l’ordre surnaturel.
Quand le Seigneur a parlé à Moïse, non seulement il a donné l’Ecriture, mais en plus il a évidemment et
heureusement donné le moyen de pénétrer ce que cette écriture contient. Nous lisons la bible, mais le mode
d’emploi, que Dieu nous a indiqué à travers la Tradition … nous échappe.
Nous sommes un petit peu handicapés face à la bible et à la manière chrétienne d’aborder la bible. Nous savons
certes que la bible vient de Dieu, qu’elle est révélée par Dieu, que nous possédons avec elle le seul texte religieux
de l’humanité qui ait été donné directement de Dieu à ses inspirés. Il est venu de Dieu par la médiation d’un certain
nombre d’hommes choisis, mais il n’y a qu’un seul inspirateur, qui a inspiré divers inspirés pour faire un seul texte.
Moïse, le premier inspiré dont l’inspirateur se soit servi, est à l’origine de la Torah. La Torah représente les 5
premiers livres de la bible (la Genèse, l’Exode, le Lévitique, le Livre des Nombres, et le Deutéronome) et 1250 ans
se sont écoulés entre la date à laquelle Moïse a reçu la Torah, et la date à laquelle les derniers passages de
l’Ancien Testament, les prophètes, ont été reçus. Le livre d’Esdras, par exemple, doit pouvoir se dater un petit peu
avant les derniers prophètes, environ 420 ans avant Jésus Christ.
En tout cas il n’y a qu’un seul inspirateur qui s’est saisi de nombreux inspirés pour faire un seul texte uniforme.
Phénomène unique dans l’histoire de l’humanité. Il y a des passages qu’on trouve dans les psaumes 1000 ans avant
Jésus Christ (David), qui sont inexplicables dans la cohérence, dans l’ensemble du texte, sans la présence de textes
qui vont venir ultérieurement. Et réciproquement, bien sûr, il y a des textes ultérieurs qui sont inexplicables sans la
présence de textes antérieurs, mais cela est plus facile à comprendre. On s’appuie, et je suis tout à fait d’accord, sur
ces recherches par l’informatique aujourd’hui qui nous montrent que les moindres lettres, les moindres mots du
début jusqu’à la fin de l’Ancien testament ont des cohérences internes, qui ne s’expliqueraient pas sans la présence
de textes qui se trouvent révélés en de tout autres livres de la Ste Ecriture, et à des époques toutes différentes.
Autrement dit, c’est exactement comme s’il y avait eu un seul auteur, tout le temps, de 1250 à 420 avant Jésus
Christ, vous voyez bien cela fait 830 ans de différence. Pour le Nouveau Testament, ce n’est pas moi qui vais vous
4
apprendre que les Evangiles datent d’environ 50 après Jésus Christ, et l’Apocalypse, environ 90 après Jésus Christ.
Total : 1340 ans pour construire le texte de l’ensemble de la bible (1335 est un chiffre que l’on va retrouver ailleurs
dans la bible, dans l’Apocalypse). Curieux, ce poids donné à cette grande période de la Révélation Ecrite.
Nous avons donc ce texte qui est très mystérieux : la Révélation.
Seulement pour aller trouver là dedans les secrets qu’il contient et qui sont là, il va falloir lire la Parole de Dieu par la
foi.
Si je la lis avec mon intelligence humaine, je ne pénètrerai jamais dans la Parole de Dieu.
C’est un livre qui se comprend, c’est un livre qui se reçoit, c’est un livre dans lequel on rentre d’une manière
différente de tous les autres livres. Si je le lis directement et subjectivement, il m’échappe dans son fond principal et
divin.
Le Nouveau Catéchisme de l’Eglise Catholique, sorti en 1992, nous dit que l’Ecriture possède quatre sens, quatre
grandes significations principales, quatre angles de lecture. Le petit enfant de neuf ans qui fait son catéchisme
connaît par cœur ces quatre angles de lecture : l’Histoire sainte, la Parole de Dieu, la Volonté de Dieu, et les
Mystères profonds de Dieu. Les adultes le savent beaucoup moins, parce qu’ils sont trop influencés par les
interprétations humaines. Mais aujourd’hui nous ne voulons plus nous moquer plus longtemps de la Tradition divine.
Voici ce que dit le Nouveau Catéchisme à propos de la manière d’interpréter la Bible, dans le paragraphe sur le
Credo : C’est le Saint Esprit qui inspire les Ecritures ; par conséquent, on ne lit pas la Bible comme si ce n’était pas
l’Esprit Saint qui était l’Auteur principal de l’Ecriture :
‘‘Article 3 La Sainte Ecriture
I. Le Christ - Parole unique de l’Ecriture sainte,
II. Inspiration et vérité de la sainte Ecriture, Dieu est l’auteur de l’Ecriture sainte,
III. L’Esprit Saint, interprète de l’Ecriture sainte : les sens de l’Ecriture : Selon une ancienne tradition, on
peut distinguer deux sens de l’Ecriture : le sens littéral et le sens spirituel, ce dernier étant subdivisé en
sens allégorique, moral et anagogique. La concordance profonde de quatre sens
1
assure toute sa richesse
à la lecture vivante de l’Ecriture dans l’Eglise :
Le sens littéral. C’est le sens signifié par les paroles de l’Ecriture et découvert par l’exégèse traditionnelle
qui suit les règles de la juste interprétation.
Le sens spirituel. Grâce à l’unité du dessein de Dieu, non seulement dans le texte de l’Ecriture, mais aussi
les réalités et les événements dont il parle peuvent être des signes.
1. Le sens allégorique. Nous pouvons acquérir une compréhension plus profonde des événements en
reconnaissant leur signification dans le Christ ; ainsi, la traversée de la Mer Rouge est un signe de la victoire
du Christ, et par-là du Baptême
[et donc un signe de notre pénétration dans la mort et dans la résurrection du
Christ. Le sens allégorique indique dans tous les textes une prophétie du Messie, le Christ. Tous. Pas un seul texte
n’échappe à cette possibilité d’interprétation].
2. Le sens moral. Les événements rapportés par l’écriture doivent nous conduire à un agir juste [c’est à dire
qu’ils nous indiquent comment nous allons pouvoir vivre et permettre au Christ d’imprégner nos actes, du point de
vue moral : nos vertus, nos actes seront ceux du Christ], ils ont été écrits ‘‘pour notre instruction’’ (1 Co 10, 11) ;
3. Le sens anagogique. Il est également possible de voir des réalités et des événements dans leur
signification d’éternité, nous conduisant (en grec : anagoge) vers notre Patrie. Ainsi, l’Eglise sur Terre est
signe de la Jérusalem céleste [ en ce sens, l’anagogique indique qu’à chaque fois que l’on parle de quelque chose
dans l’Ecriture, cela nous révèle quelque de l’éternité, de Dieu en Lui-même, du Christ en Gloire ].
En un mot, finalement : le Christ corporellement, le Christ en lui même, le Christ en moi, le Christ dans la Gloire vont
faire le fond des quatre sens de l’Ecriture.
‘‘Un distique médiéval
2
résume la signification des quatre sens
3
:
- le sens littéral enseigne les événements [la manière dont la Très Sainte Trinité (Père, Fils et Saint Esprit) se
1
Pour connaître un corps, il faut le voir sous l’angle de la terre, de l’air, du feu et de l’eau, il faut prendre les quatre sens ensemble, et l’on a la
signification cinquième qui est la signification principale.
2 C’est à dire un petit poème que les gens apprenaient par cœur au Moyen Age.
3 Au Moyen âge, tout le monde savait cela.
5
manifeste et se dévoile maintenant et actuellement à chacun d’entre nous directement dans un langage
d’hommes]
- l’allégorie ce qu’il faut croire [il faut croire au Christ]
- le sens moral ce qu’il faut faire,
- l’anagogie vers quoi il faut tendre [ce que nous vivront éternellement].’’
C’est joli, c’est très joli, c’est le catéchisme !
Vous voyez qu’il est bien pensé, n’est-ce-pas ?
Tel est notre sujet, en définitive très élémentaire. Un fidèle qui n’aurait pas entendu parler de cela risque fortement
de ne pouvoir commencer à nourrir sa foi.
Le premier sens littéral se détache nettement du second type de sens : le sens spirituel.
Le sens littéral le conditionne cependant, incarnant jusqu’à chaque lettre une signification vélée. La place de
chaque lettre par rapport à la lettre suivante a une signification profonde. Littéralement, chaque mot a également une
signification cachée. Le mot dans son contexte, par rapport à tous les autres mots, a lui-même sa propre
signification et clôture tout le phénomène du contexte qui permet au Saint Esprit de parler et de dire quelque chose,
littéralement parlant.
Il y a donc une exégèse biblique, qui se distingue d’une exégèse athée : Exegomaï.
Comment allons-nous connaître la Bible ?
Dieu nous a envoyé son Fils, et nul ne connaît le Père, sinon son Fils. Le Christ : Lui, nous a fait connaître le Père
(vous vous rappelez ce passage au début de l’Evangile de St Jean, chapitre 1, verset 18 : c’est le seul endroit où il y
a le verbe Exegomaï).
C’est Jésus, l’exégète de l’écriture. Jésus, le Messie, le Fils nous permet de faire l’exégèse de la parole du Père.
Le sens littéral, c’est l’exégèse.
C’est le sens signifié par les paroles de l’Ecriture découvert par l’exégèse qui suit les règles de l’interprétation juste.
L’interprétation juste est une interprétation ajustée à l’origine de l’Ecriture, qui garde donc à l’esprit que c’est la
paternité du Père qui parle dans son Verbe, et qui permet à l’Esprit Saint d’y inspirer les prophètes. Nous voyons par
là qu’il faut rester présent à la Très Sainte Trinité pour pouvoir faire une véritable exégèse. C’est très ennuyeux pour
les exégètes qui prennent comme unique instrument les méthodes philologiques, positivistes et historico-critiques.
Le sens spirituel se divise quant à lui, et pour cette même raison, en trois grandes directions vivifiantes : le sens
allégorique, le sens moral et le sens anagogique.
Grâce à l’unité du dessein de Dieu, non seulement le texte de l’Ecriture, mais aussi les réalités et les événements
dont il parle, vont être des signes : non seulement l’Ecriture va dire littéralement que la Très Sainte Trinité se
manifeste à nous directement, mais en plus les langages de l’écriture (que ce soit les événements, les mots, ou les
lettres) vont être pour nous, à chaque fois, des signes. Ils vont nous signifier quelque chose. Ils vont nous signifier
allégoriquement quelque chose, ils vont nous signifier moralement quelque chose, ils vont nous signifier
anagogiquement quelque chose.
Voila les quatre sens de l’Ecriture : littéral, allégorique, moral, anagogique.
Cette théologie des quatre sens réfère à une tradition juive qui date de Moïse : dès Moïse il y a quatre manières
d’interpréter l’Ecriture.
Nous allons voir ces quatre manières d’interpréter l’Ecriture, qui correspondent à ces quatre sens-là, tout en étant
quand même surélevés par notre participation directe à la grâce chrétienne à un centuple ouvert par le « glaive à
double tranchant ». De sorte que nous trouverons huit manières de lire l’Ecriture : manière mosaïque, judaïque,
hébraïque et messianique, et leur transfiguration chrétienne.
Au plan culturel, nous devons nous rappeler également qu’à partir du 17
ème
siècle, il n’y a pas tellement longtemps,
on a abandonné théologiquement les quatre sens de l’Ecriture.
Les théologiens catholiques ont abandonné la théologie des quatre sens de l’Ecriture : la théologie du 18
ème
, 19
ème
et
1 / 131 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !