(1) Quel est l`"axiome métaphysique"

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CORRIGE DES 9 QUESTIONS SUR LES COURS « PHILOSOPHIE » ET « MATIERE »
(1) Quel est l'"axiome métaphysique" commun à tous les métaphysiciens de tous le temps? Qui en parle? Où, Quand?
L' « axiome métaphysique » commun à tous les métaphysiciens de tous le temps est « tout est un ». C’est Nietzsche qui en
parle en ces termes à propos du « tout est eau » de Thalès. Il en parle dans « La philosophie à l’époque tragique des grecs » datant
du 1873-1875
(2) Qu'est-ce que la "Métaphysique?" (Cours Philo, §3.1)
La Métaphysique est cette branche de la philosophie – pour René Descartes les « racines » de son arbre – qui s’occupe du
principe ultime de tout ce qui est, en prétendant en faire l’objet spécifique d’une science à part entière : « la science de l’être en
tant qu’être », selon l’expression d’Aristote, ou Ontologie . Elle cible la donc Nature des choses, leur Substance absolue, la Vérité
commune à tout ce qui existe, afin de la décrire en soi et dans ses traits essentiels
(3) Qu'est-ce qui il en est de la Philo, lorsque l'on ne croit pas à la possibilité d'une Métaphysique? (cours Philo §3.2)
Lorsque l’on pense qu’aucune métaphysique n’est possible, c'est-à-dire que l’être « en soi » ne peut être l’objet spécifique
d’aucune science, alors la philosophie – qui toutefois reste bien une recherche de la vérité avec les moyens de la raison – devient
plutôt une pratique « négative » de cette même recherche : elle se fait donc critique de l’ensemble des autre sciences (discours
métascientifique) et par là même conscience critique de son époque. Lorsque cette négativité atteint son sommet, cela donne lieu à
une antimétaphysique qui est en réalité une métaphysique non pas de l’Etre mais du Néant – le « nihilisme » – qui obéit pour ainsi
dire à l’axiome « tout est néant », et lutte avec acharnement contre l’idée même qu’une Vérité ultime puisse exister et être connue.
(4) Donne une définition générale de "Substance" (Matière §1)
Le mot « substance » signifie « ce qui est installé par-dessous » : le substrat, le su(b)jet. La Substance est donc le fond de la
chose ; ce qui, d’une chose existe vraiment ; son être au sens propre ; ce qui de la chose « est » au-delà de toute apparence, et qui
demeure identique et permanent en deçà de tout changement.
(5) Explique la Substance comme (A) ce qui est sousjaçant aux attributs et (B) L'unité de la Transformation (exemples
faits en classe)
(A) La « substance » d’une chose est ce qui est sousjaçant à ses « attributs ». « Voilà du blanc ! » signifie incontournablement :
« voilà une chose [substance] blanche [attribut] » car que nous le sachions ou pas, dès que nous appréhendons cette ou cette forme
du monde (cette blancheur, cette pesanteur etc.) les yeux de notre esprit ciblent la substance à la quelle de telles formes sont à
« attribuer ».
(B) L’unité de la Transformation. « Cette plante », ou « cet homme » signifie l’unité de la suite entière des transformations,
potentiellement infinies, que cette entité que nous avons devant nous peut subir tout au long de son existence phénoménale :
graine, graine en voie de germination souterraine, petite plante, plante moyenne, arbre etc. etc. etc.
(6) Explique la notion de Substance/Sujet comme Matière, en te servant du "morceau de cire" de Descartes. (Matière §.1)
La notion de Substance a, selon Aristote, plusieurs sens (quatre) dont l’un est – comme nous venons de le dire en (4) – le
« Sujet ». Or la notion de Substance comme Sujet est à son tour concevable à la fois comme « matière » [dans la statue : l’argile],
comme « Forme » [la forme humaine de cette même statue] et comme « Synholon » [la statue entière].
Le célèbre passage de la IIe Méditation de Descartes qui nous décrit la suite de transformations subies par un morceau de cire
« approchée au feu » nous offre un exemple parfait de ce que cela signifie que « dans un sens la substance est la matière ».
Lorsque nous assistons à la liquéfaction d’un morceau de cire solide, nous voyons bien que, sousjaçant à tous les « attributs » qui
s’entresuivent devant nous, « installée, donc, par-dessous » leur changement incessant, c’est bien la «cire » – la matière du
morceau en question, – qui demeure identique à elle-même. En ce sens, donc, la substance de quelque chose est sa matière.
(7) Qu'est-ce que la Khora de Platon? (utilise la notion de passage du "micro" au "macro-Cosmos") (Matière §1.1(B))
La Khora de Platon – une notion qui apparaît dans le Timée – est la « mère du monde », la « matrice » de tout ce qui dans le
monde existe comme forme-douée-d’une matière/matière-douée-d’une forme).
Rappelons-nous que même le mot « matière » – latin materia – nous renvoie à la Mère, la Matrice Originaire de tout ce qui
dans le monde est doué d’une naissance, et donc d’un mort. Or la Khora chez Platon répond – mais au niveau « macrocosmique »
– précisément à la même idée de matière que nous avons vue – au niveau « microcosmique » – chez Descartes, avec l’exemple du
morceau de cire. Platon utilise une image tout à fait homogène, en nous décrivant les changements incessants et rapides d’un
lingot d’or. Dans ce cas aussi, c’est bien l’or – la matière – qui demeure identique à lui-même en deçà de tous les changements de
forme qu’il subit. Platon élargit donc ce regard au Macrocosme, c’est dire à la Totalité du Cosmos : comme si l’entière étendue de
l’Univers était un immense lingot d’or/morceau de cire constitué d’une seule et unique Matière Première (ici, comme chez
Descartes et Einstein coïncidant avec l’Espace) d’où toutes les formes jaillissent et où elles vont tôt où tard se résorber. La Khora
est donc la Matière/Mère du Monde, l’Espace infiniment accueillant où toute les choses ont « lieu », mais aussi l’énergie
primordiale, la Fécondité Originaire qui donne naissance et nourriture à tous les êtres. Elle-même est par conséquent dépourvue de
toute forme car à cette seule condition elle peut à la fois les accueillir toutes et les enfanter de son sein infiniment fécond.
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(8) Explique la notion de Substance/Sujet comme Forme, avec l'exemple de l'homme (ou du chêne) qui se développe
(Matière §1.2)
Dans un autre sens, nous dit Aristote, la Substance/ Sujet est « Forme ». Pour comprendre ces mots considérons la matière non
pas d’une statue, d’un morceau de cire ou d’un lingot, mais celle dont un être vivant est fait. Un homme, par exemple, plutôt que
la statue d’un homme. Dans ce cas aussi, nous assistons sans doute à un processus de trans-formation : un « même homme » est
d’abord conçu dans l’utérus de sa mère, où il commence à se transformer – à métamorphoser – d’une façon bien plus radicale que
celle que peut subir un morceau de cire. Rien ne reste identique pendant cette trans-formation, et toutefois nous disons qu’il s’agit
du même homme. Dans ce cas c’est bien la forme humaine, que nous distillons, lorsque nous voulons indiquer que cette « forme de
vie » est un seul et même homme. Rapporté au cas de la cire ou de l’or, l’être vivant nous impose donc un phénomène tout à fait
opposé : celui d’une trans-formation qui est en réalité une « trans-matérialisation». Un même homme – une même forme humaine
– mange, boit, grandit… en changeant sans cesse sa matière constitutive : il ne faut que 7 ans de processus métaboliques pour que
notre organisme se débarrasse totalement de la matière qui le compose à un moment donné. A la différence du morceau de cire de
Descartes et du lingot d’or de Platon donc, ici c’est la forme qui reste : ce n’est que la matière du corps qui change. L’exemple des
êtres vivants est donc très efficace pour montrer en quel sens Aristote affirme qu’entre la « matière » et la « forme » c’est bien
cette dernière qui prime ontologiquement (=qui a la primauté en termes de « degrés d’être »), et qui constitue l’essence, l’être
substantiel de ce qui existe : car c’est à elle d’actualiser et de dominer cette « matière première » informe qui, seule, n’est qu’un
état chaotique de pure potentialité sans visage ni orientation.
(9) Qu'est-ce que cela signifie que l'identité d'une chose n'est pas homogènement répandue sur la totalité de son
extension ontologique? (Fais des exemples) (Matière §1.3)
Toute chose, nous l’avons bien vu, est faite de « substance » et d’ « attributs ». Or ce qu’une chose est, son identité propre, sa
substance donc, se concentre, se condense pour ainsi dire, dans ce point de son « espace ontologique » – l’ « étendue entière de
son être » – où nous repérons en effet son identité proprement dite. Par exemple, nous voyons un certain être vivant devant nous,
et nous ne disons pas « voilà un une masse de matière gravitationnelle » même ci cette même masse fait sans aucun doute partie
de l’ « extension de son être » (il est sans aucun doute aussi une masse etc.). Nous disons plutôt : « voilà un homme », en
concentrant notre attention, donc, seulement dans cette partie de son être (sa forme humaine) où se concentre son identité la plus
propre.
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