
Conversion et engagement social et politique 
 
Organisateurs : 
Géraldine Mossière, Faculté de théologie et de sciences des religions, Université de 
Montréal 
Christophe Monnot, Université de Lausanne Institut de sciences sociales des religions 
contemporaines (ISSRC) et Arbeitsgruppe für Empirische Religionsforschung, Université de 
Berne 
Loïc Le Pape, IDEMEC (Institut d'ethnologie européenne, méditerranéenne et comparative, 
AMU-CNRS) 
 
 
Les phénomènes d’individualisation et de mobilité religieuses contemporains ont fait des 
conversions  un  archétype  des  mutations  des  sociétés,  concentrées  dans  les  registres 
spécifiques  du  social  et  du  symbolique.  Le  phénomène  jouit  pourtant  d’une  grande 
profondeur historique, et a traditionnellement été abordé comme le fruit d’un rapport de 
pouvoir entre groupes majoritaire et minoritaire, mené dans le cadre de conflits guerriers, 
de compétitions économiques ou d’invasions culturelles (islamisation, évangélisation, etc.). 
Dans les années 1970, l’apparition des nouveaux mouvements religieux (NMR) au sein de 
sociétés sécularisées a suscité de nouvelles approches axées sur les facteurs sociologiques 
et psychologiques pouvant expliquer les changements de religion, les diverses tentatives de 
systématisation  du  geste  de  conversion  s’appuyant  parfois  sur  l’hypothèse  de  fausse 
conscience du converti. D’autres études se sont intéressées aux conversions évangéliques, 
particulièrement sous l’angle du récit de conversion et de l’usage de standards discursifs. 
Récemment,  la  pluralité  des  sociétés  modernes  forçait  à  considérer  les  changements  de 
religion comme un des multiples avatars de la diversité religieuse. Activée par les brassages 
d’idées et de populations permises par la globalisation, la conversion amène à réorganiser 
les  liens sociaux :  l’appartenance  se construit  et  se raconte  au  sein  d’un  nouveau  groupe 
doté  de  structures  et  de  modes  de  différenciation  spécifiques  tandis  que  les  frontières 
sociales se redessinent autour de nouveaux marqueurs.  
Peu  d’études  ont  examiné  le  changement  de  vision,  d’idéal  et  d’agir  social  que  la 
modification  de  croyances  et  de  pratiques  religieuses  du quotidien  pouvait  induire.  Il  ne 
s’agit pas ici de focaliser sur la radicalisation comme figure contemporaine de la conversion 
dans un monde fluide, mouvant, impalpable et contradictoire (elle n’en représente qu’une 
forme marginale quoique frappante). Nous proposons de comprendre la conversion comme 
le produit d’un contexte social dont les convertis se pensent et se décrivent comme vecteurs 
de changement. Notre lecture de la conversion religieuse articule donc les motivations aux 
intentions  sociales,  tout  comme  les  récits  de  vie  articulent  biographie  personnelle  et 
intégration  dans  une  communauté  (qui  peut  être  idéelle).  Si  l’analyse  englobe,  sans  s’y 
limiter, les conversions à l’islam et les phénomènes de radicalisation, elle vise avant tout les 
contextes, idéaux, activismes, isolements sociaux et récits qui gravitent autour de l’adoption 
d’une  nouvelle  religion.  En  somme,  l’atelier  que  nous  proposons  apportera  un  regard 
critique face aux significations politiques et sociales qu’endossent les gestes de conversion, 
dans leur variabilité et complexité.