PHILOSOPHIE LE MONDE DE SOPHIE Jostein Gaardner Seuil

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PHILOSOPHIE
LE MONDE DE SOPHIE
Mythes
Jostein Gaardner
Seuil
Récits sur les dieux, qui cherchent à expliquer les phénomènes naturels et humains.
Exemples :
- Thor et son marteau sur son char qui provoque l’orage et la pluie, et la fuite des
Trolls (géants)
Les Vikings concevaient le monde comme une île : Midgard, au delà se trouvant
Utgard, où habitent les Trolls. Åsgard était la résidence des dieux.
Les Trolls veulent détruire Migdard en enlevant la déesse de la fertilité Freya.
- Odin
- Freyr et Freya
- Hod
- Balder
- ...
Mythes Grecs :
- Zeus et Apollon
- Hera et Athéna
- Dionysos et Asclépios
- Héraclès et Héphaïstos
- ...
Vers 700 avant J.C., Homère et Hésiode ont retranscrit de nombreux mythes grecs.
1ers
philosophes
grecs
Appelés "les philosophes de la nature" (puis ultérieurement "présocratiques").
Philo-sophe = qui cherche à atteindre la sagesse
Xénophane, premier regard critique sur le mythe : les hommes ont crées les dieux à
leur image.
⇒ Croyaient en l'existence d'une "substance élémentaire", à l'origine des
métamorphoses de la vie.
⇒ Cherchaient à comprendre la nature en l'étudiant elle même, sans avoir recours aux
dieux
Thalès (Milet)
Premier philosophe dont nous ayons entendu parler. Originaire de Milet, colonie
grecque en Asie mineure. 1er d'une série de 3 philosophes de cette ville.
⇒ L'eau est à l'origine de toute chose
⇒ Tout est rempli de dieux
Il aurait calculé la hauteur d'une pyramide en mesurant l'ombre, et aurait prédit une
éclipse en 585 av. J.C.
⇒ La terre est remplie de « germes de vie » invisibles.
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Anaximandre
Vécut à Milet.
⇒ Notre monde n'est qu'un monde parmi d'autres.
⇒ Il a son origine et sa fin dans l' « infini », c.a.d. l'illimité (il ne s'agit pas d'un
élément connu comme chez Thalès).
⇒ Ce qui est à l'origine de tout est différent de ce qui se créé.
Anaximène
⇒ L'air ou le brouillard est à l'origine de toute chose.
(570-526 av. ⇒ L'eau est de l'air concentré ; la terre de l'eau concentrée ; le feu de l'air raréfié
J.C.)
⇒ Tout, la terre, l'eau, et le feu avaient pour origine l'air
Problème du
changement
Les 3 philosophes de Milet pensaient qu'il existait une seule substance à l'origine du
monde. Mais comment une seule matière pouvait donner autant de différences ?
Eléates –
Cette question est celle que se pose les Eléates, philosophes d'une colonie grecque
(Elée) au sud de l'Italie. Le plus connu : Parménide.
Parménide
(env. 515- 450 ⇒ Tout ce qui existe a toujours existé (pensée fort répandue chez les grecs).
av. J.C.)
⇒ Rien ne naît de rien (ce qui n'est pas ne peut devenir quelque chose).
⇒ Rien ne peut devenir autre chose que ce qu'il est.
Ses sens lui montraient la nature en changement perpétuel, mais sa raison lui tenait un
autre discours. Il préférait se fier à sa raison plutôt qu'à ses sens.
⇒ Les sens donnent une fausse image du monde (la trahison des sens)
----> Rationalisme (foi inébranlable en la raison)
Héraclite (540- Originaire d'Ephèse (Asie mineure)
480
⇒ Tout change constamment de forme. « Tout s'écoule »
av. J.C.)
Nous ne pouvons descendre 2 fois le même fleuve. La 2ème fois, le fleuve a changé, et
nous aussi.
⇒ Il a mis l'accent sur les oppositions inhérentes au monde :
Sans maladie on ne sait ce qu'est la santé
faim
joie de manger
guerre
paix...
⇒ Le bien et le mal ont leur place nécessaire dans l'ordre des choses
⇒ Le monde n'existerait pas sans ces contraires
« Dieu est le jour et la nuit, la guerre et la paix, la faim et la satiété » (le terme "Dieu"
ne fait pas référence aux mythes)
⇒ Dieu ou le divin est quelque chose qui englobe le monde entier
⇒ Dieu se manifeste dans les transformations et les contrastes de la nature
A la place de Dieu, il emploi le terme grec "logos" (= raison). Il doit exister une
« raison (ou loi) universelle ». Cependant, il pense que chacun n'en fait qu'à sa tête.
⇒ Derrière toutes les transformations et oppositions de la nature, il voit une unité ou
un tout : ce quelque chose, il l'appelle "Dieu" ou "logos"
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Opposition
Héraclite /
Parménide
Parménide = Rien ne peut se transformer
Nos sens sont trompeurs
Héraclite = Tout se transforme
Nos sens sont fiables
Empédocle
(490- 430
av. J.C.)
Empédocle, originaire de Sicile a dit qu'ils avaient raison sur 1 point, tort sur 1 point. Il
n'y a pas une substance unique à l'originaire de tout. Le fossé entre ce que l'on voit et
ce que notre raison nous dit serait infranchissable. Parménide avait raison : rien ne
peut se transformer.
⇒ La nature dispose de 4 socles : la terre, l'air, le feu et l'eau.
Tout ce qui se meut dans la nature est dû au mélange et à la séparation de ces 4
éléments (séparation à la mort).
Mais une question qu'il ne s'est pas posé, pourquoi ces éléments s'assemblent pour
créer la vie ?
⇒ Deux forces sont à l'oeuvre dans la nature : l'amour (qui unit) et la haine (...)
⇒ Il fait la distinction entre « élément » et « force »
⇒ Il souleva le problème du phénomène de perception (la vision). Les yeux seraient
composés d'air, de terre, de feu et d'eau. La terre dans l'oeil perçoit l'élément terre
dans ce que l'on voit, etc. Si un seul élément fait défaut à l'oeil, on ne peut voir la
nature dans son intégralité. (P54)
Anaxagore
(500 – 428 av.
J.C.)
1er philosophe d'Athènes (originaire d'Asie mineure).
⇒ N'admet pas qu'une substance (ex : l'eau) puisse se transformer en tout ce que nous
voyons (eau/terre/feu/air => os et sang ?)
⇒ La nature est formée de minuscules morceaux invisibles à l'oeil : les « graines » ou
« germes ».
Tout peut se diviser en parties plus petites, mais dans chacune d'elles il y a une
fraction du tout. Il y a de la peau et des cheveux dans ce que nous mangeons...
Il concevait une sorte de force qui "structure" et donne force aux êtres humains, aux
animaux, fleurs et arbres. Cette force il l'appelait l' « intellect » ou « intelligence »
(mot grec "nous").
Passionné d'astronomie : "tous les corps célestes sont formés de la même façon que la
terre", "la lune n'éclaire pas seule, mais reçoit la lumière de la terre". Il expliqua le
phénomène des ellipses.
Fut accusé d'athéisme (le soleil n'est pas un dieu mais une pierre chauffée), et dû
quitter la ville.
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Démocrite
(460 – 370 av.
J.C.)
"Lego"
Originaire d'Abdera (ville côtière au nord de la mer Egée)
Les changements de la nature ne sont pas la conséquence d'une réelle transformation.
⇒ Tout est constitué de minuscules éléments de construction (atomes) éternels,
immuables et indivisibles. « Lego »
⇒ Il y a différents atomes, une infinité même.
Quand un corps (ex : un animal, un arbre) se décompose, les atomes se dispersent pour
former de nouveaux corps.
⇒ Les atomes ont des "crochets" pour s'attacher les uns aux autres.
Il ne faisait appel à aucune « force » ou « esprit » pour expliquer les phénomènes
naturels. Il ne croyait qu'à ce qui est naturel : Matérialiste.
La théorie de l'atome explique nos perceptions : nous recevons des atomes de l'objet
que l'on voit.
⇒ L'âme est composée d'atomes spécialement ronds et lisses. Elle n'est pas
immortelle. Tout s'écoule. Les formes vont et viennent.
Destin,
Oracles
Les grecs avaient toujours cru à la fatalité dans les domaines de la maladie et de la
santé. Croire au destin veut dire que tout est décidé à l'avance. Ils croient avoir accès à
la connaissance de leur destin par les oracles (réponse d’une divinité qu’on interroge),
comme celui de Delphes dont Apollon était le dieu. Apollon parlait par l'intermédiaire
de Pythie, sa prêtresse.
Au dessus du temple de Delphes l'inscription célèbre : "Connais-toi toi même".
Les hommes rattrapés par leur destin : c'est l'objet de nombreuses pièces de théâtres :
les tragédies (ex : Œdipe).
Science de
l'Histoire
Hérode
(484 – 424 av.
J.C.)
Thucydide
(460 – 400)
Les philosophes grecs tentent de trouver une explication rationnelle, des causes
naturelles, aux phénomènes naturels, au déroulement de l'histoire. Les plus connus
furent Hérode et Thucydide.
Médecine
Hippocrate
(env.460
av. J.C.)
Pour les grecs, la maladie est le fait des dieux. La guérison également, à condition de
faire des sacrifices.
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Le fondateur de la médecine passe pour être Hippocrate, natif de l'île de Cos. Pour lui
la meilleure défense contre la maladie consistait à vivre simplement et de manière
mesurée. La maladie est liée à un déséquilibre corporel ou spirituel.
« Un corps sain dans un esprit sain ». Serment Hippocrate : « Je jure (…) que
j'exercerai mon art dans l'innocence et la pureté (…). Si je rempli ce serment, qu'il me
soit donné de jouir heureusement de la vie (…) si je le viole puissé-je avoir un sort
contraire »
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Sophistes
à partir de 450
av. J.C.
Athènes devient la capitale culturelle du monde grec.
A l'analyse physique du monde succède l'étude de l'homme et sa place dans la société.
Une démocratie avec des assemblées et des juges populaires vit le jour. Chez les
Athéniens, la maîtrise du discours (la rhétorique) est essentielle. Une vague de
professeurs et philosophes itinérants déferle sur Athènes.
Sophiste = personne cultivée et compétente.
Les sophistes critiquent la mythologie.
⇒ L'homme ne peut pas trouver de certitudes concernant les énigmes de la nature et
de l'univers : scepticisme
⇒ Nous sommes des hommes et devons apprendre à vivre ensemble.
⇒ Pas de normes pour le vrai et le faux.
Protagoras
(env.
485 – 410
av. J.C.)
« L'homme est à la mesure de toute chose » (Protagoras). C'est à dire que le bien et le
mal doivent être jugés en fonction des besoins de l'être humain.
⇒ Difficile de savoir si un dieu existe : agnostique.
Les sophistes aimaient voyager, comparer les différents types de gouvernement, les
mœurs, coutumes, lois.
Ils lancèrent le débat sur ce qui est déterminé par la nature, et par la société (pudeur :
naturelle = innée ou fait de société?).
Socrate
470 – 399 av.
J.C.
1er philosophe né à Athènes. Personnage énigmatique, qui eut une grande influence sur
la pensée européenne. Il entraîna un bouleversement pour ses congénères, un
changement radical dans la nature du projet philosophique.
A sa mort il fut considéré comme fondateur de nombreuses écoles de philosophie,
pourtant fort différentes. Sa vie est connue grâce à un de ses élèves : Platon qui écrivit
en se servant de Socrate comme porte parole (donc difficile de distinguer ce qui est
propre à chaque).
Passa son temps à s'entretenir avec des gens en ville ("les arbres ne m'apprennent
rien"). Il était laid "comme un pou". Il affirmait entendre en permanence une voix
divine. Il protesta quand on lui demanda de participer à la condamnation à mort de
concitoyens, refusa de divulguer les noms d'opposants politiques.
⇒ Rationaliste (croit en la raison de l'homme)
⇒ Comment vivre heureux ? Impossible d'être heureux si on agit contre ses
convictions, Qui sait comment être heureux fera tout pour l'être (qui souhaite être
malheureux ?). Celui qui sait ce qui est juste fera ce qui est juste.
⇒ La vraie connaissance vient de l'intérieur, l'homme a les réponses en lui.
⇒ Tenta de montrer que certaines normes sont absolues et valables pour tous
(contraire à ce que pensaient les sophistes)
⇒ Refusait d'être payé pour son enseignement
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⇒ Il ne cherchait pas à enseigner, mais donnait l’impression de chercher à apprendre
de ses interlocuteurs, faisait semblant de ne rien savoir (l’ironie de Socrate). A la
différence des sophistes, ne se considérait pas cultivé. Il s’arrangeait pour que
l’autre découvre petit à petit les failles de son raisonnement. Il faisait accoucher les
pensées juste (sa mère était sage-femme…). Son interlocuteur était obligé de
distinguer le vrai du faux, et était parfois ridiculisé…
⇒ Fût condamné à mort (par poison) à cause de son activité philosophique, accusé
d’introduire de nouveaux dieux, et de corrompre la jeunesse. Affirmant agir pour le
bien social, il ne voulu pas demander grâce : sa conscience et la vérité au dessus de
sa vie…
« Il fit descendre la philosophie du ciel, la laissa vivre dans les villes, entrer dans les
maisons en contraignant les hommes à réfléchir à la vie, aux mœurs, au bien et au
mal » (citation de Cicéron, philosophe romain, quelques siècles plus tard).
Le vrai
philosophe
Un vrai philosophe est conscient qu’il sait fort peu.
Il essaie sans cesse d’atteindre la vraie connaissance, souffre de son ignorance, fait
preuve de plus d’intelligence que ceux qui se vantent de tout connaître.
« La plus intelligente est celle qui ne sait pas ».
« Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien » (Socrate).
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Platon
(427 – 347 av.
J.C.)
Académie
"Cache –
cache
dans
le noir"
Il avait 29 ans quand son maître Socrate dû boire la ciguë.
Cette mort fut pour lui l'expression de l'opposition entre les conditions existant
réellement dans la société et ce qui est vrai ou idéal. Son premier travail fut de publier
la plaidoirie de Socrate. A la différence de Socrate, il a laissé de nombreux écrits. Il
fonda sa propre école de philosophie (mais aussi de mathématiques et de gymnastique)
à l'extérieur d'Athènes, dans des jardins qui portaient le nom du héros grec Académos,
d'où son nom d'Académie.
⇒ Rationaliste
⇒ Il s'intéressait aux rapports entre ce qui est éternel et immuable d'une part, et ce qui
"s'écoule" d'autre part (éternel/éphémère)
⇒ Il existe des règles intemporelles concernant le bien et le mal (Socrate).
⇒ Notre raison permet d'atteindre ces règles, car la raison est éternelle (Socrate)
⇒ Recherche de ce qui est vrai, beau et bien.
Comme Empédocle et Démocrite, il est d'accord qu'il y a des choses qui changent, et
des choses essentielles qui ne changent pas.
⇒ Pour lui les transformations se font selon un moule, intemporel et immuable (ex :
ce que les chevaux ont en commun). Les atomes se recombinent, mais pas
n'importe comment (pas de croco-phant ni d'élé-dile à partir de crocodile &
éléphant).
⇒ Ces moules sont appelés "idées". Platon soutenait qu'il existait une autre réalité
derrière le monde des sens, le monde des idées (théorie des idées).
⇒ Tout ce que nous voyons dans la nature peut être comparé à une bulle de savon :
rien ne dure (même le marbre s'érode). Il est donc impossible d'avoir la
connaissance de ce qui change.
⇒ Nos perceptions par les sens nous permettent seulement de vagues impressions.
Seule la raison appliquée à ce qu'elle voit permet une vraie connaissance.
⇒ La raison est universelle, justement parce qu'elle s'applique uniquement à des
objets de nature éternelle et universelle. Platon s'est intéressé aux mathématiques
(qui ne changent jamais...).
Donc 2 mondes : celui des sens, et celui des idées, et 2 parties dans l'homme : le corps,
et l'âme.
⇒ L'âme a existé avant de venir habiter un corps. Autrefois dans le monde des idées,
elle se réveille dans le corps humain, en oubliant les idées parfaites. En
appréhendant ce qui l'entoure, l'homme voit resurgir un vague souvenir. Désir de
retrouver la vraie demeure de l'âme (ce désir est appelé "éros" = amour). Sur les
ailes de l'amour, l'âme rejoindra sa demeure dans le monde des idées. Elle se
libérera de la prison du corps. (cycle de vie idéal, que n'atteignent que peu
d'hommes).
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(Platon suite)
⇒ Tous les phénomènes naturels ne sont que des ombres de formes ou d'idées
éternelles (allégorie de la caverne : des hommes y vivent, voyant un "théâtre
d'ombres" sur un mur. Un homme en sort, découvre la nature et la liberté, mais il se
fait tuer par ses congénères quand il revient. Issue du dialogue "La République",
Platon).
Force est de constater que la grande majorité des gens sont satisfaits de vivre parmi les
ombres. Ils n'ont pas conscience que ces ombres sont seulement des projections. Ce
faisant ils oublient le caractère immortel de leur âme.
⇒ Le corps se divise en 3 parties : la tête, le tronc, et le bas du corps. A chacune de
ses parties correspond une qualité de l'âme. A chacune de ces qualités correspond
un idéal ou une vertu. La raison a pour but la sagesse, la volonté doit donner
courage, et le désir est à brider pour faire preuve de mesure. Les enfants doivent
d'abord apprendre à contenir leurs désirs, puis développer leur courage. Enfin la
raison doit les aider à parvenir à la sagesse.
⇒ Il n'y a que lorsque les 3 parties fonctionnent pour former un tout que nous avons
affaire à un homme harmonieux, bien "conçu".
⇒ L'état idéal est une république gouvernée par des philosophes, avec 3 parties.
Corps
Âme
tête
raison
coeur
volonté
ventre/bas du corps besoin/désir
Vertu
sagesse
courage
mesure
Cité
gardiens
guerriers
travailleurs
⇒ Les femmes jouissent de la même faculté de raisonner que les hommes, Elles
peuvent accéder au rang de dirigeant. « Une société qui n'éduque ni n'emploie ses
femmes est comme un homme qui ne se sert que de son bras droit ».
Il voulait abolir la famille et la propriété privée pour les chefs et les gardiens de la cité.
Il connut de grandes déceptions sur le plan politique. Dialogue "Les lois" où il décrit
la cité régit par la loi comme étant juste après la société idéale (réintroduit alors la
propriété privée et les liens familiaux).
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Aristote
(384 – 322 av.
J.C.)
3ème grand philosophe d'Athènes (non Athénien)
Résume les conclusions auxquelles étaient parvenus les 1ers philosophes ("principe
premier", et métamorphose).
⇒ Premier "biologiste" en Europe, il ordonna les différentes sciences.
⇒ La logique comme science.
S'intéresse aux phénomènes naturels, aux cycles de la vie.
Platon n'utilisa que sa raison (le plus haut degré de réalité est ce que nous pensons)
alors qu'
⇒ Aristote utilisa ses sens (la réalité est ce que nous voyons).
Platon écrivait comme un poète et un créateur de mythe, Aristote écrivait des textes
secs et descriptifs.
Pour Aristote, à la différence de Platon, les "idées" étaient plus réelles que les
phénomènes naturels.
⇒ L' "idée" ou la "forme" n'existe pas en soi, mais est constituée par les qualités de
l'espèce concernée (idée/forme = ce qui est commun; ex : l'idée du cheval).
Platon pensait que tout ce que nous voyons n'est que le reflet de quelque chose qui au
fond a plus de réalité dans le monde des idées.
Aristote pense le contraire :
⇒ Ce qui est dans l'âme humaine n'est qu'un reflet des objets.
⇒ C'est la nature, et elle seule, qui constitue le vrai monde.
⇒ Toutes nos idées et pensées ont leur origine dans ce que nous voyons et entendons.
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JMC
(Aristote
suite)
"Jeu de
société"
Mais :
⇒ Nous avons aussi une raison, une faculté innée de classer les impressions de nos
sens en différents groupes (concepts de pierre, plante, animal et homme, comme
cheval, canari...).
⇒ Nous n'avons pas d'idées innées (la raison est vide avant que nos sens ne
perçoivent quelque chose).
⇒ La forme d'une chose, c'est l'ensemble de ses caractéristiques spécifiques.
⇒ La réalité est composée de "matière" (ce dont la chose est faite) et de "formes"
(somme de ses qualités particulières, spécifiques).
⇒ Les causes : il croyait à la "finalité" : il pleut parce que les plantes ont besoin
d'eau... donnant ainsi un dessein aux gouttes d'eau.
⇒ Il a classé les espèces (jeu de société "Est-ce un animal, un chat, 'matou'...") :
choses inanimées (qui ne peuvent se transformer), et choses vivantes. Les choses
vivantes se classent en 2 catégories : végétaux, et êtres vivants.
⇒ S'attache aux relations entre les concepts (si un être vivant est mortel, alors, si le
chien est vivant, il est donc mortel)
⇒ Il doit bien y avoir un dieu qui a mis l'univers en mouvement. Les mouvements des
étoiles et planètes gouvernent les mouvements sur la terre, mais il doit bien exister
quelque chose qui mette en mouvement les planètes, le "premier moteur", ou
"Dieu".
⇒ La "forme" de l'homme est qu'il a à la fois une "âme de plante" (âme végétative),
une "âme d'animal" (âme sensitive), et une "âme de raison" (âme intellective).
L'éthique. Comment vivre pour avoir une vie épanouie ?
⇒ L'homme ne sera heureux que s'il développe toutes les facultés qu'il possède en
puissance. 3 formes de bonheur : vie dans le plaisir & divertissements, vie en
citoyen libre & responsable, vie en savant & philosophe. Ces 3 conditions devant
être réunies.
⇒ Nous devons être courageux, généreux, manger raisonnablement.
Vie dans l'équilibre et la modération = bonheur ou "harmonie"
Politique
⇒ 3 formes réussies d'état : monarchie si elle ne succombe pas à la tyrannie,
l'aristocratie (avec un nombre ± grand de dirigeants) si elle ne tombe pas sous la
coupe de quelques hommes de pouvoir (aujourd'hui : junte militaire), démocratie
(du mot grec "polis"), si elle de dégénère pas en état totalitaire.
La femme
⇒ Il manque quelque chose à la femme (homme imparfait)
⇒ Elle est passive dans la procréation > l'enfant n'hérite que des qualités du père
(l'homme donne la forme, la femme la matière)
C'est sa conception de la femme (et non celle de Platon) qui prévalu au moyen âge.
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JMC
(fin IVème av.
– 400 ap. J.C.)
Chrétienté
Hellénisme
322 avant J.C. : décès d'Aristote, les grecs ne dominent alors plus, suite aux conquêtes
d'Alexandre le grand qui ouvre l'ère mondiale. Aristote fut un temps le précepteur
d'Alexandre le grand..
⇒ Le terme d'hellénisme recouvre à la fois la période, et la culture à prédominance
grecque qui s'épanouit dans les 3 grands royaumes hellénistiques : Macédoine,
Syrie et Egypte.
Rome reprit ensuite (-50 av. J.C.) la suprématie : Antiquité tardive, mais elle (Rome)
était déjà devenue une province grecque.
⇒ La culture de ces différents pays se fond dans un ensemble où se retrouvent pêlemêle toutes les conceptions religieuses, philosophiques et scientifiques. Plusieurs
religions voient le jour qui empruntent leurs dieux et leurs croyances à plusieurs
pays : c'est le syncrétisme.
⇒ Cette époque est celle du doute, de l'incertitude, de la chute des valeurs culturelles,
du pessimisme (« Le monde est vieux » disait-on).
⇒ Point commun des nouvelles religions : enseignement (le plus souvent secret) pour
délivrer les hommes de la mort. Des rites permettent d'espérer l'immortalité.
⇒ Orientation de la philosophie vers une certaine sérénité de la vie. Permettre à
l'homme de se libérer de ses angoisses de la mort et du pessimisme (frontière ténue
entre religion et philosophie). Définir la meilleure façon de vivre et de mourir. En
quoi consiste le bonheur et comment l'atteindre.
Courants
Exemples de courants philosophiques de l'époque Hellénistique.
philosophiques
Les cyniques. Antisthène. "Que de choses dont je n'ai pas besoin" (Socrate)"
Cyniques
(env.400 av. J.C.)
⇒ le bonheur n'est pas dans les choses extérieures comme le luxe matériel, le pouvoir
politique et la bonne santé.
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Stoïciens
(env. 300 av.
J.C.)
Fondateur : Zénon (originaire de Chypre, se joignit aux cyniques après le naufrage de
son bateau). Il avait coutume de rassembler ses disciples sous un portique (Stoïcien
vient d’un mot grec signifiant portique).
Zénon
Cicéron
(106-43 av J.C.)
⇒ Tous les hommes font partie de la raison universelle ou du "logos".
⇒ Chaque individu est un monde en miniature, un "microcosme", qui est le reflet du
"macrocosme"
Sénèque
(4 av.-65 ap. J.C.)
⇒ Ceci permettait d'établir un droit valable pour tous les hommes, le "droit naturel".
Marc Aurèle
⇒ Le droit naturel est fondé sur la raison intemporelle de l'homme et de l'univers, il
ne change pas en fonction du temps et du lieu (il prit le parti de Socrate contre les
Sophistes).
(121-180 ap. J.C.)
⇒ Ils gommaient la différence entre l'individu et l'univers, rejetaient l'idée de
contradiction entre l' "esprit" et la "matière". Il n'y a qu'une nature et une seule
(monisme, par opposition au dualisme de Platon, c'est à dire au caractère double de
la réalité).
⇒ Tous les phénomènes naturels (ex : maladie et mort) suivent des lois indestructibles
de la nature. C'est pourquoi l'homme doit apprendre à se réconcilier avec son
destin. Rien n'arrive par hasard. Tout ce qui arrive est le fruit de la nécessité et rien
de sert de se lamenter quand le destin vient frapper à la porte. Les circonstances
heureuses de la vie, l'homme doit les accueillir avec le plus grand calme (d'où
l'expression actuelle "calme stoïque").
Vrais cosmopolites, ils étaient plus ouverts à la culture de leur temps que les cyniques.
Ils soulignaient l'aspect communautaire de l'humanité, s'intéressaient à la politique (ex:
l'empereur romain Aurèle).
Ils contribuèrent à étendre la culture et la philosophie grecque dans Rome (ex :
Cicéron : orateur, philosophe et homme politique). C'est lui qui créa le concept d' «
humanisme », c'est-à-dire un mode de vie qui met l'homme au centre.
Sénèque déclara que « l'homme est quelque chose de sacré pour l'homme ». Ceci est
resté la devise de l'humanisme après lui.
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JMC
Epicuriens
Selon Aristippe, élève de Socrate :
Aristippe
⇒ Le but de la vie est d'atteindre la plus grande jouissance possible. Le but suprême
est le plaisir. Le plus grand des maux la douleur.
Epicure
(341-270
av. J.C.)
⇒ Il voulait développer un art de vivre consistant à éviter la souffrance (et non plus à
l'accepter comme les stoïciens et les cyniques).
Epicure fonda une école (épicuriens), développant la morale d'Aristippe tout en la
combinant avec la théorie des atomes de Démocrite.
Les épicuriens se réunissaient dans un jardin : on les appelle "philosophes du jardin".
La tradition raconte qu'au dessus de l'entrée était écrit : "Etranger, tu seras bien traité.
Ici le plaisir est le bien suprême". Les gens tourmentés venaient y trouver refuge. La
théorie des atomes (il n'y a pas de vie après la mort, les atomes s'éparpillent)
constituait un remède contre la religion et la superstition. Pour avoir une vie heureuse,
il faut surmonter la peur de la mort.
⇒ Il ne faut pas oublier les effets secondaires résultants de la satisfaction d'un désir.
L'homme peut planifier sa vie (pour reporter un plaisir, ex : faire des économies
pour un projet).
⇒ Différence entre plaisir et satisfaction des sens. Pour jouir pleinement de la vie, les
idéaux grecs de maîtrise de soi, de modération et de calme intérieur sont
déterminants.
⇒ La mort ne nous concerne pas. Car tant que nous existons, la mort n'est pas là. Et
quand elle vient, nous n'existons plus. (il est vrai qu'on n'a jamais entendu
quelqu'un se plaindre d'être mort).
« Nous n'avons rien à craindre des dieux. La mort ne mérite pas qu'on s'en inquiète.
Le bien est facile à atteindre. Le terrifiant est facile à supporter » (Epicure).
A la différence des stoïciens, les épicuriens manifestent peu d'intérêt pour la politique
et la vie sociale.
« Vivons cachés ! » (Epicure).
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JMC
Néoplatonisme
Plotin étudia la philosophie à Alexandrie et vint ensuite s'installer à Rome. Alexandrie
ville point de rencontre entre la philosophie grecque et la mystique orientale.
Plotin
Plotin avait une théorie du salut qui allait devenir un sérieux concurrent pour le
(env. 205-270) christianisme. Le néo-platonisme a aussi eu une forte influence sur la théologie
chrétienne.
⇒ Conception similaire à Platon : il y a 2 mondes, celui des idées, celui des sens.
Séparation de l'âme et du corps. Dualité dans le corps : il se compose de terre et de
poussière comme toute chose dans le monde des sens, tandis que l'âme est
immortelle.
⇒ Le monde est tendu entre deux pôles. D'un côté il y a la lumière divine, ce qu'il
appelle l' "Un", ou parfois "Dieu". D'un côté règne l'obscurité totale, là où la
lumière de l'un" ne peut pénétrer (ceci rappelle l'allégorie de la grotte de Platon,
sauf que Plotin ne sépare pas la réalité en 2 parties, mais sa pensée est sous le
signe d'une expérience de la totalité).
⇒ Cette obscurité n'a pas d'existence. Elle est une absence de lumière, mais elle n'est
pas.
⇒ La seule chose qui existe, c'est Dieu ou l'Un, mais telle une source de lumière qui
petit à petit se perd dans le noir, il y a une certaine limite à la portée du rayon
divin. Ce qui brûle, c'est Dieu, et l'obscurité à l'extérieur est la matière dont sont
fait les hommes et les animaux. Tout près de Dieu se trouvent les idées éternelles
qui sont la matrice de tout ce qui est créé.
⇒ L'âme reçoit les rayons de l'Un, tandis que la matière est cette obscurité qui n'a pas
de réelle existence. Même les formes dans la nature reçoivent toutes un pâle reflet
de l'Un (ex : les fleurs dégagent quelque chose de l'âme divine). L'âme de l'homme
est avant tout une "étincelle du feu" Cependant, toute la nature reçoit un peu du
rayonnement divin (même les ombres au fond de la caverne).
⇒ Le plus loin du Dieu vivant, on trouve la terre, l'eau et la pierre.
⇒Tout ce qui est participe au mystère divin. C'est grâce à notre âme que nous nous
approchons le plus de Dieu. Il peut même nous arriver de ressentir que nous
sommes ce mystère divin.
⇒ Tout est un car tout est Dieu.
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Mystique
Plotin eut quelquefois la révélation que son âme fusionnait avec Dieu. C'est ce que
l'on appelle un expérience mystique. Il s'agit d'une expérience dont différentes
personnes, dans différentes cultures, ont parlé. Ces expériences ont des traits
communs (ceci est frappant car dépasse les différences culturelles) :
⇒ une expérience mystique signifie que l'on ressent une unité avec Dieu (ou « l'âme
du monde » ou la « Nature universelle » ou encore la « totalité du monde ». Idée que
le "moi" n'est pas notre véritable moi.
« Quand j'étais, Dieu n'était pas. Quand Dieu est, je ne suis plus » (citation d'un
mystique indien)
« Chaque goutte devient l'océan en se fondant en lui, de même que l'âme s'élève et
devient Dieu » (mystique chrétien Angélus Silesius 1624 – 1677).
Tu te perds toi-même dans ta forme présente, mais tu prends aussi conscience que tu
es quelque chose d'infiniment grand, tu es l'âme du monde. Tu es Dieu.
⇒ Le mystique doit souvent suivre « le chemin de la purification et de l'illumination »
à la rencontre de Dieu. Ce chemin consiste en un mode de vie rudimentaire et en
diverses pratiques méditatives. Et un jour survient où le mystique atteint son but et
s'écrier « Je suis Dieu » ou « Je suis Toi ».
Dans la mystique occidentale, influencée par les religions monothéistes, judaïsme,
christianisme et islam, le mystique souligne qu'il fait l'expérience d'une rencontre avec
un Dieu personnel. Même si Dieu est présent dans la nature et dans l'âme de l'homme,
il plane aussi bien au dessus du monde.
Dans la mystique orientale, c'est à dire au sein de l'hindouisme, du bouddhisme et du
taoïsme, il est plus courant de souligner que le mystique fait l'expérience d'une fusion
totale avec Dieu ou « l'âme du monde ». « Je suis l'âme du monde », ou encore « je
suis Dieu ». Car Dieu n'est pas aussi dans le monde, il n'est précisément en aucun
autre lieu que là.
« De même que certaines religions nomment athée un homme qui ne croit pas à un
Dieu existant en dehors de sa personne, nous disons quant à nous qu'est athée un
homme qui ne croit pas en lui-même ». Swami Vivekananda (Inde), qui fit connaître la
pensée hindoue en Occident.
« Tu dois aimer ton prochain comme toi même, parce que tu es ton prochain. C'est
une illusion de croire que ton prochain est autre chose que toi-même ».
(Radhakrishnan, ancien président Indien).
Introduction au Jésus était juif et les juifs appartiennent à la culture sémitique. Les grecs et les
Christianisme romains appartiennent eux à la culture indoeuropéenne. La culture européenne a donc
2 racines.
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Indoeuropéens
Indo-européens = pays et cultures qui utilisent une langue indo-européenne.
(exclu donc le basque, et les langues finno-ougriennes : lapon, finnois, estonien et
hongrois).
L'origine de ce point commun des langues remonte à il y a 4000 ans, les indoeuropéens qui vivaient autour de la mer noire ont commencé à se déplacer vers l'Iran,
l'Inde, la Grèce, l'Italie, l'Espagne, la France, l'Europe du nord, la Russie... d'où une
parenté de langue, mais aussi de pensée. Ex : Dyaus, Zeus, Iov et Tyr sont en
différentes langues les noms d'un même dieu, celui du ciel.
Cette culture est caractérisée par la croyance en de nombreux dieux (polythéisme)
dont on retrouve des parentés dans tous les mythes de l'espace indo-européen. Ce n'est
pas un hasard si la philosophie grecque a vu le jour sur ces terres : les mythologies
indienne, grecque et nordique constituaient une excellente base pour des
considérations philosophiques.
⇒ Points communs :
- parlent d'immortalité, et de combat des dieux sur les forces du chaos (entre bien et
mal).
- recherche d'une connaissance de la marche du monde
- la vue est le sens le plus important
- grandes visions cosmiques
- sculpture et peinture des histoires de leurs dieux
- conception cyclique de l'histoire (mondes qui naissent et disparaissent dans une
succession éternelle de vie et de mort).
- croyance dans la transmigration de l'âme (le but de la vie fut longtemps de se libérer
de la réincarnation).
⇒ Hindouisme et Bouddhisme :
- fortement marqué par une réflexion de type philosophique
- mettent l'accent sur l'omniprésence du divin dans tout ce qui est (panthéisme),
- possibilité à l'homme de s'offrir à dieu grâce à un savoir religieux, et la méditation
En Orient, une attitude passive et réservée peut former un idéal religieux.
Chez les grecs aussi, beaucoup pensaient que l'homme devait vivre en ascète ou retiré
du monde pour le salut de l'âme (> monastères).
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Sémites
Culture totalement différente, avec une autre langue.
Les sémites viennent à l'origine de la péninsule arabe, puis ils ont émigrés et vécu plus
de 2000 ans loin de leur patrie d'origine.
⇒ Les 3 religions de l'occident, judaïsme, christianisme et islam ont un fond commun
sémitique. Le Coran et l'ancien testament sont écrits dans des langues sémitiques
parentes. Un des termes de l'ancien testament pour dieu a la même racine
linguistique que Allah chez les musulmans.
Pour le christianisme, c'est un peu plus compliqué : le nouveau testament a été rédigé
en grec (influence de la langue grecque et latine, et donc de la philosophie
hellénistique).
⇒ Les sémitiques ont, changement, rapidement vénéré un dieu unique (monothéisme).
⇒ Ils ont une vision linéaire de l'histoire. "Et dieu créa l'univers" en marque le début,
mais un jour viendra où l'histoire arrivera à son terme : "le jugement dernier",
lorsque dieu reviendra juger les vivants et les morts. Dieu "conduit" la vie des
hommes, donc intervient dans l'histoire.
⇒ Jérusalem est pour les juifs, les chrétiens et les musulmans, un centre religieux
important.
⇒ L'ouïe est le sens essentiel (début de la profession de foi juive : "Ecoute, Israël !",
ancien testament : "Les hommes entendirent la parole du seigneur"; les prophètes
juifs disaient "Ainsi parlait Yahvé")
⇒ A la différence des indo-européens, ils interdisent de représenter Dieu en peinture
ou sculpture (ancien testament : interdiction de créer des images de dieu, encore
vrai de nos jours pour l'islam et dans le judaïsme. L'islam est très méfiant à l'égard
de la photo et des arts plastiques : il ne faut pas entrer en concurrence avec dieu
dans la création. L'église chrétienne regorge par contre de représentations de Dieu
et Jésus, mais c'est parce qu'elle a par la suite été influencée par la culture grécoromaine.
⇒ Le but n'est pas de sauver son âme de la réincarnation, mais de connaître la
rédemption du péché et de la faute.
⇒ La vie religieuse est plus marquée par la prière, le prêche et la lecture des Ecritures
que par le retour sur soi et la méditation.
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Israël
Arrière plan juif du christianisme.
La Bible : création du monde par dieu, puis les hommes se rebellent. Punition : Adam
et Eve sont chassés du jardin de l'Eden. Et la mort fit son apparition. La désobéissance
des hommes est le leitmotiv dans toute la bible.
Dans la Genèse, on parle du déluge et de l'arche de Noé. Dieu conclu une alliance
avec Abraham et les siens. Ils doivent être les envoyés de dieu, en échange de quoi
leur descendance est protégée. L'alliance fut renouvelée quand Moïse reçut les 10
commandements sur le mont Sinaï, environ 1200 av. J.C. Les Hébreux, qui avaient été
tenus en esclavage en Egypte, sont ramenés en Israël avec l'aide de Dieu.
1000 ans av. JC. 3 rois connus en Israël : Saül, David, puis Salomon. Période faste sur
le plan politique, militaire et culturel.
Quand un roi était choisi, il recevait le nom de Messie, qui signifie l' "oint". Le roi
était considéré comme un messager de Dieu auprès du peuple, d'où le nom qui leur
était donné "fils de dieu", et au pays : "royaume de dieu".
Mais rapidement Israël s'affaiblit, et le royaume divisé en 2 : royaume du nord (Israël)
et du sud (Judée). En 722 le royaume du nord fut conquis par les Assyriens. En 586, le
sud tomba au mains des Babyloniens : le temple fut détruit, et une partie du peuple
déporté à Babylone.
La question fut : pourquoi le royaume s'était effondré, Dieu ayant pourtant promis
d'être bienveillant envers Israël.
⇒ Israël a été puni car les hommes n'ont pas respectés les 10 commandements.
⇒ vers 750 av. J.C., de nombreux prophètes firent leur apparition qui proclamèrent le
châtiment divin parce que le peuple juif n'avait pas suivi les règles fixées. Dieu
reviendra, et Israël devra comparaître (prophétie du jugement).
D'autres proclamèrent que Dieu allait sauver une partie du peuple et envoyer un
"prince de la paix", c'est à dire un roi porteur de paix qui serait de la descendance
de David. « Le peuple qui marche dans les ténèbres verra une grande lumière »
(Israie). « Et au dessus du pays des ombres, la lumière jaillira » (prophétie du
salut).
Le peuple d'Israël vivait en effet heureux sous David, et espéraient un nouveau roi
pour rétablir la suprématie d'Israël, et fonder le "royaume de Dieu".
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Jésus de
Nazareth
Un messie était donc attendu.
⇒ Jésus ne fut pas le seul à proclamer qu'il était le messie tant attendu. Il se fait
acclamer par la foule comme étant le sauveur, se fait introniser à la manière des
anciens rois.
⇒ Mais Jésus se démarque :
- Il montre qu'il n'est ni un agitateur militaire ou politique. Sa mission est d'une
autre ampleur.
- Il annonce le pardon de Dieu à tous les hommes (ce qui est nouveau), la
rémission des péchés.
- Il parle à dieu en l'appelant "Père" (du jamais vu!)
- Il affirme que le "royaume de Dieu" est une nouvelle alliance, un nouveau
pacte. « Tu dois aimer ton prochain comme toi-même », « Tu dois aimer tes
ennemis »
- La bonté de Dieu est infinie, à condition de s'adresser à lui par la prière et
d'implorer son pardon.
- Il côtoyait les prostituées, les corrompus, ... disant que Dieu leur pardonne
s'ils implorent son pardon.
- Les pêcheurs méritent d'avantage le pardon que ceux qui sont irréprochables
et se pavanent dans leur bonne conscience.
⇒ D'où une levée de bouclier (beaucoup attendaient un messie qui rétablirait le
"royaume de dieu" par la force). Son message de paix allait totalement à l'encontre
des intérêts de la classe dirigeante!
⇒ Il fut condamné à mort, finit sur une croix. Pour les chrétiens, il est le seul homme
juste qui ait vécu. Mort pour les hommes, "souffrance au nom des hommes",
serviteur qui souffre, qui prit sur lui tous les péchés du monde pour que nous
soyons "réconciliés" avec Dieu.
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Paul
Peu de temps après son enterrement, des rumeurs annoncent qu'il est ressuscité.
Christianisation
⇒ Preuve qu'il n'est pas un homme comme les autres.
Pour les juifs, l'homme n'était jusqu'alors pas immortel, ni son corps ni son âme.
⇒ C'est par le miracle de Dieu que se produit la résurrection du corps et la vie
éternelle. Notre mérite n'a rien à voir à l'affaire.
Le mot "Christ" est une traduction du mot "Messie".
Les premiers Chrétiens diffusèrent "la bonne nouvelle". Quelques années après, le
pharisien Paul se convertit. Il voyagea beaucoup, donnant au christianisme le statut de
religion mondiale. Il débarqua à Athènes et discuta avec les philosophes épicuriens et
stoïciens (infiltration du christianisme dans le monde gréco-romain).
Il souligne que la quête de Dieu repose au fond de tous les hommes, et annonce que
Dieu s'est révélé aux hommes et est allé à leur rencontre. Il n'est pas seulement un
"Dieu philosophe" que les hommes peuvent rejoindre par leur raison. Dieu vient les
sauver.
Une partie des Athéniens se convertirent. Le nom de Damaris est à retenir comme
l'une des femmes qui suivirent le mouvement. Le monde hellénistique fut tout entier
christianisé en quelques siècles.
Profession de
foi
Paul fut non seulement un missionnaire, mais aussi un guide spirituel pour les
communautés chrétiennes.
Une question surgit : les non juifs pouvaient-ils devenir chrétien sans pratiquer les
rites juifs ? Un grec devait-il respecter la loi de moïse ? Paul était d'avis que non, le
christianisme dépassait le cadre d'une secte juive, il s'adressait à tous les hommes avec
un message de salut. "L'ancienne alliance"entre Dieu et Israël était remplacée par "la
nouvelle alliance" que Jésus avait établie entre Dieu et les hommes.
Pour s'imposer sur les religions de l'époque, et pour éviter un schisme en son sein
même, l'Eglise dû faire un résumé de la spécificité du christianisme : les professions
de foi.
⇒ Jésus est à la foi Dieu et homme. Dieu devint homme. Jésus n'est pas un demi-dieu,
mais il est « Dieu dans sa perfection, homme dans sa perfection).
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Histoire du
Moyen-âge
En 313 le christianisme fut reconnu dans l'empire romain, sous le règne de
Constantin, et devint religion officielle en 380.
En 330 Constantin avait déplacé la capitale à Constantinople, la « nouvelle Rome ».
En 410 Rome fut pillée par les barbares, et en 476 l'empire romain d'occident
s'effondra. L'empire romain d'orient subsista jusqu'en 1453, date de la conquête par les
turcs, qui baptisèrent la ville Istanbul.
En 529 l'Eglise fit fermer l'école de philosophie de Platon. Les monastères eurent
alors le monopole de l'enseignement. Le moyen âge vit la christianisation lente de
toute la population. Les différentes nations se constituèrent avec des villes et des
citoyens, de la musique et de la poésie populaires. Qu'auraient été les contes et les
chansons populaires sans le moyen-âge.
Le début du moyen âge fut dur (décadence, commerce et finances volent en éclat,
retour au troc, féodalisme, baisse de la démographie).
L'empire romain se divisait en 3 parties :
- à l'ouest la culture chrétienne de langue latine (capitale Rome)
- à l'est la culture chrétienne de langue grecque (Constantinople, appelée ensuite
Byzance, d'où l'expression « moyen-âge byzantin »)
- En Afrique du nord et au Moyen Orient, culture musulmane de langue arabe, qui se
rallia à l'Islam à la mort de Mahomet (632), bientôt rejoints par l'Espagne.
L'islam avait pour lieux sacrés : La Mecque, Médine, Jérusalem et Bagdad. Les
Arabes conquirent aussi la ville hellénistique d'Alexandrie, annexant la science
grecque et jouant un grand rôle dans les sciences et l'emportant sur la culture
chrétienne.
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Philosophie au Les questions de cette époque, alors que les philosophes avaient au départ admis que
Moyen-Âge
le christianisme disait la vérité, étaient :
- Quel rapport entre les philosophes grecs et ce qu'enseignait la bible ?
- Y a-t-il opposition entre la bible et la raison, ou pouvait-on concilier foi et savoir ?
St Augustin
(354-430)
Il naquit à Thagaste (Afrique du Nord) puis partit à 16 ans étudier à Carthage. Il
voyagea à Rome et Milan et fini sa vie Evêque à Hippone.
manichéen
Premier philosophe à inclure l'Histoire dans sa philosophie.
Il connut de nombreux courants philosophiques et religieux avant de se convertir au
christianisme. Il fut manichéen. Les manichéens étaient une secte mi-religieuse miphilosophique.
⇒ Le monde est divisé en 2, le bien et le mal, l'ombre et la lumière, l'esprit et la
matière. Combat entre « la cité de Dieu » et « la cité terrestre », qui luttent au sein
de chaque être humain. Dieu a besoin du déroulement de toute l'Histoire pour
réaliser sa « la cité de Dieu » (vision linéaire de l'histoire de l'ancien Testament).
⇒ Grâce à son esprit, l'homme peut s'élever au dessus de la matière et trouver le salut
pour son âme.
St Augustin était préoccupé par l'origine du mal. Il fut séduit par les stoïciens, pour
qui la frontière entre le bien et le mal n'existe pas.
Il fut marqué par la philosophie de l'Antiquité tardive, le néo-platonisme. C'est là qu'il
apprit que tout ce qui est au monde était de nature divine.
⇒ Influencé par la pensée Platonicienne.
⇒ Il y a des limites dans le domaine religieux que la raison ne peut franchir (le
christianisme est un mystère divin que seul la foi permet d'approcher). Par notre
foi, Dieu "éclaire" notre âme et nous permet d'accéder à une connaissance quasi
surnaturelle de Dieu.
⇒ Il fait sienne l'idée que Dieu créa le monde (les philosophes pensaient qu'il avait
toujours existé).
⇒ Les "idées" de Dieu étaient dans les pensées de Dieu avant que celui-ci ne créer le
monde. Il prêtait en quelque sorte à Dieu les idées platoniciennes et sauvait de
cette manière la théorie des idées éternelles.
⇒ Entre Dieu et le monde, il y a un abîme (rejet de la théorie de Plotin)
⇒ L'homme est un être spirituel, un corps appartenant au monde physique
(destructible), et une âme qui peut reconnaître Dieu.
⇒ Toute l'humanité fut décimée après la Chute. Dieu décida de sauver quelques
hommes (éloignement de l'humanisme grec). Dieu a tout décidé à l'avance.
⇒ L'homme n'a pas le droit de critiquer Dieu.
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Influence Arabe
Les Arabes d'Espagne restaient influencés par Aristote. Des savants arabes furent
invités en Italie du Nord, et ils redécouvrirent les textes d'Aristote.
La question était : quand devait-on écouter le philosophe et quand devait-on s'en
tenir strictement à la bible ?
St Thomas
d'Aquin
(1225 – 1274)
Originaire d'Aquino (entre Rome et Naples), et enseigna à Paris. Plutôt théologien
que philosophe.
Il christianisa Aristote. Son professeur de philosophie était célèbre : Albert le Grand
⇒ Il y a des vérités qu'on peut atteindre d'une part par la révélation, et d'autre part
par notre raison innée ou « naturelle » et l'examen des sens. Une de ces vérités est
qu'il existe un Dieu. Notre raison ne peut appréhender qu'une partie du monde.
Dieu se serait révélé aux hommes à travers la bible et à travers la raison.
⇒ La métaphysique d'Aristote prouve l'existence de Dieu.
⇒ La femme a une âme, mais elle est subordonnée à l'homme.
Femme et
philosophie
Selon une vieille conception chrétienne et juive, Dieu n'était pas seulement homme,
il avait un côté féminin (en grec "Sophia" ou "Sophie", et signifie sagesse).
Hildegard de
Bingen
(1098 – 1179)
Nonne qui vécu dans la vallée du Rhin. Bien qu'elle fut une femme, elle a prêché,
écrit, soigné des malades, étudié la botanique et la nature.
Fin du
Moyen-Âge
A la fin du Moyen-âge, l'Italie se trouvait au point de rencontre de 3 zones (culture
latine, culture grecque et culture Arabe). Ce fut l'avènement de la renaissance.
Quelques années après St François d'Aquin, la culture chrétienne se lézarda. La
philosophie et la science se détachèrent progressivement de la théologie de l'Eglise.
De plus en plus de personnes mirent l'accent sur l'impossibilité d'approcher Dieu par
la raison, car Dieu est par nature inconcevable pour l'esprit. Le plus important pour
l'être humain n'est pas de comprendre le mystère divin, mais de se soumettre à la
volonté de Dieu.
La vie religieuse faisant enfin bon ménage avec la science, on vit l'avènement d'une
nouvelle méthode scientifique et d'une nouvelle conviction religieuses qui permirent
les 2 bouleversements du XIV et du XVème siècle, à savoir la Renaissance et la
Réforme.
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Renaissance
Humanisme
Renaissance de l'art et de la culture. Renaissance de l'humanisme antique. De
nouveau on parlait de l'homme, alors que le moyen âge avait considéré chaque action
et chaque vie à la lumière de Dieu. Revenir aux sources, à l'humanisme de
l'antiquité, retrouver les vieilles sculptures, apprendre le grec, étudier la culture
grecque furent à la mode.
Invention de la boussole (> navigation/découvertes), la poudre (européens mieux
armés comparés aux cultures américaines et asiatiques), l'imprimerie (permit de
répandre les idées humanistes > l'Eglise perd son monopole de détenteur du savoir).
Le commerce et les villes s'étaient développés à la fin du moyen âge, tout pouvant
être acheté, cela encourageait le travail bien fait, l'imagination et la création.
(rappelle la création des cités grecques il y a 2000 ans).
Une nouvelle bourgeoisie, née du commerce, se libère des seigneurs féodaux et de
l'hégémonie de l'Eglise.
La culture grecque est redécouverte ("les 3 fleuves de l'Antiquité sont à nouveau
réunis").
⇒ C'est par l'éducation qu'on devient homme.
⇒ Nouvelle conception de l'homme. Foi en sa valeur (le Moyen-Âge ne voyait en
l'homme qu'un pêcheur).
Marsile Ficin : « Connais-toi toi-même, ô race divine déguisée en homme ! »
Pic de la Mirandole : « Discours sur la dignité de l'homme » (impensable au MoyenÂge, où tout parlait de Dieu)
⇒ L'humanisme de la renaissance met l'accent sur l'individualisme. Nous ne sommes
pas seulement des êtres humains, nous sommes aussi des individus uniques. D'où
le risque d'aduler le génie en tant que tel.
⇒ L'Homme de la renaissance, être humain qui s'intéresse à tout ce qui a trait à la
vie, l'art ou la science. Ce n'est pas par hasard si l'anatomie, la dissection se
développent.
⇒ L'homme n'existe plus seulement pour servir Dieu. Ce dernier avait aussi conçu
les hommes pour eux mêmes. Il incombait donc aux hommes de se réjouir de la
vie ici et là. Quand l'homme pouvait s'épanouir en toute liberté, ses capacités ne
connaissaient plus de frontières (nouveau par rapport à l'humanisme de
l'Antiquité, qui insistait sur le repos des sens, la mesure et la maîtrise de soi).
⇒ Epanouissement exceptionnel de l'art, l'architecture (reconstruction de Rome,
basilique St Pierre...).
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Panthéisme
⇒ Nouvelle conception de la nature. Les hommes se sentent heureux de vivre, ne
considèrent plus seulement leur séjour sur terre comme une préparation à la vie
dans le ciel. D'où une modification de leurs rapports avec le monde physique.
⇒ La nature devint quelque chose de positif, et Dieu existait au sein de la création.
Puisqu'il était infini, il devait pouvoir être partout (Panthéisme). La nature est
divine, elle est le déploiement de Dieu.
⇒ L'Eglise regarda cela d'un mauvais oeil. Giordano Bruno fut condamné à mort par
le feu pour avoir dit que Dieu était la totalité de l'univers, et que l'univers est
infini. En effet, il y eu aussi un mouvement "anti-renaissance". On jugea des
hérétiques et on brûla des sorcières car la magie et la superstition étaient
florissantes.
Mais l'époque eut aussi son côté sombre :
⇒ Guerres de religion
⇒ Violente conquête de l'Amérique.
Nouvelle
méthode
scientifique
méthode
empirique
⇒ Observation de la nature avec ses sens
Réserve quant à la confiance aveugle dans les anciennes autorités qu'étaient les
dogmes de l'Eglise et la philosophie de la nature d'Aristote. C'était un leurre de croire
qu'il suffisait de réfléchir pour résoudre un problème quel qu'il soit.
⇒ Chaque observation de la nature doit être soumise à la perception de nos sens, à
notre expérience et à nos expérimentations : c'est la méthode empirique.
Expérimentation systématique. On construit son savoir sur les choses à partir de
sa propre expérience. Cette méthode fut à la base de toutes les nouvelles
découvertes.
« Mesure ce qui est mesurable, et rend mesurable ce qui ne peut pas être mesuré»
Galilée.
« Le savoir est le pouvoir » Francis Bacon.
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JMC
Nouvelle
représentation
du monde
Durant le Moyen-Âge, les hommes vivaient sous le ciel et levaient les yeux vers le
soleil, la lune, les étoiles et les planètes. Mais personne n'avait jamais mis en doute
que la terre soit au centre de l'univers (image égocentrique du monde).
⇒ Copernic : ce n'est pas le soleil qui tourne autour de la terre, mais l'inverse
(opuscule "Du mouvement des corps célestes", 1543). Conception du monde
héliocentrique (tout tourne autour du soleil). En fait, on sait aujourd'hui que le
soleil n'est qu'une étoile parmi une multitude.
⇒ Copernic croyait aussi que les planètes décrivaient des cercles. C'est Johannes
Kepler qui montra que c'était des ellipses. Il supposa aussi une force attirant les
planètes entre elles, expliquant les marées (ce à quoi Galilée ne croyait pas).
⇒ Galilée formula la loi de l'inertie : la vitesse originelle d'un corps céleste se
maintient tant que les causes extérieures d'accélération ou de ralentissement
n'interviennent pas. Effet conjugué des forces pour donner des courbes
(paraboles).
⇒ Isaac Newton (1642 – 1727) a décrit le mouvement des planètes et l'a expliqué
(combinaison de plusieurs forces : inertie, gravité). Il formula la loi de la
gravitation universelle : chaque corps attire un autre corps avec une force
proportionnelle à la masse des corps et inversement proportionnelle au carré de
la distance qui les sépare.
Cette nouvelle représentation fut un choc terrible. L'homme perdait quelque chose
de précieux dans son statut privilégié au sein de la création. L'homme à dû se faire à
l'idée de vivre sur une planète perdue au sein de l'univers... il ne s'y est jamais fait !
Newton resta croyant, car il considérait que les lois physiques étaient la preuve de la
toute-puissance de Dieu.
La renaissance établit une nouvelle relation à Dieu.
Au Moyen-Âge, seuls les prêtres et les moines pouvaient lire la bible, écrite en latin.
A partir de la Renaissance, elle fut traduite de l'hébreu et du grec en langue
populaire. Ceci fut une étape essentielle pour ce qu'on a appelé la réforme.
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La réforme
Martin Luther
⇒ Selon Luther, l'homme n'avait plus besoin de passer par l'Eglise pour obtenir le
pardon de Dieu.
Il prit ses distances vis-à-vis des coutumes et dogmes religieux dont était truffée
l'Eglise depuis le Moyen-Âge, par exemple il ne voulait pas payer les indulgences
(indulgences dont le commerce fut condamné au sein de l'Eglise vers la deuxième
moitié du XVIème).
⇒ Il voulait revenir aux sources du christianisme, au christianisme du Nouveau
testament. « L'écriture seulement », disait-il.
⇒ Chacun devait pouvoir lire la bible et être son propre pasteur (les prêtres ne
jouissaient pas selon lui d'une relation privilégiée avec Dieu). A 35 ans, il apprit
le grec et traduisit la bible en allemand, jetant ainsi les fondements de la langue
écrite allemande.
⇒ L'homme n'obtient pas son pardon et la rémission de ses péchés par des rituels
religieux. La foi seule offrait "gratuitement" à l'homme son salut.
⇒ Un trait caractéristique de la Renaissance est la place centrale de l'Homme dans
son individualité et de sa relation personnelle avec Dieu.
Erasme de Rotterdam fut un des autres réformateurs qui restèrent au sein de l'Eglise
catholique romaine. Tout comme Marsile Ficin et Léonard de Vinci, il s'opposa à
Luther, jugeant sa conception trop négative.
Il soulignait en effet que l'homme était un être totalement détruit après la Chute.
Seule la grâce de Dieu peut « rendre justice » à l'homme. Car le prix à payer pour le
péché, c'est la mort.
Le Baroque
(XVIIème S.)
Le terme Baroque vient d'un mot portugais qui signifie une « perle irrégulière ».
⇒ L'art du Baroque se caractérise en effet par des formes très contrastées en
opposition à l'art de la renaissance qui prônait la simplicité et l'harmonie.
⇒ Nous retrouvons la glorification de la vie, mais aussi nous tombons dans l'autre
extrême avec la négation de la vie et le renoncement au monde.
Que se soit dans l'art ou la vie, la vie s'épanouit avec un faste sans précédent alors que
dans le même temps, les monastères incitent à se retirer du monde (de fiers châteaux
et des monastères cachés).
⇒ « Carpe Diem » (cueille le jour)
⇒ « Memento mori » (rappelle-toi que tu mourras un jour)
Dans la peinture, c'est particulièrement clair, puisque un même tableau montre une
débauche de formes de vie et un squelette en bas dans un coin.
⇒ Vanité ou fatuité.
⇒ Obsession par le caractère éphémère de la vie. Tout ce qui est beau est amené à
disparaître. Rien ne dure éternellement.
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⇒ Epoque agitée, nombreux conflits. "Guerre de 30 ans" (1618-1648), terme qui
regroupe en fait plusieurs guerres qui firent des ravages en Allemagne. Conflit
entre protestants et catholiques + arrière plan politique : les différences de classes
étaient très importantes (entre la noblesse, la cour de Versailles d'une part, et le
peuple misérable de l'autre).
La conséquence de la Guerre de 30 ans fut que la France devint la 1ère puissance
européenne.
Déploiement de magnificence, déploiement de pouvoir. Les monuments sont comme
emberlificotés avec toutes sortes d'angles et de recoins, à l'image de la politique où
régnaient en maîtres les assassinats, les intrigues et coups fourrés.
Assassinat de Gustav III, lors d'un grand bal masqué. Gustav III était un despote
éclairé, homme très vaniteux qui raffolait de tout le cérémonial et des courbettes à la
française. Passionné de théâtre, qui était tout un symbole.
⇒ « La vie est un théâtre »
Shakespeare écrivit ses drames (As you like, Macbeth, Hamlet…) vers 1600, à
cheval entre Renaissance et Baroque. Il compare la vie à une scène, conscient que la
vie est courte, donc un peu pessimiste. "Nous sommes de l'étoffe dont les rêves sont
faits, et notre petite vie est entourée de sommeil…". "To be or not to be…"
Calderón de la Barca : « Qu'est-ce que la vie ? Une folie. Une illusion, une ombre,
une fiction et le bien suprême a peu de valeur car la vie n'est qu'un rêve…» (pièce
"La vie est un songe").
Le thème de la comparaison entre vie et rêve était déjà dans le conte arabe des «
Mille et une nuits ». Mais aussi bien avant, en Inde et en Chine, par exemple un
vieux sage chinois Tchouang-tseu (env. 350 av. J.C.) : « Un jour j'ai rêvé que j'étais
un papillon, et à présent je ne sais plus si je suis Tchouang-tseu qui a rêvé qu'il était
un papillon ou si je suis un papillon qui rêve que je suis Tchouang-tseu ».
« Dieu est Dieu même si la terre était un désert, Dieu est Dieu même si les hommes
étaient tous mort » écrivait Peter Dass, poète typiquement baroque, qui décrivait la
vie quotidienne, et soulignait que seul Dieu existait et était éternel. Son style,
mélange de considérations terrestres et spirituelles, est caractéristique du baroque, et
rappelle la distinction q'établit Platon entre monde des sens, concret et monde des
idées, immuable et éternel)
⇒ Epoque de conflits entre différents modes de pensées. Idéalisme (l'être est de
nature spirituelle) opposé à matérialisme (qui ramène tous les phénomènes à des
causes matérielles).
⇒ Tous les phénomènes, ainsi que les hommes et les animaux, sont constitués
exclusivement de particules de matière. Même la conscience de l'homme est due
aux mouvements de minuscules particules dans le cerveau. (Thomas Hobbe).
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⇒ Le matérialisme est entretenu par la science nouvelle, la mécanique de Newton.
Tous les matérialistes des XVII et XVIIIème ne voient cependant pas d'opposition
entre l'image mécanique du monde et leur foi.
"Tout comme la jambe possède des muscles pour marcher, le cerveau a des muscles
pour penser" ("L'Homme machine", La Mettrie).
"Si une intelligence avait connu la situation de toutes les particules de matières à un
moment donné, rien ne serait incertain et le passé comme l'avenir s'offriraient à ses
yeux" (Laplace, mathématicien français).
⇒ L'idée est que tout se qui se passe est décidé à l'avance. « Les jeux sont faits ».
C'est le Déterminisme. La libre volonté des hommes n'est qu'un leurre, tout n'est
que le résultat de processus mécaniques.
Des philosophes allemands allèrent même jusqu'à penser que les processus de la
pensée se comportaient vis-à-vis du cerveau comme la bile vis-à-vis du foie ou
l'urine vis-à-vis des reins.
Mais la bile et l'urine sont des matières. Pas les pensées ! L'astronaute n'a jamais vu
Dieu, le spécialiste du cerveau n'a jamais vu une pensée !
Descartes et Spinoza s'attachèrent à définir les rapports entre l'âme et le corps.
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Descartes
(1596-1650)
Descartes mena une vie de voyageur (comme militaire) à travers l'Europe
(notamment 20 ans en Hollande). Son but était d'avoir une connaissance sûre au sujet
de la nature de l'homme et de l'univers. Ses études achevèrent de le convaincre de sa
parfaite ignorance. Malgré une vie courte, il est à l'origine de la pensée
philosophique moderne. Il fut le premier à construire un véritable système
philosophique, comme le firent ensuite Spinoza, Locke, Berkeley, Hume et Kant.
⇒ Seule la raison permet une connaissance claire. « Atteindre la connaissance par
des idées claires et distincte ». Nous ne pouvons pas faire confiance à ce qui est
écrit dans les vieux livres. (filiation entre Socrate, Platon, St Augustin et
Descartes : rationalistes)
⇒ Il ne faut pas se référer à la pensée héritée du Moyen Age.
⇒ Il ne faut pas se fier à nos sens (idem Platon), en effet difficile de différencier
rêves de réalité, mais recourir à la raison.
⇒ Etude du rapport âme – corps
Beaucoup de philosophes étaient alors septiques quant à la possibilité d'atteindre une
connaissance sûre. Cela ne suffisait pas à Descartes. De plus en plus de personnes
croyaient à une explication mécanique du monde. Avant le XVIIème on considérait
l'âme comme une sorte de « souffle de vie » qui anime tous les êtres vivants (ou
« souffle vital » ou « respiration ». Pour Aristote, l'âme était quelque chose de
présent dans tout l'organisme, donc indissociable du corps. C'est pourquoi il parlait d'
« âme végétative » et d' « âme sensitive ». Ce n'est qu'au XVII ème que les
philosophes firent une distinction radicale entre âme et corps.
Descartes est parti du constat que l' « esprit » commande le corps (je décide de lever
le bras…).
⇒ Il pose le problème de la méthode philosophique à suivre quand on se trouve face
à un problème philosophique (opuscule « Discours de la méthode »).
⇒ Nous ne considérons comme vrai que ce qui est clairement et distinctement
reconnu comme tel. Il peut être nécessaire de diviser un problème en autant de
petits problèmes que possible. On commence donc par les pensées les plus
simples pour aller vers les plus complexes. Chacune étant « pesée et mesurée »
(rôle de l'intuition). A chaque étape on vérifie que l'on ne laisse rien échapper à la
vigilance de l'esprit). On finit par être en mesure de déduire une certaine
conclusion philosophique. Il voulait appliquer une « méthode mathématique »
pour prouver la vérité de certaines idées philosophiques.
⇒ Il commence par douter de tout.
⇒ « Cogito ergo sum » (je pense donc je suis). Il s'appréhende comme un être
pensant. Puis se demande s'il ne connaît pas autre chose avec la même certitude
intuitive.
⇒ Il a aussi l'intuition qu'il existe un être parfait. Cette idée s'étant toujours imposée
à lui, il en déduit qu'elle ne peut venir de lui-même. Cette idée de perfection ne
peut venir que d'un être parfait, Dieu. Conclusion hâtive ? C'est la critique qui lui
sera faite.
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⇒ Descartes pense que nous ne pouvons imaginer quelque chose qui n'existerait pas,
comme l'être parfait (lien entre la pensée et l'existence). Dans le concept "être
parfait" il y a l'assurance qu'un tel être existe, comme un cercle existe car la
condition "tous les points sont à distance équivalente du centre" est remplie.
(Alors que son existence n'est pas assurée dans le concept "crocophant").
⇒ La nature n'est pas un rêve. On pourrait penser que toutes les images du monde
extérieur (comme le soleil et la lune) sont des chimères, mais la réalité extérieure
possède des qualité que nous pouvons reconnaître avec raison (rapports
mathématiques… signes de Dieu).
⇒ Mais la réalité extérieure est d'une autre nature que la réalité de la pensée. 2
formes de réalité ou 2 « substances ». La pensée (ou « âme ») et la « matière »
(ou « étendue »
⇒ L'âme est consciente d'elle même, ne prend pas de place et ne peut donc être
divisée en petites parties. La matière oui. Ces 2 substances découlent de Dieu.
⇒ Pensée et Matière sont indépendantes. Les processus matériels peuvent se
produire indépendamment de la pensée. Partage de la création de Dieu en 2 :
réalité matérielle et réalité spirituelle (dualisme).
⇒ L'homme est un être double (corps+esprit). Seul l'homme a une âme. Il
considérait les animaux comme des automates perfectionnés.
Descartes eut une grande influence, notamment sur Spinoza. Tous deux étaient de
purs rationalistes. Un rationaliste croit que la raison est à la source de la
connaissance. Il croit que l'homme naît avec certaines idées (idées innées), présentes
dans la conscience et qui précèdent toute expérience. Plus l'idée était claire, plus elle
devait correspondre à quelque chose de réel.
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Spinoza
(1632-1677)
⇒ Baruch Spinoza, philosophe hollandais, appartenait à la communauté juive
d'Amsterdam. Il vivait en taillant des verres optiques. Il fut banni, insulté,
poursuivi (par sa famille aussi!) et menacé à cause de ses idées jugées trop
subversives.
⇒ Il pensait que le christianisme et le judaïsme reposaient sur des dogmes rigides et
des rituels vidés de leur sens. Critique historique de la Bible, contradictions entre
les textes. Il rejetait l'idée que Dieu les ait inspirés.
⇒ Il s'est battu pour la liberté d'expression et la tolérance religieuse.
⇒ Il mettait en parallèle Dieu et la nature. Il voyait Dieu dans tout ce qui existe, et
tout ce qui existe, en Dieu (panthéiste). Dieu "est" le monde, et non seulement
celui qui l'a créé et le regarde.
⇒ Son ouvrage majeur : « Ethique démontrée suivant l'ordre géométrique ».
L'éthique est la doctrine des principes de la morale pour mener une vie heureuse.
⇒ Il veut démontrer que la vie de l'homme est déterminée par les lois de la nature.
Nous devons nous libérer de nos sentiments et de nos émotions afin de trouver la
paix et le bonheur.
Il réfute la distinction corps-esprit (moniste, par opposition au dualisme).
Il assimile Dieu à la nature, et la nature à Dieu, s'éloignant de Descartes et de la
conception judéo-chrétienne du monde (par « nature » il entend tout ce qui existe).
⇒ L'homme connaît 2 formes d'apparition de Dieu : la pensée et l'étendue, mais
Dieu en possède d'autres. Tout ce qui est dans la nature appartient soit à la Pensée
soit à l'Etendue. Toutes les choses et les évènements (la fleur et le poème sur la
fleur) sont différents modes de la Pensée ou de l'Etendue. Un modus (modi au
pluriel) est une modification de la Substance infinie qu'est la Nature. Une fleur est
un mode de l'attribut de l'Etendue, le poème sur cette même fleur est un mode de
l'attribut de la Pensée. Chaque créature est un mode de Dieu.
⇒ Dieu est la cause immanente de tout ce qui arrive. Dieu n'est pas un montreur de
marionnettes, il ne se manifeste que par les lois naturelles. Tout se produit par
nécessité (conception déterministe, rappelant la conception des stoïciens).
⇒ On doit vivre selon sa nature, développer les possibilités qu'on porte en nous
même, qui sont limitées car tributaires de nos dispositions de départ et des
conditions extérieures. Seul un être est « la cause de lui-même », c'est à dire
conçu par lui-même, pouvant agir et s'épanouir en toute liberté : Dieu, ou la
Nature. Un être humain peut lutter pour conquérir une liberté qui le délivre de
contraintes extérieures, mais il ne jouira jamais d'une « libre volonté ».
⇒ Nous n'avons pas une « âme libre » qui serait prisonnière d'un corps mécanique.
Nous ne choisissons pas ce que nous pensons.
⇒ Les passions de l'âme telles que la vanité ou le désir nous empêchent d'atteindre
le bonheur et l'harmonie. Mais il s'agit de percevoir dans une vision d'ensemble
que tout fait partie de la Nature pour former un grand Tout. Ainsi nous
connaîtrons la béatitude et la paix de l'esprit. Tout voir « sous l'angle de
l'éternité ».
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L'Empirisme
La tradition rationaliste va être battue en brèche à partir du XVIIIème siècle par
l'Empirisme. Plusieurs philosophes défendirent le point de vue que nous n'avons
aucune conscience des choses ou des évènements avant de les avoir appréhendés par
nos sens.
LOCKE
(1632-1704)
Dans l’« Essai sur l’entendement humain » (1690), il tentait d’éclaircir deux
questions : l’origine des pensées, et la fiabilité des sens.
Les pensées sont le fruit de l’expérience.
Nous commençons à percevoir le monde par nos sens, sous forme d’ « Idées
sensorielles simples ». La conscience transforme ces impressions, les soumet au
raisonnement, au doute. De ce travail résulte les « idées réflexives ».
Nous avons une vision « synthétique » des choses (voir + goûter une pomme).
Il distingue dans le domaine du sens les « qualités primaires » irréfutables (ex : poids,
forme, mouvement et nombre des choses) et les qualités « secondaires » (ex : couleur,
goût, température, son) qui elles peuvent varier selon l’appareil sensoriel.
La raison peut appréhender certaines qualités.
Il ouvre la voie à un savoir intuitif ou « démonstratif ». Certaines règles morales
fondamentales valent selon lui pour tous. Il se fit le chantre du « droit naturel ».
La raison humaine porte en elle l’idée de Dieu, ce n’est pas une question de foi, mais
de raison inhérente à l’homme.
Assez en avance sur son temps, il s’est aussi intéressé à l’égalité des sexes qu’il
défendait.
C’est à lui que l’on doit le « principe du partage du pouvoir » (pouvoir exécutif /
législatif).
Hume
(1711-1776)
Empiriste écossais, qui vivait à l'époque de Voltaire et Rousseau, c'est à dire au
siècle des lumières. Il passa une bonne partie de sa vie à voyager en Europe. Auteur
du "Traité de la nature humaine". Il part de la vie de tous les jours.
S'attache à mettre de l'ordre dans les concepts et les constructions intellectuelles des
précédents philosophes car on trouvait à cette époque aussi bien des croyances
héritées du Moyen Age que les pensées rationalistes du XVIIème.
Il voulut retourner à l'expérience sensible immédiate. "Car aucune philosophie ne
pourra nous mener au delà des expériences quotidiennes ou nous donner des règles
de conduite différentes de celles qu'une réflexion sur la vie de tous les jours nous
permet de trouver".
⇒ Selon Hume, un « ange » est une association d'idées, réunissant 2 expériences
différentes observées dans la réalité. En d'autres termes, c'est une représentation
fausse.
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De même, dieu est considéré comme un "père sévère et juste". 3 idées, "père",
"sévère" et "juste". Beaucoup de penseurs ont alors vu dans la religion une critique
adressée à notre propre père. Le "moi" est aussi une association d'idées.
Hume était agnostique, ni croyant, ni athée.
⇒ Il différencie le savoir et la raison de la foi. Il refuse de croire aux miracles, mais
il n'y a pas de preuves qu'ils n'existent pas non plus. Le miracle est une rupture
avec les lois naturelles.
Il est absurde de dire que nous avons une expérience sensible des lois naturelles.
Nous voyons qu'une pierre tombe toujours, mais nous n'avons pas la preuve qu'elle
tombera toujours. La nature devient une habitude (un enfant serait moins surpris
qu'un adulte si la pierre ne tombait pas).
Une boule qui en percute une autre la met en mouvement. Nous constatons que les
deux choses se produisent consécutivement (le heurt puis le mouvement), mais nous
ne pouvons établir la preuve que les deux sont liées. Ces liens relèvent souvent de
l'habitude. De même le lien entre l'éclair et le tonnerre sont incorrects, car tous deux
ont une même origine : une décharge électrique.
Dans la morale et l'éthique aussi, Hume s'attaque à la pensée rationaliste selon
laquelle la différence entre le bien et le mal est inscrite dans la raison de l'homme.
Hume soutient que ce n'est pas notre raison, mais nos sentiments qui dictent ce que
nous disons ou faisons.
Nous nous sentons tous concernés par le bien-être de nos semblables. La possibilité
de compatir n'a rien à voir avec la raison. Il y a une limite dans l'aide qu'on peut
apporter aux autres, cela peut être utile d'écarter quelqu'un de son chemin ("a-t-on le
droit de tuer quelqu'un"). Le fait que l'autre aime la vie n'est pas une raison logique
pour ne pas le faire. Il ne faut pas passer d'une phrase descriptive ("l'autre aussi aime
la vie") à une phrase normative ("on n'a pas le droit de supprimer"). Ne pas passer
d'une phrase énonçant "ce qui est" à "ce qu'il faut".
La raison ne peut nous dire comment nous devons agir. Et ce n'est pas en triturant
nos méninges que nous nous comporterons en adultes responsables, car ce n'est
qu'une question de cœur.
Ainsi nous agissons pour sauver des vies après une catastrophe écologique, laissant
parler notre cœur, alors que notre raison pourrait nous conduire à penser que c'est une
bonne chose vu la surpopulation de la planète.
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Berkeley
Georges
(1685-1753)
Evêque irlandais (Cloyne). Il sentait que la philosophie et la science mettaient en
danger la conception chrétienne du monde. Le matérialisme s'attaquait à la foi selon
laquelle Dieu avait créé l'univers et le maintenait en vie. Il a écrit le "Traité sur les
principes de la connaissance humaine" (1710), critique de l'abstraction sous toutes
ses formes.
⇒ Nous ne pouvons connaître le monde que par nos sens. Les choses sont
exactement comme nous les percevons, mais elles ne sont pas "des choses".
Berkeley met en doute le fait que le monde physique est une réalité comme l'ont
énoncé Descartes, Spinoza puis Locke. La seule chose qui existe est ce que nous
percevons. Nous ne percevons pas "la matière". Nous ne pouvons saisir le monde
comme si c'était un simple objet. Il nie l'existence d'un monde matériel qui serait
situé en dehors de la conscience humaine.
Quand on tape sur une table, on perçoit quelque chose de dur, mais on ne sent pas la
matière même de la table. On peut aussi rêver les choses. On peut aussi influencer la
perception de quelqu'un. Si ce n'est pas la table qui est dure, c'est qu'une volonté ou
un esprit nous l'a fait sentir. Toutes nos idées ont, selon lui, une cause extérieure à
notre propre conscience. Cette cause est spirituelle, et non matérielle.
Notre propre âme peut être la cause de nos propres représentations (comme le rêve).
Tout découle de l'esprit « qui agit en toute chose et en quoi toute chose consiste ». Il
pense à Dieu bien sûr. « L'existence de Dieu est beaucoup plus clairement perçue que
celle des hommes ». Tout ce que nous voyons et sentons est une conséquence de la
puissance de Dieu. Dieu est intimement présent dans notre conscience et fait surgir
toute cette multitude d'idées et de perceptions auxquelles nous sommes sans cesse
exposés. Le monde et notre existence reposent entre les mains de Dieu.
« Etre ou ne pas être » ne serait donc pas la seule question. Il faut aussi se demander
ce que nous sommes. Sommes nous de vrais êtres humains, en chair et en os ? Notre
monde est-il constitué de choses réelles où sommes nous seulement entourés de
conscience ?
Berkeley ne met pas seulement en doute la réalité matérielle, mais aussi le temps et
l'espace qui selon lui n'ont absolument pas d'existence, sinon dans notre conscience.
Bjerkely
(1685-1753)
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Bjerkely = "à l'ombre des bouleaux".
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Le Siècle des
lumières ou
Siècle du
rationalisme
(XVIIIème)
L'Angleterre était le centre de la philosophie au début du XVIIIème, puis l'Allemagne
au milieu, et enfin la France à la fin (du XVIIIème toujours).
La plupart des grands philosophes français, comme Montesquieu, Voltaire,
Rousseau, partagèrent des pensées générales.
1. Révolte contre l'autorité
2. Rationalisme
3. La pensée du siècle des lumières
4. L'optimisme culturel
5. Le retour à la nature
6. La religion naturelle
7. Les droits de l'homme
1. La première notion clef est celle de la révolte contre l'autorité. De nombreux
philosophes français s'étaient rendus en Angleterre qui jouissait à cette époque d'une
plus grande liberté. Ils furent fascinés par la science expérimentale (Newton et sa
physique universelle), et par la philosophie (Locke). En rentrant, ils se rebellèrent
contre les anciennes autorités, l'Eglise, le Roi et la noblesse (institutions plus
puissantes en France qu'en Angleterre). Il était essentiel d'avoir une attitude critique
vis-à-vis de la tradition philosophique. L'idée est que l'individu seul doit être à même
de répondre aux questions qu'il se pose. L'exemple de Descartes a fait des émules.
Au cœur de la philosophie des lumières, on retrouve la pensée de Locke : Dieu et
certaines morales sont innés dans la raison de l'homme. Les philosophes se situaient
dans la tradition des humanistes antiques, tels Socrate et les Stoïciens, puisqu'ils
avaient une foi inébranlable en la raison de l'homme.
2. La nouvelle science expérimentale avait établi que la nature suivait des règles bien
précises. Les philosophes s'assignèrent comme tâche de jeter les bases rationnelles de
la morale et de la religion. La pensée proprement dite du siècle des lumières
consistait à "éclairer" les couches profondes de la population. C'était la condition
sine qua non pour fonder une meilleure société. La misère et l'exploitation n'étaient
selon eux que la conséquence de l'ignorance et de la superstition si répandues parmi
le peuple. C'est pourquoi ils accordèrent une place primordiale à l'éducation du
peuple et des enfants. Ce n'est pas un hasard si la pédagogie date de cette époque,
dont l'œuvre marquante fut une encyclopédie.
3. Ces philosophes pensaient qu'il suffisait de répandre la raison et la connaissance
pour que l'humanité progresse.
4. Le progrès est une bonne chose s'il suit la lumière naturelle de la raison. Pour
certains, le nouveau mot d'ordre fut le retour à la Nature, le mot Nature signifiant
presque la même chose que "raison". Car la raison de l'homme est pour eux une
donnée de la nature. Le "bon sauvage" fut cité en exemple parce qu'il n'était pas
corrompu par la civilisation.
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5. « Nous devrions retourner à la nature », telle est la formule de Jean-Jacques
Rousseau. Car la nature est bonne et l'homme est, par nature, bon. Tout le mal réside
dans la société. L'enfant devrait, selon lui, avoir le droit de vivre dans son état
d'innocence "naturelle" aussi longtemps que possible. Là encore, le statut particulier
de l'enfance date du siècle des lumières, alors qu'avant ce n'était qu'une préparation à
la vie d'adulte. Nous sommes en effet des êtres humains et vivons notre vie sur terre
même lorsque nous sommes enfants.
6. La religion aussi doit redevenir "naturelle", retrouver des racines rationnelles. De
nombreux matérialistes ne croyaient en aucun dieu et affichaient un athéisme de bon
aloi. Cependant, les philosophes du siècle des lumières trouvaient qu'on ne pouvait
concevoir un monde sans dieu. Le monde était trop soumis à la raison pour envisager
une telle possibilité. Newton partageait ce point de vue. La croyance en l'immortalité
de l'âme relevait davantage du domaine de la raison que de celui de la foi,
exactement comme pour Descartes.
Les philosophes de cette époque voulaient dépoussiérer le christianisme de tous ces
dogmes arbitraires et de ces professions de foi qui venaient se substituer au message
de Jésus dans le cours de l'histoire de l'Eglise. Beaucoup se déclarèrent pour le
déisme. Le déisme est une conception selon laquelle Dieu a créé le monde il y a très,
très longtemps, et ne s'est pas manifesté depuis. Dieu se réduit à un "être suprême"
qui ne se révèle qu'à travers la nature et ses lois, et non de manière "surnaturelle".
Chez Aristote aussi, Dieu était "la première cause" ou le "premier moteur" de
l'univers.
7. Les philosophes français mettaient leurs théories en pratique, luttaient pour la
reconnaissance des "droits naturels" des citoyens, ou "droits de l'homme". Il
s'agissait tout d'abord de la censure, c'est-à-dire de la liberté d'expression, dans le
domaine de la religion, de la morale et de la politique. Chacun devait pouvoir penser
librement et exprimer ses convictions. Et il s'agissait aussi de lutter contre
l'esclavagisme et d'adoucir le traitement des criminels. Le principe de « l'inviolabilité
de tout individu » est exposé à la fin de la déclaration des droits de l'homme et du
citoyen qui fut rédigé par l'Assemblée Nationale en 1789.
Les philosophes des Lumières voulaient établir les droits inaliénables de chaque
individu, du seul fait qu'il est né homme. C'est ce qu'on entend par "droits naturels"
et qui bien souvent s'oppose aux lois en vigueur dans tel ou tel pays.
C'est sous la révolution française que commencèrent les premiers mouvements pour
les droits des femmes. Condorcet publia en 1787 un écrit sur les droits des femmes,
qui ont les mêmes droits naturels que les hommes.
Elles furent actives lors de la révolution, à la tête des manifestations qui
contraignirent le roi à s'enfuir de Versailles. Mais dès la restauration on revint à
l'ordre social traditionnel avec la domination masculine habituelle.
Une de celles qui luttèrent pour l'égalité des droits entre hommes et femmes fut
(Marie Olympe de Gouges (1748-1793), qui publia une déclaration sur les droits des
femmes. Elle fut guillotinée, et toute action politique fut désormais interdite aux
femmes. Il fallu attendre le XIXème siècle pour qu'il eût un nouveau mouvement pour
les femmes.
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Kant
(1724-1804)
Né à Königsberg (Prusse orientale, aujourd'hui Kaliningrad) d'un père bourrelier, il y
vécu toute sa vie. Il eu une éducation piétiste fort rigoureuse, d'où sa philosophie.
Comme pour Berkeley, il lui paraissait essentiel de sauver les fondements de la foi
chrétienne. Il fut le premier philosophe à avoir occupé une chaire de philosophie à
l'université (en quelques sortes il était "philosophe professionnel").
Le terme philosophe recouvre de nos jours deux sens légèrement différents : c'est
d'abord quelqu'un qui essaye de trouver ses propres réponses aux questions qu'il se
pose, mais ce peut être aussi un spécialiste de l'histoire de la philosophie sans pour
autant développer sa propre philosophie.
Pour les rationalistes, la raison de l'homme constitue le fondement de toute
connaissance, alors que les empiristes soutiennent que seuls nos sens nous permettent
de connaître le monde. Hume avait en outre clairement montré les limites des
conclusions auxquelles nos impressions nous font aboutir.
Kant pensait que les deux avaient pour une part raison. La question était bien de
savoir quelle connaissance nous pouvons avoir du monde et ce projet philosophique
était commun à tous les philosophes depuis Descartes. Mais il s'agissait de savoir si
le monde était tel que nos sens le percevaient ou tel que nous le représente la raison.
Selon Kant, la perception et la raison jouent toutes les deux un grand rôle, mais il
trouvait que les rationalistes accordaient trop de pouvoir à la raison, et que les
empiristes se limitaient trop à leurs expériences sensibles. Il admet que l'expérience
est à l'origine de toute connaissance, mais il ajoute que seule notre raison possède les
conditions requises pour analyser comment nous percevons le monde.
Si on met des lunettes rouges, on perçoit le monde réel, mais coloré. De la même
façon, Kant pensait que notre raison dispose de certaines facultés qui déterminent
toutes nos expériences sensibles. Quelle que soit notre expérience sensible, elle
s'inscrit obligatoirement dans l'espace et le temps. Kant appelait l' "espace" et le
"temps" les deux "formes à priori" de la sensibilité de l'homme, c'est-à-dire qu'elles
précèdent toute expérience. Cela signifie que nous savons à l'avance que toute
expérience sera inscrite dans le temps et l'espace. Nous ne pouvons en effet pas
enlever les "lunettes" de la raison.
Concevoir les choses dans l'espace et le temps est inné. Ce que nous voyons dépend
du lieu où nous sommes, mais, où que nous soyons, le monde n'est qu'une somme de
phénomènes inscrits dans le temps et l'espace.
Le temps et l'espace n'existent pas en dehors de nous, ils sont des éléments
constitutifs de l'homme. Ce sont avant tout des structures intuitives qui ne relèvent
pas du monde.
La conscience de l'homme n'est pas une feuille blanche où s'inscriraient de façon
passive les impressions de nos sens. C'est au contraire une instance éminemment
active, puisque c'est la conscience qui détermine notre conception du monde. Nos
perceptions se plient à nos "formes à priori" de la sensibilité, comme l'eau s'adapte à
la forme de la carafe.
Si la conscience est formée à partir des choses, les choses à leur tour sont formées à
partir de la conscience. Ce point est ce que Kant lui-même a surnommé sa
"révolution Copernicienne" dans le domaine de la connaissance (façon de penser
radicalement nouvelle).
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Quant à la "loi de causalité" que l'homme, selon Hume, ne pouvait pas connaître par
expérience, Kant considère qu'elle fait partie de la raison.
Hume prétendait que seule l'habitude nous fait croire à un enchaînement logique des
phénomènes dans la nature. Kant, lui, considère justement comme une qualité innée
de la raison ce qui chez Hume était indémontrable. La loi de causalité prévaudra
toujours, tout simplement parce que l'entendement de l'homme considère chaque
événement dans un rapport de cause à effet.
Pour Kant, aucun doute, nous portons cette loi en nous. Il veut bien admettre comme
Hume que nous ne pouvons avoir aucune certitude sur la vraie nature du monde "en
soi". Nous pouvons seulement connaître comment le monde est "pour moi", c'est à
dire pour nous, les êtres humains.
Cette différence entre "Das Ding an sich" (la chose en soi) et "Das Ding für mich" (la
chose pour moi) est le point essentiel de la philosophie de Kant.
Sans pouvoir nous avancer sur le terrain de "la chose en soi", nous sommes
néanmoins en mesure de dire à la suite de chaque expérience comment nous
concevons le monde.
Avant de sortir le matin, même si on n'a aucune idée de ce que l'on va vivre, on sait
que cela va s'inscrire dans l'espace et le temps. Quant à la loi de causalité, elle fait
partie de notre esprit. Nous aurions pu être dotés d'un autre système perceptif qui
aurait modifié notre expérience du temps et de l'espace. Nous aurions pu ne pas nous
intéresser aux relations de cause à effet dans le monde qui nous entoure.
Si une balle roule par terre, le chat va courir après, alors que l'humain va se retourner
pour voir d'où elle vient, parce qu'il s'interroge sur la cause de chaque évènement. La
loi de causalité est inhérente à chaque être humain.
Pour Hume, il était impossible de sentir ou de démontrer ces lois naturelles. Kant au
contraire, refusait d'admettre cela. Pour lui ces lois existent puisque c'est notre
faculté de connaître qui organise la connaissance, et non les objets qui la
déterminent.
Kant dit que la raison n'est pas complètement développée chez un petit enfant avant
qu'il n'ait un grand champ d'expérience à disposition.
D'un côté nous avons les éléments extérieurs que nous ne pouvons connaître avant
d'en avoir fait l'expérience et c'est ce que nous appelons la "matière" de la
connaissance. De l'autre nous avons les caractéristiques de la raison humaine comme
par exemple de concevoir chaque évènement dans l'espace et le temps ou encore de
le situer dans un rapport de cause à effet : c'est ce que l'on peut appeler la "forme" de
la connaissance.
Les philosophes avant Kant s'étaient posés les "grandes" questions philosophiques, à
savoir si l'homme a une âme immortelle, s'il existe un dieu, si la nature est constituée
de minuscules particules ou encore si l'univers est fini ou infini… Kant pensait que
répondre à ces questions n'était pas du ressort de l'homme. Cela ne voulait pas dire
qu'il les refusait, car dans ce cas il n'aurait pas été un vrai philosophe.
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Concernant des problèmes de cette importance, il trouvait que la raison s'exerçait en
dehors du champ de la connaissance. Mais c'est un trait caractéristique de la nature
humaine – ou de la raison – que d'éprouver le besoin de se poser précisément ce type
de questions.
Ainsi, quand nous nous demandons si le monde est fini ou infini, nous posons une
question sur un tout dont nous ne formons qu'une infime partie. C'est pourquoi nous
ne pouvons prétendre à connaître ce tout.
Quand nous nous interrogeons sur l'origine du monde et hasardons des hypothèses, la
raison tourne en quelque sorte à vide, car nous ne disposons pas de "phénomènes"
sensibles à proprement parler ou d'expériences auxquelles se référer. Nous ne
pouvons jamais faire l'expérience de la totalité qui nous englobe.
Nous ne sommes qu'une partie de la balle qui roule sur le sol sans pouvoir savoir
d'où elle vient. Mais notre esprit est ainsi fait que nous ne pouvons nous empêcher de
nous interroger sur l'origine de la balle et sur toutes sortes de problèmes même si
nous n'avons pas grand-chose de concret à nous mettre sous la dent.
S'agissant des problèmes fondamentaux, la raison produira toujours deux thèses tout
aussi probables ou improbables qui s'affronteront.
On peut tout aussi bien affirmer que le monde a commencé un jour ou qu'il a toujours
existé. Les deux possibilités sont tout aussi inimaginables pour la raison humaine.
Nous pouvons affirmer que le monde a été de tout temps, mais est-il possible que
quelque chose ait toujours existé sans qu'il y ait eu un jour un commencement. Si on
suit le raisonnement inverse, nous disons que le monde a eu un commencement, ce
qui revient à dire qu'il est né du néant. Mais quelque chose peut-il naître du néant ?
Dans les deux cas on est coincé, et pourtant l'une des hypothèses est juste.
Démocrite et les matérialistes pensaient que la nature était constituée de minuscules
éléments qui s'assemblaient entre eux pour former quelque chose. D'autres, comme
Descartes, pensaient au contraire que l'étendue pouvait toujours se subdiviser.
D'autres ont souligné que la liberté était une des facultés les plus importantes chez
l'homme. Mais, pour les stoïciens et Spinoza, pour ne citer qu'eux, tout ne fait que
suivre les lois de la nature. Là encore, Kant trouve que la raison n'est pas en mesure
de trancher le débat.
Il en est de même pour prouver l'existence de Dieu. Jamais l'expérience ne peut nous
fournir le moindre fondement pour affirmer que Dieu existe ou non.
Kant, voulait sauver les fondements de la foi chrétienne. Il a ouvert la voie à une
nouvelle dimension religieuse : la foi va s'engouffrer dans l'espace laissé vacant par
l'expérience.
Depuis la réforme, le protestantisme s'est caractérisé par sa foi, alors que le
catholicisme a dès le Moyen-Âge recouru à la raison pour étayer sa foi.
Mais Kant ne se contenta pas de rejeter ces questions sur le compte de la foi. Il était
selon lui nécessaire à la morale de l'homme de présupposer que l'homme a une âme
immortelle, qu'il existe un Dieu, et que l'homme a un libre arbitre.
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Un peu comme Descartes, il commence par exprimer ses doutes sur notre faculté de
connaître, puis il réintroduit Dieu. Mais, à la différence de Descartes, il précise bien
que c'est sa foi qui l'a amené à ces conclusions et non la raison. Pour lui la foi en une
âme immortelle, en l'existence de Dieu et le libre arbitre de l'homme sont des
postulats pratiques (affirmé mais non démontré), quelque chose qui a trait à la
pratique de l'homme, autrement dit sa morale. C'est une nécessité morale que
d'accepter l'existence de Dieu.
Il ne faut pas espérer comprendre qui nous sommes, ni ce qu'est l'univers.
Le scepticisme de Hume vis-à-vis du message de notre raison ou de nos sens amena
Kant à se poser encore une fois toutes les questions essentielles et à ce titre le
problème de la morale est loin d'être accessoire. Hume déclara qu'il était impossible
de démêler le vrai du faux, puisque ce qui "est" n'implique pas ce qui "doit être".
Selon lui, pas plus notre raison que notre expérience sensible ne nous permettent de
distinguer le vrai du faux. Pour lui c’était une pure question de sentiments. Ce que
Kant trouvait bien trop inconsistant comme fondement de la théorie.
Pour Kant, la distinction entre bien et mal recouvrait quelque chose de réel. Cette
distinction n’est pas apprise, mais est inscrite dans notre raison (inné). Tous les
hommes ont accès à la même loi morale universelle. Cette loi est aussi absolue que
les lois physiques pour les phénomènes naturels. Elle est le fondement de notre vie
morale comme peut l’être le principe de causalité pour notre entendement ou encore
que sept et cinq font douze.
La loi morale précède toute expérience, elle est donc dite formelle. Elle ne dit pas ce
qu’il faut faire ou ne pas faire dans telle circonstance, mais ce qu’il convient de faire
en toute circonstance. Cette loi est un impératif catégorique, c’est-à-dire qu’elle vaut
pour toutes les situations et qu’elle est impérative, c’est-à-dire qu’elle donne un ordre
auquel on ne peut qu’obéir.
Quand on fait quelque chose, il faut désirer que les autres dans une même situation
aient la même attitude que soi. Ce n’est qu’à cette condition que l’on agit en accord
avec la loi morale que l’on porte en soi.
⇒ « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans
la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin et jamais
simplement comme un moyen »
Ce qui revient à dire que nous ne devons pas utiliser les autres pour essayer d’en tirer
un profit personnel. Tous les hommes ont une fin en soi. Cela vaut pour tous les
autres, mais aussi pour soi-même.
La loi morale est absolue et universelle. La raison est impuissante à la démontrer,
mais elle n’en reste pas moins incontournable. Personne ne peut le nier. Quand Kant
décrit la loi morale, il décrit la conscience de l’homme. Nous ne pouvons pas
démontrer ce que nous dit notre conscience morale, mais nous le savons malgré tout
parfaitement.
Agir pour se montrer sous son meilleur jour n’est pas agir selon la loi morale. Pour
mériter le terme d’action morale, il faut que ce soit le résultat d’une victoire sur soimême. Il faut sentir que c’est notre devoir d’agir de la sorte. On parle pour Kant
d’une « éthique du devoir ».
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L’important est de faire les choses par devoir, d’avoir le sentiment d’accomplir des
choses justes, sans se préoccuper de voir si elles le sont effectivement.
L’homme possède une volonté libre selon Kant, mais il admet aussi que tout obéis au
principe de causalité. La volonté peut-elle être libre ?
Pour Kant, l’homme est divisé en corps et raison. Nous sommes des êtres soumis à
l’immuable loi de la causalité, mais nous ne pouvons pas choisir ce que nos sens
perçoivent, des expériences marquent en nous indépendamment de notre volonté.
Nous ne nous réduisons pas à cela : nous sommes aussi des êtres doués de raison. En
tant qu’êtres sensibles, nous faisons partie intégrante de l’ordre de la nature et ne
pouvons à ce titre exercer aucune volonté. Mais, en tant qu’êtres doués de raison,
nous appartenons à ce que Kant appelle « Das Ding an sich », c’est-à-dire au monde
tel qu’il est, indépendamment de nos perceptions. En suivant notre « raison
pratique », qui nous permet de faire des choix moraux, nous manifestons notre
liberté. Car en nous pliant à la loi morale, nous ne faisons qu’obéir à une loi que nous
nous sommes imposée.
Quand on décide de ne pas ennuyer les autres, même si ce n’est pas dans notre
intérêt, nous agissons librement. On n’est pas très libre et indépendant si on se
contente de suivre ses pulsions. On finit en effet par être l’esclave de ses désirs, de
son propre égoïsme par exemple. Il faut une bonne dose d’indépendance et de liberté
pour se détacher de ses envies et de ses désirs.
C’est ce qui différencie les hommes des animaux, ces derniers ne faisant que
satisfaire leurs désirs et leurs besoins.
Kant a réussi à faire sortir la philosophie de l’impasse où elle se trouvait avec la
querelle entre les rationalistes et les empiristes.
C’est lui qui proposa, en 1795, dans son Projet de paix perpétuelle, que tous les pays
s’unissent pour former une assemblée des peuples qui veillerait à la paix entre toutes
les nations. Ce n’est que 125 ans plus tard, après la première guerre, que fut créée la
société des Nations, qui fut remplacée par les Nations Unies après la seconde guerre.
Il mourut à l’aube d’une nouvelle époque, appelée le romantisme.
Sur sa tombe est inscrit « Deux choses ne cessent de remplir mon cœur
d’admiration et de respect plus ma pensée s’y attache et s’y applique : le ciel étoilé
au dessus de ma tête et la loi morale en moi ».
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Le Romantisme
Fin XVIIIème
Mi XIXème
Après la Renaissance, le Baroque et le siècle des Lumières, arrive la dernière période
culturelle que l’Europe ait connu.
Le Romantisme, le dernier mouvement à définir un mode de vie ? Cela commença en
Allemagne en réaction contre le partage de la raison pendant le siècle des Lumières.
Après Kant et sa philosophie qui était plutôt austère, les jeunes en Allemagne avaient
besoin d’air pur.
Les nouveaux mots d’ordre étaient « sentiments », « imagination » et « nostalgie ».
Certes, le sentiment n’avait pas été mis de côté par les philosophes du siècle des
Lumières (ex : Rousseau), mais ce n’était que pour faire contrepoids à la raison. Ce
qui n’était qu’accessoire devint essentiel dans la culture Allemande.
De nombreux romantiques se considéraient comme les descendants de Kant. Kant
avait clairement indiqué qu’il y avait des limites à ce que nous pouvons savoir de « la
chose en soi » (das ding an sich) tout en soulignant l’importance du sujet sur la voie
de la connaissance. Ainsi chacun pouvait à sa guise redéfinir son rapport au monde et
donner sa propre interprétation du réel.
Les romantiques pratiquèrent à l’outrance ce « culte du moi ». Tout ceci aboutit à
l’idée de génie artistique comme quintessence de l’esprit romantique.
Beethoven est un exemple de génie, sa musique traduit les émotions et les désirs d’un
être humain et, à ce titre, il s’oppose aux grands maîtres de la musique baroque
comme Bach et Haendel, qui composaient en l’honneur de Dieu, et d’après des
règles assez strictes.
Il y a beaucoup de traits communs entre la renaissance et le romantisme, entre autre
la place privilégiée accordée à l’art comme moyen de connaissance. Kant n’y est pas
étranger, puisqu’il s’était interrogé sur l’origine de notre ravissement face à quelque
chose de très beau. Selon lui, en nous abandonnant à la contemplation esthétique
sans rechercher autre chose qu’une expérience d’ordre artistique, nous nous
approchons d’une forme d’expérience de la « chose en soi », car nous débordons du
strict cadre de notre raison. L’artiste exerce librement sa faculté de connaissance et
joue avec elle.
L’artiste peut faire passer quelque chose que les philosophes sont incapables
d’exprimer. Telle était la conception des romantiques.
Le poète allemand Schiller développa les idées de Kant en disant que l’activité
artistique est comme un jeu où l’homme est libre puisqu’il invente ses propres règles.
Les romantiques pensaient que seul l’art nous permet de cerner l’indicible. D’autres
allèrent jusqu’à comparer l’artiste avec Dieu. Ce n’est pas si surprenant car l’artiste
créé sa propre réalité exactement comme Dieu a créé le monde.
L’artiste a une imagination créatrice. Porté par son élan créateur, il abolit la
différence entre rêve et réalité.
Novalis déclara que « le monde devient rêve, le rêve devient monde ». Il écrivit un
livre (inachevé à sa mort) qui eut un grand succès « Heinrich von Ofterdingen », où
il est question du jeune Heinrich qui part à la quête de « la fleur bleue » qu’il a
aperçue un jour en rêve et n’aspire qu’à retrouver.
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La nostalgie, la quête de quelque chose d’éloigné et d’insaisissable était
caractéristique de la mentalité romantique. On regrettait les époques révolues comme
le Moyen Âge par exemple.
Les romantiques voulaient aussi retrouver la trace de cultures plus lointaines, comme
la culture et la mystique orientales. Ils se sentaient attirés par la nuit, les lueurs
crépusculaires, les ruines et le surnaturel, en un mot par tous les aspects nocturnes,
c’est-à-dire étranges et mystiques, de l’existence.
Le romantisme fut d’abord un phénomène urbain, dans la plupart des grandes villes
d’Europe dans la première moitié du XIXème, et tout particulièrement en Allemagne.
Le romantique type était un jeune homme, souvent étudiant, même s’il ne brillait pas
dans ses études, avec une conception de vie très antibourgeoise, allant jusqu’à
qualifier les autres, que ce soit la police ou sa logeuse, de « sale petits-bourgeois »,
voire d’ « ennemis ». Le romantisme fut la première révolte des jeunes en Europe. Il
y a beaucoup de traits communs entre eux et les hippies à cent soixante ans d’écart.
L’oisiveté passait pour l’idéal du génie, et la paresse pour la vertu du romantisme.
Les romantiques considéraient comme leur devoir de faire toute sorte d’expériences,
mais aussi de s’échapper du monde par le rêve. La routine, c’était bien assez bon
pour les petits-bourgeois.
Il y eut également des romantiques en Norvège, comme Welhaven et Wergeland. Ce
dernier incarna beaucoup d’idéaux du siècle des Lumières, mais sa vie est
typiquement celle d’un romantique : il était constamment amoureux, mais sa
« Stella », pour qui il composa tous ses poèmes d’amour, resta toujours, trait
caractéristique du romantisme, une figure aussi lointaine et inaccessible que « la
fleur bleue » de Novalis. Il se fiança à une jeune fille de 14 ans qui mourut un an
après, mais il lui resta toujours fidèle. Il mourut à vingt-neuf ans.
La plupart des romantiques moururent souvent jeunes, souvent de tuberculose, et
parfois de suicide. Ceux qui vieillirent cessèrent d’être romantiques quand ils
atteignirent la trentaine, pour devenir de bons bourgeois bien conservateurs.
Le schéma de l’amour impossible se retrouve déjà dans le roman épistolaire de
Goethe : « Les souffrances du jeune Werther » (1774). Ce petit livre se termine par le
suicide du jeune Werther qui ne peut obtenir celle qu’il aime. Il y eut une telle vague
de suicide à la suite de ce roman qu’il fut un temps interdit. Etre romantique n’était
donc pas anodin.
Une des caractéristiques du romantisme est la nostalgie d’une nature sauvage et
mystique, vision créée de toute pièce. La nature est considérée comme un tout. Les
romantiques s’inscrivent dans la tradition de Spinoza, de Plotin et des philosophes de
la renaissance comme Jacob Böhme, et Giordano Bruno. Tous ces philosophes
affirment avoir fait l’expérience d’un « moi » divin au sein de la nature. Ils étaient
panthéistes.
Descartes et Hume avaient opéré une nette distinction entre le moi du sujet et
l’ « étendue » de la réalité. Kant avait aussi laissé cette distinction entre le
« moi connaissant » et la nature « en soi ».
Et voilà qu’on déclarait que la nature n’était qu’un immense « moi » !
Les romantiques se servaient aussi de l’expression l’ « âme du monde » ou l’ « esprit
du monde ».
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Friedrich
Wilhelm
Schelling
1775 - 1854
Premier grand philosophe romantique, il tenta d’abolir la distinction entre
l’ « esprit » et la « matière ». Toute la nature n’était selon lui que l’expression d’un
absolu ou de l’ « esprit du monde ».
« La nature est l’esprit visible, l’esprit la nature invisible » (Schelling). Car partout
dans la nature nous pouvons trouver un « esprit qui ordonne et structure ». La
« matière est de l’intelligence ensommeillée », ajoute-t-il. Il voyait en la nature
l’esprit du monde, mais il voyait aussi cet esprit à l’œuvre dans la conscience de
l’homme. Vu sous cet angle, la nature et la conscience de l’homme sont simplement
deux formes d’expression de la même chose.
On peut chercher l’ « esprit du monde » aussi bien dans la nature qu’en soi-même.
C’est pourquoi Novalis a pu écrire que « le chemin mystérieux va vers l’intérieur ».
Il entendait par là que l’homme porte tout l’univers en lui et que c’est en plongeant à
l’intérieur de soi-même que l’homme peut ressentir le mystère du monde.
Pour les romantiques, la philosophie, les sciences expérimentales et la littérature
faisaient partie d’un grand tout. La nature n’est pas un mécanisme mort mais un
« esprit du monde » vivant.
Schelling observait une évolution dans la nature qui partait de la pierre et de la terre
jusqu’à la conscience de l’homme. Il soulignait les différents stades qui permettent
de franchir toutes les étapes qui vont de la nature inanimée jusqu’à des formes de vie
de plus en plus élaborées.
La nature était conçue par les romantiques comme un organisme, c’est-à-dire un tout
qui laisse s’épanouir ses possibilités internes ou comme une fleur qui s’ouvrirait en
montrant ses feuilles ou ses pétales. Ce pourrait aussi être un poète qui laisse venir à
lui les poèmes. Ceci rappelle Aristote. La philosophie romantique de la nature
présente des traits communs à la fois avec le Néo-platonisme et Aristote qui
concevait davantage les phénomènes naturels d’un point de vue organique que les
matérialistes mécaniques.
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Selon lui, le cours de l’histoire était le fruit d’un processus visant à un but bien
Johann
Gottfried Herder précis. Il avait une conception « dynamique », en opposition à la conception
1744 - 1803
« statique » des philosophes du siècle des Lumières. Herder rendit justice à chaque
époque, de même que chaque peuple avait sa spécificité, ce qu’il appelle l’ « âme du
peuple ».
Toute la question est de savoir si nous sommes capables de nous transposer dans ces
différentes cultures. Tout comme nous devons pouvoir nous mettre à la place de
quelqu’un pour mieux comprendre la situation, nous devrions être capables de nous
imaginer vivre dans d’autres époques pour mieux les comprendre. C’est devenu un
lieu commun à notre époque, mais c’était très nouveau à l’époque romantique. Le
romantisme contribua en effet à renforcer l’identité culturelle de chaque nation.
Il faut distinguer deux formes de romantisme :
- Celui qu’on a appelé le romantisme universel et qui fait référence à la conception
de la nature, à l’âme du monde et au génie artistique et qui se développa surtout à
Iéna en Allemagne vers 1800.
- Le romantisme national qui connut un essor quelques années plus tard à
Heidelberg. Les romantiques nationaux s’intéressaient surtout à l’histoire, à la
langue du « peuple », c’est-à-dire à tout ce qui relevait de la culture « populaire ».
Car le peuple était considéré comme un organisme devant développer ses
possibilités internes, tout comme la nature ou l’histoire.
Ce qui relie ces deux aspects du romantisme, c’est la notion d’organisme. Tout, que
ce soit une plante, le peuple, un poème, la langue ou la nature toute entière, était
considéré comme un organisme vivant. L’esprit du monde était tout aussi présent
dans la culture populaire que dans la nature et l’art.
Les romantiques raffolaient des contes (Contes des frères Grimm, contes
d’Hoffmann,…). Pour les chansons comme pour les poèmes, on tente de rapprocher
le populaire du savant. En musique, le savant c’est la musique composée selon des
règles bien précises, alors que la musique populaire venait du peuple lui-même, et
non d’un seul individu. La littérature savante est, de la même façon, celle qui est
écrite par une seule personne, à l’opposé des contes.
En résumé, les romantiques concevaient l’ « âme du monde » comme un « moi » qui
dans un état plus ou moins onirique pouvait recréer le monde.
Le philosophe allemand Johann Gottlieb Fichte expliquait que la nature n’est que
l’émanation d’une instance supérieure qui prend inconsciemment cette forme. Pour
Schelling aussi, le monde est « en Dieu ». Dieu est conscient de ce qu’il crée, mais il
existe des faces cachées dans la nature qui représentent ce qui est inconscient chez
Dieu. Car Dieu aussi a son côté « nocturne ».
De même, entre l’écrivain et son œuvre. Le conte permettait à l’auteur de laisser libre
cours à son imagination et l’acte de création échappe toujours un peu à la conscience
de son créateur, comme si l’œuvre se produisait elle-même. L’écrivain pouvait
toujours briser le charme en glissant quelques commentaires ironiques à l’encontre
du lecteur, histoire de rappeler que ce n’était qu’un conte. De cette façon, l’écrivain
pouvait dire au lecteur que sa propre existence était aussi merveilleuse. On a qualifié
cette forme de rupture de l’illusion d’ « ironie romantique ».
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Georg Wilhelm
Friedriech
Hegel
1770 - 1831
Il fut le premier philosophe qui tenta de trouver un point d’ancrage à la philosophie
après que le romantisme eut tout dissous dans l’esprit.
Né à Stuttgart, il étudia la théologie. A partir de 1779, il travailla avec Schelling à
Iéna au moment ou le romantisme était à son apogée. Il enseigna, puis fut professeur
à Heidelberg, qui était alors le centre du romantisme national allemand. Enfin, à
partir de 1818, il obtint une chaire à Berlin qui était déjà, à cette époque, en passe de
devenir le centre intellectuel de toute l’Allemagne. Il mourut en 1831 du choléra,
mais l’hégélianisme avait d’ores et déjà trouvé un large public dans les universités
allemandes.
Il réunit et développa les principaux courants de pensée des romantiques, ce qui ne
l’empêcha pas d’exercer une critique virulente à l’égard de la philosophie de
Schelling. Schelling et les autres romantiques voyaient dans l’ « esprit du monde »
l’origine de l’existence. Hegel utilise aussi l’expression d’ « esprit du monde » ou de
la « raison du monde », pour parler de la somme de toutes les manifestations à
caractère humain. Car seul l’homme a un esprit. C’est en ce sens que nous pouvons
parler de la progression de l’Esprit du monde à travers l’histoire. Il ne faut jamais
oublier que la philosophie parle de la vie, de la pensée et de la culture des hommes.
Hegel dit que la vérité est fondamentalement subjective. Il ne croyait pas à une vérité
au dessus ou en dehors de la raison humaine.
Sa philosophie est très complexe et très nuancée. Sa « philosophie » était chez lui
avant tout une méthode pour comprendre le mouvement de l’histoire. Il est donc
impossible de parler de Hegel sans parler de l’histoire des hommes.
Tous les systèmes philosophiques avant Hegel avaient en commun d’essayer de
trouver les critères éternels qui pourraient déterminer le champ du savoir de
l’homme. Cela vaut pour Descartes et Spinoza aussi bien que pour Hume et Kant.
Chacun avait tenté de définir les fondements de la connaissance humaine, mais en se
situant chaque fois dans des conditions intemporelles. Mais Hegel pensait que l’on
ne pouvait pas faire l’impasse du devenir, car ce qui est à la base de la connaissance
humaine se transforme au fil des générations. On ne peut donc selon lui pas parler de
« vérités éternelles ». Il n’existe pas de raison intemporelle. La seule base à partir de
laquelle le philosophe peut travailler, c’est l’Histoire elle-même.
L’Histoire est semblable au cours d’un fleuve. Toute les pensées que la tradition fait
« déferler » sur nous, d’une part, et les conditions matérielles qui déterminent notre
présent, d’autre part, concourent à définir notre mode de pensée. Une pensée ne peut
être juste ou éternelle. Elle peut tout juste se révéler juste là où l’on se trouve.
Ainsi brûler des forêts pour rendre des terres cultivables était juste, mais ne l’est plus
à la lueur des connaissances d’aujourd’hui.
La raison est quelque chose de dynamique, et la « vérité » est ce processus même. Il
n’existe en effet aucun critère extérieur à ce processus historique pour déterminer ce
qui présenterait le plus grand degré de « vérité » ou de « raison ».
On ne peut classer les idées de différentes époques (telles celles de Platon,
Aristote,…) en disant : celles-ci est juste, celle là est fausse. On ne peut séparer une
pensée de son contexte historique.
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La raison est « progressive », c’est-à-dire que la connaissance de l’être humain est en
perpétuel développement et, vu sous cet angle, ne fait qu’aller de l’avant.
L’esprit du monde se développe pour atteindre une conscience de plus en plus grande
de lui-même. L’Histoire n’est que le lent éveil de l’Esprit du monde jusqu’au stade
avancé de la conscience de lui-même. Le monde a toujours existé, mais à travers la
culture des hommes et l’évolution des hommes, l’Esprit du monde prend de plus en
plus conscience de sa spécificité.
C’est pour lui une réalité historique. L’étude de l’Histoire montre que l’humanité se
dirige vers une plus grande connaissance. L’Histoire témoigne que l’humanité évolue
dans le sens d’une plus grande rationalité et d’une plus grande liberté. Malgré tous
ces méandres, le processus historique va « vers l’avant ». Nous disons que l’Histoire
a un seul but : celui de se dépasser elle-même.
L’Histoire n’est qu’une longue chaîne de pensée. Hegel indique quelles règles
gouvernent cette longue chaîne de pensées. Une pensée vient souvent se greffer sur
d’autres pensées anciennes. Mais à peine posée, cette pensée va être contrée par une
nouvelle pensée, créant une tension entre les deux modes de pensée. Et cette
contradiction sera levée grâce à une troisième pensée qui conservera le meilleur des
deux points de vue. C’est ce que Hegel appelle « un processus dialectique ».
Les présocratiques parlaient d’une substance élémentaire et de ses métamorphoses.
Puis les Eléates affirmèrent qu'aucune matière ne pouvait se transformer. Ils furent
obligés de nier ce que leurs sens percevaient pourtant dans la nature. Les Eléates
avaient formulé cette affirmation et c’est un point de vue de ce type que Hegel
appelle une « position ».
Mais dès qu’une position est nettement définie, elle attire son contraire. Ce que
Hegel appelle une « négation ». La négation de la philosophie des Eléates, ce fut
Démocrite qui déclara que tout s’écoule. A partir de là il y a une tension entre les
deux manières de voir totalement opposées. Mais cette tension fut conservée, niée,
dépassée (subsumée) quand Empédocle affirma que tous les deux avaient à la fois
tort et raison.
Les Eléates avaient raison quand ils disaient que rien fondamentalement ne se
transforme, mais ils avaient tort quand ils disaient que l’on ne pouvait se fier à ses
sens. Héraclite, lui, avait raison de croire qu’on pouvait se fier à ses sens, et tort
quand il disait que tout s’écoule. Car il n’y avait pas qu’une substance élémentaire.
La composition changeait constamment et non les éléments eux-mêmes.
Le point de vue d’Empédocle a départagé deux points de vue opposés, c’est ce que
Hegel a appelé « la négation de la négation ».
Il a qualifié les trois stades de la connaissance de thèse, antithèse et synthèse. Ainsi
le rationalisme de Descartes fut contredite par l’antithèse empirique de Hume. Mais
cette contradiction, cette tension, fut niée et en même temps conservée dans la
synthèse de Kant. Ce dernier donna à la fois raison aux rationalistes et aux empiristes
sur des points précis tout en montrant leurs erreurs respectives sur des points
importants.
La synthèse de Kant devint à son tour un nouveau point de départ pour une nouvelle
chaîne de pensée composée de ces trois maillons que Hegel qualifie de « triade ».
Car la synthèse va elle aussi être contredite par une nouvelle antithèse.
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Hegel s’est borné à mettre à nu certaines lois qui régissent le développement de la
raison – ou de l’esprit du monde – à travers l’histoire. Du reste la dialectique de
Hegel ne s’applique pas qu’à l’Histoire. Quand nous discutons ou voulons expliquer
quelque chose, nous pensons de manière dialectique. Nous essayons de déceler les
défauts de l’argumentation : c’est ce qu’Hegel nomme « penser négativement ».
Mais quand nous critiquons un mode de pensée, nous voulons aussi conserver ce
qu’il a de bon.
Quand deux politiques de bords opposés discutent d’un problème de société, il y a
tension. Tout porte à croire que chacun a un peu raison. On peut espérer qu’il en
sorte le meilleur.
Cela dit, quand on est pris à partie, il n’est pas facile de faire la part du raisonnable.
C’est finalement l’Histoire qui montrera ce qui était vrai ou faux. Ce qui est
« raisonnable », c’est ce qui est « doué de vie ».
Ce qui continuera à vivre, c’est ce qui est juste, ou vice versa : ce qui est juste, c’est
ce qui continuera à vivre.
La vision du « raisonnable », sur bien des thèmes, évolue avec le temps. Il en va ainsi
de l’égalité des sexes. C’est justement parce que les hommes au temps de Hegel
clamaient si fort l’infériorité de la femme, c’est que le mouvement de libération des
femmes avait déjà commencé. Quel intérêt y aurait-il eu à défendre un point sur
lequel tout le monde tombait plus ou moins d’accord. Plus leurs propos étaient
virulents, plus l’antithèse ou la « négation » était forte.
Il est impossible de penser au concept « être » sans penser que l’on n’est pas
immortel. La tension entre « être » et « ne pas être » sera résolue dans le concept de
« devenir ». Car pour que quelque chose devienne, il faut que cette chose à la fois
soit et ne soit pas.
La « raison » de Hegel est donc une raison dynamique. A l’image de la réalité qui
n’est faite que de contrastes, il est logique qu’une description de la réalité soit
contradictoire.
Ainsi, Niels Bohr, célèbre chercheur en physique atomique, avait un fer à cheval, et
quand on lui a demandé pourquoi, il a répondu qu’il n’était pas superstitieux, mais
qu’il n’avait jamais entendu dire que cela ne marchait pas. Bohr disait qu’il y a deux
types de vérités, les superficielles où le concept opposé est faux de manière évidente,
et les plus profondes où le contraire peut être aussi juste (la vie est brève).
Il est des contradictions dialectiques, comme la jeune fille qui répond toujours
« oui », à qui on demande « Arrête de dire oui ! ». La réponse peut être soit « non »
(qui mérite une gifle), soit « oui », mais dans les deux cas la situation est bloquée. La
contradiction est tellement poussée à l’extrême que seul un événement extérieur peut
dénouer la situation (la gifle).
Les romantiques étaient des individualistes (le chemin mystérieux va vers
l’intérieur). Cet individualisme trouva sa négation ou sa contradiction dans la
philosophie de Hegel. Ce dernier souligna l’importance des « forces objectives »,
c’est-à-dire selon lui la famille et l’état. Bien sûr, Hegel ne perdait pas de vue
l’individu pris isolément, mais il l’incluait dans une communauté. La raison ou
l’Esprit du monde ne se révèlent que dans les rapports des hommes entre eux.
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La raison se révèle avant tout dans la langue. Et nous naissons au monde avec une
langue. La langue française peut très bien vivre sans M. Dupond, mais M. Dupond ne
peut vivre sans la langue française. Ce n’est pas l’individu qui crée la langue mais
bien l’inverse.
De même, on naît dans un certain contexte historique. Et personne ne peut avoir de
relation « libre » vis-à-vis de ce contexte. Celui qui ne trouve pas sa place dans l’état
est une personne anhistorique. Cette pensée était importante pour les grands
philosophes d’Athènes. Pas plus qu’on ne peut concevoir un Etat sans citoyens, on
ne peut concevoir de citoyens sans Etat.
L’état, selon Hegel, est plus qu’un simple citoyen, voire plus que l’ensemble des
citoyens. Il est impossible de s’abstraire de la société. Celui qui hausse les épaules
quand on lui parle de la société dans laquelle il vit et qui préfère « vivre pour luimême » est un imbécile.
Ce n’est pas l’individu qui selon Hegel vit pour lui-même, mais l’Esprit du monde.
L’Esprit du monde retourne à lui-même en trois étapes successives. Il entend par là
que l’Esprit du monde prend conscience de lui-même en trois stades.
L’esprit du monde prend conscience de lui dans l’individu. C’est ce que Hegel
appelle la raison « subjective ». Un degré supérieur est celui de la famille et de l’Etat,
la raison « objective », parce que c’est une raison qui se révèle au contact des
hommes entre eux.
La plus haute forme de connaissance de soi, l’Esprit du monde l’atteint dans la
conscience absolue. La conscience absolue, c’est l’art, la religion et la philosophie.
Et, de ces trois domaines, la philosophie est la forme la plus élevée de la raison,
puisque dans la philosophie l’Esprit du monde se réfléchit à sa propre activité au
cours de l’Histoire. Ce n’est donc que dans la philosophie que l’Esprit du monde se
réalise, atteint la parfaite égalité avec lui-même. La philosophie est le miroir de
l’Esprit du monde.
Nous ne menons pas le jeu. Si un enfant attardé dessine, ce n’est pas le papier qui
pourra dire ce que représente le dessin.
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Soren
Kiekegaard
1813
Il défendit une conception individualiste. Nous ne sommes pas seulement « les
enfants de notre siècle », chacun d’entre nous est une personne unique qui ne vit
qu’une seule fois.
Il s’est opposé à la philosophie de Hegel qui lui préférait considérer les grandes
lignes de l’Histoire. La panthéisme des romantiques, tout comme l’historicisme de
Hegel noyait la responsabilité individuelle.
Il eut une éducation sévère et religieuse. C’est ce sentiment religieux qui le poussa à
rompre ses fiançailles. Cela, ainsi que les critiques qu’il porta à la culture
européenne, fut mal perçu par la bourgeoisie bien pensante de Copenhague. Il suivi
les cours de Schelling.
La religion s’opposait à la raison, et il fallait faire un choix. La religion et la raison
sont comme l’eau et le feu.
Il s’attaque à la conception romantique de l’ironie et à leur jeu facile avec l’illusion.
Il voit dans l’ « ironie socratique » l’opposé de cette forme d’ironie, car Socrate
utilisait l’ironie comme moyen d’action afin de mettre en valeur la profonde gravité
de la vie.
Contrairement aux romantiques, Socrate était aux yeux de Kierkegaard un « penseur
existentiel », c’est-à-dire quelqu’un dont l’existence fait partie intégrante de la
philosophie.
Il trouva que les « vérités objectives » prônées par la philosophie hégélienne ne
pouvaient aucunement s’appliquer à l’existence individuelle.
Il ne s’agit pas de chercher la vérité avec un grand V, mais de trouver des vérités qui
concernent la vie de tout un chacun. Il importe de trouver ce qui est « vrai pour
moi ». Il oppose donc l’individu au système. Selon lui, Hegel avait oublié qu’il était
lui-même un homme. Le professeur hégélien par excellence est celui qui du haut de
sa tour d’ivoire explique le grand mystère de la vie. Il a, dans sa distraction, oublié
jusqu’à son nom et le fait qu’il est tout simplement un homme, et non la brillante
partie d’un chapitre.
Une description générale de la nature profonde ou de l’ « être » de l’homme ne
présente pour Kierkegaard aucun intérêt. C’est l’existence de chacun qui est
essentielle et l’homme ne prend pas conscience de son existence derrière un bureau.
C’est dans l’action et tout particulièrement face à un choix que nous avons affaire à
notre propre existence.
Un moine trouvait que Bouddha n’apportait aucune réponse satisfaisante à des
questions aussi essentielles que la nature du monde ou celle de l’homme. Bouddha
répondit en montrant du doigt un homme qui avait été blessé par une flèche
empoisonnée. L’homme ne demanderait jamais de quoi la flèche était faite.
Kierkegaard comme Bouddha ressentait avec une grande intensité que son existence
ne durait qu’un court instant. Il disait également que la vérité est « subjective ». Ce
qui, dans son esprit, ne revient pas à dire que toutes les opinions se valent, mais que
les vérités vraiment importantes sont personnelles. Ce sont seulement ces vérités qui
sont « une vérité pour moi ».
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Chaque homme se retrouve seul pour répondre à la question de l’existence de Dieu.
Et seule la foi peut nous permettre d’approcher ces problèmes fondamentaux (le
christianisme est une question de foi). Les choses que nous pouvons savoir avec
notre raison sont, selon Kierkegaard, tout à fait accessoires.
On ne peut savoir si quelqu’un nous a pardonné, si quelqu’un nous aime…
On ne s’interroge pas sur la « loi de la causalité », ni sur la « loi de causalité » quand
on reçoit son premier baiser…
L’essentiel n’est pas de savoir si le christianisme est vrai, mais s’il est vrai pour moi.
Kierkegaard a donc utilisé trois notions « existence », « vérité subjective » et le
concept de « foi » pour critiquer la tradition philosophique, notamment celle de
Hegel. Mais c’était aussi une critique de la « civilisation » car dans la société
moderne l’homme est devenu le « grand public » ou la « masse », et son signe
distinctif est de pouvoir parler de tout et de rien.
Nous dirions aujourd’hui que c’est le « conformisme » qui domine, c’est-à-dire que
tous « pensent » et « défendent » la même chose sans avoir le moindre réel
engagement vis-à-vis de cette chose.
Sa plume était acerbe , il savait manier l’ironie. Il pouvait lancer des formules
incendiaires comme « la foule est le contraire de la vérité », ou « la vérité est
toujours du côté de la minorité ». La plupart des gens se contentaient de jouer à vivre
sans se poser de question.
Il considérait qu’il y avait trois attitudes possibles face à l’existence (Les trois stades
sur le chemin de la vie). Le « stade esthétique », le stade « éthique » et le stade
« religieux ». En utilisant le terme de « stade », il veut montrer qu’on peut très bien
vivre au niveau des deux stades inférieurs, et franchir soudain le fossé qui vous
sépare du stade supérieur. Cela dit, la plupart des gens restent au même stade toute
leur vie.
Celui qui vit au stade de l’ esthétique vit dans l’instant et recherche à tout moment
son plaisir. Le bien est ce qui est beau, agréable ou plaisant. Un tel homme vit dans
le monde des sens. L’esthète est le jouet de ses désirs et de ses émotions. Est négatif
tout ce qui est ennuyeux. Le romantique typique est le type même de l’esthète. Il ne
s’agit pas seulement de jouissance des sens, mais l’attitude ludique vis-à-vis de la
réalité, de l’art ou de la philosophie détermine le stade esthétique. Même les soucis et
la souffrance peuvent être vécus et « regardés » d’un point de vue esthétique. C’est
alors la vanité qui gouverne.
Quelqu’un qui vit au stade esthétique ressent rapidement un sentiment d’angoisse et
de vide. Mais, si tel est le cas, il y a aussi de l’espoir. Kierkegaard considère en effet
l’angoisse comme quelque chose de positif, car elle est l’expression qu’on se trouve
dans une « situation existentielle ». L’esthète peut choisir de faire un grand saut pour
atteindre le stade supérieur. Ce choix vient de l’intérieur.
On choisit une autre conception de vie et on passe au stade éthique. Celui-ci est
empreint de gravité. On tente d’y vivre selon des critères moraux. L’essentiel n’est
pas de savoir ce qui est juste ou faux, mais de choisir et d’agir en fonction de cette
distinction.
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L’esthète lui, ne s’intéresse qu’à savoir ce qui est « amusant » pour pouvoir laisser de
côté tout ce qui est ennuyeux.
Le « stade éthique » n’est pas satisfaisant pour Kierkegaard (trop sérieux). L’homme
de devoir finira par se lasser d’être si conscient de son devoir et ne jamais faillir à la
règle de vie qu’il s’est fixé. Beaucoup de personnes connaissent cette lassitude à
l’âge adulte. C’est pourquoi beaucoup retombent au stade esthétique où la vie
ressemble à un jeu.
Mais d’autres franchiront la dernière étape, qui conduit au stade religieux. Au plaisir
des sens et à l’accomplissement du devoir, il préfèreront la foi. Et même si cela peut
être « terrible de tomber vivant entre les mains de Dieu ». Pour Kierkegaard, le stade
religieux, c’est le christianisme. Mais sa pensée eut une grande influence sur des
philosophes non chrétiens. Au cours du XXème siècle une philosophie dite
« existentielle » s’en inspira.
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Marx
- 1883
Marx fut étudiant en philosophie en même temps que Kierkegaard. Il passa son
doctorat sur Démocrite et Epicure, c'est-à-dire sur le matérialisme pendant
l’antiquité. Suite à quoi il devint le philosophe du « matérialisme historique », alors
que Kierkegaard devint un philosophe de l’existence. Tous deux sont partis de la
philosophie de Hegel, puis ils ont pris leurs distances avec l’Esprit du monde, c’està-dire avec l’idéalisme de Hegel..
On dit que Hegel marqua la fin des grands systèmes philosophiques. Après lui, au
lieu des grands systèmes spéculatifs, nous trouvons ce qu’on appelle une
« philosophie de l’action ». Tel est le fond de la pensée de Marx quand il constate :
« les philosophes se bornent à interpréter le monde, alors qu’il s’agit de le
transformer. Cette phrase marque un tournant dans l’histoire de la philosophie.
La pensée de Marx a aussi une visée pratique et politique. Il n’était pas seulement
philosophe, mais aussi historien, sociologue et économiste.
Il faut veiller à ne pas assimiler tout ce qui se réclame du « marxisme » à la pensée
de Marx. Après s’être déclaré « marxiste » en 1840, il a lui-même tenu à se
démarquer de certaines interprétations de sa pensée.
Frédéric Hengels, un de ses amis et collègue, a participé à l’élaboration du
« marxisme ». Lénine, Staline, Mao et beaucoup d’autres ont apporté leur
contribution au marxisme, ou au marxisme-léninisme.
Il n’était pas un « philosophe matérialiste » au sens des philosophes atomistes de
l’Antiquité, ou encore du matérialisme mécanique des XVI et XVIIème siècles. Selon
lui, les conditions matérielles de la société déterminent de façon radicale notre mode
de pensée. Ces conditions matérielles sont à la base de tout développement
historique.
Hegel avait expliqué que le développement historique provenait de la tension entre
des éléments contradictoires qui disparaissaient sous le coup d’un brusque
changement. Marx est d’accord avec cette idée, mais selon lui Hegel mettait tout la
tête en bas.
Hegel nommait cette force motrice de l’histoire l’Esprit du monde ou la raison
universelle. Cette façon de voir les choses revenait, selon Marx, à prendre les choses
à l’envers. Lui voulait démontrer que les conditions matérielles de vie sont le moteur
de l’histoire. Ce ne sont pas les conditions spirituelles qui sont à l’origine des
changements dans les conditions matérielles de l’existence, mais le contraire : les
conditions matérielles déterminent de nouvelles conditions spirituelles.
Marx souligne particulièrement le poids des forces économiques au sein de notre
société, qui introduisent toutes sortes de changements et par là même font progresser
l’histoire.
Ainsi par exemple la philosophie et la science de l’Antiquité avaient une conception
purement théorique. Personne ne s’intéressait vraiment aux applications pratiques
des connaissances qui auraient pourtant apporté de notables améliorations. Tout ceci
était lié à l’organisation de la vie quotidienne sur le plan économique. Toute la vie
productive était largement fondée sur le travail des esclaves. C’est pourquoi les bons
bourgeois de l’époque ne s’embarrassaient pas d’améliorer le travail par des
inventions d’ordre pratique. On voit là l’influence des conditions matérielles qui
déterminent la réflexion philosophique au sein de la société.
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Ces conditions matérielles, économiques et sociales, Marx leur donna le terme
d’ « infrastructure ». Le mode de pensée d’une société, ses institutions politiques, ses
lois, sans oublier sa religion, son art, sa morale, sa philosophie et sa science, Marx
appela tout ça la « superstructure ». Selon lui, les conditions matérielles supportent la
somme de toutes les pensées au sein d’une société. C’est pourquoi, vu sous cet angle,
la superstructure n’est que le reflet de l’infrastructure du départ.
Il met cependant en garde contre certaines interprétations (ex : la théorie des idées de
Platon ne serait qu’un reflet de la production de poterie et de vin athénien de
l’époque). Il y a interaction entre l’infrastructure et la superstructure d’une société.
S’il avait nié une telle interaction, il aurait juste été un « matérialiste mécanique » de
plus. Mais il prend en considération la tension, autrement dit la relation dialectique
entre l’infrastructure et la superstructure. C’est pourquoi nous disons qu’il prône un
matérialisme « dialectique ».
Tout à la base, on trouve les « conditions de production », c'est-à-dire les conditions
naturelles ou les ressources naturelles (climat ou matières premières). Cela permet de
jeter les fondations de la société et de délimiter quel type de production cette société
pourra avoir. Du même coup on définit clairement quel genre de société et de culture
on aura.
La deuxième marche de l’infrastructure concerne les « moyens de production ».
Marx entend par là les outils, les appareils et les machines dont disposent les
hommes au sein de la société.
La troisième marche de l’infrastructure est le possesseur des moyens de production.
L’organisation du travail, c’est-à-dire la répartition du travail et le statut des
propriétaires, c’est ce que Marx a appelé les « rapports de production ».
Le mode de production au sein d’une société détermine l’aspect politique et
idéologique de cette société. Il n’y a rien de surprenant à ce que nous ayons
aujourd’hui une manière de penser et une morale un peu différente de celles qu’on
avait autrefois. Marx ne croyait donc pas à un droit naturel qui aurait été valable pour
toutes les époques. La question de savoir ce qui est moralement bien découle de
l’infrastructure de la société.
Ainsi dans le cadre d’une société paysanne, les parents déterminaient qui leurs
enfants devaient épouser, alors que dans les sociétés modernes les enfants
choisissent.
Marx dit que c’est la classe dirigeante qui, en gros, détermine ce qui est bien et mal.
Car toute l’histoire n’est qu’une histoire de « lutte des classes » (ex : esclaves /
citoyens libres, seigneurs / paysans, nobles / bourgeois). L’histoire ne fait que
retracer la lutte pour s’emparer des moyens de production.
Les pensées et les idées des hommes ne contribuent-elles pas elles aussi à
transformer l’histoire ? Oui et non. Marx était conscient que la superstructure d’une
société pouvait influencer l’infrastructure, mais il ne reconnaissait pas à la
superstructure d’histoire indépendante.
A l’époque de Marx, la société était dite bourgeoise, ou « capitaliste », et
l’opposition se faisait entre le capitaliste et le travailleur ou le prolétaire. Et parce
que la classe dirigeante ne veut pas laisser échapper son pouvoir, seule une
révolution peut le faire.
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Marx s’intéressait tout particulièrement au passage d’une société capitaliste au
régime communisme.
Il s’est intéressé à ce qui se passe quand l’homme travaille. Hegel aussi s’était
interrogé et avait trouvé qu’il y avait un rapport réciproque ou « dialectique » entre
l’homme et la nature. Quand l’homme travaille la nature, son travail le transforme
aussi. Autrement dit, quand l’homme travaille, il intervient au sein de la nature et la
marque de son empreinte. Mais au cours de ce processus, la nature elle aussi a une
action sur l’homme et laisse une empreinte dans sa conscience.
« Dis-moi quel travail tu as et je te dirai qui tu es ». Notre façon de travailler a une
influence sur notre conscience, mais notre conscience influence aussi notre manière
de travailler. Il y a un rapport dialectique entre la « main » et l’ « esprit ». La
connaissance de l’homme entretient donc un lien étroit avec son travail.
Pour eux le travail est quelque chose de positif, étroitement lié au fait d’être homme.
On pourrait donc penser que c’est une bonne chose d’être ouvrier. Mais c’est là
qu’intervient la cinglante critique de Marx. L’ouvrier travaille pour quelqu’un
d’extérieur, et son travail ne lui appartient donc plus. Il devient étranger à son propre
travail et de ce fait étranger à lui-même (si on hait son travail, on finit par se haïr soimême). Il perd sa réalité en tant que personne. Marx utilise l’expression hégélienne
pour dire que le travailleur est l’objet d’un processus d’aliénation.
Dans la société capitaliste, le travail est organisé de sorte que le travailleur fait au
bout du compte un travail d’esclave pour une autre classe sociale. Le travailleur
remet sa force de travail - et par là même toute son existence d’homme – à la
bourgeoisie. Il faut se rappeler qu’à l’époque, les ouvriers travaillaient douze heures
par jour dans des conditions souvent difficiles et pour une misère.
Il publia en 1948 avec Friedrich Engels le « Manifeste du Parti communiste », qui
commence par « Un spectre hante l’Europe – le spectre du communisme », et qui
finit par un texte appelant à la révolte du prolétariat « Prolétaires de tous les pays,
unissez-vous ».
L’ « exploitation », c’est le détournement de la « plus-value », ou profit (prix de
vente - salaire - coût de production), au profit du capitaliste. Le capitaliste peut alors
réinvestir dans un nouveau capital, par exemple la modernisation des unités de
production. Mais ce sera à seule fin de pouvoir baisser les coûts, et donc d’augmenter
son profit.
Marx pensait que le mode de production capitaliste avait ses propres contradictions
internes, qui s’auto détruit car il n’est pas guidé par la raison. Le capitalisme est un
élément de progrès, une étape vers la voie du communisme.
Les usines s’agrandissent et finissent par appartenir à une poignée d’hommes. Le
chômage s’installe et les problèmes sociaux augmentent, d’où crise. On peut baisser
les salaires, mais alors personne ne peut acheter, c’est un cercle vicieux. Les
prolétaires finissent par se révolter et s’emparer des moyens de production. Une
nouvelle classe sociale, à savoir les prolétaires au pouvoir, dominera la classe
bourgeoise. C’est « la dictature du prolétariat ». Mais après une période de transition,
la dictature du prolétariat sera à son tour balayée par une « société sans classe » : le
« communisme ».
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Ce sera l’avènement d’une société où les moyens de production appartiennent à tous,
c’est-à-dire au peuple lui-même.
Dans une telle société, chacun aurait sa place « selon ses capacités » et recevrait
« selon ses besoins ». Le travail en outre appartiendrait au peuple, et il n’y aurait plus
d’aliénation.
Les philosophes contemporains relèvent que Marx s’est trompé sur plusieurs points
assez importants comme l’analyse des crises du régime capitaliste. Marx a négligé
l’aspect d’exploitation de la nature. Ceci étant, il est incontestable que le socialisme a
contribué à rendre la société moins inhumaine.
Après Marx, le mouvement s’est scindé en deux : d’un côté la « social-démocratie »
et de l’autre le « marxisme - léninisme ».
La social - démocratie, qui tend à instaurer lentement et en douceur une société
socialiste, s’est surtout répandue en Europe de l’ouest. C’est en quelque sorte la
révolution lente. Le marxisme - léninisme, qui a conservé la foi de Marx selon
laquelle seule la révolution peut combattre la vieille société de classes, eut beaucoup
de succès en Europe de l’Est, en Asie et en Afrique.
A sa façon, chacun de ses deux mouvements a combattu la misère et l’oppression.
Mais cela donna lieu à une autre forme d’oppression. Marx ne peut être tenu pour
responsable de toutes les erreurs commises en son nom. Il n’avait peut-être pas assez
réfléchi au fait que ce serait des hommes qui seraient chargés de gérer le
communisme, et que les hommes ont des défauts. Aussi le paradis sur terre n’est pas
pour demain. Les hommes sauront toujours se créer de nouveaux problèmes.
Marx jugeait que le capitalisme créait une société injuste. Mais qu’est-ce qu’une
société juste. John Rawls un philosophe de la morale, sous l’inspiration de Marx, a
donné l’exemple d’une assemblée qui déterminerait les lois pour la société de
demain, assemblée qui tomberait raide morte ensuite, pour se réveiller dans cette
nouvelle société, sans savoir quelle place ils auraient dans ladite société.
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Darwin
1809 - 1883
Marx passa les 34 dernières années de sa vie à Londres. Darwin vécut à la même
époque que Marx, qui voulut lui dédicacer son livre « Le capital », mais Darwin
refusa.
A sa mort, Friedrich Engels déclara « De même que Darwin a découvert les lois de
l’évolution organique de la nature, Marx a découvert les lois du développement
historique de l’humanité ».
Sigmund Freud, qui vivra également à Londres, mais un demi-siècle plus tard,
montra qu’aussi bien Darwin dans sa théorie de l’évolution que lui-même avec sa
théorie de la psychanalyse avaient blessé l’homme dans « l’amour naïf qu’il portait à
lui-même ».
Freud, Darwin et Marx étaient des naturalistes. Le mouvement « naturaliste »
commença au milieu du XIXème siècle pour se poursuivre une bonne partie du XXème.
Il s’agit d’une conception de la nature qui ne reconnaît point d’autre réalité que la
nature et le monde sensible. Le naturaliste ne considère l’homme que comme une
partie de la nature.
Pour Marx, l’idéologie des hommes était le produit des conditions matérielles de la
société. Darwin montra que l’homme était le fruit d’une longue évolution biologique,
et, grâce à ses recherches sur l’inconscient, Freud mis en évidence que les actions
des hommes sont souvent le fait de pulsions ou d’instincts.
De même que les présocratiques, qui voulaient trouver des explications naturelles
aux phénomènes naturels, durent se libérer des explications mythologiques, Darwin
dû se libérer de la conception de l’Eglise concernant la création de l’homme et de
l’animal. Il fut le premier à oser contredire la bible sur la question de la place de
l’homme dans la création.
Darwin fut un élève moyen, s’intéressant plus aux insectes qu’à la théologie qu’il
étudia. Il partit en voyage pendant 5 ans autour du monde sur un bateau parti au
départ pour deux ans faire la carte de l’Amérique du sud. Il put collecter de
nombreuses informations et échantillons (fossiles,…). En rentrant à vingt-sept ans il
était déjà un chercheur célèbre, et sa théorie était déjà en tête.
Il publia plusieurs livres. Celui qui provoqua un tollé parut en 1859 : « De l’origine
des espèces par la sélection naturelle ou la préservation des races favorisées dans la
lutte pour la vie ». Il affirme que l’évolution est due à une lente sélection naturelle,
parce que seuls les forts survivent.
Cette théorie de l’évolution biologique se développait depuis les années 1800, avec
Jean-Baptiste Lamarck, et Erasmus Darwin, le propre grand-père de Darwin, qui
avait déjà lancé l’idée que toutes les plantes et les animaux s’étaient développés à
partir d’un petit nombre d’espèces primitives. Mais aucun n’avait expliqué comment.
C’est pourquoi ils n’avaient pas encouru les foudres de l’Eglise. La bible dit que les
plantes et les animaux ont une nature immuable.
La plupart des géologues s’en tenaient alors à une « théorie de la catastrophe » selon
laquelle la terre avait à plusieurs reprises subit des catastrophes qui avait éradiqué
toute forme de vie, et Dieu l’avait alors recréée (ex : le déluge avec l’arche de Noé).
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Il prouva ses dires, comparant les espèces d’un même endroit et d’un endroit
différent, mettant en évidence le peu de différences entre les fœtus de différents
animaux et humains.
Il fut éclairé par un expert en démographie Thomas Malthus. Benjamin Franklin fut à
l’origine du livre qu’il publia. Franklin montra que les espèces se maintiennent en
équilibre les unes par rapport aux autres et qu’il y a des facteurs de limitation sans
lesquels la terre serait surpeuplée. La sélection naturelle ne laisse la vie qu’au plus
forts ou mieux adaptés.
Selon Malthus, les êtres humains donnent la vie à davantage d’enfants qu’il ne peut
en survivre.
Darwin fut considéré un temps comme « l’homme le plus dangereux d’Angleterre ».
L’opposition des religieux fut vive. Il avait osé faire de l’homme le produit de
quelque chose de fort peu romantique, à savoir la « lute pour la vie ». Il finit
cependant sa vie dans les honneurs.
Le « néo-darwinisme » montra l’importance de l’hérédité dans le processus. Tout ce
qui se crée a fondamentalement un rapport avec la division cellulaire. Quand une
cellule se divise en deux, cela crée deux cellule avec le même patrimoine génétique,
mais il arrive que des erreurs se glissent, de sorte que le double ne ressemble pas à
cent pour cent au modèle. C’est la mutation. Il y a des mutations positives et d’autres
négatives.
Les premières traces de vie seraient apparues à partie d’une « soupe originelle ».
L’évolution va ensuite vers de plus en plus de complexité, comme le système
nerveux, le cerveau.
Chaque être fait partie d’un ensemble qu’est l’évolution qui transmet la vie.
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Sigmund Freud
1856
Freud naquit et vécu à Vienne, où il étudia la médecine. Il se spécialisa en
neurologie. Il travailla à la psychologie des profondeurs ou psychanalyse.
La psychanalyse regroupe la description de l’âme humaine, et une méthode pour
soigner les souffrances nerveuses et psychiques. Sa théorie de l’inconscient est
importante pour comprendre ce qu’est l’homme.
Freud pensait qu'il existait toujours une relation conflictuelle entre l'homme et son
milieu. Il s’agit plus exactement d’un conflit entre, d’un côté, les pulsions et les
désirs de l’homme, et, de l’autre, les exigences du monde qui l’entoure. Il est le
premier à avoir découvert la vie pulsionnelle des hommes. Cela fait de lui un des
représentants les plus importants des mouvements naturalistes de la fin du XIXème
siècle.
Qu’est-ce que la vie « pulsionnelle ». Il n’y a pas que la raison pour guider nos
actions. L’homme n’est pas un être purement rationnel comme ont voulu nous le
faire croire les rationalistes du XVIIIème siècle. Bien souvent, ce sont des impulsions
irrationnelles qui déterminent ce que nous pensons, rêvons ou faisons. Ces
impulsions irrationnelles peuvent être l’expression d’instincts ou de désirs profonds.
La pulsion sexuelle de l’être humain, par exemple, est quelque chose d’aussi
fondamental que le besoin de succion chez un nouveau né.
En soi, ce n’était pas nouveau, mais Freud montra que ce genre de besoin
fondamentaux peuvent apparaître déguisés, masqués, et ainsi diriger nos actions sans
que nous en soyons conscients.
Il montra en outre que les petits enfants aussi ont une sorte de sexualité. Qu’il ait osé
parler de « sexualité infantile » ligua toute la bonne bourgeoisie de Vienne contre lui.
Tout ce qui avait trait à la sexualité était alors tabou.
Il remarqua que de nombreuses formes de névroses ou de souffrances psychiques
pouvaient remonter à des conflits dans l’enfance. Petit à petit, il mit au point sa
méthode thérapeutique en pratiquant ce que l’on peut appeler une « archéologie de
l’âme », en creusant dans la conscience pour trouver ce qui a provoqué la souffrance
psychique. En faisant resurgir cette « expérience traumatisante » dans le champ de la
conscience du patient, ce dernier peut enfin « régler son compte » avec elle et guérir.
Quand nous venons au monde, nous manifestons de façon directe nos besoins
physiques et psychiques, criant lorsque l’on a faim par exemple. Nous exprimons par
ailleurs de manière claire que nous désirons d’un peu de tendresse. Ce « principe de
pulsion », de « plaisir » en nous, Freud l’appelle le « ça ». Le nouveau né n’est
pratiquement qu’une forme de « ça ».
Le ça, ou ce principe de plaisir, nous le gardons en nous et traversons toute notre vie
d’adulte avec. Mais progressivement nous apprenons à modérer nos désirs et à nous
conformer aux règles du monde qui nous entoure. Nous apprenons à laisser s’effacer
le « principe de plaisir » devant le « principe de réalité ». Freud dit que nous
construisons un vrai « moi » qui exerce cette fonction régulatrice. Même si nous
avons envie de quelque chose, nous savons que nous ne pouvons pas tout simplement
nous asseoir et hurler jusqu’à ce que nous obtenions la satisfaction de nos désirs ou
de nos besoins.
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Il nous arrive souvent de désirer ardemment quelque chose que le monde extérieur
nous refuse. Nous sommes donc obligés de refouler nos désirs. Nous essayons de les
écarter de nous et de les oublier.
Freud mis en évidence une troisième instance dans l’âme de l’homme. Dès notre
enfance, nous sommes confrontés aux exigences morales des adultes de notre milieu.
Si nous nous y prenons mal pour faire quelque chose, les parents s’exclament « Non,
pas comme ça ! » ou « Ce que tu peux être bête ». Ainsi nous traînons derrière nous
toutes ces exigences et ces préjugés moraux. C’est comme si nous avions intériorisé
toutes ces attentes du monde extérieur sur le plan moral, et qu’elles étaient devenues
une partie de nous. C’est ce que Freud a appelé le « surmoi ».
La conscience fait partie du surmoi, mais pour Freud le surmoi nous prévient quand
nous avons des désirs « sales » ou « de mauvais goût ». Cela concerne surtout, cela
va sans dire, les désirs érotiques et sexuels.
Et il souligna que ces désirs déplacés étaient déjà latents au stade de l’enfance. Nous
savons aujourd’hui que de jeunes enfants aiment toucher leurs organes sexuels. A
l’époque de Freud, l’enfant recevait alors une tape accompagnée d’un « tu n’as pas
honte », « Oh le vilain » ou encore « Met tes mains à plat sur le drap ». Cela créée
un sentiment de culpabilité lié à tout ce qui a trait aux organes sexuels et à la
sexualité. Et comme ce sentiment reste dans le surmoi, beaucoup de personnes
(Freud pense qu’il s’agit de la majorité) vivront toute leur vie avec ce sentiment de
culpabilité lié à la sexualité, alors que les désirs et les besoins sexuels font partie
intégrante de l’homme.
Tout cela entraîne des névroses.
Freud guérit ainsi une sœur amoureuse de son beau frère. A la mort de sa sœur, elle
se dit qu’il pourrait l’épouser, mais cette idée se heurta à son surmoi qui la trouva
indécente et la refoula sur-le-champ. Elle tomba malade, souffrant de graves
symptômes d’hystérie. Freud réalisa qu’elle avait complètement oublié la scène où
elle se trouvait au chevet de sa sœur et où ce désir inavouable avait surgi en elle. Au
cours du traitement, ce moment lui revint en mémoire et elle le reproduisit dans une
extrême agitation, et elle en fut guérie.
Après des années d’expérience au contact des malades, Freud parvint à la conclusion
que la conscience n’est qu’une infime partie de l’âme humaine. Ce qui peut se
comparer à la face émergée de l’iceberg. Sous l’eau, il y a tout ce dont nous ne
sommes pas conscients, le « subconscient » et l’ « inconscient ».
Toutes nos expériences ne sont pas présentes en permanence dans notre conscience.
Mais toutes les pensées ou expériences qui peuvent nous revenir en mémoire, pour
peu que nous nous donnions la peine de nous concentrer, forment ce que Freud
appelle le « préconscient ».
Il n’utilisait le terme inconscient que pour parler de ce que nous avons refoulé, c’està-dire tout ces pensées et ces choses que nous nous sommes obligés d’oublier parce
qu’elles étaient inconvenantes et déplacées, voire dégoûtantes. Quand un désir est
rejeté par la conscience ou le surmoi, nous le reléguons à l’étage inférieur.
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Ce mécanisme fonctionne chez tous les êtres en bonne santé, mais certains doivent
déployer de tels efforts pour refouler des pensées dérangeantes ou interdites qu’ils
finissent par éprouver de réelles souffrances nerveuses. Car le refoulé tente
constamment de remonter à la conscience et les personnes s’épuisent à maintenir cet
équilibre artificiel entre leurs désirs et la réalité.
Cette lutte pour éviter le retour à la conscience entraîne parfois des « lapsus ». C’està-dire que des réactions inconscientes peuvent guider nos sentiments et nos actions.
Freud mit à jour différents mécanismes de cet ordre.
Il y a d’abord les mauvaises réactions. Nous faisons ce que nous avons tenté de
refouler (ex de l’ouvrier qui porte un toast « à la santé de notre cher salaud »).
Il nous arrive aussi de projeter (ex : le garçon qui dit « Elle est bête » au lieu de
« c’est bête (tu pars déjà) quand on lui dit « je dois rentrer chez maman ». Autre ex :
quelqu’un de très avare reconnaîtra vite l’avarice chez autrui. Dernier ex : une
personne qui a honte de s’intéresser à la sexualité aura tôt fait de critiquer les autres
sur ce point, les traitant d’obsédé).
Freud montre que notre vie fourmille de tels exemples d’actions inconscientes. Nous
oublions constamment le nom d’une personne, nous tortillons nos vêtements pendant
que nous parlons, nous déplaçons sans nous en rendre compte certains objets
apparemment anodins.
Tous ces exemples ne sont selon lui que des symptômes, qui trahissent nos secrets
les plus intimes.
On ne peut échapper à nos impulsions inconscientes. Toute l’astuce consiste à ne pas
faire trop d’effort pour rejeter les pensées inavouables dans l’inconscient. Il est plus
sain de laisser la porte entrebâillée entre conscience et inconscient.
Un névrosé est quelqu’un qui fait tout son possible pour chasser de sa conscience
tout ce qui le met mal à l’aise. Le plus souvent il s’agit d’expériences d’une telle
importance qu’il est vital pour la personne de les refouler. Freud appelle ce genre
d’expérience particulière des « traumatismes » (du grec trauma, blessure).
Lors du traitement de ses patients, il tentait de forcer cette porte close ou à défaut
d’en ouvrir une autre. Avec l’aide du malade, il essayait de faire remonter à la
surface de la conscience ces expériences refoulées. Le patient ne sait pas, lui, ce qu’il
refoule. Mais il peut participer et comprendre la démarche du praticien qui est de
faire resurgir ces traumatismes cachés.
Freud a mis au point ce qu’il a appelé la technique « d’association libres ». Le
patient est allongé dans une position décontractée et parle librement de tout ce qui lui
vient à l’esprit, de futilités comme de choses graves ou pénibles. L’art du praticien va
consister à casser ce « couvercle » ou ce « contrôle » qui maintient enfermé les
traumatismes. Car ce sont précisément ces traumatismes qui occupent constamment
le patient. Ils agissent en permanence, mais la personne ne s’en rend pas compte.
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Plus on fait d’effort pour ne pas penser à quelque chose, plus l’inconscient, lui, se
charge d’y penser. C’est pourquoi il faut écouter les signaux de l’inconscient. La
« voie royale » qui selon Freud mène à l’inconscient, ce sont nos rêves. Il publia un
livre « De l’interprétation de nos rêves ». Il explique que nous ne faisons pas des
rêves comme ça, par hasard. A travers eux, les pensées inconscientes essaient de se
frayer un chemin jusqu’à la conscience.
Freud, après avoir passé des années à traiter ses patients et analysé leurs rêves, mais
aussi les siens, parvient à la conclusion que les rêves permettent la réalisation du
désir. Chez les adultes, les désirs sont souvent déguisés. Car même quand nous
dormons, nous exerçons une censure sévère vis-à-vis de ce que nous nous permettons
de désirer.
Ce mécanisme de refoulement est moindre dans le sommeil qu’à l’état de veille, mais
il est suffisamment fort pour déplacer l’objet du désir que nous refusons d’admettre.
D’où la nécessité d’interpréter les rêves. Il y a le « contenu manifeste » du rêve, qui
trouve sa source dans les événements de la veille, et le « contenu latent ». Celui-ci
peut remonter très loin, parfois jusqu’à la petite enfance.
Cette démarche doit être accomplie avec le thérapeute, qui aide le patient à
« accoucher » de l’interprétation du rêve.
La transformation du contenu latent en contenu manifeste est le « travail du rêve ».
On peut parler de « jeu de masque » ou « jeu de signes » quant au vrai objet du rêve.
L’interprétation du rêve procède en sens inverse, en démasquant, en mettant en
évidence tous les signes pour dévoiler le thème caché derrière (ex du jeune homme
qui reçoit deux ballons de sa cousine, alors qu’il est allé la veille dans un parc
d’attraction. Les ballons peuvent symboliser la poitrine de la cousine, qu’il désire…
désir refoulé).
Il voyait dans le rêve la « satisfaction masquée de désirs refoulés ».
La psychanalyse eut beaucoup de succès, dans le domaine psychiatrique, mais aussi
dans des domaines comme l’art et la littérature.
Refoulement, actes manqués, rationalisation, tous ces phénomènes n’ont pas été
découverts par Freud. Mais il a été le premier a trouver le parti que la psychiatrie
pouvait en tirer.
Les peintres et les écrivains tentèrent à leur tour d’exploiter ces forces inconscientes
dans leur travail créateur. Cela vaut surtout pour les surréalistes.
En 1924, André Breton publia le « Premier manifeste du surréalisme », où il déclare
que l’art doit jaillir de l’inconscient. L’artiste doit selon lui retrouver dans
l’inspiration la plus libre possible des images oniriques et tendre vers une
« surréalité » où il n’existe plus de frontières entre le rêve et le monde réel. L’artiste
doit passer outre la censure imposée par la conscience afin de laisser libre cours à
son imagination et accueillir les mots et les images qui lui viennent.
Freud a prouvé en quelque sorte que tous les hommes sont artistes. Un rêve est en
soi une petite œuvre d’art. Pour interpréter les rêves de ses patients, Freud dû
recourir à toute une série de symboles, comme lorsqu’il s’agit d’analyser un tableau
ou un texte littéraire.
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Les recherches ont montré depuis que nous rêvons environ vingt pour cent de notre
temps de sommeil, soit deux à trois heures par nuit. Si on nous dérange pendant une
phase de rêve, nous devenons nerveux et irritables. Cela veut dire que tous les
hommes sont nés avec le besoin de donner une expression artistique à leur situation
existentielle. Car nous sommes la matière même de nos rêves.
C’est nous qui allons dans notre vécu chercher les éléments qui vont servir au
déroulement du rêve, et nous en jouons tous les rôles. En d’autres termes, quelqu’un
qui prétend ne pas s’intéresser à l’art se connaît bien mal.
Freud avait en outre prouvé de façon magistrale l’importance de la conscience chez
l’homme. Ses pratiques thérapeutiques achevèrent de le convaincre que nous gardons
quelque part enfoui au plus profond de notre conscience tout ce que nous avons vu et
vécu. Et tout peut remonter à la surface. Ex : quand nous disons « je l’ai sur le bout
de la langue », « ça me rappelle quelque chose », nous ne faisons qu’illustrer le
chemin que parcourt justement ce qui était dans l’inconscient et qui trouve une porte
entrebâillée pour se faufiler vers la conscience.
Parfois cela ne marche pas, les artistes le savent. Mais parfois toutes les portes et les
tiroirs d’archives sont ouverts et tout coule de source : c’est l’ « inspiration ».
Certains enfants qui tombent de fatigue se mettent parfois à dormir les yeux ouverts,
et à parler en utilisant des mots qu’ils n’ont pas appris. Ces mots et ces pensées
étaient présents dans leur conscience, et c’est uniquement quand il oublient toute
prudence que ces mots sortent. C’est pareil pour un artiste : il ne faut surtout pas que
sa raison et ses réflexions après coup empêchent l’épanouissement d’une émotion
plus ou moins inconsciente.
Il est essentiel pour un artiste de se « libérer ». Les surréalistes essayèrent de se
mettre dans un état tel que les choses semblaient venir d’elles-mêmes. Ils se
mettaient devant une feuille de papier vierge et notaient tout ce qui leur passait par la
tête. Ils appelèrent cela « l’écriture automatique ».
L’artiste surréaliste est aussi, à sa manière, un « médium » , c’est-à-dire un maillon
intermédiaire. Il est un médium pour son propre inconscient. Il y a sans doute un
élément inconscient dans tout processus de création. La création est la production de
quelque chose de nouveau, fruit de la collaboration intelligente de l’imagination et de
la raison (d’où le terme composition). Cette dernière étouffe trop souvent
l’imagination. Mais la raison est nécessaire pour permettre de faire le tri parmi toutes
les nouvelles idées.
L’époque
contemporaine
L’époque contemporaine a vu la philosophie se développer dans de nombreuses
directions. Un courant important est l’ « existentialisme »
L’existentialisme Nietzsche s’est élevé contre la philosophie de Hegel. Il opposa, à cet intérêt
désincarné pour l’histoire et à ce qu’il appelait une « morale d’esclave » chrétienne,
Friedrich
la vie elle-même. Il voulut opérer une « transmutation de toutes les valeurs » afin que
Nietzsche
l’épanouissement des forts ne soit pas entravé par les faibles.
1844 - 1900
Selon lui, le christianisme et la tradition philosophique s’étaient détournés du monde
réel pour montrer le « ciel » ou « le monde des idées ». Mais c’est précisément ce
qu’on a voulu faire passer pour le vrai monde qui est illusoire. « Sois fidèle à la terre,
disait-il, n’écoute pas celui qui te promet une vie meilleure dans l’autre monde ».
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Jean-Paul
Sartre
1905 - 1980
Il fut le chef de file des existentialistes, et rencontra Simone de Beauvoir, autre
philosophe existentialiste.
Il fut proche du mouvement marxiste.
Il déclara « L’existentialisme est un humanisme ». Il voulait dire que les
existentialistes n’ont d’autre point de départ pour leur réflexion que l’homme luimême. Cela dit, la perspective est autrement plus sombre dans cette forme
d’humanisme que sous la Renaissance.
Sartre fait partie de la branche dite athée de l’existentialisme. On peut considérer sa
philosophie comme une analyse impitoyable de la situation de l’homme après la mort
de Dieu.
Le mot clé est le mot existence. Mais ce terme ne recouvre pas seulement le fait
d’exister. Les plantes et les animaux aussi existent, ils vivent eux aussi, à cette
différence près qu’ils n’ont pas à se soucier de ce que cela signifie. L’homme est le
seul être vivant qui soit conscient de sa propre existence. Etre un homme, ce n’est
pas comme être une chose.
Il prétend que l’existence précède toute signification qu’on veut bien lui donner. Le
« fait » que j’existe précède la question de savoir « ce que » je suis. « L’existence
précède l’essence », dit-il. Par essence on entend tout ce qui constitue une chose,
c’est-à-dire sa « nature » ou son « être ». Mais Sartre ne pense pas que l’homme ait
une nature innée de cet ordre. C’est à l’homme de se créer lui-même.
Dans toute l’histoire de la philosophie, les philosophes se sont interrogés sur
l’essence de l’homme, sur sa nature. Mais Sartre pensait que l’homme ne possède
pas une nature éternelle de ce genre. C’est pourquoi se poser des questions sur le
sens de la vie en général n’a aucun sens. Nous sommes en d’autres termes
condamnés à improviser. Nous sommes ces acteurs qu’on a poussés sur scène sans
qu’on leur ait distribué de rôle bien défini, sans manuscrit en main et sans souffleur
pour nous murmurer ce que nous avons à faire. Nous seuls devons choisir comment
nous voulons vivre.
Mais quand l’être humain prend conscience de son existence, de la mort qui l’attend
un jour, et qu’il ne trouve pas de signification, il est pris d’angoisse, dit Sartre.
Kierkegaard avait décrit l’angoisse comme étant caractéristique de la situation
existentielle de l’homme. Sartre ajoute que l’homme se sent « étranger », de trop,
dans un monde dépourvu de sens. Quand il décrit cette « étrangeté » au monde, il
rejoint les thèses de Hegel et Marx. Ce sentiment d’être un étranger sur terre crée un
sentiment de désespoir, d’ennui, de dégoût et d’absurdité.
Sartre décrit l’homme de la ville au XXème siècle. La Renaissance avait montré se
façon quasi triomphale la liberté et l’indépendance de l’homme, alors que pour
Sartre la liberté est un poids terrible. « L’homme est condamné à être libre, dit-il.
Condamné parce qu’il ne s’est pas créé lui-même, et cependant libre. Car une fois
qu’il est jeté dans le monde, il est responsable de tout ce qu’il fait ».
Nous sommes condamnés toute notre vie à faire des choix. Il n’existe aucune valeur
ou norme éternelle pour nous guider. D’où l’importance du « choix ». Nous sommes
entièrement « responsables » de nos actes. Sartre insiste beaucoup sur ce point :
l’homme ne peut pas rejeter la responsabilité de ses propres actes sur autrui ou autre
chose.
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Nous devons assumer nos propres choix et non prétendre que nous « devons » aller
travailler ou que nous « devons » tenir compte des convenances de la société
bourgeoise pour savoir comment nous allons vivre. Quelqu’un qui subit des
pressions de l’extérieur devient un être anonyme qui se fond dans la masse. Cette
personne se ment à elle-même pour entrer dans le moule, elle se réfugie dans la
mauvaise foi. La « liberté » de l’homme, au contraire, nous pousse à devenir quelque
chose, à être autre chose que des pantins, à exister véritablement, de manière
« authentique ».
Cela concerne en priorité nos choix en matière de morale. Pas question de rejeter la
faute sur la « nature humaine », la « misère de l’homme » et ce genre de choses.
Mais si Sartre soutient que l’existence n’a pas de signification en soi, cela ne veut
pas dire pour autant qu’il est heureux qu’il en soi ainsi. Il n’est pas un « nihiliste »,
c’est-à-dire quelqu’un qui considère que rien n’a de sens et que tout est permis.
Sartre pense que la vie « doit » prendre un sens. C’est un impératif. Mais c’est à
nous de donner un sens à notre propre vie. Exister, c’est créer sa propre existence.
La conscience est toujours consciente de quelque chose. Et ce « quelque chose » est
autant dû à nous même qu’aux conditions extérieures. C’est nous qui pouvons
décider dans une certaine mesure de ce que nous voulons percevoir en choisissant ce
qui a un sens pour nous.
Deux personnes peuvent être dans un même endroit et percevoir des choses
complètement différentes. Une personne qui attend un rendez-vous ne remarquera
que l’absence de celui-ci par exemple.
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Simone de
Beauvoir
Simone de Beauvoir, elle, a essayé d’appliquer l’existentialisme à l’analyse des rôles
sexuels. Sartre avait bien montré que l’homme ne peut se référer à une quelconque
« nature » éternelle. C’est la même chose quand il s’agit de l’image que l’on se fait
des sexes. Il n’existe pas selon elle une « nature féminine » éternelle. C’est pourtant
ce que la conception traditionnelle veut nous faire croire.
Il est tout à fait d’usage d’affirmer que l’homme a une nature qui aime à transgresser,
une nature « transcendante ». C’est la raison pour laquelle il cherchera toujours un
sens et un but hors de chez lui.
La femme, au contraire, passe pour avoir une orientation de vie complètement
opposée. Elle est « immanente », c’est-à-dire qu’elle veut toujours être là où elle est.
Son domaine, c’est la famille, la nature, et toutes les choses qui l’entourent. Nous
dirions aujourd’hui que la femme s’intéresse davantage à des « valeurs douces » que
les hommes.
Selon Simone de Beauvoir, il n’existe pas de « nature féminine » ou « nature
masculine ». Bien au contraire, il était du devoir des hommes, selon elle, de se libérer
de ces préjugés et de ces idéaux fortement ancrés.
Elle publia en 1949 « Le Deuxième Sexe ». Elle pensait à la femme, celle que notre
culture a relégué au rang de « deuxième sexe ». Les femmes étaient réduites à n’être
que des objets pour les hommes, eux seuls apparaissent comme des sujets.
La femme perd ainsi la responsabilité de sa propre vie.
Cette responsabilité, il faut la reconquérir. Elle doit se retrouver et ne plus lier son
identité à celle de l’homme. Car l’homme n’est pas le seul à opprimer la femme. Elle
s’opprime elle-même en n’assumant pas la responsabilité de sa propre vie. Elles
doivent décider d’être libres et indépendantes.
L’existentialisme a influencé la littérature. On peut mentionner Albert Camus,
l’irlandais Samuel Beckett, le roumain Eugène Ionesco, et le Polonais Witold
Gombrowicz. Tous ont en commun ce qu’on appelle l’ « absurde ».
Le théâtre de l’absurde s’oppose au théâtre de raison. Le but consistait à montrer
l’absurdité de l’existence pour faire réagir le public, pour le contraindre à trouver une
forme d’existence plus authentique.
Ce théâtre met souvent en scène des situations banales. On a pu à ce titre dire que
c’était presque une forme d’ « hyperréalisme ». L’homme est représenté exactement
tel qu’il est. Mais si tu montres sur une scène de théâtre exactement ce qui se passe
dans une salle de bains un matin comme les autres dans la maison de monsieur Tout
le monde, tout le monde rit. On peut interpréter ce rire comme étant une protection
qui évite à chacun de se reconnaître mis à nu sur scène.
Le théâtre de l’absurde présente parfois aussi des traits surréalistes. Les personnages
sur la scène se retrouvent dans les situations les plus invraisemblables, comme dans
un rêve. En voyant ces acteurs évoluer dans des conditions imposées sans pouvoir
manifester leur désaccord, le public, lui, est obligé de s’étonner et de réagir justement
à ce manque de réaction.
C’est la même chose avec les films muets de Chaplin. Tout le comique réside dans le
fait qu’il n’est pas du tout surpris d’être mêlé à des situations complètement
invraisemblables. Par le biais du rire, les spectateurs sont contraints de s’interroger
sur leur propre existence qu’il peuvent enfin voir avec une certaine distance.
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Courants
philosophiques
du XXème siècle
Parmi les autres courants philosophiques qui se sont épanouis au XXème siècle, on
peut citer le « néothomisme », qui reprend les thèses de Thomas d’Aquin.
Quant à la « philosophie analytique » ou « l’empirisme logique », il remonte à Hume
et à l’empirisme britannique, mais aussi à la logique d’Aristote.
Sans oublier le « néo-marxisme » et ses dérivés, le « néo-darwinisme », ainsi que
l’importance capitale de la « psychanalyse ».
Enfin, le « matérialisme » est profondément ancré dans l’histoire de la philosophie.
La science moderne doit beaucoup aux travaux des présocratiques. On est toujours à
la recherche de cette fameuse « particule élémentaire » qui serait à l’origine de la
matière. Personne n’est en mesure d’expliquer véritablement ce qu’est la « matière ».
Les questions philosophiques restent posées. Sartre avait raison d’affirmer que les
problèmes existentiels ne pouvaient pas se régler une fois pour toute. Une question
philosophique est par définition une question à laquelle chaque génération, voire
chaque personne, est et restera confrontée.
Cela n’est pas réconfortant, ou bien, au contraire, en se posant ce type de question
nous sentons que nous sommes en vie.
Que ce soit la science, la recherche ou la technique, tout découle de la réflexion
philosophique.
Le courant « écologique » de la philosophie a une grande importance au XXème
siècle. De nombreux philosophes tirent la sonnette d’alarme en montrant que la
civilisation occidentale est fondamentalement sur une mauvaise voie et va à
l’encontre de ce que notre planète peut supporter. Ils essaient d’aller au delà des
propositions concrètes pour limiter la pollution et les catastrophes écologiques. Notre
mode de pensée occidental est malade, disent-ils. Ils ont par exemple problématisé la
pensée même de progrès. A la base, il y a l’idée que l’homme est « supérieur », qu’il
est le maître de la nature. Cette pensée se révèle extrêmement dangereuse pour la
survie de la planète.
Beaucoup de philosophes se sont appuyés sur les pensées et les idées des autres
cultures pour étayer leurs critique, étudiant les pensées et coutumes des peuples
« traditionnels » (indiens par ex).
Au sein même des milieux scientifiques, des voix de chercheurs se sont élevées pour
dire que la démarche scientifique se trouve confrontée à un « changement de
paradigme ». C’est-à-dire que les chercheurs remettent en cause de manière
fondamentale le mode de pensée scientifique. Dans plusieurs domaines cela a porté
ses fruits, par exemple l’émergence de « mouvements alternatifs » qui privilégient
une approche globale des problèmes et essaient de créer un autre mode de vie.
Mais tout ce qui est neuf n’est pas forcément intéressant, tout comme ce qui est vieux
n’est pas forcément à jeter.
Ces dernières années nous avons été envahi par ce que l’on peut appeler de
« nouvelles religiosités » ou encore
« nouvel occultisme » ou encore la
« superstition moderne ». C’est devenu une véritable industrie, proposant un nouvel
art de vivre, qui a profité du déclin du christianisme, et de la nostalgie du
« mystique ».
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L’univers est immensément grand. Les distances se comptent en années lumière,
sachant que la lumière va à trois cent mille kilomètre à la seconde. On ne sait pas si
la vie existe ailleurs que sur terre.
Quand nous observons le ciel, c’est le passé que nous observons vu le temps qu’il
faut à la lumière pour nous parvenir.
Notre soleil et notre planète font partie de la galaxie appelée voie lactée. Il existe une
centaine de milliard de ces galaxies. Ces galaxies ne sont pas immobiles, mais se
déplacent les unes par rapport aux autres. Plus elles sont loin et plus elles de
déplacent vite. Le monde est en expansion. Cette expansion pourrait être due à un big
bang originel. Au départ, toute la matière aurait été condensée et elle aurait explosé.
Nous sommes des poussières d’étoiles, car toute la vie a été créée à partir de cette
matière.
Mais d’où venait cette matière ?...
Une question qui se pose est de savoir s’il y a une expansion unique, ou si, après une
phase d’expansion il y a une phase de compression, suivie à nouveau d’une
expansion…
Nous vivons aujourd’hui à l’ère planétaire. La fin de l’histoire, ou l’orée d’une
nouvelle époque ?
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