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La végétation de
nos rivières
1999
La végétation de nos rivières
par Anne-Claude VAUDIN
Le Saule ( de la famille des Salicacées – son nom est Salix sp.)
C’est un arbuste, rarement un arbre ; c’est un excellent
stabilisateur des berges du fait de son système racinaire
très dense. Il en existe quelque trois cents espèces et de
nombreux hybrides. Tous portent des feuilles alternes,
fines avec une longue pointe. Le saule est dioïque ( ce
qui veut dire qu’il y a des saules mâles et des saules
femelles, les sexes étant séparés). Autrefois, les saules
étaient exploités en têtard comme bois de chauffage. La
reproduction est très aisée par marcottage (une branche
tombe et prend racine facilement). S’il est bien entretenu
(c’est à dire coupé après une quinzaine d’années), le
saule rejette rapidement et poursuit sa vie. Il est à noter
qu’en Côtes d’Armor, le Salix vitellina (osier jaune) est
relativement fréquent ; il est reconnaissable à ses rameaux luisants, effilés et jaune-orangeâtre
(surtout en ce moment).
Dans la pharmacopée traditionnelle, l'écorce et les chatons étaient utilisés ; l'écorce est sédative,
antispasmodique, antithermique, antirhumatismale ; les chatons possèdent une action sédative sur
le système nerveux.
Le Noisetier (famille des Betulacées son nom : Corylus
avellana)
Il est lui aussi plus souvent un arbuste qu’arbre. Il s’agit d’une
espèce monoïque (les deux sexes se trouvent sur le même pied).
Les fleurs mâles sont des chatons marron-jaune, pendants ; ils
apparaissent dès l’automne. Les fleurs femelles sont
insignifiantes, semblables à des bourgeons à stigmates rouges. Les
feuilles sont alternes, arrondies et cordées. Les fruits sont très
connus des écureuils (notamment), et de beaucoup d’autres
gourmands. Il est à noter que, s’il est entretenu comme le saule, il
allonge lui aussi sa durée de vie, avec cependant un petit
problème : il devient très touffu. De plus, il est très apprécié du
bétail, notamment les chevaux, au printemps.
En phytothérapie, c'est surtout la feuille, parfois l'écorce, qui est
utilisée. Elle est anti-inflammatoire, anti-œdémateuse,
veinotonique. Ses propriétés cicatrisantes ont été confirmées.
Le Râle d’eau propose cette fois-ci une petite promenade au bord de nos rivières
costarmoricaines pour y découvrir la flore que tout promeneur est susceptible d’y rencontrer. Il
ne s’agit que d’une petite liste qui est loin d’être exhaustive !
Plantons tout d’abord le décor : nous avons une petite rivière qui chemine entre ses méandres et
ses courbes, qui court, cahin-caha, entre des galets de bonne taille, qui trottine du gravier au
sable, ou qui déambule tranquillement sur son lit de limon. Bref une petite rivière bien de chez
nous.
Que trouvons nous lorsque nous observons la vie végétale qui l’accompagne ?
chaton mâle
chaton femelle
feuille, chatons
et fruits
C'est un antihémorragique.
Le Frêne commun (famille des Oléacées –son
nom :Fraxinus excelsior).
Il fait partie de la même famille que les Oliviers,
surprenant, non ? En hiver, il est très reconnaissable à
ses bourgeons noirs et pointus ; le bourgeon terminal
ressemble à un bonnet d’un centimètre de longueur ou
plus. Les rameaux sont généralement gris vert et
l’écorce se fissure avec l’âge. Lorsqu’il chute, des
rejets verticaux se dressent à partir du tronc.
Dans la pharmacopée traditionnelle, seule la feuille
est utilisée ; elle est avant tout un diurétique, un
antiarthritique, un analgésique, très apprécié en
France. Pour d'autres, il ne s'agirait que d'un modeste remède anti-
inflammatoire.
L’Aulne (de la famille des Bétulacées son nom est Alnus
sp.).
Il existe environ une trentaine d’espèces d’arbres et d’arbus-
tes ; le plus courant et la seule espèce spontanée en Bretagne
est Alnus glutinosa. La plupart des aulnes aiment les endroits
humides et froids. Les masses rouge foncé des racines bordent
les berges, les protégeant efficacement de l’érosion. Les
chatons mâles sont de forme allongée et pendent lors de la
floraison ; les châtons femelles sont petits, ovales ou sphéri-
ques et groupés ; les fruits (les strobiles) de l’an passé, de la
taille d’une noisette, subsistent sur l’arbre. En hiver, on peut
reconnaître l’Aulne grâce à ses fruits, à son écorce brun-
noirâtre fissurée, son bois rouge orangé ; les jeunes pousses
sont glabres, les bourgeons grands et visqueux, longuement pédonculés. Il est à noter que les
feuilles de Alnus glutinosa ne changent pas de couleur en automne. Les aulnes, comme les
légumineuses, sont utiles aux sols infertiles. Leur bois était jadis employé pour la construction de
roues de moulin et des portes d’écluses. Il fournissait le meilleur charbon de bois pour la
fabrication de la poudre à canon.
En phytothérapie, l'écorce et la feuille de l'aulne glutineux sont utilisées. L'écorce riche en tanin
(10 à 20 %) est un astringent ; elle possède des propriétés hypercholérétiques puissantes. Les
feuilles sont parfois employées comme diurétiques ; elles contiennent une assez forte proportion de
protéines (15 % environ au début de l'automne) et appliquées sur la peau, elles sont, selon
certains, antirhumatismales.
Le Chêne pédonculé (de la famille des Fagacées il a nom Quercus
pedunculata ou Q. robur).
Nous ne vous ferons pas l’injure de décrire ce roi des arbres. La seule
chose que nous pouvons préciser c’est qu’en hiver, Monsieur se
reconnaît à son écorce sombre profondément fissurée, mais ne
s’exfoliant jamais, à ses rameaux tortueux et à ses bourgeons ovales et
obtus, concentrés aux extrémités de longues pousses.
Dans la pharmacopée traditionnelle, les parties utilisées sont l'écorce
de jeunes rameaux et parfois le fruit ; riche en tanin, l'écorce est
naturellement un astringent ; on pourrait, d'après certains, utiliser des
décoctés dans le traitement des eczéma suintants, des hémorroïdes …;
en usage interne, c'est un antidiarrhéique. Le gland, riche en amidon,
contient lui aussi du tanin ; il est utilisé le plus souvent sous forme de
farine (généralement après grillage) pour lutter contre les diarrhées infantiles.
Les arbres qui suivent peuvent se trouver sur les berges ou un peu plus haut, mais il ne
constituent pas les principales espèces rivulaires.
Le Bouleau (de la famille des Bétulacées son nom est
Betula sp.) C’est le bouleau pubescent ou bouleau des
marais qui est le plus fréquent aux bords des cours d’eau.
Dans l'espèce Betula alba, sont utilisées les parties
suivantes : surtout la feuille, parfois les bourgeons,
l'écorce et la sève. Les feuilles adultes ou âgées et jaunes
sont diurétiques ; l'écorce est fébrifuge ; l'essence est
antiseptique et cicatrisante ; la médecine populaire
emploie la sève de ce bouleau dans les maladies de
l'appareil urinaire, la goutte et les rhumatismes ; en usage externe, le bouleau peut être
utile dans l'acné, les furoncles, la sécrétion excessive de sébum.
Le Châtaignier (de la famille des Fagacées – son nom est Castanea sativa).
Seule la feuille est utilisée en médecine
naturelle ; grâce à ses tanins, cette
feuille est astringente ; elle est aussi
expectorante et a des propriétés
antitussives.
Le Hêtre (de la famille des Fagacées – son nom est Fagus sylvatica).
Ne supporte pas les sols gorgés d’eau. Son feuillage est très dense, ce
qui fait que le sous-bois d’une hêtraie est pauvre en espèces végétales :
faute de lumière presque rien ne pousse.
C’est surtout son bois qui est utilisé ; il sert à obtenir un mélange de
phénols, la créosote, antiseptique des voies respiratoires. Apparemment,
il est très actif sur le virus du sida, grâce à un composé extrait de son
bois, qui, sulfaté, bloque l'adsorption de ce virus sur les cellules.
L’Orme (de la famille des Ulmacées son nom est Ulmus sp.).
Autrefois , il était le support naturel de la vigne ; l’association des deux
plantes symbolisait le mariage chez les Romains. L'orme du fait de la
dureté de son bois a été planté massivement en France. Il était en effet
utilisé dans la construction des bateaux (bois se fendant difficilement), la
fabrication des moyeux et jantes de charrettes… Il a aidé autrefois les
hommes à se vêtir ; les feuilles ont été nourriture pour le bétail,
notamment en pays de bocage car elles sont de bonne qualité nutritive.
L’Orme est devenu très rare du fait d’une maladie (la graphiose) qui le
décime depuis de nombreuses années ; celle-ci est causée par un
champignon, Ceratocystis ulmi, lui-même véhiculé par un coléoptère
parasite, le Scolyte. Maladie bénigne entre 1920 et 1945, elle devient
virulente au milieu des années 60 (détails dans "Pen ar Bed" n° 140).
L'écorce est astringente par son tanin et a été autrefois recommandée
dans les dermatoses.
Les plantes herbacées
Passons maintenant à une strate inférieure, la strate herbacée. La liste étant quelque peu
conséquente, le choix de description s'est porté sur des espèces remarquables.
La Menthe vit dans les zones humides donc peu en bordure de la rivière
à proprement parler. Il en existe plusieurs espèces, mais il est très aisé de
la reconnaître en froissant une feuille dans ses doigts. Elle fleurit
généralement de juillet à octobre.
En particulier, cette espèce de menthe contient dans son huile essentielle
des composés à action cholagogue. Plus généralement, elle contient du
menthol qui a une action antiseptique, favorable dans les fermentations
intestinales. Il stimule aussi la sensation de froid et atténue la douleur
(soulagement des migraines en application externe) mais entraîne aussi
une légère anesthésie de la muqueuse gastrique après une
consommation excessive. Attention, son inhalation chez de jeunes
enfants peut provoquer un spasme du larynx et l'asphyxie !
La Violette des marais. Ses fleurs sont violet
pâle et fleurissent de mai à juillet. Ses feuilles sont glabres, toutes issues de
la base, arrondies ou réniformes. Leurs pédoncules sont isolés et naissent
d'un rhizome rampant. Il est à noter que les graines de cette violette sont
éjectées de la capsule et non disséminées par les fourmis comme celles des
autres violettes.
Il est à remarquer que l'on peut parfois trouver des Orchidées.
La Scolopendre est remarquable par ses longues feuilles étroites et ses
Rôle des arbres bordant les rivières
Tous les peupliers et conifères que l’on peut trouver sur les bords des rivières sont des espèces
cultivées. Il est à remarquer que leur présence a une forte tendance à modifier l’écosystème aquatique,
les peupliers par la présence de phénol dans les feuilles ce qui rend les eaux quelque peu toxiques (il y
aura beaucoup moins d’espèces végétales et animales autour de ces arbres), les conifères par des
composés chimiques qui leur sont propres et qui acidifient les eaux (de l’ordre de 0.1 à 0.3 unité pH).
De plus, de par leur système racinaire diffus, en cas de chute, ces arbres font des dégâts
considérables dans les berges et peuvent ainsi modifier fortement l’écosystème aquatique.
La ripisylve (ensemble des arbres poussant sur les bords de la rivière) est un élément structurant de
l’écosystème aquatique. Elle permet une modération significative de l’érosion des berges en rives
concaves ; les racines des arbres stabilisent la berge, retardent et limitent l’érosion en favorisant la
création de sous-berges qui sont très importantes pour certaines espèces, comme les truites ou les
loutres. La ripisylve augmente aussi la stabilité des sols par la protection due au recouvrement et elle
joue un rôle tampon en filtrant les eaux de ruissellement provenant du bassin versant en bloquant les
particules en suspension issues de l’érosion des terres arables, en absorbant les éléments nutritifs
(NO3- et PO43-, nitrates et phosphates) et en piégeant les produits phytosanitaires (tout au moins une
certaine quantité !). Les racines des arbres procurent des caches et peuvent aussi servir de support de
ponte à certaines espèces. De plus, elle joue un rôle important dans la régulation de la température de
l'eau de la rivière et donc dans son évaporation grâce à l'ombre des feuillages. Enfin, elle agit
directement sur la chaîne alimentaire en injectant des débris organiques. Bref, sa présence est
synonyme de diversification du milieu et elle favorise le développement des communautés biologiques.
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