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sus provoque des transitoires rapides de
tension dans les enroulements imposant
des contraintes locales sur l’isolant.
Même si ces phénomènes transitoires
sont préjudiciables en exploitation, les
contraintes qu’ils imposent aux enroule-
ments sont très nettement inférieures à
celles subies au cours des essais de rigi-
dité diélectrique d’un transformateur
avant sa livraison.
L’angle de commande (angle d’amorça-
ge) a est un facteur critique de la gravité
des transitoires. La tension d’amorçage
introduit des transitoires proportionnels
au sine .
En régime continu normal, les tubes
redresseurs sont amorcés à ≈15° et la
contrainte de tension est faible.
Cependant, les convertisseurs CCHT
peuvent fonctionner en continu à des
angles de commande supérieurs. Un évé-
nement exceptionnel et grave est un
fonctionnement à 90° qui impose des
contraintes très fortes à l’isolation entre
spires. Ce fonctionnement survient, par
exemple, pendant les défauts en ligne,
phénomènes rares et de courte durée (fi-
gure 3). Ainsi, le processus de claquage
peut s’expliquer de la manière suivante:
une décharge partielle est amorcée dans
l’isolant contaminé au Cu2S pendant les
transitoires, décharge qui ne s’éteindra
pas. En fait, elle persistera à la tension de
service normale jusqu’au claquage de
l’isolant entraînant un défaut entre spires.
Formation du Cu
2
S
Le cuivre est présent en grandes quantités
dans un transformateur, mais la question
est de savoir d’où provient le soufre avec
lequel il réagit. Avant de pouvoir y répon-
dre, quelques mots sur la chimie des hui-
les s’imposent. L’huile utilisée dans les
transformateurs est le plus souvent de
l’huile minérale hautement raffinée,
constituée principalement d’un mélange
d’hydrocarbures, composés contenant
uniquement de l’hydrogène et du carbo-
ne. Mais on y trouve également des com-
posés oxygénés, azotés et soufrés. La plu-
part des composés soufrés peuvent réagir
avec le cuivre dans des conditions extrê-
mes. Mais seuls les mercaptans réagis-
sent de manière significative dans des
conditions normales et facilement avec
de nombreux métaux, comme le cuivre,
pour former des mercaptides. Certaines
propriétés chimiques des mercaptans ont
fait l’objet d’études approfondies et peu-
vent expliquer nos découvertes. Selon
nous, c’est la réaction en chaîne suivante
qui aboutit à la formation du sulfure de
cuivre:
1) L’huile dissout l’oxyde de cuivre;
2) le cuivre dissous réagit avec les mer-
captans pour former des mercaptides
de cuivre solubles dans l’huile;
3) les mercaptides de cuivre sont
transportés par l’huile et, lorsque les
conditions sont propices, se décom-
posent pour former du Cu2S et un rési-
du organique soluble dans l’huile.
Les principales réactions peuvent être
représentées comme suit:
Cu2O + 2RSH => 2 CuSR + H2O
(étapes 1 et 2 supra)
2 CuSR => Cu2S + RSR
(étape 3 supra)
où RSH est un mercaptan et R n’importe
quel alkyle ou autre radical hydrocarbo-
né. Il existe, bien sûr, de nombreux R dif-
férents. Ces réactions peuvent, dans une
certaine mesure, se produire dans n’im-
porte quel transformateur. Les problèmes
surviennent, toutefois, lorsque des huiles
faiblement raffinées de type non inhibées
ou contenant des traces d’additifs sont
utilisées.
Si toutes les étapes 1 à 3 interviennent à
proximité immédiate du conducteur en
cuivre, on trouvera du sulfure de cuivre
uniquement sur le papier le plus profond.
Par contre, si un peu de cuivre est
transporté à distance de la surface cui-
vrée, la décomposition finale peut inter-
venir ailleurs. Dans ce cas, des composés
de l’huile autres que les mercaptans en-
trent en jeu. Les composés azotés de base
et les premiers produits de l’oxydation,
comme les peroxydes, contribuent au
déplacement du cuivre. En général, les
huiles faiblement raffinées contiennent
non seulement plus de mercaptans que
les huiles de première qualité, mais éga-
lement beaucoup plus de ces autres
composés préjudiciables. La précipita-
tion du sulfure de cuivre, semblable à
celle trouvée dans certains transforma-
teurs démontés, a été reproduite en labo-
ratoire à partir d’une huile riche en mer-
captans de même qu’en ajoutant directe-
ment du mercaptide à l’huile. La teneur
en mercaptans des huiles neuves pour
transformateurs est très variable, allant de
0,2 à 10 ppm. Elle est nettement réduite
dans l’huile d’un transformateur en servi-
ce depuis plusieurs années du fait de leur
réaction avec les métaux.
En plus de l’huile, d’autres sources
potentielles de sulfure de mercaptan
dans un transformateur ont été étudiées.
Les expériences dites de «lixiviation» ont
montré que seules des quantités insigni-
fiantes peuvent être trouvées à l’état de
traces. Cela nous amène à conclure que
seule une huile vierge faiblement raffinée
peut être à l’origine du «tueur de trans-
formateur» qu’est le Cu2S.
Méthodes de diagnostic
Mesure de la teneur en mercaptans
La mesure de la teneur en mercaptans de
l’huile se fait par simple analyse chi-
mique. Cependant, elle n’est significative
que pour l’huile vierge car les mercap-
tans sont consommés dans le temps.
Identification de l’huile
On ne connaît pas toujours le type
d’huile utilisé dans un transformateur.
Toutefois, plusieurs techniques d’identi-
fication permettent d’établir «l’emprein-
te» de différents produits. Les huiles pro-
Figure 2 – Courbes de Weibull du seuil d’apparition des décharges partielles. La
série A concerne l’isolant sain alors que la série D montre le comportement d’un
isolant contaminé au Cu2S.
Figure 3 – Transitoire de tension pendant un fonctionnement à 90°. La forme
d’onde est semblable à un choc de foudre normalisé entre l’isolant sain (série A) et
l’isolant dégradé par des dépôts de Cu2S (série D).