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Michèle Command, soprano
Hervé Oléon, baryton-Martin
Hélse Dautry, harpiste
Alexis Dubroca, pianiste
« Si mes vers
avaient des
ailes… »
Mélodies de Berlioz, Bizet,
Godard, Fauré, Massenet,
Hahn, Moret, Poulenc…
sur des poèmes de Hugo
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»
Mélodies sur des poèmes de Victor Hugo
« La musique, qu’on nous passe le mot, est la vapeur de l’art. Elle est à la poésie ce que la rêverie
est à la pensée, ce que le fluide est au liquide, ce que l’océan des nuées est à l’océan des ondes. Si
l’on veut un autre rapport, elle est l’indéfini de cet infini. La même insufflation la pousse,
l’emporte, l’enlève, la bouleverse, l’emplit de trouble et de lueur et d’un bruit ineffable, la sature
d’électricité et lui fait faire tout à coup des décharges de tonnerres. »
Victor HUGO, « William Shakespeare », I
ère
partie, Livre II, Chapitre IV
Dans la perspective de l’année 2012, l’Association RES LYRICA est heureuse de vous proposer un
nouveau projet sous forme d’un double hommage, à la fois littéraire et musical. Nous
commémorerons d’une part, l’année prochaine, les 210 ans de la naissance de l’immense poète,
écrivain et homme politique Victor HUGO, dont de nombreux textes ont été mis en musique,
particulièrement par les mélodistes français. A ce titre, nous avons souhaité lui rendre hommage en
compilant une vingtaine de mélodies de Georges BIZET, Camille SAINT-SAENS, Charles
GOUNOD, Hector BERLIOZ, Pauline VIARDOT, Franz LISZT, Benjamin GODARD, Gabriel
FAURE… tous contemporains de Victor HUGO, et, un peu plus près de nous, Charles-Marie
WIDOR et Francis POULENC. D’autre part, cette programmation était l’occasion d’évoquer le
centenaire de la mort du compositeur Jules MASSENET, auteur d’une dizaine de mélodies sur des
poèmes de HUGO, qui sera tout naturellement mis à l’honneur, avec ses élèves Reynaldo HAHN et
Ernest MORET, dans notre choix de morceaux.
Signalée comme une invitation à l’évasion par la citation, « Si mes vers avaient des ailes… », cette
promenade musicale aux côtés d’une soprano, d’un baryton et d’une harpe, instrument romantique
par excellence, permettra à l’auditoire de découvrir ou redécouvrir, en musique, les plus beaux
textes de Victor HUGO. A noter que certaines pièces ont nécessité, pour être proposées, des
recherches à la Bibliothèque Nationale de France, faute de rééditions, voire même faute d’édition
tout court. Ce parcours sera jalonné de brefs commentaires contextualisant les textes et leur
traitement par les différents compositeurs.
Autre point essentiel de ce projet, la participation exceptionnelle de la grande soprano française
Michèle COMMAND qui, pour s’être retirée des scènes nationales et internationales depuis
plusieurs années pour se consacrer à sa passion pour l’enseignement du chant, n’en a pour autant
perdu ni la fraîcheur ni la jeunesse de sa voix. C’est donc un immense honneur que nous fait cette
prestigieuse artiste en acceptant de mettre son talent à notre disposition.
Hervé OLEON
Président de l’Association RES LYRICA
Septembre 2011
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La stature de Victor Hugo est telle qu’il paraît nécessaire, [alors que nous nous apprêtons à
commémorer, en 2012, les 210 ans de sa naissance], de s’interroger sur les relations que le plus
grand écrivain français a entretenues avec la musique et les musiciens.
Ce qui frappe d’emblée dans la littérature musicale du dix-neuvième siècle et du vingtième siècle,
c’est le nombre impressionnant de compositions tirées des œuvres de Victor Hugo, et notamment
dans le domaine de l’opéra : Hugo est le seul écrivain de quelque importance dont toutes les pièces
aient été adaptées pour la scène lyrique. Ses conceptions dramatiques marquaient un renouveau
dans la conception du théâtre, puisque Hugo opposait désormais au théâtre classique le drame
romantique, forgé autour d’un héros en lutte contre le destin et l’ordre social, en proie à de grandes
passions, et d’une action qui ne respecte plus les règles classiques d’unité de lieu et de temps. Il
n’est pas étonnant de voir alors un certain nombre de jeunes compositeurs séduits par les drames de
l’auteur d’Hernani et de Ruy Blas, tant en France qu’à l’étranger. Ainsi, dès 1833, Donizetti
s’empare du cinquième drame de Hugo représenté, Lucrèce Borgia, l’année même de la création de
la pièce. Toujours parmi les plus grands musiciens italiens de l’époque Mercadante écrit Il
Giuramento en 1837, d’après Angelo, tyran de Padoue (1835) ; Bellini ébauche un Hernani dès
1830 ; Verdi adapte cette même pièce en 1844, et crée en 1851 Rigoletto à partir de la pièce Le Roi
s’amuse (1832)… Le succès des drames de Hugo ne se dément plus alors, et ceux-ci fournissent la
matière d’opéras nombreux jusqu’à la Belle Epoque. Aux drames s’ajoutent des adaptations de
romans célèbres, tel Notre-Dame de Paris : Hugo lui-même a travaillé à une adaptation de ce roman
en livret pour Louise Bertin, si bien que son œuvre fut donnée à la scène en 1836, sous forme
d’opéra.
Hugo appréciait-il pour autant cet extraordinaire
engouement dont ses œuvres étaient l’objet ? Hugo
n’était pas un grand amateur d’opéra italien. Pour autant,
s’il fit obstacle à l’adaptation lyrique de certains ses
ouvrages, ce n’était pas à proprement parler pour des
raisons musicales, mais plutôt à cause des directeurs et
producteurs d’opéras qui refusaient de lui reconnaître
des droits d’auteur. Dans le cas de Lucrezia Borgia,
c’est à l’auteur des « paroles françaises imitées de
l’italien » et à leur éditeur français, dans ceux d’Ernani
et de Rigoletto aux directeurs du Théâtre-Italien de Paris
qu’il intenta des procès. Il gagna le premier sous la
Monarchie de Juillet et perdit les deux suivants sous le
Second Empire... Dans cette dernière affaire, il était
d’autant moins l’adversaire de Verdi que celui-ci venait
de faire un procès au même directeur qui piratait sa
partition et que les mandataires du musicien firent
« cause commune » avec lui pour tenter d’empêcher les
représentations.
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En définitive, Hugo autorisa les représentations d’Ernani comme celles de Lucrezia Borgia, dès
lors que le Théâtre-Italien lui reconnut son droit d’auteur et il n’intenta procès à propos d’Ernani
qu’après la rupture de cet accord.
Mais si Hugo se montrait peu enthousiaste à l’égard de l’opéra italien, il affichait nettement un goût
pour d’autres répertoires : le poète était sensible à la musique des siècles précédents (Palestrina,
Monteverdi, Pergolèse…) qu’il avait pu découvrir au cours des concerts donnés à Paris par le
musicologue et compositeur belge François-Joseph Fétis (1784-1871), l’homme qui avait
redécouvert et fait jouer, après deux siècles d’oubli, l’Orfeo de Monteverdi. Dans la musique du 19
e
siècle, Hugo avait aussi une grande prédilection toute particulière pour la musique allemande :
comme beaucoup de ses contemporains, il admirait le Freischütz, le grand opéra romantique de
Weber représenté dès 1825 à Paris ; et dans son grand ouvrage critique de 1864, le livre intitulé
William Shakespeare, il écrit que « la musique est le verbe de l’Allemagne », « Le choral de Luther
est un peu une marseillaise. (…) La Liedermusik, dont le Roi des Aulnes de Schubert est le chef-
d’œuvre, fait partie de la vie allemande ». Et, un peu plus loin, au terme de sa vaste revue de tous
les génies de l’humanité depuis l’Antiquité, Hugo s’attache à trouver qui fut le plus grand homme
de l’Allemagne : « Aussi peut-on dire que les plus grand poètes de l’Allemagne sont ses musiciens,
merveilleuse famille dont Beethoven est le chef » (…).
Outre cette immense admiration pour Beethoven, Hugo comptait parmi les compositeurs de son
époque plusieurs amis dont il appréciait le talent, et qui appartenaient à cette première génération de
romantiques, si féconde en génies artistiques. Le poète a ainsi entretenu des relations amicales avec
Berlioz, lequel, comme Hugo, vouait une admiration sans bornes à Beethoven. L’histoire a
rapproché l’auteur d’Hernani et celui de la Symphonie fantastique, puisque les deux œuvres
emblématiques du romantisme français, qui auront chacune été à l’origine d’une révolution et qui
auront toutes les deux suscité les passions les plus extrêmes, ont été créées la même année, en 1830,
à quelques mois d’intervalle. Berlioz soutint d’ailleurs Hugo lors de la bataille d’Hernani. Hugo fut
également l’ami de Franz Liszt, qui s’inspira à plusieurs reprises des œuvres de l’auteur français,
tant pour ses compositions symphoniques que pour ses mélodies et ses pièces pour piano. Deux
poèmes symphoniques portent le titre de poèmes de Hugo : Ce qu’on entend sur la montagne, tiré
des Feuilles d’automne, et Mazeppa, tides Orientales, dans lequel il suit assez fidèlement la
trame du poème de Hugo (supplice de Mazeppa et transfiguration). Ce dernier poème avait d’abord
inspiré Liszt dans la quatrième des Douze Etudes d’exécution transcendantes. Enfin, le grand
compositeur hongrois se permit de « déposer de la musique aux pieds des vers » de Victor Hugo, ce
qui mit en musique les vers de Hugo dans de magnifiques mélodies (entre autres, Oh ! quand je
dors, Comment, disaient-ils…), ce qui nous amène à évoquer pour finir les rapports de la poésie de
Hugo et de la mélodie.
En effet, nombreux sont les compositeurs qui ont mis en musique des poèmes de Victor Hugo :
outre Liszt, Bizet, Saint-Saëns, Lalo, Massenet, Franck, Fauré, et même Wagner, ont composé des
mélodies sur des textes du poète français. Les poèmes utilisés sont le plus souvent issus des recueils
écrits avant l’exil de 1852 : Les Orientales, Les Chants du crépuscule, Les Rayons et les Ombres
(dont le poème « Autre Guitare » a connu un succès certain auprès des musiciens puisqu’il a été
repris par Bizet, Lalo, Massenet, et Saint-Saëns), Ils figurent souvent parmi les plus courts, et
parfois les plus anecdotiques, de leur auteur, telle cette Eglogue tirée des Contemplations et mise en
musique par Léo Delibes. Les compositeurs se heurtaient en effet à un problème de taille, puisque,
comme le rappelle J. Gaudon, Hugo « est le poète des formes amples, des envolées lyriques, des
récits épiques, des larges coulées d’alexandrins dont la respiration poétique est inimitable et qui
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découragent toute transcription vocale ». La mise en musique des poèmes de cette veine de Hugo,
que l’on trouve notamment dans Les Contemplations, La Légende des Siècles, ou les grands cycles
métaphysiques comme La Fin de Satan, déborderait le simple cadre étroit et intime de la mélodie,
ce qui a conduit Liszt pour Mazeppa, ou encore César Franck pour Les Djinns à adopter pour les
illustrer la forme du poème symphonique qui leur semblait plus adéquate. Finalement, dans ces
poèmes, Hugo, par son art, a lui-même réduit pour les compositeurs les possibilités d’écrire de la
musique sous ses vers, et a contraint les plus talentueux à chercher de nouvelles formes qui pussent
mieux s’adapter au souffle de ses œuvres les plus significatives.
D’après Christophe CORBIER
Texte réajusté par Arnaud LASTER, Maître de conférences de littérature française à la Sorbonne
Nouvelle (Université Paris 3), vice-président de la Société des Amis de Victor Hugo, président du
Festival Victor Hugo et Égaux
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