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INTRODUCTION
Dans le présent travail, nous étudierons quels sont les équivalents français des adverbes
modaux estoniens kuuldavasti, nähtavasti et silmanähtavalt, qui sont dérivés des verbes
de perception kuulma (‘entendre’) et nägema (‘voir’). Nous voulons savoir s’il existe
encore un lien entre les adverbes et les verbes de perception (tout autant en estonien
qu’en français).
Ce mémoire a deux buts principaux dont le premier est d’apprendre quels sont les
équivalents français des adverbes estoniens kuuldavasti, nähtavasti et silmanähtavalt, et
si leurs équivalents sont des adverbes, des verbes ou d’autres constructions. Le
deuxième objectif est de découvrir si les adverbes et leurs équivalents français ont
encore un lien avec les verbes de perception dont ils sont dérivés ; ces verbes sont
kuulma ‘entendre’ et nägema ‘voir’.
Pour analyser le corpus, nous donnerons les définitions de deux catégories
grammaticales – l’évidentialité et la modalité épistémique. Les linguistes ne sont pas
d’accord quel est le lien entre ces deux catégories. Quelques-uns pensent que
l’évidentialité est une sous-catégorie de la modalité, tandis que les autres croient que ce
sont des catégories distinctes. Selon F. De Haan (1999 : 1) [notre traduction] «
l’évidentialité et la modalité épistémique diffèrent dans leurs sémantiques : les
marqueurs de l’évidentialité renvoient à la nature de la source d’information dans la
phrase, alors que les marqueurs de la modalité épistémique évaluent la prise en charge
de l’énoncé par le locuteur. » Il nous semble que les adverbes kuuldavasti, nähtavasti et
silmanähtavalt expriment l’évidentialité, et nous voudrons savoir s’il est possible pour
ces adverbes (et leurs équivalents) de marquer les deux catégories en même temps.
Ces adverbes peuvent généralement être utilisés dans deux types de situations :
l’information apportée par un locuteur provient de sa perception (il peut le voir ou
l'entendre lui-même) ou bien l'information est basée sur sa connaissance (il ne l’a pas
vu, mais il croit que quelque chose est vrai). Les adverbes sont liés à deux catégories
grammaticales : l’évidentialité, quand le locuteur marque la manière dont son