être un très mauvais Maçon. Comme l’on peut être un excellent enseignant et
un très mauvais praticien de la matière que l’on enseigne. Le contraire par
contre en Maçonnerie n’est pas possible et nous allons voir pourquoi.
Si l’on s’en tient à la définition classique, nous lisons que :
« Le mot philosophie est composé des mots aimer et de la sagesse, le
savoir, c'est-à-dire littéralement, l'amour de la sagesse. Ce mot désigne une
activité et une discipline existant depuis l'Antiquité et se présente comme un
questionnement, une interprétation et une réflexion sur le monde et
l'existence humaine, ou encore comme un savoir systématique. »
On remarque immédiatement que si le philosophe est amoureux de la
sagesse il n’est par contre, pas astreint à être sage lui-même. « Fais ce que
je dis mais ne fais pas ce que je fais » est une formule qui s’applique
particulièrement bien au philosophe mais qui par contre, ne pourra jamais
s’appliquer au Maçon sincère.
Le philosophe est un intellectuel, dans le sens qu’il sait utiliser son
intellect, souvent muni en plus d’un excellent organe logorrhéique, qui peut lui
permettre de débattre, pendant des heures, d’un sujet quelconque sans
rarement mettre ses propos à l’épreuve des faits.
Peut-on dire que le Maçon possède des points communs avec les
philosophes ?
Certainement pas… à l’exception de leur capacité de réflexion
considérée dans ce cas comme un outil, une façon d’utiliser ses neurones, et
non pas comme un résultat issu de ce travail neuronal. Mettez un philosophe
et un Maçon côte à côte et vous pourrez avoir l’impression que tous les deux
procèdent de la même logique. Mais vous n’en aurez que l’impression car si
le philosophe utilise les moyens qu’il a à disposition pour disserter sur
l’humain et sur le monde, le Maçon tout au contraire va s’interdire de
s’engager dans une telle démarche.
Le philosophe compte sur ses acquis personnels, tous plus ou moins
égocentrés, pour exprimer sa “ vision ” du monde qui n’intéresse en fait que
lui ou que des gens comme lui. Tandis que le Maçon compte sur sa capacité
à renoncer à ses acquis, à abandonner les différents formatages imposés par
la société, pour trouver la Vérité qui ne concerne en fait que lui.
Le Maçon, bien que généralement qualifié de spéculatif, spécule d’une
façon radicalement différente de celle du philosophe. Nous pourrions même
dire, pour bien marquer la différence, que si le philosophe spécule, le Maçon
le fera aussi mais en partant de l’idée que toutes ses spéculations devront
aboutir à des opérations. Le Maçon pourrait donc être qualifié d’opératif dans
sa démarche tandis que le philosophe restera au stade premier purement
spéculatif ce qui, loin de présenter un avantage, démontre que le seul fait de
manier des supputations rétrécit considérablement le champ d’investigations
puisque je peux spéculer à l’infini et dans le vide sans tenir compte de la
réalité, tandis que le Maçon, de par la définition de sa démarche est contraint
de ne spéculer que sur ce qu’il mettra à l’épreuve de la Réalité et qui résistera
peu ou prou à cette dernière.