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I-Introduction
Les cytokines peuvent être définies comme de petites protéines (8 à 80 kDa) qui agissent de
manière autocrine ou paracrine. Elles font partie du réseau de signalisation extracellulaire qui
contrôle chaque fonction des réponses immunitaires innées et spécifiques. Elles ressemblent
aux hormones mais s’en distinguent notamment par une action beaucoup plus pléiotrope et par
une production faisant intervenir un beaucoup plus grand nombre de types cellulaires. On
distingue plusieurs familles de cytokines (Tableau 1).
Compte tenu de leur rôle important dans les réponses immunitaires, leur intérêt thérapeutique
dans plusieurs contextes de pathologies immunologiques ou infectieuses, paraît évident.
Schématiquement on peut considérer que si les anticorps anti-cytokines permettent de cibler les
maladies auto-immunes et/ou inflammatoires, les cytokines elles-mêmes, de par leur effet
immunostimulant, sont plutôt utilisées dans le contexte de pathologies tumorales et infectieuses
ou comme adjuvant de stratégies vaccinales. Leur utilisation en thérapeutique peut être rendue
difficile par l’effet pléiotrope et par leur labilité in vivo conduisant dans ce dernier cas à
envisager leur utilisation sous la forme de vecteurs d’expression plasmidiques. Actuellement,
seuls des traitements par interférons (IFN), et interleukine 2 (IL-2) sont utilisés en pratique
clinique courante, mais de nombreuses cytokines sont testées dans divers contextes
pathologiques. La mise au point pratique de ces traitements a nécessité de nombreuses études
qui ont permis de définir les doses utilisées, les voies d’injection et les intervalles à respecter
entre chaque cycle de traitement.
Ce chapitre ne traitera pas des cytokines « hématopoïétiques » type érythropoïétine ou G-CSF
utilisés préférentiellement dans des contextes non immunologiques.
II-Les interférons
Actuellement les interférons sont les rares cytokines « immunologiques », avec l’IL-2, ayant une
autorisation de mise sur le marché pour une utilisation thérapeutique chez l’homme. Ces
cytokines sont utilisées principalement pour leurs effets antiviral et antitumoral. Le nom
d’interféron provient de l’identification du phénomène d’interférence virale, décrit en 1804 par
Edward Jenner. Il correspond à la protection induite par une première infection virale contre une
nouvelle infection par un autre virus. Le rôle clef de l’interféron dans ce phénomène a été décrit
en 1957 par Isaacs et Lindenmann. Il existe en fait de nombreux interférons classés en 3 types
1) les interférons de type I composés de 16 membres dont les interférons et 2) l’interféron
de type II ou IFN- 3) les interférons de type III, famille de l’IFN- comportant notamment les
IFN-2 (IL-28A) et IFN-3 (IL-28B).