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intérêt de la jet ventilation à haute fréquence
des solutions, mais elle n’est pas dénuée de risques. L’objectif
de cette étude est de rapporter notre expérience et de souli-
gner l’intérêt de la jet ventilation à haute fréquence dans la
gestion de la ventilation peropératoire des patients proposés
pour résection anastomose de la trachée.
2. PATIENTS ET MÉTHODES
Il s’agit d’une étude rétrospective descriptive sur 12 ans (fé-
vrier 1998 à septembre 2009) portant sur 35 patients opérés
pour STPI.
Le monitorage a comporté un oxymètre de pouls, un électro-
cardioscope et la surveillance non invasive de la pression ar-
térielle. L’anesthésie générale intraveineuse avec curarisation
est la règle. L’induction anesthésique est réalisée par du pro-
pofol seul. Le contrôle des voies aériennes est assuré soit par
une sonde orotrachéale maintenue en sus-sténotique, soit par
la canule de trachéotomie déjà en place. Chez les patients
avec trachéotomie, le patient étant ventilé par la trachéo-
tomie, une sonde d’intubation est poussée juste au-delà des
cordes vocales et gardée en attente. Une sonde gastrique est
mise en place pour faciliter le repérage de l’œsophage.
Le patient est placé en décubitus dorsal les bras le long du
corps, la tête en hyperextension avec un billot sous les épau-
les. Le champ opératoire inclut le cou et toute la face anté-
rieure du thorax pour être prêt à une éventuelle sternotomie
ou abord thoracique.
La trachée est abordée par une incision de Kocher ou par
une cervicotomie médiane emportant le trachéostome en cas
de trachéotomie. Pendant la dissection et la libération de la
trachée, la ventilation est assurée soit par la sonde placée en
sus-sténotique, soit via la canule de trachéotomie. La trachée
est libérée et mobilisée sur tout son segment cervical et le
plus loin possible dans le médiastin puis contrôlée au-dessus
et en dessous de la zone sténosée, elle est alors incisée en
zone saine de part et d’autre de la lésion, et toute la zone
pathologique (y compris le trachéostome s’il y a lieu) est ré-
séquée, ce qui nécessite 2 à 3 minutes d’apnée. La résection
trachéale achevée, le cathéter de la jet ventilation est poussé
à travers la sonde orotrachéale, qui était placée au niveau
du plan glottique, et introduit à travers le champ opératoire
dans le bout distal de la trachée pour être placé au-dessus de
la carène. Tous les patients ont été ventilés par la JVHF par
l’intermédiaire d’un cathéter CH12. La ventilation à haute
fréquence utilisait un appareil AMS 1000 Acutronic® avec les
réglages suivants : fréquence respiratoire à 150-200 c/min, un
temps d’injection par cycle de 20 %, une pression de travail
d’oxygène de 2,2 bars et une FiO2 à 1.
Une fois la ventilation assurée, l’anastomose termino-termi-
nale est réalisée. Deux points d’angle sont d’abord placés,
puis le plan postérieur de la membraneuse trachéale est su-
turé par un surjet continu au fil monobrin résorbable qui va
d’un angle à l’autre. On serre alors le surjet et les deux points
d’angle de façon à rapprocher les deux extrémités trachéales ;
les points d’angle sont alors noués et vont servir à bloquer
le surjet postérieur. Le patient étant toujours ventilé par la
JVHF, on place des points séparés sans les nouer sur la partie
cartilagineuse de l’anastomose pour compléter la suture an-
térieure. Ceci étant fait, on procède à l’ablation du cathéter
de la JVHF et la sonde d’intubation est poussée au-delà de la
zone de suture guidée sous contrôle visuel par le chirurgien.
Les points latéraux puis antérieurs sont alors noués achevant
la suture et assurant l’étanchéité de la trachée. En fonction
de l’étendue de la résection, un abaissement du larynx peut
s’avérer nécessaire (par la libération des muscles sous-hyoï-
diens et la section de la membrane thyro-hyoïdienne), l’es-
sentiel étant de réaliser une suture sans traction excessive. La
cervicotomie est fermée sur un drain aspiratif. Nous plaçons
systématiquement un fil qui maintient le menton au contact
du manubrium sternal afin d’éviter tout mouvement brutal et
toute traction sur la suture.
L’extubation est réalisée sur table. L’alimentation est reprise
dès le lendemain. Le fil de fixation menton-sternum est en-
levé le 10e jour après contrôle fibroscopique de la suture.
3. RÉSULTATS
Trente-cinq patients ont été inclus. L’âge moyen était de
31,8 ± 15 ans avec des extrêmes allant de 10 à 60 ans et un
sex-ratio de 2,88. Le « body mass index » (BMI) était précisé
chez dix patients avec une moyenne à 20 ± 5 kg/m2. Deux
patients avaient un BMI supérieur à 25 kg/m2 [tableau 1]. La
distribution des patients selon le motif de l’intubation est pré-
sentée dans le tableau 1.
La durée moyenne de la ventilation (intubé ou trachéo-
tomisé) responsable de la sténose était de 12 ± 9 jours avec
des extrêmes allant de 2 à 50 jours. La succession intubation-
trachéotomie était notée dans sept cas (20,58 %) ; parmi eux,
cinq ont gardé la canule jusqu’au jour de la chirurgie pour
échec de décanulation. Sept patients (20,58 %) ont eu une
trachéotomie en urgence pour détresse respiratoire aiguë.
L’intervalle libre (temps écoulé entre l’extubation et le dia-
gnostic de la sténose trachéale) était de 35 ± 30 jours avec des
extrêmes allant de 4 à 120 jours. La symptomatologie était
faite de bradypnée, wheezing, cornage et tirage.
Tableau 1. Distribution des patients selon le motif
de la ventilation mécanique.
Motif de la ventilation mécanique Valeur
Causes neurologiques
• Crise d’éclampsie
• Coma hypoglycémique
• Intoxication au CO
• État de mal convulsif
• Coma hyperglycémique
8 (22,85 %)
3
1
1
2
1
Causes respiratoires
• Asthme aigu grave
• Décompensation de BPCO
• Laryngite aiguë
4 (11,42 %)
2
1
1
Traumatismes 18 (51,42 %)
Postopératoire 3 (8,57 %)
Tentative de suicide 1 (2,85 %)
Cardiaque (OAP) 1 (2,85 %)
Les résultats sont exprimés en nombre (pourcentage).
BPCO : bronchopneumopathie chronique obstructive ; OAP : œdème aigu
du poumon.