Alice BERRIAUD Cécile LEROY Charlotte RIVIERE Alizé ROUGEAU Dossier de mise en scène LOVE de Murray SHISGAL I- Présentation de l’œuvre a)Présentation de Murray SCHISGAL Né en 1926 à Brooklyn, Murray Schisgal officier dans la Marine Américaine puis musicien, il entre à l'Université de Long Island et à la Faculté de Droit de Brooklyn (diplôme en 1953), devient juriste de 1953 à 1955 et enfin enseignant du secondaire de 1955 à 1959. Il est l’auteur de nombreuses pièces et scénarios. Il commence sa carrière d’écrivain en 1960, lorsque Le Tigre et Les Dactylos furent créés à Londres – avant New York. Puis sa carrière devient internationale. Son théâtre se situe à la croisée de l'avant-garde et du vaudeville, et apparaît comme le digne héritier de l'absurde et du non-sens britannique ses pièces s'inscrivent dans la continuité directe de Samuel Beckett et d’Eugène Ionesco. En 1967, Murray Schisgal commence à écrire pour le cinéma et la télévision. Jusqu’au succès de Tootsie dont il fut le co-auteur et qui remporta de nombreux prix. Il a travaillé dans une société de production en association avec Dustin Hoffmann, qui a créé nombre de ses pièces. Il doit sa notoriété en France à Laurent Terzieff, qui adapte et met en scène plusieurs de ses premières pièces, dont Le Tigre et Les Dactylos, qu’il crée en 1963 au Théâtre de Lutèce, au Vieux Colombier et Love en 1965 au Théâtre Montparnasse - pièce qui sera reprise par Michel Fagadau – ainsi que Le Regard, dans une adaptation de Pascale de Boysson, au Théâtre Rive Gauche en 2003. Popkins fut la dernière pièce de Murray SCHISGAL jouée au Théâtre de l'Atelier à Paris en 1990. Auteur également de radio, de télévision, et d'un roman Days and nights of a french horn player, SCHISGAL a été traduit dans une quinzaine de langues et représenté dans une trentaine de pays. Aux États-Unis, autant prisé à Broadway que hors-Broadway, ses pièces lui ont valu plusieurs prix, dont le Vernon Rice Award, le Saturday Review Critics Poll Award, et une nomination au Tony Award. Il vit actuellement à New York. Ses œuvres sont publiées à l’avant scène théâtre. b)Présentation de Love / Luv En 1963, Love est produite à Londres puis à Broadway par Like Nichols au Booth Théâtre. La pièce s’appelait à l'origine Luv qui pourrait se traduire par l'Amoouurrr accentuant la parodie de cette œuvre publiée dans le recueil des meilleures pièces 1964-1965. Elle est nominée meilleure pièce par le Critics Circle et les Tony Awards. Un film a été tiré de la pièce en 1967, produit par la Columbia, cette version, réalisé par Clive Donner et mettant en vedette Jack Lemmon, Peter Falk, et Elaine May , a ajouté divers endroits et des caractères étrangers ; il s'est avéré être un échec commercial. Harisson Ford jouant un rôle non crédité comme un hippie. Il s'agit de l'un des plus brillants succès de la comédie de Broadway. « Une parodie sauvagement drôle de drame d'avant-garde qui permet la haute comédie des indignités lancinante qui est l'héritier de chair. » « Une soirée de plaisir sans mélange, de la comédie soutenue et parfaite, de joie totale, orageuse et glorieux. » « La réponse à la prière d'un amateur de théâtre. » Love concerne deux amis de collège - Harry Berlin qui sombre a tout raté et le matérialiste Milt Manville au sommet de sa réussite avec son image de prospérité - qui se retrouvent lorsque Milt arrête son ancien camarade qui s'apprête à sauter du pont de Manhattan n'ayant plus aucun avenir. Chacun découvre que l'autre est tout aussi malheureux ; partageant des histoires de malchance. Milt voit dans Harry une réponse à son problème principal : son épouse Ellen, qu'il tente d'imposer sur son vieux copain pour le détourner de son projet suicidaire et qu'il puisse enfin s'enfuir avec sa maîtresse Linda qu'il adore. Ils tombent instantanément amoureux. Milt et Ellen divorce, puis se rendent compte qu'ils s'aiment toujours; pour se remettre ensemble, ils doivent alors encourager Harry à sauter du pont. Quelles que soient les mariages qui se font et se défont, Milt, Ellen et Harry finissent dans la douleur et l'agonie, dans les plus grands malentendus et leurs problèmes. Tout cela dans une comédie absurde très originale et plein d'esprit mordant. II- Affiche du spectacle Au fond, la tour Eiffel qu'on aperçoit n'est pas la vraie mais une reproduction à Las Vegas. On voit aussi un hôtel dont le nom est Paris. On voit donc une "tour Eiffel" avec le mot "Paris" à côté, ce qui laisse à penser que nous sommes à Paris. Nous avons choisi cette image parce que Paris est la ville romantique, la ville des amoureux mais ici ce n'est pas vraiment elle, ce n'est qu'une impression. C'est en fait Las Vegas, ville d'argent et de manipulation. Nous retrouvons donc la notion d'attrait à l'argent et la manipulation des sentiments des différents personnages. Ces personnages veulent donc aller à Paris pour rechercher l'amour mais on peut cependant se poser la question de s'ils y sont vraiment arrivés quand on connaît le véritable lieu vers lequel ils se dirigent. Ensuite le bateau (où est inscrit "Love" comme nom) signifie leur voyage à la recherche de l'amour celui-ci repart et revient, comme un bateau sur la mer au gré des marées. Et on peut utiliser le proverbe "on est tous dans le même bateau", comme le sont les personnages, dans l'affiche, mais surtout dans leur recherche de l'amour ! III-Décor a) Ier acte : 1 : chaises longues 2 : mât sur lequel est accroché une lampe torche 3 : parterre d’eau 4 : échelle 5 : décor mural qui tourne dans le sens des flèches donnant l’impression que le bateau quitte la ville de Paris avec la tour Eiffel 6 : poupe (arrière d’un bateau) 7 : escalier allant à l’intérieur du bateau 8 : image projetée sur une toile de fond représentant des maisons de la ville de Paris L'orientation du bateau donne l'impression que le public se trouve lui-même sur le navire, cela rapproche donc plus les spectateurs des comédiens. Au début, Harry est accoudé sur la rambarde à la poupe du bateau puis Milt monte par l’échelle de corde et va le voir. Ils discutent d abord debout puis ils s’assoient tous deux sur les 2 chaises longues, Milt secoue la chaise avant de s’asseoir. Il plante le couteau dans le mât. Ellen arrive par l’échelle, pendant qu’elle monte, Milt se dépêche de la remaquiller. Elle accroche le graphique au mât et parle à Milt, pendant ce temps, Harry est accoudé à la barrière et regarde le sillage, les décors muraux sont en marche, on quitte Paris. Ils s’assoient sur les chaises, Milt descend à l’intérieur du bateau. Ellen et Harry discutent, quand Ellen chante, elle tourne autour du mât. Harry lance le couteau d’Ellen dans le mât. Ils discutent, Milt revient par les escaliers d’où il est parti, ils s’assoient dans les chaises longues. Les décors muraux s’arrêtent, Harry et Ellen descendent par l’échelle, sautent sur le quai et s’en vont, puis Milt descend aussi. b) IIème acte : 1 : proue (avant d’un bateau) 2 : chaises longues 3 : parterre d’eau 4 : décor mural qui tourne dans le sens des flèches donnant l’impression que le bateau arrive dans la ville de New York avec la statue de la liberté 5 : image projetée sur une toile de fond représentant les immeubles de la ville de New York Les décors muraux sont en marche dès le début. Ellen est accoudée à la rambarde à la proue du bateau, Milt la voit depuis son jet-ski et monte sur le bateau. Ils discutent. Ellen part, Harry arrive. Milt se jette sur lui mais en voulant le pousser il tombe à l’eau. Ellen revient et discute avec Harry jusqu’à ce que Milt remonte sur le bateau au niveau de son jet-ski. Celui-ci et Ellen tentent de jeter Harry par-dessus bord mais c’est Milt qui tombe une deuxième fois à l’eau. Il remonte et s’assoient tous trois sur les chaises longues pour discuter, Milt et Ellen d’un côté, Harry de l’autre. Lorsque Milt et Ellen s’embrassent, ils sont à la pointe du bateau, un peu comme dans Titanic. Après qu’Ellen ait choisi Milt, Harry se jette à l’eau, voulant se suicider. Milt repart avec Ellen sur son jet ski, pendant ce temps, Harry se fait poursuivre par un requin, il arrive à attraper le bateau mais le requin reste accroché. Les décors muraux s’arrêtent, c’est la fin de la pièce. Nous avons choisi de faire jouer les acteurs sur un pont mais pas un pont normal ; un pont de bateau, en effet, l'idée du bateau permet de mieux représenter l'aspect « instable » de la pièce, de l'amour d'Ellen tantôt pour Milt tantôt pour Harry. Le bateau ainsi que les décors muraux permettent de mieux marquer le changement entre le premier acte où ils sont à la poupe et quittent la ville de Paris (ville de l'amour) et le deuxième acte où ils sont à la proue du navire et arrivent à New York (avec la statue de la liberté qui symbolise l'amour retrouvé de Milt et Ellen). On a donc plus conscience du temps qui passe entre les deux actes. A partir de cette idée, nous avons adapté les éléments du décor, le lampadaire est remplacé par une lampe torche accrochée à un mât (Harry peut s'y pendre, Ellen y accrocher ses graphiques et Milt et Harry peuvent y planter leur couteau), le banc est remplacé par trois chaises longues, le scooter et le chien du deuxième acte sont remplacés par un jet-ski et un requin. IV-Proposition de sons et lumières a)L'éclairage 1er acte : La scène est éclairée par la lampe torche qui est accrochée au mât. Lorsque Milt et Harry se parle, la lampe éclaire faiblement. Quand il s'agit de Milt et Ellen, la lumière vacille et va jusqu'à s'éteindre (lorsque Milt remaquille ou plutôt barbouille Ellen pour la présenter à Harry) car ils ne s'aiment plus. En revanche, au fur et à mesure que Harry et Ellen parlent, la lampe torche se remet à fonctionner et éclaire de plus en plus la scène comme l'amour d'Harry et Ellen qui augmente. Dans le décor mural, un gyrophare de lumière blanche est en marche au niveau de la tour Eiffel, comme dans la réalité. 2ème acte : La scène est éclairée par la lampe frontale de Milt que celui-ci accroche à la rambarde. Au fur et à mesure que le temps passe et que Milt et Ellen se remettent à s'aimer, la flamme de la statue de la liberté (dans le décor mural) est de plus en plus grande, elle éclaire donc plus la scène. Au moment où ils s'embrassent, Milt éteint sa lampe frontale, ils sont alors éclairés seulement par la statue de la liberté, symbole de leur liberté retrouvée. b)La musique – Musique joyeuse à l'extrême au début pièce lors de la première tentative de suicide d'Harry comme Happy de Pharrell Williams → La musique peut venir d'un casque sur les oreilles de Milt, celui-ci l'enlèverait (la musique serait donc coupée) quand il se rend compte de l'état désespéré du personnage d'Harry. – Refrain Barbie Girl quand Ellen se fait maquiller et recoiffer par Milt. → La musique peut venir du portable d'Ellen et Milt l'empêche de répondre laissant la sonnerie retentir pendant qu'il lui « refait une beauté ». – Musique stressante pour chaque sortie de couteau. The Omen theme – Refrain My heart will go on, Céline Dion (musique du film Titanic) lorsque Ellen et Harry se déclare leur amour. → les deux personnage pourraient alors réaliser la scène culte du film où l'homme tient la femme telle un oiseau à la proue du bateau OU Refrain Ce rêve bleu (Animé Aladdin ) pour ce même passage. – Petite Soeur, Ben l'oncle Soul quand Milt dit à Harry qu'Ellen est insupportable.. – Monsters Inc theme, (Animé Monstres et Cie) d'autres musiques de jazz... → musique de fond pendant la pièce ou entre différents tableaux. V-Personnages Nous avons choisi de caricaturer les personnages et donc d'amplifier la parodie. a) Ellen Représentation d’Ellen au premier acte: Ellen Manville, au premier acte est la femme de Milt Manville, un riche industriel donc une femme assez coquette. Son visage est jeune et joliment maquillé. Pour présenter Ellen à Harry Berlin, Milt lui rajoute tellement de maquillage que cela l'enlaidie. Elle est habillée d'un haut et d'une jupe de la même couleur. Elle a aussi un manteau avec un col de fourrure d'une couleur assortie à sa tenue. Elle a les cheveux attachés en un chignon. Son costume est complété par un joli sac à main et quelques bijoux. Contrairement à cela, au deuxième acte, Ellen, influencée par son nouveau mari Harry fait beaucoup moins attention à son apparence, elle est donc vêtue d'un vieux jean troué, d'un T-shirt sale et trop grand pour elle, pour compléter le tout et montrer qu'elle se néglige, elle a les cheveux détachés et emmêlés, elle n'est pas maquillée. Néanmoins, tout au long de la pièce, Ellen est une femme intelligente et savante qui possède une voix pure et claire. C'est aussi une femme sensible: elle va aimer les deux hommes successivement. C'est une femme hystérique et frustrée :elle est insatisfaite de sa première relation avec Milt et de sa relation avec Harry. Les amours d'Ellen sont en échecs car aucun ne correspond à ses rêves. En effet, elle rêve de fonder une famille et d'avoir des enfants avec un mari honnête. b) Harry Représentation d’Harry au premier acte: Harry Berlin est un homme qui a raté sa vie, ayant entrepris de brillantes études, il a décidé de tout arrêter et se retrouve maintenant à la rue sans un sou. Voulant se suicider, agacé de la vie, nous avons décider de le représenter avec un visage vieilli et ridé ainsi qu'un crâne presque dégarni et une barbe mal rasée montrant qu'il ne prend pas soin de lui. Il est vêtu d'un gros pull bleu marine en laine comportant plusieurs trous dont certains rapiécés, il porte en guise de bas un maillot de bain jaune fluo (pour accentuer le côte comique de cette scène de suicide) et des « grogs » qui sont des chaussures utilisés principalement par des enfants à la mer. Ces poignets, visibles, laissent place à des cicatrices sous-entendant d'autres tentatives précédemment. Il a aussi une corde avec un caillou accroché au pied comme un boulet de prisonnier ou une pierre pour se suicider, ça petite taille montre qu'il pourrait se détacher de son malheur mais qu'il ne le fait pas. Au deuxième acte, il est vêtu exactement de la même façon sauf qu'il porte un pantalon et comme accessoire, une canne dont il se sert uniquement lorsqu'il se croit malade (sourd, aveugle, mal à la jambe...) tel Argan dans Le malade imaginaire de Molière. Pendant toute la pièce, Harry a une voix grave et n'articule pas beaucoup, en effet, il ne croit plus en rien, n'a plus d'objectif, il se laisse donc mourir. c) Milt Représentation de Milt au premier acte : Milt apparaît comme un homme séduisant, cheveux coiffé et tenue impeccable, un homme qui « collectionne » les femmes selon son bon plaisir grâce à ses charmes. Son costume démontre une élégance mais également une opulence caractéristique d'un parfait business man. Sa veste de costume peut être noire et son pantalon blanc, deux couleurs contraires, l'une absorbant la lumière et l'autre la reflétant tout comme Milt rejette l'amour d'Ellen pour finalement se réimprégner de cet amour. La cravate peut être jaune or, couleur de l'opulence ou verte, couleur de la réussite De plus, on peut remarquer d'autres accessoires caractéristiques d'une richesse affichée comme une montre voyante de marque (malheureusement assez discrète sur le dessin à son poignet droit), une gourmette à son nom sur son poignet gauche, tournée de façon a ce que les personnes voient son prénom et exprimant ici son égocentrisme (que l'on sent dans son choix de se « débarrasser » de sa femme) à vouloir se faire reconnaître ou encore le fait qu'il recherche une relation en exposant son nom ainsi (l'inverse le définirait comme étant en couple). Le « collier de rappeur » en or qu'il porte est signe extérieur de grande richesse et qui à vrai dire est de mauvais goût face à l'élégance du personnage, dévoile un désir de montrer sa richesse sans faire cas de l'harmonie de l'ensemble, tout comme les nombreuses bagues a ses doigts. Le contraste que l'on peut percevoir d'une alliance si fine par rapport à celles-ci démontre un mariage fragile peu important mais sa présence, un amour entre lui et Ellen qui n'a jamais disparu. Le premier acte verrait donc ce personnage présentant une allure distinguée et soignée, une voix rauque, sensuelle peut-être pour accentuer le coté séducteur, ainsi qu'une attitude totalement libre et expressive, communicative. Pour le second acte, il aurait une barbe de trois jours (ou plus), les cheveux un peu en bataille, des vêtements froissés avec une chemise légèrement déboutonnée et un costume (cravate comprise) gris , couleur symbolisant la dépression, la solitude... pour montrer par l'absence de tons contradictoires le changement qui a eu lieu durant cette période et le désarroi qui s'est emparé de lui. De plus, sa voix pourrait être cassée, il tousse, conséquence des cigarettes (qu'il pourrait fumer pendant ce tableau) qu'il fume pour évacuer son stress. VI-Développement du sens de la pièce Cette farce tragique est en quelque sorte une pièce didactique, en effet, elle comporte de nombreux enseignements sur la vie. Chacun peut s'identifier dans les différents personnages car leur situation est assez courante, cela permet donc de réfléchir et de se mettre à leur place. Dans cette pièce, Murray Schisgal nous fait donc nous interroger sur plusieurs questionnements : -qu'est-ce que l'amour ? -est-ce que l'amour est propice au bonheur ? -est-ce que si l'on a eu une enfance difficile alors la vie adulte sera dure aussi ? -est-ce que faire une grande école, entreprendre de brillantes études conduit forcement à un bon métier et donc au bonheur ? -qu'est ce qui peut pousser au suicide ? Le principal enseignement de cette pièce est qu'il faut être conscient de ce que l'on a et de ce que l'on recherche, ici l'amour et bien réfléchir avant d'agir. Avec l'exemple d'Harry et Ellen, Schisgal nous montre qu'il ne faut pas avoir un amour trop précipité et vouloir se marier tout de suite, il faut au contraire prendre le temps de se connaître avant d'aller plus loin.