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2. La nature
2.1 La Nature - Analyse polysémique
Variation autour des différents sens du terme de nature.
Le terme de Nature est souvent compris au sens de campagne, pour l'homme ordinaire se pro-
mener dans la campagne équivaut à se promener dans la nature.
Cependant il n'est pas certain que la campagne soit si naturelle que nous le pensons, en effet
les champs sont cultivés, les forêts sont entretenues partout où nous allons l'homme est interve-
nu pour marquer la nature de sa présence et la transformer.
Or ce qui est naturel signifie d'abord pour nous ce qui est premier, originel, n'appelle-t-on pas
nature d'une chose son essence, ce qu'elle est fondamentalement ; est donc considéré comme na-
turel ce qui est à l'état brut et n'a encore subi aucune transformation, or l'environnement, la cam-
pagne sont comme tous les lieux habités par l'homme des zones de notre planète qui ont perdu
leur aspect originel parce qu'elles ont été travaillées par l'homme.
Cependant si la campagne évoque pour nous la nature ce n'est pas sans raison, car si la cam-
pagne nous paraît plus proche de la nature que la ville, que le milieu industriel et urbain, c'est
parce qu'elle contient l'une des composantes essentielles du monde naturel, c'est-à-dire la vie, qui
est beaucoup plus luxuriante dans ce milieu que ce soit sous sa forme animale ou végétale.
Le monde urbain est quant à lui un monde d'artifice, c'est-à-dire un univers où tout est le pro-
duit du travail et de la culture humaine, où tout résulte de l'ingéniosité de l'homme. Bien enten-
du si l'artifice s'oppose à la nature il ne lui est pas pour autant totalement étranger puisqu'il en
est lui-même issu en tant que matière, l'artifice est avant tout de la nature transformée (qui a
changé de forme).
L'artifice c'est la nature transformée et obéissant aux désirs humains, c'est la substitution d'un
ordre culturel à un ordre naturel, c'est la nécessité sociale, culturelle et historique qui se substitue
à la nécessité physique qui ne nous convient pas toujours.
Car en effet la nature n'est pas seulement un univers bucolique et champêtre, la nature peut
aussi être violente et impitoyable, comme c'est par exemple le cas, lorsque les hommes sont vic-
times de catastrophes naturelles.
Si en effet la nature est vie, puissance créatrice, génératrice (la déesse mère, la mère nature),
cette force pouvant faire preuve de prodigalité peut aussi faire preuve de cruauté et devenir
destructrice à l'égard des êtres mêmes qu'elle a engendré. Si la nature est vie elle est aussi mort
et souffrance, si la nature peut être prodigue et généreuse elle peut aussi être aride et rigoureuse,
la sécheresse ou les pluies diluviennes sont aussi des phénomènes naturelles.
La nature présente donc un caractère ambivalent, elle nous paraît aussi bien un lieu de paix
qu'un lieu de peine et de souffrance, elle est l'objet de notre nostalgie, toutes les civilisations ont
connu des mouvements de retour à la nature qui sont d'ailleurs par nature voués à l'échec, car
elle est aussi ce dont paradoxalement l'homme s'éloigne par nature. En effet l'homme est être de
culture, il est la conscience de soi qui, issue de la nature, s'en éloigne tout en ayant toujours be-
soin d'y être reliée pour que son existence puisse maintenir l'équilibre fragile qui lui donne sens.
N'est-il pas curieux en effet que parmi les problèmes philosophiques traditionnels l'un des plus