
Terra Nova – Note - 5/35
www.tnova.fr
modes de production et de consommation vers des solutions économes en ressources naturelles et
qui favorisent la résilience des équilibres environnementaux, pour générer un bien-être durable. Le
concept d’économie verte a été développé depuis quelques années, notamment par les
organisations internationales (OCDE, PNUE, OIT, Banque Mondiale), et a été mis en exergue lors de
la conférence « Rio+20 » en 2012, sans pour autant déboucher sur une définition consensuelle : du
développement des technologies vertes à une transformation sociale profonde, les visions divergent.
De plus, les théories économiques et les outils de modélisation peinent à rendre pleinement compte
des limites environnementales, et différentes approches pour corriger cet angle mort coexistent.
La tâche des gouvernements n’est donc pas aisée.
Sur le modèle de Roosevelt, qui conçut une
politique de « New Deal » avant que la théorie keynésienne ne devienne une théorie
économique dominante, il appartient aujourd’hui aux décideurs politiques de proposer une
vision de long terme qui intègre les enjeux de l’économie verte. Pour les y aider, cette note
souligne certaines conclusions convergentes des différents travaux économiques sur les
enjeux environnementaux, qui doivent servir de base à l’action politique (voir partie 2). Elle
met également en avant certaines controverses de l’économie environnementale, qui
nécessitent l’arbitrage d’une vision politique (voir partie 3).
1 - COMMENT LES ECONOMISTES SE SONT INTERESSES A L’ECOLOGIE
La question environnementale traverse de nombreux champs des sciences économiques, des
courants les plus classiques à ceux, récents, qui prônent une approche plus interdisciplinaire.
Malthus est reconnu comme étant le premier économiste à avoir intégré la disponibilité de ressources
naturelles (la terre agricole) dans un modèle économique. Si ses prévisions de limites de croissance
de la population ont été démenties par l’augmentation des rendements agricoles, Malthus a
cependant ouvert la voie à la prise en compte de facteurs de production autres que le capital et le
travail dans les modèles économiques (voir partie 2. 1).
Il faut attendre le 20
e
siècle pour que la science économique moderne commence à intégrer
les enjeux liés à l’environnement dans ses modèles
: Pigou (1920), Samuelson (1954) et Coase
(1960) à travers la définition des concepts d’externalité*, de biens publics*, de droits à polluer*, ont
notamment proposé différents instruments pour pallier les défaillances des marchés. L’ensemble de
ces concepts sont au cœur de « l’économie de l’environnement », devenue depuis quelques
décennies une discipline à part entière de l’économie « mainstream ».
Certains travaux économiques sur l’environnement se construisent en interaction avec des
recherches d’autres disciplines des sciences environnementales. Ainsi, à la suite des travaux du
biologiste Garett Hardin (The Tragedy of the Commons, 1968) qui montrait comment l’accès libre à
une ressources limitée et très demandée mène inévitablement à sa surexploitation et finalement à sa
disparition, Elinor Ostrom (prix Nobel 2009) s’est attachée à montrer comment les collectivités ont pu
s’organiser pour gérer des écosystèmes de manière économiquement optimale sans conduire à leur
effondrement.