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ASSET ET ALLOCATIONS - JUILLET 2015
Le pouvoir de diversification de l’immobilier d’entreprise par rapport aux obligations
provient de deux facteurs :
1. L’interaction entre l’indexation des loyers et les taux d’intérêt à long terme : dans
la mesure où les évolutions des taux d’intérêt sont guidées par les anticipations
d’inflation, une hausse des taux génératrice de baisse de prix des obligations va de
pair avec une hausse du facteur d’indexation des loyers laquelle contrebalance,
voire domine, l’effet dépressif sur le prix de l’immobilier. Le même raisonnement
peut être étendu aux anticipations de croissance économique qui exerce une
influence à la fois sur les taux d’intérêt et sur les revenus locatifs par une baisse
du taux de vacance. Dans ce domaine, s’il faut 1,5 % de croissance économique
pour créer un solde net d’emploi en France, il suffit de 0,5 % de croissance
pour créer des emplois de bureaux en Île-de-France, ce qui permet de relancer
l’absorption nette.
2. L’interaction entre la dynamique du taux de capitalisation de l’immobilier
(ratio loyers sur prix) et les taux d’intérêt à long terme : cette relation passe
par la prime de risque spécifique à l’immobilier. Celle-ci se décompose en
trois : une prime de risque d’obsolescence, une prime de risque d’illiquidité
et une prime de risque de marché. La prime d’obsolescence est liée aux
besoins d’investissements de maintenance du patrimoine immobilier, la
prime d’illiquidité s’analyse comme un coût de portage sur la période entre
la décision de mettre en œuvre une transaction immobilière et sa réalisation
et la prime de marché vient rémunérer la volatilité escomptée des prix de
l’immobilier, supérieure historiquement à celle des obligations. Au final la
prime de risque exigée reste à peu près constante et agit comme une courroie
de transmission plus ou moins lâche entre le taux d’intérêt à long terme et le
taux de capitalisation de l’immobilier.
Historiquement le comportement de l’immobilier vis-à-vis des obligations connaît
un changement de régime majeur en 1991, au début du grand marché baissier qui
devait durer cinq ans, ainsi que le montre le graphique 3. L’explication tient au
rôle joué par l’inflation. Ce n’est en effet qu’à cette date que le taux d’inflation en
moyenne annuelle sur 10 ans, une mesure de l’inflation de long terme soumise à
une forte hystérésis, est passé sous la barre des 5 %. Ce n’est qu’à partir de cette
date que, l’illusion monétaire s’étant dissipée, la relation entre les performances
de l’immobilier et celles de l’OAT 10 ans se met en place de façon stable et
suffisamment asynchrone pour créer de l’anti-corrélation.
Graphique 3 : Taux de capitalisation et taux d'intérêt
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